Récits de captivité (1940-1945)

Léon, Joseph NOGUÉRO est né le 16 août 1913

à Cadéac-les-Bains (Hautes-Pyrénées)
et y décède le 28 août 2004 en son domicile,

à l'âge de 91 ans.

Léon Noguéro naît le 16 août 1913 à Cadéac-les-Bains (Hautes-Pyrénées). Un frère aîné Raymond (Joseph) et une sœur Léonie l'avaient précédé. Pendant la Première Guerre mondiale, Raymond-Joseph[1] meurt « Pour la France » à l'âge de 20 ans, le 20 mai 1916 dans le bois d'Avocourt (Meuse). Son père, Santiago Noguéro Escalona, décède le 28 février 1938 à Cadéac-les-Bains et laisse pour veuve Ramona Bielsa Bernad déjà affligée par la perte de son fils aîné Raymond lors de la Première Guerre mondiale. Pendant toute son activité professionnelle d'avant-guerre et durant toute sa captivité, la préoccupation de Léon Noguéro pour aider matériellement sa mère n'aura point de cesse.

Raymond-Joseph Noguéro, 1er assis à gauche, soldat au 88e RI de Mirande (32)

Enfance et adolescence

Issu d'un milieu modeste de parents espagnols frontaliers (vallées de Bielsa et de Gistain situées dans le Haut-Aragon), Léon Noguéro est scolarisé à l'école communale de Cadéac-les-Bains et obtient en 1927 son Certificat d'Études Primaires. Ancien combattant de 1914-1918, Raymond Compagnet[2], ancien maire de Bagnères-de-Bigorre et originaire de Génos (vallée du Louron) fera l'éloge de son élève en ces termes : « Je vous prie de m'excuser de quitter Cadéac sans vous serrer la main. Je vous remercie sincèrement d'avoir bien secondé mes efforts de maître et d'avoir, en toute circonstance, usé de votre autorité pour assurer le respect dû à l'instituteur. Acceptez mes cordiales civilités. » De nationalité espagnole, Léon Noguéro ne pourra pas obtenir de bourse pour continuer ses études.[3] Durant trois années, il effectuera les saisons (été ou hiver) dans l'hôtellerie en qualité de groom ou de chasseur (Hôtel des Ambassadeurs à Lourdes - Hôtel du Vignemale à Gavarnie - Grand Hôtel du Palais à Pau)[4] avant d'entrer en apprentissage dans le bâtiment auprès des Établissements Chalmandrier à Tarbes[5] et de suivre les cours professionnels obligatoires de la ville afin d'obtenir son Certificat d'Aptitudes Professionnelles de monteur électricien du bâtiment.

Léon groom au Grand Hôtel du Palais à Pau

1933-1935[6] : Service militaire

Léon Noguéro est appelé sous les drapeaux dès le 16 et incorporé le 21 octobre 1934 au 126e Régiment d'Infanterie[7] de Brive-la-Gaillarde. Il est renvoyé dans ses foyers[8] le 15 octobre 1935 et nommé soldat de 1re classe dans la Réserve.

1939 : Dans le cadre de la mobilisation générale, il est « appelé à l'activité » en vertu du décret du 1er septembre 1939. Il rejoint le 5 septembre à Bayonne le 49e R.I.[9] où il est incorporé en qualité de téléphoniste au P.C.[10] du régiment.

Mobilisation générale et engagements

Dès les premiers jours de septembre 1939, le 49e R.I. fait mouvement pour l'Est de la France, à proximité de la ligne Maginot[11] et de la frontière allemande. En fonction des ordres de mouvements reçus, son groupe de téléphonistes est très mobile et intervient en faisant souvent des allers et retours dans les secteurs frontaliers de Rohrbach (Siersthal, Epping, Ormersviller, Weiskirch, Volmunster-Eschviller, ...) et de Wissembourg (Rott, Cleebourg, Climbach, Lobsann, ...). À la suite de l'offensive allemande du 10 mai 1940, sa compagnie se replie vers le sud de Saint-Dié dans les Vosges et dépose les armes, totalement encerclée par les troupes allemandes, au hameau de Les Feignes, à Saint-Michel sur Meurthe, le 22 juin 1940.

1940-1945 : Prisonnier de guerre

À compter du 22 juin 1940, Léon Noguéro est fait prisonnier de guerre en compagnie de nombreux éléments de son unité. Il rejoint la ville de Strasbourg en quatre étapes, passant par Sainte-Marie aux Mines, Sélestat, le camp d'Ébersheim, Benfeld, le camp d'Erstein. À son arrivée à Strasbourg, il est gardé et parqué durant près d'un mois dans la caserne Éblé avant d'être transféré en Allemagne et interné le 27 juillet 1940 au Stalag V A[12] de Ludwisgburg (région du Bade-Wurtemberg). Il y est enregistré sous le matricule 19667. Durant toute sa captivité, il est rattaché à un détachement de travail du bâtiment : le « Kommando B.A.B. 45 (2e Kompanie)[13] » stationné dans un premier temps à Urlau pour y effectuer durant tout l'hiver 1940 de pénibles travaux de terrassement et participer à la construction d'abris à munitions avant d'être affecté à différentes missions civiles successivement exécutées dans les villes de Hamm, Münster, Osnabrück, Bremen, Hannover, Magdeburg pour le compte d'entreprises du bâtiment et principalement dans l'exercice de son métier d'électricien.

Léon, 3e assis avec ses camarades prisonniers au camp d'Urlau – juillet 1941

Libération, rapatriement et démobilisation

Léon Noguéro est libéré le 2 mai 1945 dans le petit hameau de Helm situé à 40 kilomètres au sud de Schwerin et à 50 kilomètres à l'ouest de Ludwigslust par un contingent de la 8e Division d'Infanterie américaine.[14] Il sera rapatrié en France le 18 mai 1945 et enfin démobilisé le 31 juillet 1945 à Tarbes.

État de santé : Après examen médical, son état de santé est qualifié de moyen avec un amaigrissement global de 5 kilos (pour un poids de 60 kilos et une taille de 1 m 65) assorti des précisions suivantes « hyperchlorémie gastrique – dyspepsie » dont il conservera des séquelles pour le restant de ses jours.

Retour à la vie civile : Dès le mois de septembre 1945, Léon Noguéro se retire à Tarbes où il reprend du service auprès des Établissements Chalmandrier, bien qu'il fût inscrit sur les listes d'embauchage de l'Atelier de construction[15] de Tarbes depuis 1935. C'est à l'occasion d'une intervention dans le foyer du Docteur Aron Corman, médecin cardiologue (au 11 rue de Gonnès), qu'il fait la connaissance de sa future épouse, Paulette Fourcade[16], qui demeure au service de la famille Corman comme employée de maison. Ils se marient le 7 octobre 1946 à Tarbes avant de regagner le domicile conjugal fixé à Cadéac-les-Bains. Léon y exerce son métier d'électricien en entreprise individuelle[17] jusqu'à la cessation de son activité en 1980. Il y est élu conseiller municipal d'octobre 1947 à mai 1953[18], adjoint au maire de mai 1953 à mars 1959, conseiller municipal de mars 1959 à juillet 1968, adjoint au maire de juillet 1968 à mars 1983[19].


[1] Commis épicier résidant à Tarbes, son nom figure sur l'une des colonnes des « Morts pour la France » de la ville de Tarbes située à l'intérieur de la Mairie (sous le grand escalier). Matricule n° 1440 au recrutement, 6622 au Corps (classe 1915), soldat 2e cl à la 4e Cie du 88e Régiment d'Infanterie, stationné à Mirande dans le département du Gers (Croix de guerre 14-18 avec étoile d'argent, Médaille militaire, Médaille de Verdun).

[2] Né le 10/10/1896 à Génos (vallée du Louron), maire de Bagnères-de-Bigorre du 02/12/1958 au 26/03/1965. Lors de la Seconde Guerre mondiale, cet ancien combattant de 14-18 est entré dans la résistance locale, aux côtés de Joseph Meynier. Avec le groupe Bernard, il a participé activement à de nombreuses opérations, notamment au combat du 11 juin 1944, avant de rejoindre le maquis de Lesponne. Ancien directeur de l'école Jules Ferry.

[3] « J'ai dû non m'expatrier comme mes parents, mais partir au travail ». Léon Noguéro

[4] « Oh, ce n'était pas désagréable. C'était assez rigide, il fallait avoir toujours une tenue impeccable, aller au-devant des clients. Être toujours disponible, là était aussi notre intérêt. Ce métier était très enrichissant, on y côtoie des clients de tout genre : industriels, personnalités étrangères, écrivains, troupes théâtrales, monde sportif, amateurs de courses d'autos, de chevaux, de chiens, etc. J'aurais pu continuer dans cette branche ». Léon Noguéro

[5] En qualité d'installateur électricien du 15 mars 1929 au 4 septembre 1939 et du 3 septembre 1945 au 29 mai 1946. « Me voilà donc dans le bâtiment effectuant des installations électriques – métier intéressant, pas trop salissant et ne nécessitant pas d'efforts excessifs, ce qui convenait très bien à ma faible corpulence. C'est là que j'ai été cueilli d'abord pour mon service militaire et juste quelques années après pour la drôle de guerre ».

[6] Classe de recrutement : 1933 ; classe de mobilisation : 1934.

[7] Léon Noguéro était considéré par ses camarades de troupe comme « ordonnance appliquée et briqueur soigné, vaguemestre de la piaule, est pour cela apprécié ». Faire part du Père Cent.

[8] Invité à souscrire, avant sa libération, un contrat de rengagement d'une durée minimum de six mois pour tenir au Corps ou dans un Corps de la Région un emploi militaire d'électricien, Léon Noguéro refuse l'emploi qui lui est offert.

[9] R.I. : Régiment d'infanterie. Le 49e R.I. appartenait à la 35e Division d'Infanterie.

[10] Abréviation de poste de commandement.

[11] Maginot : « La ligne Maginot, du nom du ministre de la Guerre André Maginot, est une ligne de fortifications construite par la France le long de ses frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie de 1928 à 1940. »

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_Maginot

[12] Le Stalag V-A était localisé à Ludwigsburg, dans le Vème district militaire, à proximité de Stuttgart. On notera l'existence d'une « Amicale nationale des anciens prisonniers de guerre des stalags V A – V C » ayant eu son siège au 46, rue de Londres dans le 8ième à Paris avec comme bulletin : « Le lien ». En 2001, il est transféré au 1, rue de Brissac dans le 4ième arrondissement.

[13] (Bau Arbeits Bataillon : Élément de travailleurs mobiles). Au 15 février 1945, le nombre de ces travailleurs dit « volants » est estimé à 25.763 hommes (source : « Le Monde Illustré », numéro 4302 du 7 avril 1945, p.3).

[14] « La 8e DI américaine, sous le contrôle opérationnel de la Deuxième Armée britannique, a traversé l'Elbe, le 1er mai et a libéré Schwerin à la fin de la guerre en Europe.

Le 2 mai 1945, comme elle avançait vers le Nord de l'Allemagne, la 8e DI a rencontré le camp de concentration Neuengamme, le camp d'extermination de Wöbbelin, près de la ville de Ludwigslust. Les SS avaient établi le camp de Wöbbelin au début de février 1945 pour loger les prisonniers des camps de concentration Nazis qui avaient été évacués pour prévenir leur libération par les Alliés. À Wöbbelin il y avait environ 5000 prisonniers, dont beaucoup souffraient d'inanition et de maladies. Les conditions hygiéniques du camp étaient déplorables, quand la 8e DI et la 82e Division Aéroportée sont arrivées. Il n'y avait que de petites quantités d'aliments ou d'eau et certains prisonniers avaient recouru au cannibalisme. Dans la semaine qui a suivi la libération, plus de 200 prisonniers sont morts. Dans ces circonstances, l'Armée américaine a ordonné aux habitants de Ludwigslust de visiter le camp et d'enterrer les morts. La 8e Division d'Infanterie a été reconnue comme une unité libératice par le Centre d'Histoire Militaire de l'Armée américaine et du Musée du Mémorial Américain de l'Holocauste en 1988. » (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/8e_division_d%27infanterie_(%C3%89tats-Unis))

[15] ATS ou Arsenal. Établissement de fabrication d'armement relevant du Ministère de la Défense nationale et de la guerre.

[16] Née le 3 mars 1915 à Tarbes, pupille de l'État, fille de Marie Fourcade et de père inconnu.

[17] Inscrit sous le n° 1462B en date du 15.06.1946, à la Chambre de Métiers de Tarbes.

[18] Passé à la classe 1929 le 3 mars 1953 en qualité de père de 2 enfants.

[19] Titulaire de la Médaille d'honneur régionale, départementale et communale, 2e échelon, 30 années, vermeil. 

Captivité 1940

Prisonnier de guerre

en Allemagne

Récits de captivité 1940-1945

1940

Rappel historique : Le 14 juin, les Allemands défilent à Paris. L'appel à la résistance, lancé le 18 juin 1940 depuis Londres, par le Général de Gaulle, invite les Français à refuser la défaite et l'armistice demandé par le maréchal Pétain qui dès le 16 juin prend le pouvoir.

L'article 20 de l'armistice signé le 22 juin à 18 h. 30 à Rethondes, entre le Reich et la France, mentionne que les soldats français faits prisonniers seront prochainement libérés lors de la signature d'un traité de paix entre les deux pays. Les deux Chambres, réunies en Parlement à Vichy, attribuent au maréchal Pétain les pleins pouvoirs pour doter la France d'une nouvelle constitution. Le 24 juin, signature dans un village des environs de Rome de la convention d'armistice franco-italienne. Dès le 30 juillet, un décret de l'État français instaure les Chantiers de Jeunesse.

« Le Maréchal nomme le général Huntziger, MM. Léon Noël et Baudoin comme plénipotentiaires chargés de négocier l'armistice. » p.46 in (A)[1]

CARNET

[Le samedi 22 juin 1940, nous arrivons à Les Feignes dans les Vosges (Haute-Meurthe). Une voiture officielle de l'armée allemande est venue et après un entretien avec notre colonel, nous avons déposé les armes, invités à passer la nuit à la belle étoile en bordure d'une forêt de hêtres.]

Prisonniers de guerre sous bonne garde, halte repos. Collection privée (Henri Noguéro)

CARNET

[Le lendemain, dimanche 23 juin 1940, nous partions pour une randonnée à pied de trois jours qui devait nous mener à Strasbourg. Une longue marche forcée, alors que nous n'avions rien à manger. Après une première et interminable nuit, sous haute surveillance, nous sommes invités à reprendre la route. Première halte : Saint-Dié. Casse-croûte léger. Nous rejoignons Strasbourg en quatre étapes passant par Sainte-Marie aux Mines, Sélestat, le camp d'Ébersheim, Benfeld, le camp d'Erstein. Nous voilà donc encasernés, couchés à même le sol sans la moindre couverture, la moindre paille, à même le ciment de la caserne du 309e d'Artillerie de Strasbourg[2], et une nourriture extrêmement légère.]

[Il ne fallut pas un mois que cela dura pour tomber dans les pommes. Dès qu'on se présentait à la porte du bâtiment, on finissait par se vider, en baissant culotte presque toutes les heures. Nous étions là, à attendre, écouter les bobards, durant d'interminables journées ; certains laissant entendre que dès que les ponts seraient reconstruits, nous rentrerions dans nos foyers.]

[Durant un mois, je restais là, à la caserne de Strasbourg. Les derniers jours, j'étais tellement affaibli que je devais m'aider de la rampe pour arriver à mon grabat qui se trouvait dans le couloir du premier étage.]

Colonne de prisonniers de guerre. Collection privée (Henri Noguéro)

RATIONS ALIMENTAIRES QUOTIDIENNES sur 33 jours : du 23 juin 1940 (lendemain du jour fait prisonnier) au 25 juillet 1940 (arrivée au Stalag V-A à Ludwisburg) :

Dimanche 23 JUIN 1940 = 200 g de pain, 1 cuillerée de confiture.

Lundi 24 JUIN 1940 = 5 biscuits ; mardi 25 JUIN 1940 = ---

Colonne de prisonniers de guerre. Collection privée (Henri Noguéro)

Mardi 25 juin 1940 Carte FM 168

Kriegsgefangenenpost[3]

Suis en parfaite santé. Je t'écrirais plus longuement dès que possible.

Je n'ai pas revu André Artigue.

Ton fils. Léon

RATIONS ALIMENTAIRES QUOTIDIENNES sur 33 jours (suite):

Mercredi 26 JUIN 1940 = 200 g de pain.

Hendaye, mercredi 26 juin 1940 169

Bien chère Madame et Monsieur,

C'est avec une immense peine que je vous écris ces quelques mots. Oui, c'est pour venir vous annoncer une terrible nouvelle.

Roger a été tué au champ d'honneur vers le 20 mai et nous ne l'avons appris que maintenant. Grand est notre chagrin à tous. Il a été tué après la bataille de Sedan par un éclat d'obus. Je suis complètement anéantie par une pareille nouvelle et aussi, je me demande parfois si cela peut être possible. Mais, hélas, ce n'est que trop vrai. Pauvre Roger, lui si gentil et nous nous entendions si bien tous les deux. Je n'ai plus de courage, je m'arrête.

De Léon, bien entendu, pas de nouvelles, ni d'ailleurs, de Jean non plus.

Nous vous embrassons bien affectueusement tous les deux.

Hélène

Jeudi 27 JUIN 1940 = ¼ de café.

Vendredi 28 JUIN 1940 = ¼ de café

Samedi 29 JUIN 1940 = 400 g pain, 60 g de singe et 30 g riz.

Dimanche 30 JUIN 1940 = 400 g de pain, 60 g de singe.

Colonne de prisonniers de guerre au repos. Collection privée (Henri Noguéro)

Juin 1940

Rappel historique, 1er juin 1940 : « La carte de sucre est obligatoire en France. » (1) p. 101

7 juin 1940 : « En France, suspension provisoire des congés payés. » (1) p. 101

8 juin 1940 : « Les écoles communales sont fermées à Paris en raison des risques de bombardement aérien. » (1) p. 107

14 juin 1940 : « Après un premier appel lancé le 10 juin, M. P. Reynaud adresse par radio un dernier appel de secours à l'Amérique. » (1) p. 98

« Entrée des Allemands à Paris. » (1) p. 104

15 juin 1940 : « Le gouvernement français quitte Tours pour Bordeaux. » (1) p. 91

« En Normandie, des combats ont lieu dans les régions de Louviers et d'Évreux. En Champagne, pression de l'ennemi près de Troyes et de Saint-Dizier. » (1) p. 104

16 juin 1940 : « « Le Maréchal prend le pouvoir. » (A) p.46

« Violentes attaques allemandes sur le plateau de Langres. Des éléments blindés s'avancent dans la région de Gray. Attaques allemandes à l'ouest de Paris. Les Allemands franchissent la Seine aux environs de Melun et de Fontainebleau. » (1) p. 104

17 juin 1940 : « Le chiffre des réfugiés qui ont quitté leurs foyers à l'approche des armées allemandes est évalué à environ dix millions. » (1) p. 101 « Le nouveau gouvernement français demande à l'Allemagne la cessation des hostilités et les conditions de paix. L'ennemi progresse en direction d'Autun et du Jura après être entré à Dijon. » (1) p. 104

18 juin 1940 : « Résistance des troupes coloniales françaises à Tours. Bombardement de la ville. » (1) p. 104

20 juin 1940 : « Des détachements de reconnaissance allemands parviennent au sud de Nantes, à l'ouest de Bourges, vers Montluçon et Vichy, au sud de Lyon et en direction de Nantua. » (1) p. 104

21 juin 1940 : « Le ministre de la Guerre interdit tout nouvel exode de la population française. » (1) p. 101

« Les troupes allemandes progressent vers Riom et Clermont-Ferrand.

« Nos troupes se battent héroïquement dans les Vosges.

« À Rethondes (forêt de Compiègne), le chancelier Hitler fait connaître ses conditions d'armistice à nos plénipotentiaires. Une demande d'armistice formulée par la France à l'Italie par l'intermédiaire de l'Espagne est acceptée. » (1) p. 104

22 juin 1940 : « L'armistice entre la France et l'Allemagne est signé à Rethondes. » (1) p. 104

« M. Winston Churchill prononce à la radio une allocution dans laquelle il affirme que, d'après le Gouvernement britannique, les conditions d'armistice imposées par l'Allemagne n'auraient pas pu être acceptées par aucun autre gouvernement français jouissant de la liberté, de l'indépendance et de l'autorité constitutionnelles. » (Informations générales, pp. 19-20 / Ministère de l'Intérieur 1940-01)

23 juin 1940 : « À l'instigation de l'Angleterre, le traître de Gaulle forme un gouvernement dissident à Londres et engage les Français à entrer en lutte ouverte contre le gouvernement du Maréchal Pétain. » (A) p. 47

« Le chancelier Hitler accepte une demande du maréchal Pétain écartant la région de Bordeaux, siège du gouvernement français, de toutes opérations de guerre. » (1) p. 98

« Le général de Gaulle est destitué. » (1) p. 104

24 juin 1940 : « De vifs combats ont lieu aux environs de Saint-Étienne et de Culoz. Occupation d'Angoulême et d'Aix-les-Bains par les Allemands. Les troupes italiennes occupent Menton. La délégation française présidée par le général Hutzinger signe à Rome un armistice entre l'Italie et la France. » (1) p. 104

25 juin 1940 : M. Duff-Cooper ministre anglais et le général Gort arrivent à Casablanca en avion pour prendre contact avec l'équipe du « Massilia » et négocier avec Mandel le passage du Maroc sous l'autorité britannique. » (A) p. 47

26 juin 1940 : « États-Unis : Le président Roosevelt annonce qu'il ne reconnaît qu'un gouvernement français, celui du maréchal Pétain. » (1) p. 94

27 juin 1940 : « Arrivée à Bordeaux des premiers éléments de troupes allemandes. » (1) p. 104

« Le gouvernement français ouvre une information pour complot contre X… contre la sûreté intérieure et extérieure de l'État en raison des agissements de certaines personnalités françaises réfugiées à l'étranger. » (1) p. 110

28 juin 1940 : « Le gouvernement venant de Bordeaux s'établit tout d'abord à Clermont-Ferrand. » (A) p.48

RATIONS ALIMENTAIRES QUOTIDIENNES sur 33 jours (suite):

Lundi 1er JUILLET 1940 = 200 g de pain, 60 g de viande, ¼ de café.

Mardi 2 JUILLET 1940 = 200 g de pain, ¼ de soupe, 20 g de lard,

30 g de miel, ¼ de café.

RATIONS ALIMENTAIRES QUOTIDIENNES sur 33 jours (suite):

Mercredi 3 JUILLET 1940 = 200 g de pain, ¼ de soupe,

15 g de lard, 1 cuillerée de confiture.

Jeudi 4 JUILLET 1940 = 200 g de pain, 60 g de singe,

½ soupe, 20 g de graisse, 2/4 de purée, ¼ de café.

Vendredi 5 JUILLET 1940 = 200 g de pain, 70 biscuits,

½ de soupe, 2/4 de purée, ¼ de café.

Samedi 6 JUILLET 1940 = 60 g de singe, ½ de soupe,

20 g de graisse, 2/4 de purée, ¼ de café.

Dimanche 7 JUILLET 1940 = 200 g de pain, 2/4 de bouillon liquide,

20 g de lard, 18 g de nouilles, 2 cuillerées de confiture, ¼ de café.

Lundi 8 JUILLET 1940 = 200 g de pain, 50 g de singe,

2 quarts de soupe, 20 g de graisse, ¼ de café.

Mardi 9 JUILLET 1940 = 100 biscuits, 10 g de viande,

2 quarts de soupe, ½ pomme de terre, ¼ de café.

Mercredi 10 JUILLET 1940 = 300 g de pain moisi,

58 g de singe, ¾ de soupe, 120 g de miel, ¼ de café.

Jeudi 11 JUILLET 1940 = 200 g de pain moisi, 60 g de singe,

2 quarts de soupe, 20 g de graisse, 20 g de pâtes, ¼ de café.

Vendredi 12 JUILLET 1940 = 60 g singe, 2 quarts de soupe,

20 g de graisse, ¼ de café.

Samedi 13 JUILLET 1940 = 65 g de pain, 60 g de singe,

2 quarts de soupe, 15 g de margarine, 12 g d'avoine,

50 g de miel, ¼ de café.

Dimanche 14 JUILLET 1940 = 180 g de pain, 50 biscuits,

60 g de singe, 2 quarts de soupe, 50 g de miel et 1 cuillerée

de confiture, ¼ de café.

Lundi 15 JUILLET 1940 = 200 g de pain, 60 g de singe,

2/4 de choux.

Mardi 16 JUILLET 1940 = 200 g de pain, 80 g de viande,

4/4 de soupe, 25 g de choux, ¼ de café.

Mercredi 17 JUILLET 1940 = 400 g de pain, 4/4 de soupe,

20 g de lard, 12 g de nouilles, 5 g d'avoine, 1 cuillerée de confiture,

2/4 de café.

Tarbes, mercredi 17 juillet 1940 170

Bien chère maman,

Après plus d'un mois de terrible attente, nous venons d'avoir, à l'instant, une carte avec 2 mots de Léon que nous présumons prisonnier et dit juste qu'il est en parfaite santé.

Peut-être en aurez-vous aussi et qu'il nous écrira plus longuement bientôt. Alors, chère maman, nous voilà plus tranquilles et je le souhaite pour tous les autres de Cadéac.

J'avais écrit le 08 à la Croix-Rouge de Genève, je ne vais pas tarder à avoir la réponse malgré que maintenant je suis rassurée. Espérons que tout s'arrangera assez vite et qu'il reviendra vite parmi nous.

Alors, chère maman, bon courage. Faites-nous écrire s'il vous faut quelque chose et nous irons peut-être vous voir bientôt. Ici, toujours la pluie. Le bonjour à la famille Soulé qui j'espère ont dû avoir, eux aussi, des bonnes nouvelles d'Alphonse. Sommes en bonne santé et vous en souhaitons de même.

Bons baisers de tous deux. Je lui écrirai sitôt qu'il m'aura donné l'adresse. Ne vous en faites pas.

Louis et Léonie.

Colonne de prisonniers de guerre. Collection privée (Henri Noguéro)

RATIONS ALIMENTAIRES QUOTIDIENNES sur 33 jours (suite):

Jeudi, 18 JUILLET 1940 = 200 g de pain, 60 g de singe,

4/4 de soupe, 50 g de choux, ¼ de café.

Vendredi, 19 JUILLET 1940 = 300 g de pain, 60 g de singe,

2/4 de soupe, 13 g de margarine, 18 g d'avoine,

1 cuillerée de confiture, ¼ de café.

Samedi, 20 JUILLET 1940 = 300 g de pain, 60 g de singe,

12 g de margarine, 6 g de nouilles, 2/4 de café.

Dimanche, 21 JUILLET 1940 = 60 g de singe, 2/4 de soupe,

25 g d'avoine, 1 cuillerée de confiture, ¾ de café.

Lundi, 22 JUILLET 1940 = 800 g de pain, 50 g de singe,

50 g de saucisse, 40 g de lard, 40 g de graisse, 25 g d'avoine,

4/4 de café.

Mardi, 23 JUILLET 1940 = 200 g de pain, ¼ de lait/son, 2/4 de soupe.

Mercredi, 24 JUILLET 1940 = 250 g de pain, 2/4 soupe,

6 pommes de terre + sel, 1 cruche.

Jeudi, 25 JUILLET 1940 = 200 g de pain, ¼ de lait/son,

2/4 de soupe, ¼ de petit-lait.

Hendaye, ce 28 juillet 1940 170-1

Cher Monsieur et Madame Durrieu,

Voici quelque temps déjà que ma soeur[4] vous a écrit. Aujourd'hui, Hélène a reçu deux lettres de Léon du 12 et 13 juin ; elles ne sont pas très fraîches. Vous autres, savez-vous quelque chose de plus nouveau. André, depuis aussi le 13 juin, je ne sais rien du tout, ses parents non plus n'ont pas de nouvelles, que de notre voisin de Souyeaux qui était avec lui et est prisonnier dans la Meurthe-et-Moselle. Il a écrit chez lui. Peut-être qu'André y est aussi… ? Notre grand frère est rentré depuis quelques jours, sa présence atténuera un peu le chagrin de ma pauvre petite maman quand on songe que nous ne verrons plus notre petit Roger – cela Madame est une chose affreuse.

Au revoir, chère Madame et Monsieur, nous vous embrassons bien. Affectueusement toutes les deux. Élise Dilhan

Le samedi 27 juillet 1940,

j'arrivais au stalag[5] V-A

de Ludwigsburg[6]

Colonne de prisonniers de guerre. Collection privée (Henri Noguéro)

CARNET

[Enfin, le jour arriva, fin juillet 1940, où ce fut la direction de l'Allemagne et qui nous amena au camp de Ludwigsburg situé aux environs de Stuttgart. Un mois s'écoula, couché sur l'herbe sous d'immenses tentes, répondant journellement à de multiples rassemblements où toujours les mêmes questions étaient posées : y a-t-il des Juifs parmi vous ? Y a-t-il des Bretons[7] parmi vous ? Y a-t-il des Espagnols parmi vous ? Il en sortait toujours quelqu'un saisi par la peur d'être pris en défaut et soumis à de graves représailles. Nous étions environ une trentaine d'électriciens attendant que l'on nous trouve du travail dans notre branche.]

Juillet 1940

Rappel historique, 6 juillet 1940 : « Les automobilistes français séjournant en zone occupée ne sont plus autorisés à effectuer des voyages touristiques ou d'intérêt privé.

« Le premier train entre Vichy et Paris est remis en circulation. » (1) p. 101

« Les citoyens français ne sont pas autorisés à combattre contre l'Allemagne ou contre l'Italie. » (1) p. 104

7 juillet 1940 : « En raison de la pénurie d'essence, aucune automobile ne doit circuler sans autorisation de l'autorité militaire. » (1) p. 101

10 juillet 1940 : « Réunie à Vichy, l'Assemblée nationale, par 569 voix contre 80, donne tous pouvoirs au Maréchal Pétain, pour doter la France d'une nouvelle constitution. Cette constitution devra garantir les droits du travail, de la famille, de la patrie, elle sera ratifiée par la nation et appliquée par les Assemblées qu'elle aura créées. » (A) p. 48

12 juillet 1940 : « Le « J.O. » en publiant les actes constitutionnels 1 et 2 consacre la prise du pouvoir par le Maréchal comme chef de l'État et chef du gouvernement et précise ses prérogatives. L'Acte n° 3 laisse subsister les deux Chambres en les ajournant « sine die » jusqu'à la création de nouvelles assemblées. » (A) p. 49

16 juillet 1940 : « Un nouveau régime de circulation dans les différentes zones du territoire français est établi par les autorités allemandes. » (1) p. 101

17 juillet 1940 : « Le « J.O. » publie une loi réservant aux seuls Français l'accès aux emplois des administrations publiques. » (A) p. 49

22 juillet 1940 : « Une loi confie à une commission spéciale la révision des naturalisations. Le retrait de la nationalité française sera, s'il y a lieu, prononcé par décret. » (A) p. 50

23 juillet 1940 : « Une loi précise que tout Français qui a quitté le territoire métropolitain entre le 10 mai et le 30 juin 1940, sans ordre de mission, ou sans motif légitime, sera déchu de la nationalité française. » (A) p. 50

« Les naturalisations françaises obtenues depuis la loi de 1927 vont être révisées. » (1) p. 92

29 juillet 1940 : « Une loi interdit à tout français toute livraison à une puissance étrangère d'armes, de munitions ou de matériel de guerre. D'autre part, tout service ou toute contribution à des enrôlements dans une armée étrangère. » (A) p. 50

30 juillet 1940 : « Le Maréchal crée par l'acte constitutionnel n° 5 une Cour suprême de Justice qui siégera à Riom. Une loi spéciale précise que cette Cour est chargée de juger : 1. – Les ministres et anciens ministres ou leurs subordonnés immédiats accusés d'avoir commis des crimes ou délits dans l'exercice de leurs fonctions ou d'avoir trahi les devoirs de leur charge. 2. – Toutes personnes accusées d'attentat contre la sûreté de l'État et tous coauteurs ou complices. Un arrêté porte création d'un Service des Prisonniers de guerre dont le siège est à Lyon (Directeur : M. le général d'armée Besson). Une loi organise la réglementation de la production laitière. » (A) p.50

« Le courrier de tout ordre est arrêté pour une durée indéterminée entre la zone occupée et la zone non occupée françaises. » (1) p. 101

Août 1940

Rappel historique, 1er août 1940 : « Une loi crée sous la direction du général de la Porte du Theil les Chantiers de Jeunesse où sont incorporés pour six mois les soldats de la classe 1940 mobilisés les 8 et 9 juin. Leurs occupations seront manuelles, sportives et intellectuelles. » (A) p. 50

SOCIÉTÉS SECRÈTES

« La loi portant interdiction des sociétés secrètes (d'après l'article 1er, ce sont les groupements de faits à activité clandestine, les groupements dont les affiliés s'imposent l'obligation de cacher l'activité à l'autorité publique, ceux qui négligent ou refusent de faire connaître leur organisation et leur activité, etc.). Elle comporte, en son article 5, les dispositions suivantes : « Nul ne peut être fonctionnaire, agent de l'État, des départements, communes, établissements publics, colonies, pays de protectorat ou territoires sous mandat français, nul ne peut être employé par un concessionnaire des services publics ou dans une entreprise subventionnée ou par l'une des collectivités ci-dessus désignées : S'il ne déclare pas sur l'honneur, soit ne jamais avoir appartenu à l'une des organisations définies à l'article premier, soit avoir rompu toute attache avec elle ; s'il ne prend pas l'engagement d'honneur de ne jamais adhérer à une telle organisation, au cas où elle viendrait à se reconstituer.

Déclaration et engagement sont constatés par écrit. La fausse déclaration entraînera : démission d'office, emprisonnement, amende, application éventuelle de l'article 42 du Code pénal (aggravation pour manquements à l'engagement). »

(Informations générales, pp. 6-7 / Ministère Intérieur 1940-01)

2 août 1940 : « L'ex-général de Gaulle est condamné à mort par contumace par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand, pour trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l'État et désertion en temps de guerre. » (1) p. 110

11 août 1940 : « Une loi ordonne le recensement des animaux dans toute la France. » (A) p.51

17 août 1940 : « Du 1er au 15 août, 600.000 réfugiés ont quitté la zone non occupée pour rentrer dans leurs foyers en zone occupée. » (1) p. 101

19 août 1940 : « Une loi prend la défense de la médecine. Pour être médecin, chirurgien, dentiste ou pharmacien, il faut posséder la nationalité française à titre originaire. Des exceptions sont prévues pour ceux qui ont servi au cours des deux guerres ou dont le labeur scientifique honore le pays. » (A) p.52

23 août 1940 : « On évalue à environ 2 millions le nombre des réfugiés qui se sont répandus en juin, dans huit départements, allant du Massif central aux Pyrénées. » (1) p. 101

26 août 1940 : « Une loi crée un « congé d'armistice de la durée de l'armistice pour les officiers et sous-officiers de terre et de l'air ; ceux-ci conservent leurs droits à l'avancement, aux décorations et aux pensions. » (A) p. 53

27 août 1940 : « Le décret-loi du 21 avril 1929, qui avait trait aux poursuites pour diffamations et injures raciales et religieuses, est abrogé. » (A) p. 53

DIFFUSION PRESSE

« Il est rappelé que la presse comporte deux groupes de publications, à raison de la séparation entre les deux zones du territoire. Aucun journal ne doit pénétrer de zone libre en zone occupée, si périmé soit-il, et même à titre d'emballage, à peine de sanctions très graves contre les contrevenants à cette règle. » (Informations générales, p. 19 / Ministère de l'Intérieur 1940-01)

29 août 1940 : « Une loi limite la main-d'œuvre étrangère en France. Une loi précise que la circulation des autos n'est admise que sous couvert d'une autorisation spéciale. » (A) p. 53

30 août 1940 : « Une loi ordonne l'inventaire de la mise en culture des terres et exploitations abandonnées depuis deux ans. Ces exploitations seront cédées pour 9 ans à des personnes de nationalité française qui pourront recevoir des avances de l'État et seront dispensées du payement de tout fermage pendant trois ans. Une loi crée la Légion Française des Combattants. » (A) p.53

RÉFUGIÉS

« Le 17 août, 1.000 trains environ avaient déjà franchi la ligne de démarcation pour assurer le rapatriement des réfugiés.

La S.N.C.F. a mis en route, du 21 au 31 août, 86 trains de démobilisés et 79 trains de réfugiés pour les zones comprises entre la Loire et la Somme, 44 trains pour l'Alsace et la Lorraine, 66 trains pour les Belges, sans parler des trains spéciaux mis à la disposition des administrations publiques et privées. La statistique des rapatriés pour la semaine du 19 au 25 août s'élève à 167.000 par voie ferrée et 138.000 par voie de terre, plus 75.000 démobilisés (dont 70.000 par voie ferrée). » (Informations générales, pp. 15-16 / Ministère de l'Intérieur 1940-01)

Tarbes, vendredi 9 août 1940 171

Bien chère maman,

Deux mots pour vous dire que je ne viendrai pas dimanche, car Louis a demandé un peu de congés et ne pourra l'avoir que dans le courant de la semaine. Alors, nous viendrons tous deux.

N'ayant pas reçu des nouvelles de Léon depuis le 26 juillet, nous avons encore écrit à Paris au Centre des Prisonniers pour savoir son adresse.

Peut-être vous, vous en avez eu, mais beaucoup sont sans nouvelles, les trafics étant encore arrêtés, c'est bien ennuyeux.

Donc, à bientôt. Bons baisers de nous deux. Louis et Léonie

La toute première lettre de prisonnier de guerre adressée à sa sœur par Léon en captivité :

Lundi 12 août 1940 Kriegsgefangenenpost 172

Reçue le 22.08 à 5 h

Bien chère sœur et cher beau-frère,

Je viens ce jour vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes. Je suis prisonnier depuis fin juin.

Voilà trois semaines que je suis en Allemagne. Nous sommes bien nourris et bien traités. Je suis avec d'autres électriciens dans un camp, nous attendons d'être dirigés sur une usine où nous pourrons travailler. Comme c'est la première lettre que j'écris, je compte sur vous pour donner de mes nouvelles et mon adresse, tout d'abord à maman. Voici un mois, j'étais avec Clouzet ; il était en bonne santé et, comme il se pourrait qu'il n'ait pu écrire, je vous prierai de le faire savoir, à sa femme. Elle sera rassurée. D'André Artigue, je n'ai pas de ses nouvelles depuis le 18 juin. Qu'est-il devenu ? Chère sœur, je te prierai de me faire parvenir par retour de courrier un caleçon, une paire de chaussettes, une serviette, un bout de savon et tout ce qu'il faut pour se raser, y compris rasoir, lames, brosse à dents et dentifrice. Surtout, ne vous en faites pas pour moi, car comme je vous l'ai dit plus haut nous n'avons nullement à nous plaindre. Espérant que la présente vous trouvera en parfaite santé. Je vous embrasse. Léon

Adresse = Caporal Noguéro Léon – 19667 – Stalag V – A Deutschland Gros baisers pour ma petite Hélène[8], sans oublier Élise.

LA LIBÉRATION DES PRISONNIERS DE GUERRE

La Feldkommandantur fait savoir que la libération des prisonniers de guerre n'est possible que dans des cas exceptionnels. Ces cas s'appliquent seulement à ceux dont le travail est indispensable à l'intérêt public.

Les demandes remplissant cette condition doivent être adressées au maire de la commune où le prisonnier avait son domicile avant la mobilisation. Si le maire le juge utile, il transmettra la demande à la Ortskommandantur. Seul le Ortskommandant a le droit de faire les démarches nécessaires auprès de la Feldkommandantur.

Il ne sera pas donné suite aux demandes qui seront adressées directement à la Feldkommandantur, ni à celles dont les cas exposés ne seront pas exceptionnels.

(Coupure de journal « La Petite Gironde », août 1940

Le jeudi 22 août 1940, arrivée à Urlau.[9] (vue générale du camp)

CARNET

[Du camp de Ludwigsburg[10], le train prit la direction sud parallèlement au Rhin jusqu'à Urlau petite gare (Urlau Bahnhof), petite agglomération, mais en revanche immense camp récemment aménagé où nous attendaient près de six cents gars compagnons d'infortune. On nous avait dit : « vous allez travailler à la construction d'un sanatorium. » Il ne nous fallut pas longtemps pour réaliser que ni les pinces ni les tournevis ne seraient nos outils de travail. Désillusion. L'avenir nous apprendra que ce fut un "sanatorium" à munitions.

Nous voilà donc, pour onze mois de travail[11] assuré, à l'intérieur de ce mamelon boisé de riches pousses de sapins, encerclés de hautes clôtures de barbelés, avec une entrée surveillée par des gardes verts et leurs chiens. Les six premiers mois, nous subissons de mauvais traitements des gardes et chefs de chantiers. À partir de 1941, de nouveaux gardes sont affectés avec des interprètes ayant vécu en France. Il en résulta un traitement bien meilleur.

Notre camp était composé de plusieurs baraques de quelques chambres de 16 à 30 occupants, aménagées de lits superposés, de tables, tabourets et d'un poêle à bois par chambre. Si notre camp fut soi-disant assez confortable, la nourriture composée de soupes d'ersatz y était insuffisante.

À noter qu'avant leur arrivée, un chef de camp avait fait rentrer plusieurs tonnes de pommes de terre en silo, près de la cantine. En se rendant à la corvée de café, nous y faisions de furtives incursions où chacun y puisait en resquille. Ce qui, au passage, nous améliorait l'ordinaire et nous permit de passer le début de l'hiver sans trop de faim. Enfin, voici la Croix-Rouge. La quantité était plus que raisonnable, seule la répartition laissait à désirer.

Entre-temps nous parvenaient les premiers colis de France confectionnés conjointement par nos familles, nos communes et des personnes dévouées. C'était tout d'un coup presque la fête, mais nous savions, hélas, que ce qui nous parvenait de nos familles leur manquait.

Notre chantier :

Nous avons donc participé à des terrassements de construction de routes et de voies ferrées et à d'autres excavations. Soit ! Ce n'était pas pour un usage sanitaire, simplement des enceintes de murs épais en béton dont certaines mi-enterrées et destinées à stocker des minutions, à protéger des cartoucheries, des poudrières, etc., au rythme de 10 heures de travail par jour, béton par tous les temps même à – 30°.

Durant l'hiver 1940-1941, les nombreuses chutes de neige obligèrent les firmes à arrêter les travaux, à leur grand regret. Ils poussèrent jusqu'à nous faire enlever à la pelle la neige qui recouvrait les toitures des bâtiments. Quelques tuiles en firent les frais, inévitablement. Des corvées de bois, afin d'alimenter nos poêles, furent organisées, ce qui nous permit de sortir un peu du camp, de respirer et même de faire quelques boules de neige. Il faut savoir que le poêle servait à toute la chambrée[12] pour cuisiner et chacun avec son bois. Pour la nuit, du charbon nous était attribué.

Cette trêve fut ramenée au minimum et le travail reprit dans la neige, le sol glacé sur quinze centimètres d'épaisseur, le verglas sur les pistes, c'était dur, très dur d'autant plus que nous étions mal chaussés. Les bottes réformées des soldats allemands étaient transformées en sabots dont la semelle pourrie ne tenait plus un clou et pompait avantageusement l'eau. Vous pouvez deviner que les tiges avaient été récupérées par leurs soins. L'hiver passa assez bien car on nous autorisa à faire venir des lainages de chez nous et de les retourner dès le printemps venu.

Ainsi les jours, les mois, s'écoulèrent avec la pelle, la pioche, le béton, la manutention de panneaux de coffrage, de briques, de sacs de ciment, etc.]

Malgré toutes ces misères[13], parfois, nous faisions un peu de poésies. Quelques vers seulement :

URLAU 40/41 – B.A.B. 45 – Firma Gustav EPPLE – Stuttgart

Construction d'un sana ?

Depuis qu'à Urlau je suis, un an s'est écoulé,

Oui, douze mois que je vis dans les barbelés.

Je vis, dis-je, c'est sûrement un peu exagéré,

Car bien loin d'ici est souvent ma pensée.

Comme bon nombre de camarades exilés,

Sur un important chantier, j'ai été dirigé,

Où, quoiqu'étant dans le bâtiment,

Électricien n'est plus mon métier.

Il consiste, à coup sûr moins compliqué,

À sur mon dos du spahi[14] transporter.

Parfois aussi, je travaille dans le béton[15],

Car je dois le dire, notre maison

Coule, coule en toute saison ;

Qu'importent la pluie ou les glaçons.

Mais, toujours travailler n'est pas une solution.

Aussi nous procure-t-on quelques distractions[16] :

Les unes par les plus variés « bouteillons »[17],

Les autres, de par Radio Stuttgart, les émissions.

Et maintenant, si nous abordions

Une autre question.

Si nous parlions un peu de Libération ?

Cela tient parait-il à la kol abo-ra-tion ;

À moins qu'on n'attende la mise en service du Sanatorium.

Léon Noguéro

Tarbes, 24 août 1940 173

Bien cher frère et beau-frère,

Nous avons été très heureux de recevoir ta lettre du 12 où tu nous apprends ton bon état de santé malgré que tu sois bien éloigné : nous voyons que vous êtes bien et que tu pourras nous écrire plus souvent que ces derniers temps.

C'est si long d'être sans nouvelles. Il doit en être de même pour vous tous, mais espérons qu'on vous facilitera un peu plus ; beaucoup attendent encore.

Je vais m'empresser de te faire un colis par la poste et peut-être 2 car 1 kilo est vite fait et juste ce qui est autorisé pour que tu le reçoives assez vite.

André Artigue a donné de ses nouvelles dernièrement. Il était blessé à un pied. La cousine de Mme Bordenave n'en a pas de son mari et Mme Clouzet je ne l'ai vue. À Cadéac, on en a de tous, quelques-uns sont revenus.

Nous avons été passer 4 jours, la semaine dernière, avec maman. Elle était bien. Nous y reviendrons la semaine prochaine si Louis a du congé. Nous avons aidé Loo et Solans à rentrer du blé.

Hier, j'ai envoyé ton adresse à maman et j'ai été chez tes patrons. Jourde et Généraux sont rentrés. La jeune a pris ton adresse et était contente de te savoir en bonne santé, Monsieur Raymond aussi et tous. Ensuite, j'ai été au Républicain car tous les jours on publie les noms des prisonniers dont ils ont les adresses. Hélène avait eu ta carte comme moi et maman. Elle était plus rassurée, m'écrivait-elle. Elles ne tarderont pas à rentrer. Peut-être leur enverrai-je une carte demain malgré que j'aille au marché 2 fois par semaine pour la vente des légumes, ça marche assez bien, mais Louis prend quelques bains de vapeur au jardin. Il fait toujours les nuits, depuis quelque temps, il commence à 5 heures. Il faut tout plaquer pour faire le souper.

Malgré tout le mouvement, le temps est assez beau, mais viennent l'automne et le triste hiver avec les giboulées.

Pour le moment, notre santé est assez bonne et souhaitons de tout cœur que la présente aille t'en trouver de même. Et dis-nous à ta prochaine si ta jambe va mieux.

À bientôt de te lire, nous t'embrassons tous deux bien affectueusement. Ta sœur qui pense souvent à toi.

Léonie

Ce 27-08-40. Bien cher frérot, ne pouvant faire qu'un colis[18] poste, je commence à t'envoyer 1 chemise, 1 mouchoir, 1 bout de savon, 1 bout de saucisson, 1 brosse à dents, bonbons, chocolat. L'autre suivra.

Bons baisers.

Léonie

Tarbes, samedi 24 août 1940 174

Bien chère maman,

Nous venons de recevoir une lettre de Léon qui nous a fait plaisir de le savoir en bonne santé et de savoir son adresse et comme c'est la 1re qu'il a pu écrire, il me charge de donner son adresse.

Il nous dit qu'ils sont bien traités et bien nourris, mais me demande du linge de corps et de quoi se raser, même du savon. Je m'empresse de lui faire un colis et j'espère y mettre quelques gâteries quand même.

La lettre n'a mis que 10 jours, je pense qu'il n'aura le colis aussi vite que ma lettre. Vous pourrez peut-être lui faire faire 2 mots.

Nous vous embrassons tous deux. À l'autre dimanche.

Louis et Léonie Durrieu

Son adresse :

Caporal Noguéro Léon

Gefangenennummer : 19667

Stalag V-A (Deutschland)

Et au dos, votre adresse :

Mme veuve Raymonde Noguéro

À Cadéac, Hautes-Pyrénées (France)

Carte du CICR du Genève reçue le 30/11/1940 (recto)

Carte du CICR du Genève reçue le 30/11/1940 (verso)

Septembre 1940

Rappel historique, 2 septembre 1940 : « Des mesures économiques sont prises par le gouvernement français en ce qui concerne le riz, les légumes secs et les pommes de terre. » (1) p. 101

3 septembre 1940 : « Un décret-loi autorise les préfets à mettre en résidence surveillée les personnes jugées dangereuses pour la défense nationale et la sécurité. Sauf dérogations motivées, une loi interdit de majorer les prix des marchandises. » (A) p. 53

SUSPENSION ORGANE DE PRESSE

« Communiqué officiel : L'hebdomadaire Marianne vient d'être suspendu pour une durée de trois mois. Cette mesure a été motivée par un article signé de Bernard Lecache à qui l'autorisation de faire reparaître à Alger le Droit de vivre avait été refusée ces jours derniers.

« M. Bernard Lecache est un militant juif dont l'activité antérieure a fait assez de mal à la France pour qu'il soit mis dans l'impossibilité de continuer à nuire à notre pays. » (Informations générales, p. 11 / Ministère de l'Intérieur 1940-02)

4 septembre 1940 : CONGRÉGATIONS ENSEIGNANTES

« La loi du 4 septembre 1940 abroge celle du 7 juillet 1904, qui supprimait l'enseignement congréganiste. Cela revient à consacrer un état de fait qui existait depuis la fin de la guerre 1914-1918, en remplaçant les membres des congrégations enseignantes sous le régime antérieur à 1904, qui était celui de la liberté surveillée.

La loi nouvelle règle, en particulier, la situation des religieux et religieuses d'Alsace et de Lorraine qui demeurent en zone non occupée où, lors de leur repli, ils avaient été admis avec leur régime spécial. » (Informations générales, p. 11 / Ministère de l'Intérieur 1940-02)

5 septembre 1940 : « Une loi autorise les agriculteurs repliés à recevoir des avances de l'État jusqu'à 200.000 francs. » (A) p. 53

11 septembre 1940 : « Une loi promulgue que nul ne peut être inscrit au tableau de l'Ordre des Avocats ou sur les listes du stage s'il ne possède la nationalité française à titre originaire, comme étant né d'un père français. Mêmes exceptions que pour les médecins. » (A) p. 54

12 septembre 1940 : « Une commission présidée par M. Roussel, conseiller d'État, est chargée de réviser les naturalisations françaises. » (1) p. 93

14 septembre 1940 : « Démobilisation de l'armée française d'Orient. » (1) p. 104

CORRESPONDANCE DES PRISONNIERS DE GUERRE

« Toute correspondance reste interdite avec les prisonniers internés dans les camps provisoires de France et de Belgique. Ceux-ci sont, en nombre croissant, regroupés dans des camps définitifs, avec lesquels seule peut s'établir une correspondance régulière. Les familles en sont avisées par le moyen d'une carte provenant, soit du prisonnier lui-même, soit de l'Agence centrale des prisonniers de guerre (C.I.C.R., à Genève), soit de la Croix-Rouge française.

Les prescriptions relatives ou libellées des adresses sont claires et minutieuses. L'expéditeur inscrit au haut et à gauche de l'enveloppe (non fermée) ou de la carte, son nom et son adresse; au haut et à droite la mention: Kriegsgefangenenpost ; au bas et à gauche la mention du camp («Stalag» pour la troupe, «Oflag» pour les officiers, avec l'indicatif, toujours composé d'un nombre en chiffres romains et d'une initiale majuscule) ; au bas et à droite: Deutschland ; au centre, le grade, le prénom, le nom et le n° du prisonnier, avec, éventuellement, l'indication «Block n° » et « Barak n° ».

Sont interdites les cartes postales illustrées, les lettres recommandées, les lettres par express, les lettres avec accusé de réception.

« Un communiqué officiel de la direction du service des prisonniers de guerre annonce que les autorités allemandes accordent, à titre exceptionnel, des congés de captivité en territoire occupé qui ne constituent pour les intéressés ni un droit ni une libération.

(Il faut se rappeler que, aux termes de la convention d'armistice, les autorités allemandes peuvent conserver, jusqu'à la signature de la paix franco-allemande, tous les prisonniers de guerre, à la seule exception des quelques cas particuliers visés par la convention internationale de Genève).

Le gouvernement français a fait des demandes intéressant les prisonniers appartenant aux professions ci-après : agents de la force publique, agents des ponts et chaussées, agriculteurs, employés et ouvriers des chemins de fer, fonctionnaires de l'administration centrale, officiers ministériels, ouvriers mineurs et personnel des houillères, spécialistes des P.T.T., personnel des services publics (gaz, électricité).

Les demandes, adressées par les familles ou par les employeurs sont centralisées par les ministères intéressés ; elles devront être accompagnées de pièces justificatives. Chaque demande sera soumise à l'appréciation des autorités allemandes qui en décideront.

En principe, ne seront satisfaites que les demandes jugées conformes aux besoins essentiels de l'ordre et de la reprise économique. » (Informations générales, pp. 10-11 / Ministère de l'Intérieur 1940-04)

17 & 18 septembre 1940 : RAVITAILLEMENT & RESTRICTIONS

« La circulation et le commerce des céréales sont réglés par une loi du 17 septembre, dont les dispositions tendent à mettre les récoltes et les stocks sous la surveillance constante des autorités chargées d'assurer le ravitaillement national. Ne sont habilités à vendre et à acheter que les négociants en grains de nationalité française, patentés à la date du 1er août, et les coopératives agricoles.

Les cultivateurs ne pourront recevoir de pain en échange de leurs farines de seigle et de blé que dans la quantité correspondant aux tickets de rationnement de pain détenus par les personnes vivant sous leur toit. »

« Il reste interdit de fabriquer les croissants, brioches, petits pains, mais la fabrication des pains de fantaisie dits de « un kilogramme » redevient autorisée (loi du 17 septembre).

Les fromages de diverses catégories couramment dénommées « à la crème » et du genre « Petit Suisse » ou demi-sel et divers fromages à pâte dure ou tendre contenant plus de 40 de matière grasse après dessiccation, font l'objet d'une prohibition de vente (décret du 18 septembre).

« Tout terrain urbain non utilisé sera, par location amiable ou réquisition renouvelable d'une durée d'un an, attribué à la culture domestique au profit des associations de jardins ouvriers, des chefs de familles nombreuses et des mutilés de guerre, dans toutes les communes comportant des établissements industriels ou commerciaux de quelque importance (décret du 18 septembre). » (Informations générales, pp. 14-15 / Ministère de l'Intérieur 1940-04)

20 septembre 1940 : « Un secrétariat d'État au ravitaillement est créé. » (A) p. 54

DISSOLUTION DE CONSEILS MUNICIPAUX

« Cinq conseils municipaux de villes importantes ont été dissous, ceux de Marseille (présidé par M. Tasso, sénateur-maire), de Lyon (présidé par M. Herriot, député-maire), de Toulouse (présidé par M. Ellen Prévost, ancien député), de Vienne, de Montluçon (présidé par M. Marx Dormoy). » (Informations générales, p. 6 / Ministère de l'Intérieur 1940-04)

22 septembre 1940 : « Le J.O. publie les instructions relatives au règlement des réquisitions d'immeubles. »

« M. Scapini, chargé par le gouvernement français de traiter avec le Reich les questions relatives aux prisonniers de guerre, prend rang d'ambassadeur. » (A) p. 55

CORRESPONDANCE PRISONNIERS DE GUERRE

« Les autorités allemandes font connaître qu'il est maintenant permis à tous les prisonniers de guerre français internés dans les camps en territoire français occupé de correspondre avec leurs familles résidant en zone libre ou dans les territoires occupés. Ils peuvent recevoir des lettres et des cartes en provenance de ces deux zones.

De même que les camps en Allemagne ont reçu l'une des dénominations Oflag ou Stalag, les camps de prisonniers en France ont reçu la dénomination de « Frontstalag ». Ceux-ci se distinguent entre eux par un nombre de trois chiffres, par exemple : « Fronstalag, n° 172 ». Il est interdit de faire figurer dans l'adresse le nom de la localité et le département. Toute infraction à cette règle impérative entraînerait la mise au rebut de la correspondance. » (Informations générales, pp. 15-16 / Ministère de l'Intérieur 1940-05)

23 septembre 1940 : RAVITAILLEMENT & RESTRICTIONS

« Les cartes de ravitaillement pour le pain, la viande, le fromage, les matières grasses entrent en vigueur. » (A) p. 55

« La fabrication des croissants, brioches et petits pains de fantaisie est interdite. »

« À Paris, la ration pour chaque personne est de 350 g de pain par jour, 100 g de corps gras par semaine, 360 g de viande par semaine et 200 g de fromage pour quatre semaines. » (1) p. 101

« Deux décrets règlent le rationnement du café dont la consommation est interdite dans les établissements publics après 15 heures et dont la vente au détail à l'état pur est interdite, à partir du Ier octobre, pour être remplacé par le débit exclusif de mélanges composés pour un tiers de café et deux tiers de succédanés autorisés. » (Informations générales, p. 8 / Ministère de l'Intérieur 1940-02)

24 septembre 1940 : CRÉATION D'UNE COUR MARTIALE

« Une loi institue une Cour Martiale, chargée de juger les personnes qui lui sont déférées par le gouvernement pour crimes et manœuvres contre l'intégrité et la sauvegarde de la patrie. La Cour Martiale statue dans les deux jours et sans appel. Elle siège à Gannat. » (A) p. 55

RÉPRESSION RÉBELLION GAULLISTE

« Le gouvernement n'ignore pas que M. de Gaulle a des complices en France, qui croient trouver ou qui affectent de trouver la plus haute expression du patriotisme dans des actes de rébellion et de dissidence nuisibles à l'intégrité de l'empire et à l'unité nationale.

Aussi a-t-il, dans un souci de sauvegarde, institué une juridiction sommaire et souveraine, apte à prononcer contre tous les traîtres les peines appropriées, en se fondant sur les nécessités du salut public. » (Informations générales, p. 13 / Ministère de l'Intérieur 1940-05)

27 & 28 septembre 1940 : EXTENSION DE COMPÉTENCE DE LA COUR MARTIALE

« Le conseil des ministres du 27 septembre a adopté une loi proposée par M. Caziot, ministre secrétaire d'État à l'agriculture, qui permet de déférer à la cour martiale les actes graves d'accaparement de denrées alimentaires. »

RÉPRESSION DE LA HAUSSE ILLICITE DES PRIX

« Le comité de surveillance des prix de la Seine a transmis au parquet, aux fins de poursuites correctionnelles, quarante-et-un dossiers de majoration illicite des prix afférents à des denrées alimentaires, chaussures, vêtements, etc. La fermeture de onze magasins, le retrait de sept autorisations de vente ont été décidés par le préfet de police. Le tribunal correctionnel de la Seine a prononcé quatre-vingts condamnations pour hausse illicite entre le 13 et le 25 septembre. » (Informations générales, pp. 14-15 / Ministère de l'Intérieur 1940-05)

CRÉATION DES PUISSANCES DE L'AXE

« Signature d'un accord entre l'Allemagne, l'Italie et le Japon, aux termes duquel ces puissances s'engagent à se prêter assistance mutuelle pendant dix ans en Europe et en Extrême-Orient. » (1) p. 98

STATUT DES ÉTRANGERS EN SURNOMBRE DANS L'ÉCONOMIE NATIONALE

« Une loi du 27 septembre règle la situation des étrangers en surnombre dans l'économie nationale qui seraient dans l'impossibilité de regagner leur pays d'origine. Les hommes de 18 à 55 ans pourront, sur l'ordre du ministre de l'Intérieur ou des préfets, être rassemblés dans des groupements d'étrangers, placés sous l'autorité du ministre de la Production industrielle et du Travail qui fixe les règles de leur emploi et les met, s'il y a lieu, à la disposition d'employeurs.

Dans les groupements, ils ne recevront aucun salaire, mais, éventuellement, une prime de rendement, tandis que leurs familles bénéficieront d'allocations, à fixer par décret.

Les étrangers sans nationalité ou bénéficiaires du droit d'asile sont désormais dispensés des prestations militaires antérieurement obligatoires. Sous réserve des formalités réglementaires, ils conservent la faculté d'émigrer à l'étranger. » (Informations générales, p. 8 / Ministère de l'Intérieur 1940-06)

30 septembre 1940 : RÉFUGIÉS

« Sur 3.800.000 réfugiés, 2.700.000 étaient rapatriés au Ier septembre ; du 1er au 10 septembre, 300.000 ont été rapatriés.

Ces quelques chiffres montrent, quand on sait l'organisation minutieuse qui préside à ces mouvements de population et les difficultés à surmonter, l'ampleur de l'effort accompli par le gouvernement français et par la S.N.C.F. Les postes de passage, peu nombreux, sont parfois fermés, tantôt l'un ou l'autre, tantôt tous. Chaque convoi de rapatriement par chemin de fer est placé sous l'autorité d'un chef de convoi ; les voyageurs doivent être munis de pièces d'identité réglementaires ; la liste des voyageurs, communiquée par avance aux autorités de contrôle, est reproduite et affichée sur chaque wagon de manière à permettre les vérifications d'identité compartiment par compartiment ; il n'est admis que six voyageurs par compartiment.

Les œuvres françaises d'assistance ont distribué 2 millions de repas gratuits et plusieurs centaines de milliers de vêtements, au cours du mois d'août dans les gares de la zone libre qui assurent le service du rapatriement des réfugiés.

Ont été organisés des ouvroirs pour les réfugiés qui n'ont pu trouver de ressources en zone non occupée. Au 10 septembre 30.000 femmes y trouvent un travail rémunérateur. D'autre part,

36.000 jardins ont été cédés aux réfugiés en zone non occupée. » (Informations générales, pp. 7-8 / Ministère de l'Intérieur 1940-02)

Dimanche 1er septembre 1940 175

Reçue le 23.09

Chère sœur et cher Louis,

Un petit mot pour vous donner de mes bonnes nouvelles espérant que vous aurez reçu ma précédente lettre du 12 août dans laquelle je vous demandais un petit colis d'objets me faisant défaut soit : savon, nécessaire à raser, dentifrice et brosse, caleçons, chaussettes. Tout va bien. Je vous embrasse ainsi qu'à maman et Hélène. Léon

Mercredi 18 septembre 1940 176

Reçue le 8.10 au matin

Bien chère sœur et cher Louis,

Je viens par la présente vous accuser réception de deux de vos colis qui me sont parvenus en parfait état. Dans le premier se trouvaient la chemise que j'avais demandée et dans le second[19] l'autre linge. J'aurais encore besoin des accessoires de toilette que je t'avais énuméré : Gillette et lames, savon à barbe et dentifrice et aussi du savon ordinaire pour laver, celui que tu m'as envoyé est presque employé ; pour le moment c'est tout. Du linge, j'en ai assez et j'ai un bon tricot. J'ai également reçu votre carte du 27 août ainsi qu'une lettre de maman. Comme j'envoie toutes les miennes à votre adresse, vous lui ferez savoir que je l'ai reçue et qu'elle m'a fait grand plaisir. Qu'elle se tranquillise au sujet de ce qui pourrait me manquer puisque vous faites le nécessaire. À mon tour, je puis vous dire que je suis en bonne santé, ma jambe ne m'a pas encore fait mal. Je terminerai en vous embrassant de tout cœur dans l'attente de recevoir de vos longues nouvelles, d'Hélène aussi si possible à qui j'envoie de tendres baisers. Bien le bonjour aux voisins, à mes patronnes et à Cadéac aux familles Soulé et Estrade. Votre frère et beau-frère. Léon Noguéro

Dimanche 29 septembre 1940 177

Reçue le 21.10

Bien chère sœur et cher Louis,

Je viens répondre à votre deuxième carte n'annonçant le second colis ; ce dernier m'est également parvenu en parfait état. Je suis heureux de vous savoir tous en bonne santé et puis vous en dire de même. Je travaille depuis plus d'un mois. À bientôt de vous lire. Transmettez un mot à cousine de Luchon, à Toulouse et à Hélène. Gros baisers ainsi qu'à maman et vous deux. Noguéro Léon

Octobre 1940

Rappel historique, 1er octobre 1940 : RECENSEMENT DES JUIFS« Le chef de toute famille juive résidant en zone occupée devra se présenter à la sous-préfecture de son arrondissement avant le 20 octobre pour s'y faire inscrire sur un registre spécial. Tout commerce dont le propriétaire est juif devra être désigné comme « Entreprise juive » par une affiche spéciale. » (2) p. 102

2 octobre 1940 : DÉCHÉANCE DE LA NATIONALITÉ FRANÇAISE Le ministre de la Justice communique :

« La loi du 23 juillet 1940 dispose que « tout Français qui a quitté le territoire français métropolitain entre le 10 mai et le 30 juin 1940 pour se rendre à l'étranger sans ordre de mission régulier émanant de l'autorité compétente ou sans motif légitime » sera déchu de la nationalité française par décret.

« Les personnes qui ont quitté le territoire national métropolitain entre le 10 mai et le 30 juin 1940 à destination d'un pays étranger (pays de protectorat non compris) et qui estimeraient ne pas tomber sous le coup de la loi, soit qu'elles puissent justifier d'un ordre de mission, soit qu'elles soient en mesure d'invoquer un motif légitime, sont invitées, dans leur propre intérêt, à faire parvenir, avec leur adresse actuelle, tous renseignements et toutes précisions utiles sur les conditions dans lesquelles elles ont été amenées à se rendre à l'étranger.

« Ces renseignements, accompagnés, le cas échéant, de tous documents à l'appui (copies certifiées conformes des ordres de mission, etc.), doivent être adressés le plus tôt possible, par écrit, à la commission d'examen des cas de déchéance de la nationalité française, ministère de la Justice, Vichy. »

À cette occasion, le Département rappelle aux chefs des postes diplomatiques qu'il leur appartient de dresser et de lui communiquer la liste des Français qui se sont rendus dans les pays de leurs résidences après avoir quitté la France dans la période du 10 mai au 30 juin 1940. Ils doivent d'autre part veiller à ce que les prescriptions ci-dessus soient observées. »

INTERNEMENT ADMINISTRATIF

« Vichy, 2 octobre. — Le gouvernement vient de procéder à une série d'internements administratifs, conformément à la loi du 3 septembre 1940. Pour éviter toute fausse interprétation de ces mesures de défense nationale, le gouvernement précise qu'il n'y a, en droit, aucun lien entre cette procédure politique et, d'une part, l'action juridique de la Cour Suprême, siégeant à Riom ; d'autre part, l'action éventuelle de la Cour martiale, ce qui n'exclut pas la possibilité d'une liaison ultérieure, dans le cas où la Cour Suprême et la Cour Martiale, statuant en toute indépendance, croiraient devoir l'établir.

À l'heure où le Gouvernement, dans des circonstances tragiques,

s'efforce d'assurer le maintien de la souveraineté française et de l'ordre public, menacés par ceux-là mêmes qui contribuèrent à précipiter la France dans l'abîme où elle se débat, chacun considérera comme le devoir essentiel des autorités responsables de prendre toutes précautions indispensables à l'égard des hommes qui, n'ayant rien compris ou ne voulant rien comprendre, s'attachent apparemment ou insidieusement, par leurs attitudes, leur action, ou leurs propos, à faire renaître les vieilles querelles dont la France a failli mourir. »

(Informations générales, p. 6 / Ministère de l'Intérieur 1940-06)

3 octobre 1940 : « Les relations postales entre les deux zones sont partiellement rétablies par les cartes familiales. » (A) p. 55

4 octobre 1940 : SITUATION EN FRANCE DES RESSORTISSANTS ÉTRANGERS DE RACE JUIVE

« Une loi du 4 octobre précise la situation en France des ressortissants étrangers de race juive. Ils pourront être internés dans des camps spéciaux ou se voir assigner une résidence forcée par décision du préfet du département de leur résidence. » (Informations générales, p. 8 / Ministère de l'Intérieur 1940-08)

6 octobre 1940 : CARACTÈRE DÉLICTUEUX DES PROPOS DÉFAITISTES

« Par un communiqué daté du 6 octobre, le ministère de la Justice précise que les « propos défaitistes » sont toujours justiciables des tribunaux. » (Informations générales, p. 15 / Ministère de l'Intérieur 1940-07)

RÉPRESSION COMMUNISTE

« À Paris, les services de la préfecture de police ont procédé à de nombreuses arrestations de meneurs communistes. Dix-huit centres d'impression et de diffusion de tracts ont été découverts et mis hors d'état de fonctionner.

À Marseille, la police a procédé à 78 arrestations d'agents de propagande révolutionnaire. De nombreux tracts ont été saisis. Les inculpés ont été mis à la disposition de l'autorité militaire. D'importants matériels de propagande ont été saisis. Au domicile du secrétaire général des archives, on a découvert la comptabilité, les noms et adresses de responsables et des rapports provenant de diverses régions sur la réorganisation du parti.

À Lyon, onze arrestations ont opérées, parmi lesquelles celles de MM. Nicot, ancien député-maire d'Oyonnax, Castor, son ancien adjoint, Falnot, Mignon, et Mme Lavatière, administrateurs de la coopération ouvrière l' « Aurore ».

Dans le département de la Loire, 129 perquisitions ont été faites et soixante-dix personnes ont été l'objet d'un arrêté d'internement. Sur mandat du juge d'instruction militaire de Lyon, 19 personnes ont été arrêtées dans l'Ain pour activité communiste. »

(Informations générales, p. 9 / Ministère de l'Intérieur 1940-09)

7 octobre 1940 : « En attendant la constitution de l'armée de l'armistice par engagements volontaires, la classe 1938 est maintenue sous les drapeaux. En compensation, une haute paye spéciale est accordée à tous soldats et sous-officiers. » (A) p. 56

8 octobre 1940 : « Le décret Crémieux du 24-10-1870, qui accordait aux Juifs indigènes d'Algérie les droits politiques, est abrogé. » (A) p. 56

11 octobre 1940 : « Une loi interdit l'embauchage ou le recrutement des femmes mariées dans les administrations publiques. Certaines dérogations sont prévues. Les agents mariés du sexe féminin dans les administrations dont le mari subvient aux besoins du ménage pourront être mis en congé sans solde. Les femmes vivant en état de concubinage sont soumises à la loi. » (A) p. 58

RAPATRIEMENT DES RÉFUGIÉS

« 500.000 réfugiés ont été rapatriés du 10 septembre au 10 octobre ce qui porte à 3.500.000 le nombre de ceux qui sont rentrés chez eux en zone occupée depuis le 15 juillet. Ne restent plus, en zone libre, que 200.000 personnes susceptibles de regagner les secteurs autorisés de la zone occupée. L'autorité occupante interdit le retour de certaines catégories de personnes et l'accès à certaines zones, dites interdites.

Le gouvernement prend des dispositions pour assurer les conditions matérielles et morales d'existence les moins pénibles possible aux familles qui seront, cet hiver, privées de leurs foyers. C'est ainsi qu'il a décidé de maintenir une allocation aux démobilisés originaires de la zone interdite qui ont rejoint leurs femmes et leurs enfants dans une localité de refuge en zone libre. » (Informations générales, pp. 16-17 / Ministère de l'Intérieur 1940-07)

« Le 1er novembre, les réfugiés de la zone occupée non interdite cesseront de bénéficier de la gratuité du transport ferroviaire pour regagner leur domicile ; les trains spéciaux pour réfugiés seront supprimés.

Les rapatriements se feront dès lors par trains ordinaires, aux frais des intéressés et moyennant l'autorisation préalable qu'ils solliciteront des autorités d'occupation.

Il ne sera plus délivré de certificat de rapatriement pour les retours par la route. » (Informations générales, p. 10 / Ministère de l'Intérieur 1940-08)

15 octobre 1940 : « Les sessions des conseils généraux sont suspendues. L'administration des intérêts départementaux est confiée aux préfets, assistés d'une commission administrative issue de l'Assemblée départementale. Tous vœux sont interdits. Les conseils d'arrondissement sont suspendus et leurs attributions dévolues aux préfets. » (A) p. 58

ADMINISTRATION MUNICIPALE

« En application des décrets du 17 juillet et du 14 août 1940, relatifs aux fonctionnaires nés de père étranger, M. Viguié, préfet administrateur extraordinaire de la ville de Marseille, vient de prendre un arrêté déclarant démissionnaires 453 employés titulaires de la ville de Marseille, 10 auxiliaires hommes et 15 auxiliaires femmes. » (Informations générales, p. 5 / Ministère de l'Intérieur 1940-08)

17 octobre 1940 : « En France, nouvelle répartition du pain : 150 g par jour pour les enfants de moins de 3 ans ; 200 g pour les enfants de 3 à 5 ans et pour les vieillards de plus de 70 ans ; 350 g pour tous les adultes et 450 g pour les travailleurs et les cultivateurs. » (2) p. 98

RATIONS POUR LE MOIS D'OCTOBRE

« 500 grammes de sucre, 300 grammes de café mêlé de succédanés pour les deux tiers, 250 grammes de pâtes alimentaires ou semoules, 100 grammes de riz pour les enfants (qui ont droit à 750 grammes de sucre au lieu de 500 grammes). » (Informations générales, p. 9 / Ministère de l'Intérieur 1940-06)

RATIONNEMENT DU SAVON

« La vente de tous les savons autres que les dentifrices et les poudres de lessive est interdite jusqu'au 1er novembre et les particuliers n'ont droit, moyennant un coupon spécial de la carte d'alimentation, qu'à 100 grammes de savon de Marseille pour le mois d'octobre. » (Informations générales, p. 16 / Ministère de l'Intérieur 1940-05)

18 octobre 1940 : « Une loi fait obligation aux employeurs de reprendre leurs ouvriers ou employés démobilisés.

« Une loi fixe le statut des Juifs et leur interdit les hautes fonctions publiques dans l'administration, la politique, la justice, les affaires étrangères, l'armée, l'enseignement, la presse, le cinéma, la radiodiffusion. » (A) p. 58

19 octobre 1940 : « Le J.O. crée le « Secours National », qui doit compléter l'action des pouvoirs publics et coordonner celle des œuvres privées. » (A) p. 58

ENVOIS AUX PRISONNIERS

« La Croix-Rouge transmet le communiqué suivant :

Les jours sont plus courts, plus gris, plus froids, la Croix-Rouge pense aux prisonniers qui auront à supporter l'hiver dans les camps. Aujourd'hui même partent pour l'Allemagne 20.000 collections de vêtements.

Une collection comprend une capote, un pantalon, une vareuse, une paire de chaussures, deux mouchoirs, un bonnet de police, un chandail, deux chemises, deux caleçons, deux paires de chaussettes, des bandes molletières et une couverture ; 20.000 collections font donc 320.000 pièces d'habillement. Déjà dans les camps de France, 40.000 collections ont été distribuées, soit 640.000 pièces. En Suisse, les internés en ont reçu aussi. Pour les camps situés en France occupée, ce sont les camions de la Croix-Rouge Française qui les conduisent à destination. Pour les camps en Allemagne, les envois sont acheminés jusqu'à Genève où le Comité international de la Croix-Rouge les prend en charge.

Dans tous les cas, c'est le commandant allemand du camp qui fait connaître ce dont les prisonniers ont besoin. Il s'acquitte de cette tâche avec autant de discernement que d'équité. Les vêtements, une fois arrivés, c'est à un Français, à celui qu'on appelle « l'homme de confiance », que sont remises les collections. C'est lui qui est chargé d'en assurer la répartition. Toutes les précautions sont donc prises pour que cette distribution soit faite avec justice, pour que les secours d'hiver, qui partent de la zone non occupée, aillent à ceux pour lesquels ils seront les plus utiles. » (Informations générales, pp. 8-9 / Ministère Intérieur 1940-06)

21 octobre 1940 : « Sont seuls habilités à faire le commerce des céréales, les négociants de nationalité française ainsi que les coopératives agricoles. » (A) p. 58

24 octobre 1940 : « Le chancelier Hitler et le général Franco se rencontrent à la frontière espagnole. » (2) p. 96

« Le Maréchal Pétain et M. Pierre Laval se rencontrent à Montoire avec le Chancelier Hitler et M. Von Ribbentrop. Un accord franco-allemand a été réalisé « sur le principe d'une collaboration dont les modalités restent à définir. » (A) p. 58

PRÉSIDENTS DÉPARTEMENTAUX DE LA LÉGION DES ANCIENS

COMBATTANTS

« Le Maréchal Pétain, président général de la Légion française des anciens combattants, vient de désigner 79 présidents départementaux de la Légion. » (Informations générales, p. 10 / Ministère Intérieur 1940-09)

CONTRÔLE DES EXPORTATIONS DE CAPITAUX

« Le Journal Officiel du 24 octobre a publié un décret du 10 octobre modifiant et complétant les textes antérieurs, notamment les décrets du 9 septembre 1939 et du 24 avril 1940, prohibant et règlementant en temps de guerre l'exportation des capitaux, les opérations de change et le commerce de l'or. » (Informations générales, p. 22 / Ministère Intérieur 1940-09)

25 octobre 1940 : « Une loi réglemente les associations de fonctionnaires. Tous les groupements existants sont dissous. Désormais des associations pourront se former dans le respect de l'autorité pour la représentation des intérêts professionnels, mais seulement entre agents d'une même spécialité et entre agents de même grade. Les Unions d'associations sont permises au sein d'une même administration. Les Fédérations sont interdites. Une loi règle l'intervention de l'État dans la reconstruction immobilière. » (A) p. 58

26 octobre 1940 : « Le Conseil des ministres, réuni à Vichy, exprime sa confiance dans la politique de coopération franco-allemande. » (2) p. 91 « Almanach Hachette 1942 »

31 octobre 1940 : « D'importantes conversations s'engagent à Paris entre M. Pierre Laval et les autorités allemandes en vue d'une collaboration entre les deux pays. » (2) p. 96

Dimanche 13 octobre 1940 178

Reçue le 02.11

Bien chère sœur et cher Louis,

J'ai reçu hier soir votre troisième colis[20] dont le contenu m'a fait grand plaisir.

Le tout est arrivé à bon port : le thon était délicieux. J'ai reçu votre lettre du 8 septembre. La semaine dernière j'ai envoyé une carte à maman. Ma santé est excellente et je souhaite de tout cœur que la présente aille vous trouver de même à vous tous. Bonjour aux patronnes, aux voisins et à Hélène et Élise. Baisers. Léon

Dimanche 27 octobre 1940 179

Reçue le 22.11 au soir

Bien chère sœur et cher Louis,

J'ai reçu le 17 votre quatrième carte. Comme les autres, elle est venue me trouver en bonne santé. Je suis heureux de vous savoir de même vous tous. J'ai reçu aussi une lettre de Toulouse. Toutes vont bien et je compte sur vous pour leur faire savoir qu'elle m'est parvenue et qu'elle m'a fait grand plaisir. Je vais vous donner connaissance de notes parues au camp : ne pas nous adresser de colis du 14 au 25 décembre, période de Noël ; de plus, ayant droit à un colis de 5 kilos tous les deux mois, vous pourriez m'en adresser un contenant pull, caleçons chauds et une paire de chaussettes. Les cigarettes ont été les bienvenues malgré que je fume toujours peu ; biscuits, chocolat et savons seront bien accueillis. Pour le reste, fais pour le mieux. Je serais heureux de recevoir de votre part des nouvelles plus détaillées, que faites-vous ? Et maman ? Pauvre vieille, qu'elle ne s'en fasse surtout pas à mon sujet, rassurez-là, tout va pour le mieux, je suis relativement bien, la santé est bonne. Donne le bonjour aux patronnes, voisins et connaissances de Tarbes et Cadéac. Savez-vous quelque chose sur André Saint-Martin[21] et les frères d'Hélène, et elle ? Et toi, cher Louis, ton service est-il modifié, moins dur ? Je termine en vous embrassant de tout cœur. Baisers à Hélène. Léon

Novembre 1940

Rappel historique, 1er novembre 1940 : « Reprise des relations postales entre le Reich et la zone française occupée. » (2) p. 98

2 novembre 1940 : PRESSE & ÉMISSIONS RADIOPHONIQUES

« Une loi sur la presse décide que l'offense au Chef de l'État est punie d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 100 à 3.000 francs.

La réception dans les lieux publics des émissions radiophoniques de tout poste se livrant à une propagande antinationale est interdite. » (A) p.59

4 novembre 1940 : « Arrêté réglementant la répartition en France des produits à base de savon. » (2) p. 98

5 novembre 1940 : « Le Maréchal Pétain accomplit son premier voyage en tant que Chef de l'État à Toulouse et Montauban. Accueil enthousiaste. » (A) p. 59

6 novembre 1940 : « Tous les organismes consultatifs de l'Enseignement sont supprimés. » (A) p. 59

8 novembre 1940 : « Amélioration au régime des transferts de marchandises et des paiements entre la zone occupée française et la zone non occupée. » (2) p. 98

14 novembre 1940 : « De nombreux trains amènent en zone non occupée les Lorrains de langue française refoulés de leur pays. » (A) p. 60

18 novembre 1940 : INTERNÉS, BLESSÉS ET PRISONNIERS« Trois accords importants avec l'Allemagne ont été accueillis par la population française avec une particulière satisfaction :

1° Le commandement militaire allemand en France, a ordonné que les Français grands blessés de guerre qui ont au moins 50 % d'invalidité bénéficient d'un traitement de faveur de la part des autorités allemandes ; ces blessés recevront une carte d'identité spéciale ;

2° À la suite de la démarche de M. Scapini, ambassadeur, le gouvernement allemand a consenti à ce que les militaires français détenus en Suisse soient prochainement libérés ;

3° En raison des désirs que M. l'ambassadeur Scapini a formulés au nom du gouvernement français concernant les prisonniers de guerre se trouvant en Allemagne et en zone occupée, le Führer a accordé ce qui suit :

1 - Il est prévu d'accorder des congés de captivité aux prisonniers de guerre, pères de quatre enfants mineurs et plus pour autant que cela paraisse nécessaire pour parer à un état critique de la situation de famille.

La même mesure s'appliquerait aux frères ainés de quatre enfants mineurs et plus, lorsque le père est décédé ou hors d'état de travailler, et que la subsistance de la famille dépendrait de cette mise en congé de captivité ;

2 - II n'y a pas d'objections à la libération des militaires français détenus en Suisse. Les internés seront démobilisés dès qu'ils auront franchi la frontière suisse et renvoyés dans leurs foyers aussi bien en zone occupée qu'en zone non occupée. L'équipement de guerre amené en Suisse par les internés sera remis aux autorités allemandes à l'exception des chevaux pour lesquels un règlement est déjà intervenu ;

3 - L'intention du gouvernement français de faire parvenir trois trains de marchandises de 52 wagons chacun comme cadeaux de Noël sera favorisée et facilitée par les autorités allemandes compétentes ;

4 - La mission de contrôle des prisonniers de guerre telle qu'elle est prévue à l'article 86 de la convention de Genève du 27 juillet 1929 étant assumée par le gouvernement français, M. l'ambassadeur Scapini chargé de ces questions par le gouvernement français peut installer à Berlin une annexe de son bureau de Paris.

Ce service comportera environ dix personnes qui désignées d'un commun accord avec le gouvernement allemand, recevront des permis de circulation spéciaux ;

5 - Toutes communications qui, aux termes de la convention concernant les prisonniers de guerre, doivent être adressées à la nation protectrice seront à l'avenir envoyées exclusivement au service de l'ambassadeur Scapini à Paris.

Il en sera de même pour les listes qui, conformément à la convention, doivent être adressées au gouvernement auquel ressortissent les prisonniers de guerre ;

6 - Pour accélérer et faciliter les échanges de correspondance entre les prisonniers et leurs familles, la réglementation suivante sera mise en vigueur à partir du 1er janvier 1941.

Chaque prisonnier de guerre sera autorisé à écrire mensuellement deux lettres et deux cartes spéciales[22]. Les prisonniers de guerre recevront un nombre égal de feuilles de papier ligné et de cartes postales imprimées qu'ils enverront à leurs familles. Les lettres rédigées sur ce papier réglementaire par les parents des prisonniers et adressées à ceux-ci, bénéficieront d'un régime de faveur afin qu'elles parviennent aussi rapidement que possible à leurs destinataires ;

7 - Le service médical des prisonniers de guerre sera secondé par des membres du service sanitaire de l'armée française. Le personnel sanitaire français non utilisé dans ce but sera immédiatement rapatrié en France ;

8 - Les prisonniers de guerre seront, dans la mesure du possible, employés à des travaux en rapport avec leur formation particulière et leur profession civile antérieure. Le salaire sera ajusté au travail effectué et à sa nature ;

9 - Le rapatriement en France, déjà commencé par le gouvernement allemand, des prisonniers de guerre, gravement blessés ou gravement malades, sera accéléré dans toute la mesure du possible. » (Informations générales, pp. 2-3 / Ministère Intérieur 1940-13)

22 novembre 1940 : SANCTIONS ADMINISTRATIVES

« 221 fonctionnaires municipaux de Toulouse ont été mis à la retraite ; 95 ont été relevés de leurs fonctions ; 4 démissions ont été acceptées ; 4 employés ont été rétrogradés, 10 ont été révoqués et 10 suspendus temporairement. De plus, le cas de 277 employés qui ne sont pas nés de père originaire français est à l'étude.

« Ont été relevés de leurs fonctions :

M. Ducuing, professeur à la Faculté de Médecine de Toulouse pour activité communiste ; Mlle Ballon, professeur à l'École normale de Tarbes. » (Informations générales, pp. 9-10, p. 34 / Ministère Intérieur 1940-13)

30 novembre 1940 : « De nombreux militants communistes, dont le frère du traître Thorez, sont arrêtés à Paris, Grenoble, Nîmes et Toulouse. » (A) p. 61

LISTE DES MILITAIRES BLESSÉS ET MALADES RAPATRIÉS D'ALLEMAGNE

« Les J. O. des 29 et 30 novembre publient des listes des militaires blessés et malades rapatriés d'Allemagne. » (Informations générales / Ministère Intérieur 1940-14)

Dimanche 10 novembre 1940 180

Postkarte reçue le 25.11 au soir, Ludwigsburg, Wurtemberg

N'écrivez qu'une seule lettre par semaine et pas trop longue.[23]

Bien chère sœur et cher Louis,

Depuis votre dernière carte datée du 24 septembre, j'ai reçu vos deux colis des 5[24] et 12[25] octobre. Tous deux m'ont fait grand plaisir. De plus, hier, j'ai eu l'agréable surprise d'un autre petit colis qui m'était adressé par la Fédération départementale des Mutilés et Anciens Combattants des Hautes-Pyrénées. Tu passeras au bureau les remercier pour moi. Tout va bien et j'espère que la présente ira vous trouver de même à tous. Gros baisers. Léon

Dimanche 24 novembre 1940 181

Reçue le 1er janvier 1941

Bien chère sœur et cher Louis,

Voilà 15 jours que je ne vous ai pas écrit. Depuis, j'ai reçu vos deux cartes des 6 et 12 octobre ainsi que la carte envoyée de Cadéac et sur laquelle j'ai eu le plaisir de revoir l'écriture de Louis. J'ai aussi reçu une lettre des patronnes et j'attends un colis. Je reçois tous les vôtres[26] et c'est avec grand plaisir. Je suis heureux de vous savoir tous trois bien et puis vous en dire de même. Gros baisers. Léon

Décembre 1940

Rappel historique, 3 décembre 1940 : « Le Maréchal est reçu triomphalement à Marseille et à Toulon. »

« Dans le but de développer les jardins ouvriers, une loi accorde une subvention forfaitaire de 150 francs à tous les exploitants avant le 31 mars dans une ville de plus de 2.000 habitants. » (A) p. 61

RETOUR D'ANGLETERRE

Deux paquebots le « Winnipeg » et le « Djenne » transportant chacun 1.700 officiers et marins français sont arrivés à Toulon, venant d'Angleterre. Des manifestations d'enthousiasme et de loyalisme se sont déroulées à cette occasion dans le grand port français.

PRISONNIERS & RAPATRIÉS D'ALLEMAGNE

« Des listes de militaires blessés et malades rapatriés d'Allemagne ont été publiées au J. O. du 1er et du 2 décembre. »

« Communiqué officiel n° 26 de la direction du service des prisonniers de guerre :

« Les autorités allemandes font connaître qu'elles ont pour des raisons d'ordre technique, dû modifier l'étendue de la période pendant laquelle l'acheminement des colis aux prisonniers de guerre serait suspendu. En conséquence la règlementation suivante est portée à la connaissance des familles :

I° Les colis postaux et paquets destinés aux prisonniers de guerre sont acceptés dans les gares et les bureaux de poste jusqu'au 6 décembre au soir ; 2° la réception est interrompue du 7 au 31 décembre inclus ; 30 elle reprendra le 1er janvier 1941. Ces prescriptions annulent celles du communiqué officiel n° 22 de la direction du service des prisonniers de guerre en date du 10 novembre 1940.

Les services de M. Scapini, ambassadeur de France, vont partir dans le courant de la semaine prochaine pour Berlin, où ils s'installeront. On sait qu'ils sont chargés des rapports avec les autorités allemandes en ce qui concerne les prisonniers français.

Le secrétariat d'État à la Guerre, dont relève le service des prisonniers de guerre, a communiqué la note suivante concernant le rapatriement des internés français en Suisse :

La radio et certains journaux ont annoncé, par erreur, que 20.000 prisonniers français internés en Suisse allaient arriver aujourd'hui, à Lyon. Cette nouvelle est malheureusement tout à fait inexacte. Si M. l'ambassadeur Scapini a pu annoncer, à son retour de Berlin, que le gouvernement allemand avait bien voulu accepter la libération des 30.000 internés en Suisse, il n'en reste pas moins que l'organisation de leur retour en France nécessite encore certaines négociations et certains délais.

Ces négociations qui ont lieu, d'une part, au sein de la commission d'armistice de Wiesbaden, d'autre part entre les autorités françaises et suisses sont activement poussées.

Que les familles des internés attendent donc avec patience et avec confiance leur conclusion. Le secrétariat d'État à la guerre fera connaître en temps voulu, les modalités de rapatriement. » (Informations générales, pp. 18-19 / Ministère Intérieur 1940-15)

6 décembre 1940 : « Des sanctions sévères sont prises contre le gaspillage du pain dans les établissements publics. L'ex-ministre Pierre Vienot, capitaine déserteur, est condamné à huit ans de prison avec sursis. » (A) p. 61

« Loi interdisant la fabrication des conserves contenant de la viande de boucherie et du porc. » (2) p. 102

7 décembre 1940 : « Le cardinal Suhard, archevêque de Paris, proclame la nécessité, pour tous les Français, d'une collaboration totale avec le Maréchal Pétain. » (2) p. 108

12 décembre 1940 : « Une loi amorce la réforme municipale, réforme provisoire. Dans les communes rurales de moins de 2.000 habitants – il y en a 35.592 – rien de changé, le principe de l'élection reste entier. Dans les 2.722 communes urbaines, c'est le pouvoir central qui désigne maire, adjoints et édiles. Paris, Lyon et Marseille auront un régime spécial. Les conseils municipaux comprendront obligatoirement : un père de famille nombreuse, un représentant des groupements professionnels de travailleurs, une femme qualifiée pour s'occuper des œuvres. Tous conseillers municipaux, maires et adjoints devront être Français d'origine. Le nombre des édiles : 18 dans les villes jusqu'à 5.000 habitants, 20 dans celles de 5.001 à 50.000, 22 dans celles de 50.001 à 100.000, 24 dans les communes au-dessus de 100.000 habitants. La durée du mandat reste de six ans, mais une loi permet au préfet de parer aux déficiences possibles. » (A) p. 62

13 décembre 1940 : « L'Angleterre rejette une demande du comité américain pour le ravitaillement des territoires occupés par l'Allemagne. » (2) p. 98

14 décembre 1940 : « Une loi organise les services départementaux de ravitaillement. » (A) p. 62

15 décembre 1940 : « Les autorités d'occupation libèrent les étudiants qui avaient manifesté à Paris le 11 Novembre et autorisent la reprise des cours universitaires. » (A) p. 62

RÉPRESSION COMMUNISTE DANS LA RÉGION DE TOULOUSE

« Une vaste opération de police a été menée ces temps derniers à Toulouse et dans les départements voisins, sur l'initiative de M.

Rhenaux de Leyritz, préfet de la Haute-Garonne, à la suite d'une recrudescence de la propagande communiste qui s'était notamment produite par des distributions clandestines de tracts et de feuilles communistes.

19 arrestations ont été jusqu'à présent opérées : 9 à Toulouse, 2 à Albi, 6 à Carcassonne, I à Narbonne. Les tracts étaient jetés soit au coin des rues par des cyclistes qui disparaissaient à toute allure, soit du haut des toits par d'assez ingénieuses machines à contre poids variables qui libéraient peu à peu les liasses de tracts en laissant au vent le soin de les emporter jusque dans les rues. » (Informations générales, p. 11 / Ministère Intérieur 1940-15)

17 décembre 1940 : « Création d'une carte de cuir destinée aux cordonniers français. » (2) p. 98

18 décembre 1940 : « Les cultivateurs français doivent déclarer leurs stocks de blé et les livrer selon les besoins. » (2) p. 110

22 décembre 1940 : « La vague de froid s'étend à toute l'Europe. Le thermomètre descend à – 25° dans l'est de la France. » (2) p. 110

26 décembre 1940 : « Le Secrétariat d'État au ravitaillement fixe le taux des rations alimentaires pour le mois de janvier. Le rationnement porte sur le sucre, le café, les pâtes, les semoules, le riz ou l'orge perlé, les légumes secs. » (2) p. 98

31 décembre 1940 : « Le Secours national – Entraide d'hiver créé par le Maréchal a permis de distribuer à Paris : 60.000 kilos de denrées alimentaires ; en banlieue, 16.900 kilos de viande, 102.600 de pommes de terre ; dans la région parisienne, 363.000 effets divers aux nécessiteux et 1.000 tonnes d'assiettes et de laine.

« Loi fixant les droits des salariés licenciés depuis le 10 mai 1940, pour cause de suppression d'emploi ou réduction d'activité. Une indemnité de délai-congé devra être versée par les employeurs au personnel licencié si le salaire n'a pas été versé pendant la durée de préavis. « Ces employés bénéficieront, en outre, pendant un an, s'il s'agit d'ouvriers, ou de deux ans, s'il s'agit d'employés, d'une priorité de réembauchage.

« Les évacués sur ordre peuvent réclamer des allocations spéciales si pendant toute la durée de leur évacuation ils sont restés à la disposition de leur employeur. » (2) p. 103

RELATIONS POSTALES

« Le chef du service postal de l'armée allemande pour la France a réuni hier à Paris les représentants de la presse pour leur faire une communication sur les améliorations et les facilités apportées dans les relations postales au fur et à mesure que les nécessités militaires ont pu le permettre.

Le trafic entre les deux zones

Il a rappelé les diverses étapes par lesquelles est passé le trafic postal entre les deux zones. C'est ainsi que par dérogation à l'interdiction établie tout d'abord, 300 lettres quotidiennes dans les deux sens ont été autorisées pour les communications entre firmes économiques. À partir de septembre ce chiffre a été porté à 500 et depuis octobre il est de 1.000.

En ce qui concerne la correspondance privée, on sait que l'envoi de cartes postales pour les nouvelles familiales a été autorisé et chaque jour c'est par plusieurs centaines de mille que ces cartes sont échangées dans les deux sens.

Dans la zone occupée

En ce qui concerne la zone occupée, le trafic postal a été rétabli dans les conditions d'avant la guerre et l'ampleur de la correspondance transportée est redevenue ce qu'elle était autrefois, grâce aux moyens de transport et aux facilités mises par l'autorité allemande à la disposition de l'administration française. Quant aux relations postales avec l'étranger, le chef du service postal allemand a indiqué qu'elles étaient reprises entre la France, la Belgique, l'Italie et l'Allemagne, mais qu'il n'était pas possible pour l'instant de les étendre à d'autres pays.

La correspondance des prisonniers

Passant à la question de la correspondance des prisonniers, le chef du service postal allemand a rappelé que ceux qui sont en Allemagne avaient le droit de recevoir à partir de la zone occupée un colis de 5 kilos tous les deux mois ou chaque mois un paquet d'un kilo ou deux paquets de 500 grammes. Pour les prisonniers qui se trouvent en France dans des camps, ils peuvent adresser une lettre et deux cartes postales par mois à leurs familles et recevoir par mois un colis jusqu'à 5 kilos ou deux colis de deux kilos. Pour les uns et les autres, aucune limitation précise n'est imposée aux familles pour le nombre de lettres et de cartes à leur envoyer. Cependant il y a un embouteillage constant dans les transports et de nombreux retards dans la distribution des lettres par suite du trop grand nombre de correspondances envoyées. L'autorité allemande pour remédier à cet état de choses demande aux familles d'écrire moins fréquemment et de se servir plutôt de cartes postales.

Le colis de Noël

Enfin, pour la si importante question des colis de Noël qui, au moment des fêtes, apporteront un peu de réconfort et de joie à nos prisonniers, le commandement allemand rappelle que les expéditions de colis à leurs adresses ne pourront s'effectuer au-delà du 6 décembre au soir, date limite. Les envois de colis ne seront repris que le 1er janvier 1941, les envois d'argent restent interdits. Un fait qui souligne l'ampleur du transport postal à cette période de fin d'année a été révélé aux représentants de la presse par le chef du service postal de l'armée allemande. Au cours de la dernière semaine, 145 wagons de colis à destination de nos prisonniers en Allemagne sont partis de France. » (Informations générales, pp. 29-30 / Ministère Intérieur 1940-15)

Dimanche 1er décembre 1940 182

Reçue le 25.11 au soir

Bien chère sœur et cher Louis,

Ce matin, j'ai reçu votre colis[27] du 8 novembre qui m'a fait grand plaisir. Pour le moment tout va bien, il ne me manque rien, si ce n'est les lainages que je vous ai demandé dans ma lettre du 27 octobre car la neige est parmi nous et le froid commence à piquer. Le 17 novembre, j'ai envoyé ma première lettre à Hélène. Je vous embrasse bien fort ainsi qu'à maman. Léon

Dimanche 15 décembre 1940 183

Reçue le 11.02.1941

Bien chère sœur et cher Louis,

Depuis le 1er décembre, jour où je vous ai envoyé la précédente lettre, j'ai reçu votre colis[28] du 15 novembre ainsi que deux d'un kilo des Anciens Combattants. L'un composé d'une boîte de cassoulet, l'autre de pain de guerre. Si vous avez l'occasion de passer devant leur bureau, rentrez les remercier pour moi. Quant au vôtre, comme les précédents, il a été bien accueilli. Nous éprouvons un réel plaisir lorsque nous les recevons, ils nous apportent quelques rayons de joie et nous font revivre le passé. Hier soir nous ont été distribués biscuits de guerre et singe provenant, je crois, de la Croix-Rouge. Aujourd'hui, un repas, de fin d'année sans doute, sortant de l'ordinaire, a été offert à tous les travailleurs du camp par leurs employeurs. Pour le moment tout va bien la santé bonne. J'attends de vous les lainages, de vos nouvelles ainsi que d'Hélène. Abordant la deuxième quinzaine de décembre, je vais charger la présente de vous apporter mes meilleurs vœux pour 1941 et vous prier de les transmettre à maman, à vos correspondants habituels, à Hélène et enfin aux voisins, patrons, en un mot à tous ceux qui s'intéressent à moi. Maintenant, cher Louis, je te demanderai de faire pour moi une demande de monteur de lignes des PTT, à la poste de Tarbes (demande d'inscription). Merci d'avance. Je terminerai pour ce soir, en vous embrassant de tout cœur, espérant que la présente vous trouvera en parfaite santé à tous deux, à maman et à Hélène et Élise. Votre frère et beau-frère qui ne vous oublie pas. Léon

Dimanche 22 décembre 1940 183-1

Reçue fin janvier

Bien chère maman,

L'année 1940 tirant à sa fin, je viens par cette carte te présenter tous mes meilleurs vœux de santé pour celle qui approche. La semaine dernière, j'ai reçu un colis[29] que Léonie m'avait envoyé le 21/11. Je crois les recevoir tous et tous me font plaisir. Pour le moment, rien ne me manque et tout va pour le mieux. Meilleurs Vœux aux familles Soulé et Estrade. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Tarbes, lundi 30 décembre 1940 183-2

Bien chère maman,

C'est à peine, ce matin, que nous avons reçu une petite carte de Léon datée du 1er décembre où il nous dit qu'il est bien, qu'il a reçu un de mes petits colis qui lui a fait plaisir, mais qu'il attend celui des lainages qu'il m'a demandé, car il-y a quelques jours qu'ils ont la neige et que le froid se fait sentir. Nous espérons qu'il l'aura eu, au moins pour la Noël, puisque je l'avais expédié le 23 novembre.

Ici aussi, après quelques jours de fortes gelées, le temps s'est bien adouci et, aujourd'hui, nous avons la pluie.

Louis est encore de nuit aujourd'hui et demain. Je ne sais si je viendrai dimanche, car avec ces engelures, les pieds sont douloureux.

Donc, chère maman, en vous transmettant les bons baisers de Léon, recevez nos meilleurs vœux pour la nouvelle Année et que nous puissions voir vite la fin de cette terrible guerre, pour nous retrouver tous en famille et en bonne santé. Bons baisers de nous deux. Louis et Léonie Durrieu

P.S. : Bien le bonjour et nos meilleurs vœux à la famille Soulé.

Fin de correspondance 1940

Notes 1940 :

À une fréquence de 3 colis par mois, Léonie et Louis ont expédié à Léon 11 colis de 1 kg et un seul de 5 kg[30] entre le 27 août et la fin de l'année 1940. Ces colis[31] hétéroclites sont composés de produits alimentaires de première nécessité, d'hygiène et de quelques effets vestimentaires. Dans ce calcul, il convient également d'y ajouter quelques colis isolés expédiés par de proches parents et quelques connaissances à Léon.

La hausse excessive du nombre des colis expédiés tout au tout début de la captivité et la difficulté d'en contrôler le contenu obligèrent les autorités allemandes à adopter de nouvelles dispositions plus restrictives après le 1er janvier 1941.

Décompte des correspondances et des envois de colis effectués par Léonie

Urlau, juillet 1941, Léon Noguéro debout tout en blanc à droite

Camarades de chambrée[32] B.A.B. 45[33] (Nom et Matricule P.G.)

Arrial

19577

Houssay[34]

16233

Ougier

16520

Belair[35]

1725

Leconte

24083

Pintault

52919

Benoît

23490

Ligouy

19592

Pujol

19677

Castes

19762

Mano

19680

Richet

19350

Chrétien

24024

Michel[36]

4585

Saunier

16016

Cuau

53737

Michelaud

18824

Wagnon

16754[37]

Dutilhois[38]

46438

Milhet

18408

Giavarini

19755

Noguéro Léon

19667

Autres camarades :

Robert Fernand de Varcès (38) ; René Guilhot de Meudon (92) ; Joseph Roger et Louis Décha de Pouzac (65) ; Robert Sintomer de Hornaing (59) ; Tesson Benjamin (matricule : 16020 VA), Léon Schnorr de Blâmont, 6 rue Traversières (54), Robert Guillon de Assier (46), le Père Aygon.

Lucien Prunier (Paris 10e), matricule 89 Chartres et 19655 VA) ;

Henri Marzat (Aubeterre 16), matricule 87 Périgueux et 19656 VA) ;

Julien Leduc (Angers 49), matricule 1862 Angers et 19657 VA) ;

René Bary (Mériel 95), matricule 4512 Versailles et 19660 VA) ;

Lucien Henry (Clézentaine 88), matricule 3107 Épinal et 19668 VA)

Marc Trastour (Brizais 44), matricules 951 La Roche-sur-Yon 19674 VA)

Maurice Berthault (Paris 13e), matricule 615 Seine 3e B et 19675 VA)

Armand Pujol (Arcachon 33), matricule 4858 Bordeaux et 19677 VA)

Urlau, septembre 1940 à juillet 1941, camarades de camp

Activités physiques dans les camps de prisonniers de guerre

De nombreuses activités physiques et culturelles furent instaurées afin de distraire les travailleurs des Kommandos et les prisonniers. L'organisation des loisirs y est encouragée par les autorités allemandes de la Wehrmacht et soutenue par des initiatives privées et le gouvernement de Vichy. Certains camps disposaient d'un terrain de sport, d'un théâtre, d'un orchestre, d'une bibliothèque et d'un foyer où se déroulaient bien d'autres activités variées (cours du soir, atelier peinture, etc.)

Urlau, septembre 1940 à juillet 1941, camarades de camp


[1] « 1942, Almanach de la Légion Française des Combattants » Almanach publié avec l'expresse approbation du Maréchal.

[2] Vraisemblablement, la caserne Lecourbe.

[3] Trad. : « Correspondance des prisonniers de guerre »

[4] Hélène Dilhan.

[5] Abréviation de mannschafts STAmmLAGer : « camp de prisonniers de guerre. »

[6] Ville située près de Stuttgart dans le Baden-Württemberg, à seulement 160 km de Strasbourg.

[7] Une promesse de libération anticipée était faite à tous les prisonniers bretons qui se déclaraient autonomistes ou proches du Parti National Breton. « La moisson humaine » de F. Brague, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1945, pp. 287-289

[8] Après avoir reçu la brève carte-correspondance de Léon l'informant qu'il était prisonnier, sans mention d'une adresse pour la correspondance, Hélène communiquait par lettre avec Léonie et Louis, comme en témoigne cette petite coupure de journal jointe à un courrier.

[9] Dépôt de munitions de la Wehrmacht d'une capacité de 20.000 tonnes situé à Leutkirch in Allgäu (Tann Urlauer), dans le Sud Est de l'État du Bade-Wurtemberg, à 60 km du lac de Constance (Bodensee). Après avoir été démantelé à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale par les troupes françaises, l'armée allemande a repris le domaine de 186 hectares en 1960 et l'a utilisé à nouveau comme dépôt de munitions. L'abandon du site a été décidé à la fin de 2007 et les autorités locales ont validé un plan d'aménagement présenté par le groupe Center Parcs Europe NV qui s'engage à démilitariser le site et à y construire à partir de 2013 un parc de vacances avec la création d'environ 800 emplois.

[10] Stalag V-A.

[11] « Rappelle-toi la plateforme d'Urlau sur laquelle, pelle en main, torse nu, tous les deux, nous « bouffions » du ciment à longueur de journée. Ce ne sont pas des souvenirs glorieux de victoires éclatantes, mais ce sont des souvenirs quand même par la vie dure que nous avons menée, par la détresse morale comme ce que seule l'amitié aidait à supporter. Alors, ces souvenirs-là, on ne peut pas les oublier, ces amitiés-là sont chaudes et ne peuvent se briser, malgré le temps, malgré l'absence. » Robert Sintomer, ancien prisonnier d'Urlau, Pavillons-sous-Bois, lettre du 7 janvier 1958 adressée à Léon.

[12] « Je logeais dans la baraque parallèle à l'infirmerie, immédiatement derrière, côté village, à la première chambrée. » Note de Léon Noguéro.

[13] «.. Nous étions manœuvres de maçons : faire du mortier, le porter à dos sur des hottes métalliques qui nous blessaient le bas du dos où également porter des briques avec des hottes en bois. Tout cela m'avait tellement marqué que, tant bien que mal, j'en ai fait un poème. » Note de Léon Noguéro.

[14] Spahis : mortier.

[15] « J'ai comme toi un souvenir pas tellement bon d'Urlau car, moi aussi, je faisais du béton et ensuite des canalisations. » Lettre du 4 juillet 1989 adressée à Léon par Fernand Robert, de Varces, ancien prisonnier évadé du BAB 45.

[16] « Mais, j'ai quand même eu du bon temps quand lorsque nous avons monté l'orchestre, en effet, nous faisions de la musique et des répétitions théâtrales 8 heures par jour et là, j'aurais eu mauvaise grâce de me plaindre ! Tu te souviens de Salomon Da Rocha, tu le trouveras sur les photos jointes ainsi que le célèbre aumônier bordelais qui écrivait ses sermons qu'il remettait à la censure et qui le jour de la messe racontait le contraire, mais cela n'a pas tellement duré ! Te souviens-tu d'un juif qui était passé au travers des tris et qui s'appelait Nathan, il était décorateur et c'est lui qui faisait les décors.», Lettre du 4 juillet 1989 de Fernand Robert. « À l'automne 1940, il s'est monté au camp un orchestre sous la direction de J.C. Hekking et dans cet orchestre, je jouais du saxo et en plus faisais du théâtre. Nous répétions dans la salle qui servait également de chapelle le dimanche. Nous donnions un spectacle tous les mois avec de la musique classique, du jazz, du musette et des sketches. Il y avait également un orchestre de mandolines. » Fernand Robert, lettre adressée à Léon le 27 juillet 1990.

[17] Bouteillons : canulars.

[18] Tout premier colis de 1 kg expédié le 27/08 par Léonie et Louis Durrieu à Léon Noguéro, prisonnier de guerre.

[19] Colis n°2 de 1 kg expédié le 29/08 contenant : 1 caleçon, 1 paire de chaussettes, 1 serviette toilette, 1 boîte pâté, 18 mx sucre, 5 barres chocolat, 2 boîtes bonbons Car, fleurs.

[20] Colis n°3 de 1 kg expédié le 24/09 : 1 paire de chaussettes, 1 boîte de thon, 1 blaireau, rasoir, 2 lames, bout de savon, 20 morceaux de sucre, 8 gâteaux, 1 boîte de cigarettes, 5 barres de chocolat, 25 pruneaux, 3 boîtes de Car.

[21] Matricule 52897 au stalag XVII B de Krems-Gneixendorf.

[22] « Vingt-six lignes où chaque mot doit être pesé, étudié à la loupe, réfléchi longuement pour ne pas subir la censure… Cela ne laisse de place que pour les lieux communs… Ceux où l'on s'efforce de paraître optimiste, rassurant ; en épiloguant, faussement naïf sur les probabilités d'un retour prompt en excellente santé… Mine de rien, on fait tout de même savoir qu'il ne serait pas inutile d'envoyer des chaussettes, des gants, une chemise, un passe-montagne et des denrées non périssables… Suzy éclate en sanglots en parcourant cette épître à laquelle elle n'aura droit, dorénavant, qu'une fois par mois, entrecoupée de deux cartes de sept lignes… Pas de quoi jouer les Balzac… » retranscrit du mensuel « Le lien », page 3, n° 514 - 8 septembre 1997, d'après le roman d'André Berset, ancien P.G. du stalag V-A.

[23] Note de l'administration militaire allemande.

[24] Colis n°4 de 1 kg expédié le 05/10 et contenant : 1 paire de chaussettes, 1 pain rond, 1 boîte de thon, 6 figues, 5 barres de chocolat, 2 gousses d'ail.

[25] Colis n°5 de 1 kg expédié le 12/10 et contenant : 1 morceau de savon, 1 fromage rond, 1 mouchoir, 16 biscuits, 9 figues, 8 morceaux de sucre, 2 fleurs.

[26] Colis n°6 de 1 kg expédié le 26/10 et contenant : 1 pain recuit de 4 francs, 5 barres de chocolat, 4 figues.

[27] Colis n°7 de 1 kg expédié le 09/11 et contenant : 1 morceau de savon, 1 fromage rond, 1 boîte de pâté, 1 boîte de pastilles Valda, 17 biscuits soldat.

[28] Colis n°8 de 1 kg expédié le 15/11 et contenant : 1 cache-nez, 1 paquet de biscuits, 1 boîte de thon, 10 barres de chocolat, 17 figues, 9 morceaux de sucre.

[29] Colis n°9 de 1 kg expédié le 21/11 et contenant : 1 petit pain recuit 2 F., 1 saucisson, 1 boîte fromage, 1 boite pâté, 1 paquet cigarettes, 4 portions fromage, amandes.

[32] Liste établie d'après « une liste de la chambrée concernant les chemises et caleçons destinés au lavage. Le chef de chambre que j'étais faisait le ramassage et la distribution au retour de la blanchisserie. D'après les noms, je crois bien que nous étions à Magdeburg (à la fabrique d'essence synthétique, deux à trois alertes de jour et autant de nuit). Nous étions 22 par chambre et le rôle de chef était des plus ingrats, ce n'était pas toujours facile de faire des parts équitables tant pour le pain que pour la charcuterie.» (Note de Léon Noguéro).

[33] (Bau Arbeits Bataillon : Élément de travailleurs mobiles).

[34] Gilbert Houssay, né le 20 mars 1917 à Le Chesnay, 2e classe au 165e R.I.

[35] Camille Belair, né le 1er février 1907 à Saint Pierre de Frugie, 2e classe au 326e R.I.

[36] Alfred Michel, né le 22 septembre 1911 à Lupstein, 1re classe au 79e B.C.P.

[37] Eugène Wagnon, né le 30 mai 1908 à Juvigny, 2e classe au 174e R.I.P.

[38] Ou « Dutilloy » Louis.

Captivité 1941

1941

Les États-Unis s'engagent un peu plus contre l'Allemagne nazie en fournissant du matériel de guerre et des matières premières aux Alliés mais aussi en expédiant des vêtements, des denrées alimentaires (livrés à crédit) aux prisonniers de guerre. Le 22 juin 1941, l'Allemagne, l'Italie et la Roumanie se déclarent en état de guerre avec l'U.R.S.S. Le 8 décembre 1941, la guerre est déclarée entre le Japon d'une part, les États-Unis et l'Angleterre d'autre part. Le 11 décembre 1941, l'Allemagne et l'Italie déclarent la guerre aux États-Unis.

Janvier 1941

Rappel historique, 1er janvier 1941 : « Les traîtres de Gaulle, Catroux, Legentilhomme et le colonel de Larminat sont rayés des contrôles de l'armée. » (A) p. 68

« S'adressant à tous les Français, le Maréchal Pétain leur demande de sortir de leurs routines et de leurs préjugés, et de se grouper pour « défendre leur terre et leur race ». » (2) p. 92

CORRESPONDANCE ENTRE ZONES

« Le secrétariat d'État aux communications communique :

Des hésitations se manifestent dans le public au sujet de l'utilisation des cartes familiales de correspondance entre les deux zones. Il est précisé que seules les deux dernières lignes doivent être utilisées pour la correspondance familiale libre, telle que les vœux du Nouvel An.

Le secrétariat d'État rappelle encore qu'en regard des mentions imprimées ne peuvent être ajoutés que des compléments manuscrits se rapportant directement à ces mentions, et que si ces indications imprimées sont biffées, la ligne ou portion de ligne sur laquelle elles figurent doit rester en blanc.

Les services de contrôle ont reçu les instructions les plus strictes au sujet du respect de ces prescriptions et doivent refouler toute correspondance qui ne serait pas rigoureusement conforme.

Le public doit comprendre qu'il est de son propre intérêt de se plier à cette discipline, dont dépend le maintien des facilités qui lui ont été consenties. »

(Informations générales, p. 8, p. 23 / Ministère de l'Intérieur 1941-20)

2 janvier 1941 : « En France, la ration de pain est abaissée à 300 g par jour pour les adultes. La vente des chaussures est réglementée. Il est interdit de fabriquer des souliers à semelles multiples, des chaussures montantes et des bottes. La fabrication des sacs de dame est réglementée. Une taille maximale est prévue et ils ne seront plus doublés en peau. Les ceintures en cuir ne devront pas dépasser 25 millimètres de hauteur pour les hommes et 40 millimètres pour les femmes. Suspension de fabrication des malles-armoires, des cartons à chapeau, de malles à chaussures en cuir. » (2) p. 99

3 janvier 1941 : « La profession d'architecte est réglementée. Il faut être Français à titre originaire, jouir de ses droits civils, être diplômé et admis à faire partie de l'Ordre. » (A) p. 68

4 janvier 1941 : « Un Conseil général des transports est créé auprès du Ministère des Communications. L'État établit d'autre part son contrôle sur tous les transports par fer, par route et par eau. » (A) p. 68

5 janvier 1941 : « Les consommateurs ne pourront acquérir les chaussures que contre remise de bons d'achat. Le ressemelage est libre. » (A) p. 68

« La circulation des automobiles est interdite en France entre 21 heures et 5 heures. » (2) p. 100

8 janvier 1941 : « Dans le but de faciliter le ravitaillement de Paris, le gouvernement décide de réduire les droits d'octroi ; d'abaisser la taxation au détail en province ; d'ajuster la taxation à Paris ; de réquisitionner dans les centres de production ; de réorganiser le marché de la viande, avec liberté des envois de viande et de bétail sur Paris, et de constituer un comité provisoire pour le ravitaillement de la capitale. » (2) p. 100

« En France, les auteurs d'agressions nocturnes seront jugés dans les vingt-quatre heures, et les porteurs d'armes exécutés sans délai. » (2) p. 112

12 janvier 1941 : LE MARÉCHAL FAIT DISTRIBUER POUR 80.000 FRANCS DE GALETTES « Le maréchal Pétain fera distribuer le dimanche 12 janvier, pour 80.000 francs de galettes des Rois dans onze départements.

Les centres où ces distributions auront lieu ont été choisis autant que possible comme particulièrement ouvriers, puisque c'est aux enfants les moins favorisés que ce geste s'adresse.

D'autre part, dans certains départements où le maréchal est déjà venu, ces manifestations auront lieu selon son désir dans d'autres villes que celles qu'il a visitées.

Les onze départements et les villes dans lesquels les galettes seront distribuées sont les suivantes :

Allier : Montluçon ; Tarn : Albi, Castres, Mazamet ; Loire : Saint-Étienne ; Haute-Vienne : Limoges ; Gard : Alès, Nîmes ; Isère : Grenoble ; Puy-de-Dôme : Clermont-Ferrand ; Corrèze : Tulle, Brive ; Hautes-Pyrénées : Tarbes ; Ariège : Foix ; Ain : Bourg-en-Bresse et Oyonnax.

Ces distributions auront lieu pour le goûter des enfants. À Saint-Étienne, Jean Nohain présidera au goûter et en assurera le radioreportage pour la radiodiffusion nationale. » (Informations générales, p. 8 / Ministère de l'Intérieur 1941-20)

16 janvier 1941 : MOUVEMENT PRÉFECTORAL ET ADMINISTRATIF « Par décret, M. Gonzalve, préfet des Hautes-Pyrénées, est relevé de ses fonctions.

Par un autre décret, M. Le Gentil, sous-préfet de Dunkerque, est nommé préfet des Hautes-Pyrénées. » (Informations générales, p. 8 / Ministère de l'Intérieur 1941-21)

18 janvier 1941 : « Une loi oblige tout citoyen français à accomplir au cours de sa 20e année un stage de huit mois dans les chantiers de la Jeunesse. Les convocations ont lieu en mars, juillet, novembre. Demandes de sursis et devancements d'appel sont prévus. Des allocations sont accordées aux soutiens de famille. » (A) p. 68

20 janvier 1941 : INTERNÉS ET PRISONNIERS « Le secrétariat d'État à la guerre a communiqué le 19 janvier :

« Les premiers trains ramenant en France les internés en Suisse arriveront le lundi 20 janvier. Les rapatriements se succéderont à la cadence de deux et trois trains par jour et s'échelonneront ainsi sur vingt jours environ.

La démobilisation des internés sera effectuée, en France, en plusieurs centres et toutes dispositions utiles ont été prises pour réduire au minimum le temps nécessaire à telle opération.

Les autorités allemandes ont accordé toutes les facilités nécessaires pour que les rapatriés résidant en zone occupée non interdite puissent franchir la ligne de démarcation et rentrer, dans le plus bref délai, dans leurs foyers. Le premier convoi comprenant un demi-millier de spahis est arrivé à Annemasse le lundi 20, suivi d'autres convois passant par Bellegarde.

Le maréchal Pétain a tenu à être mis au courant des conditions dans lesquelles s'effectue le retour en France des soldats internés en Suisse et actuellement rapatriés. Le chef de l'État a voulu se manifester à chacun d'eux en leur faisant distribuer à leur passage, soit à Grenoble, soit à Sathonay dans l'Ain, du tabac ou des cigarettes dont, à cet effet, 25.000 paquets sont partis par camions de Vichy.

Rapatriés d'Allemagne

L'acheminement des trains sanitaires d'Allemagne en France par

Constance et la Suisse a repris.

Un convoi est arrivé le 23 à Clermont-Ferrand.

Les J. O. des 21, 22, 23, 24 et 25 janvier ont donné des listes des militaires rapatriés d'Allemagne aux mois de novembre et décembre 1940. » (Informations générales, pp. 27-28 / Ministère de l'Intérieur 1941-22)

22 janvier 1941 : « Jusqu'à la promulgation d'une constitution définitive, il est créé un Conseil National. Cette assemblée dont les pouvoirs ne sont ni constituants ni législatifs, mais strictement consultatifs, se compose de membres nommés par le Chef de l'État. »

« Réponse évasive de l'ambassade de Grande-Bretagne au Comité Hoover à la question du desserrement du blocus alimentaire de la France non occupée. » (A) p.69

« Les jeunes gens nés en France du 1er avril 1920 au 21 déc. 1921 vont être incorporés dans les Chantiers de la Jeunesse. » (2) p. 107

26 janvier 1941 : « Des maisons de jeunesse sont créées. Des chefs les dirigeront qui sont formés au centre de Saint-Martin d'Uriage. » (A) p. 69

27 janvier 1941 : « L'Acte constitutionnel n° 7 établit la responsabilité des ministres, hauts dignitaires et hauts fonctionnaires de l'État devant le Chef de l'État. Cette responsabilité engage leur personne et leurs biens. Des sanctions : privations des droits politiques, mise en résidence surveillée, internement administratif, détention dans une enceinte fortifiée, pourront être pris contre ceux qui auront trahi les devoirs de leur charge. La loi s'applique aussi aux anciens ministres, hauts dignitaires et fonctionnaires[1] ayant « exercé » depuis moins de dix ans. » (A) p. 69

31 janvier 1941 : « Une loi institue à dater du 1-9-39 un prélèvement progressif de 20 à 80 % sur les excédents de bénéfices réalisés pendant la guerre.

« Les amicales régimentaires et les groupements amicaux corporatifs d'Anciens Combattants demeurent autorisés, mais ne peuvent se fédérer. Seuls sont maintenus pour les services qu'elles rendent : l'Union des Aveugles de guerre, la Fédération des amputés de guerre de France, les « Gueules cassées », la Fédération nationale des plus grands Invalides. Est maintenue provisoirement la F.N.A.P.G. » (A) p. 69

DEVOIR DE COLLABORER À LA RESTAURATION NATIONALE

« Une lettre de l'évêque de Nîmes sur le devoir de collaborer à la restauration nationale. Mgr Jean Girbeau, évêque de Nîmes, a adressé aux fidèles du diocèse une lettre sur leur devoir qui est de collaborer avec la province dans son œuvre de restauration nationale. » Il dit notamment :

« Un miracle se produit actuellement devant l'univers étonné : le redressement de la France cinq mois après son immense défaite. Qui en est l'artisan ? Le maréchal Pétain. Nous n'hésitons pas à le proclamer, le maréchal Pétain est à cette heure l'homme de la providence, de cette providence qui a prédestiné la nation française à porter l'évangile dans le monde et à sauver le culte de l'idéal chrétien et qui ne veut pas que cette nation périsse parce que, avec elle, disparaîtrait la gardienne nécessaire de la civilisation. Le devoir de tous les Français est donc de collaborer avec la providence en nous serrant autour du chef qu'elle nous a donné pour accomplir notre salut national en l'aidant de notre confiance et en suivant ses paternels et émouvants conseils. Tous les vrais Français sans exception doivent entendre la voix émouvante du maréchal puisque nous croyons à la providence et à la vocation chrétienne de notre patrie. Ce serait manquer à cette providence plus encore qu'au maréchal que de porter ailleurs nos espoirs et de fonder le redressement de notre nation sur des mensonges et sur la trahison, et ce serait aussi consumer inutilement son temps. » (Informations générales, p. 32 / Ministère de l'Intérieur 1941-22)

Dimanche 5 janvier 1941 184

Reçue le 14.02.1941

Chère sœur et cher Louis,

La précédente lettre était datée du 15 décembre. Le 22, j'ai envoyé une carte à maman et aujourd'hui, je viens vous s'accuser réception des trois derniers colis des 21, 23[2] novembre et 2[3] décembre ainsi que de deux cartes des 21 et 25 novembre. Merci pour les détails de cette dernière. Merci aussi pour les colis qui me parviennent en bon état et dont le contenu est bien compris. J'ai aussi reçu un beau colis de Marseille. La santé est excellente, il ne me manque rien. Je dis vous embrasse ainsi qu'à maman. Bonjour à Élise et à Hélène. Léon

Dimanche 12 janvier 1941 185

Reçue le 21.02.1941

Chère sœur et cher Louis,

Dimanche dernier, je vous ai envoyé une simple carte. Depuis, j'ai reçu votre colis[4] du 6 décembre et deux de vos cartes. La plus récente du 2 décembre par laquelle vous me donniez des nouvelles fraîches de maman. Surtout, rassurez là, qu'elle ne se fasse pas de soucis à mon égard, la nourriture est bonne, j'ai suffisamment d'effets pour endurer le froid et, outre mes godillots, j'ai des sabots avec lesquels j'ai chaud aux pieds. J'ai aussi appris avec grand plaisir que je n'étais pas le seul de Cadéac à rentrer : 13, c'est coquet pour un si petit village. Malgré cela, ici, je suis le seul du coin, si ce n'est un sous-officier d'artillerie de Tarbes et un Palois de 39 ans qui est mon voisin de lit. Ainsi, à nous deux, partageons-nous tous nos colis et je t'assure que parfois, arborant notre patois, nous passons d'agréables moments en dégustant le contenu de quelques bonnes boîtes, car si j'en reçois, lui n'en manque pas. Donc, vous pouvez en déduire que j'améliore mon sort dans la mesure du possible afin que tout aille pour le mieux. L'exil, voilà le fardeau, mais là, pas de remède, j'attendrai, mais cette fois, pas penché sur le poste écoutant cette mélodie alors que toi, chère sœur, tu me taquinais. Bref, un jour viendra, et je souhaite qu'il soit proche pour le bonheur de tous. Donc, pour le moment, rien de spécial à vous demander. Aussi terminerai-je en vous embrassant de tout cœur ainsi qu'à maman. Vous remercierez M. Flochlay pour son colis et donnerez le bonjour aux voisins ainsi qu'à Élise. Gros baisers à Hélène. Léon

Dimanche 26 janvier 1941 186

Reçue le 22.02.41

Bien chère sœur et cher Louis,

Ma précédente de lettre était datée du 12 janvier. J'ai adressé la carte de dimanche dernier à Élise pour lui accuser réception de la sienne et d'une Hélène. Toutes deux me faisant part du deuil cruel qui est venu les frapper en la personne de leur cher disparu, deuil qui a dû leur faire beaucoup de mal car Roger était vraiment très gentil et très aimé. Elles m'ont en outre appris le décès de Mme de Gestas donc tu m'avais parlé dans ta carte du 06 novembre qui, elle, avait pris le chemin des écoliers. J'ai également reçu celle du 11 décembre dans laquelle vous me dites être ennuyé de n'avoir pas de mes nouvelles. Pourtant, vous les recevez toutes et je n'écris guère qu'à vous après celle du 10 novembre. J'ai envoyé la suivante (17/11) à Hélène et depuis toutes vous ont été adressées sauf la carte du 22 décembre que j'ai envoyé à maman. Le premier colis[5] de l'année daté du 2 janvier m'est arrivé la semaine dernière. Comme tous les autres, il a été bien accueilli et je vous en remercie de tout cœur. Je crois qu'ils me parviennent tous. Cependant, des patrons, je n'ai rien reçu. Peut-être n'a-t-il été envoyé, pas plus que des nouvelles de Ridel. Ma santé est toujours excellente et je souhaite que la présente aille vous trouver de même ainsi que maman. Votre dernière m'apprend le retour d'Hélène qui aura quitté Hendaye avant que ma lettre lui soit parvenue. J'ose croire qu'on la fera suivre et qu'elle lui parviendra. Je termine en vous embrassant sans oublier maman. Bonjour aux voisins et Élise. Tendres baisers à ma petite Hélène chérie.

Votre frère et beau-frère qui pense à vous. Léon

Urlau, septembre 1940 à juillet 1941, camarades de camp

Février 1941

Rappel historique, 2 février 1941 : « Loi interdisant le maintien, la création et l'usage de postes de T.S.F. émetteurs non autorisés. Les postes clandestins seront confisqués. » (2) p. 104

LES CAMPS D'ÉTRANGERS EN FRANCE

« Le ministre secrétaire d'État à l'intérieur s'est activement préoccupé de la situation des étrangers en France et notamment des problèmes relatifs aux camps d'hébergement qui, pour l'heure, abritent plus de 35.000 ressortissants de différents pays.

À la suite d'une minutieuse enquête, il vient de décider la réorganisation complète de ce service. Il en a chargé le docteur Limousin qui va procéder à un regroupement des étrangers.

Rivesaltes abritera les enfants, les adolescents et leurs familles. Des infirmières de la Croix-Rouge française veilleront spécialement aux soins du premier âge. Des écoles et des centres d'apprentissage seront aménagés pour les plus âgés.

Le camp de Noë recevra les ménages au-dessus de 60 ans et les infirmes.

Le camp de Barcarès réunira les adultes sans famille que l'on prendra soin de grouper par nationalité.

Dans la plupart des centres, des terrains de culture seront exploités par les étrangers aptes qui pourront ainsi concourir à leur propre ravitaillement.

M. Peyrouton est assuré du concours moral et matériel de vingt-et-une associations étrangères de secours. La collaboration de ces organismes privés avec les services du ministère de l'Intérieur permettra d'améliorer profondément les conditions d'existence des étrangers sans ressources. » (Informations générales, pp. 17-18 / Ministère de l'Intérieur 1941-24)

NOMINATION ADMINISTRATIVE

« À été nommé maire de Toulouse : M. Haon, en remplacement du magistrat élu qui occupait cette fonction. » (Informations générales, p. 13 / Ministère de l'Intérieur 1941-25)

3 février 1941 : « Un bateau marchand chargé de 5.000 tonnes de vivres et de médicaments quitte New York pour l'Europe. La Croix-Rouge distribuera ce chargement à son arrivée. » (2) p. 106

4 février 1941 : « La ration de beurre pour février est fixée à 150 g par personne. La vente de la ficelle est interdite en France. » (2) p. 100

PRISONNIERS DE GUERRE « Communiqué officiel n° 31 de la direction des services des prisonniers de guerre, 4 février 1941 :

La direction des services des prisonniers de guerre estime devoir rappeler aux familles :

1° - Que les prisonniers de guerre peuvent pendant leur captivité contracter mariage avec leurs fiancées résidant en France sans que leur libération préalable soit nécessaire. Les formalités à accomplir seront communiquées aux familles qui en feront la demande en s'adressant en zone occupée à la sous-direction du service des prisonniers de guerre, 231, boulevard Saint-Germain, à Paris : pour la zone libre, à la direction du service des prisonniers de guerre, 52, avenue du Maréchal-Foch, à Lyon.

2° - Qu'il est possible de faire parvenir aux prisonniers de guerre des actes, pièces ou documents qui leur sont destinés ou qui doivent être signés par eux. Cette faculté concerne en particulier les procurations et les testaments.

La direction du service des prisonniers de guerre à Lyon et sa sous-direction à Paris se chargeront de faire parvenir aux prisonniers de guerre en Allemagne ou en France occupée tous les documents de cette nature dont leurs familles leur demanderaient d'assurer l'acheminement. »

« Le commissariat général à l'éducation générale et aux sports a décidé d'envoyer aux prisonniers détenus en Allemagne et en zone occupée des ballons de football, de volley-ball, des raquettes de pingpong, filets et balles. Ces envois seront faits par l'intermédiaire de la Croix-Rouge qui recevra les ballons et les répartira dans les camps.

Un premier envoi est préparé à Lyon et va partir incessamment. »

(Informations générales, pp. 28-29 / Ministère de l'Intérieur 1941-24)

5 février 1941 : INTERNES FRANÇAIS EN SUISSES « Le train rapatriant les derniers militaires français internés en Suisse a quitté Berne le 5 février à destination de la France. Avec le départ de ce convoi, composé en grande partie de malades et de blessés de guerre, prennent fin les opérations de rapatriement, qui se sont déroulées dans de bonnes conditions durant trois semaines environ. Le nombre des internés qui ont regagné leur foyer est d'environ 28.000. » (Informations générales, p. 30 / Ministère de l'Intérieur 1941-24)

7 février 1941 : SOLDATS DU SERVICE DE SANTÉ MILITAIRE « Le secrétariat d'État à la guerre communique : Les autorités allemandes ont fait connaître qu'une fraction du personnel du service de santé français dont la présence en Allemagne n'est pas indispensable pour les soins à donner aux prisonniers serait rapatriée en France.

Cette décision porte sur 3.200 officiers et hommes de troupe dont le retour s'effectuera en quatre trains comprenant chacun 800 rapatriés. Le premier train doit partir de Constance le 7 février, les trois autres trains ont leur départ prévu du même lieu les 11, 15 et 19 février. Ces trains seront dirigés sur Sathonay où les intéressés seront démobilisés dans les plus brefs délais. »

(Informations générales, p. 29 / Ministère de l'Intérieur 1941-24)

8 février 1941 : STAGE OBLIGATOIRE DANS LES CHANTIERS DE LA JEUNESSE « Le J. O. du 8 février a publié une loi faisant obligation à tout citoyen français du sexe masculin d'accomplir, au cours de sa vingtième année, un stage dans les chantiers de la jeunesse. La durée du stage est fixée à huit mois. Les convocations sont effectuées par séries, trois fois par an.

Les jeunes gens dont l'aptitude physique est reconnue insuffisante en sont dispensés. Des sursis d'appel ou des autorisations d'avancement d'appel peuvent être accordés.

À l'occasion de leur convocation, les jeunes gens sont répartis entre les divers groupements suivant leurs capacités physiques. Ils peuvent également, pour des raisons d'ordre moral, être groupés dans des chantiers de redressement, par décision du commissaire général aux chantiers.

Quiconque se soustrait ou tente de se soustraire aux obligations du stage est passible, de même que ses complices, d'un emprisonnement de deux mois à cinq ans et d'une amende de 50 à 1.000 francs.

Les présentes dispositions sont applicables à l'Algérie, aux colonies, aux pays de protectorat et aux territoires sous mandat où existent des chantiers de la jeunesse.

Elles ne seront applicables aux territoires occupés qu'ultérieurement, aux dates qui seront fixées par arrêté ministériel. Elles pourront être appliquées aux jeunes gens nés après le 1er avril 1920, âgés de plus de 21 ans, qui n'auraient pas été l'objet de convocations ultérieures. »

(Informations générales, p. 53 / Ministère de l'Intérieur 1941-24)

12 février 1941 : « La vente des couteaux à cran d'arrêt est interdite en France. Loi réglementant la vente des vêtements, de linge et de tissus contre remise aux commerçants de « bons d'achat » délivrés par les mairies. » (2) p. 104

13 février 1941 : « Le Maréchal rencontre à Montpellier le général Franco de retour d'Italie. (A) p. 70

14 février 1941 : « Une loi institue les contrats de culture en ce qui concerne la production des pommes de terre. Les cultures libres de 20 ares devront faire l'objet d'une déclaration d'emblavage et d'une déclaration de récolte qui sera à la disposition du ravitaillement général. » (2) p. 110

15 février 1941 : RAPATRIEMENT D'ENFANTS ESPAGNOLS « Cinq cents petits enfants d'Espagne ont quitté Argelès-sur-Mer, samedi 15 février, pour Barcelone. Cet émouvant rapatriement, rendu possible par l'amicale collaboration de Madrid et de Vichy, a été organisé par le Comité international pour la récupération des mineurs. » (Informations générales, pp. 11-12 / Ministère de l'Intérieur 1941-27)

16 février 1941 : « Les mobilisés ont la faculté de s'acquitter en douze mensualités égales, des loyers dus et échus entre le 2-9-1939 et le 31-12-40. Quant aux prisonniers, ils paieront leurs loyers arriérés à leur retour et à l'expiration du moratoire qui leur a été accordé. » (A) p. 71

19 février 1941 : VIE RELIGIEUSE « Lorsque, le 15 avril 1911, le conseil municipal de Lourdes décidait d'accepter les biens de la grotte dont l'attribution était faite à la ville et au bureau de bienfaisance par décret du 7 avril 1910, l'assemblée spécifiait qu'elle tenait ces biens « comme un dépôt intangible que la commune continuerait à laisser à la disposition de l'autorité diocésaine pour y exercer librement le culte catholique et organiser les manifestations religieuses des divers pèlerinages ».

Aussi, consulté sur la demande formulée par Mgr Choquet, évêque de Tarbes et Lourdes, de voir revenir à l'Église un domaine à destination pieuse et cultuelle, le conseil municipal de 1940 approuvait, à l'unanimité, le 14 octobre, la rétrocession où, déclarait-il, « les amis de Lourdes et de la France verront comme un symbole, un signe des temps nouveaux, la preuve concrète de cette union de tous les Français, le seul refuge qui puisse nous ravir aux déceptions et aux misères de l'heure et qu'aujourd'hui même le maréchal Pétain nous offre dans le plus vrai des messages ».

La loi du 10 février 1941, insérée au J. O. du 19 février, entérine juridiquement une situation de fait en autorisant la remise à l'association diocésaine, du domaine de la grotte dont, pratiquement, l'évêché avait la disposition en vertu d'un bail consenti en 1912 à Mgr Schoepfer par les établissements attributaires.

Cette opération permettra, en conférant la pleine propriété d'un domaine à l'association diocésaine, de donner suite au voeu de l'épiscopat français dû à l'initiative du regretté cardinal Verdier d'ériger une basilique à la Vierge, reine de la paix. » (Informations générales, p. 23 / Ministère de l'Intérieur 1941-27)

22 février 1941 : RAVITAILLEMENT DES PRISONNIERS

« Communiqué officiel n° 32 de la direction du service des prisonniers de guerre).

« Faisant suite à son communiqué n° 25 bis et en raison de la mise en application d'une nouvelle réglementation concernant les envois de colis individuels en vigueur depuis le 1er février 1941, la direction du service des prisonniers de guerre fait connaître l'importance des envois collectifs de vivres et de vêtements déjà effectués par le Gouvernement dans les camps d'Allemagne et en zone occupée.

À la date du 22 février 1941, le total de ces envois au départ de la zone libre a atteint le tonnage global de 6.400 tonnes, comprenant :

240.000 collections de vêtements, linge, chaussures et couvertures ; 3.285 tonnes de pain de guerre, 445 tonnes de conserves de viande ; 205 tonnes de confitures ou de dattes, 45 tonnes de fromage, du tabac, du chocolat, du riz, des jeux, des livres, des médicaments.

En outre, la sous-direction du service des prisonniers de guerre de Paris assure à certains camps de la zone occupée un ravitaillement collectif en vivres et en vêtements qui, au 24 janvier 1941, a atteint un total de 960 tonnes.

Conformément à l'article 43 de la convention de Genève, les envois collectifs du Gouvernement sont, pour chaque camp, adressé au militaire français « homme de confiance » désigné par ses camarades prisonniers de guerre, qui en accuse réception à la direction du service des prisonniers de guerre à Lyon. Il assure sous le contrôle des autorités allemandes la distribution des denrées reçues à ses camarades prisonniers, compte tenu de leur situation particulière et des colis individuels qu'ils reçoivent.

À la date du 24 janvier, 229 accusés de réception ont été reçus, représentant 2.300 tonnes de vivres et de vêtements.

Tous les camps de prisonniers d'Allemagne, Stalag et Oflag, ont déjà été destinataires d'un ou plusieurs envois dont l'importance est fonction à la fois de l'effectif et de la situation du camp, ainsi que des renseignements contrôlés, possédés, sur les conditions de vie dans chaque cas.

À titre d'exemple, il a déjà été expédié :

Au Stalag I/B : 190 tonnes de vivres, 7.200 collections de vêtements ;

Stalag XVII/A : 170 tonnes de vivres, 8.000 collections de vêtements ;

Stalag VI/D : 90 tonnes de vivres et 3.200 collections de vêtements ;

Stalag VII/A : 200 tonnes de vivres et 9.600 collections de vêtements ;

Stalag VIII/C : 150 tonnes de vivres, 8.000 collections de vêtements ;

À l'Oflag IV/D : 80 tonnes de vivres et 4.000 collections de vêtements.

Les envois sur les camps d'Allemagne sont effectués chaque jour par wagons complets. Pour les camps de la zone occupée, des convois de camions assurent le transport une fois par semaine au départ de Poligny, Mâcon, Vichy, Châteauroux, Périgueux ou de Paris.

Actuellement, la cadence moyenne journalière est de : 4.000 collections d'effets, 50 tonnes de pain de guerre, 8 à 10 tonnes de viande de conserve. En outre, 1.200 tonnes de confitures et de dattes sont en cours d'expédition. Les envois de tabac atteindront, sous peu, la cadence de 300 tonnes.

Les expéditions seront continuées régulièrement et intensifiées dans toute la mesure du possible. » (Informations générales, pp. 19-20 / Ministère de l'Intérieur 1941-26)

26 février 1941 : « Le Maréchal Pétain et l'Amiral Darlan signent l'Instruction numéro I établissant la collaboration de la Légion (Légion Française des Combattants - LFC) avec le pouvoir central. » (A) p. 71

« Le cargo « Antigas » quitte les États-Unis à destination de l'Europe avec 42 tonnes de produits alimentaires destinés à la France et 1.700 tonne de secours destinés à l'Espagne. » (2) p. 106

ENVOIS AUX PRISONNIERS DE GUERRE

« Communiqué officiel n° 33 de la direction du service des prisonniers de guerre du 26 février 1941 :

« Dans le but de faciliter les initiatives généreuses des donateurs désireux d'adresser à la Croix-Rouge pour les prisonniers de guerre des denrées, des vêtements, des livres, etc., il a été décidé d'accorder aux expéditeurs la gratuité du transport de ces dons.

Pour bénéficier de cette facilité, il suffira aux donateurs de remettre leurs colis à la gare qui les dessert pour l'expédition à l'une des adresses suivantes :

1° Donateurs résidant en zone libre : Magasins et entrepôts de la

Croix-Rouge française, 75, rue Gerland à Lyon ; annexe du magasin et entrepôts de la Croix-Rouge française à Vichy ; annexe du magasin et entrepôts de la Croix-Rouge à Châteauroux ; annexe du magasin et entrepôts de la Croix-Rouge à Périgueux, en choisissant la destination la plus proche de leur domicile ;

2° Donateurs résidant en Afrique du Nord ou au Levant : Magasins d'habillement de Tunis, Alger, Oran, Casablanca et Beyrouth, en choisissant, bien entendu, le magasin d'habillement de destination de la région de leur résidence.

L'expédition n'entraînera aucuns frais pour les intéressés, car elle sera effectuée en port dû (petite vitesse ou tarif de petits colis) par les services des chemins de fer qui ont reçu toutes instructions utiles. »

ENSEIGNEMENT DU CATÉCHISME

« On sait qu'aux termes de la loi du 28 mars 1882, les écoles primaires publiques pouvaient vaquer un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner à leurs enfants l'instruction religieuse en dehors des édifices scolaires et, conformément à la loi du 9 décembre 1905, en dehors des heures de classe.

Dans la pratique, l'instruction religieuse n'était donnée que le jeudi ou avant ou après les heures de classe, c'est-à-dire qu'elle était prise soit sur le congé des enfants, soit sur leur sommeil ou encore sur leurs repas.

La loi du 6 janvier 1941, insérée au J. O. du 26 février, intègre l'instruction religieuse dans les horaires scolaires : on lui attribuera une heure et demie par semaine, à répartir en deux ou trois fois, y compris la matinée du jeudi.

Normalement, l'instruction religieuse sera donnée dans les édifices cultuels ou dans les locaux annexes. Cependant, les leçons de catéchisme pourront, exceptionnellement, être faites à l'école après accord du prêtre, de l'instituteur, du maire et de l'inspecteur d'académie, si l'église est trop éloignée de l'école, si elle ne peut être chauffée ou pour toutes raisons locales d'opportunité lorsque l'application stricte du principe entraînera une trop grande gêne pour les enfants. » (Informations générales, p. 26, pp. 48-49 / Ministère de l'Intérieur 1941-27)

Dimanche 2 février 1941 187

Reçue le 23.02 matin

Chère sœur et cher Louis,

Depuis dimanche dernier, que je vous ai envoyé une lettre, j'ai reçu votre deuxième colis[6] de janvier ainsi que trois de vos cartes dès 19, 27/12 et 03 janvier. Malgré qu'elles n'arrivent pas avec régularité, elles me parviennent toutes et j'en suis très heureux. Ici, la nature a revêtu le même aspect qu'à Tarbes, mais par ce temps nous restons au chaud. Pour le moment tout va bien, il ne me faut rien. Gros baisers pour vous tous. Votre frère et beau-frère. Léon

Tarbes, lundi 3 février 1941 [Retour à l'envoyeur][7]

Mardi 4 février 1941 187-1

Bien cher frère et beau-frère,

Nous sommes très étonnés de n'avoir de tes nouvelles, depuis le 1er janvier, surtout qu'elles étaient faites d'un mois. Maintenant, nous attendons que tu nous envoies, cartes et étiquettes, vu les nouvelles formalités. Maman a reçu ta carte du 22 décembre, te remercie de tes bons vœux et t'y joint les meilleurs. Sa santé est assez bonne malgré le mauvais temps et t'en souhaite de même. Quant à nous, ça peut aller aussi. Il nous tarde de te lire et dis-nous s'il te faut quelque chose.

Bons baisers de maman avec nous. Ta sœur Léonie.

Dimanche 9 février 1941 188

Reçue le 4 mars

Bien chère sœur et cher beau-frère,

Aujourd'hui, pour la première fois, nous ont été distribuées ces nouvelles formules de correspondances. Quant aux vignettes destinées à l'envoi des colis, nous n'avons encore rien reçu. On ne saurait tarder à nous les remettre. Chaque semaine, nous touchons des biscuits de guerre français qui nous font grand plaisir, maintenant que les colis sont rares, quoique nous n'ayons nullement à nous plaindre de la nourriture. Voici deux jours, j'ai reçu votre carte du 11 janvier ainsi qu'une de Toulouse du 2 janvier. Dans la prochaine, vous leur direz qu'elle m'a fait plaisir de les savoir toutes en bonne santé. Vos deux colis de janvier me sont parvenus et vous en remercie de tout cœur, ainsi, je crois les avoir reçus tous. La dernière lettre envoyée à maman était datée du 22 décembre, depuis celle-ci est la cinquième que je vous adresse.

Le 12 janvier, j'en ai envoyé une à Souyeaux. Ma santé est toujours excellente, le moral se maintient. La température devient plus douce. Dans l'espoir que la présente ira vous trouver en parfaite santé ainsi qu'à maman, je terminerai aujourd'hui en vous embrassant de tout cœur. Quand vous irez à Cadéac, le bonjour aux familles Estrade et Soulé et autres. À Tarbes, à la famille Mounard et ceux qui demandent de mes nouvelles. Rien de spécial à vous demander.

Meilleurs souvenirs à Élise et tous les siens. Gros baisers à Hélène chérie. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 16 février 1941 189

Reçue le 10.03 avec carte, réponse sitôt

Bien chère sœur et cher Louis,

Durant la semaine qui vient de s'écouler, je n'ai rien reçu, mais je ne m'en fais pas outre mesure pour ça, vu que jusqu'à ce jour tout m'est parvenu, avec ou sans retard, sûrement. La neige fond, le froid est moins vif. La santé est bonne, tout va bien pour le moment. Dans l'attente de recevoir sous peu de bonnes nouvelles de vous tous, je termine en vous embrassant de tout cœur. Léon

Kriegsgefangenenpost

(Carte missive imprimée)

Reçue le 03.02.1941

Avis aux familles des Prisonniers de Guerre.

L'augmentation exorbitante du nombre des lettres, des cartes et des colis destinés aux prisonniers de guerre retarde beaucoup la distribution. Pour accélérer le trafic postal, les mesures suivantes ont été prises et devront être observées à partir du 1er janvier 1941 :

1. Les lettres et les cartes destinées aux prisonniers de guerre ne pourront être écrites que sur les formulaires spéciaux qui seront envoyés par le prisonnier lui-même à sa famille ;

2. Les colis ne pourront être expédiés aux prisonniers qu'après avoir été munis de l'étiquette-adresse qui sera envoyée aux familles par le prisonnier ;

3. Tout envoi postal qui arrivera au camp après le 1er janvier 1941 et qui n'aura pas été expédié selon les instructions ci-dessus ne sera plus remis aux prisonniers de guerre.

Donc, je vous prie d'observer exactement ces nouvelles instructions afin que je reçoive sans retard tous les envois qui me sont destinés.

Noguéro Léon -19667-Stalag V A

(Prénom, Nom, n°)

Mars 1941

Rappel historique, 1er mars 1941 :

CORRESPONDANCE PRISONNIERS DE GUERRE « Le communiqué n° 10 de la direction du service des prisonniers de guerre, en date du 18 septembre 1940, avait donné aux familles des indications très précises sur les sujets à éviter dans les lettres aux prisonniers. Il semble que ces prescriptions aient été perdues de vue par de trop nombreux correspondants, qui n'hésitent pas à se faire l'écho de nouvelles d'ordre intérieur ou extérieur, souvent inexactes, et parfois nuisibles au moral des prisonniers.

En conséquence, il est rappelé de façon impérative que :

1. Les nouvelles concernant la politique intérieure, sociale ou économique du Gouvernement ne doivent être envoyées au prisonnier que quand elles sont officiellement annoncées ;

2. Les informations relatives aux événements d'ordre extérieur à la France doivent être rigoureusement évitées ;

3. Les nouvelles d'origine douteuse, colportées ou publiées par des individus, des journaux ou des organismes sans mandat, sur la question des prisonniers de guerre (rapatriement, congés de captivités, libération, correspondance, colis, etc.), doivent être soigneusement évitées. Ne transmettre que celles ayant fait l'objet d'un communiqué officiel du Gouvernement ou de la direction du service des prisonniers de guerre.

Les familles qui contreviendraient aux prescriptions ci-dessus courraient le risque de ne pas voir distribuer leur correspondance. » (Informations générales, pp. 29-30 / Ministère de l'Intérieur 1941-28)

3 mars 1941 : DÉCHÉANCE DE LA NATIONALITÉ FRANÇAISE « Une loi précise que la déchéance de la nationalité française sera prononcée contre tout français qui, hors du territoire métropolitain, trahit par ses actes, ses discours ou ses écrits la communauté nationale. » (A) p. 72

« Suppressions de la pâtisserie et des pâtes alimentaires fraîches à Paris et dans la Seine. » (2) 100

8 mars 1941 : TAXIS PARISIENS « M. Dabouat, directeur des affaires municipales de la préfecture de la Seine, a convoqué le 8 mars, les représentants des compagnies des voitures de place et les représentants de l'artisanat du taxi. Il leur a fait part des réalisations actuellement possibles. Sur 13.000 taxis qui circulaient en mai 1940, 600 à peine seront autorisés à sortir à condition qu'ils utilisent comme carburant l'acétylène au lieu de l'essence de pétrole. L'adaptation du générateur d'acétylène aux voitures occasionnera une dépense que les patrons et artisans ne trouveront pas trop élevée s'ils tiennent compte des avantages qu'ils peuvent en retirer. On peut donc espérer qu'au printemps prochain quelques centaines de taxis circuleront dans Paris. » (Informations générales, pp. 51-52 / Ministère de l'Intérieur 1941-29)

11 mars 1941 : « Arrivée à Marseille du navire américain « Gold Harbour », chargé de lait, de vitamines et de vêtements pour les enfants français de la zone non occupée. » (2) p. 106

12 mars 1941 : « Tout Français qui sans autorisations, à partir du 1er décembre 1940 s'est rendu ou se rendrait dans une zone dissidente sera déchu de sa nationalité.

« Instruction n° 2 signée du Maréchal Pétain et de l'Amiral Darlan, touchant l'organisation de la Légion (Légion Française des Combattants) et sa collaboration avec les pouvoirs publics. » (A) p. 73

13 mars 1941 : « La devise « Liberté, Égalité, Fraternité » sera remplacée sur les monuments publics par « Travail, Famille, Patrie ». (2) p. 93

« Le gouvernement français instaure la retraite des vieux travailleurs avec effet rétroactif à partir du 1er janv. 1941. » (2) p. 104

15 mars 1941 : « Les impôts arriérés des années 1939 et 1940 dus par les prisonniers de guerre ne seront pas recouvrés. » (2) p. 100

« Loi créant une juridiction spéciale contre les accapareurs. » (2) p. 104

16 mars 1941 : « Le Pape serait intervenu auprès de l'Angleterre pour obtenir un relâchement du blocus et permettre l'arrivée en France de médicaments et d'aliments indispensables. » (2) p. 100

RECOMMANDATIONS ÉPISCOPALES

« Il n'est pas inutile de souligner le ton des recommandations données par l'épiscopat français aux catholiques en ce qui concerne leur devoir à l'égard du gouvernement du Maréchal. Ainsi, Mgr. Caillot, évêque de Grenoble, en signalant que les graves difficultés, matérielles ou morales dont nous avons à souffrir sont la conséquence directe de la défaite, recommande à ses diocésains de ne pas demander l'impossible aux pouvoirs publics pour la solution des lourds problèmes de l'heure.

Nous avons été vaincus et si le Maréchal Pétain a bien voulu, dans des circonstances tragiques, accepter la charge du pouvoir, il importe de ne pas compliquer sa tâche par des critiques stériles : au contraire, il est nécessaire que tous les Français se serrent autour de lui. Il incarne, aujourd'hui, la France. C'est la France en lui qu'il faut défendre, qu'il faut servir, qu'il faut aimer comme il a le premier aimé, servi, défendu la France.

Mgr. Chollet, archevêque de Cambrai, qui trouve actuellement asile chez les sœurs de Notre-Dame des Apôtres, à Vénissieux (Rhône), recommande également obéissance et confiance envers le Maréchal Pétain et précise l'attitude du clergé qui n'ambitionne aucun poste de commande politique ou civil, aucune responsabilité administrative.

Après avoir analysé les causes de notre défaite, Mgr. Durieux, Archevêque de Chambéry, assure le gouvernement du Maréchal Pétain de la gratitude et de l'obéissance des catholiques, non seulement parce qu'il est indispensable à la conservation de l'ordre public et au maintien de la pérennité française, mais aussi parce qu'il est le pouvoir régulièrement établi. Aussi le prélat condamne-t-il les divisions qui, source de tous les désordres, seraient aujourd'hui un crime contre la Patrie.

Dans la rénovation de la nation française, le problème de l'éducation et de la famille tient une place considérable : à ce titre, Mgr. Maisonobe, évêque de Belley, préconise la collaboration entre les parents et les maîtres ; si la famille ne peut, par elle-même, donner à l'enfant la formation intellectuelle dont il a besoin, l'école ne dispense pas les parents de leurs devoirs éducateurs. Même lorsqu'il est à l'école, les parents ont le devoir de continuer près de l'enfant leur tâche éducatrice. Et Mgr. Caillot, de son côté, exalte l'amour du foyer qui constitue la base de la famille française : il évoque, à cette occasion, le sort des prisonniers privés des affections familiales.

Dans l'ensemble, l'épiscopat français continue à affirmer son loyalisme vis-à-vis du chef de l'État et entend apporter sa contribution à l'étude des graves problèmes de la famille et de l'éducation, en se maintenant sous l'angle national. » (Informations générales, pp. 25-26 / Ministère de l'Intérieur 1941-29)

19 mars 1941 : « Les Américains résidant en France (zone occupée) sont invités par leur ambassade à quitter ce territoire. » (2) p. 97

20 mars 1941 : « Le Maréchal reçoit à Vienne le serment des Légionnaires (Légion Française des Combattants) au cours d'une manifestation émouvante dans le cadre grandiose du théâtre antique. » (A) p. 74

21 mars 1941 : « Loi instituant le service civique rural qui prévoit la réquisition de la main-d'œuvre nécessaire aux travaux agricoles. » (2) p. 104

22 mars 1941 : « Le Conseil de l'Ordre du Barreau de Paris radie 184 avocats d'origine étrangère. »(A) p. 74

29 mars 1941 : « Un commissariat aux questions juives est créé, que dirige M. Xavier Vallat, à charge par lui de préparer et proposer toutes mesures législatives relatives à l'état des juifs et à la situation qui doit leur être faite. » (A) p. 75

31 mars 1941 : « Tout Français peut, sans bons d'achat, acquérir des vêtements neufs à condition de déposer à titre gratuit une quantité double de vêtements usagés, mais pouvant être remis en état. » (A) p. 75

RAVITAILLEMENT GÉNÉRAL

« Après les précisions déjà données par le secrétariat au ravitaillement, à propos du problème du pain, voici une vue d'ensemble de la situation actuelle en matière de ravitaillement général. Le gouvernement s'est efforcé, par une série de mesures, d'apporter un adoucissement aux rigoureuses conséquences de la guerre en ce qui concerne le ravitaillement, mais il n'a pu le faire que dans la limite des approvisionnements qui nous restaient, en les répartissant entre tous les Français.

Malgré les restrictions imposées, le ravitaillement de la population est devenu de plus en plus difficile. Ce serait une illusion que de ne pas vouloir envisager les difficultés qui seront à surmonter. Il faut que chacun vive du strict nécessaire, que tout gaspillage soit évité.

Aussi, l'approvisionnement du pays en pain fait-il depuis longtemps l'objet des préoccupations du gouvernement en raison du manque de report en grain et du déficit de notre dernière récolte de céréales. Ce déficit est dû aux fortes gelées de l'hiver 1939-1940, aux destructions de toutes sortes d'avant les opérations, au retard apporté aux moissons par le manque de main-d'œuvre, hommes et chevaux étant aux armées.

La récolte de blé a montré surtout un déficit considérable, 45 millions de quintaux environ contre 75 millions pour une année normale, et, en plus, beaucoup de ces blés ont été d'un poids spécifique inférieur, diminuant encore le poids en farine. Plus mauvaise encore que dans la zone occupée fut la récolte en zone libre, où elle était considérée comme l'une des plus mauvaises depuis plusieurs années.

Sur 39 départements de cette zone, 36 sont déficitaires. Pour faire face aux besoins de la zone libre, il aurait été nécessaire d'amener 11 millions de quintaux de blé de la zone occupée.

Le déficit des céréales secondaires s'est de son côté, élevé à dix millions de quintaux de plus, nous avons été privés de l'importation annuelle de maïs et de riz dans une proportion de vingt millions de quintaux. C'est pour cela que le gouvernement a été amené à la fin de l'année dernière à prévoir un premier rationnement. Depuis, malgré l'augmentation du taux d'extraction et de celui de l'incorporation des succédanés, il a dû être prescrit un resserrement de la consommation.

Aussi faut-il espérer que pendant les mois qui vont venir, les importations de blé attendues nous parviendront.

D'autre part, les pommes de terre furent arrachées prématurément en juillet, compromettant pour l'avenir la nourriture des gens et des animaux ainsi que les récoltes futures, en nous privant des plants nécessaires, ceux-ci étant fournis par la région bretonne, notamment, et par l'importation, devenue peu facile. Chaque année, nous importions en effet 800.000 quintaux de semences, alors que pour cette campagne nous n'avons pu en importer que 500.000 quintaux.

En outre, le seigle a dû être employé pour la panification et l'orge comme succédané. Rutabagas et topinambours destinés habituellement aux animaux ont dû être donnés pour l'alimentation des gens. Aussi, dans certaines régions, pour ces raisons, auxquelles vient s'ajouter l'absence de tourteaux, l'élevage des porcs, déjà réduit, a été arrêté. Dans les autres régions, leur engraissement n'a pu se faire normalement. À cette situation est venu s'ajouter le manque de fourrage qui ne permet pas l'élevage des animaux utiles, non seulement à la nourriture de la population, mais encore à la production laitière qui a été déjà baissée considérablement ; en conséquence des difficultés du ramassage et de la disparition d'un grand nombre de vaches laitières.

Quant aux volailles, le manque de grains en réduit l'élevage. En remplacement, celui des lapins est préconisé.

Quant au ravitaillement pendant la campagne prochaine, il ne pourra être que médiocre, car les considérations que nous venons de relater seront suivies du manque d'engrais, de sulfate de cuivre, etc., et, d'autre part, la pénurie d'attelages et de main-d'œuvre se fera gravement sentir. On constatera aussi le manque de carburant pour les machines agricoles, de pièces de rechange pour celles-ci qui étaient importées d'Amérique. C'est donc avec angoisse que le ravitaillement de notre pays doit être envisagé. Les importations qui auraient pu aider sa population à vivre, viandes d'Argentine, café du Brésil, les huiles, les produits coloniaux, etc., nous étant interdits par le blocus anglais. »

(Informations générales, pp. 32-34 / Ministère de l'Intérieur 1941-30)

Dimanche 2 mars 1941 190

Reçue le 25.03 au soir, réponse le 28

Bien chère sœur et cher Louis,

Hier nous ont été distribués les imprimés qui vous permettront de nous faire parvenir des colis. Pour le moment, je ne vous envoie que le bleu car je n'ai pas besoin de linge. Dimanche dernier, j'ai dirigé ma lettre sur Souyeaux. Je suis sans nouvelles depuis le 6 février. Nous avons encore la neige mais le froid est bien moins vif. Ma santé est bonne, tout va bien et je souhaite de tout cœur que la présente vous trouve de même vous tous. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 9 mars 1941 191

Reçue le 19.04.41 soir, réponse de suite

Bien chère sœur et cher Louis,

Mars a amené avec lui une température plus douce qui contribue à faire disparaître la couche de neige qui recouvrait le sol. Aussi, lundi dernier, les travaux qui avaient été suspendus à cause du mauvais temps ont complètement repris. Ainsi les journées semblent moins longues. Cependant, il est chaque jour un moment qui nous est un peu dur, c'est lorsqu'à midi, rentrant pour la soupe, nous apprenons qu'il n'y a pas de lettres. Tant pis, disons-nous, espérant que ce sera pour le lendemain, et une demi-heure après nous gravissons, parmi les sapins, la petite côte qui nous mène aux chantiers, et ainsi, les jours passent. Le soir, après la soupe, nous faisons quelques belotes et à 9 heures le coup de sifflet de l'appel nous fait gagner nos paillasses. Sous peu, nous recevrons la réponse de la première lettre de ce modèle et je souhaite que ce nouveau procédé nous permette tant à vous qu'à nous de recevoir plus régulièrement des nouvelles : l'initiative est bonne, car beaucoup abusaient. Et vous ? Que faites-vous ? La santé est-elle bonne ? Maman ne se fait-elle pas trop de soucis ? Tranquillisez-là car, je ne suis nullement malheureux. La santé est bonne ainsi que le moral. Quant au travail, il est des plus sains et pas très pénible. Chère sœur, si possible, au prochain colis, tu joindras un bout de savon ordinaire et du savon à barbe. Je termine pour aujourd'hui en vous embrassant de tout cœur. Bien le bonjour aux voisins et ceux qui demandent de mes nouvelles. Bonjour à Élise. Tendres baisers à Hélène chérie. Léon

Dimanche 16 mars 1941 192

Reçue le 21.04 matin, réponse le 25.04

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine sans nouvelles. Bien sûr, vous n'y pouvez rien. J'espère cependant recevoir sous peu réponse à ma première lettre à talon. Dès que je t'enverrai une vignette rouge, tu m'enverras une bonne paire de sandales, une bonne chemisette et un torchon, c'est tout. Continue à bien soigner l'emballage des colis afin qu'ils me parviennent intacts. Nous avons le beau temps. La santé bonne. Baisers à tous. Léon

Dimanche 30 mars 1941 193

Reçue le 05.05, réponse le 10 de Cadéac

Chère sœur et cher Louis,

Ces derniers jours, j'ai reçu votre carte du 24 février ainsi que la lettre du 04 mars. Après ce silence, j'ai appris avec grand plaisir que vous étiez tous trois en bonne santé et, à mon tour, puis vous en dire de même. Par ce courrier, je vous fais parvenir la vignette rouge. Je serais heureux de recevoir si possible, dans le prochain colis de vivres, des pâtes (coudes ou petits paniers) et haricots secs. Quelques copains en reçoivent et, le dimanche, font leur petite cuisine ; ça change un peu. Tout va bien. Gros baisers à tous trois et H[8]. Léon

Urlau, septembre 1940 à juillet 1941, camarades de camp

Avril 1941

Rappel historique, 3 avril 1941 : « Mise en congé de prisonniers de guerre français pères de quatre enfants mineurs. » (2) p. 107

ECCLÉSIASTIQUES PRISONNIERS

Par ordonnance du commandement de la Wehrmacht, les ecclésiastiques français prisonniers de guerre en Allemagne ne seront plus employés désormais qu'en leur qualité de ministre du Culte auprès de leurs camarades ou comme interprètes s'ils en sont capables. Ils ne seront plus assujettis au travail manuel que s'ils en expriment le désir.

RECENSEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE

En vertu de nouvelles instructions émanant du centre d'information sur les prisonniers de guerre, le recensement des prisonniers doit porter également sur les prisonniers libérés ou en congé de captivité.

En conséquence, ces derniers devront donc se faire connaître à la mairie. Ces mesures ont uniquement pour but de faciliter à l'administration de pouvoir fournir plus tard, aux prisonniers rentrés dans leurs foyers, les attestations officielles dont ils pourraient avoir besoin. » (Informations générales, p. 251 / Ministère de l'Intérieur 1941-34)

4 avril 1941 : « Arrivée à Marseille du cargo américain « Exmouth » apportant des dons de la Croix-Rouge américaine pour les enfants français. » (2) p. 106

5 avril 1941 : « L'amiral Darlan précise les règles concernant les honneurs à rendre au pavillon national. Le cérémonial des couleurs doit être conforme à celui du règlement de la marine. » (A) p. 75

« Le Gouvernement crée les préfets régionaux et prend des mesures pour empêcher la sortie de France des hommes âgés de dix-sept à quarante ans. » (2) p. 93

9 avril 1941 : « Création en France de l'allocation de salaire unique. Elle sera attribuée à toutes les familles dont les enfants sont de nationalité française et ne bénéficiant que d'un seul revenu professionnel. Elle est attribuée également aux salariés de l'agriculture et atteindra 20 p. 100 du salaire moyen départemental pour un enfant à charge ; 25 p. 100 pour deux enfants ; 30 p. 100 pour trois enfants et plus. » (2) p. 104

11 avril 1941 : « Le Maréchal fait savoir qu'il ne souhaite pas que soit substitué son buste à un autre dans toutes les mairies de France.

Le Maréchal adresse un pressant appel aux familles pour que cesse l'émigration vers les centres de dissidence des jeunes Français trompés par une propagande insidieuse. Communiqué du cabinet du Chef de l'État. » (A) p. 76

12 avril 1941 : « Dans trente départements français, interdiction temporaire d'abattre et de consommer de la viande de bœuf ; dans tous les départements, réquisition des stocks de salaisons. Ces mesures seront prises en faveur de l'approvisionnement de Paris. » (2) p. 101

17 avril 1941 : « La France se retire de la Société des Nations. » (A) p. 77

19 avril 1941 : « Application des lois sociales à tous les employés sans distinction. » (2) p. 104

20 avril 1941 : « Le Maréchal rend visite à Pau, Tarbes, Lourdes. » (A) p. 77

LE MARÉCHAL PÉTAIN DANS LES PYRÉNÉES

« Une fois encore des foules immenses et enthousiastes ont acclamé le chef de l'État. Une fois de plus la spontanéité de l'accueil de ces foules françaises est venue confirmer l'élan de confiante ferveur de la nation pour son chef vénéré.

Jusque dans les manifestations les plus simples, cette foi des Français révèle sa profondeur. Le « Petit Parisien » l'a noté et sa remarque est éloquente :

« Plus émouvante encore que l'acclamation de ces trois villes où le Maréchal vient de paraître, plus émouvante que l'élan de Pau, la ferveur de Lourdes, l'enthousiasme de Tarbes, je vois ces paysans guettant tout au long de la voie, au bord d'un champ, le passage de ce wagon bleu qui ramène le chef vénéré vers sa tâche quotidienne.

Au cours de ce huitième voyage, le Maréchal Pétain est successivement allé à Pau, à Lourdes et à Tarbes.

Dans l'après-midi, le Maréchal quitte Pau pour Lourdes où il arrive à 4 heures. Après s'être incliné devant le monument aux Morts, le chef de l'État est allé se recueillir quelques instants devant la grotte de Lourdes, centre rayonnant de vie religieuse où bat le cœur du monde catholique.

Le chef de l'État y a été reçu par Mgr Choquet, évêque de Tarbes et de Lourdes, qui lui a exprimé publiquement sa reconnaissance pour la mesure récente par laquelle le domaine de Massabielle a été remis à l'association diocésaine, geste particulièrement apprécié par le Saint-Père.

Avant de quitter Lourdes, le chef de l'État avait tenu à envoyer un télégramme au Pape évoquant la visite que le Souverain Pontife fit les 25, 26, 27 et 28 avril 1935 au Sanctuaire de Lourdes en qualité de Légat a latere.

Un peu avant 6 heures, le Maréchal arrive à Tarbes, troisième étape de son voyage, où un détachement du 2e Hussards lui présente les armes à la descente du train.

Sur la place de Verdun, il reçoit le serment des Légionnaires. Plusieurs milliers d'hommes sont là qui acclament le Maréchal à sa descente de voiture. Le président départemental lui souhaite la bienvenue :

« Avec le plus illustre de nos compatriotes, Foch, vous avez défendu le sol de la Patrie. Quand la France est tombée, vous vous êtes trouvé miraculeusement là pour panser ses plaies, faire revivre son âme défaillante. Par vous la France est restée grande dans son malheur. La France était privée d'amour, vous lui avez rendu la flamme qui doit la faire renaître. »

Le Maréchal remercie les légionnaires en quelques mots, puis il se rend aux allées Foch où il orne de fleurs la statue équestre du maréchal Foch. Enfin, avant de quitter la ville, il visite la caserne du 2e Hussards où lui sont présentés de magnifiques spécimens de l'élevage chevalin de la région. À 18 h.30, le Maréchal quitte la ville pour arriver à Vichy le 21 avril au matin.

Au cours de son voyage dans les Pyrénées, le Maréchal a remis à Mgr Choquet, évêque de Lourdes, 20.000 francs pour les pauvres.

À Pau et à Tarbes, il a distribué 60.000 francs pour les œuvres de bienfaisance. » (Informations générales, p. 225, pp. 229-230 / Ministère de l'Intérieur 1941-35)

21 avril 1941 : « Une cour criminelle spéciale est créée contre le marché noir. La loi des sursis ne sera pas appliquée. » (A) p. 78

22 avril 1941 : « Six préfets régionaux, ceux de Lyon, Marseille, Montpellier, Clermont-Ferrand, Limoges et Toulouse, sont créés avec pouvoirs spéciaux de police et en matière économique chacun sur une région déterminée. Ces supers-préfets sont assistés d'un intendant de police et d'un intendant des affaires économiques. » (A) p. 78

« Loi rétablissant pour 1941 le régime des congés payés. » (2) p. 104

28 avril 1941 : « L'Instruction n° 2 précise encore davantage les relations de la Légion Française des Combattants (LFC) avec le pouvoir central. Les Légionnaires sont, auprès des autorités, « localement la lumière et l'aide » sur les plans civique, social et moral. Les présidents communaux doivent éclairer les maires et les sous-préfets « sur des faits précis caractérisant un manquement au devoir national ». Le président départemental « en liaison avec le préfet » résoudra les contestations qui n'auraient pu être suivies d'un accord. Les Légionnaires chargés d'un véritable « apostolat » doivent se montrer patients et tolérants. » (A) p. 78

29 avril 1941 : « Une loi prévoit le recrutement civil pour assurer la campagne agricole en 1941. » (2) p. 110

LIBÉRATION DE PRISONNIERS POLITIQUES

Le cabinet du chef de l'État a publié le communiqué suivant :

« Le 29 avril, le chef de l'État a décidé de prendre des mesures de grâce et de libération en faveur de ceux qu'un court moment d'égarement, regretté depuis, avait privé de leur liberté.

En conséquence, 500 libérations d'internés administratifs ; 179 remises, réductions ou commutations de peines infligées par les juridictions civiles; 31 libérations conditionnelles de détenus; 380 remises de peines infligées par des juridictions militaires, ont été prononcées à l'occasion de la Fête du Premier Mai, en faveur d'internés ou de détenus dont la situation de famille, les titres de guerre, leur âge ou les preuves d'amendement qu'ils ont donnés ont attiré la bienveillante attention du Maréchal. » (Informations générales, p. 462 / Ministère de l'Intérieur 1941-38)

CAMPS DE CONCENTRATION

« Les nécessités de l'ordre et de la sécurité publique avaient imposé la création d'un certain nombre de centres, soit pour la mise en séjour surveillé des individus dangereux, soit pour l'hébergement d'un certain nombre d'étrangers. Des aménagements successifs ont été apportés à l'organisation et au fonctionnement de ces camps, mais les résultats obtenus étaient insuffisants. C'est pourquoi, se rendant compte de l'effort considérable nécessaire pour parvenir à une solution acceptable, l'amiral Darlan a créé une inspection générale des camps, organe à la fois d'inspection et de commandement.

Un certain nombre d'inspections ont déjà eu lieu ; ont été ainsi visités les camps de Gurs (Basses-Pyrénées), du Vernet (Ariège), d'Argelès et de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), de Noé et de Resebedou, près de Toulouse, de Saint-Sulpice-Lapointe (Tarn) de Fort-Barreaux (Isère), de Sisteron (Basses-Alpes). Sur place, l'inspection générale a déjà pu opérer quelques réformes et, de retour à Vichy, avant d'entreprendre de nouvelles inspections, elle prépare la réalisation de mesures d'ensemble nécessaires pour assurer le fonctionnement correct des camps, et notamment une amélioration sensible des conditions de vie des hébergés. » (Informations générales, p. 463 / Ministère Intérieur 1941-38)

Dimanche 6 avril 1941 194

Reçue le 4 mai, réponse le 6 mai

Bien chère sœur et cher Louis,

Lundi, j'ai reçu votre carte du 11 mars. Comme les précédentes, elle est venue me trouver en parfaite santé.

Dernièrement, vous me parliez de la distribution en faveur des 10 absents. Quels sont donc les trois veinards qui sont rentrés : sont-ils malades ?

Avez-vous quelque récente photo ? Elle me ferait plaisir ainsi que quelques-unes d'Hélène de qui j'attends en outre des nouvelles. Vous pourrez les joindre au prochain colis[9]. Dans l'espoir que la présente vous trouvera en parfaite santé. Gros baisers à tous. Léon

Vendredi 18 avril 1941 195

BAB 45 [2 geprüft] Reçue le 11.05.41 Réponse = = Ce matin, reçu 1000

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, jour des Rameaux, la matinée s'est écoulée comme les autres dimanches. Pour le prochain, après avoir fait mes Pâques, je quitterai le camp pour aller passer le reste de la journée avec Caparroi[10] qui m'attend pour manger à midi. Aujourd'hui, c'est lui qui s'était déplacé, il vient à peine de me quitter, il est lui aussi bien portant et vous envoie le bonjour. Dans la semaine, j'ai reçu une carte de Toulouse. Elles attendent toujours la surprise annoncée. À ce propos, voilà bien longtemps que vous ne m'avez accusé réception d'argent. Le dernier accusé était celui de 1000 francs déposés en novembre. J'espère qu'à cette heure d'autres doivent vous être parvenus. Celui du 15 janvier au moins (600 frs). J'ai aussi reçu une carte de Luchon. Cousin Bertrand après un petit séjour au pays à maman regagnera son foyer. En outre m'est parvenue votre lettre du 05 avril et je constate avec plaisir que vos petits voyages pour ravitailler maman ne vous procurent pas trop d'ennuis. Quant au colis[11] n° 7, il ne saurait trop tarder, c'est d'ailleurs le seul que j'ai en route, tous les autres me sont parvenus. Ce jour, je vous envoie une vignette bleue et dans la semaine, très certainement, un petit colis. Mme et M. Jourdan doivent être bien heureux du retour de leur fils. Si tu as l'occasion, donne-leur le bonjour ainsi qu'à tous ceux qui demandent de mes nouvelles. À midi, notre repas s'est terminé par un bon café arrosé et un Voltigeur, le tout amené par Caparroi. Nous avons entamé le saucisson qui était bien bon, ainsi que le lapin dont je vous remercie une fois de plus. Je termine pour aujourd'hui en vous embrassant de tout cœur ainsi que maman avec l'espoir de vous lire avec toujours autant de régularité. Léon

Marseille, mardi 22 avril 1941 196

de Fernand Flochlay, Marseille (Bouches-du-Rhône).

Chers Léonie et Louis,

Je voulais vous envoyer un brin de nouvelles, il y a quelques jours, mais fallait-il vous souhaiter comme d'habitude de Joyeuses Pâques ! Hélas ! Elles ont été tristes en général pour tous, tant au point de l'affection qu'au point de vue matériel. Aussi, que pouvait-on désirer qu'une bonne, sinon, grasse ! santé, pour attendre des jours meilleurs.

C'est ce que je fais aujourd'hui, retardataire par suite d'évènements qui s'ajoutent à la liste des surprises désagréables que l'on constate tous les jours. Mon jeune patron ayant trouvé que l'étude était lourde pour ses épaules, a simplement vendu l'étude pour éviter une catastrophe qu'il prévoyait. Cela a produit un petit bouleversement, car c'était une des premières Études de Marseille. Pour le moment, on se maintient en y ajoutant les restrictions jusqu'à la fin de l'année… ou de la guerre ??

À propos de restrictions, laissez-moi vous dire, que le beau temps arrivant, Marseille privilégiée, a eu une pluie de choux-fleurs et une avalanche d'artichauts, très appréciés ! Car il n'y a pas autre chose, surtout pour ceux que le travail empêche de faire la queue à la porte close des magasins, de 4 heures du matin à midi.

Pour faire diversion à tous ces ennuis, j'ai profité d'aller revoir mon petit jardin de Carry pour les fêtes de Pâques. Il y avait six mois, défaut de transport et de ravitaillement, que je n'avais pu y aller. J'y ai trouvé pas mal de dégâts extérieurs que le gel avait provoqués, aussi c'est fourbu et courbaturé que j'en suis revenu après près de trois jours de travail. Au milieu de tous ces bouleversements, je me demande si je pourrais y aller, comme auparavant passer mon samedi et dimanche. C'était un gros délassement, quoique fatiguant, qui me permettait de reprendre le collier plus allégrement.

Avez-vous pu savoir comment on pouvait correspondre pour les colis, avec Léon ? J'aurais bien voulu li envoyer quelque chose, ici on ne sait rien, l'un vous dit que c'est interdit, l'autre vous dit qu'un colis d'un kilo ! arrive à destination, c'est maigre.

Bon souvenir à la maman de Léonie, bonne santé à tous deux sans trop de ceinture et de grosses caresses de votre oncle.

Fernand Flochlay

Dimanche 27 avril 1941 197

Reçue le 28.05 matin, réponse le 10 juin

Bien chère sœur et cher Louis,

Lundi, j'ai reçu votre carte du 28 mars et hier j'ai eu le grand plaisir de pouvoir contempler le contenu du colis[12] daté du 3 avril. Je vous en remercie de tout coeur, il a été le bienvenu et m'est parvenu en parfait état. Dimanche dernier, j'ai écrit à Hélène. Je suis heureux de vous savoir tous trois en parfaite santé et puis vous en dire de même. Cher Louis, vas-tu toujours taquiner les truites ? Et toi, chère sœur, fais-tu toujours un peu de commerce de légumes ? Je vous embrasse de tout coeur ainsi qu'Hélène. Léon

MAI (colis)[13]

Urlau, septembre 1940 à juillet 1941, camarades de camp

Mai 1941

Rappel historique : 1er Mai 1941 : « Une nouvelle loi complète et modifie le statut des Juifs. Ils ne pourront plus être ni officiers ni sous-officiers, appartenir aux corps de contrôle ni aux cadres civils des départements de la guerre, de la marine et de l'air. »

« Loi réglant l'accès aux emplois administratifs. Seuls les Français et les fils de père né français pourront y prétendre. » (2) p. 104

2 mai 1941 : « Un accord entre les représentants des industries automobiles allemande, italienne et française est signé à Berlin. Une commission transitoire est créée pour la collaboration de l'industrie automobile européenne. » (2) p. 101

3 mai 1941 : « Un décret prononce la déchéance de la nationalité française de 29 personnes, parmi lesquelles se trouvent l'auteur dramatique Henri Bernstein et Mle Ève Curie. » (2) p. 104

4 mai 1941 : CONGRÈS DES JOURNAUX CATHOLIQUES

« Au cours du congrès qu'ils ont tenu en Avignon, le 4 mai 1941, les représentants des journaux catholiques de la zone libre ont envoyé un télégramme au chef de l'État pour lui exprimer leur déférente affection et l'assurer qu'ils entendent consacrer toute leur activité à l'œuvre de redressement spirituel et matériel de la Patrie. » (Informations générales, p. 437 / Ministère de l'Intérieur 1941-37)

5 mai 1941 : « Une loi fixe la limite d'âge de travail de certaines catégories de fonctionnaires et réglemente l'emploi de la femme fonctionnaire mariée dont le mari subvient aux besoins du ménage.

« Les fonctionnaires israélites visés par le statut des Juifs du 3 octobre 1940 devront quitter leur emploi dans les deux mois. » (2) p. 104

6 mai 1941 : « Le Secrétaire d'État au Ravitaillement classe les restaurants parisiens en quatre catégories. Le prix du repas ne devra pas excéder 50 francs. » (2) p. 101

7 mai 1941 : « Un accord franco-allemand ouvre la ligne de démarcation au passage des valeurs et des marchandises autorise les personnes à circuler entre les deux zones en cas de maladie grave ou de décès de parents proches, permet la correspondance par cartes postales non illustrées, fait entrevoir la réduction des frais d'occupation de quatre cents à trois cents millions par jour. » (A) p. 80

RÉGLEMENTATION DES RESTAURANTS

« Un arrêté du 2 mai paru au J. O. du 7 mai apporte les modifications suivantes à la réglementation des restaurants. Les nouvelles mesures sont les suivantes :

— Quatre catégories de restaurants sont prévues : a) de 35 fr. 10 à 50 francs ; b) de 25 fr. 10 à 35 francs ; c) de 18 fr. 10 à 25 francs ; d) égal ou inférieur à 18 francs. Aucun restaurant servant des repas à des prix supérieurs à 50 francs ne sera autorisé.

Ces prix s'entendent couvert et pain compris et toute boisson non comprise. Aucun supplément de prix ne peut être demandé pour les repas sans boisson ; mais les établissements qui, avant la publication de l'arrêté, servaient les menus avec le prix de la boisson en plus devront continuer ce service.

Un supplément de prix peut être demandé dans certains cas.

Ce supplément ne doit pas alors dépasser 35 du prix maximum autorisé pour la catégorie.

Dans les quinze jours qui suivront la date de la publication de l'arrêté, les exploitants des restaurants devront déclarer dans quelle catégorie ils entendent se ranger.

— Les chefs d'établissements sont tenus d'afficher de manière très apparente à l'intérieur et à l'extérieur de l'établissement l'indication de la catégorie choisie et les menus du jour à partir de 10 heures pour le déjeuner et 17 heures pour le dîner. Le menu doit comporter la désignation et la valeur du ou des tickets de consommation à remettre par le client.

— Le service à la carte est interdit jusqu'à nouvel ordre. Pour la composition des menus, quatre formules seulement sont admises.

Dans chacune de ces formules, le choix entre plusieurs plats est interdit.

— Le menu devra porter l'indication du prix fixe ainsi que le montant des suppléments. Il devra de plus préciser le prix de chacun des éléments entrant dans la composition du menu étant entendu que la somme de ces prix partiels devra, compte tenu du couvert, être égal au prix de l'ensemble du repas.

— Défense est faite au consommateur d'apporter au restaurant, pour les consommer sur place, des plats ou denrées que ledit restaurant ne serait pas autorisé à lui servir ce jour-là.

- Au cas où le consommateur exclurait de son repas un plat quelconque et éventuellement la boisson, le prix du repas doit être réduit en proportion ; de même lorsque se trouve supprimé et non remplacé un plat figurant au menu.

— Les plats de viande ne peuvent entrer, sauf les jours de fête légale, dans la composition des repas servis entre 15 heures et 6 heures du matin. Le dimanche soir, exceptionnellement, la viande sera autorisée, mais à condition qu'il s'agisse uniquement des restes de préparations culinaires ayant figuré au menu de midi.

Les jours où la consommation de la viande de boucherie est autorisée, le poisson est interdit, sauf les dimanches et jours de fête légale.

— L'exposition de plats, fruits et tous produits d'alimentation visibles de l'extérieur est défendue.

— Pour un seul repas, le restaurateur ne pourra demander au consommateur des tickets d'un montant supérieur à 90 g de viande et à 20 g de fromage et, en ce qui concerne les matières grasses, 10 g au maximum dans les repas servis avant 15 heures et 5 g dans les repas servis à partir de 15 heures.

Un certain nombre d'autres prescriptions qui étaient déjà en usage sont reprises par cet arrêté. » (Informations générales, pp. 414-415 / Ministère de l'Intérieur 1941-37)

9 mai 1941 : « Le prix du tabac est augmenté de 33 % pour les tabacs de consommation courante, 66 % pour les tabacs de luxe. » (A) p. 80

11 mai 1941 : « Entrevue du chancelier Hitler avec l'amiral Darlan à Berchtesgaden. »

13 mai 1941 : « Les prisonniers de guerre seront exonérés du montant de leurs impôts pour 1939-1940, si le total n'excède pas 5.000 francs. » (2) p. 101

14 mai 1941 : « Un accord est conclu entre les sociétés d'assurance françaises et allemandes. » (A) p. 80

« Les cartes postales ordinaires sont autorisées à circuler entre les deux zones françaises. » (2) p. 101

« 5.000 Juifs étrangers résidant à Paris sont envoyés dans des camps de concentration.

« Les préfets régionaux sont déclarés responsables du maintien de l'ordre dans la région placée sous leur autorité.

« Les maires restent investis des pouvoirs de police dans les communes.

« Application de la loi sur le remembrement des terres. » (2) p. 104

16 mai 1941 : « Les familles des appelés dans les chantiers de jeunesse pourront bénéficier de l'allocation militaire. »

« Le Président Roosevelt fait occuper par une garde armée dix navires français, dont « Normandie », ancrés dans les ports américains. » (A) p. 80

19 mai 1941 : « Le Maréchal Pétain rend visite aux représentants départementaux du Secours National, réunis à Royat. Il leur demande de l'aider à réaliser « de véritables cités d'accueil pour nos prisonniers. »

« Les négociations franco-allemandes se poursuivent favorablement. Cent mille prisonniers, sous-officiers, caporaux et soldats anciens combattants de 1914-1918 vont être libérés. « L'accès de la zone réservée du Nord et de l'Est est prévu pour les fonctionnaires et chefs d'entreprise. » (A) p. 81

« Des laissez-passer seront octroyés pour le passage de la zone occupée à la zone non occupée à l'occasion d'un mariage ou d'une naissance. » (2) p. 101

« On annonce le prochain retour en France des sous-officiers, caporaux et soldats, anciens combattants de la guerre 1914-1918, actuellement prisonniers des Allemands. Leur nombre s'élève à environ 100.000. » (2) p. 105

20 mai 1941 : « La libre circulation des produits et des valeurs entre les deux zones françaises est rétablie. » (2) p. 101

23 mai 1941 : QUESTIONS JUIVES « Les instructions suivantes ont été transmises aux banques, en application des dispositions d'une ordonnance allemande = Les juifs locataires de coffres ne pourront accéder à leurs coffres que dans les conditions suivantes : ils pourront reprendre possession, après vérification et sous la responsabilité du banquier, des papiers et documents personnels qui n'ont pas une valeur marchande. En revanche, ils ne pourront, en aucun cas, retirer l'or et les devises, les bijoux, l'argenterie et généralement tous les objets de valeur avant que de nouvelles dispositions soient prises à cet égard. Éventuellement, et si besoin est, ils pourront retirer les titres et les sommes en billets de banque, sous le contrôle direct et sous la responsabilité du banquier, à la condition expresse que les titres et sommes soient immédiatement bloqués par le banquier, dans les conditions habituelles. À la demande du secrétariat général aux questions juives, l'accès des hôtels des ventes a été interdit aux juifs d'une manière absolue. » (Informations générales, pp. 247-248 / Ministère de l'Intérieur 1941-48)

24 mai 1941 : « Les États-Unis suspendent tout trafic postal avec la France. » (1) p. 101

31 mai 1941 : « Une loi organise le conseil municipal de Lyon. Il y aura 30 conseillers municipaux, maire et adjoints compris, nommés par le pouvoir central. Le conseil ne peut délibérer que sur les questions à l'ordre du jour et celui-ci doit être remis à la préfecture six jours francs avant la séance. »

« Un recensement professionnel des personnes des 2 sexes (entre 14 & 65 ans) est ordonné pour le 17 juillet 1941. » (A) p. 82

Dimanche 4 mai 1941 198

Reçue le 26 mai au matin, réponse le 2 juin

Chère sœur et cher Louis,

Ces jours derniers, j'ai reçu un colis des Anciens Combattants contenant une boîte de lait, des biscuits de guerre, une boîte d'un demi-kilo de cassoulet et une paire de chaussettes. À la première occasion, passez les remercier. Dans le vôtre[14], la ventrèche m'a fait grand plaisir et je serais heureux, si possible, d'en recevoir à nouveau. Je comptais aussi recevoir de vos nouvelles, demain peut-être. Tout va bien. Je vous embrasse de tout coeur ainsi que maman et Hélène. Léon

Toulouse, 18 mai 1941 198-1

Lettre de la cousine Anna.

Bien chers cousins

Je viens rompre le silence en m'excusant de ma négligence et en espérant que la présente vous trouvera tous deux en bonne santé. Nous espérons que Tante se porte bien aussi et que vous avez de bonnes nouvelles de Léon. Le pauvre, il doit trouver le temps bien long là-bas, il faut espérer qu'il n'est pas trop mal. On dit que ceux qui travaillent sont assez bien. Peut-être rentreront-ils bientôt à présent car on va commencer à libérer ceux qui avaient déjà fait la guerre de 14-18 et peut-être qu'après les autres suivront. Chers cousins, nous vous adressons quelques petites choses, dont une chemise que vous joindrez dans un de vos colis pour Léon. Ce n'est pas grand-chose et nous voudrions faire mieux ; mais ici aussi c'est une misère pour se ravitailler. On ne trouve rien ou à peu près ; tout le monde maigrit. Pour ma part, j'ai perdu 7 kilos et si cela continue, les gens tomberont comme des mouches. Maman se fait du mauvais sang surtout à faire la queue pendant des heures et quelquefois pour ne rien avoir. Les légumes verts, quand on en trouve, sont hors de prix. Un paquet de 16 oignons 15 francs – 1 kg de carottes 9 et 10 francs – les navets même prix – une salade 3,50 francs – un chou 7,50 francs et rien pour assaisonner. Je vous assure qu'on est malheureux. Et c'est partout, je pense que toi Léonie, tu dois être aussi bien ennuyée avec tout cela. Ce qui fait qu'on ne sait plus où l'on a la tête. Et avec çà presque toutes les usines ont réduit les heures de travail. Chez nous, on ne fait que 32 heures par semaine ; d'autres ne font que 20 heures et tout bien cher, c'est très difficile pour vivre. Enfin, espérons que tout cela s'arrangera. On en aurait bien besoin. Juliette toujours à la clinique et Marcelle à l'école. Hortense et Élie vont bien ainsi que Marinette et Gaston. Celui-ci travaille dans un restaurant et Marinette fait un peu de couture. Nous avons appris par les journaux que la grêle avait visité votre région ; nous espérons qu'il n'y a pas eu trop de dégâts à Tarbes et surtout dans votre jardin. Cela coûte bien assez à faire venir. Bien chers cousins, quand vous écrirez à Léon, vous lui direz bien des choses pour nous et vous lui direz que nous pensons souvent à lui. Toute la famille se joint à moi, chers Louis et Léonie, pour vous embrasser bien affectueusement.

Votre cousine dévouée. Anna

Gros baiser. Marcelle

Juin 1941

Rappel historique, 1er juin 1941 : « La construction des voitures à gazogène est interdite en raison du manque de charbon de bois. » (2) p. 101

« Les salaires ne dépassant pas 30.000 francs par an sont augmentés de 125 francs à 200 francs par mois. » (2) p. 105

2 juin 1941 : PROFESSIONS INTERDITES AUX JUIFS « Une loi portant statut des juifs spécifie dans son article 5 les professions qui leur sont interdites, notamment celles de banquier, changeur, démarcheur, agent de publicité, agent immobilier ou de prêt de capitaux, marchand de biens, concessionnaires de lieux, éditeurs, administrateurs, rédacteurs de journaux, entrepreneurs de spectacles, etc. Un décret sera pris le 28 juillet portant règlement d'administration publique pour l'application de ces dispositions et publié au J.O. du 1er août 1941. » (Informations générales, pp. 308-309 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

10 juin 1941 : « L'amiral Darlan s'adresse au pays pour le persuader que la collaboration est la voie unique de salut. Il faut d'abord améliorer notre situation présente. La seconde tâche est la préparation de la paix. » (A) p. 84

12 juin 1941 : « Une souscription publique est ouverte en France afin d'aider les volontaires français engagés pour combattre le bolchévisme. » (3) p. 91 « Almanach Hachette 1943 »

14 juin 1941 : RECENSEMENT DES JUIFS « Une loi prescrit le recensement[15] des Juifs. Une autre définit légalement le Juif :

1 – Celui ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d'au moins trois grands-parents de race juive, ou de deux seulement, si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive. Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive ;

2 – celui ou celle qui appartient à la religion juive ou y appartenait le 25 juin 1940 et qui est issu de deux grands-parents de race juive. La non-appartenance à la religion juive est établie par la preuve de l'adhésion à l'une des autres confessions reconnues par l'État avant la loi du 9 décembre 1905. La même loi confirme l'interdiction aux juifs des hautes fonctions publiques de l'administration, de la politique, de la justice, des affaires étrangères, de l'armée, de l'enseignement. Pour l'accès aux fonctions libérales, des décrets fixeront les limites et les conditions (pourcentage avec priorité aux anciens combattants de 2 ou 3 %). En plus de la presse, du cinéma et de la radio, sont encore interdites aux Juifs les professions de banquiers, changeur, démarcheur, agent de publicité, agent immobilier, marchand de biens, courtier, concessionnaire de jeux, etc. Des dérogations sont prévues pour les Juifs ayant rendu à l'État des services exceptionnels et en faveur de ceux dont les familles sont établies en France depuis cinq générations. » (A) p. 85

19 juin 1941 : RECOMMANDATIONS ÉPISCOPALES « Uni, par-dessus la ligne de démarcation en un même sentiment de loyalisme à l'égard du Gouvernement du Maréchal Pétain, le Clergé français ne manque pas de rappeler aux fidèles les devoirs essentiels qui s'imposent à leurs consciences. C'est ainsi que Mgr Dubourg, archevêque de Besançon, dans sa lettre pastorale du 19 juin, s'attache à dissiper le trouble qui peut se glisser dans certains esprits inquiets, en mettant en relief la doctrine traditionnelle de l'Église relative au pouvoir établi et en faisant appel ainsi aux sentiments de reconnaissance et de confiance que tout Français doit éprouver envers le Maréchal Pétain. » (Informations générales, p. 312 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

Extraits de la lettre de Léon écrite à Hélène du 22/06/1941 :

« Ce jour, voilà exactement 1 an que nous déposions les armes, autour d'un gros arbre, dans la cour d'une ferme située en lisière d'une forêt : bien douloureux geste pour un soldat que celui de se séparer de celui qui fût son compagnon depuis plusieurs mois. Oh ! bien sûr, il eut été préférable pour tous de n'avoir pas à s'attacher à cet outil inhumain et destructeur. Souhaitons donc que le résultat – lui - soit constructeur, d'un avenir proche, sain et paisible. Mais hélas, nous n'en sommes pas encore là et l'espoir d'aller te retrouver, mon trésor, est bien, bien faible. »

28 juin 1941 : COUR CRIMINELLE SPÉCIALE « Un décret, pris par M. Joseph Barthélemy, garde des Sceaux, vient de nommer les membres de la Cour criminelle spéciale qui siégera à Paris et à Gannat. Cette Cour criminelle est appelée à juger les personnes qui lui seront déférées par le gouvernement pour accaparement, stockage clandestin, vente ou achat à des prix excédant les prix fixés ou toute autre manœuvre ayant soit troublé, soit entravé le ravitaillement du pays ou l'équitable répartition des denrées et produits alimentaires pour l'homme ou les animaux. »

« On sait que la Cour criminelle doit rendre des arrêts exécutoires dans les 24 heures, arrêts qui sont sans recours ni sursis, et qu'elle peut, en certains cas prononcer des condamnations à mort. » (Informations générales, p. 182 & p. 304 – Ministère de l'Intérieur 1941-47 & 49)

30 juin 1941 : « Mise en vigueur en France de la carte de produits textiles. » (2) p. 101

JUIN (colis)[16]

Urlau, septembre 1940 à juillet 1941, camarades de camp

Juillet[17] 1941

Rappel historique, 2 juillet 1941 : « L'U.R.S.S. demande officiellement aux États-Unis de l'aider dans sa lutte contre l'Allemagne. » (3) p. 94

« La carte de textile entre en vigueur dans les départements français. » (3) p. 96

RAPATRIEMENT DE CATÉGORIES DE PRISONNIERS

« Communiqué du Gouvernement, en date du 2 juillet : « D'après des renseignements qui nous sont parvenus de l'ambassade d'Allemagne, 4 catégories nouvelles de prisonniers vont être libérées : 1° Tous les prisonniers de race blanche qui sont encore sur le territoire français. 2° Tous les officiers de réserve anciens combattants de l'autre guerre. 3° Tous les prisonniers nés avant le 1er janvier 1900, à l'exception des militaires de carrière. 4° Un millier de fonctionnaires des P.T.T. » (Informations générales, p. 37 – Ministère de l'Intérieur 1941-45)

4 juillet 1941 : CONFECTION ET COMPOSITION DES COLIS Communiqué officiel n° 57 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre : « Les colis destinés aux prisonniers de guerre sont assujettis au cours de leur acheminement à un certain nombre de manipulations ; malgré toutes les précautions prises, ils subissent quelques chocs en cours de transport. Il dépend pour la plus grande part des familles que leurs envois parviennent intacts aux prisonniers. Voici des recommandations essentielles relatives : - au mode de confection des colis ; à leur contenu. A) Confection des colis : L'emballage doit être très résistant. Il peut être constitué par du papier fort, du carton épais ou des caissettes faites avec des planches d'au moins un centimètre d'épaisseur. Les colis doivent former un tout compact et sans vide à l'intérieur. Ils doivent être consolidés par une ficelle très robuste. Il est indispensable de repérer l'adresse sur une feuille de papier placée avec l'inventaire du contenu à l'intérieur du paquet. Ces deux derniers points sont très importants. Ils permettront en cas de détérioration de reconstituer le colis et de reproduire, sans risque d'erreur, l'adresse qui peut avoir été déchirée. B) Contenu des colis : Un choix doit être fait dans les vivres à envoyer aux prisonniers. Il est instamment recommandé de ne pas insérer dans les envois des denrées périssables ou susceptibles de se liquéfier en cours de route. Il faut proscrire les fruits frais, les viandes crues ou cuites, la graisse, l'huile, les fromages non cuits, les œufs, etc. Le miel, la confiture et le sucre de raisin ne doivent circuler que dans des boîtes hermétiquement closes. Il est bon que les familles sachent qu'en ne tenant pas compte de ces recommandations, elles exposent leurs colis à une destruction en cours de route, les matières prohibées risquent de détériorer non seulement les marchandises comprises dans le même envoi, mais aussi les autres colis placés dans le voisinage de celui qui renferme les matières prohibées. Les familles doivent s'attacher à éviter ces risques non seulement dans leur intérêt propre, mais par devoir envers celles qui observent scrupuleusement les conseils donnés et dont les envois risquent de devenir inutilisables parce que d'autres auront négligé de suivre ces conseils. » (Informations générales, pp. 37-38 / Ministère de l'Intérieur 1941-45)

7 juillet 1941 : « Ouverture en France de bureaux de recrutement pour la formation d'un corps de volontaires désirant combattre contre les soviets. » (3) p. 101

« Un décret français fixe à 2 p. 100 le pourcentage des avocats juifs admis à exercer leur profession. » (3) p. 107

STATUT DES JUIFS « Un décret semblable vise les juifs qui remplissent les fonctions d'officier ministériel (notaire, avoué, etc..) et tend à en limiter le nombre. » (Informations générales, p. 112 – Ministère de l'Intérieur 1941-46)

9 juillet 1941 : CORRESPONDANCE ET ENVOIS DE COLIS Communiqué officiel n° 58 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre : « À la suite des mesures prises par les Autorités allemandes les familles sont avisées que : 1° dorénavant, pour tous les camps de prisonniers de guerre situés en Allemagne. A) Les correspondances adressées aux prisonniers de guerre français devront être obligatoirement écrites sur formules-réponses envoyées par les prisonniers. B) Les colis adressés aux prisonniers de guerre français devront obligatoirement porter les étiquettes-adresses envoyées par les prisonniers. Aucune exception à cette mesure ne sera plus admise. » (Informations générales, p. 119 – Ministère de l'Intérieur 1941-46)

10 juillet 1941 : « Lois réglementant la protection des travailleurs à domicile ; l'organisation du service médical dans toutes les usines ; l'obligation stricte pour les patrons de respecter la législation sociale. » (3) p. 98

11 juillet 1941 : ENVOIS DE COLIS AUX PRISONNIERS « Au cours des douze derniers mois, 514.671 prisonniers français ont été libérés par l'Allemagne. » (3) p. 101

« Communiqué officiel n° 59 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre : « Les familles des prisonniers de guerre rencontrent des difficultés de plus en plus grandes pour se procurer dans le commerce des denrées susceptibles d'entrer dans la composition de colis individuels. Les inconvénients de cette situation n'ont pas échappé au Gouvernement. Celui-ci a donc décidé, après un essai effectué en avril, mai et juin, de donner au Secours individuel tout l'appui compatible avec les circonstances présentes, bien que les envois collectifs acheminés sur tous les camps atteignent des quantités très importantes qui ont été antérieurement communiquées aux familles.

Un certain contingent de denrées telles que : pain concentré, conserve de viande ou de poisson, sucre, chocolat, tabac et cigarettes, est mis chaque mois par le Gouvernement, selon les possibilités, à la disposition des Œuvres ou Comités s'occupant plus particulièrement de la confection des colis individuels, par l'intermédiaire, en zone libre de la Croix-Rouge Française et en zone occupée du Comité central d'assistance aux prisonniers de guerre. La liste des œuvres ou comités accrédités dans chaque commune sera diffusée respectivement par les soins des délégués départementaux. Les familles désirant bénéficier des répartitions ainsi faites devront s'adresser munies de l'étiquette-adresse réglementaire à l'œuvre de leur choix où elles trouveront obligatoirement affichés les prix de cession des denrées et les quantités maximas de ces denrées susceptibles d'être mises dans un colis. En vue d'améliorer les conditions de confection et d'expédition des colis, ceux-ci seront faits exclusivement par les soins de l'œuvre, mais les familles sont libres d'apporter des denrées ou objets qu'elles désireraient voir adjoindre aux colis commandés par elles dans les limites des poids autorisés :

1 kilo pour paquets-poste et 5 kilos pour colis postaux.

La Croix-Rouge Française (Service des Prisonniers de Guerre), 48, avenue Maréchal Foch, informe les familles qu'elle se charge de la confection de colis aux conditions ci-dessous :

Colis à 27 francs = 500 g pain de guerre ; 250 g chocolat ; 150 g de sucre ; 1 boîte de viande 300 g ; 2 paquets de cigarettes.

Colis à 50 francs = 500 g pain de guerre ; 550 g sucre de raisin ; 250 g de chocolat ; 1 boîte de viande ; 1 boîte de sardines ; 150 g de sucre ; 2 paquets de cigarettes ou tabac.

Colis à 80 francs = 500 g pain de guerre ; 550 g sucre de raisin ; 250 g de chocolat ; 150 g de sucre ; 1 boîte de viande ; 1 boîte de sardines ; 1 flacon alcool de menthe ; 1 boîte de fromage ; 1 paquet de biscuit Gerblé ; 1 boîte de confiture ; 2 paquets de cigarettes ou 1 paquet de 50 g de tabac.

Toutes ces denrées sont distribuées sans tickets ; les colis sont immédiatement confectionnés en présence des expéditeurs à qui toute latitude est laissée pour compléter chaque envoi avec leurs denrées personnelles. Les expéditions sont faites tous les jours. » (Informations générales, pp. 120-121 / Ministère de l'Intérieur 1941-46)

12 juillet 1941 : « Une souscription publique est ouverte en France afin d'aider les volontaires français engagés pour combattre le bolchévisme. » (3) p. 91

MARCHÉ DES CÉRÉALES SECONDAIRES

« Le J.O. du 12 juillet a publié une loi du 5 juillet sur l'organisation du marché des céréales secondaires et produits dérivés. Cette loi étend les pouvoirs, attributions et prérogatives de l'Office national interprofessionnel des céréales sur l'ensemble du marché des céréales secondaires telles que : orge, avoine, maïs, sarrasin, riz, dari, millet, alpiste, soja, ainsi que sur celui des sons issus de meunerie. Chaque année, les cultivateurs devront déclarer à la mairie de la commune où se trouvent le siège de l'exploitation, les superficies de terres labourables qu'ils ont ensemencées en céréales, ainsi que les quantités qu'ils ont récoltées et les quantités qu'ils destinent aux besoins de l'exploitation. La vente directe de toutes les céréales secondaires par des producteurs aux utilisateurs est prohibée. Les utilisateurs de céréales secondaires devront s'approvisionner exclusivement dans les magasins des organismes stockeurs. Le bureau national d'alimentation du bétail sera rattaché à l'Office des céréales, exclusivement pour les céréales secondaires et les produits dérivés. (Informations générales, pp. 133-134 / Ministère de l'Intérieur 1941-46)

16 juillet 1941 : RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS ANCIENS COMBATTANTS 1914-1918

« Le vingtième convoi de prisonniers anciens combattants de 1914-1918 est arrivé à Châlons-sur-Marne, venant de Prusse orientale. Il comprend environ 2.000 hommes de la région parisienne, de Nancy, de Reims, de la Normandie, de l'Aisne. » (Informations générales, p. 196 / Ministère de l'Intérieur 1941-47)

17 juillet 1941 : J.O. : « M. Trelut est nommé maire de Tarbes (Hautes-Pyrénées). »

18 juillet 1941 : LIBÉRATION DES PRISONNIERS

« Communiqué officiel n° 61 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre : « La Direction reçoit un grand nombre de lettres de familles de prisonniers, tendant à obtenir la libération ou la mise en congé de captivité de leurs prisonniers, bien que leurs cas n'entrent pas dans les catégories pour lesquelles une décision a été prise par les autorités allemandes.

En outre, la plupart de ces lettres précisent que la demande est faite à l'instigation du prisonnier lui-même, qui déclare avoir été invité par les autorités du camp à faire sa demande par l'intermédiaire des autorités françaises.

Pour dissiper tout malentendu, et mettre les familles et leurs prisonniers à l'abri de grosses déceptions, il est instamment recommandé aux familles de ne tenir pour acquis que les cas de libération ou mise en congé de captivité qui ont fait l'objet d'une décision à la suite des accords obtenus. Ces décisions sont portées à la connaissance des familles, ainsi que cela a été dit à plusieurs reprises, et en particulier par le communiqué n° 53, par la voie des communiqués officiels de la direction du Service des prisonniers de guerre qui sont diffusés par la presse et la radio. » (Informations générales, pp. 195-196 / Ministère de l'Intérieur 1941-47)

19 juillet 1941 : J.O. : « Le conseil municipal de la ville de Lourdes (Hautes-Pyrénées) est dissous. »

24 juillet 1941 : REMBOURSEMENT DES SOMMES DÉPOSÉES DANS LES CAMPS POUR LES PRISONNIERS RAPATRIÉS

« Communiqué officiel n° 62 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre : « Sur la demande du ministre secrétaire d'État à la Guerre, le ministre secrétaire d'État à l'économie nationale et aux finances vient de prendre toutes mesures utiles en vue de permettre aux prisonniers de guerre français rapatriés d'Allemagne de disposer, dès leur rentrée dans leurs foyers, d'une partie de l'avoir en marks déposés à leur nom dans les camps, entre les mains des autorités allemandes.

Lors de leur passage aux centres de réception et de triage ouverts à Châlons-sur-Marne, à Lyon (Sathonay), Limoges (Le Palais), Pont-de-Claix (Isère), Roanne et Avignon, et sur le vu du reçu détenu par eux libellé en marks et de la feuille de libération délivrée par les autorités allemandes, les prisonniers recevront désormais un titre de paiement payable à la caisse du comptable du Trésor la plus proche de leur résidence. Le montant du paiement ainsi effectué atteindra la moitié de l'avoir en marks, sans pouvoir dépasser un maximum de 5.000 francs. Les reliquats des sommes restant dues aux prisonniers après ce premier versement seront réglés directement aux intéressés par les soins de l'Office des changes après vérification des comptes de chaque prisonnier, dès que ceux-ci auront été envoyés à cet Office par les autorités allemandes. Des mesures sont actuellement à l'étude en vue de hâter dans toute la mesure du possible le paiement en une seule fois des avoirs en marks des prisonniers de guerre antérieurement rapatriés. » (Informations générales, pp. 253-254 / Ministère de l'Intérieur 1941-48)

26 juillet 1941 : REPRODUCTION DES TRAITS DU CHEF DE L'ÉTAT « Le J.O. a publié un décret du 18 juillet remplaçant celui du 27 janvier dernier, concernant la reproduction des traits du chef de l'État. Ce décret a stipulé que l'exposition, la diffusion, la mise en vente des photographies, gravures, dessins, peintures, estampes, sculptures, timbres, effigies et, en général, de tous les portraits du Chef de l'État devaient être soumises à l'autorisation préalable de la censure centrale qui accordera son visa, après avis du cabinet du chef de l'État, sur présentation de maquettes ou de photos conformes. Cette autorisation est également requise pour la reproduction en dessins et photographies des traits du chef de l'État sur les tracts, les prospectus émis à des fins sociales, politiques ou commerciales. » (Informations générales, p. 287 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

27 juillet 1941 : PRISONNIERS DE GUERRE « M. Georges Scapini, ambassadeur de France, chargé des services diplomatiques des prisonniers de guerre[18], qui était parti la semaine passée pour l'Allemagne, continue sa tournée d'inspection des camps de prisonniers après s'être arrêté quelques jours à Berlin. »

« Un train ramenant 1.257 soldats anciens combattants de guerre 1914-1918 est arrivé en gare de Sathonay. Les prisonniers rapatriés ont été salués à leur arrivée par une foule nombreuse, au premier rang de laquelle on remarquait les autorités civiles et militaires et les représentants des services de santé et de la Croix-Rouge. Le général Paures, délégué du gouverneur militaire, a prononcé une allocution à l'adresse des prisonniers libérés et a fait acclamer le nom du Maréchal Pétain. » (Informations générales, pp. 317-318 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

RATIONNEMENT DU MOIS D'AOÛT

« Les taux des rations du mois d'août 1941 ont été publiés au J. O. Ils sont résumés dans le tableau ci-après du 27 juillet :

Le rationnement du mois d'août comporte les particularités suivantes :

1° Les farines alimentaires sont rationnées et ne peuvent plus être acquises que contre tickets de pain.

En outre, les farines lactées et les farines diverses pour enfants et malades sont exclusivement réservées aux enfants des catégories E et JI, aux vieillards de la catégorie V et aux malades.

Seules échappent à ce rationnement les farines composées dites « petits déjeuners » comprenant au moins 10 p. cent de cacao.

2° La ration de matières grasses a été portée de 550 à 650 g pour faciliter la consommation des salades pendant l'été.

3° Le riz est réservé à la catégorie E et aucune distribution de pâtes alimentaires n'aura lieu au titre du mois d'août. Il importe, en effet, de réserver le riz et les pâtes alimentaires pour l'hiver.

4° La ration de chocolat du mois de juillet qui n'a pas encore été mise en distribution sera perçue du 6 au 31 août. Aucune distribution de chocolat n'aura lieu au titre du mois d'août.

Telles sont les principales caractéristiques du rationnement du mois prochain.

— Pain :

Ration

Catégorie journalière

E. : Enfants de moins de 3 ans, 100 grammes

J. 1 : de 3 à 6 ans, 200 grammes

J. 2 : de 6 à 13 ans, 275 grammes

J. 3 : de 13 à 21 ans, 350 grammes

A : Adultes de 21 à 70 ans, 275 grammes

V : Plus de 70 ans, 200 grammes

Travailleurs : T, 350 grammes

Cultivateurs : C, 350 grammes

Tous les tickets lettres E., V., A., J., T., ou C., valent uniformément 350 grammes chacun.

Chaque feuille de pain est divisée en deux parties :

Les tickets portant le chiffre 1 sont valables du 1er au 15 août.

Les tickets portant le chiffre 2 sont valables du 16 au 31 août.

— Farines, biscuiterie et produit de régime :

À la place de 100 grammes de pain, vous pouvez obtenir :

Soit 70 grammes de biscottes, gressins ou pain de régime ;

Soit 75 grammes de farines alimentaires simples (farines de froment, de seigle, d'orge, de maïs, de sarrasin, d'avoine, de riz, de haricots, de lentilles, de fèves, de pois, de soja, fécules de pommes de terre de manioc, d'arrow-root, amidons de blé, de maïs, de riz, etc.) ;

Soit 75 grammes de farineux aromatisés pour potages ;

Soit 75 grammes de semoule, grains perlés ou mondés, flocons de toutes céréales ;

Soit une quantité de biscuiterie dont la teneur en farine ou semoule est de 75 grammes.

En outre, les consommateurs des catégories E., J.1 et V., peuvent obtenir, contre leurs tickets de pain, des farines composées et notamment les produits de régime présentés sous forme de farine, les farines lactées et les farines diverses pour enfants et malades, à raison de 75 grammes de ces farines par ticket de pain de 100 gr.

Les malades appartenant aux autres catégories de consommateurs pourront, sur présentation d'un certificat médical, échanger à la mairie leurs tickets de pain, qui ne sont pas valables pour ces produits, contre des tickets de pain E. ou V. jusqu'à concurrence de la quantité mensuelle de produits prescrite par leur certificat médical.

Enfin, le coupon n° 7 du mois d'août de la carte d'alimentation des consommateurs des catégories E., J 1 et V., pourra être échangé contre 250 grammes de toutes farines simples ou composées.

— Sucre :

Coupon n° 2 : Catégorie E. : 1 kilo de sucre.

Autres catégories : 500 grammes.

— Café :

Coupon n° 3, tous consommateurs (sauf catégorie E.) : soit 150 grammes de mélange de café et succédanés (comprenant 90 grammes de succédanés et 60 grammes de café), soit 60 grammes de café décaféiné.

Toutefois, les préfets pourront, d'accord avec le secrétariat du ravitaillement, autoriser également la vente de café pur à raison de 60 grammes de café pur au lieu et place de 150 grammes de mélange.

— Riz :

Coupon n° 5 : Catégorie E. : 200 grammes.

Autres catégories : Néant.

— Pâtes alimentaires :

Aucune ration ne sera mise en distribution pour le mois d'août.

Toutefois, les tickets DL et DM de la feuille de denrées diverses du mois de juillet qui n'auraient pas été utilisés au cours du mois de juillet seront valables jusqu'au 31 août.

Nous rappelons que ces deux tickets valent chacun 125 g.

— Viande :

Ration par semaine :

1° Communes urbaines : 250 grammes.

2° Communes rurales : de 130 à 250 grammes.

Dans les communes rurales et lorsqu'il y a lieu de porter la ration à plus de 130 grammes, les préfets pourront attribuer une valeur de 90 grammes ou plus à un ou plusieurs des tickets lettres BC, BD, BE, BG et BH. Les tickets lettres BA et BB sont sans valeur.

Rations spéciales pour les travailleurs de force :

1re catégorie : Ration supplémentaire de 450 grammes pour le mois.

2e catégorie : Ration supplémentaire de 900 grammes pour le mois.

— Fromage :

Ration par semaine : 60 grammes.

Les 5 tickets lettres FA, FB, FC, FD et FE valent chacun 10 grammes.

— Matières grasses :

Ration totale pour le mois d'août : 650 grammes.

Les tickets de la feuille de matières grasses ont la valeur suivante :

CA : 25 grammes ;

CB : 25 grammes ;

CC : 50 grammes ;

GD : 100 grammes.

Rations spéciales pour les travailleurs de force :

1re catégorie : ration supplémentaire de 300 grammes pour le mois, soit au total : 950 grammes.

2e catégorie : ration supplémentaire de 600 grammes pour le mois, soit au total 1.250 g.

— Chocolat :

Aucune ration ne sera non plus distribuée pour le mois d'août.

Mais la ration du mois de juillet qui n'a pas encore été perçue sera distribuée à partir du 6 août.

RATIONS SPÉCIALES

Les préfets pourront, après autorisation du secrétariat d'État au Ravitaillement, accorder des rations supplémentaires de certaines denrées ci-dessus en cas d'insuffisance dans les approvisionnements en autres denrées rationnées, notamment en ce qui concerne les pâtes alimentaires.

RESTAURANT

Étant donné l'augmentation de la ration de matières grasses, les restaurateurs pourront réclamer 10 grammes de tickets au lieu de 5 au repas du soir. » (Informations générales, pp. 325-328 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

30 juillet 1941 : RECENSEMENT DES JUIFS EN ALGÉRIE « Le J.O. a publié un décret du 18 juillet 1941, étendant à l'Algérie la loi du 2 juin 1941 prescrivant le recensement des juifs. » (Informations générales, p. 301 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

Marseille, 11 juillet 1941 198-2

Lettre de l'oncle Fernand Flochlay.

Bien chers Léonie et Louis

Voici un mois que j'ai reçu de vos nouvelles, quel paresseux devez-vous dire pour y répondre ! Je voudrais bien avoir eu à le faire plus tôt, en vous annonçant quelque bonne nouvelle qui vous permette de vivre en plus de tranquillité et dans de meilleures conditions. Hélas ! Nous attendons cela de jour en jour et comme Sœur Anne, je ne vois rien pointer à l'horizon qui puisse remonter un peu notre découragement. Tout ce que je peux vous dire c'est avec beaucoup d'efforts chacun de son côté, on se maintient juste à la hauteur de ce qu'il faut pour passer la journée et le lendemain, au-delà c'est l'imprévu et la surprise des jours maigres et abondants quelques fois, mais ces derniers tellement rares qu'ils passent inaperçus. Il a fait excessivement chaud ces jours-ci, on fondait, et depuis ce matin nous sommes sous l'orage, on le souhaitait un peu, car il y avait jusqu'à 34° à l'ombre. Voici 2 jours ½ de fêtes qui s'annoncent. Je vais essayer d'aller un peu à Carry, par des moyens de fortune comme vous le pensez mais avec un chargement de ravitaillement pour ce temps-là, car il n'y a rien, rien ! Pas même du vin. La dernière visite que j'y ai faite, en guise de pénitence ma fait boire de l'eau pendant 2 jours. Je ne parle pas de tout le reste y compris la modeste cigarette que l'on grillait de temps en temps ! Au moins, dans 15 jours, nous aurons au moins la perspective des vacances, quelles seront-elles ? Je n'ose encore bien faire des projets. Certainement que je ne moisirai pas à l'étude pendant ce temps-là, car vraiment j'en ai par-dessus la tête, d'ici là je vous écrirai au cours du mois prochain, à moins que… N'anticipons pas sur les jours prochains. Je n'ai plus écrit à Léon, remplacez-moi auprès de lui en lui donnant des nouvelles. Mon souvenir à la maman et pour vous deux de grosses caresses. Marie va assez bien, quoique très amaigrie, mais le moral pas du tout !

Fernand Flochlay

JUILLET (colis)[19]

Août 1941

Rappel historique, 1er août 1941 : « Les prisonniers de guerre encore détenus seront exonérés de leurs impôts pour 1941 s'ils sont redevables d'une somme inférieure à 5.000 francs. »

« Mise en vigueur de la carte de tabac. » (3) p. 96

MESURES DE SÉCURITÉ PUBLIQUE

« Loi réglementant l'organisation des réunions publiques : les déclarer au préalable à la mairie de la commune où la réunion doit avoir lieu. » (3) p. 98

« Le maintien de l'ordre avait été jusqu'à présent régi par une série de lois et de décrets, notamment, du 30 juin 1881, du 26 mars 1907 et du 23 octobre 1935. Trois lois du 18 juillet parues au J.O. du 1er août sont venues abroger la loi de 1907 et modifier les autres textes. Ces trois lois sont relatives : 1° Au régime des réunions publiques. 2° Au régime des défilés et manifestations. 3° Aux mesures destinées à éloigner les individus dangereux pour l'ordre public. » (Informations générales, pp. 293-294 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

RETRAITE DES VIEUX TRAVAILLEURS

« À la date du 1er août, plus d'un million de demandes de retraite avaient été formulées par des vieux travailleurs, dont 650.000 pour la zone occupée. D'ores et déjà, 440.000 ont fait l'objet d'un paiement d'arrérages. » (Informations générales, p. 321 / Ministère de l'Intérieur 1941-49)

4 août 1941 : « Création d'une indemnité de bombardement pour les fonctionnaires de l'État exerçant dans une localité soumise à des bombardements fréquents et intensifs. » (3) p. 98

12 août 1941 : « À la suite d'un Conseil des ministres à Vichy, le maréchal Pétain annonce : la suppression de l'indemnité parlementaire à partir du 1er octobre ; la suppression de l'activité des partis politiques en zone non occupée ; la création de commissaires chargés d'étudier l'esprit dans lequel seront appliquées les lois ; la création d'un Conseil de Justice politique chargé de juger les responsables de notre désastre. De nouvelles sanctions sont prévues contre les fonctionnaires restés affiliés à des sociétés secrètes. » (3) p. 91

SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Une loi du 11 août publiée au J.O. du 12 août a décidé que les noms des anciens dignitaires des sociétés secrètes dissoutes seront publiés au Journal Officiel. D'autre part, l'accès et l'exercice des fonctions publiques et mandats interdits aux juifs sont interdits également à tous les dignitaires des sociétés secrètes dissoutes. Les fonctionnaires et agents civils ou militaires atteints par ces dispositions seront déclarés démissionnaires d'office. »

« Les J.O. des 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23 août et de la dernière semaine du 24 au 31 août ont publié des listes d'Officiers et dignitaires[20], membres des Conseil suprême, Grand collège au Conseil fédéral des sociétés secrètes dissoutes et des loges de la franc-maçonnerie. Le J.O. du 12 août a publié une première liste de fonctionnaires et agents civils ou militaires, membres des sociétés secrètes, ayant souscrit une fausse déclaration. »

« Lorsqu'au cours des recherches relatives aux associations secrètes dissoutes, il aura été saisi des objets et documents provenant desdites associations ou se rapportant à leur activité et présentant les caractères définis à l'alinéa 5 du présent article (de la loi du 13 août 1940) ces objets et documents pourront être transmis directement à la Bibliothèque nationale par les soins des officiers de police judiciaire qui auront effectué la saisie, aux fins de conservation. »

« Aux termes d'une loi du 21 août 1941 (J.O. du 30 août), dans chaque département, la mise sous séquestre des biens des associations dissoutes en application de l'article 5 de la loi du 29 août 1940 est prononcée par arrêté du préfet, qui désignera en même temps un administrateur séquestre. »

RETOUR EN ZONE INTERDITE DES PRISONNIERS DE GUERRE

« Communiqué officiel n° 63 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre : « Les familles des prisonniers de guerre sont informées que les autorités allemandes autorisent dorénavant le retour en zone interdite, et dans les mêmes conditions que celui des rapatriés originaires de la zone occupée, de tous les prisonniers rapatriés à quelque titre que ce soit ou mis en congé de captivité pour une raison quelconque à condition que ces militaires soient originaires de la zone interdite. »

RÉPRESSION DES VOLS DE COLIS DES PRISONNIERS DE GUERRE

« Le Garde des Sceaux, ministre secrétaire d'État à la Justice vient d'adresser la circulaire suivante aux procureurs généraux : « Il m'est signalé que des colis destinés à des prisonniers de guerre français auraient été soustraits dans diverses gares. La confiance publique est justement indignée de ces vols dont sont victimes, à la fois les prisonniers pour lesquels les envois de colis constituent un réconfort matériel et moral, et leurs familles qui s'imposent pour alléger leurs souffrances de durs sacrifices et de pénibles privations. Il importe, en conséquence, que ces faits odieux fassent l'objet de répressions particulièrement rapides et exemplaires. Je vous prie de bien vouloir donner dans ce but toutes instructions utiles à nos substituts, en les invitant notamment à prendre à l'audience contre les délinquants les réquisitions les plus sévères et à relever appel des décisions qui leur paraîtraient empreintes de faiblesse. »

(Informations générales, pp. 450, 464, 473, 527, 613 / Ministère de l'Intérieur 1941- Nos 51 à 53)

14 août 1941 : RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS « Le premier convoi d'officiers[21], Anciens Combattants des deux guerres rapatriés d'Allemagne en vertu des récents accords est arrivé le 14 août à Sathonay (Ain). Dans la soirée, un deuxième convoi d'officiers rapatriés quittait Mâcon pour se rendre à Roanne. »

RÉPRESSION DE L'ACTIVITÉ COMMUNISTE OU ANARCHISTE

« Une loi du 14 août (J.O. du 23 août) a institué des sections spéciales auprès de chaque tribunal militaire ou de chaque tribunal maritime afin de permettre à ces tribunaux d'agir vite et de frapper durement les propagandistes marxistes. C'est ainsi que les peines que prononcera la section spéciale sont : l'emprisonnement avec ou sans amende, les travaux forcés à temps ou à perpétuité et la mort, sans que la peine prononcée puisse être inférieure à celle prévue par les dispositions retenues pour la qualification du fait poursuivi. Les individus trouvés en flagrant délit d'infraction pénale résultant d'une activité communiste ou anarchiste seront traduits directement et sans instruction préalable devant la section spéciale. Hors le cas d'arrestation en flagrant délit et si l'inculpé n'a pu être saisi ou s'est évadé, le président de la section spéciale rendra une ordonnance indiquant l'infraction pour laquelle l'inculpé est poursuivi, et portant qu'il sera tenu de se présenter dans le délai de dix jours : la publication sera assurée par la signification de l'ordonnance au dernier domicile connu de l'inculpé, par l'affichage à la porte de son domicile, et par insertion dans trois journaux désignés par ladite ordonnance. »

MISE EN LIBERTÉ DE MILITANTS SYNDICALISTES

« Sur les instructions de M. Pucheu, secrétaire d'État à l'Intérieur, une vingtaine de militants syndicalistes ayant toujours manifesté des sentiments anticommunistes, qui étaient détenus dans des camps de concentration, ont été remis en liberté. »

(Informations générales, pp. 471-472, 513-514 / Ministère de l'Intérieur 1941-51 & 52)

16 août 1941 : « Par acte constitutionnel, militaires[22], magistrats et fonctionnaires seront tenus de prêter serment au Chef de l'État. » (3) p. 91

« Loi réglant les droits à pension des victimes civiles de la guerre 1939-1940. » (3) p. 98

ACQUISITION DE LA MAISON NATALE DU MARÉCHAL FOCH

« Un décret du 16 août (J.O. du 19 août) a déclaré d'utilité publique l'acquisition par l'État de la maison natale du Maréchal Foch à Tarbes. » (Informations générales, p. 572 / Ministère de l'Intérieur 1941-52)

18 août 1941 : « La récupération des vieux métaux non ferreux est ouverte en France. » (3) p. 96

19 août 1941 : « Tous les prisonniers français, anciens combattants des deux guerres[23], sont rentrés dans leurs familles. » (3) p. 101

24 août 1941 : PÈLERINAGE NATIONAL À LOURDES « Plus de 15.000 pèlerins ont assisté aux journées du Pèlerinage national à Lourdes, dont la clôture a eu lieu ce dimanche au cours de cérémonies présidées par Son Éminence Mgr Choquet, Évêque de Tarbes et de Lourdes, en présence de nombreux prélats. Dans son allocution, Mgr Choquet souligna particulièrement l'importance et le sens du devoir qui incombe à chacun : « À l'heure où nous sommes, nous n'avons plus à discuter et à raisonner. Au moment où se joue le destin de la patrie, nous n'avons tous qu'à obéir aux ordres du chef. Et je ne parle pas d'une obéissance servile, mercenaire et passagère, mais d'une obéissance et d'une discipline, dans lesquelles nous devons nous établir et demeurer, d'une obéissance et d'une discipline faites de confiance et d'amour, et soumises à l'autorité légitime. » Le dimanche, sur l'esplanade, devant l'autel de Sainte-Bernadette, une Messe fut célébrée pour le Salut de la France et le retour prochain de chacun dans ses foyers. Rappelant l'histoire de notre Patrie et les multiples interventions de la Vierge, l'Évêque de Tarbes et de Lourdes, dans son homélie radiodiffusée, montra que depuis Clotilde, Charlemagne, Jeanne d'Arc et Louis XIII, la Vierge fut priée pour le salut du pays : « Vierge, Notre Reine, conclut-il, ayez pitié de nous, affermissez nos résolutions. Soutenez et éclairez nos chefs. Gardez-nous unis et rendez à la France son âme avec sa liberté. » Répondant au message que Mgr Choquet et les RR. PP. Assomptionnistes directeurs du Pèlerinage national de Lourdes lui avaient adressé dès le premier jour du pèlerinage, le Pape a bien voulu s'associer à leurs prières pour la réalisation d'une paix chrétienne par l'union des peuples. »

MESSAGE DE RECONNAISSANCE DES PRISONNIERS ENVERS LE MARÉCHAL

« Parmi les lettres qu'il reçoit ainsi des camps et des kommandos les plus divers, citons encore celui-ci qui émane du Stalag V et qui porte, avec la signature des soldats en captivité, la date du 24 août :

« Monsieur le Maréchal,

Nous avons eu, ici, quelques échos de votre dernier message radiodiffusé.[24] Son ton énergique, les mesures que vous annoncez nous plaisent. Nous ne vous remercierons jamais assez d'avoir accepté une tâche dont nous apprécions la grandeur. Aussi, nous ne saurions admettre que le pays, sans aucune exception, ne soit pas derrière vous. Ceux qui vous combattent ouvertement ou sournoisement, ceux qui gênent votre travail, sont les responsables de nos malheurs. Ce sont les profiteurs, les politiciens et les imbéciles du régime défunt. Ces gens-là doivent être mis à la raison, par la force si c'est nécessaire, ils n'ont fait que trop de mal à la France.

Nous n'ignorons pas non plus que l'attitude de ces mauvais Français a contribué, pour une large part, à prolonger notre captivité. Ne croyez-vous pas qu'ils nous remplaceraient avantageusement en exil ? En vous débarrassant de leurs encombrantes personnes, ils nous permettraient de travailler efficacement à vos côtés.

Nous qui payons leurs fautes plus que d'autres, nous leur disons tout net : « Assez » et nous mettons nos poitrines à vos dispositions pour défendre la France que vous incarnez.

Croyez, Monsieur le Maréchal, à toute notre confiance et à notre entier dévouement.

Vive Pétain ! Vive Darlan ! Vive la France ! »

MESSAGE DE PRISONNIERS RAPATRIÉS

« Les 13.000 prisonniers rapatriés d'Allemagne et qui arrivent chaque jour à Compiègne ont adressé au Maréchal Pétain le télégramme suivant : Retrouvant la France après quinze mois de captivité, les réformés des Stalags I-A et I-B vous remercient de votre accueil et vous assurent de leur entière confiance dans l'œuvre de redressement que vous avez entreprise. »

(Informations générales, p. 612, pp. 905-906 / Ministère de l'Intérieur 1941-53 & 57)

25 août 1941 : « Le premier train sanitaire amenant 172 anciens militaires français tuberculeux est arrivé en Suisse. À la station frontière du Bouveret, les autorités suisses, civiles et militaires ont reçu les malades, infiniment touchés de l'accueil chaleureux qui leur a été réservé par la population. » (Informations générales, p. 619 / Ministère Intérieur 1941-53)

26 août 1941 : « Ce jour, 899 officiers et sous-officiers libérés sont arrivés en gare de Compiègne. Ce sont, pour la plupart, des gendarmes, des gardes mobiles, des employés des P.T.T., des cheminots et des soutiens de famille. Le même jour, 500 grands blessés sont arrivés en gare de Lyon à Paris et 1.400 prisonniers libérés, à la gare d'Amiens. » (Informations générales, pp. 618-619 / Ministère de l'Intérieur 1941-53)

29 août 1941 : « Loi fixant le statut des travailleurs à domicile. Ils bénéficieront des congés payés et de l'allocation supplémentaire s'ils sont assurés sociaux. Le tarif des travaux aux pièces sera fixé par des comités professionnels régionaux d'expertise qui se baseront sur la durée d'exécution des travaux. » (3) p. 98

31 août 1941, « Le 31 août 1940 naissait la Légion des combattants. Le 31 août 1941, 1.200.000 légionnaires de France, anciens combattants des deux guerres vont célébrer le premier anniversaire de la Légion. »

MESSAGE DU MARÉCHAL AUX PRISONNIERS LIBÉRÉS

« Dans le N° 1 de Toute la France, journal de ceux qui sont revenus et des familles de ceux qui sont encore absents, le Maréchal s'adresse ainsi aux prisonniers libérés :

« Mes chers Amis,

Le Problème des prisonniers de guerre se posait et se pose dans des conditions douloureuses et difficiles.

Bien que la Paix ne fût pas signée, le Chancelier Hitler n'a pas voulu, et je l'en remercie, que les hommes les plus douloureusement éprouvés, les plus chargés de famille, les anciens combattants de la guerre mondiale, ou les catégories les plus essentielles à la reprise de la vie économique du pays restent en captivité.

Vous êtes donc libérés. La France vous attendait. Vous l'avez retrouvée différente sans doute de l'image que vous vous en faisiez.

Ne cédez pas à un mouvement de découragement. Ne vous laissez pas surtout surprendre par les propagandes adverses qui s'abattent sur notre pays. Il ne s'agit pas pour vous d'être pour ou contre quelqu'un.

Il s'agit d'être simplement et uniquement Français, de penser français, de parler français. Ce n'est qu'à cette condition que vous vous sauverez et que vous nous sauverez. Votre rôle d'ailleurs, n'est pas terminé. Après quelques jours de repos, vous allez reprendre l'outil, l'outil professionnel comme l'outil national. Maniez-le avec intelligence et avec force. Vous m'avez suivi et vous m'avez fait confiance, lorsque vous étiez en Allemagne. Vous me devez aujourd'hui votre concours et votre travail.

Vous me devez mieux encore. C'est sur vous que je compte pour être l'aile marchante du grand mouvement de redressement national, le véritable ciment de cette unité française que j'ai le devoir de maintenir.

Dans vos camps, vous avez, au milieu de rudes épreuves, accumulé dans la pureté de vos âmes un merveilleux capital humain. Faites-lui rendre ses fruits. Le temps de votre captivité n'aura pas ainsi été perdu.

Mes amis, au travail. J'ai confiance en vous. »

ENVOIS DE JOURNAUX AUX PRISONNIERS

« La délégation française dans les territoires occupés (Secrétariat d'État aux communications) nous a communiqué :

Les hautes autorités allemandes font connaître que désormais les prisonniers de guerre français dans les camps d'Allemagne (Stalags et Oflags) pourront recevoir tous les journaux français du territoire occupé. Les commandes seront exclusivement souscrites par les camps eux-mêmes et par l'intermédiaire de la maison Auslandszeitungshandel G.m.p.H. à Cologne, Stolkgasse 25, 31, qui fera également le nécessaire pour les livraisons des journaux aux camps. Ces envois sont admis en exemption de taxes et devront être déposés dans le bureau de poste sous la forme de paquets solidement ficelés et revêtus d'une étiquette imprimée indiquant : 1° Le nom de l'éditeur ou de la maison expéditrice ; 2° Le nom et l'adresse de la maison de Cologne désignée comme intermédiaire. »

(Informations générales, pp. 617, 619 / Ministère de l'Intérieur 1941-53)

Transféré du Stalag V-A. au Bau-und-Arbeit Bataillon 45 (B.A.B. 45), le 15.08.1941 (selon une liste établie par les autorités allemandes et remise au C.I.C.R. de Genève).

CARNET

Mardi 19 août 1941 = Départ de Urlau[25].

Mercredi 20 août 1941 = Arrivée à Hamm.

[Un brusque changement étant intervenu. Les quelques 600 que nous étions furent répartis en trois compagnies de travailleurs du bâtiment étant toujours, bien entendu, prisonniers de guerre. Nous étions devenus B.A.B. 45 « Bau Arbeit Bataillon – Bataillon de travailleurs du bâtiment ». De ce fait, après une année de vie commune, le partage par trois des différentes professions du bâtiment afin de les répartir dans les trois compagnies chamboula toutes les chambrées nous obligeant à côtoyer, à se refaire de nouveaux copains de chambrée. Nous voilà donc répartis en trois compagnies d'environ deux cents travailleurs chacune. Une compagnie fut dirigée sur Münster, l'autre je crois bien sûr Osnabrück et la mienne sur Hamm[26] avec une arrivée le 20 août et un départ le 29 septembre 1941. Nous étions déplacés à la demande des dégâts occasionnés par les bombardements alliés : déblaiements, réparations toitures, vitrerie, constructions d'abris, etc.]

Dimanche 31 août 1941 199

Reçue le 22.09 au soir, réponse le 26/09

Bien chère sœur et cher Louis,

C'est le 14 (août) que j'ai reçu la dernière carte de vous, depuis, plus rien. Ce retard est dû certainement au changement que nous avons effectué, mais j'espère bien que rien ne sera égaré et que dans le courant de la semaine nous recevrons du courrier en quantité. Chère sœur, dans une précédente carte tu me donnes des nouvelles de Toulouse et de Marseille. En avez-vous toujours de cousine de Luchon ? Si oui, donnez-lui bien le bonjour de ma part. Ses fils sont-ils sur le sol natal ? Et Élie, continue-t-il son petit commerce de primeurs ? Maman, se maintient-elle alerte ? J'espère bien que oui. Cher Louis, as-tu taquiné les truites cette année ?

Louis Durrieu, as de la pêche à la truite

Le jardin t'en a-t-il laissé le temps ? Les vignes sont-elles belles par-là, allez-vous avoir du pinard ? Quant à moi, je travaille toujours dans le bâtiment. Nous nous sommes rapprochés du pays du fromage à croûte rouge[27] en passant par la ville dont une eau parfumée porte le nom[28]. J'attends également des nouvelles d'Hélène à qui j'ai envoyé aussi une photo différente de la vôtre. Il pleut toujours assez et les feuilles jaunissent et tombent annonçant la mauvaise saison.

Encore une que je vais passer loin de vous et voilà deux ans que j'ai quitté la vie civile. L'année prochaine sera enfin, je l'espère, celle qui viendra ouvrir les grilles des cages et nous rendre notre chère liberté. Je termine pour aujourd'hui en vous embrassant de tout cœur ainsi que maman sans oublier ma petite Hélène chérie.

Le bonjour aux patrons, voisins de Tarbes et de Cadéac, Jeanne d'Aurensan et autres. Léon

AOÛT (colis)[29]

Septembre 1941

Rappel historique, 1er septembre 1941 : PÈLERINAGE FRANÇAIS EN ESPAGNE «Le Maréchal Pétain a reçu les membres du comité directeur du pèlerinage sur le point de partir pour l'Espagne. Au cours de cette réception, le Chef de l'État a remis au président du pèlerinage un drapeau qui reproduit les traits de Saint Louis et de Saint Ferdinand, les deux rois soldats présentant l'un la Giralda, l'autre la couronne d'épines. Aux quatre angles figurent la francisque du Maréchal, et la devise « Famille, Travail, Patrie ».

C'est le premier drapeau portant la marque et la devise de la Révolution nationale présenté à l'étranger. Il a été béni le lendemain à Lourdes en présence de la foule des fidèles.

Mgr Ricaud, recteur des Sanctuaires, a tracé aux pèlerins le devoir de chrétien et de Français qu'ils allaient accomplir en terre espagnole :

« Vous n'êtes pas des pèlerins ordinaires. Lourdes n'est pour vous qu'une courte halte sur la route longue que vous allez entreprendre.Vous allez travailler à l'union des deux nations sœurs. Dans l'ardente et religieuse Espagne, vous allez montrer le vrai visage de la France : celle de Clovis, de Saint Louis, de Jeanne d'Arc ; la France plus vivante que jamais dans son malheur. Puisse votre drapeau briller comme l'arc-en-ciel annonciateur d'un règne de justice et de paix que le monde entier attend. »

Le pèlerinage, conduit par Mgr Martin, évêque du Puy, est arrivé à Madrid le 4 septembre. »(Informations générales, p. 686 / Ministère de l'Intérieur 1941-54)

2 septembre 1941 : « Au Palais de Justice à Paris, les magistrats prêtent serment[30] de fidélité au maréchal Pétain. » (3) p. 107

RATTACHEMENT DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL AUX QUESTIONS JUIVES AU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR

« Le J.O. publie une loi modifiant celle du 29 mars dernier, portant création d'un commissariat général aux questions juives. Aux termes de cette nouvelle loi, le commissariat général aux questions juives est rattaché au ministère de l'Intérieur et la désignation du commissaire général dépendra de la vice-présidence du Conseil et du ministère de l'Intérieur. » (Informations générales, p. 680 / Ministère de l'Intérieur 1941-54)

4 septembre 1941 : « À Versailles, départ du premier contingent des volontaires français contre l'U.R.S.S. » (3) p. 102

« Avant leur départ, les volontaires ont été informés que le chancelier Hitler avait décidé que tous les parents de légionnaires actuellement en Allemagne seraient libérés après enquête. »

SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Les J.O. de la semaine du 31 août au 6 septembre, de la semaine du 7 au 14 septembre, de la semaine du 15 au 20 septembre, ont publié de nouvelles listes des dignitaires, hauts gradés et officiers de loges de la franc-maçonnerie. Le J.O. du 2 septembre a publié la 2e liste et celui du 18 septembre la 3e liste des fonctionnaires et agents civils ou militaires membres des sociétés secrètes ayant souscrit une fausse déclaration. »

EXERCICE DE LA MÉDECINE PAR LES ISRAÉLITES

« Le J.O. du 6 septembre a publié un décret réglementant, en ce qui concerne les juifs, la profession de médecin. » (Informations générales, p. 689 / Ministère de l'Intérieur 1941-54)

« M. Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives, qui revient d'un voyage en Afrique du Nord, a fait le 3 septembre, la déclaration suivante : « La population indigène de l'Afrique du Nord vit dans une atmosphère calme et le nom du Maréchal y est autant aimé que respecté. En liaison étroite avec les autorités locales, j'ai poursuivi là-bas l'exécution de la loi du 2 juin 1941 :

Il n'y a plus de fonctionnaires juifs ; les avocats sont soumis au « numerus clausus » de 2 % et les médecins vont l'être.

Au Maroc, le « numerus clausus » a été mis en vigueur dans les lycées et un dahir du sultan a laissé aux juifs marocains l'autorisation de travailler dans le commerce de détail et l'artisanat. »

ENTREPRISES JUIVES

M. Xavier Vallat a continué ainsi :

« Le passage des entreprises juives entre des mains aryennes s'est effectué jusqu'à présent sans à-coup et l'économie du pays n'en a pas souffert ; 1.500 entreprises ont déjà été ainsi « aryanisées » à Paris où était centralisé 80 % de l'activité économique juive. »

En terminant, le commissaire général a assuré que cette élimination des juifs de la vie économique française sera poursuivie méthodiquement et qu'il n'envisage d'exception qu'en faveur des juifs anciens combattants dont la conduite aura été particulièrement digne de considération pendant la guerre (blessures, citations, décorations). » (Informations générales, p. 680 / Ministère de l'Intérieur 1941-54)

7 septembre 1941 : « L'amiral Darlan reçoit les pleins pouvoirs pour exercer les directives du maréchal Pétain. » (3) p. 91

« Un tribunal d'État est créé par le maréchal Pétain pour réprimer les menées politiques[31]. Il siégera à Paris et à Lyon. » (3) p. 107

12 septembre 1941 : « M. Pierre Laval a accordé ce jour une interview à un journaliste de « United Press ». Il a notamment indiqué quelle était sa conception personnelle de la collaboration :

« La collaboration exprime une idée purement matérielle des moyens politiques, économiques ou même militaires susceptibles de préserver notre territoire et même notre empire. Mais, sur un plan plus élevé, le mot « collaboration » signifie la réconciliation des peuples français et allemand. Pour moi, seule cette fin compte. » (Informations générales, p. 801 / Ministère de l'Intérieur 1941-55)

13 septembre 1941 : « M. Debia est nommé chef de cabinet du Préfet des Hautes-Pyrénées. » (Informations générales, pp. 752-753 / Ministère de l'Intérieur 1941-55)

17 septembre 1941 : « Loi autorisant la constitution d'un stock de sécurité de pommes de terre et de légumes secs pour la région parisienne. » (3) p. 98

18 septembre 1941 : « Modification de la loi de 1849 sur l'état de siège. Elle donne les pouvoirs à l'autorité militaire pour le maintien de l'ordre. » (3) p. 98

19 septembre 1941 : OCTROI DES CONGÉS DE CAPTIVITÉ DES SOUTIENS DE FAMILLE « Communiqué officiel n° 70 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre : « Le communiqué 27 a fait connaître aux familles qu'il était prévu d'accorder des congés de captivité : 1°) Aux prisonniers de guerre père de quatre enfants mineurs, au minimum, si cela doit soulager la situation de leur famille. 2°) Aux prisonniers de guerre frères aînés de quatre enfants mineurs et plus, lorsque le père est décédé ou hors d'état de gagner sa vie, et que la subsistance de la famille dépend du prisonnier à mettre en congé de captivité.

Les Autorités allemandes communiquent que ne seront considérés comme mineurs que les enfants nés après le 1er janvier 1922.

Les familles dont les demandes déjà transmises aux Autorités allemandes ne seront pas acceptées par ces autorités seront informées du rejet de leur demande par les soins de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre au fur, et à mesure que cette dernière en aura été elle-même avisée. »

N.-B. : Les familles se trouvant dans le cas prévu par le communiqué officiel n° 27 modifié par le présent communiqué, qui n'auraient pas encore demandé au Maire de leur commune de résidence l'établissement d'un dossier sont invitées à le faire dans le plus bref délai. »

« La Croix-Rouge française nous a communiqué : « Chaque jour la délégation de la Croix-Rouge en zone libre reçoit, soit des intéressés eux-mêmes, soit par l'intermédiaire des œuvres de confiance et des aumôniers des camps, des demandes de parrainage pour des soldats prisonniers sans famille, qui ne reçoivent aucune lettre ou aucun colis pour adoucir les rigueurs de la captivité. La Croix-Rouge Française, à nouveau, demande que des personnes de bonne volonté consentent à correspondre avec ces malheureux isolés pour leur apporter un peu de réconfort matériel et moral. Écrivez à la Croix Rouge Française, « Service des parrainages de prisonniers », 2, rue de la Grande-Grille, Vichy. »

(Informations générales, pp. 848-849 / Ministère de l'Intérieur 1941-56)

20 septembre 1941 : RETOUR À LA TERRE

« Un décret du 16 septembre (J. O. du 20 septembre) accorde certains avantages aux vieux travailleurs salariés, qui dans le délai d'un an quitteraient une ville de 50.000 habitants ou la banlieue parisienne pour s'installer dans une commune comptant moins de 2.000 habitants. Ces avantages sont les suivants :

1° Un bon de transport gratuit pour lui et les membres de sa famille et éventuellement pour son mobilier.

2° Une indemnité représentative des frais d'installation s'élevant à 500 francs.

3° Une indemnité supplémentaire de 500 francs, s'il y a lieu pour les frais de transport de son mobilier du domicile à la gare. » (Informations générales, p. 47 / Ministère de l'Intérieur 1941-58)

25 septembre 1941 : « Au J.O., publication du décret du 24 septembre qui a pour objet de réglementer, en ce qui concerne les Juifs et les étrangers, la profession d'architecte. Un « numerus clausus » de 2 % de l'effectif total des architectes inscrits au tableau de chaque circonscription administrative est fixé. Toutefois, le nombre des architectes juifs inscrits dans une circonscription ne peut, en aucun cas, être supérieur à celui des architectes israélites de nationalité française qui exerçaient avant le 25 juin 1940. Il est précisé que si le nombre des architectes non juifs vient à diminuer, la réduction corrélative du nombre des architectes juifs ne s'opérera que par voie d'extinction. Le texte prévoit, d'autre part, que les architectes juifs qui ne sont ni anciens combattants, ni victimes de la guerre, ne peuvent occuper un poste rétribué par l'État, par une collectivité publique ou par un établissement public. »

EXPOSITION DU « PROBLÈME JUIF »

« La Société d'Études juives, dont nous avons à l'époque annoncé la naissance, a organisé à Paris, une exposition consacrée au problème juif en France. Le but principal de cette manifestation est de montrer la place aussi considérable que méconnue qu'avaient pris les éléments juifs dans le Gouvernement et dans les diverses branches de l'activité du pays. Par différents tableaux, répartis en 4 sections, le visiteur peut apprendre l'histoire des juifs en France, leur immixtion lente et incessante jusqu'aux plus hauts postes et les moyens de défense dont se sont armés à l'heure actuelle, les Gouvernements pour limiter cette mainmise des juifs sur la vie générale du pays. Une série de documents mettent enfin en lumière les caractères physiologiques des israélites toujours sensibles malgré la relative diversité des types. » (Informations générales, pp. 917-919 / Ministère de l'Intérieur 1941-57)

ATTENTATS

« L'oberfeldkommandantur à Lille a fait publier l'avis suivant :

Des quantités considérables d'explosifs avaient été volées par des bandits, certainement communistes, dans un dépôt, au cours de la nuit du 22 au 23 septembre. Faisant suite à ce vol, et non loin de la localité où il a été commis, des attentats au moyen d'explosifs ont été perpétrés contre des trains de transports militaires, ainsi que des trains français, dans la nuit du 24 au 25 septembre. Vingt militants communistes particulièrement actifs ont été fusillés à titre de représailles. » (Informations générales, p. 37 / Ministère de l'Intérieur 1941-58)

30 septembre 1941 : STATUT DES FONCTIONNAIRES

« Publication du statut des fonctionnaires[32]. Il institue le licenciement pour insuffisance professionnelle et le traitement familial. Il prévoit la diminution du nombre des fonctionnaires par la création d'employés de l'État qui bénéficieront des avantages reconnus aux salariés de droit privé. Il établit la responsabilité des chefs et l'autorité de l'État. » (3) p. 98

RECLASSEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE RAPATRIÉS

« Réception du Commissaire au reclassement des prisonniers. M. Maurice Pinot, commissaire au reclassement des prisonniers de guerre rapatriés, a été reçu le 30 septembre par le Maréchal Pétain. Le commissaire qui vient d'être nommé est lui-même un prisonnier de guerre rapatrié. » (Informations générales, p. 8 / Ministère de l'Intérieur 1941-58)

Dimanche 7 septembre 1941 200

Reçue le 10.10, réponse le 20 octobre

Bien chère sœur et cher Louis,

Voici deux jours, j'ai eu l'immense plaisir de lire vos correspondances des 06,12 et 16 août ainsi qu'une lettre d'H. datée du 18. Je suis très heureux de vous savoir tous en parfaite santé. Tranquillise maman, car si plusieurs sont rentrés, beaucoup plus encore sont ici, de bien plus âgés, mariés et pères de familles, certaines en position bien critique, un jour viendra, patience ! J'attends le colis annoncé et te joint une vignette bleue tout comme dimanche dernier. Ici, tout va bien. La nourriture est sensiblement meilleure. Le travail moins dur. Je vous embrasse. Léon

Vignette bleue – envoi de colis

Dimanche 21 septembre 1941 201

Reçue le 18.10, réponse le 27 octobre avec colis de 5 kg.

Chère sœur et cher Louis,

Le 11 (septembre), j'ai reçu du 28 juillet une lettre qui avait pris le chemin des écoliers, heureux de vous savoir en parfaite santé et en possession des deux petites photos. Cette semaine, ce sont les deux colis, 5[33] et 2[34] kg du 29 août. Ail et oignons sont les bienvenus ainsi que nouilles et conserves. Tout-en-un mot.

Chère sœur je suis très satisfait de la façon dont tu les composes. Toujours par petites tables, nous en dégustons les contenus. À l'instant, c'est la gentille carte des patrons qui m'est parvenue. L'attitude réciproque avec "H" me laisse perplexe. Un petit effort des deux côtés mettra les choses au clair, je l'espère. Je lui ai écrit et j'attends. Gros baisers. Léon

CARNET

Lundi 29 septembre 1941 = Départ de Hamm.

Lundi 29 septembre 1941 = Arrivée à Münster.

[Le lundi 29 septembre 1941, nous arrivâmes à Münster pour y séjourner jusqu'au 05 juillet 1942.[35]

Là, nous avons participé à l'aménagement d'un petit camp : montage des baraquements d'A à Z. Nous y avons effectué des montages de lignes électriques moyennes tensions, des raccordements de maisons aux réseaux, etc. C'était plus agréable, nous étions plus à l'aise au contact des civils allemands.]

Novembre 1941, Munster

Octobre 1941

Rappel historique, 1er octobre 1941 : CONTRÔLE DES ISRAÉLITES DE PARIS

La préfecture de police nous a communiqué qu'à partir du 1er octobre tous les juifs étrangers et français au-dessus de 15 ans doivent se présenter régulièrement aux autorités et se soumettre à un contrôle périodique. À Lyon, il a été procédé de même.

« De récentes vérifications ont permis de constater qu'un certain nombre de commerçants juifs continuaient à exercer leur activité habituelle et demeuraient en contact avec le public, malgré les instructions formelles du service de contrôle des administrateurs provisoires et les avis officiels transmis par la voie de la presse. Sur l'ordre du commissaire général aux questions juives, les délinquants ont été immédiatement dirigés sur un camp d'internement, sans préjudice des sanctions plus graves qui peuvent leur être appliquées. (Informations générales, pp. 25 & 28/Ministère de l'Intérieur 1941-58)

ACHAT DES FONDS DE COMMERCE JUIFS

« La délégation générale du Gouvernement français dans les territoires occupés (commissariat général aux questions juives) rappelle aux personnes désireuses d'acquérir des fonds de commerce aux juifs qu'elles doivent adresser leur offre à l'administrateur provisoire de l'entreprise et en aviser simultanément le service du contrôle des administrateurs provisoires, 1, place des Petits-Pères, Paris.

Lorsqu'ils ne connaissent pas le nom de l'administrateur provisoire de l'entreprise qu'ils désirent acheter, les acquéreurs éventuels peuvent s'adresser par lettre ou de vive voix au service du contrôle des administrateurs provisoires (service des renseignements), qui leur indiquera un certain nombre d'entreprises susceptible d'être vendu, notamment en matière d'ameublement, antiquités, imprimerie, fourrures, maroquinerie, bonneterie et confections.

La publicité des immeubles juifs mis en vente fera l'objet d'un communiqué ultérieur. »

(Informations générales, p. 187/Ministère de l'Intérieur 1941-60)

5 octobre 1941 : SALAIRE MINIMUM « Promulgation de la charte du travail. Désormais, le salaire sera basé sur un minimum vital. Il comprendra un supplément pour qualité personnelle ou qualification professionnelle, ainsi qu'un sursalaire familial. Des comités sociaux seront créés pour résoudre tous les problèmes du travail. » (3) p. 98

8 octobre 1941 : « Nouvelle loi contre l'alcoolisme. Elle maintient les jours sans alcool ; les apéritifs et digestifs ne pourront plus être servis qu'à des heures fixées. » (3) p. 99

14 octobre 1941 : « Le gouvernement français décide d'appliquer éventuellement la peine de mort aux trafiquants du ravitaillement. » (3) p. 107

PASSAGE CLANDESTIN DE PAPIER À LA LIGNE DE DÉMARCATION

« Les autorités allemandes signalent que depuis peu les cas de passage clandestin de lettres à la ligne de démarcation se multiplient. On essaie d'envoyer des documents ou des papiers personnels en fraude en les introduisant en plus ou moins grande quantité dans des bagages ou des colis de marchandises. En procédant ainsi, les expéditeurs ignorent sans doute qu'ils s'exposent non seulement à une grave punition (s'ils habitent en zone occupée), mais encore à la confiscation des envois.

Il est donc instamment recommandé à la population de cesser les transmissions de ce genre sur les facilités accordées par les autorités allemandes pour le passage des marchandises, qui seraient vraisemblablement supprimées si les abus persistaient. » (Informations générales, p. 263/Ministère de l'Intérieur 1941-61)

15 octobre 1941 : LA QUESTION DES PRISONNIERS

Déclaration de M. Scapini :

« M. Georges Scapini, ambassadeur de France, a réuni mercredi matin 15 octobre, à l'Hôtel Matignon, les membres de la Presse pour leur faire une déclaration d'ordre général sur le problème des prisonniers de guerre.

— Les problèmes qui se posent, a-t-il dit, sont intimement liés à la politique générale dont ils ne peuvent être dissociés.

Le problème des libérations est le plus délicat de tous.

Nous avons essayé d'obtenir la libération de certaines catégories de prisonniers. Le choix était difficile. Il a été fait d'après des considérations d'ordre humanitaire ou économique. Mais il n'en a pas moins été pénible pour nous d'instituer un ordre de priorité.

Il y a en effet une justification à la libération de chaque catégorie.

Comme tous les prisonniers de guerre ne peuvent être libérés, il nous faut fatalement choisir. De nombreux cas individuels ou collectifs sont extrêmement douloureux. Aussi avons-nous essayé de les concilier dans la mesure où ils pouvaient l'être, et nous avons obtenu la libération de certaines catégories que l'on connaît.

Nous avons également essayé d'obtenir la libération des troupes coloniales auxquelles le Maréchal est très attaché. Mais le problème n'est pas clos. Celui des pupilles de la Nation non plus ni celui des classes les plus anciennes.

On doit bien comprendre cependant qu'une guerre perdue ne se solde pas en passant l'éponge sur l'ardoise.

Je pense qu'en nous situant dans l'ambiance de l'Europe nouvelle, nous pouvons espérer un examen attentif des mesures demandées.

M. Scapini a souligné ensuite le danger que représentent les informations erronées au sujet des libérations. Il met le public en garde contre elles et déclare que, seules, doivent être retenues les communications officielles.

En ce qui concerne le traitement matériel des prisonniers, l'Ambassadeur de France a dit :

La volonté des Allemands est de libérer et d'améliorer les camps dans la mesure où les conditions de la guerre le leur permettent.

De grands progrès ont été faits dans ce domaine. Une délégation est installée à Berlin.

Avec le concours de l'état-major allemand, elle a obtenu, entre autres, la création d'un camp d'aspirants où plus de 3.000 d'entre eux suivent des cours. L'État-major allemand a d'ailleurs permis de tenter quelques expériences. On a essayé, notamment, de supprimer en maints endroits la garde allemande et de remplacer le Kommando par un homme de confiance français.

Mais il y a eu des évasions qui nous gênent pour demander de nouveaux allégements. Ces évasions sont d'ailleurs en nombre très limité. Si j'y fais allusion, c'est parce que je les redoute.

Après avoir rendu compte de leur situation matérielle, M. Scapini passe ensuite à la situation morale des prisonniers dans les Camps :

— Ces hommes, dit-il, ont beaucoup réfléchi au sujet du problème interne français.

Le camp de prisonniers est devenu une pépinière de cadres.

Avec sang-froid, avec foi, avec idéal et sans idéologie, ils traitent ce problème comme il doit être traité. S'il n'y avait pas cela, on pourrait être tenté de désespérer, mais il y a cela.

La révolution Nationale ne peut se faire en changeant simplement les textes, mais en changeant le personnel. Or, le personnel nouveau dont la France a besoin se trouve dans les camps. C'est pourquoi la France ne doit pas désespérer avant d'avoir vu ce que valent ces hommes. Leur état d'esprit aura, à leur retour, une très grande influence sur l'opinion publique.

On peut minimiser les résultats obtenus par la libération des prisonniers. Ils sont pourtant importants. Dans quelque coin de France ou l'on se trouve, on rencontre des libérés.

Il ne faut pas, poursuit l'ambassadeur, retomber dans l'erreur des anciens combattants de 1914-18 qui ont conçu leur rôle après la guerre surtout sur le plan des revendications.

Si elle se reproduisait, cette faute serait irréparable.

Le prisonnier de guerre doit, avant toute autre chose, réclamer le droit de faire son devoir.

On a créé un commissariat au reclassement des prisonniers. Il a, à sa tête, un prisonnier libéré, M. Pinot, qui est hanté par le sort de ses camarades restés dans les camps et le désir de faciliter la besogne aux libérés.

Ceux qui tenteraient de rassembler les prisonniers par la démagogie échoueront, conclut M. Scapini. Le prisonnier revient avec des notions simples, dégagées de toute la politique d'avant-guerre. Son sentiment d'obéissance et de discipline se traduit par sa fidélité au Maréchal de France. » (Informations générales, pp. 201-203 /Ministère de l'Intérieur 1941-60)

NOUVELLE RÉGLEMENTATION RELATIVE AUX COLIS FAMILIAUX

« Le gouvernement a pris, le 25 août, un arrêté qui permettait l'expédition de colis familiaux. Cette mesure libérale a été détournée de son but. Des agences commerciales se sont constituées. Des expéditions de ramassage à la ferme se sont organisées, et les véritables bénéficiaires de cette mesure ont été trop souvent les trafiquants du marché noir et leur clientèle privilégiée.

Pour mettre un terme à ces excès et pour rectifier des erreurs d'interprétation, un arrêté fixe, à dater du 15 octobre, le nouveau régime des colis familiaux et du transport individuel des denrées destinées à la consommation familiale.

À partir du 15 octobre sont autorisés :

1° - Le colis familial, d'un poids maximum de 50 kilos sous forme de colis enregistrés ou de colis agricole pouvant comporter les produits et les quantités ci-dessous :

Légumes frais, à l'exclusion des pommes de terre 50 kg

Fruits frais et agrumes, 10 kg

Avoine, maïs, orge, sarrasin, 1 kg

Abats de triperie frais provenant de l'abatage familial, 1 kg

Poisson frais, 10 kg

Conserves de fruits et de légumes, 5kg

Conserves de poisson, 1kg

Gibier, 5 kg (ou une pièce quel qu'en soit le poids).

Volaille ou lapin, 3kg (ou une pièce quel qu'en soit le poids).

Œufs, 2 dz.

Le transport de tous autres produits est formellement interdit.

Des vérifications seront faites et les colis non réglementaires seront interceptés. Ces colis, qu'ils soient confiés à un transporteur public ou privé, devront porter, de façon apparente, l'étiquette-adresse de l'expéditeur attestant qu'il est un producteur, et toutes précisions très complètes du destinataire (profession ou qualité) permettant de vérifier que les produits sont exclusivement destinés à la consommation familiale.

En outre, l'étiquette-adresse devra comporter la liste des produits et des quantités qui constituent le colis.

2° - Le colis à main de denrées destinées à la consommation familiale qu'un voyageur peut transporter lui-même individuellement (en voiture, en train, à bicyclette, à pied).

Ce colis doit correspondre aux mêmes conditions de poids et de composition que le précédent. Il peut, en outre, comporter 10 kilos de pommes de terre, sans aucune attestation ni autorisation. Le stock de pommes de terre nécessaire à l'approvisionnement des villes et des centres urbains cet hiver, n'étant encore constitué en raison du retard des arrachages et de la collecte, le transport particulier des pommes de terre reste limité à cette autorisation de 10 kilos précitée, mentionnée dans la composition du colis à main.

Cette tolérance serait elle-même supprimée si des abus se manifestaient. Il est rappelé, par ailleurs, que rien n'est changé pour le transport, du lieu de culture au domicile urbain, des pommes de terre produites par le citadin lui-même.

Dans ce cas, l'attestation du maire et l'autorisation de la direction départementale du ravitaillement général permettent, comme par le passé, d'envoyer à la ville toute la production de l'année.

Le gouvernement est décidé à faire appliquer strictement la nouvelle réglementation, sans laquelle il ne pourrait mobiliser les ressources indispensables à l'alimentation des populations urbaines, cet hiver.

Le public est averti que des contrôles sévères seront effectués sur les routes, dans les gares et dans les trains. »

PERMISSION DE TRANSPORT EN FAVEUR DES CITADINS EXPLOITANT DES JARDINS FAMILIAUX ET OUVRIERS

« Les exploitants de jardins familiaux et ouvriers n'ont pas toujours compris quels étaient leurs droits et les formalités à accomplir au sujet du transport de leur propre récolte de pommes de terre.

Ils peuvent transporter leur récolte du lieu de culture au domicile urbain, munis d'une autorisation de la direction départementale du ravitaillement, délivrée sur attestation du maire. L'attestation du maire doit établir que ces pommes de terre proviennent du jardin exploité par le citadin lui-même. Le transport d'une quantité de pommes de terre d'un poids maximum de dix kilos, dans un colis à main, est autorisé sans aucune formalité. » (Informations générales, pp. 213-216 / Ministère de l'Intérieur 1941-60)

17 octobre 1941 : COMMERCE DES NOIX « Une loi du 15 octobre (J. O. du 17 octobre) vient d'interdire la vente des noix à la consommation à l'exclusion de certaines noix sèches. Les noix seront réservées pour les besoins des prisonniers de guerre ou pour l'extraction d'huile de noix destinée spécialement à la fabrication de produits de régime ou à l'alimentation de l'enfance. » (Informations générales, p. 216 / Ministère de l'Intérieur 1941-60)

18 octobre 1941 : DÉMENTI CONCERNANT CERTAINES INFORMATIONS RELATIVES AUX LIBÉRATIONS

Communiqué officiel n° 73 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre.

« La Presse et la Radio ont publié, récemment, une communication de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre mettant en garde les familles de prisonniers contre certaines informations concernant des libérations éventuelles de prisonniers de guerre, subordonnées à des conditions qui ont parfois même été précisées et qui ont été publiées dans la presse.

En particulier, les Comités de recrutement pour la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme ont annoncé à plusieurs reprises que les prisonniers appartenant aux familles des engagés dans cette Légion seraient libérés.

Les autorités allemandes, saisies de cette question, ont répondu que rien de semblable n'a jamais été envisagé. » (Informations générales, p. 206 /Ministère de l'Intérieur 1941-60)

NOUVELLE RÉGLEMENTATION DE L'ABATAGE FAMILIAL

« Le J. O. du 18 octobre a publié un arrêté relatif à l'abatage des animaux réservés à la consommation familiale.

Le nouveau régime annule les dispositions actuellement en vigueur dans ce domaine. Il constitue un encouragement à l'élevage et à l'engraissement de porcs pour l'abatage familial, puisque tout producteur pourra consommer librement, cette année, une partie des animaux engraissés chez lui.

Le nombre des animaux qui pourra ainsi être abattu sera proportionnel au nombre de personnes appartenant à la famille, ou vivant sur l'exploitation, ou dans la demeure. Une personne seule ne pourra bénéficier de l'abatage familial du porc. Pour deux personnes, la tolérance sera d'un porc pour 16 mois.

Une famille de trois ou quatre personnes disposera d'un porc par an. Au-dessus de ce nombre de consommateurs, il pourra être abattu, pour la consommation familiale, un porc supplémentaire par trois personnes ou fraction de trois personnes et par an.

La même tolérance s'applique aux moutons, sans cumul possible avec le porc, à raison d'un mouton par personne et par an. Tous les animaux en excédent de ces chiffres doivent naturellement être vendus au ravitaillement général, et leur abatage pour la consommation de l'exploitation, ou pour un autre but, exposeront les responsables à des sanctions sévères.

Il convient de signaler, en outre, que l'abatage des bovins, y compris les veaux, pour la consommation familiale, est strictement interdit par le nouvel arrêté. Tout abatage de ces animaux, en dehors des centres d'abats autorisés, sauf le cas d'accident, dans les conditions admises par la réglementation en vigueur, sera donc considéré comme clandestin et poursuivi conformément à la loi.

Le régime qui vient d'être défini et qui laisse une large tolérance aux producteurs pour l'utilisation à leur profit des animaux engraissés par eux est applicable dans toutes les communes rurales, où il constitue une contrepartie des feuilles de tickets de viande à ration réduite, actuellement distribués dans ces communes. Les personnes qui justifieraient ne pouvoir profiter de cet abatage familial, pourront, sur déclaration recevoir des feuilles de tickets à ration entière. Inversement, dans les communes urbaines, le bénéfice de l'abatage familial sera accordé aux personnes qui en feront la demande, et qui recevront, en échange, la feuille de tickets en vigueur dans les communes rurales. Pour tous renseignements complémentaires, s'adresser ou écrire au Directeur du ravitaillement départemental. »

(Informations générales, pp. 295-296 / Ministère de l'Intérieur 1941-61)

19 octobre 1941 : « - Cérémonie du Serment de l'athlète à Toulouse. M. Jean Borotra, Commissaire général à l'Éducation générale et aux Sports, s'est rendu à Toulouse afin de présider la cérémonie du serment de l'athlète au stade. » (Informations générales, p. 316 / Ministère de l'Intérieur 1941-61)

20 octobre 1941 : L'ŒUVRE DU SECOURS NATIONAL

« Le 20 octobre, à Paris, au siège du Secours National, 21, rue Lafayette, MM. Pichat, président du Secours National ; de Calan, président du comité central d'assistance aux prisonniers de guerre, et le professeur Bazy, président de la Croix-Rouge française, ont reçu la presse parisienne pour annoncer le début de la campagne d'hiver, qui sera cette année menée en commun par ces trois grands organismes.

À cette occasion, M. Pichat a donné quelques chiffres pour montrer l'importance de l'œuvre accomplie par le Secours National qui compte aujourd'hui environ 28.000 collaborateurs bénévoles. Près de 200 millions ont été remis aux délégués départementaux pour l'aide sur le plan local. 25 millions ont été distribués sous forme de secours en espèces dans les cas les plus urgents. 450 restaurants populaires ont été créés ou développés qui distribuent en moyenne chaque jour 700.000 repas : 3.600 cantines scolaires distribuent aux enfants en moyenne chaque jour 40.000 rations ; 50.000 futures mères ou jeunes mamans bénéficient d'un goûter de suralimentation.

Dans les grands centres urbains où le ravitaillement s'effectue difficilement, le Secours National a fait distribuer 2.400 tonnes de biscuits, caséines, et 160 millions de bonbons vitaminés. Plus de 600 ouvroirs permettent à des dizaines de milliers de femmes enceintes et de chômeurs de trouver un appoint appréciable à leur budget.

700 vestiaires distribuent des vêtements réparés ou confectionnés qui ont permis d'habiller l'hiver dernier plusieurs millions de Français.

Plus de 300.000 réfugiés ont été aidés par le Secours National des milliers de maisons endommagées ont été réparées.

Des dizaines de baraquements servent de centres d'accueil dans les cités dévastées, 330 tournées de camions ont distribué, sur un parcours total de 175.000 kilomètres, des centaines de tonnes de mobiliers, de vêtements et de denrées alimentaires. Une commande de 50 millions de meubles est en voie d'exécution ; 26 millions ont été mis à la disposition des artisans sinistrés pour reconstituer leur outillage détruit. 25 millions de secours ont été distribués aux familles nombreuses, lors de la Journée nationale des mères. Enfin, au cours de l'été qui s'achève, près d'un million d'enfants auront pu, grâce au Secours National, fréquenter les colonies et les garderies de vacances.

Ces quelques chiffres marquent très imparfaitement la multiplicité et l'importance des tâches qui incombent au Secours National.

Cependant, la mission qui lui est impartie pour les mois prochains est plus lourde encore. Afin d'y faire face, un budget de dépenses de plus de 900 millions, dont près de 200 millions pour le seul département de la Seine, a été prévu pour les six derniers mois de l'année en cours. » (Informations générales, pp. 34-35 / Ministère de l'Intérieur 1941-58)

21 octobre 1941 : RÉGLEMENTATION DU PORT DE LA FRANCISQUE « Une loi du 16 octobre (J. O. du 21 octobre) vient de réglementer le port de la francisque. (Un arrêté paru au J. O. du 28 mai a défini les caractéristiques de cet insigne : informations générales n° 40, page 605). Elle prévoit que toute personne qui l'arborerait sans pouvoir justifier d'une autorisation spéciale du chef de l'État est passible d'une amende de 200 à 1.000 francs. Un conseil de douze membres nommés par le Maréchal distribue, en son nom, après une minutieuse enquête, cet insigne que peu de Français ont la fierté d'arborer. Ils sont environ 700, militaires (ceux-ci ont le droit de porter cet insigne sur leur tenue) ou civils à avoir cet honneur qui s'adresse plus à l'homme qu'à la fonction qu'il occupe. Des humbles l'ont à leur boutonnière.

Celui qui porte la francisque milite évidemment dans les rangs de la Révolution Nationale, mais être un militant dans l'heure présente n'est pas un titre suffisant à avoir le droit de la porter. Il faut que l'homme ait été, dans le passé, un pionnier de la Révolution Nationale et ait suivi ses idées pour les défendre aujourd'hui. Ainsi la francisque distingue les vrais soldats du Maréchal, les Français qui ont fait le don de leur personne au Maréchal comme il a fait don de la sienne à la France. Un serment simple et noble les lie au chef de l'État :

« Je m'engage à suivre les disciplines du Maréchal et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre. » (Informations générales, p. 242 / Ministère de l'Intérieur 1941-61)

22 octobre 1941 : « Le maréchal Pétain, s'adressant aux Français par radio, leur demande d'aider la justice pour démasquer les auteurs d'attentats contre des officiers de l'armée d'occupation. » (3) p. 92

ATTENTATS CONTRE DES OFFICIERS ALLEMANDS

« Le 20 octobre, un attentat a été commis à Nantes contre la personne du lieutenant-colonel Holtz, chef de la Feldkommandantur de la ville. Le 21 octobre un autre officier allemand était tué à Bordeaux.

Les autorités allemandes ont pris de sévères sanctions.

  • Avis des autorités allemandes :

« De lâches criminels, à la solde de l'Angleterre et de Moscou, ont tué, à coups de feu tirés dans le dos, le Feldkommandant de Nantes (Loire-Inférieure), au matin du 20 octobre 1941. Jusqu'ici, les assassins n'ont pas été arrêtés. En expiation de ce crime, j'ai ordonné préalablement de faire fusiller 50 otages.

Étant donné la gravité du crime, 50 autres otages seront fusillés au cas où les coupables ne seraient pas arrêtés d'ici le 23 octobre

1941 à minuit.

J'offre une récompense d'une somme totale de 15 millions de francs aux habitants du pays qui contribueraient à la découverte des coupables.

Des informations utiles pourront être déposées à chaque service de police allemand ou français. Sur demande, ces informations seront traitées confidentiellement. Paris, le 21 octobre 1941.

Der Militarbefehlshaber in Frankreich :

Von Stuelpnagel, General der Infanterie. »

« - Le gouvernement français communique :

À la suite des appels du Maréchal Pétain et de l'Amiral Darlan, ainsi que des démarches pressantes faites auprès des autorités allemandes, le chancelier du Reich, commandant supérieur des forces du Reich, a bien voulu consentir un délai de grâce pour les groupes complémentaires d'otages dont l'exécution a été prescrite à la suite des deux attentats de Nantes et de Bordeaux.

En conséquence, les délais ont été prolongés pour Nantes jusqu'au 27 et pour Bordeaux jusqu'au 29 à minuit.

En accordant cette prolongation de délai, les autorités allemandes ont voulu accroître les chances de trouver les vrais coupables et épargner ainsi des vies françaises. » (Informations générales, pp. 263-266 / Ministère de l'Intérieur 1941-61)

23 octobre 1941 : « Au Conseil National, à Vichy, le rapport de M. J. Bardoux relatif à la future forme républicaine de l'État français est repoussé à l'unanimité. » (3) p. 92

26 octobre 1941 : « Loi relative à l'organisation sociale des professions. Elle interdit tout recours à la grève et au lock-out. Elle ne s'applique pas aux fonctionnaires. Les salaires différeront selon le lieu d'emploi et la valeur professionnelle. En outre, elle institue des tribunaux de travail et rend les syndicats uniques et obligatoires. » (3) p. 99

29 octobre 1941 : « L'audition des émissions radiophoniques britanniques ou soviétiques est interdite en France dans tous les lieux publics ou privés. » (3) p. 92

Novembre 1941

Rappel historique, 1er novembre 1941 : LE TRAVAIL DES PRISONNIERS DE GUERRE

« Le Comité international de la Croix-Rouge publie d'après, le journal « Das Reich » les précisions suivantes :

« La deuxième année de guerre a apporté, comme tâche la plus importante, celle de recenser et d'utiliser les prisonniers de guerre ouvriers spécialisés. Les services de l'administration du travail (« Arbeitseinsatzverwaltung ») ont groupé les prisonniers au moyen d'une cartothèque et ils les ont classés par catégories professionnelles.

Ont été spécialement notés les ouvriers spécialisés dans la construction, la métallurgie, la chimie, l'agriculture, l'économie forestière (« Forstwirtschaft »), l'industrie minière et les carrières, en tant qu'appartenant aux groupes professionnels les plus importants, où il y a manque de personnel. Cette catégorie représente environ 50 pour cent des prisonniers.

Les prisonniers ainsi enregistrés d'après les catégories professionnelles ont été, au cours de l'hiver 1940-1941, principalement employés dans les métiers qu'ils ont appris. Au début de l'année 1941, c'était presque 80 pour cent des prisonniers ouvriers spécialisés dans la construction et ouvriers métallurgistes qui étaient employés dans leur métier, et pour les ouvriers de campagne, 70 à 75 pour cent.

La proportion de la main-d'œuvre auxiliaire dans l'agriculture par rapport à l'utilisation totale (« Gesamteinsatz ») des prisonniers de guerre subit, selon les saisons, de fortes variations. Elle était encore, au début de 1940, de 95 pour cent, puis tomba à 65 pour cent au milieu de l'année et à 52 pour cent au début de 1941. Au printemps de cette année, elle devait atteindre, comme l'année précédente, 65 à 70 pour cent de tous les prisonniers de guerre disponibles.

Considéré d'une manière absolue, leur nombre sera sensiblement plus élevé que l'année dernière (où il se montait à 650.000 hommes en chiffre rond) : entrent en ligne de compte, en premier lieu, les quelque 200.000 prisonniers de guerre serbes. (Visa D. S. P. G. 3.458) » (Informations générales, pp. 349-350 / Ministère de l'Intérieur 1941-62)

ENSEMENCEMENTS EN BLÉ POUR LA CAMPAGNE 1941-1942

« Aux termes d'une loi du 25 octobre parue au J. O. du 1er novembre :

Au cours de la campagne 1941-1942, les agriculteurs seront tenus d'ensemencer en blé une superficie au moins égale à la moyenne des surfaces déclarées pendant les années 1937 et 1938, conformément aux dispositions du premier alinéa de l'article 11 de la loi du 15 août 1936.

La loi prévoit, à la suite, des peines et amendes contre les agriculteurs qui, sans pouvoir alléguer le cas de force majeure, ne respecteraient pas la précédente disposition. » (Informations générales, p. 359 / Ministère de l'Intérieur 1941-62)

2 novembre 1941 : « Le statut des fonctionnaires prévoit un traitement basé sur les charges familiales ainsi qu'une indemnité de résidence spéciale variant avec la situation de famille. » (3) p. 99

11 novembre 1941 : « Les produits de luxe et les additions des restaurants classés dans la catégorie de luxe seront assujettis à une taxe de 20 p. 100. » (3) p. 99

UTILISTION DES TICKETS DE PAIN

« La délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés (secrétariat d'État au ravitaillement) nous a communiqués :

Des consommateurs se sont plaints de voir les boulangers leur refuser non seulement les tickets de la deuxième quinzaine quand la première n'est pas terminée, mais aussi des tickets de la première quinzaine alors que la deuxième est commencée. Ce refus est légitime.

Les boulangers doivent, en effet, refuser la vente lorsque les consommateurs leur présentent des tickets, soit de la quinzaine précédente, soit de la quinzaine suivante. En outre, il leur est formellement interdit d'ouvrir à leur clientèle un crédit de tickets. » (Informations générales, p. 360 / Ministère de l'Intérieur 1941-62)

12 novembre 1941 : INTERVENTION DE M. HENRI HAYE, AMBASSADEUR AUX ÉTATS-UNIS, EN FAVEUR DES PRISONNIERS

« M. Henri Haye, ambassadeur de France, a adressé au président Roosevelt un appel pressant pour que celui-ci autorise l'exportation de vivres à destination des camps de prisonniers français en Allemagne.

Il s'agirait d'envoyer en moyenne un kilo de vivres par mois à chaque prisonnier français.

En outre, aux États-Unis, un conseil groupant toutes les sociétés de secours de guerre français a inauguré le 12 novembre une campagne pour recueillir au minimum un million de paquets de cigarettes destinés aux prisonniers français se trouvant en Allemagne.

Le comité compte atteindre son but avant le 1er décembre, de façon que la distribution parmi les prisonniers puisse être effectuée à Noël par la Croix-Rouge internationale.

La Croix-Rouge américaine et les autorités postales américaines collaboreront à cette campagne.

LES COLIS AUX PRISONNIERS POUR NOËL ET LE JOUR DE L'AN

La Croix-Rouge française nous a communiqué :

« Le gouvernement vient de charger la direction du service des prisonniers de guerre de mettre à la disposition de la Croix-Rouge, pour qu'elle les répartisse entre ses comités et les œuvres agréées qui font également des colis aux prisonniers, dans la zone non occupée, une plus grande variété de denrées à l'occasion des fêtes de Noël et du Jour de l'An.

Les familles vont donc avoir la possibilité de faire confectionner ou compléter pour leurs prisonniers, un colis plus fourni que d'habitude, contenant des aliments variés. La liste de ces vivres et des conditions de prix auxquels ils pourront être cédés à titre remboursable est affichée, notamment, dans tous les comités de la Croix-Rouge française de la zone non occupée. » (Informations générales, p. 496 / Ministère de l'Intérieur 1941-64)

13 novembre 1941 : INTERRUPTION TEMPORAIRE DES ENVOIS DE COLIS DESTINÉS AUX PRISONNIERS DE GUERRE

Communiqué officiel n° 77 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre.

« Les Hautes Autorités allemandes font connaître que pour des raisons techniques les postes allemandes ne seront pas en mesure d'accepter entre le 1er et le 25 décembre prochain les paquets-poste de 1 kilo et les colis postaux de 5 kilos à l'adresse des prisonniers de guerre internés en Allemagne.

Il est donc prescrit aux familles qui sont en possession d'étiquettes-adresse réglementaires de hâter l'expédition des envois de Noël et du Jour de l'An qu'elles destinent à leur prisonnier afin qu'ils puissent parvenir aux Services postaux allemands avant le 1er décembre.

Un délai de quatre à cinq jours, dans le cas le plus défavorable, étant nécessaire pour l'acheminement des paquets-poste déposés dans les bureaux de poste, il y a lieu, en conséquence, d'interrompre les envois dès le 26 novembre 1941 et de ne reprendre ces envois que le 21 décembre 1941.

En ce qui concerne les colis postaux, les dates limites de dépôt, compte tenu des délais d'acheminement, seront indiquées au public par les gares. » (Informations générales, p. 553 / Ministère de l'Intérieur 1941-65)

19 novembre 1941 : « Le Code de la Famille est complété par un texte nouveau appliquant le salaire urbain aux travailleurs dans les villes de 200.000 habitants et moins. Loi accordant l'allocation de salaire unique, fixée à 10 p. 100 du salaire moyen départemental, aux jeunes ménages sans enfant pendant les deux premières années du mariage. » (3) p. 99

24 novembre 1941 : « D'après un projet de loi adopté en Conseil des ministres, le paysan français ne recevrait les produits industriels nécessaires à l'agriculture qu'en échange de ses produits agricoles. » (3) p. 105

29 novembre 1941 : RÉPRESSION DES VOLS NOCTURNES DE BESTIAUX « Une loi du 11 septembre (J. O. du 29 novembre) a décidé que les vols de bestiaux commis la nuit seraient punis des travaux forcés à temps et déférés au tribunal spécial institué par la loi du 24 avril. (Informations générales, p. 624 / Ministère de l'Intérieur 1941-66)

30 novembre 1941 : « En raison de la pénurie de papier, les publications périodiques et tous les journaux quotidiens de la zone non occupée française devront réduire leur tirage de 38 %. » (3) p. 96

LE CHAUFFAGE DES TRAINS

« Les difficultés d'approvisionnement en combustible obligent la S.N.C.F. à diminuer sa consommation de charbon ; elle ne pourra, comme l'hiver dernier, assurer l'hiver prochain qu'un chauffage réduit des trains de voyageurs. Ces trains ne seront chauffés que lorsque la température ne dépassera pas 5 degrés au-dessus de zéro.

Il est, une fois de plus, rappelé que la S.N.C.F. ne peut avec les moyens de traction et d'entretien dont elle dispose, faire circuler des trains en nombre suffisant, maintenir les conditions de confort et de commodité du temps de paix. L'intérêt public et l'intérêt du public commandent donc d'éviter tout déplacement non strictement indispensable. » (Informations générales, p. 364 / Ministère de l'Intérieur 1941-62)

SECOURS DE LA CROIX-ROUGE AUX PRISONNIERS DE GUERRE

« Apprécie-t-on assez l'immensité de l'œuvre accomplie pour nos prisonniers de guerre par les soins de la Croix-Rouge française et internationale ?

Quelques chiffres, mieux que toutes les paroles, nous en donneront une idée.

Au 30 novembre 1941, avaient été expédiés : 18.163.122 kilos de pain de guerre ; 3.102.012 kilos de viande ; 498.711 kilos de couscous ; 112.597 kilos de légumes secs ; 184.695 kilos de légumes verts ; 1.390.488 kilos de dattes ; 483.356 kilos de fruits divers ;

23.902 kilos de noix de kola ; 54.315 kilos de riz ; 1.083.175 kilos de confitures ; 58.613 kilos de confiserie ; 593.323 kilos de sucre ; 136.563 kilos de pâtes ; 1.092.199 kilos de poissons ; 104.801 kilos de fromage ; 248.640 kilos de chocolat ; 12.989 kilos de matières grasses ; 12.234 kilos de thé menthe ; 9.371 kilos de sel ; 1.623 kilos de café ; 62.536 kilos d'arachides ; 38.553 divers ; 585.326 kilos de tabac ; 767.194 couvertures ; 622.335 capotes ; 621.535 vareuses ; 666.240 pantalons ; 624.729 paires de chaussures ; 346.034 bonnets de police ; 162.955 paires de molletières ; 415.892 jerseys ; 621.626 chemises ; 506.984 caleçons ; 537.701 paires de chaussettes ; 811.326 mouchoirs-serviettes ; 746.214 effets chauds ; 153.791 paires de gants ; 3.161 chèches ; 9.070 chéchias ; 117.722 paires de sabots-chaussons.

Signalons aussi le gros effort accompli par l'aumônerie des prisonniers de guerre, qui a envoyé plus de deux mille autels portatifs et plus de 250.000 exemplaires de manuels « Prières du prisonnier ».

De nouvelles énergies sont sans cesse nécessaires pour maintenir et perfectionner encore l'œuvre organisée. Les Français n'oublieront pas leurs frères derrière les barbelés. » (Informations générales, pp. 486-487 / Ministère de l'Intérieur 1942-79)

Marseille, samedi 15 novembre 1941 201-1

Lettre de l'oncle Fernand Flochlay à Louis et Léonie

Chers Léonie et Louis,

Que faites-vous en votre bonne ville de Tarbes ? Pas de nouvelles depuis le début d'août, où je suis encore au regret de n'avoir pu répondre à votre aimable invitation de vacances. Les déplacements à ce moment étaient tellement difficiles et ils le sont encore plus que j'ai hésité pendant quelques jours à vous répondre affirmativement. Je ne pense pas que ce soit ce retard qui soit la cause du manque de nouvelles. Je n'ajouterai pas grand-chose à ma dernière lettre sur la question du ravitaillement à Marseille, si ce n'est qu'elle s'est aggravée d'une façon encore plus aigüe dans toutes les branches d'alimentation. Nous en sommes réduits à prendre une longue-vue le matin, pour savoir ce qu'il pourra nous arriver du ciel pour notre assiette à midi. Hélas, bien des fois la question a été tranchée par un repas tout à fait sommaire. Je vous en passe le détail. Aujourd'hui, nous sommes aux betteraves ! Comme le journal le faisait remarquer avec raison et récrimination, la betterave n'est pas un plat à servir pendant 15 jours. Il y a d'autres légumes, où sont-ils, pas à Marseille sûrement et personne n'en apporte ! Aussi, je viens vous demander si votre région est mieux pourvue que la nôtre et puisque les colis familiaux sont autorisés, d'avoir l'obligeance de ramasser par-ci par-là, quelque chose, des légumes frais ou secs, des pommes de terre, carottes, navets, etc. et de les expédier. Cela nous permettrait d'attendre de meilleurs jours, car ils viendront, on nous les promet pour …… dans une quinzaine ! Toutefois, je ne veux pas que cela vous fasse faire des dépenses, étant donné que vous en avez déjà toute la peine. Veuillez aussi accepter mon petit envoi ci-joint pour vous faciliter l'expédition demandée. Si vous ne pouvez réaliser ce que je vous demande, envoyez un colis à votre cher prisonnier, de qui vous me donnerez des nouvelles dans votre prochaine lettre, car moi je n'ai plus les moyens de correspondre avec lui. Marie se lamente de ces privations, elle chante les litanies dans son placard à provisions le matin en se levant, pour que la manne céleste nous arrive ! Elle a beaucoup maigri, quant à moi je me maintiens assez bien avec quelques centimètres en moins en grosseur, mais pas en hauteur. Bonne santé à tous trois, car je pense que la maman de Léonie est avec vous, et en attendant de vos nouvelles, je vous embrasse affectueusement, du fond du cœur. Fernand Flochlay

(Réponse le 25/11/41 avec colis de 18 kilos.)[36]

Décembre 1941

Rappel historique, 1er décembre 1941 : « Lundi 1er décembre, à Saint-Florentin-Vergigny (Yonne), le Maréchal Pétain, chef de l'État français, et le Maréchal du Reich Goering ont eu un long entretien sur les questions qui intéressent l'Allemagne et la France. » (Informations générales, p. 641 / Ministère de l'Intérieur 1941-67)

CIRCULATION DES POMMES DE TERRE

« Le gouvernement a décidé, à dater du 1er décembre, de subordonner la circulation des pommes de terre aux conditions ci-dessous :

I. Suppression de la tolérance de 10 kilos. — La tolérance des colis à main de 10 kilos est supprimée à partir du 1er décembre.

Tout transport de pommes de terre sans autorisation est donc formellement prohibé ; toute marchandise circulant en fraude sera saisie et confisquée sans préjudice d'autres poursuites.

II. Conditions de l'expédition et du transport des pommes de terre au profit de leurs familles par les citadins qui détiennent un stock à la campagne. — L'arrêté qui paraît au J. O. permettra aux habitants de l'agglomération parisienne et de quelques grandes villes, au profit desquelles les préfets décideront l'extension du régime prévu, de faire venir contre abandon de leurs feuilles de tickets de pommes de terre le stock familial qu'ils détiennent dès maintenant à la campagne, ou qu'un parent cultivateur est disposé à leur expédier.

Dans ces villes des bureaux seront ouverts pendant les premiers jours de décembre par les soins des maires. Des formules de demandes d'autorisation de transports seront à la disposition des citadins qui devront remplir une formule et abandonner une feuille de tickets de pommes de terre pour obtenir en échange l'autorisation de transport d'un sac de 50 kilos. Cette délivrance des autorisations ne fonctionnera que pendant quelques jours et sera arrêtée au plus tard le 15 décembre.

Muni d'une autorisation pour un envoi de 50 kilos, le citadin adressera cette autorisation à son expéditeur et pourra faire venir son sac de pommes de terre comme il lui plaira.

Les citadins qui auront fait remise de leurs feuilles de tickets pour obtenir l'envoi d'un colis familial de pommes de terre ne pourront en aucun cas profiter d'une distribution quelconque de pommes de terre à la ville, avant le 1er avril 1942. Il est donc recommandé aux familles qui disposent de plusieurs cartes de pommes de terre de ne pas utiliser toutes ces feuilles pour l'envoi de colis familiaux, mais au contraire d'en conserver un certain nombre à la ville notamment pour s'approvisionner entre le 1er décembre et la date de réception, peut-être tardive, du colis. »

(Informations générales, p. 625/Ministère de l'Intérieur 1941-66)

CIRCULATION DES AUTOMOBILES ET VÉLOMOTEURS

« Depuis le 1er décembre les autorisations de circuler imprimées en caractères rouges sur fond chamois ne sont plus valables. En conséquence tout propriétaire de véhicule automobile ou de vélomoteur qui n'a pas reçu à cette date l'autorisation sur nouveau modèle ne doit plus circuler.

Un service de contrôle est institué pour assurer une police rigoureuse de la circulation et vérifier les conditions d'utilisation des autorisations.

À ce sujet, il est précisé que l'usage d'un permis de circuler est considéré comme abusif lorsque le véhicule est utilisé :

- pour effectuer un voyage touristique ou une promenade familiale ;

- pour se rendre à la chasse ou à la pêche ;

- pour aller au restaurant, au café, au théâtre, au cinéma, et en tout autre lieu de distraction et de plaisir ;

- pour aller du domicile au lieu de travail (sauf les cas spéciaux où l'autorisation de circuler est précisément accordée pour ce motif).

Les infractions à cette réglementation seront désormais, indépendamment des poursuites correctionnelles, sanctionnées soit par la mise en fourrière du véhicule, soit par le retrait temporaire ou définitif de l'autorisation de circuler et du permis de conduire. » (Informations générales, pp. 628-629 / Ministère de l'Intérieur 1941-66)

2 décembre 1941 : « Les décisions des assemblées d'actionnaires des Sociétés françaises devront être soumises aux autorités allemandes. » (3) p. 96

5 décembre 1941 : NOUVELLES ADOPTIONS DE COMMUNES OCCUPÉES « Selon le désir du secrétariat général de la jeunesse, les villes de la zone libre adoptent les communes de la zone occupée et se chargent de leur distribuer ou de leur faire parvenir tous les secours dont elles peuvent disposer.

La Haute-Garonne a adopté les communes de Beauvais, Breteuil, Abancourt, Carlepont, Attichy, Chiry, Ourscamp. Dans le Tarn-et-Garonne, Montauban a adopté Creil ; Castelsarrasin : Jauly ; Valence : Guise-la-Motte ; Grisolles : Erquinvilliers.

Le département de l'Ariège a adopté : Sommain, Saint-Omer-en-Chausses, Saint-Martin-Largneau. » (Informations générales, p. 804 / Ministère de l'Intérieur 1941-69)

8 décembre 1941 : « L'ambassadeur du Japon en France, M. Sotomatsu Kato a été reçu le 8 décembre par l'amiral Darlan, vice-président du Conseil, qu'il a informé de l'état de guerre survenu le 7 décembre entre le Japon et les États-Unis. » (Informations générales, p. 704/Ministère de l'Intérieur 1941-68)

10 décembre 1941 : « Mercredi 10 décembre, a eu lieu à Turin, un long entretien entre le Comte Ciano, ministre des Affaires étrangères d'Italie, et l'amiral Darlan, ministre des Affaires étrangères de l'État français. » (Informations générales, p. 701 / Ministère de l'Intérieur 1941-68)

13 décembre 1941 : RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS D'ITALIE « Communiqué officiel n° 80 de la direction du service des prisonniers de guerre en date du 13 décembre 1941 :

Le Gouvernement italien ayant accepté de libérer la totalité des prisonniers de guerre français internés en Italie, la direction du service des prisonniers de guerre porte à la connaissance des familles qu'un convoi comprenant 1 officier et cent trente-six sous-officiers, caporaux et hommes de troupe est arrivé le 13 décembre 1941 en gare de Grenoble. » (Informations générales, p. 729 / Ministère de l'Intérieur 1941-69)

14 décembre 1941 : RÉPRESSION DU TERRORISME

« Le secrétariat général de la vice-présidence du conseil nous a communiqués :

Les attentats commis contre les officiers et soldats de l'armée d'occupation constituent pour la France un danger national.

Le Maréchal n'a cessé de le dire et de le proclamer dans ses messages comme dans ses télégrammes.

Les plus hautes autorités politiques, administratives et spirituelles de la France l'ont redit encore avant-hier avec force.

Le gouvernement rend aujourd'hui publiques les mesures exceptionnelles de répression qu'il vient d'édicter pour atteindre non seulement les auteurs immédiats des attentats, mais encore les responsables, directs ou indirects, de cette fièvre de meurtres.

D'incessantes recherches, suivies d'arrestations massives, ont formellement établi que ces responsables étaient à la fois :

— des étrangers (parachutistes, détenteurs d'explosifs, hommes de main de l'ancienne Tchéka espagnole) ;

— des juifs ;

— des communistes.

Les mesures décidées par le gouvernement sont les suivantes :

1. Pour les étrangers pris en flagrant délit d'excitation au crime : cour martiale et mort.

2. Pour tous les juifs résidant sur l'ensemble du territoire et entrés en France depuis le 1er janvier 1936 : groupement, selon les cas, dans des compagnies de travailleurs ou dans des camps.

3. Pour les communistes, 1.850 arrestations massives entreprises depuis trois jours dans les grands centres de la zone libre au sein des milieux communistes et terroristes. »

MESURES PRISES PAR LES AUTORITÉS D'OCCUPATION

« Les autorités allemandes de la zone occupée ont publié cet avis :

Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont, de nouveau, été commis contre des membres de l'armée allemande.

Ces attentats ont pour auteurs des éléments parfois même jeunes à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des bolcheviks, et agissants selon les mots d'ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas les assassins n'ont pu être arrêtés.

Pour frapper les véritables auteurs de ces lâches attentats, j'ai ordonné l'exécution immédiate des mesures suivantes :

1° Une amende d'un milliard de francs est imposée aux Juifs des territoires français occupés ;

2° Un grand nombre d'éléments criminels judéobolcheviks seront déportés aux travaux forcés à l'Est. Outre les mesures qui me paraîtraient nécessaires, selon les cas, d'autres déportations seront envisagées sur une grande échelle si de nouveaux attentats venaient à être commis ;

3° 100 juifs communistes et anarchistes qui ont des rapports certains avec les auteurs des attentats seront fusillés.

Ces mesures ne frappent point le peuple de France, mais uniquement des individus qui, à la solde des ennemis de l'Allemagne, veulent précipiter la France dans le malheur et qui ont pour but de saboter la réconciliation entre l'Allemagne et la France. Paris, 14 décembre 1941

Der militarbefehlshaeber in Frankreich,

Von Stulpnagel, général der infanterie. »

(Informations générales, pp. 724-725 / Ministère de l'Intérieur 1941-69)

20 décembre 1941 : L'INSIGNE DE FIDÉLITÉ AU MARÉCHAL

« Les fonctionnaires, comme les élèves des différentes écoles n'étaient pas autorisés, jusqu'à présent, à porter aucun insigne d'affiliation à un parti ou groupement quelconque. Un arrêté du ministre secrétaire d'État à l'intérieur, en date du 15 novembre dernier et paru au J. O. du 20 décembre, autorise désormais ces catégories de citoyens au port du nouvel insigne créé par cet arrêté. Il y a lieu de préciser d'autre part, que ce nouvel insigne, consistant en un écusson où la francisque gallique se détache sur le fond blanc et dont le port constitue un témoignage de fidélité au maréchal de France, chef de l'État, ne doit pas être confondu avec la francisque gallique elle-même réservée à un petit nombre de personnes. » (Informations générales, p. 760 / Ministère de l'Intérieur 1941-69)

25 décembre 1941 : « Le gouvernement français décide la réquisition des blés et des seigles, battus ou non battus, non encore livrés aux stockeurs. » (3) p. 105

RECOMMANDATIONS ÉPISCOPALES

« Dans une lettre pastorale adressée à ses diocésains, Mgr Maisonobe, évêque de Belley, dégage la leçon de charité que comporte la fête de Noël et qui, en raison même des circonstances, doit être mieux comprise que jamais. À l'heure où tant de personnes souffrent, il importe que l'esprit de charité anime tous les Français qui apprendront, auprès de la crèche, les exigences et les délicatesses de ce grand devoir ; Noël doit être également un symbole de cette union si nécessaire au salut du pays. C'est le même thème que développe, de son côté, Mgr Delay, évêque de Marseille, qui invite ses diocésains à se soumettre à la loi du sacrifice, condition de toute rédemption.

Il serait indigne d'un chrétien de se prêter à la moindre compromission en vue d'éviter gêne, restrictions ou souffrances. Ces recommandations traduisent, d'ailleurs, simplement l'enseignement traditionnel de l'Église, au nom duquel Mgr Delay, en concluant, demande à ses fidèles d'être des citoyens attentifs au « bien commun » et toujours disposés à « servir ».

Au cours d'une conférence synodale faite au clergé de son diocèse, Mgr Durand, évêque d'Oran, après avoir souligné le rôle essentiel de la Légion des Combattants et des volontaires de la Révolution nationale dans l'œuvre de redressement de la France, s'est déclaré favorable à l'admission de ses prêtres et séminaristes au sein du grand mouvement national.

Lui-même n'a-t-il pas déjà donné l'exemple en s'inscrivant parmi les tout premiers ?

Toutefois, l'évêque d'Oran juge que la présence de membres du clergé dans les comités directeurs n'est pas désirable. Elle peut, en effet, gêner l'exercice de leur ministère et prêter à certaines critiques.

Le fait pour les prêtres de rester dans le rang empêchera les esprits tendancieux d'accuser de cléricalisme le nouveau régime. » (Informations générales, pp. 66-67 / Ministère de l'Intérieur 1942-72)

28 décembre 1941 : RATIONNEMENT POUR LE MOIS DE JANVIER

« Le J. O. du 28 décembre a publié un arrêté fixant les taux des rations pour le mois de janvier. Ces rations restent les mêmes que précédemment pour les denrées de première nécessité, sauf pour la viande.

La faiblesse de nos ressources en viandes oblige non seulement d'en limiter la ration à 125 grammes par semaine dans les communes rurales comme précédemment, mais également de prévoir une diminution éventuelle à 180 grammes par semaine de la ration allouée aux consommateurs des centres urbains ; toutefois, si les disponibilités locales le permettent, la ration pourra être augmentée dans la limite de 250 grammes pour ces derniers centres.

En revanche, il sera distribué ce mois-ci une ration de 250 grammes de pâtes alimentaires à tous les consommateurs, y compris ceux des communes rurales. Et, d'autre part, la catégorie J 2 bénéficiera d'une allocation de 200 grammes de riz comme la catégorie J1.

Enfin, les préfets fixeront par arrêté la composition de la ration de café mélangé qui devra obligatoirement comporter 60 grammes de café pur avec une proportion de succédanés variable selon les approvisionnements des départements. » (Informations générales, p. 832 / Ministère de l'Intérieur 1941-69)

31 décembre 1941 : DÉNOMBREMENT DES PRISONNIERS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

« Selon les autorités allemandes, à la date du 31 décembre 1941, les chiffres officiels des officiers, sous-officiers et hommes de troupe détenus en Allemagne s'établissaient comme suit :

Officiers : 23.664.

Sous-officiers et soldats : 1.178.007.

À ces chiffres, il conviendrait d'ajouter environ 55.000 prisonniers détenus dans les Frontstalags.

L'effectif total des prisonniers appartenant à l'armée française se trouverait donc être d'environ 1.256.671 à la date du 31 décembre 1941. » (Informations générales, p. 253 / Ministère de l'Intérieur 1942-89)

ENVOIS DE COLIS À NOS PRISONNIERS POUR L'ANNÉE 1941

Le Secrétariat d'État à la Guerre nous a communiqué :

« Il y a intérêt à faire connaître au public les conditions dans lesquelles, au cours de l'année 1941, les colis destinés aux prisonniers de guerre ont été acheminés sur l'Allemagne, à partir de Paris-La-Chapelle, par les soins des P. T. T. et de la S. N. C. F.

168 trains, comprenant 5.644 wagons chargés de 14.558.000 colis (4.321.000 paquets-poste et 10.237.000 colis postaux) ont été expédiés entre le 1erjanvier et le 7 décembre, soit, en moyenne : 1.200.000 colis par mois.

Les autorités allemandes avaient fait connaître que l'expédition des colis sur l'Allemagne serait suspendue entre le 1er et le 25 décembre. Les familles des prisonniers et les organes d'assistance aux prisonniers, informés par un communiqué à la presse et à la radio, ont, en conséquence, déposé dans la deuxième quinzaine de novembre les colis qu'ils se proposaient d'expédier aux prisonniers à l'occasion de Noël.

Le trafic a été ainsi doublé pendant cette période et les services de la S. N. C. F. et des P. T. T. ont dû y faire face dans des conditions difficiles du fait de l'arrivée tardive des wagons et de l'insuffisance du local de Paris-La-Chapelle.

Douze trains, comprenant 30 wagons, chargés de 1.200.000 colis (249.000 paquets-poste et 951.000 colis postaux), ont cependant été expédiés entre le 16 et le 30 novembre 1941, mais, malgré ces envois massifs, les services se sont trouvés, le 1er décembre au matin, en présence de 450 wagons de colis non triés qu'il fallait décharger, répartir une première fois, par séries de numéros, puis par wagons directs à destination de chaque camp.

Grâce à la compréhension du Colonel, Docteur Muller, feldposmeister en France, qui intervint efficacement auprès des services ferroviaires allemands, les expéditions de wagons sur les camps de prisonniers purent être continuées après le 1er décembre. D'autre part, en vue de réduire les délais de manipulation de l'important reliquat de colis qui restait en instance à Paris-La-Chapelle, l'administration des P. T. T. offrit à la S. N. C. F. de prendre à sa charge la première partie du tri des paquets et y affecta une centaine d'agents prélevés sur les bureaux de Paris. Énergiquement conduits, ces agents entraînèrent les trieurs du deuxième échelon, à une cadence de travail particulièrement rapide. Par ailleurs, les wagons furent chargés à bloc, ce qui permit d'en réduire le nombre. Il est à signaler à cette occasion que les colis de Noël étaient plus volumineux que les colis habituellement envoyés.

Grâce à ces dispositions, les 577.000 colis (37.000 paquets-poste et 540.000 colis postaux) restant en instance dans les 450 wagons non encore déchargés au 1er décembre furent acheminés entre le 1er et le 7 décembre par sept trains comportant au total 277 wagons.

La situation était complètement « au pair » le 8 décembre et, dans ces conditions, la distribution des colis de Noël aux prisonniers de guerre ne sera pas retardée. Les colis parvenus à Paris-La-Chapelle avant le 15 décembre seront confiés à la feldpost dans la mesure de la place dont elle disposera dans son train journalier pour l'Allemagne. » (Informations générales, pp. 813-814 / Ministère de l'Intérieur 1941-69)

SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Le J. O. du 31 décembre a publié la 13e liste des fonctionnaires et agents civils et militaires, membres de sociétés secrètes, ayant souscrit une fausse déclaration. » (Informations générales, p. 18 / Ministère de l'Intérieur 1942-71)

Marseille, lundi 1er décembre 1941 201-2

Lettre de l'oncle Fernand Flochlay à Louis et Léonie.

Bien chers Léonie et Louis,

Vos bonnes et longues nouvelles me sont arrivées jeudi dernier, attendues avec autant de désir que de plaisir, car j'en étais privé depuis quelque temps. Hier dimanche, pour compléter un menu d'anniversaire plus que maigre, votre colis m'a été apporté : c'est vous dire s'il a été le bienvenu et vous avez contribué de loin au renouvellement d'une année de plus sur le dos, qui était une véritable fête il y a quelque dix ans, lorsque ma chère Lucie était encore près de moi et se multipliait pour le rendre aussi joyeux que succulent. Aussi donc, grand merci pour tous deux et pour tout le contenu de votre envoi, arrivé en parfait état. Je suis resté extasié devant la composition de celui-ci en sélection de produits !! Toutes mes félicitations pour le choix. Il est bien certain que vous auriez pu parcourir toute la ville, ici, du matin au soir, que vous n'auriez pas trouvé, tout ce que vous avez envoyé, c'était merveilleux. La dégustation ne s'est pas fait attendre, le saucisson en a payé les premiers frais, les légumes aussi, et les cigarettes ont clôturé la séance. Je savais, que la maison Durrieu devait être un centre de ravitaillement[37] et que vous deviez vous multiplier pour beaucoup, afin de donner satisfaction, c'est pour cela que j'apprécie encore davantage toute la peine que vous avez du vous donner surtout par ce temps de raréfaction. Depuis ma dernière lettre, il s'est produit un petit incident fâcheux, aujourd'hui disparu, mais qui aurait pu être plus grave. À la suite, soit de la mauvaise qualité du charbon livré à la petite mesure ; soit le mauvais fonctionnement de la cuisinière ; il y a une huitaine de jours, nous avons été intoxiqués Marie et moi, pendant la nuit, par l'oxyde carbonique. Il a fallu le secours de voisins bien dévoués, pour arriver à nous ranimer, j'étais parti pour l'au-delà, il a fallu, frictions, etc. pour me réveiller. Marie un peu plus alerte, quoiqu'à moitié endormie avait pu donner l'alarme. Enfin depuis lundi dernier, nous avons repris notre aplomb, quoiqu'affaibli par les restrictions, ne pouvant d'autre part se soigner ni comme l'on voudrait ni comme il le faudrait. Je suis heureux que vous ayez de bonnes nouvelles de Léon, quoique rares hélas, mais enfin avec beaucoup de patience, et lui doit en avoir plus que nous, nous verrons bien je l'espère la fin de cette situation catastrophique. Sur ce, encore confus de la peine que je vous ai donnée, merci pour toutes vos attentions, bonne santé à tous trois, bon souvenir de Marie.

Je vous embrasse affectueusement, de tout cœur.

Fernand Flochlay

Toulouse, dimanche 28 décembre 1941 201-3

Lettre d'Anna Tissinier à Léonie et Louis.

Bien chers cousins,

Nous avons reçu le mandat suivi de votre lettre ainsi que le colis qui nous est parvenu en bon état. Je vous assure que cela nous a fait beaucoup de plaisir et que son contenu nous rendra bien service. Nous avons pu faire, grâce à vous, une bonne soupe aux choux et Marcelle a été heureuse de goûter aux oranges car ici on n'en a pas encore vu. Enfin le tout a été le bienvenu et nous voyons que vous avez pensé à tout. Nous vous en remercions beaucoup, mais c'est vraiment trop tout cela, il ne fallait pas faire toutes ces dépenses.[38]

Quant à moi, chère Léonie, je suis très heureuse que tout aille bien et je ferai aussi avec plaisir pour le mieux, quand tu auras besoin d'autre chose. Nous avons été bien contentes de recevoir une autre photo de Léon et voyons qu'il ne nous oublie pas, le pauvre. Il a toujours le même air souriant… Que vous dit-il, sur les lettres ? Espérons que nous le reverrons bientôt.

Ici, jusqu'à présent, l'hiver n'a pas été trop rigoureux, le temps est plutôt humide. Je vois qu'à Tarbes, vous avez déjà eu de la neige. Nous pensons que Louis va mieux de son rhume et que toi Léonie tes engelures vont mieux aussi.

Hortense est venue à Toulouse pour 2 ou 3 jours ; elle est venue nous dire bonjour, mais étant pressée elle n'est restée qu'un quart d'heure à la maison. Elle repartait le lendemain ; ils sont en bonne santé et ils pensent rester là-haut tout l'hiver.

Bien des choses à Léon et à tante pour nous. Je termine en vous adressant chers Louis et Léonie, au nom de toute la famille, nos souhaits bien sincères pour l'année qui commence. Espérons qu'elle nous apportera la fin de tous les soucis moraux et matériels que nous endurons tous. Donc, Bonne Année, merci encore et affectueux baisers de nous toutes pour vous deux. Anna

P.S. Il nous arrive de gros ennuis, Juliette est obligée de se faire opérer de l'estomac. Ce sera pour le courant du mois de janvier. Je vous tiendrai au courant, mais n'en parlez pas sur vos lettres car maman et Marcelle ne le savent pas encore.

Fin de correspondance 1941

Léon Noguéro

Notes 1941 :

Léonie et Louis auront expédié à Léon 16 colis[39] durant toute l'année 1941 (non compris 2 colis vêtement/linge divers) pour un poids total de 57 à 60 kg de produits alimentaires.

Ce calcul ne prend pas en compte quelques colis expédiés par la mairie de Tarbes, les anciens combattants ou d'autres associations portant secours aux prisonniers de guerre et qui ont bénéficié de vignettes d'expédition remises par Léonie. Bien que disposant du contenu de chaque colis expédié en 1941, le montant en est difficilement chiffrable faute de pièces justificatives conservées par Louis et Léonie.

À la suite de nombreux changements intervenus dans son affectation, la correspondance entre Léon et ses proches durant cette période est également assez lacunaire et réduite. Par ailleurs, il ne faut pas écarter les difficultés rencontrées par les autorités militaires allemandes pour mettre en application les nouvelles dispositions d'acheminement du courrier et des colis qui ont été prises à partir du 1er janvier 1941.

Münster, Mecklenbeck, 1941-1942


[1] Il est exigé des fonctionnaires la prestation de « serment » selon la formule : « Je jure fidélité à la personne du Chef de l'État et je m'engage à exercer ma charge pour le bien de l'État, selon les lois de l'honneur et de la probité ».

[2] Colis n°10 de 5 kg expédié le 23/11/1940 et contenant : 1 pull kaki, 1 chemise, 1 caleçon laine, 1 paire de chaussettes, 1 mouchoir, 1 paquet de biscuits Brun, 1 boîte fromage, 1 boîte de pâté, 1 boîte de confitures, 2 tablettes de chocolat, 15 biscuits soldat, figues et prunes, 3 boîtes Car, 1 morceau de savon, 2 paquets cigarettes.

[3] Colis n°11 de 1 kg expédié le 02/12/1940 et contenant : 1 boîte sardines à l'huile, 7 biscuits de Cadéac, 5 barres de chocolat, 4 morceaux de sucre.

[4] 12e et dernier colis de l'année 1940 expédié le 06/12 comprenant : 1 boîte pâté, 1 paquet biscuits Brun, 1 paquet cigarettes, 1 paquet dattes, 10 mx sucre, 1 bout savon, 2 tablettes chocolat, 1 boîte Car.

[5] Colis n°1 de 1 kg expédié le 03/01 et contenant : 1 petit saucisson, 1 boîte fromage, 1 boîte de pâté, 1 tablette de chocolat, 1 mouchoir, 15 biscuits, 7 morceaux de sucre.

[6] Colis n°2 de 1 kg expédié le 08/01 et contenant : 1 pain recuit (4 francs), 1 tablette de chocolat.

[7] Carte vendue 5 c. dans tous les bureaux de Poste.

[8] Hélène

[9] Notes : Du 2 février au 25 avril 1941, à la suite des nouvelles restrictions établies par les autorités allemandes pour l'envoi des colis aux prisonniers de guerre, Léon aura passé près de 3 longs mois d'hiver (82 jours) sans recevoir de colis de ses proches.

[10] Jean Caparroi, né le 17/12/1908 à Asté (Hautes-Pyrénées), 1re Cl., 14e R.T.S., camarade de kommando avec lequel il partagera, durant près de 3 années, sorties et popotes régulières.

[11] Colis n°7 (non reçu) de 5 kg (vignette bleue) expédié le 16/07 et contenant : 700 g haricots secs, 1 boîte confiture aux pommes, 1 boîte bœuf aux légumes, 1 boîte de pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte de coquillettes, 4 portions fromage, 1 boîte de thon à la tomate, 1 paquet de fruits secs, 2 potages Maggi et 4 Kubs, 1 paquet pâte d'amandes, 30 mcx de sucre, 8 biscuits, 1 tablette de chocolat, 1 bout de savon, 1 paquet-tabac, 1 boîte de bonbons Car.

[12] Le 1er colis avec vignette « bleue » alimentation de 5 kg expédié le 03/04/41 et contenant : 1 kg pain recuit, 1 boîte de pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte casse-croûte, 1 boîte poisson, 1 boîte lait sucré, 1 boîte pastille Valda, 30 mcx sucre, 1 paquet de noix décortiquées, 1 tablette de chocolat, saucisse et petit saucisson, 1 bout de ventrèche, 16 portions de fromage, 13 biscuits soldat, 3 boîtes Car réglisse, 1 paquet-tabac, 1 paquet cigarettes, 2 paquets figues.

Suivra également :

Un colis n°2 de 1 kg 500, vignette « rouge » contenant 1 paire de sandales corde, 1 chemisette, 1 torchon, 1 paire de chaussettes, 1 vieux mouchoir, 1 savon à barbe, 1 savon ordinaire, 1 paquet-tabac, 1 paquet cigarettes, 1 boîte Car, 1 brin muguet.

[13] Un colis n°3 de 5 kg expédié le 13/05 et contenant : 8 gros biscuits, 250 g de coudes, 1 kg 400 haricots secs, 750 g de ventrèche, 1 tablette chocolat, 2 boîtes de pâté, 1 boîte de sardines, 6 portions fromage, 10 mcx de sucre, 1 bout de savon, 125 g amandes, 1 paire de gants.

[14] Voir note 28 : 1er colis.

[15] Le Commissariat aux questions juives publie le communiqué suivant : « Un grand nombre d'israélites qui croient pouvoir demander une dérogation aux interdictions prononcées par la loi du 2 juin 1941, se figurent que cette demande de dérogation les dispense d'obéir aux prescriptions de la loi qui prévoit le recensement des israélites. Le Commissaire général aux questions juives précise que cette opinion ne saurait prévaloir et que les demandes de dérogation ne peuvent, en aucun cas, justifier un israélite de ne pas faire la déclaration prescrite par la loi sur le recensement. » (Informations générales, p. 29 – Ministère de l'Intérieur 1941-III)

[16] Un colis n°4 de 5 kg expédié le 09/06 et contenant : 700 g haricots, 1 boîte lait sucré, 250 g de coquillettes, 1 boîte de dattes, 2 boîtes de pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte tomate, 1 saucisson, 1 bout de jambon, 8 gros biscuits soldat, 10 des petits, 1 fromage rond et 3 portions, 1 tablette de chocolat, 1 paquet d'amandes, bonbons d'Hélène, 1 paquet cigarettes, 1 boîte coco, 30 mcx de sucre, fleurs, 3 photos Hélène, Louis et maman, (la mienne dans la lettre).

Un colis n°5 de 1,7 kg expédié le 17/06 et contenant : 1 paire de sandales marron, 1 paire de moufles, 1 morceau de savon, 1 gros paquet-tabac, bonbons, 6 livres.

[17] En exécution de l'ordonnance du haut commandement allemand du 30 juin 1940, les armes de chasse détenues par la population française ont été, dans la zone occupée, déposées dans les kommandanturen, les mairies et les commissariats de police. (Informations générales, p. 22 – Ministère de l'Intérieur 1941-III)

[18] « Le service diplomatique des prisonniers de guerre, que dirige M. Georges Scapini, avec rang et prérogatives d'ambassadeur est organisé par le décret du 23 juin publié au J.O. du 7 août 1941. » (Informations générales, p. 368 / Ministère de l'Intérieur 1941-III)

[19] Un colis n°6 de 2,350 kg expédié le 04/07 (vivres avec vignette rouge) contenant : 4 gros biscuits, 16 des petits, 1 boîte de pâté, 1 boîte de sardines, 1 boîte tomate, 1 boîte fromage, 1 paquet de fruits secs, 1 pierre Gibbs, 1 paquet pâte savonneuse, 2 potages Maggi, 1 tablette chocolat et 2 carrés, 16 mcx de sucre, 1 boîte bonbons Car, 1 paquet cigarettes.

Un colis n°8 de 5 kg expédié le 27/07 et contenant : 1 pain recuit, 1 boîte haricots cuisinés, 1 boîte veau jardinière, 1 boîte bœuf aux pommes, 1 boîte confiture poires, 1 boîte fromage, 1 boîte de Cachou, 2 boîtes de sardines, 2 boîtes de pâté, 1 boîte de coquillettes, 1 tablette chocolat, 1 saucisson, 2 potages Maggi, 1 paquet-tabac, 1 paquet cigarettes, 1 bout de savon, quelques biscuits.

[20] N.B. : « On entend par dignitaire, tout franc-maçon dont le grade est supérieur au 3e degré. On entend par Officier de loge tout franc-maçon qui a rempli une fonction dans un atelier. »

[21] « Revenant du camp d'Elsterhorst en Silésie. »

[22] Formule du « serment » pour les militaires : « Je jure fidélité à la personne du Chef de l'État, promettant de lui obéir en tout ce qu'il me commandera pour le bien du service et le succès des armes de la France. »

[23] Par « combattants des deux guerres » il convient de comprendre ici seulement ceux ayant participé aux deux conflits (14-18) et (39-40).

[24] Message radiodiffusé du 13 août 1941.

[25] « En 1958, nous sommes allés camper à Constance et là, je me suis dit que je n'étais pas tellement loin de notre ancien camp puisque toutes les firmes qui travaillaient dans la forêt étaient des environs. J'ai pu avoir une carte d'État-Major et, effectivement, j'ai trouvé un petit point noir : URLAU. Nous sommes donc partis de bon matin et j'ai trouvé Urlau la gare : un tout petit bâtiment avec un non moins petit quai et très content, j'ai continué et suis tombé sur le camp. Disons les vestiges car il ne restait que deux baraques non habitées. Tu dois te souvenir que tout près, il y avait l'entrée de la fameuse forêt de sapins où étaient construits toutes sortes de bâtiments. Il y avait une barrière avec un garde interdisant l'entrée. Je l'ai questionné : il m'a dit qu'effectivement il y avait eu un camp mais n'a pas voulu me dire ce qu'il y avait dans la forêt. Voilà en quelques mots mon pèlerinage à Urlau. » Fernand Robert, Varces, ancien prisonnier évadé du BAB 45, correspondance adressée à Léon le 27 juillet 1990.

[26] Hamm ; ville situé au Sud de Münster.

[27] Sous-entendu : Münster.

[28] Sous-entendu : Cologne pour Köln.

[29] Un colis n°9 de 5 kg expédié le 12/08 et contenant : 1 pain recuit, 30 figues, 1 kg bœuf rôti aux pommes, 1 boîte veau aux haricots, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte porc, 1 boîte de pâté, 250 g de coquillettes, 1 boîte fromage, 1 savon, 1 morceau margarine, 20 mcx de sucre et 2 Kubs de Cadéac, 1 tablette chocolat et quelques petits biscuits.

[30] Formule du « serment » pour les magistrats : « Je jure fidélité à la personne du chef de l'État. Je jure et promets de bien et honnêtement remplir mes fonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de me conduire en tout comme un digne et loyal magistrat. »

[31] En vue de réprimer la propagande subversive dans l'administration, M. Charles Magny, préfet de la Seine, vient d'adresser aux maires de Paris et de la banlieue, ainsi qu'aux directeurs et chefs de service de la préfecture de la Seine, une circulaire ; nous en extrayons ce passage essentiel : « Les chefs de service, chefs de bureau et tous agents chargés d'une autorité quelconque, à quelque degré que ce soit, doivent vous signaler immédiatement, à charge par vous de m'en rendre compte sans retard, tout fait de distribution de tracts ou acte de propagande prohibé, et prendre séance tenante toutes dispositions pour les faire cesser.

Ils ne doivent pas ignorer qu'ils seront eux-mêmes passibles des plus graves sanctions s'ils ne signalent pas sans restriction tous les faits visés par la présente circulaire dont ils auraient connaissance. Les auteurs doivent être à tout prix découverts, et la sanction administrative de la révocation doit intervenir immédiatement sans préjudice des suites judiciaires que les autorités compétentes, pour réprimer, le crime ou le délit constaté, peuvent être appelées à donner à l'affaire. » pp. 175-176, Informations générales – Ministère de l'Intérieur – 1941/III

[32] « L'Amiral Darlan, par une récente circulaire, a précisé les modalités du concours que les agents de l'Administration communale doivent apporter à l'œuvre de Rénovation Nationale entreprise par le Gouvernement du Maréchal. L'effort de relèvement dans lequel le pays tout entier est maintenant engagé exige que, sur le plan communal comme sur le plan départemental et national, soit éliminé tout titulaire d'un emploi public qui se révèlerait incapable de remplir, dans l'esprit de la Révolution Nationale, la charge qui lui est confiée.

En contact permanent avec leurs administrés, les agents communaux sont appelés à exercer une influence sur la population et son moral. Ils sont, par ailleurs, l'objet de l'attention publique et doivent, à ce titre, s'efforcer de toujours montrer l'exemple par leur conscience professionnelle et un dévouement de tous les instants à la chose publique. Les agents communaux devront, eux aussi, être les pionniers de l'ordre nouveau établi par le Maréchal, ordre qui implique la stricte subordination de toute considération de doctrine ou de personne à l'intérêt national.

C'est dans le sens de ces directives que les magistrats municipaux devront agir et se préoccuper d'éliminer des emplois communaux les éléments douteux. Un loyalisme de façade ne saurait suffire et tenir lieu du désir de servir. » pp. 176-177, Informations générales – Ministère de l'Intérieur – 1941/III

[33] Colis n°11 de 5 kg expédié le 29/08 et contenant : 1 pain recuit, 1 boîte bœuf aux légumes, 1 boîte veau aux haricots, 1 boîte confiture fruits, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte pâté, 1 boîte fromage, 1 boîte petits pois, 1 paquet de thé, 1 paquet de coquillettes, 1 tablette chocolat, 1 savon et 1 savonnette, 12 biscuits, ail et oignons.

[34] Colis n°10 de 1,5 kg, vignette rouge, expédié le 23/08 (acheté à la Croix Rouge 23 francs), sans emballage, et renfermant : 500 g pain de guerre, 1 boîte viande, 1 boîte fromage, 32 mcx de sucre, 1 citron, 1 morceau de savon, 1 paquet-tabac, 1 paquet cigarettes. J'ai ajouté : 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte pâté.

[35] Léon quitte enfin et sans regret le camp d'Urlau où il était contraint d'effectuer avec ses camarades des tâches pénibles de terrassement et de gros-œuvre pour une destination militaire incompatible avec son statut de prisonnier de guerre.

[36] L'oncle de Marseille avait joint un mandat de 100 francs. La composition du colis fut la suivante : 1 boîte salsifis à 13 F ; 3 céleris à 9 F ; 1 kilo de carottes à 3,60 F ; 1 kilo oignons à 6,25 F ; 1 kilo de pommes à 19 F ; 1 kilo de poires à 15 F ; 1 kilo de châtaignes à 5 F ; 1 kilo de navets à 3 F ; haricots pour 20 F ; ail et échalotes pour 5 F ; 2 kilos de pommes de terre à 3,90 F ; 1 boîte tomate à 3 F ; 1 kilo de citrouille à 3 F ; 1 saucisson à 50 F ; 2 choux à 2 F ; poireaux pour 5 F, persil, thym ; cigarettes Gitanes à 7,50 F ; port : 25 F, soit un colis que l'on peut évaluer autour de 215 francs.

[37] Réponse avec 2 photos de Léon, le 23.12.1941.

[38] Composition du colis expédié le 23/12/41 : haricots pour 15 F ; pommes pour 16 F ; 2 oranges pour 6 F ; saucisse à 11 F ; lard à 5 F ; pâtes à 3 F ; 6 œufs à 12 F ; 3 kilos de carottes pour 15 F ; 3 kilos de navets pour 9 F ; choux pour 6 F ; poireaux pour 5 F ; céleri pour 11 F ; 4 salsifis pour 12 F ; oignons pour 6 F ; ail pour 6 F ; patates pour 3 F ; citrouille pour 3 F ; persil, thym ; port : 12 F, soit un colis pour une valeur totale de 156 francs.

[39] Suite des colis expédiés en 1941 :

Un colis n°12 de 1,5 kg, vignette rouge, expédié le 20/09 par la Croix-Rouge (coût : 22 francs), sans emballage, renfermant : 500 g pain concentré, 300 g bœuf assaisonné, 250 g chocolat, 150 g sucre, 100 g vermicelle, 2 paquets cigarettes, 1 bout de savon ; plus 2k.600 que j'ai ajouté : 1 boîte bœuf aux légumes, 1 boîte figues au jus, 1 boîte fromage, 1 boîte coquillettes, 1 boîte pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 500 g biscuits, 1 boîte potage.

Un colis n°13, vignette bleue, expédié le 08/10 par la Croix-Rouge (coût : 28,50 francs), renfermant :500 g pain concentré, 300 g viande, 250 g chocolat, 250 g vermicelle, 500 g pâte de figues, 50 g savon, 150 g sucre, 1 paquet-tabac. J'ai ajouté : 1 boîte cacao, thé de Cadéac, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte pâté, 1 boîte macaroni, 1 boîte fromage, 1 savon à barbe (d'Hélène), amandes, gâteaux, Viandox.

Un colis n°14 de 5 kg, vignette bleue, expédié le 27/10 et contenant : 1 saucisson, 1 kg cassoulet de Cadéac, 1 kg pois, 1 boîte veau jardinière, 1 boîte fromage, 1 boîte macaroni, 1 boîte pâté, 1 boîte thon, 1 boîte sardines Achards, margarine, 1 tablette chocolat, savon, 1 boîte Cachous, figues, biscuits, 4 Kubs et 2 potages, 2 bâtons figues (Hélène).

Un colis n°15, vignette rouge, expédié le 08/11 par la Croix-Rouge (coût : 28,50 francs avec boîte) et contenant : 300 g conserve viande, 250 g pâtes, 150 g sucre, 250 g chocolat, 500 g pain concentré, 2 paquets cigarettes, savon. J'ai ajouté : 1 boîte figues au sirop, 1 boîte pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte Cachous, 1 boîte fromage (Hélène), 1 boîte Banania (H), 4 Kubs (H), 1 paquet petits paniers, biscuits.

Le 17/11/41, donné vignette bleue à la Mairie de Tarbes pour colis gratuit de Noël.

Dernier colis n°16 de l'année 1941, vignette rouge, expédié le 13 décembre par la Croix-Rouge (coût 23,50 francs) sans emballage et contenant : 500 g pain concentré, 300 g bœuf assaisonné, 250 g chocolat, 150 g sucre, 250 g pâtes, 2 paquets cigarettes, savon. J'ai ajouté : 1 kg cassoulet, 200 g margarine, 500 g miel (Hélène), 250 g macaroni, 400 g lait Bernia, 1 boîte pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 2 potages pois, ail, bonbons (Hélène).

Captivité 1942

1942

La résistance intérieure et extérieure s'organise. L'occupant allemand impose l'obligation de porter l'« Étoile jaune » aux Juifs avant d'engager des arrestations massives et de les déporter dans des camps de concentration. En juin 1942, « Dans un discours radiodiffusé, M. Pierre Laval demande aux ouvriers français d'aller travailler en Allemagne pour assurer le retour de prisonniers agriculteurs » promettant ainsi le retour d'un P.G.[1] en contrepartie de trois ouvriers spécialisés. « Un comité d'accueil chargé d'apporter une aide matérielle aux prisonniers libérés sera créé dans chaque département. »[2] En novembre, les Alliés débarquent en Afrique du Nord. En représailles, l'Armée allemande occupe la zone Sud de la France. Le 12 novembre 1942, elle occupe Marseille qui se trouvait jusque-là située en Zone libre.

Janvier 1942

Rappel historique, 1er janvier 1942 : « Réquisition générale de tous les exploitants et salariés agricoles par le gouvernement français. » (3) p. 105

LIBÉRATION DE PRISONNIERS NORD-AFRICAINS

« 10.000 prisonniers nord-africains, qui se trouvaient internés dans les environs de Bordeaux, Bayonne, Rennes et dans les Landes, et pour un certain nombre en Allemagne, viennent d'être libérés par les autorités allemandes.

Six trains les ont conduits à Langon où ils furent accueillis et fêtés par les autorités françaises, le sous-préfet de Langon, représentant le préfet de la Gironde, le général Laurent, délégué départemental du comité d'assistance aux prisonniers, M. Capeyron, président du comité départemental d'accueil aux prisonniers libérés, les délégués du Secours national et de la Croix-Rouge de Langon et diverses autres personnalités.

Au poste de douane, installé dans la gare de Langon, ont eu lieu les opérations de libération en présence du sous-préfet qui enregistra le nombre des prisonniers libérés, ainsi que le passage de ceux-ci en zone non occupée.

Le sous-préfet de Langon avait organisé, avec le concours de la Croix-Rouge, du Secours national et du Comité d'assistance aux prisonniers, une distribution de vin chaud, de biscuits, de chocolat et de cigarettes.

Le ravitaillement de chaque convoi put être effectué en quelques minutes grâce au concours des directeurs et directrices des écoles publiques et privées aidés de leur personnel et de leurs élèves.

Les soldats coloniaux libérés ont été très touchés de l'accueil qui leur fut ménagé et des marques de sympathie qu'ils ont reçues des camarades libérés. Ils ont chaleureusement témoigné de leur reconnaissance au moment de leur départ aux cris de « Vive la France ! », « Vive les Français ! », « Vive Pétain ! ». (Informations générales, p. 23 / Ministère de l'Intérieur 1942-71)

4 janvier 1942 : ADMINISTRATION PRÉFECTORALE

Des Bouches-du-Rhône.

Préfet Régional : Bonnafous (H. C.).

Directeur du Cabinet : Coquet (Int.).

Intendants de police : De Rodellec de Porzic et Latham.

Intendant économique : Court.

Préfet délégué : Lacombe (3°).

Secrétaire général : Barraud (H. C.).

Chopin (H. C.).

Sous-Préfets : Aix : Soum (1° cl.)

Arles : De Vallières (1° cl.).

De la Haute-Garonne.

Préfet Régional : Cheneaux de Leyritz (H. C.).

Directeur de Cabinet : Lahilonne (S. P. 1° dir. cab.).

Intendants de police : Danglade et Heyl.

Intendant économique : Cardin.

Préfet délégué : Bezagu (3° cl.).

Secrétaire général : Jean Giraud (H. C.).

Sous-Préfet : Saint-Gaudens : Lapeyrie (1° cl.).

Des Hautes-Pyrénées.

Préfet : Le Gentil (3° cl.).

Secrétaire général : Bonis-Charencle (Int.).

Chef de Cabinet : Debia.

Sous-Préfet : Bagnères-de-Bigorre : Rochefort (2° cl.). »

(Informations générales, pp. 767, 770, 774, 781 / Ministère de l'Intérieur 1941-69)

10 janvier 1942 : DISTRIBUTION DES CARTES DE RATIONNEMENT

« Le secrétariat d'État au ravitaillement nous a communiqués :

Il est rappelé que des instructions ont été données aux établissements départementaux du ravitaillement afin que lorsque les consommateurs se présentent à un bureau de distribution de titres d'alimentation avec un retard dépassant de cinq jours la date de clôture normale de distribution, les tickets d'alimentation qui leur seront délivrés soient amputés des tickets correspondant au délai écoulé depuis cette date.

Il convient cependant d'ajouter que l'amputation ne devra pas être effectuée lorsque les consommateurs pourront établir que leur retard provient d'un cas de force majeure, tel que maladie, voyage, empêchement réel, etc. » (Informations générales, pp. 213-214 / Ministère de l'Intérieur 1942-74)

14 janvier 1942 : « Un décret précise que l'allocation aux vieux travailleurs est incessible et insaisissable jusqu'à concurrence de 2.400 francs, sauf lorsqu'il s'agit du paiement de frais d'hospitalisation. » (3) p. 98

15 janvier 1942 : « En raison de la pénurie de matières premières, des statues de bronze érigées en France sont envoyées à la fonte. Elles pourront être remplacées par des statues de pierre. » (3) p. 108

20 janvier 1942 : TRAFIC CLANDESTIN DE LA CORRESPONDANCE « Il est rappelé au public que tout transport de correspondance, lettres ou plis divers — en dehors de la voie postale, est rigoureusement interdit comme portant atteinte au monopole d'État dévolu à l'administration des P. T. T.

Toute personne se livrant consciemment ou inconsciemment à un trafic clandestin de cette nature tombe sous le coup de la loi et est passible des peines qu'elle prévoit.

Il est donc dans l'intérêt de chacun de se refuser énergiquement à transporter et à distribuer des lettres ou plis divers. Cette recommandation concerne également les militaires de toute arme et de tout grade ainsi que les fonctionnaires et les agents de l'État et des services concédés qui, outre les peines pénales, s'exposeraient à des sanctions disciplinaires graves. »

(Informations générales, pp. 504-505 / Ministère de l'Intérieur 1942-79)

31 janvier 1942 : CLASSIFICATION DES TYPES DE CHAUSSURES « Les chaussures dont l'achat donne lieu à la remise de coupons fixés par la loi du 8 janvier 1941 relative au ravitaillement de la population en chaussures sont classées dans les neuf catégories suivantes :

1re Catégorie : usage travail,

2e - : usage fatigue,

3e - : usage ville,

4e - : fantaisie,

5e - : galoches,

6e - : pantoufles,

7e - : espadrilles et assimilés,

8e - : entièrement en caoutchouc, snowbotts, etc.,

9e - : les chaussures destinées à la pratique des sports.

Ne sont pas soumis à la loi et restent en vente libre :

a) les articles pour enfants jusqu'à la pointure 27 inclus ;

b) les chaussures à semelles de bois dont le dessus est en tissu

lamé or ou argent ;

c) les pantoufles, dont le dessus, la semelle, sont en cuir, tissu ou feutre ;

d) les sabots en bois ;

e) les chaussons dénommés Kroumir.

Les anciens coupons donneront encore droit jusqu'au 30 avril 1942 aux articles correspondants. À l'exception des coupons d'usage qui ne donnent plus droit qu'à des chaussures d'usage de ville. » (Informations générales, p. 493 / Ministère de l'Intérieur 1942-79)

RÉCUPÉRATION ET NÉGOCE DES CHIFFONS

« Un arrêté du 29 janvier 1942 paru au J. O. du 31, a pour but de réglementer le commerce des chiffons vieux et neufs, d'en organiser le ramassage et d'assurer aux négociants en chiffons la protection légale nécessaire au développement de la récupération. » (Informations générales, p. 616 / Ministère de l'Intérieur 1942-81)

Luchon, samedi 3 janvier 1942 201-4

Lettre de Marie Courrège à Léonie

Chère cousine,

C'est avec plaisir que j'ai reçu de tes nouvelles car je croyais que tu m'avais oubliée et je suis heureuse de vous savoir tous en bonne santé. Je suis contente que Léon ait pensé à moi en m'envoyant la photo et je trouve qu'il se porte bien malgré les privations qu'il doit endurer.

Il y a déjà un mois que je n'ai pas de nouvelles de Bertrand, dans sa dernière lettre il me disait qu'il quittait le stalag pour aller travailler dans une usine, comme d'habitude il me demande à manger (haricots, lentilles, oignons, etc.).

Ici aussi la vie est dure, le ravitaillement difficile et à des prix exorbitants. Je ne sais pas ce que j'ai pu faire à Antoinette, il y a déjà un an qu'elle ne m'a pas écrit, ce qui fait que je n'ai su la mort de la tante que dernièrement. De Pauline j'en ai eu des nouvelles aujourd'hui, elle se trouve en Amérique du Sud et se porte très bien, quant à Joseph et sa famille et la femme de Bertrand il y a bientôt longtemps que je n'en ai pas de nouvelles. Je suis malheureuse d'avoir la famille dispersée à travers le monde, quand est-ce que j'aurai le bonheur de voir tous mes enfants près de moi et lorsque ce jour viendra nous irons tous vous voir.

Ces jours-ci, j'ai eu la chance d'acheter un cochon et je l'ai tué, ça m'aidera à faire les colis de Bertrand. Votre cochon doit être beau maintenant, car tante doit bien le soigner.

Pour le moment nous avons un froid rude, mais nous n'avons pas de neige.

Je termine en vous embrassant bien affectueusement, sans oublier Léon et tante et en vous souhaitant à tous une bonne et heureuse année.

J'ai toujours par-ci par-là un peu de travail.

À bientôt de vos bonnes nouvelles.

Marie Courrège

Marseille, 14 janvier 1942 201-5

Lettre de l'oncle de Marseille à Léonie et Louis

Chère Léonie et Louis,

J'ai bien reçu vos deux lettres, y compris les photos de Léon qui paraissent le conserver en assez bonne santé en attendant que le moral puisse l'égaliser. Je vous en remercie ainsi que vos bons souhaits, les miens sont tardifs, mais toujours sincères ; la santé pour tous c'est la seule chose que l'on souhaite voir réaliser en ce moment. Celle-ci nous donnera la force d'attendre de jours meilleurs que je souhaite pour vous le plus rapproché possible.

Ici la vie devient impossible, la rareté des quelques vivres que l'on distribue en quantité minime, n'est pas faite pour faire éloigner la disette… pour ne pas dire autre chose !

Nous avons eu un froid excessif, puis de la glace pendant quelques jours et enfin de la neige hier. Il ne reste plus rien à envier aux Pyrénées. Il faudrait pouvoir par ces temps-là, rester chez soi et attendre les événements, hélas ! Les circonstances ne le permettent guère, de gré ou de force, il faut courir après le ravitaillement.

Marie est grippée en plein et moi je suis clopin-clopant ! Vous voyez d'ici les heureux effets d'un commencement d'hiver.

Il fut un temps où à la Côte d'Azur il n'en existait presque pas ! Il faut croire que le bouleversement mondial a atteint même les saisons et les pays ; puisque tout y est bouleversé comme la cervelle de certains.

En vous disant à la prochaine lettre, toujours en bonne santé, je vous embrasse tous bien affectueusement.

Fernand Flochlay

Très heureux que les calissons soient arrivés en bon port, tout en regrettant que la quantité fût limitée car j'aurais voulu une bonne part pour tous. Nous renouvellerons plus tard.

JANVIER 1942 : 2 colis[3] expédiés.

Février 1942

Rappel historique, 11 février 1942 : DROITS DES FONCTIONNAIRES JUIFS LICENCIÉS « Un décret du 3 février portant règlement d'administration publique a été publié au J. O. du 11 février pour fixer les droits du personnel juif licencié des administrations publiques en application de la loi du 2 juin 1941 et qui n'a pas de pension de retraite. Ces fonctionnaires continueront de recevoir leur traitement pendant une période dont la durée varie suivant le nombre des années de service. Le texte réglemente également les droits des auxiliaires et agents contractuels. » (Informations générales, p. 358 / Ministère de l'Intérieur 1942-77)

12 février 1942 : LIBÉRATION ET RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS « Le J. O. du 12 février 1942 a publié le communiqué officiel n° 84 du service des prisonniers de guerre, en date du 5 février 1942.

Ce communiqué a pour objet de faire le point des questions de rapatriement, libération, mise en congé de captivité des prisonniers de guerre. Il annule et remplace les communiqués n° 4, 5, 6, 7, 14, 27, 37, 39, 50-51, 53, 55, 61, 70, 71, 74.

Il traite successivement :

I. — De la libération des prisonniers de guerre dont le statut permet de prouver qu'ils ne sont pas militaires. C'est le cas pour les affectés spéciaux qui occupaient certains emplois industriels, commerciaux, agricoles ou divers de la vie civile et qui ne bénéficiaient pas des avantages reconnus aux mobilisés présents dans une formation militaire (solde, pension, permissions, etc.).

II. — De la libération des prisonniers de guerre anciens combattants de la guerre 1914-1918.

Mesure générale : tous les militaires des réserves nés avant le 1er janvier 1900 sont présumés avoir pris part à la guerre 1914-18 et libérés sur vérification de leur date de naissance.

Ceux d'entre eux nés après le 1er janvier 1900 doivent justifier de leur qualité d'anciens combattants par production du livret individuel ou de la carte de combattant. En cas de perte de ces documents, les prisonniers doivent adresser toutes indications utiles au service diplomatique des prisonniers de guerre, 47, rue Cortambert, à Paris.

Aucune démarche ne doit être faite par les familles.

Les militaires de carrière ne peuvent bénéficier de ces mesures, sauf ceux qui avaient quitté le service actif avant la mobilisation.

III. — De la mise en congé de captivité des pères ou fils aînés de quatre enfants mineurs, pour autant que cette mesure paraisse nécessaire pour parer à la détresse de la famille, dont la subsistance dépend du prisonnier à mettre en congé de captivité.

Ne sont considérés comme mineurs que les enfants nés après le

1er janvier 1922.

Demande présentée par le plus proche parent du prisonnier et remise au maire de la localité.

Le maire joint à sa demande :

— une déclaration bilingue ;

— un extrait du livret de famille ;

—un certificat de vie des enfants nés après le 1er janvier 1922.

Ces pièces établies sur papier libre sont certifiées conformes par le maire et transmises : pour la zone non occupée, au général directeur du service des prisonniers de guerre à Lyon ; pour la zone occupée, au sous-directeur, chef du service des prisonniers de guerre, à Paris.

IV. — Du rapatriement des prisonniers de guerre, blessés ou malades, reconnus inaptes au service militaire pour au moins un an. Cette inaptitude est soumise à la décision d'une commission médicale. Le cas échéant, le prisonnier doit faire la demande de présentation devant cette commission au médecin du camp.

V. — Du rapatriement du personnel sanitaire (.../…)

RELÈVE DU PERSONNEL SANITAIRE

« Communiqué officiel n° 85 en date du 14 février 1942.

Les familles des médecins-officiers ayant appartenu au service de santé pendant la guerre, et actuellement internés en Allemagne, sont informées de ce que les autorités allemandes ont admis la relève de certaines catégories de médecins maintenus dans les camps de prisonniers de guerre en vue d'en assurer le service médical — ce personnel n'étant pas prisonnier — sous réserve de leur remplacement par un nombre équivalent de médecins désignés par le gouvernement français.

Les autorités allemandes n'admettent au bénéfice de cette relève que les médecins-officiers répondant à l'une des conditions suivantes :

1° être nés avant le 1er janvier 1900 ;

2° être ancien combattant, pour ceux nés après le 1er janvier 1900 ;

3° être soutien de famille de quatre enfants mineurs nés après le 1er janvier 1922.

Une liste nominative de médecins justiciables de ces dispositions a été communiquée par les autorités allemandes. La relève est aujourd'hui en cours. À cet effet, un nombre correspondant de médecins comprenant une majorité de personnels d'active, a été mis à Paris à la disposition des autorités allemandes. Celles-ci fixent la destination à leur donner et assurent leur mise en route. Un premier contingent est déjà parti.

Aux fins de vérification de la liste établie, les médecins répondant aux conditions ci-dessus indiquées sont invités à faire connaître à la direction du service de santé, au secrétariat d'État à la guerre à Royat, le nom et l'affectation actuelle du médecin intéressé, en y joignant toutes précisions utiles sur son âge, sa situation de famille et sa qualité d'ancien combattant.

Aucune autre démarche n'est à faire ni aucune intervention à solliciter. » (Informations générales, p. 371-372 / Ministère de l'Intérieur 1942-77)

14 février 1942 : LACÉRATION DES AFFICHES

« Une loi du 21 janvier (J. O. du 14 février) punit d'emprisonnement de 3 mois à 2 ans et d'une amende de 200 à 10.000 francs, ceux qui auront enlevé, déchiré, recouvert ou altéré des affiches apposées soit par ordre du Gouvernement ou de l'Administration, soit au nom d'organisme agissant en accord avec le Gouvernement. » (Informations générales, p. 354 / Ministère de l'Intérieur 1942-77)

17 février 1942 : « Le salaire minimum pour la région parisienne est fixé à 1400 francs plus 200 francs d'allocation supplémentaire aux assurés sociaux. » (3) p. 97

18 février 1942 : « Arrêté aux termes duquel les boulangers sont tenus de produire 132 kg de pain avec 100 kg de farine. » (3) p. 97

24 février 1942 : CIRCULATION AUTOMOBILE

Aux termes d'un arrêté paru au J. O. du 24 février, les durées maxima de validité qui peuvent être accordées aux diverses autorisations de circuler sont les suivantes :

a) pour les voitures utilitaires :

S. P. (service public) : un an.

I. G. (intérêt général : six mois.

A. T. (autorisation temporaire) : sept jours.

b) pour les voitures type « tourisme », motocyclettes, bicyclettes ou triporteurs à moteur auxiliaire :

S. P. et I. G. : quatre mois.

A. T. : 7 jours. »

(Informations générales, pp. 478-479 / Ministère de l'Intérieur 1942-79)

28 février 1942 : SECOURS MATÉRIEL AUX PRISONNIERS

« Voici un bilan de l'activité de la Direction des Prisonniers de Guerre dans le domaine du secours matériel collectif aux prisonniers de guerre :

De septembre 1940 à fin février 1942, les camps d'Allemagne (Oflag et Stalag) ont été destinataires des envois de vivres, tabac, savon, effets d'habillement suivants :

Pain de guerre : 21.296.115 kg ;

Conserves de viande : 2.847.665 kg ; poisson : 1.806.564 kg ;

Fruits : 1.278.975 kg ; sucre, confitures, confiserie : 1.762.057 kg ; divers : 859.632 kg.

Tabac : 697.520 kg ; cigarettes : 970.754 kg.

Savon : 182.758 kg. Effets (pièces) : 6.118.097.

Cadence actuelle des expéditions. — Pendant le mois de février 1942, il a été expédié à destination des camps d'Allemagne (Oflag et Stalag), les quantités suivantes : pain de guerre : 1.275.436 kg ;

Poisson : 202.428 kg ; fruits : 62.435 kg ; sucre, confitures, confiserie : 55.262 kg ; divers : 118.977 kg.

Tabac : 27.200 kg, cigarettes : 54.758 kg. Effets (pièces) : 92.240.

À ces secours s'ajoutent les envois de la Croix-Rouge dont nous avons déjà publié le bilan (voir I. G. n° 79, page 486). Toutes ces activités sont le vivant témoignage de la solidarité française. »

(Informations générales, pp. 53-54/Ministère de l'Intérieur 1942-84)

Dimanche 18 février 1942 202

Lettre de Léon à Mademoiselle Hélène DILHAN

Souyeaux par Pouyastruc Arrondissement de Tarbes,

Hautes-Pyrénées

Ma petite Hélène chérie,

Je viens enfin répondre à ta gentille lettre du 15 janvier reçue il y a déjà deux semaines. Durant celle qui vient de s'écouler, je n'ai reçu aucune nouvelle, mais, en revanche, j'ai eu le grand plaisir de savourer le pâté de Cadéac que renfermait le colis[4] du 17 : ce dernier m'est parvenu en parfait état. Ce jour, j'envoie à Léonie une vignette rouge et, à la présente je vais joindre trois nouvelles photos. À propos de photos, c'est un grand plaisir que j'aurais d'en recevoir une ou plusieurs de toi car, tu sais, celles que je détiens ne sont pas très récentes : la plus jeune, mai 1940 à Hendaye. Celles que je t'adresse ont été prises par les électriciens avec qui nous avons travaillé. La nature, à ce moment, est recouverte d'une épaisse couche de givre. En ce moment, nous avons des bourrasques de neige, mais il fait moins froid qu'aux premiers jours du mois. Le dégel à même commencé et nous avons travaillé à dégager les talus de neige le long des rues de la ville[5]. A-t-il beaucoup neigé dans la région ? Voilà le troisième hiver, tous trois assez rudes que je vais avoir passés loin de toi. J'espère bien que ce sera le dernier car ça commence à faire un peu long. Et toi, chérie, es-tu toujours contente de ton emploi, n'est-ce pas trop dur ? Et Élise, toujours à la maison ? Ce qui doit bien soulager ta maman. Avez-vous des nouvelles d'André ? Donnez-lui le bonjour ainsi qu'à Mme Fabère, etc. Mon meilleur souvenir à tous les tiens. J'embrasse Élise, Louis, Léonie et maman. Reçois de celui qui te chérit les plus tendres baisers. Toujours à tes côtés par la pensée. Léon

FÉVRIER 1942 : 3 colis[6] expédiés.

Mars 1942

Rappel historique, 1er mars 1942 : « Tout Français changeant de domicile doit en faire la déclaration à la mairie de son ancien et de son nouveau domicile. » (3) p. 98

PUBLICATION DES LISTES DE DIGNITAIRES DE LA FRANC-MAÇONNERIE

« Le J. O. poursuit la publication des listes par obédience des dignitaires de la franc-maçonnerie, d'après les documents saisis dans les loges.

21.350 noms de dignitaires ont été ainsi publiés à ce jour.

Il convient de rappeler que ces listes ne contiennent pas les noms de tous les affiliés à la maçonnerie, mais seulement des titulaires d'un grade supérieur au « 3e » degré et des personnes ayant exercé une fonction ou un mandat dans une loge.

La hiérarchie maçonnique comporte en effet de nombreux grades ; les seuls usités en France étaient les suivants : 1er degré Apprentis ; 2e Compagnons ; puis Maîtres ; 4e Maîtres parfaits ; 14e Grand Écossais de la voûte sacrée ; 18e Chevalier Rose-Croix ; 30e Chevalier Kadosch ; 31e Grand Inspecteur Commandeur ; 32e Souverain Prince du Royal Secret ; 33e Souverain Grand Inspecteur général.

Le nombre des maçons payant régulièrement leurs cotisations s'élevant apparemment à 46.000 (dont 29.000 appartenant au Grand Orient, 13.000 à la Grande Loge de France, 1.034 à la Grande Loge Nationale indépendante, 3.000 au Droit Humain et quelques centaines à diverses obédiences). En tenant compte des cotisations en retard, on peut estimer à 100.000 ou 120.000 l'effectif total de la maçonnerie en France.

DOCUMENTATION SUR LES SOCIÉTÉS SECRÈTES

Une brochure contenant tous les textes législatifs et réglementaires et les circulaires parus jusqu'à ce jour, concernant les sociétés secrètes, vient d'être établie et publiée par la Présidence du conseil. » (Informations générales, p. 488 / Ministère de l'Intérieur 1942-79)

RÉPRESSION DES VOLS DE COLIS DESTINÉS AUX PRISONNIERS

« La délégation générale de la Croix-Rouge française pour la zone libre communique :

La Cour d'Agen a condamné récemment à trois ans de prison, cinq ans d'interdiction de séjour et 1.000 francs d'amende un individu ayant dérobé des colis destinés à des prisonniers. La Croix-Rouge française qui s'était portée partie civile a obtenu le symbolique franc de dommages et intérêts.

La Croix-Rouge française estime, en effet, que son rôle de protection vis-à-vis des prisonniers lui fait un devoir d'intervenir en leur faveur pour la répression des abus qui leur sont préjudiciables. Elle se joindra au Parquet chaque fois qu'elle jugera son intervention nécessaire pour réprimer des actes répréhensibles de cette nature.

RECLASSEMENT DES PRISONNIERS LIBÉRÉS

« Les prisonniers libérés, au moment de leur passage dans les centres de libération, remplissent une fiche sur laquelle ils portent les renseignements indispensables en vue de leur replacement.

Les fiches ainsi remplies sont envoyées aux inspecteurs du travail qui interviennent aussitôt auprès des employeurs intéressés pour qu'ils reprennent ceux de leurs ouvriers ou employés qui viennent d'être libérés. Lorsque l'employeur est dans l'impossibilité absolue de reprendre un prisonnier libéré, l'inspecteur du travail signale ce dernier à l'office du travail pour qu'il le place. » (Informations générales, p. 491/Ministère de l'Intérieur 1942-79)

3 mars 1942 : PRÊTS D'HONNEUR AUX ÉTUDIANTS PRISONNIERS LIBÉRÉS

« Le secrétaire d'État à l'Éducation nationale et à la Jeunesse s'intéresse particulièrement au sort des étudiants prisonniers de guerre, libérés des camps d'Allemagne, qui sollicitent des prêts d'honneur ou d'assistance, des bourses ou des exonérations diverses.

Il est du devoir de l'Université de France de donner son entier concours à l'action entreprise par le Gouvernement pour apporter une aide morale et matérielle aussi complète que possible à nos prisonniers libérés.

Les demandes de prêts et les demandes d'exonération de droits d'inscriptions ou d'examens émanant de cette catégorie d'étudiants, à qui l'aide universelle devra être accordée très libéralement, seront examinées avec la plus grande bienveillance. » (Informations générales, p. 633 / Ministère de l'Intérieur 1942-81)

6 mars 1942 : MEMBRES DE SOCIÉTÉS SECRÈTES « Le J. O. du 6 mars a publié une nouvelle liste de fonctionnaires et agents civils ou militaires, membres de sociétés secrètes ayant souscrit une fausse déclaration. Cette liste est la 17e parue à ce jour. » (Informations générales, p. 547 / Ministère de l'Intérieur 1942-80)

8 mars 1942 : ENTRETIENS DU CARDINAL BAUDRILLARD AVEC DES PERSONNALITÉS MUSULMANES

« Le cardinal Baudrillard, de l'Académie Française, recteur del'Université catholique de Paris, a reçu cette semaine le Cheik MohamedZouani, chef suprême de la confrérie El Amapia en Afriquedu Nord ; Hadj Mostafa Bendjemaa conseiller municipal de Guelma(Constantine), secrétaire général de la Fédération des élus musulmansde l'Algérie et Ahmed Belghoul, représentant les héritiers de l'émirAbd el Kader.

L'audience fut empreinte de la plus grande cordialité, le cheik Mohamed Zouani ayant tenu à la placer sous le signe du cardinal

Lavigerie, dont l'un des premiers actes en Algérie fut de prendre contact avec les chefs musulmans.

Les éminents représentants de l'Afrique du Nord exprimèrent leur fidélité absolue au Maréchal Pétain, sauvegarde providentielle de l'unité de l'Empire. » (Informations générales, p. 750 / Ministère de l'Intérieur 1942-83)

10 mars 1942 : RENSEIGNEMENTS UTILES AUX JEUNES CONVOQUES DANS LES CHANTIERS DE LA JEUNESSE

« Jeunes de France, nés entre le Ier octobre 1921 et le 31 mars 1922, vous avez vu, apposées sur les murs de votre ville ou de votre commune, les affiches vous convoquant dans les chantiers de la jeunesse.

Voici quelques renseignements complémentaires destinés à faciliter votre départ :

I° Nul ne peut choisir son groupement d'affectation. Vous devez obligatoirement rejoindre le groupement de jeunesse qui est indiqué sur les affiches d'après votre canton de résidence.

Seuls les jeunes gens ayant reçu un ordre de convocation individuel n'ont pas à tenir compte de ces affiches et doivent rejoindre le groupement indiqué sur l'ordre.

2° Les tableaux de transport diffusés chaque jour dans votre journal local vous donneront l'horaire des trains à utiliser obligatoirement.

Vous trouverez aux gares de départ des compartiments réservés dans ces trains. Des chefs de chantiers, que vous reconnaîtrez à leur brassard, seront dans les gares principales. Adressez-vous à eux pour avoir les renseignements dont vous pourriez avoir besoin.

3° Pour voyager, prenez un billet plein tarif la veille de votre départ. Le montant du prix de ce billet vous sera remboursé au groupement, sur présentation de votre billet de chemin de fer ou d'autobus ou à défaut d'un reçu du billet.

Si vous êtes indigent, la mairie de votre résidence vous avancera les fonds nécessaires.

4° Si vous êtes soutien de famille, n'oubliez pas de faire déposer le jour de votre départ une demande d'allocation à la mairie de votre résidence. Dès votre arrivée au groupement, vous demanderez un certificat de présence aux chantiers, que vous enverrez à votre famille pour compléter votre dossier.

5° Beaucoup d'entre vous demandent ce qu'ils doivent emporter.

Venez tous avec une pièce d'identité (bulletin de naissance sur papier libre). Apportez votre carte d'alimentation. Des enquêtes seront faites et une plainte sera déposée contre les jeunes qui ne pourront la présenter.

Apportez également vos objets personnels de toilette (rasoir, brosse à dents, etc.). Si vous avez l'intention de conserver vos effets civils au groupement jusqu'à votre libération, munissez-vous d'un emballage solide, si possible d'un sac de toile genre sac marin. Ainsi vos effets seront stockés dans de bonnes conditions de sécurité.

Si vous êtes sportifs, apportez vos effets de sports ; ils vous seront remboursés au groupement. Si vous êtes musicien, votre instrument de musique.

Vous allez quitter vos familles pour devenir des hommes, physiquement en vivant la vie saine des chantiers ; moralement, en goûtant la joie de l'effort et du travail bien fait ; socialement en apprenant la solidarité entre Français et le respect de vos chefs.

Dès votre départ, comportez-vous donc et agissez en hommes sérieux et réfléchis. Faites que votre tenue, au cours de ce voyage, soit déjà celle d'un vrai « Jeune de France ». (Informations générales, pp. 515-516 / Ministère de l'Intérieur 1942-79)

14 mars 1942 : COLIS POUR LES PRISONNIERS SANS RESSOURCES « Communiqué officiel n° 88, en date du 14 mars 1942 :

I. — Prisonniers de guerre dont les familles sont sans ressources suffisantes.

Ces prisonniers de guerre doivent adresser leurs étiquettes à leur famille qui peut les remettre, en vue de l'expédition de colis gratuits, à une œuvre agréée de son choix, dans le département de sa résidence actuelle. Il appartient aux œuvres de déterminer, après enquête, l'étendue du concours qu'il convient d'accorder aux familles qui ont demandé l'envoi de colis gratuits ou à celles qui, ne l'ayant pas demandé, méritent cependant un appui.

II. — Prisonniers de guerre sans ressources n'ayant pas de famille.

Ces prisonniers de guerre doivent envoyer au Délégué départemental :

— de la Croix-Rouge Française pour la zone non occupée ;

— du Comité Central d'Assistance pour la zone occupée de leur département d'origine, une première étiquette et une carte réglementaire de correspondance munie de son coupon-réponse.

Cette carte doit mentionner, notamment, les noms et prénoms, la date et le lieu de naissance de l'intéressé, l'adresse de son domicile à la mobilisation. Le département d'origine est, au choix de l'intéressé, soit celui où il est né, soit celui où il résidait au moment de la mobilisation.

Il appartient aux Délégués Départementaux :

a) de décider, après enquête, si le prisonnier doit être secouru ou non ;

b) dans l'affirmative, de déterminer l'œuvre ou la personne chargée de secourir le prisonnier ;

c) de faire connaître au prisonnier, à l'aide du coupon-réponse reçu de lui, l'adresse à laquelle il devra, dorénavant, faire parvenir ses étiquettes.

III. — Ces dispositions n'entravent en rien et facilitent même l'action des organismes ou des personnes qui désirent venir en aide aux prisonniers de guerre sans ressources. Ces organismes ou ces personnes peuvent en effet, soit répondre à l'appel direct des prisonniers de leur connaissance, soit se mettre à la disposition du Délégué Départemental de la Croix-Rouge ou du Comité Central d'Assistance pour secourir des prisonniers jusqu'alors inconnus d'eux.

IV. — L'ensemble de ces dispositions a été porté à la connaissance des prisonniers de guerre. » (Informations générales, pp. 611-612 / Ministère de l'Intérieur 1942-81)

ENVOIS DE COLIS DE POMMES DE TERRE AUX PRISONNIERS DE GUERRE

« L'attention des expéditeurs de colis destinés à des prisonniers de guerre est attirée de nouveau sur les restrictions suivantes :

Les envois de pommes de terre crues doivent être accompagnés d'un certificat dressé en langue allemande et en français par le service phytopathologique et constatant l'absence de contamination par le doryphore. D'autre part, il est recommandé aux intéressés de cesser l'envoi de pommes de terre pendant les mois d'hiver, les tubercules germant pendant l'acheminement. » (Informations générales, pp. 669-670 / Ministère de l'Intérieur 1942-81)

15 mars 1942 : « Les pensions 100 % des invalides de guerre sont portées à 14.000 francs. Les allocations pour enfants aux familles des prisonniers sont augmentées, ainsi que les pensions de veuve de guerre non remariées. Par contre, l'impôt sur le revenu et la contribution nationale extraordinaire sont majorés. » (3) p. 97

17 mars 1942 : « Un fonds national de solidarité d'un milliard est institué pour les familles des prisonniers français. » (3) p. 99

« Des légionnaires français ayant combattu sur le front de Moscou, sous les ordres du colonel Labonne, sont décorés de la croix de fer allemande. » (3) p. 103

20 mars 1942 : RATIONS SUPPLÉMENTAIRES POUR LES PRISONNIERS RAPATRIÉS« Le Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre rapatriés communique :

Le secrétariat d'État au Ravitaillement vient de décider d'accorder aux prisonniers rapatriés, pendant les trois premiers mois de leur libération, une ration supplémentaire de 125 grammes de viande par semaine. Des instructions ont été envoyées dans ce sens aux directeurs départementaux du ravitaillement général, pour qu'ils fassent délivrer une seconde feuille de viande leur permettant de toucher cette ration supplémentaire.

Les prisonniers rapatriés continueront en outre à percevoir 350 grammes de pain par jour au lieu de 275 grammes (arrêté du 11 décembre 1940) ». (Informations générales, p. 612 / Ministère de l'Intérieur 1942-81)

26 mars 1942 : COLLECTE ET RÉPARTITION DES PRODUITS DE BASSE-COUR « Le J. O. du 26 mars a publié un arrêté du 21 mars relatif à la fourniture, la collecte et la répartition des produits de basse-cour.

En ce qui concerne la réunion des ressources, tout producteur ou éleveur d'animaux de basse-cour, à quelque titre que ce soit, sera tenu de livrer au ravitaillement général une quote-part minima de sa production en œufs, volailles et lapins. Cette quote-part sera déterminée au début de chaque année de production par le ministre secrétaire d'État à l'Agriculture. La collecte des produits de basse-cour sera confiée, à l'intérieur de chaque département, au délégué départemental du Comité central de ravitaillement en produits de basse-cour. Le territoire de chaque département sera subdivisé en zones de ramassage. » (Informations générales, pp. 747-748 / Ministère de l'Intérieur 1942-83)

27 mars 1942 : DÉPORTATION DES JUIFS « Le premier train de déportés juifs part de France pour Auschwitz-Birkenau, avec 1112 hommes. Dix-neuf en revinrent en 1945. »[7]

28 mars 1942 : SERVICE DE LA MAIN-D'ŒUVRE FRANÇAISE EN ALLEMAGNE

« Par la loi du 26 mars, parue au J. O. du 28 mars, il a été créé un service de la main-d'œuvre française en Allemagne, chargé :

1° De maintenir le contact entre le gouvernement et les ouvriers français ayant librement contracté un engagement de travail en Allemagne ;

2° D'assurer la protection de leurs intérêts, de garantir les meilleures conditions d'existence possibles dans le cadre de leur contrat d'engagement

3° De régler tous les problèmes posés par leur expatriation temporaire, autres que les problèmes consulaires. »

(Informations générales, p. 741/Ministère de l'Intérieur 1942-83)

29 mars 1942 : « Par radio, le maréchal Pétain demande avec insistance aux paysans de livrer tout le blé disponible afin d'assurer les besoins de la population en pain. » (3) p. 105

31 mars 1942 : AVANTAGES ACCORDES AUX JEUNES ET AUX FAMILLES NOMBREUSES « Soucieux d'aider les familles nombreuses et donnant suite à plusieurs vœux formulés par le commissariat général à la famille, le secrétaire d'État au ravitaillement a pris différentes mesures tendant à améliorer le sort de certains consommateurs et à alléger la tâche des mères de famille.

L'état actuel de nos réserves n'a pas permis de donner leur plein effet à ces mesures et se présente surtout comme susceptible d'extension ultérieure. Ces mesures sont notamment un avantage de pain accordé à la catégorie J.3 (350 grammes), une quantité de 125 grammes de chocolat accordé aux catégories E. et J.1, 250 grammes accordés aux catégories J.2 et J.3 ; des quantités de riz de 300 grammes accordées à la catégorie E. ; 200 grammes aux catégories J.1 et J.2 contre le coupon n° 5.

D'autres avantages ont été récemment accordés, au mois de février, aux catégories J.1, J.2 et J.3 qui bénéficièrent de 750 grammes de confiture, quantité destinée à rattraper les quantités qui auraient dû être allouées à ces catégories aux mois de décembre et janvier.

Pour le mois de mars, ces mêmes catégories recevront 500 grammes de confiture, qui sera désormais leur ration normale. Des farines simples ou composées, dont la ration est fixée à 250 grammes sont allouées aux catégories J.1 et E., contre le coupon n° 7 de leur carte d'alimentation.

Outre ces dispositions, certains centres ont bénéficié de 250 grammes de sucre de raisin pour les catégories J.1, J.2 et J.3, notamment à Lyon, Marseille, Montpellier et Paris, où cette ration a été portée à 300 grammes.

Dans certains départements des arrêtés préfectoraux font accorder des avantages aux familles nombreuses. Ainsi, un arrêté de la préfecture de Paris du 9 janvier 1942 réserve la priorité aux catégories J.1. J.2 et J.3 pour l'achat de triperie.

D'autre part, un système d'inscription pour les légumes vient d'être étendu à tous les arrondissements de Paris.

Les familles de 5 à 8 enfants à charge, vivant sous le même toit, pourront se faire inscrire chez un détaillant de leur choix et obtenir, par priorité, une ration de légumes fixée à 300 grammes par personne et par jour. » (Informations générales, pp. 621-622 / Ministère de l'Intérieur 1942-81)

Toulouse, 5 mars 1942 202-1

Lettre de la cousine Anna à Léonie et Louis

Bien chers cousins,

Depuis déjà quelques jours, je voulais vous écrire. Tous les jours, j'y pensais mais il y a eu toujours quelque empêchement. Nous avons vu, avec plaisir, que vous étiez en bonne santé. Je puis vous dire que Juliette se sent mieux de son estomac ; en se surveillant pour la nourriture, ça va bien mieux qu'il y a quelque temps et puis elle est moins ennuyée pour son travail et un peu plus secondée. Tout cela y contribue.

Marcelle et moi toujours à peu près ; quant à maman, elle se fait toujours du mauvais sang et s'inquiète à cause du ravitaillement. Je vois qu'à Tarbes, c'est difficile aussi. On est bien malheureux et on ne sait quand cela s'arrangera.

Nous sommes contentes que vous ayez de bonnes nouvelles de Léon. Quand tu lui écriras, Léonie, envoie-lui nos bonnes amitiés et dis-lui que nous pensons souvent à lui. Nous espérons que dimanche, tu as trouvé tante en bonne santé. Comment fait-elle pour se ravitailler ? Ce ne doit pas être facile, là-haut, non plus. Tu nous dis que Louis va faire moins de nuits. Tant mieux, il ne doit pas en être fâché et puis rien ne vaut le repos de la nuit. Pauvre Léonie, tu es toujours de corvée… Comment va Mme Mounard ? Mieux sans doute. Nous souhaitons qu'elle soit vite rétablie ; donne-lui le bonjour de notre part. Chers Louis et Léonie, maman, Juliette et Marcelle se joignent à moi pour vous embrasser bien affectueusement.

Votre cousine dévouée. Anna

P.S. Excusez-moi de ne pas vous avoir écrit plus tôt pour vous rassurer au sujet de Juliette. L'opération par les docteurs de la clinique était bien fixée au mois de janvier mais étant allée voir un autre docteur, celui-ci lui déconseilla de le faire car ce n'était pas urgent. Et je suis bien contente que ça se soit passé ainsi ; espérons qu'à la longue, le mal disparaîtra complètement.

Marseille, dimanche 8 mars 1942 202-2

Lettre de l'oncle Fernand Flochlay. Réponse le 28/04.

Colis de 7 kg envoyé par M. Bascou le 29/04 (1 douzaine belles pommes de terre, ail, oignons, poireaux, 3 salades, 1 bocal tomate, 600 g haricots, 8 œufs frais, et 2 brins muguet.)

Chère Léonie et Louis,

Votre envoi est arrivé en parfait état, jeudi dernier.

J'y ai trouvé beaucoup de bonnes choses, qui sont en train depuis de composer notre menu, toujours aussi maigre.

Vous disiez dans votre lettre qu'il n'était pas très gros : mais il était bien suffisant et complet autant que varié.

Merci de toutes vos attentions et pardonnez-moi la peine que je vous donne, je voudrais bien hélas vous envoyer d'ici quelque chose en retour, mais il n'y a plus rien !

Depuis ma dernière lettre, nous avons eu l'usine à gaz qui a sauté en partie, il y a eu malheureusement des victimes, par la suite la ville a été privée de gaz pendant plus de dix jours. Donc pas de charbon, pas de bois, pas de gaz pour faire cuire les aliments. Seule, l'électricité nous a permis avec quelques moyens de fortune de manger cuit et chaud !

Actuellement, on procède à un commencement de distribution, mais avec suppression pendant certaines heures, sauf pendant la nuit !! Où tout le monde peut s'en servir à la fois, c'est merveilleux.

Enfin, le froid nous a quittés, c'est déjà une amélioration, en attendant d'en avoir de plus grandes dans toutes les branches du ravitaillement, ce qui remettrait bien des choses sur pied et beaucoup de personnes de meilleure humeur ! et elles sont nombreuses.

Tout ce qui était dans votre colis, a été très apprécié, œufs, choux, saucisson, légumes, tarte, etc. mais vous avez pensé à quelque chose que j'apprécie personnellement : les 2 cigares ! Croyez qu'ils ont été les bienvenus car j'étais dans la période de jeûne et d'abstinence. Je fume régulièrement pendant cinq jours ma ration de cigarettes et les cinq autres je jeune. C'est un peu dur évidemment, mais enfin c'est un mal que l'on supporte aisément, tandis que d'autres sont beaucoup plus durs.

Toujours mon bon souvenir à la maman de Léonie et en attendant un de ces jours un brin de nouvelles, je vous dis encore merci, bonne santé à tous deux, en vous embrassant. Bien affectueusement.

Fernand Flochlay

MARS 1942 : 1 colis[8] expédié.

Avril 1942

Rappel historique, 1er avril 1942 : « Les objets en cuivre, en nickel ou en alliage contenant plus de 30 % de ces métaux sont bloqués par décret chez les hôteliers, restaurateurs, limonadiers et débitants de boissons et pourront être livrés à la récupération des métaux non ferreux. » (3) p. 97

9 avril 1942 : « Le J. O. du 9 avril a publié un certain nombre d'additifs et de rectificatifs aux listes de dignitaires de la franc-maçonnerie parues jusqu'à ce jour au J. O. » (Informations générales, p. 39 / Ministère de l'Intérieur 1942-84/85)

14 avril 1942 : CONDAMNATION DE COMMUNISTES

« Le procès des vingt-sept terroristes communistes a pris fin le 14 avril. Vingt-cinq accusés sont condamnés à mort. Un inculpé est condamné à dix ans de prison eu égard à son jeune âge et un autre à cinq ans de réclusion pour détention illicite d'armes.

Le président a félicité la police française qui, en collaborant avec la police allemande, a permis l'arrestation des coupables. » (Informations générales, p. 132/Ministère de l'Intérieur 1942-86)

15 avril 1942 : DISSOLUTION D'ASSOCIATIONS

« Le J. O. du 15 avril a publié un décret du 2 avril relatif à la dissolution de diverses associations secrètes.

Aux termes de ce décret et en application de la loi du 13 août 1941 est constatée la nullité des associations suivantes :

« La grande loge de fraternité universelle », 8, cité des Fleurs, à Paris ; « La grande loge mixte », 71 bis, rue La Condamine, à Paris ; « La loge unie des théosophes » , 14, rue de l'Abbé-de-l'Epée, à Paris ; « L'Église catholique libérale », 4, square Rapp, à Paris ; « Le rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm », « L'ordre martiniste », « L'Église catholique gnostique », 20, rue des Macchabés, à Lyon ; « Les loges françaises de l'ordre universel indépendant des Béné-Berith », 68, rue d'Hauteville, à Paris, et tous les groupements s'y rattachant, situés en France en Algérie, dans les colonies, pays de protectorat et territoires sous mandat. » (Informations générales, p. 133 / Ministère de l'Intérieur 1942-86)

17 avril 1942 : « Des trafiquants de cartes d'alimentation sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal d'État de Paris. Un d'entre eux est condamné à mort. » (3) p. 107

RATIONS SUPPLÉMENTAIRES POUR LA JEUNESSE ET LES FEMMES ENCEINTES

« Le secrétariat d'État au ravitaillement, 6ur l'intervention du secrétariat d'État à la Famille et à la Santé, vient de prendre des mesures favorisant certaines catégories de consommateurs, en particulier les catégories J.2, J.3, les femmes en état de grossesse et les mères allaitant leurs enfants.

1) À partir du 15 avril, un supplément de 90 grammes de viande par semaine est alloué à la catégorie J.3 (de la sorte, la catégorie J.3 bénéficie, pour la viande, des avantages accordés antérieurement aux femmes en état de grossesse) ;

2) La triperie et les abats de boucherie seront dorénavant, pour la plus grande part, réservés aux enfants et aux adolescents des catégories J.2 et J.3, aux femmes en état de grossesse et aux mères qui nourrissent leurs enfants au sein.

3) Dans les centres où est organisée la distribution du poisson, ces mêmes consommateurs auront droit à un tour supplémentaire, de telle sorte que leur ration soit doublée.

4) Pour les femmes en état de grossesse, il est envisagé des distributions spéciales de confiture, de dattes et de figues, en échange d'un ou plusieurs coupons du « carnet de grossesse » qui entrera ultérieurement en vigueur.

5) Les consommateurs de la catégorie J.3 ne bénéficiant actuellement d'aucune ration de lait entier, il leur sera distribué par priorité du lait écrémé.

Certaines de ces mesures sont la confirmation, la généralisation ou une extension d'initiatives locales.

Les détails d'exécution seront arrêtés par l'autorité préfectorale et portés à la connaissance des intéressés.

Ainsi, les catégories qui représentent l'avenir du pays, souffrant particulièrement des restrictions alimentaires, se trouvent protégées par de nouvelles mesures qui ont pu être prises grâce aux initiatives communes du secrétariat d'État au Ravitaillement et du secrétariat d'État à la Famille et à la Santé. » (Informations générales, pp. 133-134 / Ministère de l'Intérieur 1942-86)

19 avril 1942 : L'ACTE CONSTITUTIONNEL N° 11

« Cet acte numéro 11 du 18 avril (J. O. du 19) donne son caractère au nouveau gouvernement ; il sépare les fonctions de chef de l'État et de chef du gouvernement et fixe les attributions de ce dernier. La direction effective de la politique intérieure et extérieure de la France est assurée par le Chef du Gouvernement nommé par le Chef de l'État et responsable devant lui. Le Chef du Gouvernement présente les ministres à l'agrément du Chef de l'État. Il lui rend compte de ses initiatives et de ses actes.

Dans une déclaration à la presse, le Président Laval a commenté ainsi cet acte constitutionnel :

« Le Maréchal, en me chargeant de la direction effective de notre

Politique extérieure et intérieure m'a placé en face de redoutables responsabilités.

Il n'est pas exact de dire qu'il s'est dessaisi de ses pouvoirs, comme des commentaires de presse et de radio l'ont fait, hier, maladroitement.

Si je suis chef du gouvernement, c'est en vertu d'une délégation que le Maréchal m'a confiée.

L'autorité du Maréchal m'est indispensable pour accomplir ma mission. J'aborde avec courage une œuvre difficile et j'ai besoin, pour réussir, de pouvoir toujours m'appuyer sur sa sagesse et sur son expérience. »

(Informations générales, p. 111 / Ministère de l'Intérieur 1942-86)

23 avril 1942 : L'EFFORT ALGÉRIEN EN FAVEUR DES PRISONNIERS DE GUERRE DURANT LES TROIS DERNIERS MOIS

« L'Algérie, en dépit de toutes les difficultés d'ordre économique, poursuit inlassablement son effort en faveur des prisonniers. Grâce au dévouement de toutes les œuvres, et en particulier à l'inlassable activité de Mme Chatel, présidente du Comité central de Secours aux démobilisés et prisonniers de guerre, et déléguée générale de la Croix-Rouge Française en Algérie, les résultats magnifiques mentionnés ci-dessous ont pu être obtenus au cours du deuxième trimestre 1942.

1°) Colis gratuits. — Œuvre du Colis aux prisonniers d'Alger et Comités de secours du département : 45.549 colis de 5 kg - Comités de secours du département d'Oran : 9.619 colis de 5 kg - Comité de secours du département de Constantine : 7.305 colis de 5 kg - Comité algérien d'assistance aux P. G. de Paris (colis de 2.5 kg) : 35.758 colis - Colis des particuliers transités par la

Croix-Rouge d'Alger : 28.231 colis de 5 kg - Œuvres diverses : 17e et 18e R.T.A., 9e Zouaves, 66e R.A.A., Amirauté, Universités,

Provinces françaises, Cheminots, Maison du Kébir : 7.520 colis de

5 kg.

2°) Colis payants. — Légion Françaises des Combattants : 2.889 colis de 5 kg - Centre Mermoz A.D.P. : 7.786 colis de 5 kg.

Ainsi, au cours de ce trimestre, 70.000 colis gratuits de 5kg et 36.000 de 2,5 kg, représentant une dépense approximative de

4.500.000 francs, ont été adressés par l'Algérie tant aux musulmans des Frontstalags qu'aux Français des Stalags.

Pendant cette même période, le Secours National a versé aux Œuvres, en participation à ces dépenses, la somme de 1.622.500 francs. D'autre part, M. le Gouverneur Général a versé plus d'un million provenant de dons au Comité algérien d'Assistance aux Prisonniers de guerre à Paris. » (Informations générales, p. 15/ Ministère de l'Intérieur 1942-110)

28 avril 1942 : RECENSEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE PÈRES D'ENFANTS VIVANTS ET VEUFS POSTÉRIEUREMENT AU 1er SEPTEMBRE 1939 « Communiqué officiel n° 91 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre en date du 28 avril 1942 :

Il est procédé actuellement au recensement des prisonniers de guerre pères d'enfants vivants et dont l'épouse est décédée postérieurement au 1er septembre 1939. » (Informations générales, p. 200 / Ministère de l'Intérieur 1942-87/88)

30 avril 1942 : SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Les J.O. des 21, 23, 25, 28 et 30 avril ont publié les 21e, 22e, 23e, 24e et 25e listes des fonctionnaires et agents civils ou militaires membres de sociétés secrètes, ayant souscrit une fausse déclaration. » (Informations générales, p. 192 / Ministère de l'Intérieur 1942-87/88)

Dimanche 26 avril 1942 203

Hélène chérie,

Tout d'abord, permets-moi de te signifier le retard que j'ai mis à répondre à tes missives du 1er et 15 mars. N'ayant droit qu'à deux lettres et deux cartes par mois, en mars, nous a été distribuée une troisième lettre qui nous a été retenue ce mois-ci et, juste le dimanche où j'allais t'écrire. Malgré ça, j'espère que la présente te parviendra avant la fin de la deuxième décade de mai, ainsi, pour ce triste anniversaire tu me sauras à tes côtés, par la pensée.

Oh oui chérie ! C'est bien souvent que j'y songe à nos chers disparus, je les revois dans leur passé, je vais m'agenouiller sur la tombe de mon cher papa et j'imagine celle du tendre Roger, semblable à tant d'autres dans sa simplicité et sa solitude, dans un lieu où l'orage a passé. Petite chérie, merci pour le plaisir que m'a procuré ta gentille photo, à mon tour je vais t'en adresser une, toujours en plus grand, et je te réserve une petite surprise que te procurera un objet que renferme un colis que j'ai adressé à maman. Léonie le ramènera de Cadéac pour te le montrer et j'espère que de le voir vous fera plaisir. Ce colis contient en outre un pull-over, un passe- montagne, deux mouchoirs et mes gants de cuir, c'est tout. Recommande-lui surtout que tout colis renfermant une lettre est confisqué. Donc que cette fantaisie ne lui prenne pas, la nécessité et le plaisir de les posséder sont trop grands. Depuis la dernière fois que j'ai écrit à Léonie, j'ai reçu ses cartes des 26 mars et 1er avril et lettre du 6 avril, ta gentille lettre du 7 avril et deux colis partis à cette même date, reçus en bon état. Ainsi, c'est à trois de tes lettres que j'aurai à répondre aujourd'hui. Hélas, celle-ci est trop petite pour y répondre point par point. Merci chérie pour les petites nouvelles, elles me font le plus grand plaisir, j'aime bien à savoir ce qui se passe, ce qui se fait.

Mon trésor chéri, tout comme à André, ce sont les mêmes raisons qui me font, avec courage, surmonter cet exil, exil qui comme tu le dis n'aura fait qu'augmenter notre amour. Je t'embrasse de tout cœur ainsi que maman, Louis, Léonie et Élise.

Léon

AVRIL 1942 : 4 colis[9] expédiés

Camp de Münster, mai 1942

Mai 1942

Rappel historique, 1er mai 1942 : MESURES DE CLÉMENCE

« À l'occasion de la fête du Travail et à la veille du 1er mai, le Maréchal a fait usage de son pouvoir de grâce sur les propositions du garde des Sceaux en faveur d'un nombre particulièrement élevé de délinquants divers condamnés par les juridictions répressives.

C'est ainsi que 510 d'entre eux ont bénéficié de mesures gracieuses portant commutation ou remise de peine.

Par ce geste de clémence, le Maréchal a voulu souligner le caractère nouveau du 1er mai devenu fête de la concorde et de l'apaisement. » (Informations générales, pp. 298-299 / Ministère de l'Intérieur 1942-90)

SERVICE CIVIQUE RURAL (S.C.R.)

« Les Jeunes se préparent à venir au secours des paysans. La loi du 31 décembre 1941 portant réquisition de main d'œuvre pour les exploitations agricoles a confirmé les dispositions de la loi du 9 mars 1941 créant un service civique rural pour les jeunes gens de 17 à 21 ans.

Les étudiants astreints à ce service civique ont, en 1941, apporté aux agriculteurs un concours qui fut très apprécié. Il est indispensable que ce concours soit encore étendu en 1942 où les besoins en main-d'œuvre de l'agriculture française vont être considérables, notamment à l'époque des moissons.

L'arrêté interministériel du 11 avril (voir J. G. n° 86) portant application de la loi du 31 décembre 1941, prévoit que les établissements d'enseignement pourront se voir affecter par le préfet une circonscription en vue de l'accomplissement du service civique rural et qu'ils pourront être reconnus en qualité de centres de main-d'œuvre, ce qui leur vaudra de bénéficier de crédits pour dépenses de fonctionnement.

La Délégation à la Jeunesse, en liaison étroite avec la Mission de Restauration Paysanne a mis dès maintenant sur pied l'organisation du S.C.R. pendant les vacances de Pâques cent jeunes étudiants ont suivi une session à l'École Régionale de Cadres pour se préparer au S.C.R., en être les animateurs dans leurs classes et en assurer l'encadrement.

Des centres, dont la responsabilité est répartie entre les différents mouvements de jeunesse hébergeront par roulement une cinquantaine de jeunes qui seront disponibles pour l'agriculture. Les cultivateurs viendront y puiser la main-d'œuvre utile, au moment voulu, pour la période nécessaire, suivant les besoins : ce qui correspond parfaitement à la psychologie paysanne et aux besoins variables de l'agriculture.

Les jeunes momentanément inoccupés recevront dans chaque centre une éducation physique et sociale, et seront employés à un service civique au profit de la localité où ils cantonneront. Le centre sera placé sous le contrôlé d'un comité local formé de personnalités agricoles ; celui-ci, avec le concours des groupements de jeunesse ruraux aura pour mission principale de créer l'ambiance de compréhension et de familiarité entre les ruraux et la jeunesse citadine unis pour la même mission : le ravitaillement du pays.

Ainsi le S.C.R. atteindra les trois buts fixés par le Secrétariat général de la Jeunesse : aider les agriculteurs, former les jeunes par la vie en équipe au contact des Mouvements de Jeunesse, rapprocher la jeunesse citadine des milieux ruraux. »

(Informations générales, pp. 322-323 / Ministère de l'Intérieur 1942-90)

15 mai 1942 : MILITAIRES MORTS EN CAPTIVITÉ

Droits de leurs ayants cause

« Le secrétariat général des anciens combattants communique :

Il résulte de certaines informations parues dans la presse qu'actuellement aucune mesure ne serait encore prise en faveur des ayants cause de militaires décédés en captivité. Il importe donc de rappeler que ces victimes de la guerre si elles remplissent les conditions légales, jouissent de tous les droits accordés aux ayants cause de militaires tués à l'ennemi ou décédés de blessures ou maladies contractées ou aggravées en service.

En matière de secours d'urgence, de pensions, d'adoption d'enfants, etc., elles peuvent également bénéficier de toutes les institutions de l'Office national des mutilés combattants, victimes de la guerre et pupilles de la nation.

Elles ont le plus grand intérêt à se faire connaître à l'Office départemental des mutilés, combattants, victimes de la guerre et pupilles de la nation de leur résidence, qui est présidé par le préfet et dont le siège est au chef-lieu du département. Elles trouveront auprès de cet organisme tous renseignements utiles sur les conditions et formalités à remplir et toute l'aide matérielle et l'appui moral que comporterait leur situation. » (Informations générales, p. 353 / Ministère de l'Intérieur 1942-91/92)

19 mai 1942 : « Le Comité d'organisation du vêtement décide que les vestons n'auront plus ni revers, ni martingale, ni soufflets et qu'ils se feront droits. Les pantalons seront sans rabats et la culotte de golf est interdite aux adultes. Les pardessus ne devront pas mesurer plus de 1 m. 18 de long pour les hommes de moins de 1 m. 75. » (3) p. 97

28 mai 1942 : RATIONNEMENT DE JUIN

« Le taux des rations alimentaires du mois de juin a été fixé par un arrêté du 27 mai au J. O. du 28). En voici les grandes lignes :

Pain : — La ration demeure la même dans toutes les catégories.

Simplement, par suite de l'augmentation du nombre des tickets-lettres de la feuille de pain, ceux-ci ont une valeur de 300 grammes, au lieu de 350.

Matières grasses : — 430 grammes — au lieu de 450 en mai, le mois de juin n'ayant que 30 jours. Les travailleurs de force de 1re et 2e catégories continueront à bénéficier de leur supplément respectif de 300 et 600 grammes.

Pâtes, tapioca : — Dans la mesure où les approvisionnements le permettront, les deux tickets-lettres cerclés de la 2e quinzaine de la feuille de pain (mais de la 2e quinzaine seulement), tickets-lettres accompagnés de tickets-chiffres de 50 grammes, pourront être échangés chacun contre 250 grammes de pâtes alimentaires ou de tapioca.

Entremets sucrés : — Les consommateurs des catégories E., J.1 et V. pourront obtenir, contre remise du coupon n° 7 de juin : soit 250 g de farines simples ou composées, soit, s'ils le préfèrent et si les approvisionnements locaux le permettent, 250 g d'entremets sucrés.

Ces mêmes consommateurs pourront obtenir, en échange de 100 grammes de tickets de pain, 75 grammes de farines composées ou 75 grammes d'entremets sucrés.

Sucre : — Catégorie E. : 1 kg. Autres catégories : 500 grammes.

Toutefois, les disponibilités permettant une attribution pour les confitures familiales, une ration supplémentaire de 500 g est accordée aux consommateurs des catégories J.1, J.2, J.3 et V.

Café : — Dans la limite des approvisionnements locaux, les consommateurs pourront se procurer, aux lieu et place des produits déjà autorisés les mois précédents, contre remise du coupon 3 de juin, un mélange de chicorée et produits autres que les succédanés du café contenant 250 grammes de chicorée. » (Informations générales, p. 372 / Ministère de l'Intérieur 1942-91/92)

29 mai 1942 : « M. Dastugue, chef de bureau à la préfecture des Hautes-Pyrénées, a été nommé à titre intérimaire, secrétaire général de la préfecture des Hautes-Pyrénées pour la durée de l'absence de M. Bonis-Charancle, en congé pour raison de santé. (J.O. du 29 mai). » (Informations générales, p. 344 / Ministère de l'Intérieur 1942-91)

31 mai 1942 : « En zone occupée française, les Juifs doivent porter l'étoile de David pour paraître en public. » (3) p. 99

Mercredi 6 mai 1942 203-1

Lettre de l'oncle Fernand Flochlay à Louis et Léonie.

Chère Léonie et Louis,

Quoiqu'alerté par votre lettre de la veille, je ne me suis pas trouvé bien éveillé par l'arrivée de votre aimable messager jeudi dernier, car maintenant, on se lève tard à Marseille avec le nouvel horaire d'été ! C'est au saut du lit que M. Bascou m'a remis votre gracieux envoi vers 7 h. ½. Quels paresseux que nous devenons ! J'ai regretté vivement de ne pas l'avoir reçu, un peu moins au pied levé, pour causer plus longuement de vous, en lui réservant un accueil plus confortable. Mais enfin les nouvelles de la veille étaient bonnes c'est l'essentiel et j'ai été tout heureux comme vous le pensez du contenu du colis, qui était intact et que nous apprécions encore avec la bonne pensée que vous avez eue pour nous, symbolisée par le brin de muguet, que Marie s'est empressée de mettre au pied de N. D. de Lourdes, qui depuis des années, dans notre modeste logis, nous rappelle les Pyrénées, pays natal des disparus, auxquels notre fervente pensée va toujours.

Merci pour tout son contenu dont une partie a servi à nous ravitailler pendant 48 heures que nous sommes allés passer à Carry pour le 1er Mai. Sans cela, le ravitaillement étant toujours dans sa crise aigüe, nous n'aurions pas pu l'assurer pour cette petite durée malgré tous nos efforts déployés de part et d'autre. En verrons-nous, une amélioration bientôt, je crois que tout le monde le souhaite, et à Tarbes aussi je comprends que cela est très difficile de découvrir ce qui n'existe pas ou ne fait que vous passer sous les yeux, alors qu'il en faudrait tant pour maintenir au moins équitablement la patience pour l'arrivée de jours meilleurs, alors qu'il n'y a presque rien. Nous avons eu une alerte à Marseille, dans la nuit de Dimanche à Lundi, sans gravité, espérons que s'il en vient d'autres elles seront dans le même sens, car tout le monde s'y attend ici, étant donné l'ampleur des événements qui ne sont pas faits pour nous rassurer.

À part cela, nous avons un temps splendide, mais qu'il est assez difficile de profiter aux moments de loisir hebdomadaires étant donné la médiocrité des transports et que l'on ne réalise qu'avec de multiples combinaisons.

Nos meilleurs vœux de santé pour tous, et en attendant de vos nouvelles d'ici quelques temps, avec les amitiés de Marie, je vous embrasse bien affectueusement tous deux.

Fernand Flochlay

Campettes, mardi 14 mai 1942 203-2

Lettre d'Hortense à Louis et Léonie.

Bien cher frère et belle-sœur,

Aujourd'hui, étant de repos, je viens vous donner de nos nouvelles qui sont assez bonnes pour le moment et désirons qu'il en soit de même de vous autres. Réellement, vous devez vous dire ce qu'on devient depuis que je ne vous ai plus écrit. Ici toujours du travail, du matin au soir, sans arrêt. Aussi quand le soir arrive, il y en a assez et c'est pour cela que je renvoie toujours au lendemain d'écrire. Aujourd'hui, je ne puis tarder davantage pour faire la correspondance. Nous avons fini d'ensemencer les pommes de terre, maïs, maintenant on a des haricots à faire encore, ensuite piocher les patates, et pour le rapport qu'on a, on se crève pour rien. Vivement que tout ceci finisse et qu'on puisse revenir bientôt à Toulouse[10]. Et vous autres, que faites-vous ? Sans doute que vous êtes allés à Cadéac faire les semailles aussi. Je pense que vous avez des nouvelles de Léon qu'il est en bonne santé. Donnez-lui le bonjour de notre part. Ici, ces jours-ci, il pleut et il a neigé au bout des montagnes, on voit la neige, aussi il fait un peu froid et aujourd'hui aussi. Je n'ai pas eu, il y a longtemps, des nouvelles d'Anna. Je ne sais pas ce qu'elles deviennent. À Tarbes sans doute aussi, vous ne devez pas avoir trop de ravitaillement. Ici, il nous a fallu porter blé, pommes de terre. Maintenant, il paraît qu'il faut porter les œufs. Ils seront vite portés. Les poules ne m'en font pas et le peu qu'elles font, il les faut pour le beau-père qui suit le régime. Enfin, réellement, ils n'encouragent pas pour travailler la terre, tout le contraire.

C'est bien pour cela que je voudrais que tout ceci finisse car on vivrait à Toulouse, car ici on la saute quand même, car tu sais la graisse est descendue, je ne pèse plus que 45 kilos. Alors, imagine-toi si j'ai maigri. Lui, je n'en parle pas. Et la pêche, y vas-tu toujours ? Sans doute que tu dois en attraper. Cette nuit, j'ai rêvé que nous en attrapions sous le moulin et des belles. Vous nous donnerez bientôt de vos nouvelles. De nous trois, nos meilleurs baisers à tous les deux.

Hortense et Élie.

Je joins un trèfle à quatre feuilles.

MAI 1942 : 2 colis[11] expédiés.

Juin 1942

Rappel historique, 2 juin 1942 : REMBOURSEMENT DES LAGERMARK (MARK DE CAMPS) AUX PRISONNIERS DE GUERRE RAPATRIÉS

« Communiqué officiel n° 93 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre, en date du 2 juin 1942.

La direction du Service des prisonniers de guerre a l'honneur de porter à la connaissance des prisonniers de guerre rapatriés, les communications ci-après, émanant des hautes Autorités allemandes et déjà diffusées par leurs soins en zone occupée :

Suivant accords récemment intervenus avec les Autorités allemandes, les prisonniers de guerre, régulièrement rapatriés par ces Autorités, pourront obtenir dans certains cas le remboursement des bons de Lagermark qu'ils n'ont pas échangés avant leur départ du camp, malgré les instructions formelles données par le Haut-commandement de l'Armée allemande.

Ils adresseront une demande : - soit à la Direction du Service des Prisonniers de Guerre, 52, avenue Maréchal-Foch, à Lyon, s'ils résident en zone non occupée ; - soit à la Sous-Direction du Service des Prisonniers de Guerre, 231, boulevard Saint-Germain, à Paris, s'ils résident en zone occupée.

Les intéressés indiqueront leurs nom, prénoms, numéro matricule des camps et dates de séjour dans ces camps.

Ils exposeront, à l'appui de leur demande, les motifs pour lesquels ils ont été amenés à garder cette monnaie au lieu de la déposer au camp, contre reçu, comme il est prescrit. Ils joindront à cette demande les bons dont ils désirent obtenir la contre-valeur.

La Sous-Direction du Service des Prisonniers de Guerre (Service de transfert des fonds) centralisera les réclamations et les bons, et interviendra elle-même auprès des commandants des camps intéressés. Si l'échange de la monnaie n'est pas accepté, les bons de Lagermark seront adressés, en retour, aux anciens prisonniers qui les détenaient. Dans ce cas, aucune réclamation ultérieure ne sera admise. Si, au contraire, l'échange est accepté, les anciens prisonniers intéressés en recevront le montant par mandat-poste. Ils sont avisés, dès maintenant, que cette procédure demandera un délai d'environ trois mois, et il sera inutile d'adresser de nouvelles réclamations, tant auprès des Autorités allemandes qu'auprès des Services français.

Par ailleurs, les familles des prisonniers de guerre peuvent contribuer à éviter des pertes d'argent aux prisonniers de guerre libérables en les avisant, par lettre, qu'ils doivent échanger leurs bons de Lagermark au camp, avant leur libération. » (Informations générales, pp. 444-445 / Ministère de l'Intérieur 1942-93)

7 juin 1942 : « En France, les savons de ménage ne doivent pas contenir plus de 24 p. 100 d'acides gras et résiniques et les savons de toilette plus de 12 p. 100. » (3) p. 98

OBLIGATION AUX JUIFS DE PORTER UNE ÉTOILE JAUNE

« Le « Journal Officiel » contenant les ordonnances du Militaerfehlshaber in Frankreich a publié l'ordonnance ci-après :

« En vertu des pleins pouvoirs qui m'ont été conférés par le Führer und Oberster Befehlshaber der Wehrmacht, j'ordonne ce qui suit :

§ 1. — Signe distinctif pour les Juifs

1) Il est interdit aux Juifs, dès l'âge de six ans révolus, de paraître en public sans porter l'étoile juive.

2) L'étoile juive est une étoile à six pointes ayant les dimensions de la paume d'une main et les contours noirs. Elle est en tissu jaune et porte, en caractères noirs, l'inscription « Juif ». Elle devra être portée bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine, solidement cousue sur le vêtement.

§ 2. — Dispositions pénales

Les infractions à la présente ordonnance seront punies d'emprisonnement et d'amende ou d'une de ces deux peines. Des mesures de police, telles que l'internement dans un camp de juifs, pourront s'ajouter ou être substituées à ces peines.

§ 3. — Entrée en vigueur

La présente ordonnance entrera en vigueur le 7 juin 1942. » (Informations générales, p. 442/Ministère de l'Intérieur 1942-93)

9 juin 1942 : « Un comité d'accueil chargé d'apporter une aide matérielle aux prisonniers libérés sera créé dans chaque département. » (3) p. 99

13 juin 1942 : « Convention entre la Banque de France et le Gouvernement pour élever de 169 à 181 milliards de francs le montant des avances provisoires de la Banque à l'État en vue d'assurer le paiement des frais d'entretien des troupes d'occupation. » (3) p. 98

14 juin 1942 : LE SÉJOUR À TOULOUSE DU MARÉCHAL

« C'est une réception vraiment grandiose et digne de la capitale du Languedoc que Toulouse a faite au Maréchal à son arrivée, samedi soir, en gare de Matabiau.

Le Chef de l'État fut accueilli par M. Cheneaux de Leyritz, préfet régional, le général Gérard, commandant la 17e division militaire ; M. Bezagu, préfet délégué entouré des hauts fonctionnaires de la préfecture, par l'archevêque de Toulouse, le consul d'Espagne, toutes les autorités du département et l'amiral Abrial.

Dimanche 14 juin, après une messe en plein air, aux allées Saint-Michel, à laquelle le Maréchal vint assister et où il fut accueilli par Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, se déroula la cérémonie de la remise du drapeau de la Légion.

Gagnant alors le « Palais du Maréchal », siège de la 17e division militaire, le Chef de l'État reçut les officiers de la garnison.

Puis à l'Hôtel de Ville se déroula la réception de la délégation spéciale, présidée par M. Haon. Le préfet régional, M. Cheneaux de Leyritz, à son tour, présenta au Maréchal le corps consulaire, notamment les consuls d'Espagne, de Suisse, du Portugal, du Chili, d'Uruguay et de Monaco.

Au cours de l'après-midi, le Maréchal a conversé longuement avec les représentants des trois principaux syndicats professionnels du département, ceux des métaux, du bâtiment et de la boulangerie.

Avant de quitter Toulouse, le Chef de l'État a assisté au rassemblement des groupements de jeunesse qui a eu lieu au Palais des Sports, puis le cortège a retraversé la ville au milieu d'une foule enthousiaste, se dirigeant vers la gare de Matabiau, où le Maréchal Pétain et sa suite ont pris le train pour Vichy. » (Informations générales, pp. 472-473 / Ministère de l'Intérieur 1942-94)

17 juin 1942 : PERTE OU DÉTÉRIORATION DE DENRÉES ALIMENTAIRES

Le J. O. du 17 juin a publié une loi du 12 juin, aux termes de laquelle sont passibles d'une peine allant de 5 à 10 ans de prison et d'une amende de 100.000 francs à 5 millions, les personnes qui laisseront périr volontairement des denrées alimentaires. Celles qui se rendront coupables de la même faute par négligence seront passibles d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et d'une amende de 1.000 à 100.000 francs. Ces dernières peines sont portées de 6 mois à 5 ans de prison et de 10.000 à 500.000 francs d'amende si la perle ou la détérioration de denrées alimentaires est imputable au manque d'initiative d'un fonctionnaire ou d'une personne investie d'un mandat officiel.

C'est la première fois qu'une sanction pénale aussi grave est prévue, indépendamment de toute intention malveillante, et qui est aggravée à l'égard de ceux auxquels une responsabilité publique est confiée.

Il n'est pas douteux que tous les Français appelés à bénéficier de la régularité du ravitaillement apprécient le caractère nécessaire d'une telle mesure.

RAVITAILLEMENT DES ESTIVANTS

Le secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement a pris les dispositions suivantes concernant le ravitaillement des consommateurs en vacances :

Dès leur arrivée au lieu de villégiature, ceux-ci devront, s'ils ne possèdent plus leurs tickets, coupons ou vignettes nécessaires pour l'inscription chez les détaillants de leur nouvelle résidence provisoire, justifier à la mairie du lieu où ils se trouvent de leur qualité d'estivants.

Il leur sera remis une attestation qu'ils devront déposer chez les commerçants de leur choix en y joignant les coupons et tickets correspondant aux marchandises qu'ils désirent acheter.

De retour à leur résidence habituelle, s'ils ne possèdent plus les tickets et coupons nécessaires à leurs inscriptions, ou si ceux-ci sont périmés, ils devront justifier à la mairie de la date et de la durée de leur déplacement.

En ce qui concerne le lait, les consommateurs partant en vacances devront se faire remettre par leurs commerçants détaillants les deux parties de la carte qu'ils détiennent et les présenter à la mairie de la localité où ils séjourneront pendant les vacances, qui leur remettra une nouvelle carte. » (Informations générales, pp. 566-568 / Ministère de l'Intérieur 1942-95)

18 juin 1942 : « Le principe d'une carte officielle de jardinage pour l'attribution des graines potagères est adopté. » (3) p. 105

JARDINS OUVRIERS « Dès avant la guerre, la S.N.C.F. s'était efforcée de développer chez ses agents le goût du jardinage et elle mettait gratuitement à leur disposition les terrains disponibles dans les emprises du chemin de fer. Elle avait même créé des jardins-écoles, où des moniteurs donnaient au personnel un enseignement de qualité et certaines régions allaient jusqu'à offrir à leurs employés des graines de semence et des arbres fruitiers. Dans le sud-est, pour remédier à la sécheresse des terrains, on avait réalisé des adductions d'eau qui permettaient aux agents de pratiquer la culture maraîchère.

Les circonstances ont incité le réseau national à donner à cette politique une extension nouvelle. Quelques chiffres donnés par Le Matin permettent d'apprécier cet effort. La région du Nord a concédé gratuitement, pour des prix minimes, 10.500 terrains, la région de l'Est 4.000, la région du Sud-Est 12.000 terrains, la région du Sud-Ouest 15.400 terrains, la région de l'Ouest 13.000 terrains. Les talus du chemin de fer ont été également utilisés. La S.N.C.F. a autorisé la coupe du foin qui y pouvait pousser. Ainsi les terrains, même les plus exigus qui se trouvent disponibles dans le domaine du chemin de fer, sont devenus productifs et contribuent à améliorer le ravitaillement national. » (Informations générales, p. 139 / Ministère de l'Intérieur 1942-100)

19 juin 1942 : « Le Gouvernement français approuve les bases de la Société des Matières colorantes et produits chimiques « Francolor » qui, au conseil de direction, comprend trois actionnaires français (Matières Colorantes de Saint-Denis, Kuhlmann) et un Allemand (I.G. Farben-Industrie). » (3) p. 98

22 juin 1942 : « Dans un discours radiodiffusé, M. Pierre Laval demande aux ouvriers français d'aller travailler en Allemagne pour assurer le retour de prisonniers agriculteurs. » (3) p. 92

« Les Légions des Volontaires français des deux zones contre le bolchévisme s'unissent sous le titre de « Légion Tricolore ». » (3) p. 104

30 juin 1942 : LES TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

« L'appel du chef du gouvernement a suscité l'attention générale sur les conditions de vie offertes aux ouvriers français souscrivant un contrat de travail en Allemagne.

Le chômage qui allait atteindre de nombreux ouvriers à la suite de la fermeture de nouvelles usines pourra être évité par ce transfert de main-d'œuvre. Aussi les ouvriers, grâce à des possibilités de virement qui leur permettront d'envoyer d'importantes sommes en France, resteront-ils les soutiens effectifs de leurs familles.

Le Crédit Lyonnais, qui sert d'intermédiaire pour les virements, transmet chaque jour à des familles françaises plus d'un million de francs gagnés pour elles en Allemagne. C'est de la région parisienne qu'est, jusqu'à présent, parti pour l'Allemagne le plus fort contingent de travailleurs. Les dernières statistiques officielles enregistraient 99.501 ouvriers parisiens occupés dans les usines allemandes touchant près de 225 millions de salaires.

Or, les ressources en main-d'œuvre sont loin d'être épuisées dans la région parisienne, où s'aggrave chaque jour le chômage local. Cette considération vient d'inspirer aux pouvoirs publics une initiative particulièrement intéressante pour les jeunes hommes de 16 à 18 ans.

Ceux d'entre eux qui, présentés par leurs parents, acceptent de vivre dans un camp de jeunesse en Allemagne, et présentent de suffisantes garanties de santé, partiront en groupe, sous la surveillance d'un chef français. Arrivés au camp, ils suivront des cours de mécanique, ce qui leur permettra de se spécialiser. Entre temps, ils suivront les cours de langue allemande et pourront pratiquer les sports. Un premier départ est prévu pour la première semaine de juillet.

Déclarations de M. Gabriel Lafaye.

M. Gabriel Lafaye, président du comité d'information ouvrière et sociale, qui regroupe, on le sait, les formations ouvrières les plus diverses, a bien voulu donner son opinion sur le recrutement volontaire des ouvriers français pour l'Allemagne.

« Après le message si direct du président Pierre Laval, a dit l'ancien ministre, c'est un devoir pour les ouvriers français de répondre à l'appel du chef du gouvernement. Le sort de la France et de l'Empire en dépend. Le Français, d'ailleurs, a toujours répondu à ceux qui savent à la fois parler à son cœur et à son esprit. Combattants et affectés spéciaux furent mobilisés, mais il est certain que leur sort sui différent. En partant travailler en Allemagne, les ouvriers français libéreront un nombre important de prisonniers ; en entrant dans les usines allemandes, ils ouvriront des camps de prisonniers français. C'est un devoir impérieux pour eux de rendre à leurs familles des êtres chers, absents depuis plusieurs années. Ils auront ainsi mérité la reconnaissance de la nation. »

M. Gaston Bruneton, directeur du Service de la main-d'œuvre française à l'étranger, a fait à la presse une importante déclaration dont nous détachons les passages suivants :

« Plus de 160.000 ouvriers de notre pays ayant été chercher du travail en Allemagne, le gouvernement français s'est rendu compte qu'il était nécessaire de veiller sur les intérêts de cette importante communauté de travailleurs français à l'étranger.

Par la loi du 26 mars 1942, il a été créé à cet effet le « Service de la Main-d'œuvre française en Allemagne », qui vient d'ouvrir à Paris ses bureaux — 18, rue de Madrid — et qui pour la zone non occupée, va ouvrir à très bref délai des bureaux à Lyon et dans les principaux centres.

Le Service de la Main-d'œuvre française en Allemagne est - j'insiste là-dessus — essentiellement social, et ses activités, en France comme en Allemagne, sont avant tout sociales.

  • Action en Allemagne

« Il y a, en Allemagne, des délégués inspecteurs à Berlin et dans quelques grandes villes de province.

Ces délégués inspecteurs sont chargés de prendre et de maintenir le contact avec les ouvriers et ouvrières français et de veiller à la sauvegarde de leurs intérêts matériels et moraux.

Mais le problème des ouvriers français qui travaillent en Allemagne n'est pas le seul qui ait retenu l'attention de mon service.

  • Action en France

« En France, des familles sont restées ; beaucoup d'entre elles sont privées du chef de famille, leur appui naturel.

Le Service de la Main-d'œuvre française est à la disposition des Familles des ouvriers français partis en Allemagne.

Pour bien faire comprendre enfin le fonctionnement du nouveau Service, je dirai qu'il est une véritable plaque tournante, destinée à relier entre eux suivant les besoins :

— les ouvriers français qui travaillent en Allemagne ;

— leurs familles restées en France ;

— les organismes sociaux déjà existants d'assistance et d'entraide ;

— les autorités intéressées françaises et allemandes. » (Informations générales, pp. 607-609 / Ministère de l'Intérieur 1942-96)

Toulouse, 18 juin 1942 203-3

Lettre de la cousine Anna à Léonie et Louis

Bien chers cousins,

Depuis longtemps sans nouvelles de votre part, je viens vous en donner des nôtres qui sont assez bonnes pour le moment.

Nous espérons qu'il en est de même de vous deux ainsi que de Tante et Léon de qui nous pensons que vous avez toujours de bonnes nouvelles. Nous pensons souvent à lui, le pauvre. Envoyez-lui nos amitiés quand vous lui écrirez.

Ici, toujours les mêmes ennuis pour le ravitaillement. On est malheureux ; je ne sais quand tout cela finira.

Hortense et Élie sont toujours à Campettes mais nous n'avons pas de leurs nouvelles.

Marinette attend un bébé pour le mois de septembre ; les premiers temps, elle était un peu fatiguée mais à présent, ça va bien.

Marcelle a été vaccinée contre la variole et comme deux vaccins ont bien pris, elle a été obligée de rester deux ou trois jours à la maison car elle ne pouvait pas marcher. À présent, ça va mieux. Cette année, ce n'est pas à Bagnères qu'on envoie les enfants de son école. C'est dommage, car vous auriez pu aller la voir, comme l'année dernière. Elles vont plus loin, à Châtel-Guyon, en Auvergne. Marcelle a encore grandi mais elle aurait besoin de grossir un peu.

Et vous autres, que faites-vous ?

Toujours occupés au jardin ? Louis doit aller à la pêche de temps en temps, quand il est de repos.

Bien cher Louis et Léonie, il y a bien longtemps qu'on ne vous a vus. Quand viendrez-vous nous faire une visite ? Nous espérons avoir bientôt de vos bonnes et longues nouvelles. Dans cette attente, maman, Juliette et Marcelle se joignent à moi pour vous adresser nos plus sincères amitiés à tous deux avec nos bons baisers. Anna

JUIN 1942 : 3 colis[12] expédiés.

Juillet 1942

Rappel historique, 1er juillet 1942 : « Le prix des céréales pour la campagne 1942-43 sont fixés à : 375 francs pour le blé ; 306 francs pour le seigle ; 285 francs pour l'escourgeon ; 290 francs pour l'orge de mouture ; 302 francs pour l'orge de brasserie ; 269 francs pour l'avoine grise ; 263 francs pour l'avoine blanche. » (5) p. 105

« Le président Laval accorde au gauleiter Sauckel 150.000 ouvriers français en échange de trois ouvriers pour un prisonnier. » (5) p.93, « Almanach Hachette 1945 ».

HÉBERGEMENT DES OUVRIERS ÉTRANGERS EN ALLEMAGNE

Le D.N.B. communique :

« Le front allemand du travail vient d'être chargé de s'occuper de l'hébergement des ouvriers étrangers travaillant en Allemagne. Il a notamment pour mission de veiller à ce que les locaux habités par les travailleurs étrangers soient installés d'une façon modèle pour ce qui est de la propreté et de l'hygiène. Les ouvriers des différents pays doivent être hébergés dans des cantonnements distincts ou, au moins, être séparés à l'intérieur des cantonnements. Par ailleurs les coutumes nationales des travailleurs étrangers doivent être respectées dans toute la mesure du possible, notamment en ce qui concerne la nourriture. À cette fin, il est fait appel le plus possible à des cuisiniers originaires des mêmes pays que les ouvriers. De même pour les loisirs, le front allemand du travail doit faire le nécessaire dans le cadre des coutumes des travailleurs. C'est ainsi notamment qu'un groupe dramatique a été créé à Paris, qui, sur l'initiative du ministre de la Propagande, a donné à Berlin une représentation destinée aux ouvriers français travaillant en Allemagne. D'autre part l'organisation : « La Force par la Joie » s'occupe en France occupée des familles des travailleurs français se trouvant actuellement en Allemagne.

Acheminement du courrier

Voici le texte de la notice remise aux ouvriers français de zone non occupée partant pour l'Allemagne :

« Les communications postales des ouvriers français travaillant en Allemagne, avec leur famille se trouvant en zone non occupée sont réglées comme suit :

« a) En direction de la France : Les ouvriers remettent leurs lettres à la maison où ils travaillent, laquelle doit affranchir celles-ci pour l'étranger (affranchissement à la charge du travailleur). Ensuite, la maison expédie en bloc à l'A.B.P. de Francfort-sur-le-Main le courrier ainsi collecté et placé dans une deuxième enveloppe. Sur cette deuxième enveloppe collective ou sur une note se trouvant à l'intérieur de celle-ci, l'employeur indique qu'il s'agit d'envois postaux de travailleurs étrangers.

« L'A.B.P. de Francfort-sur-le-Main se charge de mettre le cachet sur les lettres ou cartes postales et joint à chacune une note en français indiquant que les réponses à ces lettres devront être placées dûment affranchies, dans une deuxième enveloppe adressée au centre en France des organisations économiques allemandes, à Lyon, 104, chemin de Baraban, angle de la rue des Teinturiers.

Les dispositions susindiquées doivent être également communiquées aux ouvriers français par leurs employeurs qui leur demanderont d'expliquer à leurs familles, dans leurs lettres, le procédé à suivre pour expédier et adresser correctement les réponses. (Voir art. b.).

Les services des postes du Reich expédient ces envois postaux en zone non occupée.

« b) En direction de l'Allemagne : Les lettres des familles des ouvriers, dûment affranchies pour l'étranger, doivent être placées dans une deuxième enveloppe adressée au centre en France des organisations économiques allemandes à Lyon, 104, chemin de Barbaran, angle de la rue des Teinturiers. Cette enveloppe extérieure doit être marquée « Courrier d'ouvriers ». L'enveloppe intérieure doit porter le nom et le prénom de l'ouvrier avec le nom de la maison où il travaille et l'adresse complète de celle-ci.

« Le centre en France des organisations économiques allemandes expédie collectivement les envois postaux dans une enveloppe marquée « Arbeiterpost », à l'A.B.P. de Francfort-sur-le-Main qui remet ces lettres aux services des postes du Reich, lequel les fait parvenir à destination.

Ces opérations sont effectuées avec la plus grande célérité. » (Informations générales, pp. 174-175 / Ministère de l'Intérieur 1942-101)

19 juillet 1942 : SOCIÉTÉS SECRÈTES

Extension de la législation en vigueur

« La loi du 13 août 1940 (J. O. du 14 août) portant interdiction des associations secrètes, complétée déjà par les lois du 20 novembre 1940 et du 11 mars 1941, vient d'être complétée à nouveau par une loi du 13 juin (J. O. du 19 juillet).

Les dispositions nouvelles étendent les mesures de dissolution à tous groupements, associations, sociétés civiles ou commerciales dont l'objet principal ou accessoire était de favoriser le fonctionnement des associations secrètes. Les conditions d'attribution des biens des sociétés dissoutes sont également déterminées par la nouvelle loi. » (Informations générales, p. 118 / Ministère de l'Intérieur 1942-100)

20 juillet 1942 : « La Vendée est rattachée à la région économique de Poitiers. » (5) p. 105

27 juillet 1942 : « Une loi autorise les vieux travailleurs, âgés de plus de 65 ans, à exercer une activité professionnelle, tout en conservant le bénéfice de l'allocation. » (5) p. 103

30 juillet 1942 : « Loi indiquant que les relégués seront internés dans un établissement pénitentiaire et ne seront plus dirigés sur Cayenne. » (5) p. 103

LES TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE ET LA RELÈVE

Le centre d'information du travail français en Allemagne communique :

« Des informations erronées ou tendancieuses sont trop souvent répandues en ce qui concerne les conditions dans lesquelles s'opère « la relève ». Une des erreurs les plus communes consiste à affirmer qu'en s'embauchant pour l'Allemagne, un ouvrier français peut réclamer et obtenir la libération d'un prisonnier nommément désigné.

La relève n'est pas individuelle, elle est collective ; tous les engagements souscrits par les travailleurs français pour l'Allemagne contribuent à la relève des prisonniers suivant les modalités prévues dans les accords passés par les deux gouvernements. » (Informations générales, p. 125 / Ministère de l'Intérieur 1942-100)

CARNET

Dimanche 5 juillet 1942 = Départ de Münster.

Le même jour = Arrivée à Bremen.

[De Münster, plein Nord sur Brême où nous stationnons du 5 juillet 1942 jusqu'au 3 septembre 1942. C'est là que j'ai pu faire des dépannages d'électroménager, le cordon des appareils comportait déjà le conducteur de terre. Après ce court séjour où on ne se sentait pas tellement en sécurité vu la proximité d'une fabrique d'avions, nous descendrons sur Osnabrück.]

JUILLET 1942 : 2 colis[13] expédiés.

Août 1942

Rappel historique, 1er août 1942 : HORAIRE PROFESSIONNEL

« La durée des heures de travail, qui était de 48 heures avant la guerre, a, naturellement, augmenté dans les usines allemandes depuis la guerre. Elle varie selon les entreprises ; il est rare qu'elle soit inférieure à 50 heures et supérieure à 60 heures.

Au-delà de 48 heures, les heures effectuées sont considérées comme supplémentaires ; elles sont généralement proposées comme une faveur aux ouvriers allemands qui s'empressent de l'accepter.

Le travail de nuit ne doit pas être effectué, en principe, par les femmes et les jeunes filles ni par de jeunes gens, qui ne peuvent, tout au plus, travailler que jusqu'à 23 heures. Pour les femmes, il existe un tour de roulement.

La distribution des heures de travail, en Allemagne, diffère sensiblement de notre horaire français. Le volontaire de la relève doit se montrer assez matineux, surtout s'il couche loin de son usine. En revanche, dès 17 heures, il sera libre, ce qui ne l'aura pas empêché d'abattre ses 10 heures, ou presque, de travail, les temps d'arrêt pour les repas étant, en Allemagne, beaucoup plus courts qu'en France : un quart d'heure pour le casse-croûte du matin, une demi-heure pour le repas de midi, l'un et l'autre étant consommés sur place.

Cette formule expéditive, par le changement de rythme qu'elle entraîne dans la journée de travail de l'ouvrier français, surprend, au début, celui-ci beaucoup plus que le décalage signalé plus haut. Mais, l'expérience est là pour le démontrer, l'habitude est très vite prise de ces journées de travail formant un tout presque ininterrompu. Par l'allongement des soirées qu'il procure, ce système est, cependant, apprécié de nos compatriotes.

Prenons le cas fort répandu d'un ouvrier français obligé d'emprunter le chemin de fer pour se rendre à l'usine allemande où il travaille. Il se lève vers 5 heures du matin.

À 6 h. 30, « embrayage ». Le travail commence. Il durera jusqu'à 17 heures avec entre temps, les deux arrêts réglementaires, de 8 h. 30 à 8 h. 45 pour le casse-croûte, et de midi à midi 30 pour le déjeuner. Notons ici que l'horaire des ouvrières comporte un troisième arrêt, d'un quart d'heure, de 16 heures à 16 h. 15, pour le goûter. De plus, l'horaire féminin est décalé d'une heure et demie par rapport à celui des hommes. L'ouvrière française en Allemagne travaille généralement de 8 h. 15 à 19 heures.

Quant aux ouvriers fournissant un travail de nuit, leur présence à l'usine va de 6 heures du soir à 6 heures du matin, avec arrêt de minuit à minuit trente pour le casse-croûte. Ils n'assument, généralement, pas deux nuits de travail consécutives, c'est-à-dire que le travailleur de nuit quittant l'usine un matin à 6 heures n'y reviendra que le surlendemain à 18 heures.

Ce travail nocturne n'est, d'ailleurs, pas toujours effectué par la même équipe. Il existe un tour de roulement pour l'assurer. » (Informations générales, pp. 601-602 / Ministère de l'Intérieur 1942-109)

9 août 1942 : « Une loi prévoit la peine de mort pour tout Français détenteur d'armes et de matières explosives. » (5) p. 103

12 août 1942 : « Loi accordant l'allocation complémentaire de 1600 francs aux vieux travailleurs de la région parisienne. » (5) p. 103

19 août 1942 : « Un essai de débarquement de troupes britanniques et canadiennes a lieu à Dieppe. Après neuf heures de combat, pendant lesquelles les troupes d'invasion furent maîtresses du terrain conquis, les forces anglaises se rembarquèrent volontairement. » (5) p. 74

TENTATIVE DE DÉBARQUEMENT BRITANNIQUE EN FRANCE

Félicitations du président Laval à la population dieppoise.

À l'occasion des événements militaires de Dieppe, le président Laval, chef du Gouvernement, a adressé le 20 août le télégramme suivant au sous-préfet de Dieppe :

« J'ai appris avec une profonde satisfaction comment les fonctionnaires et les populations se sont comportés hier. Au nom du Maréchal et en mon nom, je leur adresse toutes nos félicitations pour la discipline et le calme dont ils ont donné, en présence de ces événements militaires, un magnifique exemple.

Veuillez charger les maires de transmettre ce message à leurs administrés, en leur exprimant notre gratitude pour la façon dont ils ont tous accompli leur devoir. Vous voudrez bien, en même temps, vous incliner en notre nom devant les victimes et saluer leurs familles. »

Libération des prisonniers de la région de Dieppe

Les prisonniers de guerre français originaires de Dieppe et des communes environnantes vont être libérés par ordre du chancelier Hitler.

Cette nouvelle, qui ne manquera pas de toucher profondément la population française tout entière, est parvenue de Berlin dans une dépêche ainsi conçue :

Le D. N. B. apprend de source militaire : « Au cours de la victorieuse bataille défensive livrée lors de la tentative de débarquement britannique de Dieppe, les autorités françaises locales et les habitants des territoires dans lesquels se sont déroulés les combats se sont comportés de manière particulièrement disciplinée. Sans prendre garde au feu ennemi, les Français ont combattu les incendies qui s'étaient déclarés ; ils ont, en certains cas, approvisionné les troupes allemandes en vivres et en boissons et porté immédiatement secours aux aviateurs atterris en détresse.

En reconnaissance pour cette attitude, le chancelier Hitler a décidé que les prisonniers de guerre français de Dieppe, Neuville, Hautot-sur-Mer, Tourville, Petit-Abbeville et Arques-la-Bataille seraient libérés. »

À la suite de cette information. M. de Brinon, ambassadeur de France, délégué général du Gouvernement français dans les territoires Occupés, secrétaire d'État auprès du Chef du Gouvernement a fait la déclaration suivante aux représentants de la presse parisienne :

« Je vous réunis aujourd'hui afin de vous informer que, dès ce matin, j'ai fait transmettre au chancelier Hitler, chef d'État et chef d'Armée, à la fois par l'entremise de M. l'Ambassadeur du Reich et par celle de M. le Général commandant les troupes allemandes en France, les remerciements du gouvernement français pour l'ordre spontanément donné par lui de procéder à la libération des prisonniers de Dieppe et des communes avoisinantes touchées par la tentative d'invasion britannique du 19 août.

« Ce geste a accompagné la connaissance prise par le Führer des rapports qui lui ont été soumis. Il est venu entièrement de lui.

Pour ma part, je savais depuis quarante-huit heures qu'il avait été décidé. Je n'avais pas le droit de le faire connaître avant que les familles puissent l'apprendre elles-mêmes par l'annonce officielle faite par l'État-Major du Chancelier lui-même.

« M. le Sous-Préfet de Dieppe qui m'a téléphoné à la fin de la matinée, après avoir assisté, aux côtés des autorités locales et du préfet régional au service funèbre à la mémoire des victimes françaises célébré par Mgr l'Archevêque de Rouen, m'a dit, en propres termes « que rien ne pouvait mieux servir la cause que nous défendons. » (Informations générales, pp. 355-356 / Ministère de l'Intérieur 1942-105)

20 août 1942 : SOCIÉTÉS SECRÈTES. Commission spéciale

« Par une loi du 10 novembre 1941 (J. O. du 13 novembre, voir I. G. N° 64) une commission spéciale des Sociétés secrètes avait été instituée auprès du Secrétariat d'État à la Justice.

Le J. O. du 20 août 1942 a publié une loi du 10 août aux termes de laquelle cette commission spéciale est placée auprès du Chef du Gouvernement avec des attributions consultatives. Sa composition sera fixée par décret et ses membres choisis parmi les personnalités exemptes de tout attache avec les sociétés secrètes ou avec les chefs de celles-ci.

La Commission pourra s'adjoindre à titre consultatif des représentants des administrations intéressées à la solution des questions qui auront été soumises à son examen.

À titre tout à fait exceptionnel, le Chef du Gouvernement pourra après avis de la commission suspendre par décision individuelle et pour une durée de deux ans l'application des interdictions et incapacités qui ont frappé les anciens membres des sociétés secrètes, sous la double condition que cette mesure soit justifiée par l'intérêt supérieur du service et par les preuves que les personnes en cause auront données de leur adhésion à l'ordre nouveau. À l'expiration du délai de deux ans, la situation des personnes qui ont bénéficié de cette mesure devra être examinée à nouveau ; s'il résulte des circonstances qu'elles se sont montrées dignes de cette mesure, elles seront relevées définitivement des interdictions et incapacités qui les frappaient.

Dans le cas contraire, le Chef du Gouvernement décidera quelles seront à nouveau frappées des mesures prévues par les lois et règlements en vigueur en matière de sociétés secrètes. » (Informations générales, pp. 315-316 / Ministère de l'Intérieur 1942-104)

24 août 1942 : COLIS AUX PRISONNIERS DE GUERRE POUR NOËL 1942

« Communiqué officiel n° 98 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre en date du 22 août 1942 repris le 24/08/1942. Le Gouvernement a décidé d'offrir à tous les prisonniers qui se trouveraient encore en captivité à Noël 1942 un colis gratuit d'un poids d'environ 5 kilos.

Ce colis sera confectionné par les œuvres et expédié, au nom des familles qui en feront la demande, au moyen d'une étiquette réglementaire remise aux œuvres par les familles.

Pour bénéficier de cette mesure, les familles devront se conformer aux prescriptions suivantes :

1 ° Se faire inscrire dans une œuvre de leur choix entre le 25 août et le 15 septembre. Les familles rempliront une fiche de commande dont la souche portant la suscription « Noël 1942 » leur sera remise. Ne pas apporter d'étiquette en se faisant inscrire.

2° Apporter entre le 15 octobre et le 10 novembre à l'œuvre choisie, une étiquette bleue en même temps que la souche de la fiche de commande. L'œuvre n'acceptera l'étiquette que contre présentation de cette souche.

Répression des vols de colis

Le Commissariat général aux Prisonniers de guerre rapatriés et aux familles de prisonniers de guerre communique :

Le gouvernement vient d'adopter un projet de loi qui lui a été présenté par le Garde des Sceaux, sur la proposition du Commissariat général aux Prisonniers et qui tend, à réprimer très sévèrement le vol de colis de denrées destinés aux prisonniers de guerre.

Aux termes de cette loi en date du 12 août (J. O. du 21 août) les voleurs de colis seront déférés à un tribunal spécial appliquant une procédure d'urgence et seront punis de travaux forcés à temps. Si le vol ou la tentative de vol a été commis par un individu qui, par ses fonctions, contribuait à quelque titre que ce soit au transport des colis, la peine des travaux forcés à perpétuité sera prononcée. » (Informations générales, pp. 317-318 / Ministère de l'Intérieur 1942-104)

25 août 1942 : « Les bureaux de la Chambre des Députés et du Sénat sont supprimés (J.O., 27 août). » (5) p. 93

26 août 1942 : SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Le J.O. du 26 août a publié une nouvelle liste de fonctionnaires et agents civils ou militaires, membres des sociétés secrètes ayant souscrit une fausse déclaration. Cette liste est la 30e parue à ce jour. Les J.O. du 27, 28 et 29 août ont publié respectivement les 31e, 32e et 33e listes. » (Informations générales, p. 369 / Ministère de l'Intérieur 1942-105)

27 août 1942 : « La ration de pain des producteurs de blé sera portée à 500 grammes par jour à partir du 1er octobre. » (5) p. 105

Dimanche 16 août 1942 204

Postkarte KG

Bien chère maman,

Voilà bien longtemps que je ne t'ai pas écrit directement. C'est en marquant mon 29e anniversaire que je viens t'apporter de mes bonnes nouvelles espérant que la présente te trouvera de même ainsi que Louis, Léonie et Joseph. Hélas, je redoute qu'elle ne te trouve un peu fatiguée car je sais qu'en cette saison le travail ne manque pas. Je voudrais tant pouvoir te seconder, cela viendra sous peu je l'espère. En attendant, courage et patience, de la santé nous reste, c'est le principal. Bonjour aux voisins, etc. Ton fils qui ne t'oublie pas. Léon

AOÛT 1942 : 3 colis[14] expédiés

Septembre 1942

Rappel historique, 3 septembre 1942 : ATTRIBUTION DE CERTIFICATS DE SCOLARITÉ AUX PRISONNIERS DE GUERRE

« Le J. O. du 6 septembre a publié un arrêté du 3 septembre aux termes duquel, dans tous les camps et détachements de prisonniers de guerre où des études ont pu être organisées, les directeurs d'études ou des professeurs qui appartiennent ou non à l'Université sont invités à délivrer à tous ceux de leurs étudiants qui en feront la demande, « un certificat de scolarité ». Lorsque des examens auront pu être organisés dans un camp, les compositions écrites de chaque candidat, accompagnées du relevé de notes et des appréciations du jury, seront si possible, jointes au « certificat de scolarité ».

Les prisonniers de guerre bénéficiaires des dispositions du décret du 28 août (voir I. G. n° 106) pourront, lors de leur inscription pour un examen d'une session spéciale, présenter le « certificat de scolarité » au doyen de la faculté intéressée. » (Informations générales, p. 505 / Ministère de l'Intérieur 1942-107)

4 septembre 1942 : « Le gouvernement de Vichy offre aux détenteurs de cuivre d'échanger 200 grammes de ce métal contre un bon donnant droit à un litre de vin. » (5) p. 101

7 septembre 1942 : « Un décret institue le syndicat unique et obligatoire. » (5) p. 103

9 septembre 1942 : « Une loi étend le bénéfice des allocations familiales aux veuves ayant des enfants à charge. » (5) p. 103s

11 Septembre 1942 : RETOUR DES PRISONNIERS DE LA RÉGION DIEPPOISE

« Les prisonniers originaires de la région dieppoise avant leur retour en France avaient été rassemblés vendredi 11 septembre dans un camp proche de la frontière française.

Dimanche 14 septembre, le convoi était accueilli à Châlons-sur-Marne par M. de Peretti della Rocca, préfet régional, qui les salua au nom du président Laval.

Dans l'après-midi, les libérés arrivèrent à Serqueux, localité qui avait été choisie pour les recevoir.

Dans la soirée, le convoi arrivait à Dieppe où les rapatriés se rendirent au Monument aux morts et déposèrent une gerbe à la mémoire des soldats de Dieppe tombés au champ d'honneur. » (Informations générales, pp. 466-468 / Ministère de l'Intérieur 1942-107)

14 septembre 1942 : « Création du service national obligatoire du travail auquel tout Français de 18 à 50 ans et toute Française célibataire, de 21 à 35 ans, seront assujettis. » (5) p.93

17 septembre 1942 : « Décret accordant la gratuité des soins médicaux et pharmaceutiques aux pensionnés pour invalidité (J.O.). » (5) p. 103

23 septembre 1942 : NOUVEAUX CONVOIS

« Mercredi 23 septembre, à leur arrivée à Compiègne, les rapatriés (Stalag 8 C, A et D) ont pu voir un autre train qui, à leurs yeux, matérialisait la relève :

C'est celui qui emportait vers l'Allemagne les ouvriers partis de Paris quelques heures plus tôt et qui a fait halte pour permettre à ses voyageurs de saluer ceux à qui leur geste de solidarité va permettre aujourd'hui de retrouver leurs foyers. » (Informations générales, pp. 577-578 / Ministère de l'Intérieur 1942-109)

24 septembre 1942 : RÉORGANISATION DU TRAVAIL

« Par décret, le gouvernement de Vichy procède à la réorganisation du travail. Tout Français de 18 à 50 ans, travaillant moins de trente heures par semaine, doit en faire la déclaration à la mairie de sa résidence. D'autre part, les démissions, congédiements et embauchages seront subordonnés à une autorisation du ministère du Travail. Cette loi à pour but l'augmentation des départs de Français appelés à travailler en Allemagne (J.O., 11 octobre). » (5) p. 103

CARNET

Jeudi 3 septembre 1942 = Départ de Bremen.

Le même jour = Arrivée à Osnabrück.

[Nous arrivons le jeudi 3 septembre 1942 à Osnabrück-Eversburg où, enfin, les pinces universelles et les tournevis me retombent dans les mains. Je pars, tous les matins en vélo, travailler chez un petit installateur-électricien. Le patron étant mobilisé, c'est un ancien ouvrier, Adolf Möller, qui dirige l'entreprise complétée par un demi-ouvrier et un apprenti. Cela m'a permis de travailler à l'Usine Klökner-Verke où des prisonniers russes coulaient des tubes de canons et où l'on rectifiait les roues des motrices et des wagons. Le chef m'a confié l'installation de l'abri personnel du directeur de l'usine, au sous-sol de sa villa. Ce qui m'a permis de leur faire apprécier notre goût au travail et, en retour, outre un « gout arbeit », « prima », etc., un bon petit repas à la clé et servi sur un petit guéridon, dans ce même sous-sol.]

Dimanche 6 septembre 1942 205

Bien chère maman,

Un petit mot pour te donner de mes bonnes nouvelles. Santé toujours excellente. Ici, dans les camps voisins, j'ai trouvé quelques gars du pays avec qui nous faisons un brin de causette. Dernièrement j'ai écrit à Toulouse, Marseille et Luchon. J'attends de leurs nouvelles. Que se passe-t-il au village et dans la vallée ? Y a-t-il de nouveaux rentrés ?

Je termine espérant que la présente te trouvera en parfaite santé.

Le bonjour à Joseph, aux voisins, Estrade, etc.

Ton fils qui ne t'oublie pas. Léon

Toulouse, 21 septembre 1942 205-1

Lettre de la cousine Anna à Léonie et Louis

Bien chers cousins,

C'est avec grand plaisir que nous avons revu l'écriture de Louis, il y avait si longtemps que cela n'était pas arrivé, et nous avons vu que votre santé était bonne. Pour le moment, il en est de même de nous. Vous nous excusez de devenir paresseux pour écrire… Je pourrai faire de même. Plusieurs fois, je me mettais en devoir de répondre à la gentille lettre que Léonie a adressée à Marcelle, en colonie mais ayant un empêchement je ne l'ai pas encore fait ;

Nous avons vu, avec plaisir, que vous aviez de bonnes nouvelles de Léon. Il y a environ un mois, nous avons eu la joie de recevoir une lettre de lui avec sa photo ; il y est bien et a conservé son sourire. Je lui ai répondu et lui ai demandé une étiquette. Avec la relève, peut-être rentrera-t-il bientôt ?

Je mets du papier et de la ficelle de côté ; si vous venez, vous pourrez le prendre, autrement, on vous l'enverra.

Cher Louis, nous avons reçu votre lettre vendredi et samedi je me suis rendue à l'adresse indiquée pour le papier. On m'a répondu que cette annonce datait de 4 mois, au moins et que maintenant, ils étaient complètement démunis, et qu'ils ne savaient quand ils en recevraient. J'essayerai d'aller voir d'autres magasins mais c'est tellement difficile et pour tout c'est pareil. À moins que tu viennes toi-même sur place et, te disant tapissier peut-être que l'on t'en donnerait un peu.

J'espère que tu auras trouvé Tante en bonne santé à Cadéac et que tu auras pris quelques bonnes truites. Oui, c'est dommage que l'on ne soit pas plus près pour en goûter quelquefois.

Et toi, chère Léonie, toujours occupée ne serait-ce qu'avec le ravitaillement. Maman, c'est la même chose. Quand est-ce que tout cela s'arrangera…

Nous espérons avoir bientôt de vos nouvelles. Toute la famille se joint à moi pour vous adresser nos plus affectueux baisers.

Anna

Marinette vient d'être maman d'une superbe petite fille ; on l'appelle Monique. Tout s'est bien passé et toute la famille est en bonne santé. Nous avons aussi des nouvelles d'Hortense et Élie ; ils se portent bien.

(Chers tonton Louis et tata Nini, je vous remercie bien à tous les deux de ce que vous avez joint à la lettre. Je les ai mis à la tirelire et je vous embrasse bien fort tous les deux. Bons baisers à Léon. Marcelle.)

Campettes, le dimanche 27 septembre 1942 205-2

Lettre d'Hortense à Louis et Léonie

Bien chère belle-sœur et cher frère,

C'est avec grand plaisir que nous avons reçu de vos nouvelles et très heureux de vous savoir en bonne santé. Quant à nous, je puis vous en dire de même de nous tous. J'étais fort étonnée que vous n'ayez pas écrit mais la lettre de Toulouse nous ne l'avons pas reçue, elle a fait fausse route. Quant à toi, nous voyons que tu vas aller secouer un peu les poissons de la vallée d'Aure. Si encore on pouvait manger ta friture, ça irait bien mais on est trop loin, il y a bien longtemps que je n'en ai pas mangé des truites. Enfin, bonnes prises mais à l'heure que je t'écris, tu dois être à Cadéac.

Je puis te dire que les travaux dont tu parles de repiquer le regain et d'arracher les pommes de terre, c'est fini. Nous en avons eu assez bien. On a rempli deux caves, alors tu comprends que ça commence à compter. La saison a été bonne cette année, mais tu sais, il aurait fallu avant d'avoir fini de semer en acheter pour 600 francs.

On a voulu manger, être à la campagne, il fallait serrer la ceinture pour les pommes de terre. Quant à la région de Tarbes, je vois qu'il n'en a pas trop, il a dû y avoir davantage de sécheresse que par ici. Ici, depuis quelques jours, il y pleut et aujourd'hui, il a neigé au bout des montagnes, on voit la neige de devant la porte. Quant à nous, nous restons pour le moment ici, puisqu'en ville on ne trouve pas grand-chose. Nous avons eu des nouvelles d'Anna, elles vont bien. On lui avait dit à Tante de venir se chercher un peu de patates mais vu que ce n'est pas commode pour elle de falloir changer deux fois d'autobus, peut-être qu'Anna viendra.

Elle dit qu'il y a longtemps qu'ils n'ont pas eu de vos nouvelles. Elles ont eu des nouvelles de Léon, le pauvre, il doit trouver le temps long et encore falloir y passer un autre hiver. Marinette a eu une belle petite fille quelle appelle Monique, depuis hier a fait quinze. Quand c'est que vous venez nous faire une visite. Papa Piquemal dit que Durrieu s'en va toujours à la pêche, lui maintenant avec le mauvais temps, il revient souffrir des douleurs. Si ce n'était pas çà, il va très bien. En ce moment, il y a des champignons, mais vu qu'il manque l'huile pour les faire cuire, on en fait sécher. Je ne vous en dis pas plus long pour le moment. On attend de vous lire sous peu.

Recevez de nous deux nos meilleurs baisers et le bonjour de papa Piquemal. Hortense et Élie.

SEPTEMBRE 1942 : 3 colis[15] expédiés.

Bombardement des Alliés sur le nord fr l'Allemagne

Octobre 1942

Rappel historique, 2 octobre 1942 : « Loi réprimant plus sévèrement le délit d'abandon de famille. » (5) p. 103

4 octobre 1942 : « Loi permettant aux travailleurs français partis pour l'Allemagne de retrouver à leur retour leur emploi habituel. » (5) p. 103

9 octobre 1942 : « Le président Laval accélère le recrutement de la main-d'œuvre française pour l'Allemagne. » (5) p. 93

CONVOI DE RAPATRIÉS SANITAIRES

« Suivant de près l'arrivée du train des prisonniers rapatriés au titre de la relève, un convoi amenant plus d'un millier de rapatriés sanitaires s'est arrêté à Compiègne.

Ils ont été accueillis par M. Guérin, directeur du commissariat général des prisonniers de guerre. Ainsi, dans la seule journée du 9 octobre, deux convois amenant plus de 2.000 Français rapatriés d'Allemagne sont arrivés en France. Dans le même élan de patriotisme, tous les rapatriés ont acclamé le Maréchal de France, chef de l'État et le président Laval.

Collecte de vêtements en faveur des prisonniers de guerre

Un troisième hiver va commencer pour les 1.200.000 Français qui sont dans les camps. De nombreux effets chauds leur seraient nécessaires pour remplacer ceux qui, depuis deux ans, sont en loques. Devant la pénurie générale de matières premières, et ne pouvant lui-même faire face à tous les besoins, le gouvernement est dans l'obligation de faire appel aux ressources privées de la population. Ainsi que l'a annoncé M. Pinot, commissaire général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles de prisonniers de guerre, une semaine de collecte de sous-vêtements pour les prisonniers de guerre sera entreprise par les soins des centres d'entraide des prisonniers de guerre, du 11 au 18 octobre.

Tous les Français seront invités à donner tous les effets chauds dont ils peuvent se priver afin de soulager un peu la misère physique des prisonniers. Ces effets, qui peuvent être de diverses sortes : chemises, caleçons, flanelles, tricots, chaussettes, pull-overs, cache-nez, gants, en bon ou mauvais état, seront bien accueillis. Réparés et nettoyés, ils seront envoyés, par les soins de la Croix-Rouge Française, aux prisonniers nécessiteux connus, dès maintenant des centres d'entraide. L'expédition se fera par colis individuels. Tous les Français doivent participer à cette collecte ; elle représente un devoir de solidarité envers ceux qui sont captifs et qui ont besoin d'un témoignage concret de la pensée du pays. » (Informations générales, pp. 85-86 / Ministère de l'Intérieur 1942-111)

10 octobre 1942 : « Allemagne : L'accès à la carrière d'officier est ouvert à tous les jeunes gens de plus seize ans. » (5) p. 97

15 octobre 1942 : « On procède en France au recensement des hommes de 18 à 50 ans, travaillant moins de 30 heures par semaine, en vue de leur départ éventuel pour travailler en Allemagne. » (5) p. 93

23 octobre 1942 : « La zone française non occupée participera pour un quart des effectifs devant partir travailler en Allemagne. » (5) p. 93

27 octobre 1942 : « Une loi institue la limitation du nombre des étudiants préparant le titre de docteur en médecine. » (5) p. 107

Marseille, vendredi 30 octobre 1942 205-3

Lettre de l'oncle Fernand Flochlay à Louis et Léonie

Bien chers Léonie et Louis,

Privé depuis assez longtemps de vos nouvelles, j'en ai reçu par contre de celles de Léon, il y a quelques jours, qui paraissaient satisfaisantes accompagnées d'une photo. Je l'ai remercié d'avoir songé à moi et lui ai promis, par votre intermédiaire, de lui adresser quelque chose de solide à croûter, car je crois, que dans ces pénibles moments, c'est encore ce qui peut raviver son courage en pensant que ça lui vient des siens. Lorsque vous aurez la possibilité un de ces jours, adressez-lui un petit colis avec mon bon souvenir.

Les nouvelles d'ici sont tellement médiocres que je ne veux pas les détailler, il y en aurait trop de monstrueuses. Depuis le début de septembre, nous avons connu les jours les plus sombres, en s'accentuant au lieu de s'améliorer.

Je pense que vous êtes tous trois en bonne santé, en vous débattant hélas ! Aussi, au milieu de la tourmente alimentaire qui en ce moment est arrivée à son sens aigu et frappe encore plus les citadins que les agriculteurs.

Les pauvres Marseillais en savent quelque chose. Aussi en attendant un deces jours de vos nouvelles, je ne puis que vous dire bon courage et bonne santé. Je vous embrasse bien affectueusement de tout cœur. Fernand Flochlay

OCTOBRE 1942 : 1 colis[16] expédié.

Novembre 1942

Rappel historique, 2 novembre 1942 : « Loi modifiant les droits respectifs des époux en élargissant la capacité civile de la femme mariée. » (5) p. 103

8 novembre 1942 : « M. Tuck, chargé d'affaires des États-Unis s'est présenté le 8 novembre, à 9 heures, chez le Maréchal de France, chef de l'État, auquel il a remis officiellement le texte du message du président Roosevelt.

Le chef de l'État a aussitôt remis au chargé d'affaires le texte de sa réponse à ce message (voir I. G. 115, page 305). » (Informations générales, p. 374 / Ministère de l'Intérieur 1942-116)

« Le gouvernement de Vichy rompt ses relations diplomatiques avec les États-Unis à la suite du débarquement de troupes américaines en Afrique du Nord. » (5) p. 100

9 novembre 1942 : « En raison de la gravité des circonstances, le président Laval a quitté Vichy lundi matin 9 novembre pour Munich, où il a eu plusieurs entretiens avec le chancelier Hitler et avec M. von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich. » (Informations générales, p. 375 / Ministère de l'Intérieur 1942-116)

10 novembre 1942 : « Le Canada et le Mexique annoncent la rupture de leurs relations diplomatiques avec la France de Vichy. » (5) p. 100

« Un convoi de prisonniers rapatriés au titre de la relève est arrivé à Compiègne le 10 novembre. MM. Rousselot, sous-préfet de Compiègne, et Lhuillier, maire de Compiègne ; M. le consul général Bode, représentant M. Otto Abetz, et le colonel von Gemmingen devaient accueillir le convoi.

M. Rousselot, au nom du Maréchal Pétain, prit la parole :

« Vous allez retrouver vos familles. Vous le devez aux efforts faits par le Maréchal Pétain et le président Laval et aussi à la compréhension des autorités allemandes qui ont permis votre retour avant la signature de la paix. Souvenez-vous qu'un très grand nombre de vos camarades sont encore dans les stalags. Je compte que vous ferez tous vos efforts en faisant comprendre aux ouvriers français encore hésitants que leur devoir est de partir pour accélérer le retour de vos camarades.

Au centre d'accueil de la ville de Compiègne, un copieux déjeuner fut servi. M. Lhuillier, maire de Compiègne, et M. Hébert, délégué permanent de M. Scapini, souhaitèrent la bienvenue aux libérés qui, réconfortés et habillés de neuf, quittèrent Compiègne pour retrouver leurs foyers. » (Informations générales, p. 415 / Ministère de l'Intérieur 1942-116/117)

11 novembre 1942 : FRANCHISSEMENT DE LA LIGNE DE DÉMARCATION PAR LES FORCES ALLEMANDES

« Les troupes allemandes ont franchi sur divers points, dans la matinée du 11 novembre, la ligne de démarcation séparant la France occupée de la France non occupée.

Les mouvements des unités du Reich se sont effectués selon les plans du haut commandement, par les itinéraires qui les conduisaient vers le littoral méditerranéen.

C'est ainsi que des passages de convois allemands ont eu lieu à Limoges, à Montluçon, à Agen, à Lyon, à Clermont-Ferrand, à Saint-Étienne, à Valence, etc.

Aucun incident n'a été signalé dans ces différentes villes, la population conservant partout son calme et son sang-froid, répondant ainsi aux appels à la sagesse adressés aux populations par les autorités préfectorales et municipales.

Ajoutons que l'agence Stefani annonce qu'en accord avec le haut commandement allemand, les troupes italiennes ont franchi également la frontière de France non occupée, dans le but d'assurer la défense des côtes de la Méditerranée. » (Informations générales, p. 379 / Ministère de l'Intérieur 1942-116)

12 novembre 1942 : INTERRUPTION TEMPORAIRE DES ENVOIS DE COLIS DESTINÉS AUX PRISONNIERS DE GUERRE

Communiqué officiel N° 101 de la Direction du service des prisonniers de guerre en date du 12 novembre 1942 :

« Les autorités allemandes font connaître que, pour des raisons techniques, les postes allemandes ne seront pas en mesure d'accepter temporairement au cours du mois de décembre les paquets poste de 1 kg et les colis postaux de 3 kg et de 5 kg à l'adresse des prisonniers de guerre internés en Allemagne.

Il est, en conséquence, recommandé aux familles qui sont en possession d'étiquettes — adresses règlementaires de hâter l'expédition des envois de paquets à leurs prisonniers.

La date limite de remise des colis dans les bureaux de poste et les gares, compte tenu des délais d'acheminement, est fixée au 20 novembre 1942 au soir. Aucun colis ne sera plus accepté après cette date. D'autre part, la date de reprise des envois est fixée au 17 décembre 1942. » (Informations générales, pp. 416-417 / Ministère de l'Intérieur 1942-116/117)

13 novembre 1942 : « Le secrétaire d'État à l'Éducation nationale prescrit qu'aucun enfant ne devra quitter l'école primaire à l'expiration de sa scolarité sans avoir passé une année au moins dans une classe de second cycle. » (5) p. 103

18 novembre 1942 : « Le maréchal Pétain confie les pleins pouvoirs au président Laval qui pourra promulguer lois et décrets. La fonction de chef de l'État serait assurée par M. Pierre Laval au cas où le Maréchal en serait empêché. » (5) p. 93

« Espagne : Le général Franco décrète la mobilisation partielle (Classes 1918 à 1926). » (5) p. 97

24 novembre 1942 : « En souscrivant un « contrat d'épouse », les femmes de prisonniers français peuvent aller rejoindre leur mari en Allemagne. » (5) p. 104

27 novembre 1942 : « L'amiral Darlan et le général Giraud sont déchus de la nationalité française par Vichy. » (5) p. 93

« Le chancelier Hitler ordonne la démobilisation immédiate de l'armée française de l'Armistice, résidant en zone libre. » (5) p. 74

« Aux premières heures de la matinée du 27 novembre, le chef du gouvernement a reçu M. Krug von Nidda, consul général d'Allemagne, qui lui a donné connaissance de la lettre du chancelier Hitler au Maréchal de France, chef de l'État, et de la lettre que M. von Ribbentrop lui a adressée personnellement.

Le président Laval s'est aussitôt rendu chez le Maréchal, avec qui il a eu un long entretien.

Le chef du gouvernement a convoqué ensuite le général Bridoux, secrétaire d'État à la Guerre ; l'amiral Abrial, secrétaire d'État à la Marine, pour leur faire part de la décision qui venait d'être prise par le gouvernement allemand d'occuper les bâtiments de la flotte de Toulon et de démobiliser toutes les unités de l'armée française.

Des instructions ont été aussitôt données de la part du Maréchal et du gouvernement par les secrétaires d'État intéressés aux autorités dépendant d'eux à l'effet d'éviter tout incident.

LES MESURES DE DÉMOBILISATION

Le ministère de l'Information communique :

« Les mesures de démobilisation de l'armée française annoncées par le chancelier Hitler, dans sa lettre au Maréchal de France, chef de l'État, mesures dont l'exécution avait commencé au cours de la nuit, se poursuivent sans incident. Le gouvernement invite la population à observer le plus grand calme.

LE SORT DE LA FLOTTE À TOULON

C'est à Toulon que la décision du gouvernement allemand revêtait une importance particulière. La flotte était ancrée dans la rade et l'occupation par les troupes allemandes était en pleine exécution pendant que se réunissaient à Vichy, dans le cabinet du chef du gouvernement, les secrétaires d'État à la Guerre, à la Marine et à l'Aviation. M. le chef d'état-major de la marine, vice-amiral Le Luc s'était, aussitôt, mis en rapport avec l'officier de service de la préfecture maritime.

Il apprenait que l'Arsenal était déjà occupé. L'amiral Abrial téléphonait ensuite de son côté. Mais des incidents s'étaient déjà produits et une partie de la flotte se sabordait. » (Informations générales, pp. 454-455 / Ministère de l'Intérieur 1942-118)

29 novembre 1942 : « Le Pérou, l'Équateur et le Venezuela rompent leurs relations diplomatiques avec la France de Vichy. » (5) p. 100

LA RELÈVE

« Plusieurs convois de prisonniers rapatriés au titre de la relève sont arrivés à Compiègne dans la semaine du 22 au 29 novembre.

Le premier de ces convois comprenait 752 rapatriés domiciliés en zone occupée. Le 25 novembre, un cinquième et un sixième train de prisonniers sont arrivés à Compiègne, les 1504 rapatriés ont été accueillis par M. Chasseigne, représentant le président Laval qui leur a adressé une allocution. » (Informations générales, pp. 513-514 / Ministère de l'Intérieur 1942-119)

30 novembre 1942 : COLIS DE NOËL À DESTINATION DES MILITAIRES FRANÇAIS NORD-AFRICAINS INTERNÉS EN ALLEMAGNE

« On se préoccupe, à la suite de l'interruption du trafic maritime entre l'Afrique du Nord et la métropole, de savoir comment sera réglée l'attribution du colis de Noël destiné aux Français d'Afrique du Nord, prisonniers de guerre en Allemagne.

Le trafic maritime étant arrêté depuis le 9 novembre, les colis qui ne seraient pas partis à cette date seront remplacés, par les soins de l'homme de confiance qui a reçu, de la direction du service des prisonniers de guerre, les instructions nécessaires pour que tout prisonnier de guerre nord-africain soit doté d'un colis de Noël.

Cette attribution sera faite par prélèvement sur un lot spécial de colis anonymes mis, à cet effet, à la disposition des hommes de confiance. » (Informations générales, pp. 514-515 / Ministère de l'Intérieur 1942-119)

Toulouse, mardi 24 novembre 1942 205-4

Lettre d'Anna à Louis et Léonie

Bien chers cousins,

Je viens par la présente vous donner de nos nouvelles lesquelles sont à peu près bonnes pour le moment et nous espérons qu'il en est de même de vous deux ainsi que de tante de Cadéac et Léon à qui nous avons adressé un petit colis, il y a un peu plus d'un mois. Nous pensons qu'il l'aura reçu. Je ne sais s'il pourra encore nous écrire, peut-être qu'il vous dira de nous le faire savoir.

Ici, depuis quinze jours, nous avons les Allemands[17] ; il en est passé beaucoup avec des chars d'assaut et des camions. Ils s'installent aux principaux établissements. On en voit partout et ils achètent beaucoup de choses qui nous manqueront après. À Tarbes, il doit y en avoir aussi.

Francazal, le camp d'aviation est, paraît-il, complètement occupé par eux ; vous pouvez croire que leurs avions circulent et l'on craint d'être bombardé un jour ou l'autre par les Anglais. Enfin, la situation n'est toujours pas bien gaie et l'on a beaucoup de soucis.

Chers cousins, nous vous avons adressé ce jour un colis contenant du papier, des ficelles et quelques morceaux que j'avais mis de côté au fur et à mesure que je ne pouvais le faire. Nous avons joint un paquet de biscottes pour Léon. Nous aurions voulu faire mieux et vous envoyer autre chose mais c'est si difficile en ce moment pour se procurer du ravitaillement…

Nous avons eu, il y a quelques jours, des nouvelles d'Hortense. Ils sont toujours à Campettes et se portent bien.

Chère Léonie, que se passe-t-il ?

Nous sommes très surprises de ton grand silence à notre égard. Je pense que c'est la situation qui en est cause, on n'est pas content, car on a trop de soucis et de plusieurs façons.

Enfin, nous espérons avoir bientôt de vos longues et bonnes nouvelles.

Dans cette attente, toute la famille se joint à moi pour vous embrasser bien affectueusement à tous les deux. Gros baisers de Marcelle.

Bons baisers. Anna

NOVEMBRE 1942 : 4 colis[18] expédiés.

Décembre 1942

Rappel historique, 1er décembre 1942 : « Le J. O. du 1er décembre a publié la 40e liste des fonctionnaires et agents civils ou militaires membres de sociétés secrètes ayant souscrit une fausse déclaration. » (Informations générales, p. 509 / Ministère de l'Intérieur 1942-119)

FEMMES DE PRISONNIERS DÉSIRANT REJOINDRE LEURS MARIS EN ALLEMAGNE

Conditions d'obtention d'un contrat d'épouse

« Des renseignements fournis par le Centre d'information du travail français en Allemagne, il résulte que les femmes de prisonniers peuvent, aux conditions suivantes, rétablir en Allemagne leur foyer conjugal :

1. Le prisonnier travaille dans une entreprise agricole ou industrielle ;

2. La femme doit souscrire, dans un bureau de placement allemand en France, un contrat de travail dit : contrat d'épouse ;

3. L'occupation d'un local commun et particulier aux époux doit être possible, soit dans l'entreprise du mari, soit dans l'entreprise de la femme, soit encore dans telle autre entreprise où le prisonnier pourrait être transféré ;

4. Si aucune de ces trois solutions n'est possible, le bureau de placement informe l'épouse que, faute d'un logement commun, son départ est différé.

5. La femme du prisonnier envoie elle-même le formulaire qu'elle a signé à son mari en vue d'obtenir de lui l'autorisation maritale.

6. La possibilité d'embauchage de la femme, la possibilité de cohabitation en Allemagne et l'autorisation maritale étant vérifiées, le départ de l'épouse a lieu selon le processus habituel, après la visite médicale.

Les autorités allemandes ont également prévu le cas des femmes qui vivaient maritalement avec un prisonnier. Tous renseignements complémentaires seront fournis aux intéressés dans les bureaux de placement. » (Informations générales, p. 462 / Ministère de l'Intérieur 1942-118)

8 décembre 1942 : « Les mariages entre juifs et non-juifs sont interdits en France ! » (5) p. 104

10 décembre 1942 : TRANSPORT DE POMMES DE TERRE

« En raison de trop nombreux abus commis par les bénéficiaires d'autorisations de transport de pommes de terre, il est bon de savoir que dès à présent un contrôle sévère va être exercé tant sur les routes que dans les gares.

Pour éviter tout malentendu, il est rappelé que les autorisations délivrées ne sont valables que si elles portent inscrites à l'encre ou au crayon copiant les indications suivantes : date et heure de départ, durée aussi exacte que possible du transport.

Les bénéficiaires de l'autorisation doivent porter eux-mêmes ces précisions. En conséquence, les autorisations incomplètes seront considérées comme nulles. Les marchandises circulant dans ces conditions seront saisies. Procès-verbal sera dressé pour transport sans autorisation de denrées contingentées. »

(Informations générales, p. 524/Ministère Intérieur 1942-119)

12 décembre 1942 : APPARITION DE LA MENTION « JUIF » SUR LE TITRE D'IDENTITÉ

Une loi du 11 décembre (J. O. du 12 décembre), vient d'astreindre toute personne de race juive, aux termes de la loi du 2 juin 1941, à se présenter dans le délai d'un mois à dater de la promulgation de la présente loi au commissariat de police de sa résidence ou à défaut à la brigade de gendarmerie pour faire apposer la mention

« Juif » sur la carte d'identité dont elle est titulaire ou sur le titre en tenant lieu et sur la carte individuelle d'alimentation.

Les infractions à ces dispositions seront punies d'une peine d'un mois à un an d'emprisonnement et d'une amende de 100 à 10.000 francs ou de l'une de ces peines seulement, sans préjudice du droit pour l'autorité administrative de prononcer l'internement du délinquant. » (Informations générales, p. 550 / Ministère Intérieur 1942-120)

LA RELÈVE

« Dans la nuit de vendredi à samedi 12 décembre, le train de la troisième tranche de prisonniers libérés au titre de la relève est arrivé en gare de Compiègne, amenant 749 libérés, partis mercredi des stalags II-A, II-B, II-C, II-E.

Suivant de près le premier train de la deuxième tranche de prisonniers rapatriés au titre de la relève, quatre nouveaux convois sont arrivés samedi et dimanche à Compiègne.

C'est à 16 h. 30, samedi, que le deuxième train est entré en gare. Il comprenait 826 prisonniers provenant des stalags IV-A, IV-B, IV-C, IV-D, IV-E. IV-F.

Le troisième train étant arrivé dans la soirée, c'est dimanche matin à 10 heures que ses 656 occupants ont été reçus officiellement.

À 12 h. 05, un autre train est arrivé ramenant 586 libérés qui ont été accueillis dans les mêmes conditions. Enfin, le cinquième convoi dans lequel se trouvaient 572 rapatriés est arrivé à 16 h. 45. Ainsi, en 48 heures, 3.389 prisonniers libérés au titre de la relève ont pris pied sur le sol de France. » (Informations générales, pp. 614-615 / Ministère Intérieur 1942-121)

15 décembre 1942 : « La ville de Dreux inaugure une soupe familiale où l'on peut acquérir, pour 22 francs, six litres de soupe. » (5) p. 101

16 décembre 1942 : MODALITÉS D'EXPÉDITIONDES COLIS INDIVIDUELS AUX PRISONNIERS DE GUERRE

Communiqué officiel N° 104 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre, en date du 16 décembre 1942 :

« Les autorités allemandes viennent de rappeler la règle antérieurement établie selon laquelle les seules œuvres habilitées à expédier directement des colis aux prisonniers sont : le Comité central d'assistance aux prisonniers de guerre en captivité pour la zone occupée, et la Croix-Rouge Française pour la zone non occupée. Elles demandent que cette règle soit rigoureusement respectée et ont donné aux Commandants des camps l'ordre de ne remettre à leurs destinataires aucun des colis qui émaneraient d'autres œuvres que les précitées. Ces colis seront distribués sous la forme collective.

Dorénavant, seuls les colis portant comme mention d'expéditeur :

— soit une personne privée ;

— soit la Croix-Rouge Française ou le Comité Central d'Assistance seront remis aux destinataires.

Il est rappelé à cette occasion que les colis adressés aux prisonniers ne doivent contenir exclusivement que des denrées, effets ou objets autorisés. » (Informations générales, p. 615 / Ministère Intérieur 1942-121)

20 décembre 1942 : LA RELÈVE

« Compiègne vient d'accueillir de nouveaux contingents de plusieurs milliers de prisonniers. Le premier train d'une nouvelle série est arrivé dans la matinée du 20 décembre. Les 1280 prisonniers qu'il ramène proviennent des stalags 3-A, 3-B, 3-C, 3-D. Un deuxième train ramenant 1070 rapatriés des stalags V-A, V-C, VII-A, XII-A, XII-D, XII-F, XVII-B et XVIII-B est arrivé un peu plus tard. À 13 heures, un troisième train, ramenant 1.162 libérés, faisait son entrée en gare. » (Informations générales, pp. 656-657 / Ministère Intérieur 1942-122)

22 décembre 1942 : « Ouverture des premiers restaurants communautaires parisiens : (Rescos). » (5) p. 101

« Loi sur la protection maternelle et infantile entraînant l'obligation de se soumettre à un examen médical avant de contracter mariage. Un décret institue le carnet national de santé pour chaque Français. » (5) p. 104

23 décembre 1942 : LES TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE. Dispense de stage dans les Chantiers de Jeunesse

« Le J. O. du 23 décembre a publié une loi du 16 décembre aux termes de laquelle tout citoyen français ayant travaillé en Allemagne pendant une durée d'un an au minimum est exempté à titre définitif du stage dans un Chantier de Jeunesse. La durée du minimum est calculée à partir de la signature d'un contrat de travail par l'intéressé, non compris le temps d'apprentissage accéléré qu'il pourrait avoir subi auparavant. » (Informations générales, p. 659 / Ministère Intérieur 1942-122)

27 décembre 1942 : « Une nouvelle loi prévoit la peine de prison pour quiconque vivrait en concubinage avec l'épouse d'un homme qui est retenu loin de son foyer par circonstance de guerre. » (5) p. 104

28 décembre 1942 : « Le maréchal Pétain déclare qu'il refuse au général Giraud le droit de parler et d'agir en son nom en Afrique française.

« Le général de brigade aérienne Bergeret et le général de division Barré, passés à la dissidence en Afrique, sont déchus de la nationalité française par Vichy. » (5) p. 93

31 décembre 1942 : REPRÉSENTATION DES PRISONNIERS DE GUERRE AUPRÈS DES AUTORITÉS ALLEMANDES

« La représentation des prisonniers de guerre auprès des autorités allemandes vient d'être renforcée par l'institution, dans chaque Wehrkreis, d'un officier-conseil qui a pour mission de maintenir un contact direct avec les hommes de confiance des camps et de se tenir en liaison étroite avec la délégation du service diplomatique des prisonniers de guerre à Berlin.

Dans la hiérarchie de la représentation telle qu'elle est organisée actuellement, on trouve successivement, en partant du bas de l'échelle :

- les hommes de confiance des kommandos, des compagnies et des bataillons de travailleurs rattachés à un même stalag ;

— les hommes de confiance des camps ;

— un officier-conseil dans chaque Wehrkreis ;

— au sommet de l'échelle, le service diplomatique des prisonniers de guerre avec sa délégation de Berlin.

Le sens favorable dans lequel évolue la représentation des prisonniers de guerre auprès des autorités allemandes contribue à l'amélioration du sort des prisonniers et resserre encore davantage les liens de la grande communauté française qui se manifeste dans les camps. »

VISITES DES PRISONNIERS DE GUERRE PAR LEURS PARENTS TRAVAILLANT EN ALLEMAGNE

« Des mesures permettant aux ouvrières et ouvriers français travaillant en Allemagne de rendre visite à leurs prisonniers de guerre viennent d'être portées, par les autorités allemandes, à la connaissance du service diplomatique des prisonniers de guerre à Paris. La possibilité pour les prisonniers de recevoir la visite de leurs parents est soumise aux conditions suivantes :

a) les femmes, les mères et sœurs des prisonniers doivent solliciter l'autorisation du commandant du camp ou stalag où se trouve leur parent ;

b) les pères, fils et frères de prisonniers doivent solliciter ladite autorisation du commandant du Wehrkreis dont dépend le stalag où se trouve leur parent.

Toutefois, les autorités allemandes considérant qu'il n'y a pas un droit absolu pour les ouvriers français, mais une faculté subordonnée aux nécessités de transports, il se peut que, dans certains cas, l'autorisation sollicitée ne soit pas accordée. » (Informations générales, pp. 463-464 / Ministère de l'Intérieur 1942-118)

RAPATRIEMENT DES PRISONNIERS DE GUERRE BLESSÉS OU MALADES RECONNUS INAPTES

La Direction du service des prisonniers de guerre communique :

« Les autorités allemandes et françaises se sont mises d'accord pour rapatrier, conformément aux dispositions des articles 68 et 69 de la convention de Genève relatifs au traitement des blessés et des malades, les prisonniers de guerre français blessés ou malades reconnus inaptes au service militaire pour au moins un an. Cette inaptitude est soumise à la décision d'une commission médicale. En conséquence, si l'intéressé :

1° est hospitalisé : il y a lieu de faire confiance au médecin traitant ;

2° n'est pas hospitalisé : il convient d'inviter le prisonnier de guerre de demander lui-même soit directement au médecin du camp soit par l'intermédiaire de l'homme de confiance de son camp, à être soumis à la visite d'une commission médicale ;

3° a été l'objet de décisions diverses de la part du médecin allemand et du médecin français : le prisonnier de guerre a intérêt à demander lui-même au médecin-chef français de son camp de le présenter à la visite de la commission médicale mixte qui est chargée de statuer sur les cas discutés ;

4° a été reconnu rapatriable : il y a lieu d'attendre. La durée des opérations de rapatriement dépend uniquement des autorités allemandes qui n'acceptent pas les demandes individuelles.

RECENSEMENT DES AGRICULTEURS PRISONNIERS POUR L'ÉTABLISSEMENT DES LISTES DE RELÈVE

La direction des prisonniers de guerre communique :

« Le service des prisonniers de guerre du ministère de l'Agriculture et du ravitaillement a procédé, avec l'aide des directeurs des services agricoles, au recensement et au reclassement des agriculteurs prisonniers et établit actuellement des listes de relève suivant les bases ci-après :

Sont seuls considérés comme prisonniers agriculteurs ceux qui appartenaient au moment de leur mobilisation aux catégories suivantes :

Agriculteurs-chefs d'exploitations ; ouvriers agricoles ; artisans ruraux, tels que charrons et maréchaux-ferrants ; personnel des coopératives et groupements agricoles ; personnels des industries agricoles comme les féculeries et distilleries.

La base adoptée pour le choix des prisonniers à libérer est la suivante :

1° veuf ayant perdu leur femme depuis le 3 septembre 1939 ;

2° père de trois enfants ;

3° père de deux enfants.

Il est admis en outre qu'au sein de chacune de ces catégories, la priorité est accordée aux orphelins de la guerre 1914-1918 et que, au cas où la libération de l'intégralité de l'une de ces catégories ne pourrait être obtenue, les noms des prisonniers de guerre des plus vieilles classes seront d'abord indiqués.

Après leur établissement, ces listes sont adressées aux autorités allemandes. Il est indispensable de spécifier que celles-ci se sont réservé la faculté de faire sur elles toutes les modifications qu'elles jugeraient utiles.

Les familles désireuses de savoir si leur prisonnier agricole figure bien au recensement du ministère de l'Agriculture et du Ravitaillement devront s'adresser aux directeurs des services agricoles de leur département en indiquant :

1° le lieu de son exploitation au moment de sa mobilisation ;

2° sa situation de famille, sans oublier le nombre des enfants ;

3° son adresse en Allemagne.

La direction du service des prisonniers de guerre précise en conséquence à ces familles qu'il ne sera pas répondu à l'avenir aux demandes de libération qui continueraient à lui être adressées au titre de la relève. » (Informations générales, pp. 563-564 / Ministère de l'Intérieur 1942-120)

Dimanche 13 décembre 1942 206

Reçue le 04.01.43, réponse le 12.01.43

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine creuse qui vient de s'écouler car rien ne m'est parvenu, aussi durant celle qui arrive serai-je gâté en correspondance car, en ce qui concerne les colis, je ne crois pas être en retard. Et vous, avez-vous reçu celui que je vous avais envoyé de Brême, renfermant avion, coffret, caleçon, chemise, chaussettes et savon de Marseille ? Ce dernier a été expédié fin août. Il me semble qu'il met beaucoup de temps à vous parvenir. Au début de septembre, je vous avais aussi adressé 30 RM[19] et 50 le 18 novembre. Avez-vous reçu le premier ? En ce moment, j'attends Caparroi qui doit venir me voir avec le Bagnérais. À tous trois, nous casserons une petite croûte en causant un peu du pays. Ces jours derniers, nous avons eu un temps remarquablement beau. Il faisait tellement doux : le matin, une petite brise fraîche qui faisait songer aux matins d'été. Ma petite santé est toujours bonne et j'espère que la présente vous trouvera aussi bien ainsi que maman. Dernièrement, quelques gars nous ont quittés au titre de la relève. Ils ont pu rejoindre les leurs, pères de trois enfants, approchant ou dépassant la quarantaine. Donc patientez, mon tour n'est encore là, si le roulement est respecté. J'oubliais, au début de la semaine m'est parvenu le colis[20] renfermant chaussettes, jambières, saucisson, etc. Il était en parfait état et vous en remercie de tout coeur. Je réserve le saucisson pour la Noël, nous le fêterons je crois assez bien, malgré la distance qui pour une fois de plus nous séparera.

Chère soeur, cher Louis et chère maman, je termine en vous embrassant de tout coeur. Bonjours habituels. Léon

Dimanche 20 décembre 1942 207

Reçue le 11.01.43, réponse le 20.01.43

Bien chère sœur et cher Louis,

Hier m'est parvenue votre longue lettre du 23 novembre ainsi que la réponse à la carte adressée à la famille Estrade. Toutes deux m'ont fait grand plaisir de vous savoir tous en bonne santé ainsi que par les petites nouvelles régionales qu'elles renfermaient. Également et en bon état m'est parvenu le colis contenant le cache-nez que je me suis empressé d'étrenner pour me rendre au travail. Dans la journée, je n'en ai besoin travaillant à l'intérieur. Ainsi, je crois bien avoir reçu tous vos colis. Quant au pull, conserve-le, je n'en ai besoin pour le moment, et je puis même te dire que j'ai tout ce qu'il me faut, tant en vêtements qu'en chaussettes et chaussures. En ce moment, je circule en sabots avec dessus en cuir et à l'intérieur des chaussons de drap. Au travail, je suis en sandales. En revanche, je suis ennuyé que vous n'ayez reçu mon colis envoyé de Brême. Aussi, vais-je faire une réclamation au bureau avec l'inventaire dudit colis. Aujourd'hui, j'attendais Caparroi mais il n'a pu venir car il n'y avait de garde disponible pour les accompagner. Peu importe, je le verrai demain en ville ; il travaille près de moi. Surtout, chère soeur, ne te fais pas trop de souci à mon sujet. La santé est excellente. Les colis me parviennent bien. Seul le courrier est un peu irrégulier. La mauvaise saison est là mais j'ai ce qu'il faut pour l'aborder. Ensuite, viendront les beaux jours. Ce jour, je t'envoie deux vignettes rouges et adresse une carte aux patrons. Dimanche, j'écrirai à Ridel. Tu remercieras Blaisine pour les noix et noisettes. Ces dernières me rappellent tellement Cadéac : le dessert de l'hiver. Encore un Noël à passer loin de vous, le quatrième. Malgré tout, nous essaierons à le passer le mieux possible, à vos côtés par la pensée.

Votre frère et beau-frère qui vous embrasse ainsi que maman. Léon

Dimanche 27 décembre 1942 208

Reçue le 13.01.43, réponse le 26.01.43

Bien chère sœur et cher Louis,

Durant cette dernière semaine m'est parvenue une carte de tante de Bourisp. Tout dernièrement, elle est descendue voir maman donc j'en déduis qu'elle est encore assez alerte. Ce jour, outre la présente, j'adresse une carte à Ridel y joignant les vœux de Nouvel An et remerciements pour chaussettes. Aujourd'hui, dimanche, prennent fin les trois jours et demi de repos qui nous ont été accordés pour Noël. La fin de l'année également sera marquée malgré la distance qui nous sépare. Nous nous sommes efforcés de passer de notre mieux ces quelques jours. Notre préoccupation principale, vous vous en doutez, c'était la question culinaire. Le menu du camp amélioré, la Croix-Rouge, vos chers colis et enfin quelques petites gentillesses de notre entourage civil nous ont permis de bien marquer cette fin d'année. La joie y était, hélas elle n'était que factice car le cœur était bien près de vous. En ce moment, j'attends Caparroi, je ne sais s'il pourra revenir. Il y a un petit quart d'heure, Jouanuc est venu me trouver et tous deux nous sommes faits photographier regrettant que Caparroi ne soit avec nous. Hier après-midi, quelques musiciens, Jouanuc compris nous en fait entendre un gentil concert agrémenté de quelques chants et histoires drôles. Je reprends le crayon que j'avais lâché à l'arrivée de Caparroi. Sa femme et Mme Jouanuc ont confectionné un colis renfermant entre autres, un poulet à manger à nous trois, nous l'attendons. Donc, nous avons passé une bonne après-midi. Dimanche, ce sera à notre tour d'aller le voir. Chère Léonie et cher Louis, je termine en vous embrassant de tout coeur ainsi que maman. Bonjours habituels. Votre frère et beau-frère. Léon

DECEMBRE 1942 : 2 colis[21] expédiés

Notes 1942 :

Léonie et Louis auront expédié à Léon 31 colis durant toute l'année 1942 pour une valeur totale estimée entre 1.500 et 1.700 francs. (Totalité des colis Croix-Rouge + 2 colis individuels). Ce montant ne prend pas en compte les ajouts aux colis de la Croix-Rouge réalisés par Léonie et difficilement chiffrables en l'absence de pièces justificatives plus détaillées. À titre d'information, voici quelques notes de Léonie sur les dépenses engagées en mai et juin 1942 pour compléter les colis en conserves et autres vivres destinés à Léon : « Haricots verts et tomate 46,90 F ; 2 kg tomate concentrée 42,60 F ; 1 kg confiture 30 F ; 2 bœufs aux carottes 21 F ; 12 conserves Économat[22] 149,30 F ; 1 kg de dattes 26,40 F ; 2 kg pois et 1 chou cuisiné 37 F ; bœuf et saucisse 32,50 F ; 2 x 125 g chocolat Francine 7,80 F ; 8 boîtes Économat 90 F ; 4 barres Viandox 8 F ; 2 tablettes chocolat 10 F ; 5 boîtes pâtes mélangées 38,90 F ; 1 kg biscuits 16 F ».

Certificat

(Traduction)

« Le prisonnier de guerre, Leon Noguero, N° 19667, a été employé dans mon entreprise du 17/9/42 au 4/9/43. En tant que spécialiste dans la branche électrique il a réalisé toutes les tâches que je lui ai confiées pour ma plus grande satisfaction. À l'égard de la clientèle, tout comme à mon égard, il a toujours fait preuve d'honnêteté et de modestie, il s'est toujours montré vaillant et satisfait. Son congé est le fait du déplacement de sa compagnie et je le vois partir à regret. C'est pourquoi je ne peux que le recommander chaleureusement pour la suite et mes meilleurs vœux l'accompagnent sur son futur chemin. Pour Fr. Gartmann[23] »

Osnabrück, certificat signé Adolf Möller

Fr. Gartmann - Électricité générale (Installation, Dépannage)


[1] P.G. : Abréviation de « Prisonnier de Guerre ».

[2] Source : (3) Almanach Hachette 1943, pp. 92 et 99.

[3] Colis n°1, vignette bleue, de 5 kg expédié le 02/01 et contenant : 4 boîtes purée pois, 1 boîte figues au jus, 1 boîte pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte rillettes, 1 boîte fromage, haricots secs, châtaignes, 1 saucisson, 1 potage pois, 1 tablette chocolat, margarine, ail, oignons, biscuits, bonbons gomme et calissons de Marseille.

[4] Colis n°2, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 36 francs) expédié le 17/01 et contenant : 3 paquets cigarettes, poudre chocolat, bout savon, vermicelle, 2 saucissons. J'ai ajouté : 750 g pâté famille, 225 g sucre, 1 kg purée pois, 500 g veau aux haricots, 1 boîte rillettes, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte miettes thon, 1 tablette chocolat, 1 boîte bonbons, 2 potages pois, 4 Kubs, biscuits.

[5] Münster.

[6] Colis n°3, vignette bleue, de 5 kg expédié le 01/02 et contenant : 1 kg pois, 150gr.sucre, 800 g haricots, 375 g bœuf aux légumes, 250 g margarine, 1 boîte pâté, 1 boîte sardines à la tomate, 1 boîte confiture aux poires, 1 tablette chocolat, 300 g saucisse, 250 g figues, 250 g noix, ail, biscuits.

Colis n°4, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 50,90 F) expédié le 15/02 et contenant : 500 g biscuits, 350 g saucisson, 1 tablette chocolat, 150 g sucre, 250 g pâtes alimentaires, 1 portion fromage gratuite, 3 paquets cigarettes, 1 bout savon, 250 g pain épices, 1 potage. J'ai ajouté : 1 boîte pois, 1 boîte pâté, 1 boîte figues au sirop, 1 boîte crème de sardines, 1 tablette chocolat, 4 Kubs, ail, noix, bonbons, biscuits.

Colis n°5, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 49,90 F) expédié le 28/02 et contenant : 500 g biscuits, 350 g saucisson, 250 g poudre chocolat, 150 g sucre en poudre, 250 g pâtes, 1 petit fromage, 250 g pain épices, 1 potage, 1 bout savon, 3 paquets cigarettes. J'ai ajouté : 1 kg compote de poires, 500 g pâtes, 1 boîte veau aux haricots, 1 boîte sardines à l'huile, ail, oignons, biscuits.

[7] https://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/commemoration-du-depart-du-premier-convoi-de-deportes-vers-auschwitz (Mise à jour : 29/03/2012 16:52).

[8] Colis n°6, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 43,20 francs) expédié le 14/03 et contenant : 250 g pain épices, 250 g pâtes, 1 potage, 250 g sucre, 100 g noix, 250 g chocolat poudre, 3 paquets cigarettes, 1 bout savon, 2 boîtes sardines, 1 boîte fromage. J'ai ajouté : 250 g dattes, 1 tablette chocolat, 300 g saucisson, 600 g ventrèche, 1 boîte pâté, 1 boîte figues au sirop, 1 boîte bœuf aux carottes, 4 Viandox, biscuits, 2 violettes, 2 oignons.

[9] Colis n°7 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 45,70 francs) expédié le 01/04 et contenant : 500 g pain concentré, 250 g pain épices, 250 g pâtes, 40 gr potage concentré, 250 g sucre, 50 g savon, 2 boîtes sardines, 1 fromage rond, 250 g chocolat poudre, un morceau confiture, 1 paquet-tabac, 4 paquets cigarettes. J'ai ajouté : 250 g dattes, 1 tablette chocolat, 1 kg purée pois, 1 boîte pâté, 450 g ventrèche, 12 mcx sucre, 1 potage, ail, 3 violettes pour Fête, une feuille rameau.

Colis n°8 de 5 kg, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 39 francs. 30) expédié le 04/04. Le même que le dernier sauf confiture. J'ai ajouté : 600 g haricots, 400 g figues, 250 g amandes (Hélène), 1 boîte bœuf aux légumes, 1 boîte pâté, 1 saucisson, 1 citron, 12 mx sucre, oignons, ail, 2 Kubs, biscuits.

Colis n°9 de 5 kg, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 80,70 francs) expédié le 15/04 et contenant : 500 g pain concentré, 40 g potage, 250 g sucre, 250 g chocolat poudre, 1 boîte fromage, 550 g saucisson, 1 paquet cigarettes, 1 paquet-tabac, 250 g pâtes, 250 g pain épices, 100 gr noix, figues. J'ai ajouté : 1 serviette toilette, 1 tranche jambon, 1 boîte petits pois, 1 tablette chocolat (Hélène), 1 boîte bœuf aux légumes, 1 boîte pâté, muguet, pensée.

Colis n°10 de 5 kg, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 66,60 francs) expédié le 29/04 et contenant : 1 potage, sucre, chocolat, pain d'épices, cerneaux, figues, saucisson, fromage, tabac, cigarettes, pâtes. J'ai ajouté : 1 boîte pâté, 600 g haricots, 1 boîte bœuf aux carottes, 1 paquet dattes, 1 cake, 1 tablette chocolat, 4 Kubs, biscuits.

[10] Hortense, sœur de Louis Durrieu, avait rejoint avec son époux Élie Piquemal la petite fermette de Campettes, située dans la vallée de Biert, commune de montagne au cœur du haut Couserans, dans le département de l'Ariège.

[11] Colis n°11 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 62,50 francs) expédié le 13/05 et contenant : pain épices, biscuits Brun, chocolat en poudre, figues, cerneaux, sucre, pâtes, 1 fromage, 1 potage, 1 paquet-tabac, 1 paquet cigarettes, 1 boîte bœuf assaisonné, 1 bout savon. J'ai ajouté : 1 boîte bœuf aux carottes, 2 boîtes pâté, 1 boîte crème de sardines, 1 saucisson, 1 morceau ventrèche, 1 tablette chocolat, 12 mcx sucre, 4 Kubs, biscuits, fleurs.

Colis n°12 de 5 kg, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 56 francs) expédié le 30/05 et contenant comme le dernier. J'ai ajouté : 600 g haricots secs, 600 g ventrèche, 14 mcx sucre, 6 Kubs, 1 tablette chocolat, 1 boîte pâté, 1 boîte tomate, 1 boîte bœuf aux carottes.

[12] Colis n°13 (donné vignette rouge le 15/06 à l'Amicale des rapatriés, se fait à la Préfecture).

Colis n°14 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 58,80 francs) expédié le 20/06 et contenant : pain épices, biscuits, chocolat, sucre, figues, portions de fromage, 1 potage, 2 boîtes sardines à l'huile, 3 paquets cigarettes. J'ai ajouté : 1 kg pois, 1 saucisson, 1 livre haricots verts, 1 boîte tomate, 4 Kubs, 1 tablette chocolat, 1 paquet dattes.

Colis n°15 de 5 kg, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 55,50 francs) expédié le 27/06 et contenant comme le dernier plus savon, confiture. J'ai ajouté : 1 boîte saucisses aux choux, 1 boîte bœuf carottes, 1 boîte confiture, 1 boîte tomate, 1 tablette chocolat, 12 mx sucre, 4 Kubs, 1 photo Louis, biscuits, 2 brins lavande, dattes.

[13] Colis n°16 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 52,60 francs) expédié le 11/07 et contenant : pâtes, sucre, chocolat, figues, savon, 3 paquets cigarettes, biscuits, pois chiches, potage, confiture, 2 boîtes sardines à l'huile. J'ai ajouté : 1 boîte bœuf ménagère, 1 boîte bœuf aux carottes, 1 saucisson, 1 tablette chocolat, ail, 1 bout massepain de la noce de Jean.

Colis n°17 de 5 kg, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 86,10 francs) expédié le 25/07 et contenant comme le dernier plus 1 boîte de confit d'oie. J'ai ajouté : 1 boîte saucisses aux choux, 1 boîte thon, 1 tablette chocolat, 12 mx sucre, ail, oignons, Kubs, biscuits.

[14] Colis n°18 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 57,40 francs) expédié le 12/08 et contenant divers. J'ai ajouté : 1 boîte bœuf carottes, 1 boîte haricots verts, 1 boîte de choux garnis, 1 boîte tomate, ail, oignons, biscuits.

Colis n°19 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 82,70 francs) expédié le 22/08 et contenant : bœuf, fricassée d'oie, 250 g chocolat, sucre, savon, pâtes, biscuits, potage, pois chiches, 3 paquets cigarettes. J'ai ajouté : 1 kg purée pois, 1 boîte confiture, 1 saucisson, 4 Kubs, ail, oignons, thym.

Colis n°20 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 49,20 francs) expédié le 29/08 et contenant : bœuf, chocolat, sucre, savon, potage, pâtes, biscuits, 3 paquets cigarettes, pois chiches. J'ai ajouté : 1 kg pois, 1 boîte pâté, 1 boîte sardines à l'huile, 4 Kubs, ail, oignons, 1 paquet dattes, thym.

[15] Colis n°21 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 61,60 francs) expédié le 05/09 et contenant comme le dernier plus 1 confiture et 1 julienne. J'ai ajouté : 1 kg pois, 1 boîte tomate, 1 paquet dattes, 4 Kubs, 1 boîte thon, 2 oignons, biscuits, thym.

[15] Colis n°22 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 62,60 francs) expédié le 12/09 et contenant comme le dernier. J'ai ajouté : 1 boîte bœuf carottes, 1 boîte haricots verts, 1 paquet haricots secs, 1 boîte tomate, 4 Viandox, ail, oignons, 2 pommes.

Colis n°23 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 61,60 francs) expédié le 19/09 et contenant comme le dernier sauf sardines (2 boîtes) au lieu de boeuf. J'ai ajouté : 1 kg choux cuisinés, 1 boîte pâté, 2 boîtes bœuf, 2 pommes, oignons, thym.

[16] Colis n°24 de 5 kg, vignette rouge, Croix-Rouge (coût : 51 francs) expédié le 03/10 et contenant comme les derniers des sardines (2 boîtes) au lieu de boeuf. J'ai ajouté : 1 boîte haricots verts, 1 boîte tomate, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte pâté, 1 boîte bœuf, ail, oignons, 2 pommes, thym.

Le 24/10/42, donné vignette bleue pour colis Noël n°25.

[17] Le mercredi 11 novembre 1942, les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation entre la zone occupée et la zone libre. Désormais, toute la France est envahie et contrôlée par l'armée allemande.

[18] Colis n°26 expédié le 04/11, vignette rouge à la Légion / Croix-Rouge, rue Desaix (coût : 48 francs) contenant : 3 paquets cigarettes, 1 tablette chocolat, 2 boîtes pâtes, sucre, julienne, potage, 2 boîtes thon, 2 paquets biscuits dessert. J'ai ajouté : 1 paire sandales garnies, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte pâté, 1 boîte bœuf, 2 pommes, 1 boîte tomate, châtaignes, ail.

Colis n°28 expédié le 17/11, vignette rouge à la Légion / Croix-Rouge (coût : 41 francs) contenant : 2 paquets biscuits dessert, 1 boîte pâtes, tapioca offert par la Légion, lentilles, potage, julienne, chocolat, 2 boîtes sardines à l'huile, pain concentré. J'ai ajouté : 1 kg purée de pois, 1 kg de choux cuisinés, 2 boîtes bœuf.

Colis n°29 expédié le 19/11, vignette rouge à la Maison du Prisonnier, contenant : 1 kg coquillettes, 1 kg bœuf carottes, 1 kg haricots verts, 1 tube dentifrice, 1 tablette chocolat, 16 mcx sucre, 4 Viandox, 5 pommes, biscuits, ail, noix, noisettes, écharpe kaki (coût : 15 francs).

[19] RM : abréviation de « Reichmark », monnaie allemande en vigueur.

[20] Colis n°27 de 5 kg expédié le 12/11, vignette rouge à la Préfecture, Croix-Rouge (coût : 32 francs) contenant : 1 boîte sardines, 2 paquets biscuits, sucre, lentilles, julienne, potage, j'ai ajouté : 1 kg purée pois, 1 boîte bœuf, 1 boîte pâté, 1 boîte tomate, 1 boîte saucisse aux choux, 1 saucisson, 4 pommes, ail, 4 Viandox, biscuits, 1 paire chaussettes bure, 1 paire jambières kaki.

[21] Colis n°30, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 89 francs) expédié le 12/12 et contenant : pain concentré, biscuits dessert, 2 boîtes sardines à l'huile, chocolat, sucre, pâtes, farine, potage, haricots, miel, 1 paquet-tabac, 1 paquet cigarettes. J'ai ajouté : 1 kg pois, 1 boîte pâté, 1 boîte tomate, 1 boîte bœuf, 12 mcx sucre, 5 Kubs, 1 pain épices et biscuits.

Colis n°31, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 53,30 F) expédié le 19/12, contenant comme le dernier sauf miel et cigarettes. J'ai ajouté : 300 g haricots, 650 g de châtaignes, 1 bout de jambon, 1 boîte sardines à l'huile, 1 boîte pâté, 1 paquet macaroni, 1 paquet biscottes (de Toulouse), biscuits, ail.

[22] Il s'agit du magasin de l'Économat de la Compagnie des chemins de fer du Midi (SNCF). Louis Durrieu, beau-frère de Léon, travaillait comme agent de la sûreté ferroviaire à la gare de Tarbes.

[23] https://www.elektro-gartmann.de/ Fondée en 1932, après trois générations successives, l'entreprise familiale Gartmann, célèbre son 80e anniversaire en 2012.

Captivité 1943

1943

Rappel historique : mardi 16 février 1943.Le gouvernement de Vichy instaure le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), les registres des Chantiers de Jeunesse viennent compléter les listes des candidats au départ. Face à l'unification de la Résistance, Vichy crée la Milice comme force auxiliaire de l'occupant et notamment de la Gestapo. Dès le début du mois, l'armée allemande capitule de Stalingrad. En juillet, le débarquement a lieu en Sicile. Une intense campagne de ponctuels bombardements stratégiques sur l'Allemagne débute.

Janvier 1943

Rappel historique, 1er janvier 1943 : « La nouvelle loi de finances porte de 25.000 à 50.000 francs la limite prévue par la loi du 3 février 1942, relative au cumul des retraites et de rémunération publique.

« La taxe sur les chiens est portée à 225 francs par an dans les villes de 50.000 à 250.000 habitants et à 300 francs dans les villes de plus de 250.000 habitants.

« Les tarifs d'imposition sont portés à 16 % pour les traitements et salaires (contribution nationale comprise), à 21 % pour les bénéfices agricoles et les bénéfices non commerciaux, à 24 % pour les bénéfices industriels et commerciaux. L'impôt général sur le revenu sera établi d'après un barème progressif par tranches. Les revenus supérieurs à 400.000 francs par an paieront 70 % d'impôt. Une taxe sur les ventes publiques est instituée. » (5) p. 104

3 janvier 1943 : « En France, la pénurie des stocks ne permet pas d'attribuer plus d'un lange de laine par nouveau-né. » (5) p. 102

8 janvier 1943 : ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Épreuves facultatives pour les prisonniers de guerre

« M. Albert Bonnard, ministre secrétaire d'État à l'Éducation nationale, vient de prendre une mesure importante en faveur des jeunes candidats à l'enseignement supérieur prisonniers en Allemagne.

Aux termes d'un arrêté du 23 décembre (J. O. du 8 janvier), ils pourront subir à leur retour en France une épreuve facultative dont le caractère est ainsi fixé. Ils présenteront un mémoire de vingt à soixante pages dactylographiées, composé par eux sur un sujet librement choisi, soit qu'il se rattache au programme de leur examen, soit qu'il porte sur une autre matière qu'ils auront étudiée dans les camps par goût personnel, soit qu'il résume les réflexions qu'ils auront été amenés à faire durant leur captivité sur toute question qui touche à la vie intérieure ou collective, intellectuelle, morale ou sociale, pourvu que ce mémoire soit directement inspiré par leur expérience de prisonnier et montre ainsi comment leur valeur professionnelle aura été augmentée par leur valeur d'hommes. Ce mémoire donnera lieu à un examen oral. La note ne sera retenue que si elle est favorable au candidat.

La demande du candidat, accompagnée du mémoire, sera adressée au recteur deux mois au moins avant l'ouverture de la session. Le recteur désignera un jury comprenant deux professeurs qualifiés, qui seront eux-mêmes, s'il se peut, d'anciens prisonniers de guerre. L'examen oral relatif au mémoire précédera de quelques jours la date du début de l'examen auquel cette épreuve facultative est rattachée.

Un candidat ne pourra bénéficier des dispositions du présent arrêté que pour un seul examen et uniquement au cours des sessions instituées spécialement pour les prisonniers.

Dans le cas où il ne serait pas reçu à la session où il aura présenté son mémoire, le candidat gardera le bénéfice de cette majoration pour les sessions spéciales ultérieures.

Seuls sont exclus de cette disposition les examens des facultés de médecine et de pharmacie, ainsi que le certificat d'études physiques, chimiques et biologiques (P.C.B.) qui, par leur caractère d'étroite et rigoureuse spécialisation, ne sauraient souffrir l'adjonction d'une épreuve d'un autre ordre. »

(Informations générales[1], pp. 48-49 / Ministère de l'Intérieur 1943 – n° 123-124)

9 janvier 1943 : CHANTIERS DE LA JEUNESSE

Réparation de dommages physiques

« Le J. O. du 9 janvier a publié un décret du 31 décembre 1942 portant application de la loi du 9 septembre 1942 (J. O. du 11 septembre, voir I. G. n° 107, p. 511), relative à la réparation des dommages physiques subis par les jeunes Français du fait ou à l'occasion de l'accomplissement de leur stage obligatoire dans les Chantiers de la Jeunesse.

On sait qu'aux termes de cette loi, les jeunes des Chantiers bénéficient des dispositions de la loi du 31 mars 1919 sur les pensions militaires d'invalidité. » (Informations générales, p. 52 / Ministère de l'Intérieur 1943 – n° 123-124)

15 janvier 1943 : « À Paris, les restrictions sur la consommation d'électricité entraînent la fermeture des théâtres non subventionnés un jour par semaine et la suppression des matinées, sauf les samedis, dimanches et jours fériés. » (5) p. 102

17 janvier 1943 : « La « Légion Tricolore », est dissoute (J.O.). » (5) p. 93

« MM. Roosevelt et Churchill ont, à Casablanca (Maroc), des entretiens d'une durée de dix jours.

« Les généraux Giraud et de Gaulle se rencontrent également dans cette ville. » (5) p. 100

« Loi renforçant le contrôle des dépenses publiques françaises et interdisant toute augmentation du nombre des fonctionnaires. » (5) p. 104

24 janvier 1943 : « En France, la récupération des métaux non ferreux s'étend jusque dans les églises. » (5) p. 102

CIRCULATION ROUTIÈRE

Répression des attentats

« Aux termes d'une loi du 12 janvier (J. O. du 24 janvier) quiconque, aura, en vue de provoquer un accident ou d'entraver ou gêner la circulation, placé sur une route ou chemin public un objet faisant obstacle au passage des véhicules ou qui aura employé un moyen quelconque pour mettre obstacle à leur marche sera puni de la réclusion.

S'il y a eu homicide ou blessure, le coupable sera dans le premier cas puni de mort, et, dans le second, de la peine des travaux forcés à temps. » (Informations générales, p. 146 / Ministère de l'Intérieur 1943–127)

27 janvier 1943 : PRODUITS DÉTERSIFS

« Le J. O. du 27 janvier a publié un arrêté du 20 janvier relatif aux attributions de savon pour le mois de février :

a) Tickets de février de la feuille de tickets « produits détersifs rationnés ».

N° l, catégorie E, JI et autres : 100 grammes de savon de toilette ou 100 grammes de savon pour soins corporels ou 37,5 g de savon de ménage.

N° 2, catégorie E : 187,5 g de savon de ménage ou 320 g de détersif au savon.

Catégorie J1 : 250 grammes de détersif au savon ou 75 g de savon de ménage.

Autres catégories : 120 g de détersif au savon (deux tickets n° 2 remis ensemble donnant droit à 250 grammes de détersif au savon) ou 37,5 g de savon de ménage.

b) Tickets spéciaux pour professionnels :

Une ration (soins corporels) :

100 g de - savon de toilette ou100 g de savon pour soins corporels ou 37,5 g de savon de ménage ;

Demi-ration (lavage du linge) :

37,5 g de savon de ménage ou 120 g de détersif au savon (deux tickets remis ensemble donnent droit à 250 g de détersif au savon).

Les droits des consommateurs peuvent, en outre, être satisfaits par l'échange des tickets contre un poids précisé dans chaque cas particulier d'un produit de remplacement homologué.

Par modification aux dispositions prévues par l'arrêté du 15 octobre 1942 relatif au ravitaillement de la population en produits détersifs rationnés, fabriqués à partir d'acides gras et résiniques, le ticket n° 3 « produits à raser » donne droit à un savon à barbe de 30 g ou à 80 g de crème à raser à base d'acides gras non saponifiés ou à 100 g de savon de toilette ou à 100 g de savon pour soins corporels ou à un poids précisé dans chaque cas particulier d'un produit de remplacement homologué. » (Informations générales, p. 161 / Ministère Intérieur 1943–127)

28 janvier 1943 : « Allemagne : Recensement des hommes de 16 à 65 ans et des femmes de 17 à 45 ans en vue d'une mobilisation au profit du travail national de guerre. » (5) p. 97

INFRACTIONS EN MATIÈRE DE RAVITAILLEMENT

Répression

La loi du 31 décembre 1942 (J. O. du 28 janvier) relative à la constatation, la poursuite et la répression des infractions aux règles du ravitaillement comprend 27 articles répartis en cinq titres différents.

Les dispositions édictées par cette nouvelle loi concernent :

1° La circulation et le transport des animaux, denrées et produits

Alimentaires ;

2° La dissimulation, le défaut de déclaration ou la production de déclaration inexacte ou incomplète des stocks ; la détention irrégulière des denrées, objets ou produits nécessaires au ravitaillement du pays ; le refus de constituer ou d'entretenir des stocks obligatoires ; le refus de présenter ou de tenir la comptabilité réglementaire en matière de stocks ;

3° Le recensement des consommateurs, les titres d'alimentation ou de rationnement, le contrôle des produits alimentaires, la détérioration, la perte et le gaspillage des denrées alimentaires, la transformation des denrées et produits alimentaires, la fabrication, etc. ;

4° L'abatage du bétail de boucherie ou de charcuterie en dehors des abattoirs municipaux.

Procédure et peines judiciaires.

Les infractions prévues par la nouvelle loi seront punies par l'emprisonnement de 6 jours à 5 ans et d'une amende de 200 à deux millions de francs ou de l'une de ces deux peines seulement.

Cette peine se substitue à toute autre peine prononcée par l'autorité judiciaire. Elle est prévue à raison des mêmes infractions des textes antérieurs à l'exception des peines prévues par les lois :

- du 7 septembre 1941, aggravant les peines en matière de contrefaçon de titres de ravitaillement ;

- du 2 février 1942, modifiant et complétant ladite loi du 11 octobre 1941 ;

- du 15 mars 1942, tendant à réprimer le marché noir ;

- du 12 juin 1942, réprimant la perte ou la détérioration des denrées alimentaires. » (Informations générales, p. 152-155 / Ministère de l'Intérieur 1943–127)

RATIONNEMENT DE FÉVRIER

« Le ministère de l'Agriculture et du Ravitaillement communique :

Le J. O. du 28 janvier a publié un arrêté du 23 janvier fixant le taux des rations pour février. Il ne présente, par rapport à celui des rations de janvier, que les différences ci-après sur lesquelles est appelée l'attention des consommateurs :

Pain grillé

Il est prévu que les boulangers peuvent vendre du pain grillé sur la base de 85 grammes de pain grillé contre 100 grammes de tickets de pain (le taux d'équivalence des biscottes et des pains de régime reste inchangé : 62,5 g de biscottes pour 100 g de tickets de pain).

Pâtes alimentaires

Une ration de 250 grammes de pâtes alimentaires est prévue pour tous les consommateurs en échange du ticket DZ de la feuille de denrées diverses de février du type ordinaire ou du type spécial.

La mise en distribution ne pourra avoir lieu qu'après arrêté préfectoral du département intéressé.

En outre, des arrêtés préfectoraux pourront prévoir d'autres distributions au cours du mois, notamment au profit de certains centres urbains ou industriels particulièrement défavorisés.

Farines composées

Il est apparu que dans certains départements les consommateurs de la catégorie E ne pouvaient que difficilement être approvisionnés en farines composées. En conséquence, les farines composées qui pouvaient être acquises en échange de tickets de pain des catégories E, J1 et V, sont réservées exclusivement à la catégorie E. Toutefois, les catégories E. J1 et V gardent, comme le mois précédent, la faculté d'acquérir 250 grammes de farines composées en échange du coupon 4 de février de la feuille semestrielle.

Chocolat

La production des nouvelles fabrications n'a pas permis de distribuer de rations au cours du mois de janvier. La ration de janvier sera allouée contre remise du coupon n° O de février. Un arrêté préfectoral détermine, dans chaque département, le point de départ des distributions dès que les stocks suffisants en chocolat de nouvelle fabrication auront pu être constitués.

Le taux et les modalités de distribution de la ration de février seront fixés ultérieurement.

Café

En raison de la diminution des stocks, on s'est vu dans l'obligation de réduire la teneur en café de la ration de café mélangé à 15 grammes. Le poids total du mélange reste néanmoins fixé à 150 grammes.

Matières grasses

Dans les grands centres urbains ou industriels bénéficiant de suppléments alimentaires, la ration est sans changement sur la base de 10 grammes par jour : elle s'établit donc à 280 grammes pour le mois. Pour les localités non bénéficiaires de ces suppléments dans lesquelles la ration reste fixée à 225 grammes pour le mois, les restaurateurs ne pourront pas exiger de tickets de matières grasses aux repas servis après 15 heures pendant les trois jours de la semaine où la consommation de la viande de boucherie est permise au repas du midi. Un ticket de 5 grammes de matières grasses continuera à être exigé le dimanche aux repas servis après 15 heures.

Des arrêtés préfectoraux pourront décider que certains tickets de matières grasses ne seront valorisés qu'au fur et à mesure des arrivages, de façon à assurer une plus équitable répartition des approvisionnements.

Enfin, la valeur des tickets-lettres de matières grasses est fixée :

1° - Grands centres urbains ou industriels (feuilles de denrées diverses, texte violet foncé) :

GA et GB chacun : 25 grammes.

GC et GD chacun : 5 grammes.

GE : 10 grammes.

GH : sans valeur.

2° - Autres centres (feuilles de denrées diverses, texte rouge) :

GA, GB, GC, GH : sans valeur.

GD : 5 grammes.

GE : 10 grammes. »

(Informations générales, pp. 157-159 / Ministère de l'Intérieur 1943–127)

DISSOLUTION D'ASSOCIATION

« Par décret du 9 janvier 1943 (J. O. du 28 janvier 1943) est et demeure dissoute l'Association des Œuvres françaises de bienfaisance de l'Armée du Salut, dont le siège est à Paris, 76, rue de Rome. » (Informations générales, p. 145 / Ministère de l'Intérieur 1943–127)

29 janvier 1943 : « Italie : Mobilisation générale de toutes les forces de la Nation pour participer à la guerre.

« Allemagne : Le Dr R. Ley, Chef du Front du Travail, déclare que plus de 7 millions d'ouvriers étrangers travaillent sur le territoire du Reich. » (5) p. 97

SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Les J. O. des 24 et 29 janvier ont publié les 43e et 44e listes des fonctionnaires et agents civils ou militaires, membres des sociétés secrètes, ayant souscrit une fausse déclaration. » (Informations générales, p. 146 / Ministère Intérieur 1943–127)

31 janvier 1943 : « Recensement de tous les Français de 21 à 30 ans non pourvus d'un emploi. » (5) p. 93

MILICE FRANÇAISE

« Loi instituant la Milice Française par transformation du S.O.L. (Service d'Ordre de la Légion). Le chef du Gouvernement en est le chef (publiée au J.O. du 31 janvier, n° 27). » (5) p. 104

Une loi du 30 janvier 1943 publiée a décidé la création de la Milice française qui a pour objet de grouper les Français résolus à prendre une part active au redressement politique, social, économique, intellectuel et moral de la France.

Objet et membres

Cette association a la mission, par une action de vigilance et de propagande, de participer à la vie publique et de l'animer politiquement. La milice française, précise l'article 2 des statuts annexés à la loi, est composée de volontaires moralement prêts et physiquement aptes, non seulement à soutenir l'État nouveau par leur action, mais aussi à concourir au maintien de l'ordre intérieur.

L'article 3 spécifie que les membres de la Milice française doivent satisfaire aux conditions suivantes :

1. Être Français de naissance ;

2. Ne pas être juifs ;

3. N'adhérer à aucune société secrète ;

4. Être volontaires ;

5. Être agréés par le chef départemental.

Selon l'article 4, les membres de la Milice française reçoivent obligatoirement une formation politique générale. Ils peuvent être spécialisés dans l'étude des questions d'ordre corporatif, social, économique, intellectuel et moral et dans les activités se rapportant à ces diverses questions. Ils peuvent également être spécialisés dans des activités de propagande. Des écoles de cadres complètent la formation morale et politique des chefs de la milice française aux différents échelons.

L'article 5 stipule que la qualité des membres de la Milice française se perd par démission acceptée ou par radiation prononcée par le secrétaire général.

Administration de la Milice

Le titre II traite, de l'administration de l'association.

L'article 6 précise que la Milice française est dirigée par un secrétaire général désigné par le chef du gouvernement. Le secrétaire général est assisté de deux administrateurs nommés sur sa proposition par le chef du gouvernement. Le secrétaire général et les administrateurs se réunissent en conseil d'administration sur convocation du secrétaire général aussi souvent qu'il est utile, au moins une fois par trimestre, pour recevoir le compte rendu du secrétaire général. La présence du secrétaire général et des deux administrateurs, signant les procès-verbaux des séances qui sont transcrits sans blancs ni ratures, sur un registre coté et paraphé par l'autorité désignée par le chef du gouvernement, est nécessaire pour la validité des opérations.

D'après l'article 7, le secrétaire général recouvre les cotisations et reçoit les subventions. Il accepte les dons et legs, sous réserve de l'approbation administrative. C'est lui qui organise le recrutement, la propagande et dirige l'activité de ladite association. Il peut déléguer partie de ses pouvoirs.

L'article 8 stipule que le secrétaire général établit un règlement intérieur qui est soumis à l'approbation du chef du gouvernement.

Organisation territoriale

Le titre III traite de l'organisation territoriale. Dans chaque région administrative, mentionne l'article 9, la Milice française, constituée en fédération régionale, est placée sous le commandement du chef régional. Le chef régional et son adjoint sont nommés par le chef du gouvernement sur proposition du secrétaire général. Le chef régional représente l'association auprès du préfet régional. Il a pour mission de contrôler et animer la milice départementale de sa région. Il en coordonne l'action. Il constitue un relais de commandement entre le secrétaire général et les chefs départementaux. L'article 10 traite du rôle du chef départemental, qui représente l'association auprès du préfet. C'est lui qui, nommé par le chef du gouvernement sur proposition du secrétaire général, dirige dans le département l'activité de l'association, le recrutement, la propagande, la formation politique des cadres.

Ressources financières

Le titre IV traite des ressources, des contrôles administratifs et financiers et de dispositions diverses.

L'article 11 précise que la dotation initiale est fixée par le chef du gouvernement, tandis que l'article 12 détaille les recettes annuelles de l'association, composées des cotisations, des subventions de l'État et des collectivités publiques, du produit des libéralités dont l'emploi immédiat a été autorisé, des ressources créées à titre exceptionnel avec l'autorisation de l'autorité compétente. D'après l'article 13, dans toutes les branches de son activité, la Milice française est soumise au contrôle permanent du chef du gouvernement, dont les délégués sont accrédités auprès du secrétaire général. Les deux derniers articles ont trait au projet de budget arrêté par le conseil d'administration sur proposition du secrétaire général et sont soumis, pour approbation, au chef du gouvernement. En fin d'année, le conseil d'administration adresse au chef du gouvernement un rapport sur l'activité générale de l'association. La Milice française, enfin, peut être dissoute par arrêté du chef du gouvernement.

Nomination du secrétaire général

Le J. O. du 2 février a publié un arrêté du 30 janvier 1943 aux termes duquel M. Joseph Darnand a été nommé secrétaire général de la Milice française. » (Informations générales, pp. 178-181 / Ministère de l'Intérieur 1943–128)

DÉCHÉANCE DE LA NATIONALITÉ FRANÇAISE

« Par décret du 30 janvier 1943 (J. O. du 31 janvier) ont été déchus de la nationalité française :

Nogués (Auguste-Paul-Charles-Albert), né le 13 août 1876 à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées), général d'armée.

Chatel (Yves-Charles), né le 24 mars 1885 à Rennes (Ille-et-Vilaine), gouverneur général de l'Algérie.

Juin (Alphonse-Pierre), né le 16 décembre 1888 à Bône (département de Constantine), général de corps d'armée.

Peyrouton (Bernard-Marcel), né le 2 juillet 1087 à Paris (17e) ancien ministre, ex-ambassadeur.

Delaye (Jean-Roger), né le 26 août 1888 à Bouscat (Gironde), contre-amiral, ancien attaché naval à İstanbul.

Pose (Jean-Jules-Alfred), né le 30 juin 1899 à Lan-Mondrans (Basses-Pyrénées), directeur de banque.

Lemaigre-Dubreuil (Jacques), né le 30 avril 1894 à Saligrac (Haute-Vienne), industriel. » (Informations générales, pp. 186-187 / Ministère de l'Intérieur 1943–128)

Dimanche 3 janvier 1943 209

Reçue le 20.01.43, réponse le 02.02.43

Bien chère sœur et cher Louis,

Ce matin, j'ai eu le plaisir de recevoir votre carte du 25 décembre me donnant de vos nouvelles. À part cette carte qui m'est parvenue bien rapidement, je n'ai rien reçu. Votre dernière lettre que j'ai reçue était datée du 23 novembre. Avez-vous reçu mon colis expédié de Brême ? J'ai fait à ce sujet une réclamation qui portera j'espère, car décidément ça fait un peu long.

Cet après-midi, en compagnie du Bagnérais, nous avons été voir Caparroi. Après avoir fait la dînette, nous avons bu un bon jus arrosé d'un petit Armagnac venant du Gers de la belle-sœur à Caparroi. Ainsi, à nous trois, nous avons assez bien passé ces quelques jours de repos accordés pour cette fin d'année.

Chaque année, nous disons : « j'espère que c'est le dernier Noël », et toujours il vient vous retrouver ici. En voilà quatre de passés loin de vous, hélas ! Il me semble que la faute sera bien payée, si fautifs nous sommes, et qu'après notre retour nous aurons le droit à vivre en paix, à l'écart de tous les différends.

Chère sœur, surtout pas de souci à mon sujet. Ma santé toujours bonne ; ces jours derniers, m'étant pesé, j'ai constaté que je pesais 66 contre 63 à la ville précédente. Quant aux effets, j'ai tout ce qu'il me faut. Je travaille toujours au même endroit et ne m'en plains pas. Et toi, cher Louis, fais-tu toujours le même service ? Ce doit être un peu dur pour toi maintenant. Y a-t-il dans la région beaucoup de visiteurs pour les sports d'hiver ?

Ici, nous avons eu la première neige le 28 décembre. Aujourd'hui, malgré le dégel, il y en a encore quelques centimètres.

Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Bien le bonjour aux patrons, voisins et amis. Votre frère et beau-frère. Léon

Lindi 4 janvier 1943 209-1

Bien chère cousine et cousin,

Je réponds à votre aimable lettre. Je suis heureuse de vous savoir en bonne santé quant à moi ça va surtout depuis que Bertrand[2] est revenu. J'ai eu une carte de Léon. Je lui ai répondu espérant que Léon et tous les prisonniers reviendront cette année. Lundi, nous allons à Avajan et peut-être on poussera une visite jusqu'à chez vous. Ici nous avons la neige et un peu de froid. Je ne vois plus grand-chose à vous dire. Je termine chers cousine et cousin au nom de tous les deux en venant vous offrir à tous les 4 nos meilleurs vœux de Nouvel An et espérons que tout s'arrangera pour le mieux en vous embrassant affectueusement. Votre cousine.

Marie Courrège

Dimanche 10 janvier 1943 210

Reçue le 26.01, réponse le 09.02

Bien chère sœur et cher Louis,

Ces jours derniers m'est parvenue votre lettre du 22 décembre. Plusieurs autres que vous avez eues avant celle-là ne me sont encore parvenues. Une fois de plus, j'en aurai pas mal d'un coup. Quant aux colis, depuis la reprise qui a eu lieu hier ; le mien ne saurait donc tarder à arriver. Malgré ce temps d'arrêt, nous n'avons pas souffert car tout avait été prévu.

Cet après-midi, Caparroi est venu me voir ainsi que le Bagnérais. Dimanche, nous irons certainement le trouver car il doit recevoir le colis que sa femme et Mme Jouanuc ont confectionné afin que nous le mangions à tous trois.

Depuis la Noël, la température se rafraîchit de plus en plus ; presque tous les jours, quelques flocons de neige descendent paresseusement mais la couche ne dépasse pas 10 cm, le thermomètre n'a guère dépassé -15°. Chère sœur, il me parle du pull. Ne me l'envoie pas car j'ai suffisamment pour me couvrir. Le 20 décembre, j'ai remercié les patrons par une carte.

Signale-moi les dates de départ des colis afin que je puisse m'assurer s'ils me parviennent tous. En ce qui concerne le tabac, ne te tourmente pas. Si nous n'en percevons, je m'en passerai malgré que ce soit pour nous une satisfaction, presque un besoin, un chasse bête noire.

Cher Louis, quand pourrai-je reprendre le chemin d'Es coumes pour aller à mon tour faire un chargement de bois car maman en a tellement besoin pour chauffer une si grande pièce ?

Mais, je suis à peu près tranquille car je sais qu'avec vous deux, rien de tout ce dont on peut s'approvisionner ne doit lui manquer. Ma santé aussi est toujours bonne. Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 17 janvier 1943 211

Reçue le 12.02, réponse le 15.02

Bien chère sœur et cher Louis,

Durant cette dernière semaine, j'ai eu le plaisir de recevoir un colis retardataire, celui confectionné, je crois, à la Légion des Anciens Combattants. Me sont parvenues aussi vos lettres du 18 novembre et du 4 janvier, ainsi qu'une carte de cousine de Luchon et une carte de maman que vous m'avez renvoyée le 1er décembre. Aujourd'hui, je vais lui en adresser une autre.

Chère sœur, dimanche dernier, je t'ai envoyé deux vignettes et avant-hier 30 marks. Si tu juges qu'il en manque à maman ou qu'ils lui feront plaisir, passe-les-lui, je ne veux pas lui envoyer directement puisqu' elle doit ennuyer les uns ou les autres pour les percevoir. À la présente, je vais joindre une photo récente en compagnie du Bagnérais qui, hélas, va quitter la ville demain à destination d'une autre. Il a appris cette nouvelle ce soir au retour d'un match de football où nous avions assisté tous deux passant ainsi une bonne après-midi ensoleillée et relativement douce surtout pour la saison. Dans la semaine doivent arriver une quarantaine de camarades prisonniers pour compléter la compagnie. Peut-être, parmi eux, y aura-t-il quelques gars de chez nous. Enfin, me voici rassuré pour le colis que je croyais bien perdu. Je suis heureux que vous en soyez en possession et j'espère qu'il est arrivé au complet. Ici la neige a complètement disparu et le froid est peu vif. Ma santé est toujours excellente. Quant au moral, il tient bon et patiemment j'attends que mon tour arrive. – Hélas, je crains qu'il soit encore trop loin.

Le bonjour à Joseph, Antoinette, patrons, etc. De ces derniers, attends lettre ainsi que de Jourde, Ridel.

Je termine en vous embrassant tous les trois de tout cœur. Léon

Dimanche 17 janvier 1943 212

Réponse le 4 mars 1943

Bien chère maman,

Voici quelques jours que m'est parvenue une de tes cartes et aussi deux lettres de Léonie. Ainsi, me voici en possession de bonnes nouvelles de vous tous ce qui me fait grand plaisir. Cousine de Luchon m'a également donné de ses bonnes nouvelles m'apprenant que son fils Bertrand était rentré[3]. Sa joie a été grande, je n'en doute point. Quant à moi, tout va bien. Santé et moral sont excellents, surtout vous sachant bien portants. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Mardi 26 janvier 1943 213

Reçue le 19.02, réponse le 23.02

Bien chère sœur et cher Louis,

Je suis heureux de pouvoir vous apprendre qu'en ce moment le courrier m'arrive en masse ; ainsi cette dernière semaine j'ai pu lire vos lettres des 04 et 11 décembre et celle du 12 janvier. J'ai également reçu deux cartes : une de Marseille et une des patrons. Dimanche, j'ai passé une bonne partie de la journée avec Caparroi. Tu diras à sa femme ou sa sœur qu'il a reçu le colis renfermant le poulet. Nous le mangerons dimanche prochain car hier, nous avions le lapin, le gâteau que la gourmandise nous a empêchés de conserver encore huit jours : était délicieux. À propos de colis, ce soir, j'ai eu le plaisir d'en recevoir un des vôtres du mois de décembre[4]. Je n'ai pu déchiffrer la date, et c'est certainement le dernier de l'année. Je crois bien qu'ils me sont tous parvenus plus ou moins régulièrement évidemment, ainsi que le courrier. L'essentiel est que tout arrive. Chère sœur, pour le moment, il me faudrait encore une paire de chaussettes, je te renverrai les vieilles au prochain colis. Fais ton possible, aussi, pour une paire de chaussures : j'en ai grand besoin. De gerçures, je n'en aurai certainement pas vu que je travaille à l'intérieur. À propos d'argent, rassure-toi chère sœur, ce n'est qu'à vous ou maman que j'en adresse. Quant à la correspondance que j'entretiens avec elle, c'est bien peu de chose. Ce jour, je vous adresse une vignette bleue et une rouge. Vous donnerez le bonjour à Élie et Hortense. J'attends des nouvelles de Toulouse. Le bonjour également aux familles Lopez, Mounard, Estrade, patrons, Ridel, etc. Malgré le départ de tous ces jeunes, n'attendez pas mon retour, des mois s'écouleront encore avant, hélas. Vous embrasse tous trois de tout cœur. Léon

Février 1943

Rappel historique, 2 février 1943 : « Loi relative aux règlements par chèques. Les formules de chèques seront mises gratuitement à la disposition des titulaires de comptes en banque. Les femmes mariées sont admises à se faire ouvrir des comptes de chèques en banque sans qu'une autorisation du mari soit nécessaire (J.O.). » (5) p. 104

4 février 1943 : « Fermeture de tous les établissements commerciaux non nécessaires au ravitaillement ou à l'économie de guerre. » (5) p. 97

DÉCHETS ET VIEILLES MATIÈRES

Interdiction de destruction

« Le J. O. du 4 février a publié une décision du secrétaire à la répartition portant interdiction de détruire les déchets et vieilles matières devenues inutiles.

D'une façon générale, il est interdit de brûler, jeter ou détruire sauf le cas de nécessité et notamment, pour raison de salubrité et d'intérêt public les déchets et vieilles matières devenues inutiles dont l'énumération est donnée ci-après :

Vieux papiers ou déchets de papiers ou de carton ; chiffons et déchets textiles, y compris la friperie ; ferrailles et déchets de fer et d'acier ; vieux métaux, déchets de métaux ; vieux caoutchouc et déchets de caoutchouc et d'amiante ; os, cornes, onglons et sabots ; peaux brutes de lapins ; déchets de cuir ; crins, poils, et soies animales ; verre, disques et cylindres phonographiques, brisés ou hors d'usage.

Toute entreprise, collectivité ou administration publique détenant des matières visées par l'article 1er, est tenue de les préserver et de les céder pour remettre dans les conditions fixées par la loi du 23 janvier 1941 qui continueront à produire leurs effets. » (Informations générales, p. 193 / Ministère Intérieur 1943–128)

5 février 1943 : « Italie : Loi instituant la mobilisation civile. Elle atteint les hommes de 14 à 70 ans et les femmes de 14 à 60 ans. » (5) p. 97

6 février 1943 : SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Les J. O. des 4, 5 et 6 février ont publié un 7° additif à la liste par obédience des dignitaires (hauts gradés et officiers) de loge de la franc-maçonnerie. Le J. O. du 5 février a publié la 45° liste des fonctionnaires et agents civils et militaires, membres des sociétés secrètes, ayant souscrit une fausse déclaration. » (Informations générales, p. 187 / Ministère Intérieur 1943–128)

7 février 1943 : « Création d'un commissariat général à la main-d'œuvre française en Allemagne. M. Bruneton en assure la direction. » (5) p. 93

8 février 1943 : « Première distribution à Paris des « plats cuisinés communautaires ». (5) p. 102

9 février 1943 : COUPONS D'ACHAT DE CHAUSSURES

Nature et conditions de leur validité

« Le J. O. du 9 février a publié un arrêté du 5 février aux termes duquel les coupons d'achat de chaussures sont nominatifs et incessibles, et donnent droit à l'achat d'une paire de chaussures dans toute la France. » (Informations générales, p. 240 / Ministère de l'Intérieur 1943–129)

11 février 1943 : MILICE FRANÇAISE

Affectation du château d'Uriage

« Par décret du 9 février (J. O. du 11 février), le château d'Uriage, utilisé par l'école nationale des cadres de la jeunesse, est supprimé par le décret du 27 décembre 1942 (J. O. du 1er janvier 1943. - Voir I. G. n° 123-124 p. 49) a été mis à la disposition du secrétaire général de la milice française. » (Informations générales, p. 226 / Ministère Intérieur 1943–129)

« Jusqu'ici, la Milice française, voulant donner à ses membres une formation politique sérieuse, avait créé des écoles régionales et départementales. Un progrès décisif vient d'être accompli dans ce sens par l'ouverture de l'École Nationale d'Uriage, près de Grenoble, mise à la disposition de la Milice française par le ministre de l'Éducation nationale (J. O. du 11 février, voir I. G. n° 129, p. 226). Tous les chefs de la Milice y suivront un stage. L'école recevra, en outre, les jeunes gens cultivés aimant le métier des armes et désireux d'entrer dans la Franc-Garde permanente. » (Informations générales, p. 479 / Ministère de l'Intérieur 1943–135)

12 février 1943 : LÉGION DES VOLONTAIRES FRANÇAIS CONTRE LE BOLCHEVISME

« La légion des volontaires français contre le bolchevisme est reconnue d'utilité publique et ses statuts sont approuvés par le gouvernement, aux termes d'une loi du 11 février, parue au J. O. du 12 février. Ce texte spécifie notamment que « les officiers et sous-officiers de la légion des volontaires français contre le bolchevisme pourront être titularisés dans l'armée par décision du chef du gouvernement, sur proposition du conseil central de la L.V.F. et après avis conforme du secrétaire d'État à la Guerre ». (Informations générales, pp. 225-226 / Ministère de l'Intérieur 1943–129)

14 février 1943 : « En application de la loi du 4 septembre 1942, pour l'utilisation de la main-d'œuvre, il est procédé à un recensement général de tous les Français du sexe masculin nés entre le 1er janvier 1912 et le 31 décembre 1921. » (5) p. 93

15 février 1943 : « Le Gouvernement de Vichy crée le service obligatoire du travail (S.T.O.) d'une durée de deux ans pour tous les jeunes gens de 20 à 23 ans révolus. Ils seront ou maintenus dans leur emploi, ou affectés en France ou envoyés en Allemagne. » (5) p. 93

CONSEIL DES MINISTRES

« Le Conseil des ministres s'est réuni le 15 février 1943, à 17 heures, au Pavillon Sévigné, sous la présidence du Maréchal de France, chef de l'État.

Le chef du gouvernement a rappelé comment s'était effectuée la relève du premier contingent de prisonniers. Il a précisé comment cette relève se poursuivait depuis le 1er janvier, et indiqué les autres avantages qui résulteraient pour les prisonniers, du départ d'ouvriers français pour l'Allemagne. Constatant que les prélèvements, dans les usines françaises, d'une partie notable de la main-d'œuvre risquent de réduire sensiblement nos possibilités de production, le Conseil a décidé, en application de la loi du 4 septembre 1942, de créer un service obligatoire du travail.

Cette mesure, indispensable pour les besoins de notre économie, répond également au souci du gouvernement de mettre un terme à l'inégalité choquante qui faisait peser seulement sur les ouvriers des charges qui doivent être équitablement réparties sur tous les Français, quelle que soit leur catégorie sociale.

Le Conseil a adopté un texte législatif qui rend le service du travail obligatoire aux champs, à l'atelier, à l'usine, pour tous les jeunes gens nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 1922.

Des mesures particulières sont prévues notamment pour les agriculteurs, qui continueront leur travail actuel à la terre.

La durée du service obligatoire du travail sera de deux années, sur lesquelles s'imputera le temps passé aux armées ou aux chantiers de jeunesse. Un commissariat général, chargé des services du travail obligatoire, sera incessamment créé. » (Informations générales, pp. 273-274 / Ministère de l'Intérieur 1943–130)

17 février 1943 : « M. de Brinon est nommé président du Comité central de la L.V.F. (Légion Volontaire Française) » (5) p.93

SERVICE OBLIGATOIRE DU TRAVAIL. Institution

« À la suite des décisions qui ont été prises au Conseil des ministres du 15 février, le J. O. du 17 février a publié le texte d'une loi du 16 février portant institution du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.).

Le service du travail obligatoire sera effectué par année d'âge ou fraction d'année d'âge. Fixée en principe à deux ans, la durée du service pourra être réduite par décret pris en Conseil des ministres. La loi précise notamment que le service du travail obligatoire pourra être accompli dans l'emploi occupé à la date de l'appel lorsque cet emploi est conforme aux besoins du pays. Cette précision concerne principalement les agriculteurs au sujet desquels le communiqué du Conseil des ministres avait d'ailleurs fait connaître qu'ils feraient l'objet de mesures particulières et continueraient leur travail actuel à la terre.

Les jeunes gens astreints au service obligatoire du travail bénéficieront des mêmes conditions de travail et de salaire que les travailleurs libres occupant les mêmes emplois.

La loi stipule enfin que des amendes, allant de 200 à 100.000 F et que des sanctions d'emprisonnement allant de 3 mois à 5 ans, susceptibles, en cas de récidive, d'être portées au double, seront applicables à toute personne ayant saboté ou tenté de saboter pour son compte ou pour le compte d'autrui cette nouvelle institution du service du travail obligatoire.

Un premier décret du 16 février, également publié par le J.O. du 17 février, précise les trois catégories de citoyens ou ressortissants français qui sont astreintes à un service de travail d'une durée de deux ans :

1° Les hommes nés entre le 1er janvier et le 31 décembre 1920.

2° Les hommes nés entre le 1erjanvier et le 31 décembre 1921.

3° Les hommes nés entre le 1erjanvier et le 31 décembre 1922.

Ainsi que l'a précisé le communiqué du conseil des ministres, la durée du service de travail obligatoire sera réduite d'un temps égal au temps déjà passé dans les chantiers de jeunesse ou aux armées. Deux convocations sont prévues pour les hommes appartenant aux catégories ci-dessus visées :

- La première convocation, qui se fera par voie d'affiches préfectorales, a pour but d'effectuer avant le 28 février, un contrôle de recensement.

- La seconde, individuelle celle-ci, a pour objet de faire subir aux intéressés, d'ici au 5 mars prochain, une visite médicale.

II sera remis à tout homme ayant répondu à chacune des convocations, un récépissé attestant qu'il a satisfait aux obligations de la loi.

Les affectations à un emploi utile aux besoins du pays seront notifiées aux intéressés. Cette notification, qui fixera le lieu d'emploi servira de bon de transport à son titulaire. » (Informations générales, pp. 292-293 / Ministère de l'Intérieur 1943–130)

18 février 1943 : ZONES RÉSERVÉES

« Aux termes d'une loi du 20 janvier (J. O du 18 février), le ministre secrétaire d'État à l'Intérieur est autorisé à créer par arrêté sur tout le territoire métropolitain, des zones réservées dont l'accès n'est permis qu'aux personnes munies de titres spéciaux à cet effet et dans lesquelles la résidence est soumise à des conditions particulières.

- Les arrêtés du ministre secrétaire d'État à l'Intérieur détermineront l'aire territoriale de chaque zone, la nature des titres de circulation et de séjour, les autorités chargées de délivrer ces titres et toutes modalités d'application.

Sanctions. Tout contrevenant aux dispositions des arrêtés sera puni d'un emprisonnementd'un à six mois ou de l'une de ces deux peines seulementd'une amende de 200 à 10.000 F, ou de l'une de ces deux peinessans préjudice des mesures administratives qui pourront être prises à sonencontre par le ministre secrétaire d'État à l'Intérieur.

CRÉATION D'UNE ZONE RÉSERVÉE À PROXIMITÉ DE LA FRONTIÈRE ESPAGNOLE

« En application des dispositions de la loi précitée, un arrêté du ministre secrétaire d'État à l'Intérieur, en date du 18 février (J. O. du 20 février), a créé une zone réservée en bordure et à proximité de la frontière espagnole, dans les départements suivants : Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège et Pyrénées-Orientales.

L'accès de cette zone est interdit à toute personne, quelle que soit sa nationalité, qui n'aura pas obtenu pour s'y rendre un titre de circulation spécial. La résidence y est soumise à des règles particulières. Les titres de circulation sont délivrés par les commissariats de police ou à défaut, par les brigades de gendarmerie. Pour tous renseignements complémentaires, les intéressés devront s'adresser aux commissariats ou aux gendarmeries. » (Informations générales, p. 280 / Ministère Intérieur 1943–130)

DÉMISSION D'OFFICE ET NOMINATION

« Par arrêté en date du 17 février (J. O. du 18 février), a été nommé :

M. Haugade, secrétaire général de la préfecture du Territoire de Belfort, sous-préfet de Bagnères-de-Bigorre. » (Informations générales, p. 281 / Ministère Intérieur 1943–130)

« Par arrêté en date du 17 février (J. O. du 18 février), M. Rochefort Louis, sous-préfet de Bagnères-de-Bigorre a été déclaré démissionnaire d'office de ses fonctions, sous réserve de ses droits à pension. » (Informations générales, p. 282 / Ministère de l'Intérieur 1943–130)

19 février 1943 : « Loi rendant obligatoire la nominativité des actions des sociétés françaises ou leur dépôt à la Caisse centrale de dépôts et de virements de titres. » (5) p. 104

21 février 1943 : AMÉLIORATION DU SORT DES PRISONNIERS « À la suite du départ de 250.000 travailleurs, il a été décidé :

1°) qu'une nouvelle tranche de 50.000 prisonniers serait libérée.

2°) que 250.000 autres prisonniers seront, en Allemagne même, transformés en ouvriers libres dans les mêmes conditions d'existence de salaire et de congé que les travailleurs venant de France. C'est donc le sort de 300.000 prisonniers qui va être ainsi, et dans un délai relativement court, heureusement modifié. »

CONFECTION DES COLIS

Interdiction d'envoi d'allumettes

« Le ministre secrétaire d'État à la Production industrielle et aux Communications (secrétariat général des P. T. T.) communique :

Les autorités allemandes ont constaté que des allumettes étaient parfois insérées dans les colis adressés aux prisonniers de guerre français. Il est rappelé que l'envoi de cette catégorie d'objets est formellement interdit. » (Informations générales, p. 290 / Ministère de l'Intérieur 1943–130)

Activité intellectuelle des prisonniers

« D'après un tableau établi par le centre d'entraide aux étudiants mobilisés et prisonniers, sur un total de 78 camps de prisonniers

(20 oflags, 1 camp des aspirants, 57 stalags), il existe actuellement

78 centres d'études, 70 organisations de loisirs, 40 journaux de camps. Rien que pour les stalags, il existe 50 centres d'études, 51 organisations de loisirs, 35 journaux de camps. »

Services littéraires

« M. André Masson, commissaire général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles des prisonniers de guerre, a chargé M. Robert Gaillard, qui vient d'obtenir le prix Renaudot pour son roman « Les liens de chaînes », des services littéraires du commissariat. M. Robert Gaillard recherchera dans les camps les travaux des captifs susceptibles d'indiquer la pensée profonde des prisonniers et dirigera leur publication. » (Informations générales, p. 190 / Ministère de l'Intérieur 1943–128)

L'OEUVRE DE LA FRANCE NOUVELLE

Dans les camps de prisonniers de guerre

« Une série de brochures d'information est éditée actuellement par la Direction du service des prisonniers de guerre. Ces brochures, destinées aux Cercles Pétain qui fonctionnent dans les camps, ont pour but de mieux renseigner les Prisonniers sur les réformes entreprises depuis l'Armistice par le Gouvernement du Maréchal. Elles auront comme titre général « L'œuvre de la France Nouvelle » et traiteront, tour à tour, des questions administratives, sociales, professionnelles, économiques, en un mot, de tous les domaines de la vie nationale. Les brochures concernant les communes et les Préfets, qui ont étudié l'essentiel de la réorganisation administrative du Pays, sont déjà parties pour les camps et seront suivies d'exposés sur les Associations, la Famille, la Jeunesse, l'Enseignement, le Travail, la Production, etc.

D'ailleurs, le programme des sujets traités dépendra surtout des prisonniers eux-mêmes. Il leur appartient de préciser les questions auxquelles ils attachent le plus d'importance et sur lesquelles ils veulent d'abord être informés. Qu'ils fassent connaître aussi à la Direction du Service des Prisonniers de Guerre leur opinion et leurs critiques, ce qu'ils pensent de la présentation des brochures, de la méthode suivie, du nombre d'exemplaires mis à leur disposition. Cette collection est faite pour répondre à leurs besoins et ils en sont les meilleurs juges. » (Informations générales, pp. 290-291 / Ministère de l'Intérieur 1943–130)

MODIFICATION DU RÉGIME DE LA LIGNE DE DÉMARCATION Déclarations du chef du gouvernement

« À la suite des modifications apportées au régime de la ligne de démarcation, le Président Laval a retenu les représentants de la presse à l'Hôtel de la Paix, à Vichy, le 21 février.

Le chef du gouvernement a déclaré :

« Je voudrais me résumer. J'ai énoncé les résultats obtenus.

Je constate, et je voudrais que vous constatiez avec moi, que ces résultats sont dus à une politique persévérante et tenace et qu'ils consacrent l'amélioration de nos rapports avec l'Allemagne. Cette constatation est réconfortante. Je n'ai pas à vous faire de déclaration sur les raisons qui m'ont toujours déterminé à poursuivre cette politique. Je la faisais avant la guerre pour empêcher la guerre. La guerre est venue. Nous avons connu la défaite et j'ai fait cette politique pour atténuer pour notre pays les conséquences de notre malheur. Et j'ai fait cette politique parce que j'ai le sentiment qu'un continent est en train de s'organiser : le continent européen, et que la France doit pouvoir s'intégrer librement dans la nouvelle Europe.

J'ai toujours eu la hantise du danger bolchevique, mais j'en ai aujourd'hui, comme vous, alors que j'en avais eu, avant beaucoup d'entre vous, la claire et nette vision. La Russie fait un effort militaire gigantesque.

L'Allemagne et les Européens qui l'assistent résistent à cet effort.

Je suis convaincu que la résistance sera efficace, mais s'il n'en était pas ainsi, j'ai la certitude qu'il y a pour l'Europe tout entière et pour la France un danger certain de bolchevisation.

Que les communistes en soient heureux, je le conçois. Que certains Français s'en réjouissent, je ne le comprends pas.

Ceux qui soutiennent que, sur l'intervention des Anglais et des Américains, les armées soviétiques s'arrêteraient sur une ligne lointaine, la France restant à l'abri, commettent une erreur. Ils en seraient un jour les victimes, mais ils auraient compris trop tard.

Tout mon effort est uniquement inspiré par le souci que j'ai de défendre mon pays. Mais, dans ma tâche difficile, ingrate, redoutable, j'ai besoin de votre compréhension et de votre concours.

L'Allemagne, elle, vient de faire un effort de compréhension en prenant les décisions que je viens de porter à votre connaissance.

J'ai la certitude que nous pourrions obtenir des résultats beaucoup plus importants encore si je n'étais pas gêné, empêché par cette sorte de folie collective entretenue par la propagande étrangère, soutenue par des espoirs illusoires chez trop de Français. C'est un avertissement très clair et très ferme. Je souhaite de tout mon cœur qu'il soit entendu pendant qu'il en est temps encore. » (Informations générales, pp. 274-275 / Ministère de l'Intérieur 1943–130)

23 février 1943 : « L'amiral Fenard est déchu par Vichy de la nationalité française. » (3) p. 93

« Un décret français institue le service de travail obligatoire (S.T.O.) pour les étudiants âgés de 21 à 23 ans. La mise en vigueur aura lieu à partir du 1er septembre 1943. » (5) p. 104

25 février 1943 : SERVICE OBLIGATOIRE DU TRAVAIL Modalités d'application de la loi aux étudiants

« Un décret du 24 février, qui a paru au J. O. du 25 février, précise les conditions de l'accomplissement du service du travail obligatoire par les étudiants.

Les élèves régulièrement inscrits dans des établissements d'enseignement supérieur, secondaire, primaire, technique, publics et privés, nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 1922, et astreints au service du travail obligatoire seront tenus d'accomplir ce service à partir du 1er septembre 1943.

Ce service comportera deux périodes :

1° Une première année au cours de laquelle les étudiants appelés seront placés à la disposition du commissaire général au service du travail obligatoire pour être mis au service de la nation.

2° Une deuxième année durant laquelle, tout en reprenant leurs études ils pourront être employés selon certaines modalités.

Comme on le voit les jeunes étudiants bien qu'avec certaines modalités particulières, devront participer au même titre que les jeunes ouvriers et les jeunes paysans à un service national qui requiert les forces de la jeunesse française tout entière. » (Informations générales, pp. 351-352 / Ministère de l'Intérieur 1943–131)

Dimanche 7 février 1943 214

Reçue le 25.02, réponse le 01.03

Bien chère sœur et cher Louis,

Après un silence de près de 15 jours, je reprends le crayon pour vous donner toujours de mes bonnes nouvelles. Le mois de janvier étant de cinq dimanches, le 31 nous n'avons pu écrire ; donc ma précédente est datée du 26 janvier. Depuis, j'ai eu le plaisir de recevoir vos lettres des 20 et 27 décembre, une carte de M. Estrade et une de Ridel qu'Anastasie a légèrement abrégé. J'ai lu ce qui restait avec plaisir, lui aussi a bon moral, c'est ce qu'il faut, patience, cela finira bien, tout a une fin. Chère sœur, dernièrement, tu me causais de chaussettes et chaussures. Envoie-moi seulement une paire de chaussettes, c'est tout ce dont j'ai besoin pour le moment car les vieilles, malgré l'entretien, ne tiennent plus debout. Je les conserve tout de même. Laissez-moi vous remercier pour le poulet[5]. Il était délicieux et nous sommes régalés. Dimanche dernier, j'en ai mangé à nouveau que Caparroi avait reçu. Il était aussi bien bon. Aujourd'hui, j'attendais sa visite, il a dû être empêché. Ce soir, je mangerai les gras-doubles et je présume qu'ils ne me feront pas faire la grimace car ici on aime tout, surtout ce que vous vous envoyez. Je crois pourtant vous avoir dit que le colis de Noël était parvenu fin novembre. Suis heureux que l'argent parvienne. Mon dernier de 30 marks est du 15 janvier, je crois vous l'avoir déjà dit, c'est tout ce que je puis faire pour vous seconder, c'est bien peu. Ce jour, je vous adresse une vignette bleue. En octobre, j'avais écrit à Jourde et patrons, ces cartes n'ont dû leur parvenir. L'hiver se passe par une température remarquablement douce, quelques pluies. Je travaille toujours dans les fils et à l'abri. Espérant que la présente vous trouvera tous trois en parfaite santé, je termine en vous embrassant de cœur. Le bonjour aux amis, patrons, voisins, etc. Votre frère, beau-frère et fils. Léon

Dimanche 14 février 1943 215

Reçue le 08.03, réponse le 11.03

Bien chère sœur et cher Louis,

Lundi m'est parvenu votre colis[6] n°2. Depuis quelque temps, j'ai le plaisir de les recevoir plus rapidement et en parfait état. Enfin, je crois les avoir reçus à peu près tous ainsi que les lettres, seule me manque la réponse du 13 septembre. Caparroi vient de passer l'après-midi avec moi. Nous avons goûté au saucisson qui était bien bon. Lui avait amené un bout de boudin, reçu aussi. Nous l'avons passé à la poêle et fait ainsi un bon casse-croûte. Chère sœur, je me suis également régalé avec le poulet et les tripes, le tout était bien conservé. D'après ta lettre du 02 février, reçue hier, je prévois pour la semaine prochaine un important arrivage de colis. Dès leur arrivée, je remercierai les donateurs. Surtout, chers Louis et Léonie, rassurez maman, qu'elle ne se fasse pas de soucis inutilement, rien ne me manque si ce n'est vous, mais j'attends avec courage la fin de ce marasme qui ne saurait durer guère plus longtemps. Par ce même courrier, je vous adresse une vignette bleue et une carte chez Estrade. Aujourd'hui, j'ai également déposé 30 marks pour être adressé à tante de Toulouse car, pour elles, tout ne doit pas être rose non plus et j'espère que cela leur fera plaisir. Maintenant, chère sœur, je vais te demander de faire un petit sacrifice pour moi, c'est mon cœur qui te parle, tu sais bien qu'il est resté accroché, Hélène voudrait te causer, j'espère que tu ne me refuseras pas cette audience et que tu lui fixeras un rendez-vous. Je compte sur toi pour mettre au point, il t'est plus facile qu'à moi par lettre de régler ce différend et j'espère qu'il aboutira à bien ; si tel est notre chemin à quoi bon essayer à nous en détourner. Surtout, chère sœur, ne te fâche pas et songe au jour déjà vieux, hélas, où tu te trouvais à ce même carrefour. Sur ce, chère sœur et cher Louis, je vous embrasse sans oublier maman. Léon

Dimanche 21 février 1943 216

Reçue le 11.03, réponse le 15.03

Bien chère sœur et cher Louis,

Tout d'abord, je vous accuserai réception de vos deux colis portant les numéros 3[7] et 4[8]. Donc, jusqu'à ce jour, me sont parvenus les quatre de l'année. J'attends ceux confectionnés avec la vignette de la ville et celui de Cadéac. Ils ne sauraient tarder. Hier soir, j'ai entamé la boîte de pâté Gourrat, il est fameux. Merci aussi pour le petit bouquet qui n'était pas abîmé. Mercredi, j'ai reçu votre lettre du 9 février, elle n'a mis qu'une semaine, un mois aller et retour ça peut aller. Hier, j'ai reçu un petit mot de Jouanuc qui est maintenant à Berlin, ses nouvelles étaient bonnes. Aujourd'hui, je les ai fait transmettre à Caparroi car je n'avais posé de permission pour sortir. Toutes vos lettres me sont parvenues à l'exception de celle du 13 septembre. Le 25 octobre, j'avais écrit à Jourde et le 18 octobre aux patrons. Ces deux lettres sont restées sans réponses. À ces derniers, j'adresse ce jour une carte. Ne vous étonnez pas de la nouvelle adresse et voici l'explication : les colis ont notre adresse exacte car ils nous parviennent directement, les lettres portent Münster car c'est dans cette ville que se trouvent les bureaux du bataillon, censure, etc. Dans la semaine, sont venus nous rejoindre une cinquantaine de camarades venant d'un autre camp ; parmi eux, trois du 49e et un qui était avec le fils Dusséqué, l'imprimeur. Ils étaient bien plus à l'Est. Aujourd'hui, je vous adresse deux vignettes rouges. Ici aussi, nous avons de belles journées, ce matin gelée blanche, en ce moment le soleil brille, quelques oiseaux, timidement, sifflent. Le 10 décembre, j'avais envoyé une carte à Toulouse, j'attends la réponse, peut-être ne leur est-elle parvenue. Suis heureux de pouvoir vous dire que je suis en parfaite santé et désire que la présente vous trouve de même. Le bonjour à Ridel, Jourde, patrons, etc. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 28 février 1943 217

Reçue le 20.03, réponse le 25.03

Bien chère sœur et cher Louis,

Mardi m'est parvenue une carte de tante et cousines de Toulouse sur laquelle elles s'excusaient d'avoir tant tardé à me répondre. La raison : c'est qu'elles ont attendu vainement votre visite dont elles voulaient profiter pour vous faire faire une photo en groupe et me la faire parvenir avec. Leurs nouvelles sont bonnes. Prochainement, par une carte je leur parlerai des quelques billets que j'ai déposés dernièrement. Jeudi, c'est votre lettre du 15 courant qui est venue me trouver toujours en très bonne santé, heureux d'apprendre que ma dernière photo en compagnie du Bagnérais vous ait fait plaisir. Quant aux autres, c'étaient des vieilles, voilà pourquoi j'étais changé. Aujourd'hui, Caparroi devait venir me voir. Il m'a fait dire qu'il ne pouvait ayant été malade dans la semaine, ça ne devait pas être bien grave, je suppose. Par ce même courrier, j'envoie une petite carte à maman. Malgré vos nombreuses visites, un petit mot personnel doit faire bien plaisir. Chère sœur et cher Louis, en ce qui concerne les colis, tout va pour le mieux, rien de spécial à vous demander, excepté si possible du Gibbs introuvable ici. Hier soir, j'ai entamé une boîte de pâté des patronnes, il est bien bon, un peu trop salé seulement, c'est dommage, mais il sera mangé tout de même, rassurez-vous. En ce moment, il fait de vraies journées printanières, le soleil brille, les oiseaux sifflent, seul le vent est un peu froid. C'est par de pareils jours, surtout les premiers, que l'on souffre le plus d'être en cage, heureusement qu'en semaine nous sommes dehors.

Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 28 février 1943 218

Bien chère maman,

Un tout petit mot pour venir troubler ta solitude et te donner de mes excellentes nouvelles, heureux d'avoir appris que ma dernière photo t'as fait plaisir. Tante et cousines de Toulouse m'ont écrit, elles sont en bonne santé aussi. En ce moment, nous jouissons de journées printanières. Jusqu'à maintenant, l'hiver a été relativement beau. Mon travail, toujours à l'intérieur me plaît bien et surtout soit rassurée, ne présente aucun danger. Espérant que la présente te trouve en parfaite santé, je termine et t'embrasse. Ton fils qui ne t'oublie pas. Léon

Mars 1943

Rappel historique, 1er mars 1943 : MODIFICATION DU RÉGIME DE LA LIGNE DE DÉMARCATION

« Les autorités allemandes ont fait connaître au Gouvernement français les décisions suivantes :

1. — À dater du 1er mars 1943, la circulation à travers la ligne de démarcation sud sera libre pour les citoyens français, à l'exception des juifs et des indésirables. Les laissez-passer délivrés par les autorités allemandes seront supprimés à compter de la même date. Un contrôle de police sera établi sur cartes d'identité de modèle officiel validées pour l'année 1943, dans des conditions qui seront déterminées.

2. — À partir du 1er mars 1943, la correspondance postale normale sera rétablie pour l'ensemble du territoire français. Les cartes de correspondance dites familiales cesseront, en conséquence, d'être nécessaires.

3. — D'ores et déjà, la circulation libre est rétablie entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais et le reste du territoire français, exception faite des interdictions côtières ou des zones d'intérêt militaire. Le contrôle des personnes à la frontière franco-belge sera assuré par les autorités françaises comme la circulation des marchandises et dans les conditions qui seront fixées.

Des règlements des autorités françaises établiront très prochainement à l'usage du public les modalités d'application. » (Informations générales, p. 285 / Ministère Intérieur 1943-130)

PASSAGE DE LA LIGNE DE DÉMARCATION

« Il est, à l'heure actuelle, possible d'apporter les précisions suivantes sur les conditions dans lesquelles la circulation pourra s'effectuer de part et d'autre de la ligne.

Dispositions générales

1° Le franchissement de la ligne est possible pour les ressortissants français en un point quelconque de la ligne de démarcation. Un contrôle sera cependant effectué au seize points de passage suivants :

Orthez, Mont-de-Marsan, Langon, Montpont, La Rochefoucault, Fleure, Jardres, Vierzon, Bourges, Moulins, Digoin, Paray-le-Monial, Chalon-sur-Saône, Seurre, Parcay, Coupy.

2° Les ressortissants français ne seront admis à franchir la ligne de démarcation que s'ils sont munis d'une carte d'identité validée pour l'année 1943 dans des conditions précisées plus loin.

3° Les fonctionnaires et agents des services publics pourront justifier de leur identité au moyen de la carte d'identité délivrée par leur administration si elle comporte une photographie et sur présentation d'un ordre de mission. Si cette carte est validée pour 1943, la présentation de l'ordre de mission ne sera pas nécessaire.

4° Aucune autorisation spéciale n'est nécessaire pour le transport de dossiers et papiers d'affaires.

Dispositions concernant le trafic ferroviaire

1° Il ne sera pas possible à la S. N. C. F., en raison des moyens réduits dont elle dispose en machines, voitures et combustible, d'augmenter le volume actuel du trafic. Il est indispensable que le public comprenne la nécessité de se discipliner et de reporter aux dates les plus éloignées du 1er mars les voyages entre les deux zones qu'il aurait l'intention d'effectuer.

2° Pour établir dans le temps les mouvements des voyageurs et pour les rendre compatibles avec les moyens journaliers dont dispose le chemin de fer, il a été décidé qu'à partir du 1er mars et jusqu'à nouvel ordre, l'inscription sera obligatoire dans les trains express circulant entre les deux zones.

Les voyageurs.ne pourront donc être admis dans les trains express, dans les gares de départ ainsi que dans les gares d'arrêt, qu'à la condition d'avoir loué leur place ou de s'être munis d'une fiche d'admission délivrée gratuitement dans les gares.

Dispositions concernant la validité des cartes d'identité

1° Il est rappelé tout d'abord que les cartes d'identité délivrées antérieurement au 1er janvier 1943, et non validées, si elles ne permettent pas le franchissement de la ligne de démarcation, conservent néanmoins toute leur valeur justificative de l'identité de leur titulaire.

2° Pourront être soumises à la formalité de la validation les cartes d'identité délivrées du 1er novembre 1940 au 31 décembre 1942 par une autorité administrative qualifiée (préfet, commissaire de police et maire), ainsi que les cartes d'identité délivrées avant le 1er novembre 1940 et validées depuis cette date entre le 1er novembre 1940 et le 31 décembre 1942.

Les cartes d'identité entrant dans l'une des catégories visées au paragraphe ci-dessus pourront être validées par le préfet, les maires et commissaires de police de la résidence actuelle du demandeur, quel que soit le lieu de délivrance de la carte ou de l'administration qui l'a établie. Le gouvernement invite la population à n'user, dans son propre intérêt, qu'avec modération des facilités qui lui sont accordées. » (Informations générales, pp. 328-330 / Ministère de l'Intérieur 1943-131)

3 mars 1943 : MISE EN GARDE AUX FAMILLES DE PRISONNIERS

« Le Commissariat général aux Prisonniers de Guerre rapatriés et aux Familles des Prisonniers de Guerre communique :

Nous sommes avisés de diverses sources que de nombreuses familles de prisonniers de guerre sont victimes d'escroquerie. Certains individus se présentent à des familles de camarades comme ouvriers ayant travaillé en Allemagne. À ce titre, ils prétendent avoir rendu des services entraînant des frais dont ils demandent le remboursement. Dans certains cas, ils réclament le règlement d'un prêt. D'autres se présentent comme prisonniers de guerre rapatriés et invoquent des prétextes identiques. Il s'avère nécessaire d'attirer l'attention des familles sur la fréquence de ces faits lamentables, et de les mettre en garde contre de tels agissements. »

ACCIDENTS DE TRAVAIL SURVENUS EN COURS DE CAPTIVITÉ

Aux termes de l'article 27 de la Convention de Genève, les Prisonniers français victimes d'un accident du travail survenu au cours de la captivité doivent être protégés par la législation du Reich au même titre que les ouvriers allemands.

1) — Le Prisonnier a dû être hospitalisé.

Il va toucher une indemnité journalière d'un montant égal au 1/20e du salaire annuel perçu avant l'accident. Si l'accident entraîne une incapacité de travail dont la durée est supérieure à 13 semaines, il est accordé :

— En cas d'incapacité totale : une rente complète égale aux 2/3 du salaire annuel ;

— En cas d'incapacité partielle, une rente proportionnelle, basée sur le degré d'invalidité.

2) — Le Prisonnier n'est pas hospitalisé.

Il est accordé une indemnité « maladie-accident » en cas où l'incapacité de travail n'excède pas 13 semaines et où le blessé ne reçoit par ailleurs aucun salaire. Cette indemnité est calculée d'après le barème des assurances-maladie. Au cas où l'incapacité de travail excèderait 13 semaines, l'accidenté reçoit une rente complète ou proportionnelle. » (Informations générales, pp. 338-339 / Ministère de l'Intérieur 1943-131)

7 mars 1943 : VENTE DES CHAUSSURES D'ENFANTS DE POINTURES INFÉRIEURES AU 28

« En application de la parution du Code du Cuir au « Journal Officiel », les chaussures d'enfants des pointures inférieures au 28, jusqu'ici de vente libre, seront désormais rationnées et vendues contre des tickets-lettres des cartes « Vêtements et d'articles textiles ».

Les tickets-lettres valorisés sont :

Carte de Textiles B :

— les tickets X et L pour chacun une paire de chaussures ;

— les tickets 0 pour une paire de pantoufles ou d'espadrilles ou d'articles en caoutchouc.

Carte de Textiles B :

— les tickets-lettres K et L pour remis ensemble une paire de chaussures, remis séparément chacun une paire de galoches ;

— le ticket O pour une paire de pantoufles ou d'espadrilles ou d'articles en caoutchouc.

Afin d'échelonner les demandes, les consommateurs ne pourront se présenter chez les détaillants, que ce soit pour l'achat ou pour l'inscription, qu'au cours de deux périodes déterminées :

— au cours du mois d'anniversaire de l'enfant,

— ou au cours du 6° mois suivant, dans le cas où l'enfant a droit à deux articles de même catégorie.

Pour les consommateurs qui ne pourraient normalement se présenter à cette date, chacune de ces périodes est prolongée d'un mois.

Le régime de vente des chaussures d'enfants en contrepartie des tickets de textiles devant être prochainement étendu aux pointures supérieures au 27, il est conseillé aux porteurs de la carte de textiles E chaussant plus de 27, mais qui pourraient cependant être tentés d'acquérir à l'aide des tickets valorisés de leur carte une paire de chaussures ou de galoches qui ne leur serait pas destinée, de ne pas utiliser ainsi frauduleusement leurs tickets, dont ils se trouveraient démunis par la suite pour l'achat de leurs propres chaussures.

Dans le cas où le consommateur ne trouve pas en magasin un article qui lui convienne, il aura la faculté de se faire inscrire chez un détaillant en lui remettant les tickets de textiles correspondants.

D'autre part, le régime avec échange des chaussures usagées, tel qu'il fonctionnait déjà pour les chaussures de pointures supérieures, est étendu aux pointures inférieures au 28. La paire de chaussures usagées donnée en échange doit être au minimum de pointure 24. (Informations générales, pp. 500-501 / Ministère de l'Intérieur 1943-135)

12 mars 1943 : RÉPARTITION DU VIN

Consommation familiale

« Par circulaire, en date du 12 mars, le ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement prescrit les dispositions suivantes applicables, dès à présent, au rationnement du vin :

1° La ration attribuée aux catégories J3, A, T, V, est maintenue à quatre litres par mois, mais l'un de ces quatre litres sera obligatoirement un litre de vin d'appellation contrôlée intégré. (Il est bien entendu que le détaillant ne saurait imposer au consommateur plus d'un litre de vin d'appellation contrôlée intégré sur les quatre distributions d'un litre qui lui sont normalement dues, et que c'est seulement sur le désir formel du consommateur que les autres distributions pourront être fournies en vin d'appellation contrôlée intégré) ;

2° Ces dispositions ne s'appliquant qu'à la fraction correspondant à la ration normale (quatre litres par mois), il en résulte que :

a) Pour les consommateurs de la catégorie « C » (6 litres par mois), la ration se composera de cinq litres de vin de consommation courante et d'un litre de vin d'appellation contrôlée intégré ;

b) Pour les « travailleurs de force », mineurs de fond assidus, agents de maîtrise de fond, mécaniciens et chauffeurs de route de la S.N.C.F. et marins pêcheurs inscrits sur rôles, les suppléments auxquels donnent droit leurs tickets de « travailleurs de force » continueront à leur être fournis en vin de consommation courante. Les contingents destinés à l'approvisionnement de chaque département seront calculés sur ces bases. (Informations générales, pp. 458-459 / Ministère de l'Intérieur 1943-134)

15 mars 1943 : DISSIDENCE FRANÇAISE À ALGER

« Le Comité présidé à Londres par le général de Gaulle adresse, au général Giraud, un mémorandum dans lequel il demande l'unité de tous les dissidents français par le ralliement des partisans de Giraud au Comité de Gaulle et préconise la formation d'un pouvoir central provisoire en déclarant illégal le gouvernement de Vichy. » (5) p. 93

ZONE RÉSERVÉE

« La préfecture de la Haute-Garonne communique :

De nouvelles restrictions à la circulation sont apportées dans la zone située en bordure de la frontière franco-espagnole et dont la limite nord-est fixée comme suit :

Nord de la commune de Saint-Jean-de-Luz ; route nationale 618 jusqu'à Cambo ; limite nord-est de la commune de Cambo ; route nationale 132 jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port ; route nationale 133 à partir de Saint-Jean-le-Vieux ; route Ahaxe-Lacum-Berry-Béhorléguy ; lisière nord du sentier de bordure se dirigeant d'ouest en est par le pic de Béhorléguy ; col Burdin-Alcabehety et la route Sunharette-Ametarfets ; route nationale 618 passant par Lanne, Arette, Isser jusqu'à la bifurcation d'Assasp ; bordure est de la vallée du gave d'Aspe jusqu'à Bescus ; limite nord de la commune d'Aydius vers Laruns, par le pic de Bareilles et le col de Sieste ; nord de Laruns, Les Eaux-Bonnes, par le col d'Aubisque ; nord du chemin de montagne jusqu'à Marsous ; route nationale 118 jusqu'à Argelès-Gazost ; Luz, par la bordure est de la route nationale 21 ; nord de la route nationale 618 par Barèges ; col du Tourmalet, Sainte-Marie-la-Récuse, col d'Aspin, Arreau, Bordères, Aneran, Cazeaux, Bagnères-de-Luchon ; route nationale 125 jusqu'à Chaum ; route nationale 618 jusqu'à Marignac ; lisière nord du chemin de montagne passant par Boutx, Couledoux, Henne, Morte, col du Portet-d'Aspet, Saint-Lary, Argein, Audressein, Castillon, Arrien, Bethmale ; nord du chemin de montagne G. C. 17, par le col de la Cors-Esbints, jusqu'à Seix et Oust ; route G. C. 32, par Eros, Aulus-les-Bains ; chemin de montagne G.C. 8, de Port-de-Saleix à Tarascon, par Auzat, Capoulet et Niaux ; route nationale 20, jusqu'à Ur, par Cabannes, Ax-les-Thermes, Lhospitalet, Latour-de-Carol ; route nationale 618 jusqu'à Mont-Louis ; route nationale 116 de Mont-Louis à Villefranche et Vernet-par-Olette, Vernet, Fiagorqua, Prats-de-Mollo; nord de la route nationale 618 ; route nationale 115, entre Céret et Le Boulou ; route nationale 618, à partir du Boulou jusqu'à la limite nord de la commune d'Argèles-Plage.

Toutes les localités et routes mentionnées doivent être considérées comme situées à l'intérieur de la zone réservée.

Ces nouvelles dispositions sont entrées en vigueur le 15 mars 1943. La réglementation de la circulation fait l'objet de modifications qui seront incessamment portées à la connaissance du public. Dès maintenant, les précisions suivantes peuvent être apportées :

1° Les personnes ayant dans la zone réservée leur domicile ou leur résidence habituelle pourront y circuler librement sur présentation de leur carte d'identité du modèle officiel portant l'indication de leur domicile ;

2° Les personnes non domiciliées dans la zone réservée et désirant s'y rendre, devront adresser une demande de sauf-conduit à la mairie de la commune de destination. (Informations générales, pp. 439-441 / Ministère de l'Intérieur 1943-134)

18 mars 1943 : ÉCOLES D'AGRICULTURE

Mesures en faveur de certains candidats

Aux termes d'un arrêté en date du 17 février, les prisonniers libérés et les jeunes gens ayant été mobilisés ou incorporés dans les Chantiers de Jeunesse, qui sont candidats aux concours d'admission, en 1943, à l'Institut national agronomique, aux Écoles nationales d'agriculture et à l'École nationale des industries agricoles, bénéficient de certains avantages.

C'est ainsi que les prisonniers libérés feront l'objet d'une délibération spéciale du jury de chacun de ces concours et pourront, sur sa proposition, être déclarés admissibles aux épreuves orales ou définitivement admis en plus des candidats régulièrement classés. Ils devront faire mention de leur qualité de prisonnier de guerre sur les en-têtes détachables de toutes les compositions écrites. D'autre part, les candidats ayant séjourné dans une formation militaire ou ayant été incorporés dans un Chantier de Jeunesse bénéficieront d'une majoration du total des points qu'ils auront obtenus, tant aux épreuves écrites qu'aux épreuves orales de chacun de ces concours. Cette majoration sera de 1% par année ou fraction d'année supérieure à six mois passés dans ces formations et ne pourra excéder 3 %.

Pour bénéficier de ces avantages, les candidats devront joindre à leur dossier d'inscription une pièce officielle attestant leur séjour, soit dans une formation militaire, ou dans un Chantier de Jeunesse ou dans un camp de prisonniers de guerre. (J. O. du 18 mars) » (Informations générales, pp. 465-466 / Ministère de l'Intérieur 1943-134)

19 mars 1943 : FABRICATION DE CERTAINS FROMAGES

« La pénurie des matières grasses a obligé les Pouvoirs publics à réglementer étroitement la fabrication des fromages. De nouvelles restrictions s'imposent encore. Aux termes d'un décret du 15 mars (J.O. du 19 mars), celui du 5 octobre 1942 (J.O. du 11 octobre, I.G., n° 112, p. 154), le « brie » de Montereau, par exemple, ne devra plus renfermer que 30 grammes de matières grasses (au lieu de 50) pour 700 grammes de fromage ; le « beaufort » voit sa teneur en matières grasses ramenée de 50 à 40 ; le « Reblochon », de 45 à 30 %, et le « Saint Marcellin », de 45 à 30 également. » (Informations générales, p. 457 / Ministère de l'Intérieur 1943-134)

VIANDE DE CHÈVRE

Rationnement

« Les services du ravitaillement rappellent que la viande de chèvre et de chevreau, ayant donné lieu à des mesures de rationnement, sa vente ne peut avoir lieu qu'en échange de tickets. Il est précisé qu'en ce qui concerne les viandes de chevreau de lait d'un poids inférieur ou égal à 7 kilos de viande nette, la quantité de marchandise délivrée doit être égale au quadruple de la valeur des tickets. » (Informations générales, p. 458 / Ministère de l'Intérieur 1943-134)

24 mars 1943 : INDIVIDUS DANGEREUX POUR LA DÉFENSE NATIONALE OU LA SÉCURITÉ PUBLIQUE

Frais d'internement

« Un décret du 17 mars (J. O. du 24 mars) a modifié et complété l'article 1er de la loi du 19 septembre 1942 (J. O. du 30 octobre, voir I. G. n° 114, page 258) ainsi qu'il suit :

Les individus internés administrativement par application de la loi du 3 septembre 1940 (J. O. du 4 septembre 1940, voir 1. G. n°2, p. 6), modifiée par la loi du 15 octobre 1941 (J. O. du 5 novembre

1941, voir I. G. n° 63, p. 400) ainsi que les individus internés en raison de leur activité nuisible à l'économie nationale en application du décret du 18 novembre 1939 ou de la loi du 28 juin 1941 (J.O. du 12 juillet - voir I.G., n° 32, p. 46) pourront, lorsqu'ils disposeront de ressources suffisantes, être astreints au remboursement des frais de leur internement. » (Informations générales, p. 488 / Ministère Intérieur 1943-135)

27 mars 1943 : SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Le J. O. du 21 mars a publié la 52e liste et celui du 27 mars la 53e liste de fonctionnaires et agents civils ou militaires, membres de sociétés secrètes, ayant souscrit une fausse déclaration. (Informations générales, p. 490 / Ministère Intérieur 1943-135)

PRISONNIERS DE GUERRE

EXPÉDITION DE COLIS DE DENRÉES

Délais d'inscription des prisonniers de guerre aux comités et aux œuvres de secours individuel

Communiqué officiel n° 108 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre en date du 27 mars 1943 :

« Par son communiqué officiel n° 107 du 8 mars 1943 (voir I. G. n° 133, p 408), la Direction du Service des Prisonniers de Guerre a fait connaître que chaque prisonnier devrait, désormais, être inscrit dans une œuvre par les soins de sa famille ou de son bienfaiteur habituel. Le même communiqué précisait que les inscriptions seraient reçues au cours d'une période de trois semaines qui serait fixée pour chaque zone et portée à la connaissance du public par voie de la presse.

Pour la zone non occupée, cette période s'entendra du 29 mars au 18 avril 1943. Il est rappelé que l'inscription de chaque prisonnier devra être demandée, dans toute la mesure du possible à une œuvre (ou comité) qui lui expédie actuellement des colis.

Les collectivités devront pendant la même période faire parvenir directement au délégué départemental de la Croix-Rouge française un état nominatif en triple exemplaire des prisonniers auxquels elles ont l'intention d'offrir des colis. Pour tous renseignements complémentaires, se reporter au communiqué officiel précité ou s'adresser au délégué départemental de la Croix-Rouge française. Ce communiqué est valable seulement pour la zone non occupée. »

Assurances sociales

« La Direction des Assurances Sociales porte une sollicitude particulière aux questions qui concernent les familles des prisonniers. Celles-ci continuent à percevoir des prestations d'assurances sociales pendant la captivité de l'assuré, à la seule condition que ce dernier ait cotisé normalement avant la mobilisation. De plus, la loi du 27 novembre 1941 (J. O. du 16 janvier 1942) a supprimé, pour les familles des prisonniers assurés sociaux, toute participation aux frais médicaux. En effet, d'une part, les médecins ne peuvent pas demander des honoraires supérieurs au tarif de responsabilité des Caisses d'Assurances Sociales ; d'autre part, les Caisses et Unions régionales sont tenues de rembourser les frais médicaux sur la base du même tarif : elles prennent à leur charge la fraction de 20 qui est normalement supportée par les assurés sociaux.

Deux crédits de 5.000.000 chacun ont été octroyés, l'un à la Croix-Rouge, l'autre au Secours National, pour l'attribution de secours aux familles d'assurés sociaux prisonniers.

Plus récemment, une circulaire du 8 juillet 1942 a maintenu au profit des veuves de prisonniers les avantages dont elles jouissaient en matière d'assurances sociales durant la captivité de leur mari. Par ailleurs, il a été créé un fonds de solidarité destiné à venir en aide aux assurés sociaux qui se trouvent dans une situation difficile et notamment aux ayants droit des assurés prisonniers. Sont considérés comme ayant-droit, en sus des bénéficiaires légaux, les enfants âgés de plus de 16 ans à la charge de l'assuré et les ascendants, à la condition pour ces derniers qu'ils soient à la charge effective et permanente de l'assuré. Ce service de solidarité a pour but d'accorder des prestations supplémentaires, notamment en cas de maladies au-delà du délai de six mois et d'intervention chirurgicale grave, ou de traitement coûteux ou prolongé. » (Informations générales, pp. 493-495 / Ministère de l'Intérieur 1943-135)

28 mars 1943 : PRISONNIERS DE GUERRE

Délais d'inscription aux comités et aux œuvres

« La Direction du Service des Prisonniers de guerre communique, par son communiqué officiel n° 107, du 8 mars 1943, que chaque prisonnier doit désormais être inscrit dans une œuvre, par les soins de sa famille ou de son bienfaiteur habituel. Le même communiqué précise que les inscriptions seront reçues au cours d'une période de trois semaines, qui serait fixée pour chaque zone, et portée à la connaissance du public par la voie de presse. Pour la zone non occupée, cette période s'étend du 29 mars au 18 avril 1943. Il est rappelé que l'inscription de chaque prisonnier devra être demandée, dans toute la mesure du possible, à une œuvre (ou comité) qui lui expédie actuellement des colis. Les collectivités devront, pendant la même période, faire parvenir directement au délégué départemental de la Croix-Rouge française un état nominatif, en triple exemplaire, des prisonniers auxquels elles ont l'intention d'offrir des colis.

Pour tous renseignements complémentaires, se reporter au communiqué officiel précité, ou s'adresser au délégué départemental de la Croix-Rouge française.

Ce communiqué, valable seulement pour la zone non occupée, doit être tenu dans toutes les mairies à la disposition du public. (J.O. du 28 mars.) »

31 mars 1943 : « Un décret institue le certificat de travail pour tous les Français du sexe masculin, résidant en France, âgés de 18 à 50 ans. » (5) p. 104

RESSEMELAGES

Inscription

« Tous les consommateurs (à l'exception des enfants en bas âge, porteurs des cartes de textiles L & B) devront, pour la réparation de leurs chaussures, s'inscrire chez un cordonnier ou réparateur de leur choix, conformément aux prescriptions du « Code du cuir », récemment publié. Les inscriptions commenceront le 1er avril. Les consommateurs devront se munir de leur carte d'alimentation et de leur carte de textiles sur laquelle le cordonnier prélèvera le ticket-lettre « R ». À partir de cette date, les consommateurs ne pourront faire ressemeler leurs chaussures en cuir ou en caoutchouc que chez le cordonnier qu'ils auront choisi. Seuls les ressemelages en bois demeurent libres et en dehors de ces inscriptions. Les inscriptions seront closes le 30 avril.

Le but de ce recensement est de permettre une meilleure répartition des matières premières aux cordonniers. Il n'implique aucun droit nouveau pour les consommateurs. C'est au cordonnier qu'il appartient de répartir entre ses clients les allocations qu'il reçoit pour satisfaire au mieux les besoins de l'ensemble de sa clientèle. A ce sujet, l'attention des consommateurs est attirée sur le fait que les disponibilités en cuir et en caoutchouc sont réduites et, qu'en conséquence, ils ne doivent pas hésiter à accepter des ressemelages en bois. » (Informations générales, p. 504 / Ministère Intérieur 1943-135)

VENTE DES APPAREILS DE T.S.F.

« Depuis le 1er janvier 1943, par suite de la pénurie de matériel et par la force des choses, la Répartition avait été amenée à réduire de façon massive la fabrication des postes de T.S.F., sauf dérogation accordée par le répartiteur. Découlant de cet état de fait, il a été nécessaire, à dater du 31 mars, d'interdire la vente des postes neufs de T.S.F. Les postes fabriqués sous dérogation seront attribués aux porteurs de contingents privilégiés : sinistrés, jeunes ménages, groupes de jeunesse, etc.

Par contre, la vente de postes d'occasion reste libre et le dépannage reste autorisé, permettant ainsi à tous les possesseurs d'un appareil de T.S.F. de continuer à recevoir des émissions sans interruption. Ce dépannage, bien entendu, s'effectuera sous le contrôle du service de la Répartition, de manière à éviter la propagation d'un marché illicite de postes et de pièces détachées où des prix très élevés tendraient à se créer. » (Informations générales, p. 66 / Ministère de l'Intérieur 1943-137)

Dimanche 7 mars 1943 219

Reçue le 26.03, réponse le 29.03

Bien chère sœur et cher Louis,

La dernière limite pour vous écrire est atteinte sans que j'aie eu cette semaine le plaisir de recevoir quelque chose de vous. En effet, durant ces huit derniers jours, je n'ai absolument rien reçu. De plus, dans l'après-midi, j'ai eu la visite de Caparroi, lui également a été sans nouvelles. Donc, c'est général pour le courrier de notre région. Tant pis, nous serons plus gâtés les jours qui viennent. Ce jour, je vous adresse deux vignettes rouges. J'ai aussi écrit à Tante et cousines de Toulouse les avertissant pour le petit mandat. En ce moment, nous jouissons de belle journée, aussi les gens en profitent-ils pour faire peau neuve à leurs jardins, car ici comme chez vous, ils sont d'un précieux secours et lorsque j'en vois quelques-uns arrangés avec soin, je revois le vôtre que je retournerais bien maintenant car depuis, j'ai bien appris à manier la bêche et Louis ne se plaindrait certainement pas de ma façon de travailler. Espérons que bientôt, oh peut-être pas avant l'autre printemps quand même, vous pourrez en juger. Si c'est avant tant mieux, et comment. Pour le moment, toujours mon même travail qui ne me déplaît nullement puisque c'est là mon métier, et je suis assez bien rétribué, de plus mon entourage m'est assez agréable, je n'ai point à me plaindre d'eux. Bien chère sœur et cher Louis, je vais terminer pour ce soir espérant que la présente vous trouvera en parfaite santé ainsi que ma bonne maman. Le bonjour aux patrons, voisins et amis. Votre frère et beau-frère et fils. Léon

Dimanche 14 mars 1943 220

Reçue le 31.03, réponse le 05.04

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une fois je craignais d'avoir à vous écrire sans avoir de vos nouvelles, mais voici que ce matin, peu avant la soupe, j'ai eu le plaisir de lire votre lettre du 1er mars. Hier m'est parvenu le colis adressé par le Maire de Tarbes. Il n'était pas aussi complet que les vôtres mais il est tout de même bien accueilli. Ayant touché une carte pour l'en remercier, je l'adresse par ce même courrier ainsi qu'une à Ridel. Bien chère sœur, dans le courant de la semaine, je t'ai adressé 1.000 francs.

Tu songeras à maman puisque je ne lui en envoie plus directement vu les ennuis qu'elle doit procurer. Ayant épuisé mon stock d'ail, je serais heureux d'en recevoir à nouveau ainsi qu'un torchon, l'autre ne tient plus et pour les douches une serviette ne suffit pas. Tante et cousines ont dû être contentes de votre visite regrettant certainement qu'elle ne soit plus longue. Votre apport a dû être bien accueilli car pour elles ce doit être bien dur aussi. Avez-vous pu faire de la photo ? J'en doute, le temps a dû vous manquer. Souvent, dans la semaine, je vois Caparroi. Aujourd'hui, ni l'un ni l'autre ne nous somme dérangés, mais je vais lui envoyer un mot par des gars de sa compagnie qui en ce moment sont ici. Je ne sais si je pourrai revoir Jouanuc car il est en ce moment dans la Capitale[9] et le travail ne doit pas lui manquer. Chère sœur et cher Louis, je vais terminer pour aujourd'hui espérant que la présente vous trouvera en bonne santé ainsi que maman que je vous prierai de tranquilliser, rassurez-là, qu'elle ne s'inquiète pas, les oiseaux migrateurs ne sont que de passage. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 21 mars 1943 220-1

Reçue le 08.04, réponse le 12.04

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, première journée de printemps, nous avons eu un beau temps. Aussi, avec Caparroi, nous sommes-nous partagé la route pour nous trouver sur un terrain de sports où s'affrontaient deux équipes de foot formées par des gars de nos compagnies. Un match de rugby nous aurait intéressés davantage ; aussi, nous avons causé couchés sur la pelouse.

Dans la semaine, j'ai eu le plaisir de lire vos lettres des 23/02 et 11/03. Votre carte du 03/03 et une de la famille Estrade datée du 08/03. En ce qui concerne les colis, j'attends. Ils ne sauraient tarder. Tu me parles d'un avec du miel, et bien celui-là, je l'ai reçu. Et je crois bien qu'ils me sont tous parvenus.

Quant à l'article ayant trait à la nouvelle tranche de la relève et aux 250.000 autres, j'en ai eu connaissance, car nous recevons assez souvent des journaux mais ceci n'est encore rentré en vigueur. Chez nous tout au moins, comme tu dis, la fin de tout serait bien le mieux.

J'ai été heureux d'apprendre aussi que vous ayez pu faire l'acquisition du soyeux, il vous sera d'un secours primordial.

Quant à la terminaison de la lettre à laquelle tu viens de répondre, je me doutais bien qu'elle te ferait du mal, c'était une ultime démarche. Maintenant, n'en parlons plus, c'est fini et je n'ai qu'une chose à regretter, tous les ennuis que je t'aurai occasionnés.

Chère sœur et cher Louis, ce jour, je vous adresse 2 vignettes rouges. Surtout, prenez votre temps, ne vous privez pas pour me les envoyer.

Je termine pour ce soir en vous embrassant tous trois de tout cœur.

Le bonjour aux patrons, voisins, amis, etc. Léon

Aurensan, vendredi matin 220-2

Lettre de Jeanne d'Aurensan à Léonie

Ma chère amie,

Je crois bien faire en t'écrivant deux mots, l'autre matin, Jean[10] n'a pas eu la patience d'attendre que je t'explique mieux ma commission. Je ne puis lui faire faire quoi que ce soit. Donc, tu excuseras la brièveté de ce mot-là. J'ai écrit à mon cousin qu'il peut descendre les pommes à Arreau chez Ferré, car tu vas à Cadéac dimanche prochain ou lundi. Je ne puis te dire les kilos, probablement comme l'autre fois, et cela va te donner du mal, surtout si tu as d'autres paquets. Tout ceci est bien ennuyeux, soit pour les voyages que pour les transports. Espérons que cette année sera la fin de cette hécatombe.

Pour la commission dont tu me charges, ce sera difficile, vu que ceux que peuvent disposer les paysans, ils le portent dans les magasins pour avoir des effets, sabots, etc., et même de l'huile en échange. Alors tu comprends que je n'en demande pas même pour mon frère, car il me faudrait faire de même et nous ne pouvons plus disposer de rien, nous n'avons plus que 1 kg de sucre par 100 kg. Les matières grasses, tu le sais, il n'y en a plus que le beurre sur inscription. De ce fait, je suis moi aussi privé de tout pour vous faire quelques salades. Je te donnerai un peu d'huile et si je peux pour le lard, sans échange je te promets de chiner le plus possible, car je t'ennuie assez souvent. Il est juste que je fasse quelque chose pour toi aussi.

Pour les tickets de juin, tu m'enverras 500 g de biscuits pour le petit de la voisine, M. Latapie, c'est elle qui m'a donné les tickets, le restant tu les garderas pour toi. Je m'arrangerai avec elle.

Si des fois Gaby Loo aura la commission, j'en serai très heureuse. Dans le cas contraire, ce sera pour une autre fois. Je ferai passer Jean mardi prochain, s'il va à Tarbes. Je ne sais pas ce que fait Victorine, elle ne se trouve pas bien chez ces patrons, elle crève de faim et elle doit laver tous les jours.

Je vais terminer, Lucie va me porter la lettre à la boîte. Aussi, j'espère que tu l'auras demain samedi. Si tu viens pour l'autre semaine, tu m'achèteras un dixième pour la prochaine tranche et 6, 8 petits gâteaux. À présent, la pâtisserie est rare du manque de sucre. Je dois puiser sur notre sucre du mois. C'est tout, tu diras que je suis gourmande mais que veux-tu, les vitamines manquent et on raffole plus que jamais de sucreries. Je te réserve une boîte de confiture. J'espère que dimanche tu rencontreras une journée ensoleillée, car ces jours-ci c'était le déluge, j'ai les lapinières pleines d'eau.

Mes amitiés à M. Durrieu, mes bons baisers pour toi et pour le moment, Merci. Jeanny

P.S. J'espère que vous êtes arrivés à bon port chez toi la dernière fois et que le ravitaillement n'a pas été confisqué, j'en avais bien peur. À bientôt. Tu te portes une bouteille de table pour l'huile.

Dimanche 28 mars 1943 221

Reçue le 15.04, réponse le 20.04

Bien chère sœur et cher Louis,

Mardi, j'ai eu le plaisir de lire votre lettre du 15 mars. Décidément, depuis quelques jours, elles me parviennent assez rapidement. Il est à souhaiter que ça continue ainsi. Quant aux colis, hier m'est parvenu celui confectionné par la section d'Arreau de la Légion des Combattants. Je me suis fait délivrer une carte de remerciements que j'ai écrite au président ; si c'est la fille Fouga, tu la remercieras directement si tu as l'occasion de la voir. Il n'était pas très gros mais assez bien compris : sucre, chocolat, biscuits, pain d'épices, cigarettes, pois. Bien chère sœur, je te prie de m'excuser au sujet de l'initiative que j'ai prise pour Toulouse. Oh, rassure-toi, je n'allais pas continuer tous les mois. C'est une petite attention car elles ont toujours été gentilles pour nous. Maintenant autre chose, par qui veux-tu que je me laisse influencer ? Quelles raisons pourrais-je faire valoir, je me le demande bien ? Non, rassurez-vous, personne n'a la main mise sur moi, et en ce qui concerne H., c'est définitivement arrêté. De plus, je me représente très bien l'ensemble des difficultés auxquelles vous vous heurtez pour le ravitaillement, le vôtre, celui de maman, le mien, Toulouse, Oncle, etc. Réellement doivent être bien à plaindre ceux qui attendent que les alouettes leur tombent rôties. Pour ma part, momentanément, je ne puis vous venir en aide que par mes petites économies. C'est bien peu et, hélas, ce n'est bon à manger comme tu dis, mais sois-en sûre je n'oublierai pas. Gros baisers à tous trois. Léon

Avril 1943

Rappel historique, 1er avril 1943 : « Les boulangers sont tenus de produire 134 kg de pain avec 100 kg de farine. (J.O., n° 78.) » (5) p. 102

SECTION DU CHARBON

« Le répartiteur du charbon a décidé d'augmenter, à partir d'avril, dans les communes où la carte de charbon est distribuée, la ration de charbon de cuisine allouée aux familles très nombreuses, non abonnées au gaz, comportant au foyer douze personnes au minimum. Ces familles recevront une carte de charbon supplémentaire. En contrepartie de cette mesure, les restaurants qui ne servent pas plus de repas qu'une famille nombreuse, ne recevront plus d'allocations spéciales. Il est apparu, en effet, qu'il n'était pas équitable de donner à ces restaurants un ravitaillement différent de celui des tables familiales. En conséquence, à partir d'avril, dans les communes où la carte de charbon est établie, les restaurants servant moins de 750 couverts par mois, personnel compris, recevront comme titre d'acquisitions une carte de cuisine. » (Informations générales, p. 446 / Ministère de l'Intérieur 1943-134)

BIÈRE ET CIDRE

Consommation dans les restaurants

« À partir du 1er avril, la consommation de la bière et du cidre est autorisée dans tous les établissements servant des repas autres que ceux appartenant à la catégorie « Exceptionnelle », c'est-à-dire, non seulement les catégories « A, B, C et D », mais tous les établissements servant des repas, tels que : restaurants, coopératives communautaires ou d'entraide, cantines et établissements similaires, etc.

Lorsque ces établissements sont autorisés à servir des vins rationnés (vins d'appellation contrôlée intégrés ou vins de consommation courante), ils pourront servir de la bière ou du cidre aux lieu et place de ces vins et dans la limite de 33 centilitres de bière ou de 1/2 litre de cidre par consommateur et par repas.

1° Ces dispositions ont été prises dans le but de diminuer de manière sensible la consommation du vin en raison de la faiblesse de nos ressources actuelles. En effet, si le libre choix du vin, de la bière ou du cidre était laissé aux consommateurs, il serait à craindre que les économies de consommation obtenues soient encore insuffisantes. Aussi, l'approvisionnement en vin d'une part, en bière et en cidre d'autre part, dans tous les établissements servant des repas, sera calculé compte tenu des rations prévues par les arrêtés ministériels en vigueur sur les bases ci-après :

— les rations de vins seront attribuées pour 1/4 des couverts ;

— des rations de bière ou de cidre seront attribuées pour 3/4 des couverts. Ce n'est donc que dans ces limites que pourra, en fait, s'exercer le choix des consommateurs. Et il reste bien entendu que ces dispositions ne doivent avoir aucune répercussion sur le montant des rations familiales ou les suppléments des travailleurs de force. » (Informations générales, pp. 459-460 / Ministère de l'Intérieur 1943-134)

BIÈRE ET CIDRE

Consommation dans les cafés et restaurants

« Le ministère du Ravitaillement communique :

La vente à consommer sur place et à emporter de la bière et du cidre est autorisée dans les débits de boissons, bars et établissements similaires, entre 11 heures et 14 heures et de 18 h. 30 à 21 h. 30, tous les jours de la semaine, et entre 11 heures et 21 h. 30 les dimanches et jours de fêtes légales.

Le service de la bière et du cidre est autorisé dans les restaurants à l'occasion des repas, à l'exception des restaurants de la catégorie exceptionnelle. Il est bien précisé que dans les établissements autorisés à servir des vins d'appellation contrôlée intégrés ou de consommation courante, la bière ou le cidre ne pourront être servis qu'aux lieu et place de ces vins et à raison de 33 centilitres de bière ou d'un demi-litre de cidre par repas.

La consommation de la bière et du cidre a déjà fait l'objet de dispositions antérieures. (Voir Informations générales, n° 134, p. 453.) »

LAITS DE CONSOMMATION

Teneur en matières grasses

« À dater du 1er avril 1943, dans toutes les agglomérations qui disposent d'un atelier d'écrémage et de pasteurisation, tous les laits de mélange livrés soit au commerce de gros ou de détail, soit directement à la consommation devront avoir une teneur en matière grasse constante égale à 30 grammes par litre.

Le président délégué du Comité de gestion du Groupement interprofessionnel laitier départemental, précise le décret du 15 mars (J.O. du 21 mars), prendra, en outre, toutes dispositions utiles pour mettre en fonctionnement, dans la mesure des disponibilités matérielles, des établissements de traitement permettant d'assurer l'application de cette mesure dans toute agglomération groupant 10.000 habitants ou plus, dans le délai le plus bref possible. » (Informations générales, pp. 519-520 / Ministère de l'Intérieur 1943-135)

VENTE DU PAIN FRAIS

« Le J. O. du 1er avril a publié un arrêté du 31 mars autorisant à partir du 1er avril la vente du pain frais par les boulangeries.

Consommation dans les restaurants

Le ministère de l'Agriculture et du Ravitaillement rappelle que, dans les restaurants, le pain ne doit être servi qu'à la demande des clients et par morceaux de 50 grammes. Il est précisé, d'autre part, que, s'il s'agit de pain de fantaisie, le ticket de 50 grammes donne droit à un poids effectif de pain de 45 grammes. La marge de 10 ainsi fixée, non seulement comprend la tolérance de 7 qui est de droit pour le pain de fantaisie en vertu de la réglementation en vigueur, mais fait largement état des déperditions résultant du découpage du pain pour le service. Les précisions ci-dessus sont destinées à mettre un terme à toute contestation à ce sujet. »

BISCOTTES ET BISCUITS

Équivalence en tickets de pain

« Le taux d'équivalence en tickets de pain actuellement en vigueur pour les biscottes aboutissait, par rapport au taux de confection admis pour le pain, à une perte sensible de farine. Il a donc été décidé, en raison des économies nécessaires pour maintenir la ration à son taux actuel, de fixer à 900 grammes la valeur des tickets de pain à échanger contre 500 grammes de biscottes soit une équivalence de 55 contre 62 précédemment. Ce nouveau taux d'équivalence est également applicable aux produits de biscuiterie et au pain de régime. En ce qui concerne le pain d'épices, le taux d'équivalence actuel de 100 grammes de pain d'épices contre 100 grammes de pain est maintenu. » (Informations générales, pp. 23-24 / Ministère de l'Intérieur 1943-136)

RÉPRESSION DE L'ACTIVITÉ COMMUNISTE OU ANARCHISTE

« La répression de l'activité communiste ou anarchiste est assurée par les sections locales instituées dans chaque cour d'appel, ainsi que par les tribunaux militaires ou maritimes constitués en cours martiales. La procédure concernant les crimes et délits de cette nature est modifiée par une loi en date du 16 mars 1943 parue au J.O. du 1er avril. Alors que, en vertu de la loi du 14 août 1941 (J.O. du 23 avril 1941, voir I.G., n° 53, p. 592), le défenseur n'était désigné d'office que si l'inculpé n'en avait pas lui-même choisi un, le nouveau texte prescrit que la défense des inculpés devant les sections spéciales ou au cours de l'information ne puisse être présentée que par un avocat désigné d'office par le bâtonnier de l'ordre ou par le président de la section spéciale.

Enfin, la loi nouvelle précise que « tous moyens ayant servi à commettre l'infraction seront saisis. Le jugement ordonnera, selon le cas, leur confiscation, leur suppression ou leur destruction. » (Informations générales, pp. 2-3 / Ministère de l'Intérieur 1943-136)

ÉCHANGE « OS CONTRE SAVON »

« Il y a quelques mois, à Saint-Quentin, on a tenté de récupérer les os de cuisine, dont certaines industries ont un, impérieux besoin, pour remplacer les matières premières faisant actuellement défaut. Cette récupération, en dehors de son but utilitaire, a permis aux ménagères de Saint-Quentin d'obtenir une ration supplémentaire, l'échange se faisant sur la base d'un ticket de savon pour deux kilos d'os. Il y a quelques jours, le premier wagon d'os récupérés depuis le commencement de cette campagne quittait la ville. Sur ces huit tonnes d'os de cuisine collectés en deux mois, cinq tonnes auraient été jetées ou brûlées par les ménagères et trois tonnes seulement récupérées. Or, ces cinq tonnes, qui représentent environ 500 kilos de suif, correspondent à 45.000 rations de savon. Quatre mille rations supplémentaires ont déjà été distribuées. Si cette expérience était étendue à tout le territoire, la ration de savon de chacun pourrait être doublée sans difficulté, car on estime que, dans une ville de 50.000 habitants comme Saint-Quentin, on pourrait récupérer mensuellement 10 tonnes d'os, soit 95.000 rations de savon. » (Informations générales, p. 102 / Ministère de l'Intérieur 1943-138)

TABAC

Réduction de la ration

« C'est le 1er avril qu'il a été décidé de réduire la ration de tabac.

Jusqu'à cette date, cette ration était uniformément fixée à six lots par mois, chiffre maintenu pour chacun des mois d'avril, juillet, août et décembre, à raison de deux lots par décade.

Par contre, elle sera ramenée à quatre lots (deux lots pour chacune des deux premières décades) pour chacun des mois suivants : mai, juin, septembre, octobre, novembre 1943 et janvier, février, mars 1944. » (Informations générales, p. 275 / Ministère de l'Intérieur 1943-141)

2 avril 1943 : MATÉRIEL DE GUERRE

Dépôt

Le ministère de l'Intérieur communique :

« Les particuliers ont été invités à déposer ou à déclarer, en application de la loi du 3 décembre 1942 (J.O. des 4, 5 et 6 décembre 1942, voir I.G., n° 119, p. 502), les dépôts clandestins d'armes et de munitions qu'ils détenaient ou dont ils pouvaient avoir connaissance. Il est porté à la connaissance du public que la même obligation s'impose en ce qui concerne les matériels de guerre appartenant aux catégories définies par la loi du 15 octobre 1940 (J.O. du 16 octobre 1940, voir I.G., n° 8, p. 12), portant interdiction des opérations d'importation et d'exportation et de transit des matériels de guerre. Il s'agit notamment des gaz de combat, masques, armes blanches, instruments d'optique ou de T.S. F. militaire, véhicules automobiles répondant à certaines caractéristiques, etc. » (Informations générales, p. 49 / Ministère de l'Intérieur 1943-137)

3 avril 1943 : CONSEIL DES MINISTRES

« Le conseil des ministres s'est réuni le 3 avril, à 10 h. 30, au Pavillon Sévigné, sous la présidence du Maréchal Pétain, chef de l'État. Le chef du gouvernement a mis le conseil au courant de ses dernières conversations avec les autorités allemandes.

Il a également fait connaître qu'entre le 1er janvier et le 31 mars dernier, 250.000 Français étaient partis travailler dans les usines allemandes. Dans ce chiffre, il faut comprendre 77.000 jeunes gens récemment appelés au service obligatoire du travail. Dans ces conditions, le chef du gouvernement a demandé à M. Bichelonne, ministre secrétaire d'État à la Production industrielle et aux Communications, de prendre les mesures nécessaires pour que les autres jeunes gens recensés en vue du service obligatoire du travail puissent être employés dans les entreprises françaises et notamment à la garde des voies et communications, de façon à diminuer, dans toute la mesure du possible les charges imposées à la population. Le conseil des ministres, soucieux d'obtenir le meilleur rendement possible en ce qui concerne la production agricole, a décidé d'étendre le service civique rural aux hommes de 16 à 60 ans. Dans la même intention, il a décidé de faire procéder, par les maires et syndics, au recensement des terres incultes dans chaque commune et d'établir un régime de culture obligatoire, pour celles de ces terres dont l'abandon n'est pas justifié. Ce régime prévoit notamment l'expropriation dans certains cas et la possibilité, pour les préfets, par l'intermédiaire des maires et des syndics, d'utiliser, dans les limites de la commune, toute la main-d'œuvre disponible — masculine et féminine — à la mise en valeur de ces terres.

D'autre part, le président Laval a informé le conseil qu'il faisait étudier un projet tendant à faire participer d'une façon plus étroite les Chantiers de la jeunesse aux travaux agricoles urgents.

M. Abel Bonnard, ministre secrétaire d'État à l'Éducation nationale, a fait connaître qu'à la demande du ministre secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement, il avancerait la date des examens dans les divers ordres d'enseignement, afin de permettre aux élèves ainsi libérés de participer aux travaux agricoles de l'été. M. Max Bonnafous, ministre secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement, a rendu compte au conseil des délibérations du Conseil national corporatif agricole, qui vient de tenir sa première séance. Le conseil a décidé que, pendant la durée de la guerre, aucune foire-exposition ne serait plus autorisée sur le territoire et que la France s'abstiendrait de participer aux foires internationales. Sur la proposition de M. Gabolde, garde des Sceaux, ministre secrétaire d'État à la justice, le conseil a décidé de déférer au tribunal d'État un certain nombre d'affaires particulièrement importantes. » (Informations générales, pp. 1-2 / Ministère de l'Intérieur 1943-136)

4 avril 1943 : « M. Pierre Laval annonce que son gouvernement étend le service civique et rural aux hommes de 16 à 60 ans. » (5) p. 94

TRANSMISSION DE PIÈCES OFFICIELLES AUX PRISONNIERS DE GUERRE

Communiqué officiel n° 109 de la Direction du Service des prisonniers de guerre, en date du 30 mars :

« La Direction du Service des Prisonniers de guerre fait connaître aux familles des prisonniers qu'étant donné le nombre croissant des pièces de toute nature qui lui parviennent et dont la plupart ne peuvent être d'aucune utilité aux intéressés, elle ne transmettra plus désormais que :

1° Les pièces qu'il y a lieu de faire signer par un prisonnier, par exemple : procurations, actes de consentement à un mariage sans comparution personnelle, etc.

2° Les documents établissant la situation familiale ou professionnelle, ou la position militaire d'un prisonnier, à condition que ces pièces aient fait l'objet d'une demande expresse et motivée de l'intéressé. Il y aura lieu de joindre aux documents à transmettre la demande de l'intéressé qui devra obligatoirement comporter l'avis favorable de l'Homme de confiance du Stalag, du Kommando ou de l'Oflag dont il dépend.

Ce communiqué annule le Communiqué 46. Il est valable pour la zone libre comme pour la zone occupée. Il est inséré au J.O. du 4 avril et doit être tenu dans toutes les mairies à la disposition du public. »

ENVOI DE COLIS DE DENRÉES

Communiqué officiel n° 110 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre, en date du 2 avril :

« De nombreuses réclamations sont adressées à la Direction du Service des Prisonniers de guerre au sujet des manquants constatés par les prisonniers dans les colis individuels qui leur sont adressés. Ces réclamations, quand elles sont assez précises, sont toutes exploitées pour la recherche des auteurs de larcins.

Toutefois, l'attention doit être appelée sur le fait que ces manquants ne proviennent pas toujours de vols commis en cours de route. Ils sont, en effet, souvent constatés dans des colis dont les emballages apparaissent intacts à l'arrivée au camp. Les enquêtes entreprises ont révélé que les expéditeurs, pour des raisons diverses, modifiaient parfois, au moment de clore les colis, la nature du contenu et oubliaient ou négligeaient de rectifier en conséquence les fiches d'inventaires placées par leurs soins à l'intérieur des emballages. Il en résulte que de nombreuses réclamations sont faites à tort par les prisonniers qui se croient de bonne foi victimes d'un vol. Dans le but d'éviter de telles réclamations, fâcheuses à tous égards, il est expressément recommandé aux familles, à toutes personnes, aux comités, aux œuvres qui expédient des colis individuels à des prisonniers :

1° De placer dans tous les colis une fiche d'inventaire complète et très lisible.

2° De veiller à ce que le libellé de cette fiche d'inventaire soit toujours rigoureusement conforme au contenu réel du colis.

Ce communiqué, valable pour la zone occupée et la zone non occupée, est inséré au J.O. du 4 avril et doit être tenu dans toutes les mairies à la disposition du public. » (Informations générales, pp. 10-13 / Ministère de l'Intérieur 1943-136)

CORRESPONDANCE

Formules distribuées mensuellement aux prisonniers.

« On sait, à la suite des accords intervenus entre les autorités françaises et allemandes, que le nombre minimum de formules réglementaires qui doit être distribué mensuellement aux prisonniers est de :

2 lettres et 2 cartes.

Les autorités allemandes viennent de décider que des suppléments pourraient être accordés mensuellement à certaines catégories de prisonniers.

Cette appréciation est laissée à la discrétion des commandants de camps dans les limites ci-après, à ne pas dépasser :

- Au personnel sanitaire employé, y compris les médecins et les aumôniers : 2 lettres et 2 cartes ;

- À chaque prisonnier de guerre dont un proche parent se trouve également en captivité : 1 lettre ou 1 carte supplémentaire par parent captif,

- Aux prisonniers de guerre dont les parents travaillent sur le territoire allemand : 1 lettre ou 1 carte pour chaque parent,

- Aux prisonniers de guerre qui travaillent volontairement en Allemagne.

Officiers : 3 lettres et 3 cartes ;

Sous-officiers : 2 lettres et 2 cartes ;

- Aux prisonniers de guerre qui ont accompli un acte de courage et aux prisonniers de guerre effectuant un travail particulièrement pénible, ou travaillant pendant de longues heures : nombre de lettres ou de cartes laissé à la discrétion du commandant allemand du camp.

Les services français ne sont en mesure d'intervenir auprès des autorités allemandes que si le nombre de formules réglementaires distribuées à un prisonnier est inférieur au maximum accordé, à savoir : 2 lettres et 2 cartes par mois. » (Informations générales, p. 58 / Ministère de l'Intérieur 1943-137)

ENVOIS DE MÉDICAMENTS À TITRE INDIVIDUEL

« La Direction du Service des prisonniers de guerre effectue mensuellement des envois de médicaments et de matériel sanitaire à destination des camps de prisonniers de guerre.

Il ne sera plus possible, dorénavant, de comprendre dans ces envois les médicaments spécialement demandés par un prisonnier. En conséquence, si un prisonnier a particulièrement besoin d'un produit pharmaceutique, il lui appartiendra de s'adresser au médecin français de son camp. Ce dernier, s'il n'est pas en mesure de donner satisfaction au prisonnier, fera une demande à la Direction du Service des prisonniers de guerre. » (Informations générales, pp. 58-59 / Ministère de l'Intérieur 1943-137)

DEMANDES DE VÊTEMENTS

Le Commissariat général aux prisonniers rapatriés communique :

« Dans leurs lettres, nos prisonniers nous demandent des vêtements. Ils en sont dénués. Leur en faire parvenir devient difficile, d'autant plus qu'il est interdit de leur envoyer des effets civils. La Maison du Prisonnier de Vichy lance un appel à la générosité de tous. Elle sera reconnaissante à tous ceux qui lui remettront des effets civils, lui permettant, par voie d'échange, d'obtenir des vêtements militaires qui seront remis sans contrepartie aux familles de prisonniers qui en assureront elles-mêmes l'envoi dans les stalags et dans les oflags.

La Maison du Prisonnier de Vichy s'adresse aussi aux rapatriés et aux militaires démobilisés, et un mot à tous les détenteurs de vêtements kaki, qu'elle invite à s'associer à ce beau geste de solidarité. Dans certains cas, elle a la possibilité d'échanger des vêtements militaires contre des effets civils, même usagés.

Chaussures, chaussettes, sous-vêtements, pantoufles, etc., seront également les bienvenus. Fouillez dans vos armoires, dans vos cantines ; ne réservez pas pour les mites ce qui est nécessaire à nos prisonniers. » (Informations générales, p. 94 / Ministère de l'Intérieur 1943-138)

5 avril 1943 : « Les ex-présidents Daladier et Léon Blum, ainsi que le général Gamelin, sont transférés en Allemagne où les ont précédés M. Paul Reynaud et M. Mandel. » (5) p. 94

8 avril 1943 : « Les médecins, pharmaciens et dentistes pourront être requis d'office au titre de la relève de leurs confrères prisonniers en Allemagne. » (5) p. 94

MÉDECINS PRISONNIERS DE GUERRE

Relève générale.

Le J.O. du 4 avril a publié une loi du 25 mars, relative à la relève des médecins, pharmaciens et dentistes maintenus en service dans les camps de prisonniers en Allemagne, et dont voici le texte :

« Pour permettre la relève complète des médecins, pharmaciens et dentistes diplômés, ainsi que des étudiants en médecine, en pharmacie ou en art dentaire en service dans les camps de prisonniers en Allemagne, le secrétaire d'État à la Santé peut requérir dans les conditions fixées par les lois en vigueur et notamment les lois du 3 juillet 1877 et du 11 juillet 1938, les docteurs en médecine, pharmaciens et dentistes diplômés dans la limite d'un nombre qui sera fixé par arrêté du secrétaire d'État à la Santé et du secrétaire d'État à la Guerre.

Tout recours contentieux contre les désignations ainsi effectuées ne sera pas suspensif du départ.

Les docteurs en médecine, pharmaciens et dentistes qui, eu égard à leur âge ou à leur situation de famille, seraient dégagés d'obligations militaires au sens de la loi du 31 mars 1928 ne pourront, dans aucun cas, être requis pour participer à la relève du personnel sanitaire.

Les docteurs en médecine, pharmaciens et dentistes faits prisonniers au cours des opérations de la guerre 1939-1940 et dont le séjour dans les camps de prisonniers aura été égal ou supérieur à une année bénéficieront des dispositions prévues au précédent alinéa.

Le Conseil supérieur de l'ordre des médecins et le Conseil supérieur de la pharmacie désigneront au secrétaire d'État à la Santé les docteurs en médecine, pharmaciens et dentistes inscrits au tableau de leur ordre ou à la Chambre départementale de leur profession et susceptibles d'être requis pour participer à la relève du personnel sanitaire.

Les docteurs en médecine, pharmaciens et dentistes ayant obtenu leur diplôme depuis le 1el" janvier 1940 et qui ne sont pas inscrits au tableau de leur ordre ou à la Chambre départementale de leur profession sont tenus de se déclarer au préfet du département de leur domicile (inspection départementale de la santé) dans les quinze jours de la publication de la présente loi.

Les médecins, pharmaciens, dentistes ainsi désignés seront convoqués par le secrétaire d'État à la Guerre avec le dernier grade d'officier dont ils étaient titulaires. Ceux qui, au cours de leur service militaire, n'ont pas été titulaires d'un grade d'officier, ainsi que ceux qui n'ont pas effectué de Service militaire seront, à l'occasion de cette convocation, nommés médecins sous-lieutenants, pharmaciens sous-lieutenants, dentistes sous-lieutenants de réserve à titre provisoire. À dater de la notification qui leur sera faite à domicile de leur convocation et jusqu'à leur libération, les intéressés jouiront des prérogatives et seront astreints aux obligations du personnel des réserves de leur grade en situation d'activité. Ils seront justiciables des tribunaux militaires pour les infractions prévues au code de la justice militaire. Quiconque n'aura pas déféré dans les délais impartis à la convocation dont il a fait l'objet sera considéré comme insoumis et sera passible, en dehors des sanctions pénales et disciplinaires prévues par les lois et règlements en vigueur et notamment par les lois organisant la profession de médecin, de pharmacien ou de dentiste, des peines prévues à l'article 193 du code de justice militaire. Les conditions dans lesquelles les étudiants en médecine, en pharmacie et en art dentaire pourront être appelés à participer à la relève seront fixées par arrêté du ministre secrétaire d'État à l'Éducation Nationale et des secrétaires d'État à la Guerre et à la Santé. (Voir I.G., n° 132, p. 375.) » (Informations générales, pp. 56-58 / Ministère de l'Intérieur 1943-137)

15 avril 1943 : TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

Permissions en France

Le Centre d'Information du Travail français en Allemagne communique :

« Sur les 250.000 prisonniers de guerre français qui, en vertu des accords passés entre le président Laval et le gauleiter Sauckel, vont bénéficier du statut des travailleurs libres, un premier contingent viendra passer prochainement une courte permission en France. Ces prisonniers, en congé de captivité, devront retourner en Allemagne à la date fixée pour la fin de leur permission, mais comme travailleurs libres.

Il faut, en effet, que ces permissionnaires repartent au complet pour l'Allemagne afin que leurs camarades puissent bénéficier, à leur tour, des mêmes avantages. » (Informations générales, pp. 94-95 / Ministère de l'Intérieur 1943-138)

ACHEMINEMENT DES MANDATS ÉMANANT DE PRISONNIERS DE GUERRE

« À la suite d'un accord entre le secrétariat général des P.T.T. et les autorités occupantes, les mandats émanant de prisonniers de guerre français et adressés à leurs familles résidant en Algérie, au Maroc, en Afrique-Occidentale française, à Madagascar et à la

Réunion, ou dans les territoires dissidents, peuvent être expédiés.

5.375 mandats représentant un montant de 5.808.604 francs, qui avaient été gardés en instance depuis les événements de novembre 1942, ont pu être acheminés sur l'Afrique du Nord. »

ENVOIS DE COLIS INDIVIDUELS AUX PRISONNIERS DE GUERRE

« Les modalités d'expédition des colis individuels aux prisonniers de guerre ont fait l'objet du communiqué officiel n° 104 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre, en date du 16 décembre 1942 (voir I. G., n° 121, p. 615).

Les règles édictées à ce sujet ne paraissant pas avoir été toujours interprétées d'une manière exacte, il apparaît utile d'apporter, sur cette question, les précisions complémentaires suivantes :

Les commandants des camps de prisonniers en Allemagne ont reçu l'ordre de ne remettre à leurs destinataires que les colis individuels émanant directement :

— Soit d'une personne privée. C'est le cas du colis expédié par la famille ou le correspondant du prisonnier, en utilisant l'étiquette-adresse réglementaire.

— Soit du Comité Central d'Assistance pour la zone occupée.

— Soit de la Croix-Rouge Française pour la zone non occupée.

C'est le cas des colis confectionnés et expédiés par les soins d'œuvres ou comités locaux d'assistance agréés. En plus de l'étiquette réglementaire, le colis doit comporter, obligatoirement, l'indication de l'un des deux organismes susnommés, à l'exclusion de toute autre désignation d'œuvre.

En conséquence, les familles ont intérêt à s'assurer que les colis expédiés par l'intermédiaire d'une œuvre agréée partent bien sous la responsabilité de la Croix-Rouge française pour la zone non occupée, ou du Comité Central d'Assistance pour la zone occupée et que la souscription ne comporte, outre le nom et l'adresse de l'expéditeur, d'autre désignation d'œuvre que celle de la Croix-Rouge française pour la zone Sud, ou du Comité Central d'Assistance pour la zone Nord. Les colis dont la mention d'expéditeur ne serait pas conforme à ces prescriptions seront distribués aux autres prisonniers sous la forme collective. »

COMPTES EN BANQUE POUR LES PRISONNIERS

« Les prisonniers qui n'envoient pas à leur famille les économies qu'ils peuvent réaliser en captivité ont la faculté d'adresser celles-ci à un établissement de crédit français de leur choix, où ils les retrouveront le jour de leur retour.

Pour utiliser cette possibilité, le prisonnier devra écrire à l'établissement qu'il aura choisi, pour lui demander l'ouverture d'un compte en banque, ou, s'il le préfère, il pourra faire transmettre cette demande par l'homme de confiance de son camp. La demande d'ouverture de compte en banque doit être accompagnée des renseignements suivants :

— état civil du prisonnier ;

— son adresse habituelle en France ;

— Son adresse en captivité.

Elle devra, en outre, comporter deux exemplaires de la signature du prisonnier, certifiés authentiques par l'homme de confiance. Les sommes à verser au compte seront transférées du camp en France dans les conditions habituelles, le nom du destinataire étant remplacé par celui de la Banque, accompagné du numéro du compte. » (Informations générales, pp. 147-148 / Ministère de l'Intérieur 1943-139)

18 avril 1943 : ZONE RÉSERVÉE DES PYRÉNÉES

Réglementation du passage et du séjour

« La zone réservée de la frontière pyrénéenne, instituée par la loi du 20 janvier (J.O. du 18 février, voir I.G., n° 130, p. 280), et définie par l'arrêté du 18 février (J.O. du 20 février, voir I.G., n° 130, p. 280), fait l'objet d'un nouvel arrêté en date du 3 avril qui, après avoir indiqué avec précision la limite nord de cette zone, modifie ou complète la réglementation du passage et du séjour sur le territoire qu'elle englobe.

Ne sont plus autorisés à séjourner et à circuler librement dans cette zone, à y pénétrer et à en sortir que les Français qui y avaient leur domicile ou leur résidence habituelle avant le 1er novembre 1942. Toutefois, les étrangers ressortissants d'un certain nombre d'États, dont l'énumération figure dans le nouveau texte sont soumis à la même réglementation que les Français, sous réserve des dispositions du décret du 25 octobre 1940 concernant la circulation des étrangers.

Les Français et les étrangers de cette catégorie, autorisés à résider dans ladite zone, devront être munis d'une carte d'identité officielle, délivrée ou validée postérieurement au 1er novembre 1940 et mentionnant l'indication de leur domicile en zone réservée.

- Les ressortissants des autres États, les apatrides, les Juifs de toute nationalité et les réfugiés espagnols ne seront pas admis dans la zone réservée. Ceux qui y résident devront l'avoir quittée dans un délai de trois jours à compter de la date à laquelle les dispositions nouvelles seront devenues exécutoires.

Les Français et les étrangers de la catégorie admise ne peuvent pénétrer en zone réservée que munis d'un sauf-conduit spécial délivré par le maire de la commune où ils se rendent. Les fonctionnaires seront dispensés de sauf-conduit, mais devront présenter avec leur carte d'identité un ordre de mission.

Les enfants de moins de 15 ans sont dispensés de sauf-conduit, ainsi, d'ailleurs, que les voyageurs se rendant en Espagne et munis d'un passeport régulièrement visé.

La validité du sauf-conduit peut s'étendre à plusieurs voyages, mais ne peut dépasser trois mois. (J. O. du 18 avril.) » (Informations générales, p. 141 / Ministère Intérieur 1943-139)

19 avril 1943 : COLIS FAMILIAL

Nouvelle composition

« Les quantités maxima de denrées non soumises au rationnement national, susceptibles d'être transportées sous le régime de l'envoi familial, sont limitées comme suit par arrêté du 19 avril. Le poids total de l'envoi ne devant jamais dépasser les 50 kg.

Abats ou triperie fraîche provenant de l'abatage familial, 1 kg ; fruits frais et agrumes, autres que les châtaignes, les marrons, les noix, et les cerneaux, 10 kg ;

Châtaignes, marrons, noix et cerneaux, pruneaux et prunes séchées, 2 kg ;

Légumes frais autres que les pommes de terre, les oignons, les aulx, les asperges et les champignons de couche, 50 kg ;

Asperges, 5 kg ;

Champignons de couche, 2 kg ;

Conserves de fruits ou de légumes, 5 kg ;

Conserves de poissons, 1 kg ;

Gibier, 5 kg (ou une pièce, quel qu'en soit le poids) ;

Volailles ou lapins, 3 kg (ou une pièce, quel qu'en soit le poids) ;

Œufs, 2 douzaines ;

Poissons d'eau douce, 5 kg »

(Informations générales, p. 274 / Ministère Intérieur 1943-141)

Dimanche 4 avril 1943 222

Reçue le 20.04, réponse le 25.04

Bien chère sœur et cher Louis,

Je suis réellement heureux de pouvoir vous signaler la rapidité et la régularité avec laquelle me parviennent vos lettres et colis. Cette dernière semaine, j'ai en effet le plaisir de recevoir votre lettre du 25 mars et une carte de la même date de maman. Suis également rentré en possession de votre colis[11] n°5 en parfait état : ail et oignons ont été les bienvenus, ail surtout, car ici on n'en trouve pas, la confiture d'orange malgré son amertume est délicieuse. Un deuxième colis confectionné par Mme Poncelet, Préfecture, m'est également parvenu à bon port. En qualité de chaussures, il renfermait des sandales de corps : ça ne vaut évidemment pas des sabots de caoutchouc, tant pis, les beaux jours sont là et la pluie assez abondante ces derniers jours cessera sous peu, j'espère. Aujourd'hui déjà, nous avons eu une ravissante journée que j'ai bien passée. Parti ce matin de bonne heure, j'ai été au cinéma avec Caparroi et suis resté avec lui jusqu'à 4 heures de l'après-midi. Nous avons bien déjeuné, car il est très bon cuistot : nous avons commencé par du boudin froid de chez lui, potage aux vermicelles, beef saignant perçu aux cuisines, purée de pommes, macaroni au jus, fromage, biscuits et pour finir un bon jus à l'eau de Lourdes qu'avait reçu son camarade de table. Bref, nous nous sommes régalés et ce repas m'a rappelé, chère sœur et cher Louis, ceux que je prenais à votre bonne table. Ce jour, j'adresse une carte à Mme Poncelet, une chez Estrade et à vous une vignette bleue. Bien chère Léonie, ne me garde pas rancune pour le mal que j'ai pu te faire et ne te tourmente pas, je ne serai pas le frère ingrat, je me représente trop bien les difficultés auxquelles vous avez à faire face hélas. À mon retour, je vous revaudrai ça à tous deux. Bons baisers ainsi qu'à maman. Léon

Colombes, 7 avril 1943 222-1

Bien chers amis,

Ce n'est plus une carte interzone que je vous adresse aujourd'hui mais une lettre. Quelle joie pour moi que de pouvoir converser plus. Pour nous deux, il ne faut pas se plaindre, la santé n'est pas trop mauvaise malgré les restrictions que nous subissons assez durement ici dans la région Parisienne.

Et vous, que devenez-vous, mes bien chers ? J'espère que vous continuez toujours votre petit train-train de vie dans cette bonne ville de Tarbes, que vous continuez toujours à faire votre petit élevage de poules, de lapins, de pigeons, grande passion de mon grand ami Louis et le jardin, véritable sauveur en ce moment de disette et de restrictions.

Je souhaite et j'espère que vous avez toujours de bonnes nouvelles de votre cher Léon.

Quand vous lui écrivez, s'il reste un peu de place dans un coin de la carte, dites-lui bien des choses de ma part.

Ce qu'il faut souhaiter, c'est son prochain retour près de vous. Meilleures amitiés de nous deux.

R. Duclos[12]

Dimanche 11 avril 1943 223

Reçue le 12.05, réponse le 21.05

Bien chère sœur et cher Louis,

À l'instant, je viens d'écrire une petite carte à maman. Dans le courant de la semaine, j'en ai reçu une des patrons ainsi que votre gentille lettre du 29 mars. Enfin, hier soir, j'ai eu le plaisir de percevoir votre beau colis[13] n°6. Chère sœur, il était réellement beau et je comptais y goûter aujourd'hui avec Caparroi qui devait venir mais il a été empêché : je lui fais parvenir, par un gars de sa compagnie, un bout de boudin qui lui fera plaisir, surtout qu'il est un très bon copain, très débrouillard et gentil pour moi. À notre retour, nous nous retrouverons pour avoir le plaisir de revivre des histoires vécues, certaines vous paraîtront invraisemblables. Hélas, nous n'en sommes encore là, notre tour de rentrer n'est pas encore arrivé. Croyez-moi, il y a des plus âgés, les pères d'un et plusieurs enfants jusqu'à trois qui attendent, les veufs de pendant la guerre, etc., et les pistonnés. Bref, ne m'attendez pas si tôt, vous n'aurez pas de désillusions. Donc, le colis en parfait état, boudin légèrement moisi superficiellement, malgré çà il était délicieux, beurre, saucisson et Gibbs ont été bien accueillis. Quant au lapin, je n'y ai pas encore touché. Les patrons, aussi, me demandent de leur signaler ce qui me fait défaut. J'oubliais, dans la semaine, je vous ai adressé 60 RM et surtout faites-les circuler, dans la mesure du possible naturellement. Au début de la semaine, nous avons eu un jour de neige. En ce moment, il fait encore frais, le temps est couvert, ici aussi tout est avancé. Quant à Bertrand, eh bien je préfère être à ma place qu'à la sienne, il se mettra au pas. De plus, son départ n'a pas dû être regretté. Je termine en vous embrassant et remerciant de tout cœur à tous trois. Le bonjour aux patrons, voisins, etc. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 11 avril 1943 224

Réponse 18.05 de Cadéac

Bien chère maman,

Voilà une semaine que j'ai reçu ta petite carte, heureux de te savoir toujours en bonne santé. La mienne est toujours excellente. Cette dernière semaine, j'ai reçu des nouvelles des patrons et une lettre de Léonie. Hier, c'est son colis n°6 qui m'est parvenu et m'a fait grand plaisir : saucisson, boudin, beurre et boîte de lapin vont me faire revivre quelques instants auprès de vous. Mon travail va toujours bien. Reçois, chère maman, mes plus gros baisers. Bonjour aux voisins et amis. Ton fils qui ne t'oublie pas. Léon

Toulouse, jeudi 22 avril 1943 224-1

Lettre d'Anna Tissinier à Louis et Léonie

Bien chers Louis et Léonie,

C'est avec plaisir que nous avons lu votre gentille lettre, vous sachant en bonne santé. Je puis vous en dire de même de nous ; on marche toujours mais les forces diminuent de jour en jour, à cause du ravitaillement qui est bien maigre. Enfin, espérons que cela s'arrangera bientôt, on en aurait bien besoin tous, autant au point de vue physique que moral.

Une dizaine de jours après avoir reçu la carte de Léon sur laquelle il nous annonçait la surprise, nous avons reçu son envoi. Seulement, je regrette de lui avoir répondu 8 jours après avoir reçu sa carte que nous ne l'avions pas reçu. Mais ce pauvre Léon, c'est trop gentil de sa part ; nous nous attendions à un petit souvenir fabriqué par lui et non à de l'argent. Si tu peux, envoie-nous des étiquettes, nous lui adresserons des colis par la Croix-Rouge, autrement c'est difficile de se procurer ce qu'il faut.

Tu nous dis qu'à Tarbes, les jardins sont jolis, tant mieux. Ici, tout est sec. Il y a plus d'un mois que le vent d'autan souffle. Juste hier soir, il a plu un peu mais si peu que ce n'est pas la peine d'en parler. Tout le monde réclame de l'eau.

Tante de Bourisp est repartie jeudi dernier mais Marcelle qui était allée l'accompagner n'a pu aller plus loin que la gare d'Arreau. Elle ne devait pas avoir les papiers en règle, sans doute. Vous autres, avec les laissez-passer, vous devez pouvoir y aller quand vous voulez et heureusement pour tante, la pauvre.

Chère Léonie, je cherche et je t'assure que je ferai tout mon possible, pour te procurer un tablier mais 3 mètres pour un tablier pour toi, je crois que ce doit être juste, tu me le feras savoir. Quant au fil à fil que tu as trouvé, cela doit faire très bien.

Pour Louis, je cherche des pierres à briquet ; j'en ai trouvé quelques tubes.

Marcelle est en vacances, mais elle se prépare à passer le certificat.

À vous lire bientôt, toute la famille se joint à moi pour vous embrasser bien fort à tous les deux. Anna

P.S. Si tu écris à Léon, dis-lui que nous l'avons bien reçu et remercie-le en attendant que nous puissions le faire.

Dimanche 25 avril 1943 225

Reçue le 17.05, réponse le 24.05

Bien chère sœur et cher Louis,

Voici les vacances de Pâques qui se tirent, encore demain et mardi reprendra le travail arrêté depuis jeudi soir : ces deux derniers jours, nous les avons passé en majeure partie à mettre au propre et en état notre trousseau de gefange[14]. Les chaussettes sont raccommodées, tout est propre, même nous, car nous avons fait notre devoir jusqu'au bout en faisant nos Pâques. Oh, pas tous bien sûr ! Bref, pour ma part me voilà satisfait : je viens de passer l'après-midi avec Caparroi. Une fois de plus, nous nous sommes régalés, nous avons dégusté une petite omelette pascale au lard et saucisson, pas bien grosse, quatre œufs pour quatre seulement, nous l'avons tout de même mangée avec plaisir. Hélas, tous n'en ont pas eu autant. Nous avons terminé par un bon café de notre Croix-Rouge mensuelle, arrosé d'eau de Lourdes et pour terminer, Caparroi a à nouveau distribué des Voltigeurs. Oui, voyez-vous, grâce à vos colis, nous arrivons à faire de très bons repas. En plus, il y a la défense comme partout d'ailleurs. Donc, ne vous faites pas de souci à ce sujet, ce serait plutôt à moi de m'en faire pour vous, car je sais bien, je devine les difficultés auxquelles vous vous heurtez pour votre approvisionnement, celui de maman, le mien, Toulouse, etc. Donc, ma santé se maintient toujours très bonne et la captivité n'y aura pas, si cela continue ainsi, de prise. Elle ne sera pas atteinte, c'est le principal. Espérons que j'arriverai assez tôt pour passer la prochaine fois cette grande fête parmi vous tous. Gros baisers. Léon

Dimanche 25 avril 1943 226

Reçue 24.05, réponse 29.05

Bien chère sœur et cher Louis,

Dans le courant de la semaine écoulée, j'ai eu le plaisir de lire toute une carte de Ridel. Tu lui en feras part et l'en remercieras. J'ai également reçu votre lettre du 12 avril. Quant au colis de décembre, je ne me souviens pas s'il m'est parvenu, sûrement que non ; pourtant, j'ai eu reçu des biscottes, du macaroni, en général je t'en accuse réception dans la lettre qui suit leur arrivée. J'attends toujours le n°7. J'en ai déposé un qui va partir ces jours-ci. À vous trois, courage et confiance, et bon moral, le mien tient. Je vous embrasse de tout cœur. Léon

Mai 1943

Rappel historique, 1er mai 1943 : RATIONNEMENT DE MAI

« Le taux des rations alimentaires du mois de mai a été fixé par un arrêté du 21 avril (J.O. du 25 avril). Voici les grandes lignes :

PAIN — En échange du coupon n° 6, la feuille des tickets de

pain délivrée donnera droit, par jour :

Catégorie E : 100 g ; J1, V : 200 g ; J2, A : 275 g ; J3,T,C : 350 g

PÂTES — Toutes Catégories : 250 g en échange du ticket DZ de la feuille de denrées diverses (date à fixer par arrêté préfectoral dans chaque département).

VIANDE — 120 g par semaine. Tickets N° 9,10,12 et 14 sans valeur, ainsi que les tickets-lettres.

FROMAGE — 50 g par semaine.

MATIÈRES GRASSES — 310 g pour le mois. (Pour les consommateurs autres que ceux des localités à suppléments nationaux et régionaux : 225 g)

SUCRE — En échange du coupon n° 1 :

Catégorie E : 1250 g se décomposant ainsi : ration normale habituelle, 1000 g ; supplément pour le mois, 250 g.

Catégorie J2 : 750 g, se décomposant ainsi : ration normale habituelle, 500 g ; supplément pour le mois, 250 g.

Autres catégories : 500 g.

En outre, un supplément de 250 g est accordé, à titre exceptionnel, à toutes les catégories de consommateurs en échange du coupon n° 2 du mois de mai. (Dates à fixer par arrêté préfectoral dans chaque département.)

CAFÉ, THÉ OU « PETITS DÉJEUNERS »

- En échange du coupon n° 3 :

Catégories E, J1 : néant.

Catégories autres que E, J1 : 15 g de café pur additionnés à une quantité de succédanés qui sera fixée à l'intérieur de chaque région par arrêté du préfet régional, pris sur autorisation du ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement, et sans que le poids total du mélange qui pourra être livré moulu ou non moulu puisse excéder 150 g ou, si les approvisionnements le permettent :

Soit une quantité d'extrait de mélange café-succédané, dont la fabrication aura nécessité l'emploi de 15 g de café ;

Soit 30 g de café décaféiné, sans mélange de succédané ;

Soit-25 g de thé ;

Soit 125 g de mélange de thé et succédanés comprenant 25 g de thé et 100 g de succédanés ;

Soit, mais uniquement pour les consommateurs des catégories J2, J3, V : 250 g de « petits déjeuners ».

RIZ

- En échange du coupon n° 3 :

Catégorie E : 300 g pour le mois.

Catégorie J1: 200 g pour le mois.

Catégories autres que les catégories E et J1 : néant.

CHOCOLAT

- La ration d'avril sera distribuée au mois de mai en échange du coupon n° 0 du mois de mai. Elle est fixée ainsi qu'il suit :

Catégories J1, V : 125 g pour le mois.

Catégories J2, J3 : 250 g pour le mois.

Autres catégories : néant.

(Date et dispositions à fixer ultérieurement.)

CONFISERIE

- En échange du ticket DH de la feuille des denrées diverses :

Catégories E, J1, J2, V : 125 g pour le mois.

Autres catégories : néant.

FARINES

- Chacun des tickets de la feuille de pain cerclés ou non portant un chiffre ou une lettre pourra être échangé indifféremment contre du pain, ou contre les produits énumérés ci-après sur les bases suivantes :

À 100 g de pain correspondent 75 g de farine simple ou autres produits fixés par l'article premier de l'arrêté du 17 juillet 1941, relatif au rationnement des farines simples et semoules (à l'exception de la crème de riz) ;

Ou 75 g de farine de châtaigne ;

Ou 55 g de biscottes ou pain de régime ;

Ou produits de biscuiterie autres que le pain d'épices ;

Ou 100 g de pain d'épices ;

Ou 75 g de pain grillé.

En outre, chacun des tickets de la feuille de pain des consommateurs de la catégorie E, qu'il s'agisse des tickets lettres cerclées ou non portant la lettre E ou des tickets chiffres portant dans l'angle inférieur gauche la lettre E, pourront être échangés contre les produits énumérés ci-après sur la base suivante :

À 100 g de pain correspondent 75 g de farines composées fixées par l'article 1er de l'arrêté du 17 juillet 1941, relatif au rationnement des farines composées (les farines composées pouvant être offertes au consommateur, sous la forme d'entremets sucrés) ; ou 75 g de crème de riz.

Enfin, les consommateurs des catégories E, J1, V, pourront obtenir, contre remise du coupon n° 4 :

Soit 250 g de farines composées ;

Soit 250 g de farine simple ou autres produits fixés à l'article premier de l'arrêté du 17 juillet 1941, relatif au rationnement des farines simples et semoules (à l'exception de la crème de riz) ;

- Soit 250 g de farine de châtaigne.

Toutefois, les consommateurs de la catégorie V qui auront échangé leur coupon n° 4 de mai 1943 contre une feuille de tickets supplémentaires pour « travailleurs de force » ne pourront bénéficier de cette attribution.

TRAVAILLEURS DE FORCE – Dispositions habituelles.

PRISONNIERS LIBÉRÉS

Supplément de viande

Actuellement, pendant les trois premiers mois qui suivent leur libération, les prisonniers de guerre reçoivent, en plus de leur feuille mensuelle de rationnement, une feuille de viande à type réduit, donnant droit à un supplément de 90 grammes de viande par semaine. M. Max Bonnafous, ministre secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement, a décidé qu'à partir du 1er juin 1943 cette mesure serait applicable pendant six mois au lieu de trois. Les prisonniers de guerre libérés depuis moins de six mois bénéficieront de ces nouvelles dispositions sans rétroactivité, c'est-à-dire pendant la partie des six mois suivant leur libération et restant à courir du 1er juin 1943. » (Informations générales, pp. 213-216 / Ministère de l'Intérieur 1943-140)

3 mai 1943 : AIDE MATÉRIELLE APPORTÉE AUX PRISONNIERS DE GUERRE NORD-AFRICAINS

Communiqué officiel n° 112 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre, en date du 3 mai 1943.

« Les événements d'Afrique du Nord ont eu pour conséquence de priver de colis individuels les prisonniers de guerre dont la famille réside dans ces régions. Dès le mois de novembre 1942, le Gouvernement avait décidé de se substituer à ces familles et de prendre en charge l'envoi d'un colis mensuel de 5 kg, à chacun des prisonniers en cause.

À cet effet, les dispositions suivantes ont été prises :

a) Mesure d'urgence

Immédiatement, en attendant l'entrée en application des mesures décidées, la Direction du Service des Prisonniers de Guerre avait donné des instructions pour qu'un premier contingent de colis individuels anonymes de 5 kg soit expédié à destination de chaque Oflag ou Stalag à charge, pour les hommes de confiance, de les répartir entre les prisonniers nord-africains.

b) Régime normal

Les prisonniers nord-africains ont été, d'autre part, invités, par l'intermédiaire des hommes de confiance, à envoyer leurs étiquettes à la Sous-Direction du Service des Prisonniers de Guerre à Paris, qui a été chargée de les faire remettre, après contrôle, au Comité Central d'Assistance aux Prisonniers de Guerre algériens. Ce Comité d'assistance, créé par M. le ministre secrétaire d'État à l'Intérieur à cet effet, assure la confection des colis avec des denrées mises à sa disposition par la Direction du Service des Prisonniers de Guerre et leur expédition aux destinataires. Les bienfaiteurs qui désireraient apporter leur concours à l'aide aux prisonniers nord-africains peuvent avantageusement se faire connaître à la Sous-Direction du Service des Prisonniers de Guerre, 221, boulevard Saint-Germain, à Paris, à qui il appartient de grouper de telles demandes et de leur faire donner, par le Comité Central d'Assistance aux Prisonniers de Guerre algériens, la suite qu'elles comportent. » (Informations générales, pp. 254-255 / Ministère de l'Intérieur 1943-141)

4 mai 1943 : « Le gouvernement rend obligatoire la lutte contre le doryphore.

« Les pailles et fourrages sont compris désormais parmi les denrées qui doivent être livrées au ravitaillement. » (5) p. 105

ADMINISTRATION PRÉFECTORALE

Nominations et élévation de classe

A été nommé :

M. Bezagu, préfet délégué à Toulouse (3e classe), préfet délégué à Toulouse (2e classe). (J.O. du 4 mai.) »

(Informations générales, p. 234 / Ministère Intérieur 1943-141)

Titularisation

M. Massol, docteur en droit, chef de bureau à la préfecture de la Haute-Garonne, sous-préfet de 3e classe, directeur du cabinet du préfet régional de Toulouse. » (Informations générales, p. 236 / Ministère de l'Intérieur 1943-141)

5 mai 1943 : ENVOI COLLECTIF DE COLIS AUX PRISONNIERS DE GUERRE ET AIDE MORALE

Secours individuel aux prisonniers de guerre

« Les difficultés rencontrées dans la réunion et la répartition des ressources mises par le Gouvernement à la disposition des œuvres ont amené les pouvoirs publics à prendre une série de mesures propres à éviter que le prisonnier ait à souffrir de la situation ainsi créée. Le principe admis repose sur une répartition égale entre tous les prisonniers des ressources rendues disponibles à leur profit, afin de permettre l'envoi d'un colis mensuel à chaque prisonnier inscrit dans une œuvre ou comité agréé. L'inscription obligatoire, dont les modalités ont été réglées par le communiqué officiel n° 107 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre (voir I.G., n° 133, p. 408), apparaît comme l'élément essentiel de cette nouvelle organisation et doit en conditionner le bon fonctionnement. Faisant suite aux formalités d'inscription qui viennent d'avoir lieu, du 29 mars au 24 avril pour la zone non occupée et du 20 avril au 10 mai pour la zone occupée, des opérations de contrôle auront pour but de déceler et d'éliminer les inscriptions faisant double emploi.

En attendant que la mise en place de la nouvelle organisation soit complètement réalisée, le processus d'envoi des colis aux prisonniers par les œuvres actuellement en vigueur demeure inchangé jusqu'à nouvel avis.

Aide intellectuelle et morale

Statistique des envois effectués dans les camps de prisonniers de guerre, pendant le mois de mars 1943.

1° Par le centre de ramassage du Livre de la Croix-Rouge française :

- Livres 26.017

Instruments de musique 6

Articles de sport 90

Disques 13

Jeux d'intérieur 245

Partitions musicales 33

2° Par la section « Bibliothèque et Jeux » du Comité central d'assistance aux prisonniers de guerre en captivité :

Livres et brochures 63.947

Instruments de musique 212

Jeux et sports 2.609

Disques 155, Phonos 23 » (Informations générales, pp. 257-258 / Ministère de l'Intérieur 1943-141)

7 mai 1943 : SOCIÉTÉS SECRÈTES

« Le J.O. du 7 mai a publié une liste de personnes ayant été mentionnées parmi les dignitaires de la Franc-Maçonnerie, conformément à la loi du 11 août 1941 (J.O. du 12 août 1948, voir I.G., n° 51, p. 450). Ces personnes bénéficient des dispositions de la loi du 10 novembre 1941 (J.O. du 13 novembre 1941, voir I.G., n° 64, p. 478), instituant une commission spéciale des sociétés secrètes auprès du secrétariat d'État à la Justice. (J.O. du 7 mai.) » (Informations générales, p. 250 / Ministère de l'Intérieur 1943-141)

CONVOIS D'ENFANTS EN ZONE PROTÉGÉE

Le ministère de l'Intérieur communique :

« L'ampleur des bombardements aériens et la menace qui pèse sur certains points du territoire français obligent les pouvoirs publics à organiser des envois collectifs d'enfants vers des régions mieux abritées.

Pour éviter une dispersion des efforts, le gouvernement entend assurer une stricte coordination entre les services et groupements intéressés. Les œuvres ou les personnes désireuses d'organiser des envois collectifs d'enfants devront, en conséquence :

1° Demander l'autorisation d'effectuer ces envois (arrêté du ministre de l'Intérieur, J.O. du 7 mai, voir I.G. n° 141, p. 247). La demande établie sur formulaire spécial visé par la préfecture du lieu de destination devra être adressé par lettre recommandée comportant accusé de réception, à la direction des réfugiés : 43, rue de Varennes, à Paris, pour les collectivités ayant leur siège social en zone nord et au 15, rue Alquié, à Vichy, pour celles de la zone sud. Les formulaires nécessaires sont délivrés par les préfectures.

2° une fois l'autorisation obtenue, prendre contact avec l'un des organismes chargés, en raison des difficultés du trafic ferroviaire, de grouper les départs et d'organiser les convois.

Ces organismes sont :

a) Le « Comité national des Colonies de vacances », 40, rue Marbeuf, à Paris, et l' « Union française des colonies de vacances », 61, rue Madame, à Paris (pour les œuvres déjà affiliées à l'un de ces organismes) ;

b) La « Croix-Rouge française » (service des convois), 6, rue de Berry, à Paris (pour les autres œuvres). » (Informations générales, pp. 346-347 / Ministère de l'Intérieur 1943-143)

8 mai 1943 : PATRONAGE DU MARÉCHAL DE FRANCE CHEF DE L'ÉTAT

Attribution

« Par décision du 4 mai, le Maréchal de France, Chef de l'État, a placé sous sa présidence d'honneur :

La Croix-Rouge française, dont le siège social est sis à Paris.

A placé sous sa haute autorité :

Le Secours National, dont le siège est à Paris, 20, rue Laffitte.

A placé sous sa présidence :

La Légion française des Combattants et des volontaires de la Révolution nationale, dont le siège est sis à Vichy, hôtel de Séville, boulevard de Russie. (J.O. du 8 mai.) » (Informations générales, pp. 233-234 / Ministère de l'Intérieur 1943-141)

10 mai 1943 : ZONE INTERDITE

Frontière suisse

« Le commandement italien des troupes d'opérations stationnées à Chamonix fait connaître que des exigences d'ordre militaire ont amené la création d'une zone interdite le long de la frontière franco-suisse. Cette zone s'étendra au-delà des points ou localités suivants : mont Buet, mont Ores, tête Chevrette, partie nord de Valorcines, les Posettes, un point situé à 500 mètres de la gare de Montroc sur la route du Tour, torrent du Tour et axe du glacier du Tour. À partir de 0 heure, le 10 mai, cette zone est interdite à tous, excepté pour les personnes y habitant normalement et pour celles transitant dans la vallée de Valorcines.

Toute personne surprise dans la zone susindiquée, à partir de

0 heure, le 10 mai, sera mise en état d'arrestation. » (Informations générales, p. 298 / Ministère Intérieur 1943-142)

ZONE RÉSERVÉE DE LA FRONTIÈRE PYRÉNÉENNE

« Le public est informé qu'une zone réservée dont l'accès est soumis à certaines conditions a été créée le long de la frontière pyrénéenne. Cette zone comprend les communes suivantes :

DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES-ORIENTALES

Arrondissement de Céret (32 localités) :

- Albère (l'), Amélie-les-Bains, Argelès-sur-Mer, Argelès-Plage, Arles-sur-Tech, Banyuls-sur-Mer, Boulou (le), Cerbère, Céret, Collioure, Coustouges, Écluse (l'), Illas (las), Lamanère, Laroque-des-Albères, Maureillas, Montalba-d'Amélie, Montesquieu, Perthus (le), Saint-André, Saint-Genis-des-Fontaines, Saint-Jean-Pla-de-Cors, Saint-Laurent-de-Cerdans, Serralongue,

Sorède, Tech (le), Villelongue-des-Monts, Port-Vendres, Prats-de-Mollo, La Preste, Reynès, Riunoguès.

Arrondissement de Prades (51 localités) :

- Angles (les), Angoustrine, Aytus, Bolquère, Bourg-Madame, Cabanasse (la), Cadégas, Canaveilles, Casteil, Corneille-de-Conflent, Enveigt, Err, Escaro, Estavar, Eyne, Fontpédrouse, Saint-Thomas-les-Bains, Prats-Balaguer, Formiguères, Fuilla, Latour-de-Carol, Llagonne (la), Llo, Mantet, Mariannes, Matemale, Mont-Louis, Nahuja, Nyer, Odeillo-Via-Font-Romeu, Olette, Osseja, Palau-de-Cerdagne, Planés, Porta, Porte, Py, Sahorre, Saillagouse, Targassonne, Thorent, Thuès, Ur, Valcabollère, Vernet-les-Bains, Villefranche-de-Conflent, Villeneuve-des-Escaldes, Sainte-Léocadie, Saint-Pierre-de-la-Forcats, Serdinya,Souanyas.

DÉPARTEMENT DE L'ARIÈGE

Arrondissement de Foix :

- Albiès, Alliat, Aston, Aulos,Auzat, Ax-les-Thermes, Bouan, les Cabanes, Capoulet-Junac, Château-Verdun, Garanou, Génat, Gestès, Coulier et Olbier, L'Hospitalet-près-l'Andorre, Ignaux, Illier, Laramade, Lapège, Largat, Larnat,Lassur, Lercoul, Luzenac, Merens-les-Vals, Miglos, Niaux, Ornolac-Ussat-les-Bains, Orus, Pech, Perles-et-Castalet, Quié, Saleix, Savignac-les-Ormeaux, Sem, Siguer, Sinsat, Suc-et-Sentenac, Tarascon,Tignac, Unac, Urs, Ussat, Vaychis, Vèbre, Vicdessos.

Arrondissement de Saint-Girons :

- Antras, Argein, Arrien-en-Bethmale, Aucazein, Audressein, Augirein, Aulus-les-Bains, Balacet, Bethmale, Bonac-sur-Lez, Bordes-sur-Lez, Buzan, Castillon, Cescau, Couflons, Ercé, Galey, Illartein, Irazeinau, Orgibet, Oust, Saint-Jean-du-Castillonnais, Saint-Lary, Salsein, Seix, Sentein, Sentenac d'Ouest, Sor, Uchentein, Ustou, Villeneuve.

DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-GARONNE

Arrondissement de Saint-Gaudens :

- Antignac, Argut-Dessus, Argut-Dessous, Arlos, Artigue, Bachos-Bines, Burgalays, Bagnères-de-Luchon, Baren, Boutx, Castillon-de-Larboust, Gazaril Laspènes, Cazaux-de-Larboust, Cazaux, Layrisse, Chaum, Cier-de-Luchon, Saint-Jean-du-Castillonnais, Saint-Lary, Cierp, Couledoux, Eup, Fos, Garin, Gaud, Gouaux-de-Larboust, Gouaux-de-Luchon, Guran, hameau d'Henne-More, Juzet-de-Luchon, Lege, Lez, Marignac, Melles, Montauban-de-Luchon, Moustajon, Oô, Portet-d'Aspet, Saint-Aventin, Saint-Béat, Saint-Mamet, Salles-et-Praviel, Sode, Trebons.

DÉPARTEMENT DES HAUTES-PYRÉNÉES

Arrondissement d'Argelès-Gazost :

- Adast, Arcizans-Avant, Arcizans-Dessus, Argelès-Gazost, Arrens, Arras-en-Lavedan, Aucun, Betpuey, Barèges, Bun, Cauterets, Chèze, Esquieze-Sere, Estaing, Esterre, Gaillagos, Gavarnie, Gèdre, Gez-Argelès, Grust, Lau-Balagnas, Luz Saint-Sauveur, Marsous, Pierrefitte-Nestalas, Saint-Sevin, Saliges, Sassis, Sazos, Sers, Sireix, Soulom, Uz, Vieilla, Viey, Villelongue,

Viscos, Vizos.

Arrondissement de Bagnères-de-Bigorre :

- Adervielle, Ancizan, Anéran, Camous, Aragnouet, Ardengost, Armenteule, Arreau, Aspin-Aure, Aulon, Avajan, Azet, Bareilles, Barrancoueu, Bazus-Aure, Bordères-Louron, Bourisp, Cadéac, Cadeilhan-Trachère, Camparan, Cazaux-Debat, Cazaux-Fréchet, Ens, Estarvielle, Estensan, Genos, Germ, Gouaux, Grailhen, Grézian, Guchan, Guchen, Ilhan, Jézeau, Lançon, Loudenvielle, Loudervielle, Mont, Pailhac, Pouchergues, Ris, Sailhan, Saint-Lary, hameaux de Sainte-Marie-de-Campan et de La Séoube, Soulom, Tramezaïgues, Vielle-Aure, Vielle-Louron, Vignec.

DÉPARTEMENT DES BASSES-PYRÉNÉES

Arrondissement d'Oloron :

- Accous, Alçay, Alos-Sibas, Abense, Arette, Aydius, Bedous, Borce, Cette-Eygun, Camou Cihique, Atchebar, Etsaut, Haux, Issor, Lacarry, Laguingue-Restoue, Lanne, Larrau, Laruns, Lées-Athas, Lescun, Les Eaux-Bonnes, Lichans-Sunhar, Licq-Athérey, Lourdios, Montory, Osse, Saint-Engrace, Sarrance, Tardets, Urdos.

Arrondissements de Bayonne :

- Ahaxe, Aincille, Béhorléguy, Caro, Esterençuby, Lecumberry, Mendive, Saint-Michel.

Les personnes désireuses de se rendre dans cette zone sont invitées à s'adresser, pour tous renseignements utiles, à la mairie, au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie de leur résidence. » (Informations générales, pp. 344-346 / Ministère de l'Intérieur 1943-143)

13 mai 1943 : « Un décret publié au « Journal Officiel » stipule qu'aucun emploi désigné sur un certificat de travail ne peut être quitté ni par le titulaire, ni par l'employeur, sans une autorisation délivrée par l'Office départemental du travail du lieu d'emploi. » (5) p. 104

18 mai 1943 : TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

Avantages financiers

« La nouvelle loi du 1er mai relative aux avantages financiers accordés aux Français partis travailler en Allemagne a été publiée au J.O. du 18 mai.

Aux termes de l'article 1er, les avantages financiers résultant de la loi du 26 septembre 1942 (voir I.G. n° 110, p. 28), sont maintenus, jusqu'à l'expiration du contrat en cours et dans la limite d'une année à compter de l'entrée en vigueur du contrat, aux travailleurs partis pour l'Allemagne, entre le 1er juin et le 15 novembre 1942. Ils sont également maintenus à ceux des travailleurs dont le contrat a été conduit ou prorogé pendant cette période, dans la limite d'une année à compter de l'expiration de l'ancien contrat.

À dater du 1er juin 1943, ils cesseront d'être attribués aux ouvriers ne rentrant pas dans les catégories définies ci-dessus.

On sait que la loi du 26 septembre 1942 accordait, à titre d'indemnité d'éloignement aux travailleurs spécialistes qui participaient à la relève en allant volontairement travailler en Allemagne dans des équipes constituées, le maintien de la moitié du salaire qu'ils touchaient en France avant leur départ.

À compter du 1er juin 1943, des allocations journalières à la charge du budget de l'État pourront être accordées, sur leur demande, aux familles dont le soutien français est parti travailler en Allemagne au titre de la relève.

Ces allocations, qui ne se cumulent pas avec les avantages précités, sont égales aux délégations familiales instituées par la loi du 30 juillet 1942 (voir I.G. n° 100, p. 121), au profit des familles des prisonniers de guerre et attribuées dans les mêmes conditions que celles-ci. La rémunération du soutien de famille n'entre pas en compte dans les ressources prises en considération pour l'attribution des allocations journalières.

La loi nouvelle contient, en outre, des dispositions, transitoires aux termes desquelles, notamment, il n'est en rien dérogé aux autres dispositions de la loi du 26 septembre 1942 et de l'arrêté du 3 décembre 1942 (voir I.G. n° 120, p. 568), en particulier en ce qui concerne le paiement et le remboursement des indemnités d'éloignement.

TRAVAILLEURS SPÉCIALISTES PARTICIPANT À LA RELÈVE

Avantages financiers

« Les dispositions de l'arrêté interministériel du 3 décembre 1942 (voir I.G. n° 120, p. 568), relatif aux modalités d'application de la loi du 26 septembre 1942 (voir I.G. n° 110, p. 28), accordant des avantages financiers aux travailleurs spécialistes qui participent à la relève sont applicables aux employés et ouvriers des services publics des départements, des communes, des établissements publics de ces collectivités et des associations, unions et ententes formées entre elles, exploités par voie de concession. Toutefois, pour les agents bénéficiant d'une échelle de traitements semblables à celles des fonctionnaires, le montant de l'indemnité d'éloignement sera égal à la moitié des éléments de rémunération qu'ils percevaient en France, à l'exclusion de ceux qui constituaient des remboursements de frais, des allocations prévues par le code de la famille et, éventuellement, de l'allocation de salaire unique. Le versement de l'indemnité d'éloignement aura lieu mensuellement et non par quinzaine pour les agents qui étaient payés mensuellement. »

(Informations générales, pp. 351-352 / Ministère de l'Intérieur 1943-143)

19 mai 1943 : ENVOI DE CORRESPONDANCE ET DE COLIS AUX PRISONNIERS DE GUERRE ET INTERNÉS CIVILS

Envoi en Grande-Bretagne

« Communiqué officiel numéro 114 de la direction du service des prisonniers de guerre en date du 19 mai 1943. Le présent communiqué annule et remplace le communiqué officiel numéro 113, en date du 7 mai 1943 (voir I.G. n°141, p. 255) de la direction du service des prisonniers de guerre relatif aux envois aux prisonniers de guerre et internés civils en Grande-Bretagne.

« La direction du service des prisonniers de guerre fait connaître que seul l'acheminement de la correspondance est autorisé à destination des internés militaires ou civils en Grande-Bretagne, à l'exception de tous colis. Le nombre des cartes et lettres qu'un prisonnier ou interné civil peut recevoir n'est pas limité. Cette correspondance jouit de la franchise postale. Les cartes postales illustrées et les envois recommandés sont interdits. Les envois de colis, quels qu'en soient le poids et le contenu, ne sont pas autorisés. Ce communiqué, valable pour la zone non occupée et pour la zone occupée doit être tenu dans toutes les mairies à la disposition du public. » (Informations générales, p. 350 / Ministère de l'Intérieur 1943-143)

VOLS DE COLIS ADRESSÉS AUX PRISONNIERS DE GUERRE

Répression

« La loi du 12 août 1942 (J.O. du 21 août 1942, voir I.G. n° 104, p. 318), réprimant les vols ou tentatives de vols de colis ou d'objets adressés aux prisonniers de guerre, est renforcée.

Désormais, les détournements ou tentatives de détournement de ces colis ou objets seront assimilés aux vols ou tentatives de vols et frappés des mêmes peines. Les receleurs des détournements seront désormais également atteints par la loi. Ainsi en décide une loi du 29 avril, parue au J.O. du 19 mai. » (Informations générales, p. 350 / Ministère de l'Intérieur 1943-143)

20 mai 1943 : BULLETINS RONÉOTYPÉS. Autorisation

« Les bulletins ronéotypés qui n'étaient pas soumis, jusqu'à ce jour, au régime de l'autorisation de paraître, institué par les décrets des 24 mai 1940 et 17 juillet 1941, seront soumis, à l'avenir, à cette formalité, au même titre que les périodiques imprimés. Il s'agit seulement des nouveaux bulletins et non ceux qui sont en cours de publication : toutefois, ces derniers, en cas d'interruption, seront soumis aux dispositions indiquées ci-dessous, qui sont celles s'appliquant à tous les journaux et périodiques imprimés.

L'autorisation doit être obtenue dans tous les cas où l'interruption de publication aura excédé les délais suivants :

a) deux mois pour les quotidiens ;

b) trois mois pour les périodiques mensuels ou bimensuels ;

c) un an pour les périodiques paraissant moins de douze fois par an.

D'autre part, toute autorisation accordée qui n'aura pas été suivie de publication effective dans les délais indiqués ci-dessus sera considérée comme caduque. Dans cette hypothèse, les délais courent à partir de la date à laquelle l'autorisation a été notifiée à la personne qui l'avait sollicitée.

Ajoutons que ces autorisations de paraître ne dispensent aucunement du visa de la censure, obligatoire pour ces publications. Par décision du ministre de la Production industrielle et des Communications, les bulletins paraissant régulièrement actuellement ne sont pas soumis à l'autorisation. Sont seuls soumis les nouveaux bulletins à paraître et les bulletins paraissant irrégulièrement. » (Informations générales, pp. 347-348 / Ministère Intérieur 1943-143)

23 mai 1943 : RÉQUISITION DE LA MAIN-D'OEUVRE AGRICOLE

« Le secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement a été autorisé, par une loi du 23 mai, à requérir la main-d'œuvre nécessaire pour permettre la mise en valeur des terres insuffisamment cultivées et pour assurer la satisfaction des besoins de l'agriculture en main-d'œuvre saisonnière.

Les préfets régionaux et départementaux viennent de recevoir les instructions nécessaires à l'application de ces dispositions. Les préfets départementaux dresseront les plans de réquisition et d'affectation des volontaires ou requis. Ces plans seront prévus et approuvés par les préfets régionaux qui assureront, d'autre part, les mutations interdépartementales. Le placement, le contrôle médical, moral et technique des requis seront assurés, cette année, par la corporation agricole et les contrôleurs des lois sociales en agriculture qui prennent, en cette matière, les attributions de la mission de restauration paysanne.

Équipes de travail

Enfin, partout où la nature des travaux le permettra, il sera procédé à l'organisation d'équipes de travail, encadrées et contrôlées par des membres de l'enseignement et des délégués du secrétariat à la Jeunesse.

Les réquisitions porteront par priorité sur les jeunes de 16 à 20 ans. La durée des réquisitions et des engagements volontaires sera fixée par les préfets régionaux en fonction des besoins. Les engagements volontaires devront être déposés, au plus tard avant le 20 juin, à l'Union corporative régionale de chaque département.

Les engagements des adultes de 20 à 50 ans devront être visés par le délégué départemental au service du travail obligatoire.

Afin d'éviter les fraudes et les abus qui se sont produits l'an dernier, la faculté de choisir l'exploitation et la région où ils désirent servir est supprimée aux volontaires, sauf dans les deux cas ci-après :

1° - Les volontaires désirant aller travailler chez un proche parent possédant une exploitation agricole ou assimilée ; sont entendus comme proches parents, les parents, jusqu'au deuxième degré inclusivement, ascendants, oncle, tante, frère ou sœur.

2° - Les volontaires qui ont obtenu, l'an dernier, à l'occasion d'un précédent service rural, le diplôme délivré par le ministère de l'Agriculture pour attester la qualité de leur service pourront, s'ils le désirent, retourner chez leur employeur de l'année précédente.

Les volontaires recevront, à l'expiration de leur engagement et s'ils ont donné satisfaction à leurs employeurs, une autorisation de transport portant sur 50 kilos de pommes de terre et trois kilos de légumes secs, s'ils sont célibataires, et 100 kilos de pommes de terre et 6 kilos de légumes secs s'ils sont chefs de famille. »

(Informations générales, pp. 435-436 / Ministère Intérieur 1943-145)

28 mai 1943 : « Les entretiens entre MM. Churchill et Roosevelt se terminent à Washington par un communiqué annonçant qu'un accord complet existe sur les opérations militaires futures sur tous les fronts. » (5) p. 100

« Loi sur l'exploitation obligatoire des terres abandonnées ou incultes et sur la réquisition et l'emploi de la main-d'œuvre agricole. Les hommes de 16 à 60 ans seront recensés en vue de l'accomplissement d'un service rural obligatoire et les femmes de 18 à 50 ans pourront être astreintes à des travaux divers sur le terrain de leur commune. » (5) p. 104

30 mai 1943 : « Le Gouvernement de Vichy décide que tous les jeunes gens de la classe 1942, sans exception, partiront pour le service du travail obligatoire (S.T.O.) en Allemagne. Tous les étudiants appartenant aux classes 1939 à 1942 seront appelés à partir du 1er juillet. Les hommes des classes plus anciennes pourront être désignés pour remplacer en France ceux qui seront désignés pour le départ. » (5) p. 94

Dimanche 2 mai 1943 227

Reçue le 19.05, réponse le 02.06

Bien chère sœur et cher Louis,

Nos vacances de Pâques s'étant bien terminées, mardi matin, nous avons repris le travail et le soir, au retour, j'ai eu l'agréable surprise de me lire sur la liste des colis. J'ai pu donc rentrer en possession de celui des Anciens Prisonniers qui était assez beau et du vôtre[15] portant le n°7. Tous deux étaient en parfait état, seul dans le vôtre le pâté était un peu moisi mais, ce n'était que superficiel et, croyez-le bien je me régale, je le déguste et le fais durer, comme tout ce qui vient de la maison d'ailleurs. Merci pour le torchon. Chère sœur, dans le colis je t'ai renvoyé le vieux, les sandales bleues, un caleçon, trois boîtes métalliques, un cadre porte-photos, deux cadres avec paysage de Cadéac. Vous me direz comment vous les trouvez, c'est un camarade qui me les a faits.

Ce jour, je vous adresse une vignette bleue, une carte à Toulouse, et une à M. Trélut qui est le président des anciens prisonniers de guerre. En outre, je joins à la présente un petit brin de muguet cueilli hier 1er mai, jour de repos. Chère sœur, pourquoi me parler encore d'Hélène, contrairement à ce que tu crois, j'ai été mis au courant de sa maladie par elle-même voilà plus d'un an et avec tous les détails que tu viens de me donner dans ta dernière. Donc, vois-tu, elle ne me l'avait point cachée. Bref, laissons tout là, oui c'est bien malheureux ; ce ne doit pas être gai ni pour elle ni pour les siens, car réellement ça se prolonge un peu de trop, hélas. Qu'y pouvons-nous, nous n'y sommes pour rien, tout au moins je ne crois pas, peut-être pour la souffrance morale. Je regrette que tu ne puisses parcourir ses dernières missives. En ce moment, la chambrée est bien calme, presque tous sont sortis, promenades ou football, car il fait une belle journée. Travail toujours bien assimilable, santé excellente. Espérant que la présente vous trouvera de même ainsi que ma chère maman je vous embrasse de tout cœur. Bonjour aux voisins, amis, etc. Léon

Mercredi 12 mai 1943 228

Reçue le 29.05, réponse le 07.06

Bien chère soeur et cher Louis,

Voilà près d'une semaine que m'est parvenue votre lettre de Pâques. Je n'ai pu y répondre avant, car, ce mois-ci étant de cinq dimanches, les quatre correspondances sont réparties sur la longueur du mois. J'ai également reçu une carte d'Oncle de Marseille me disant qu'il n'a pas de vos nouvelles depuis janvier, mais il est rassuré sachant que tout le monde est bien. Sa santé aussi se maintient malgré que son volume ait sensiblement diminué. Peut-être, ira-t-il sous peu à Toulouse, mais ne sait s'il pourra atteindre Tarbes. Surtout chère soeur, une fois de plus, ne comptez pas sur les bobards des canards, la marge des promesses aux actes est, hélas ! bien trop grande. Peu importe, chaque jour qui passe nous approche de la liberté, de notre si chère liberté, mais je n'espère point arriver détaché comme à une course, j'arriverai avec le gros peloton de queue. Ce même jour, j'envoie une petite carte aux patrons. Je vous adresse aussi un mandat de 50 reichsmarks ainsi qu'une vignette bleue. Au sujet de l'argent, je commence à m'inquiéter, car voilà bien longtemps que vous ne m'en avez accusé réception. Dimanche, je n'ai vu Caparroi n'étant pas sortis ni l'un ni l'autre mais il est toujours bien lui aussi. Il fait des abris à proximité de fermes. Bien chère soeur et cher Louis, je vous serais très reconnaissant si vous pouviez me procurer une paire de souliers, j'en ai grand besoin et aussi, si possible, des bleus de travail. Je ne suis guère riche en chemises, ça devient inquiétant. À part ça, la santé est toujours bonne, le travail étant toujours de mon ressort, tout va bien en attendant mieux évidemment. Je termine en vous embrassant de tout coeur sans oublier maman. Le bonjour aux voisins, amis, etc. Léon

Dimanche 16 mai 1943 229

Correspondance non autorisée et transmise avec la complicité d'un soldat allemand.

Reçue le 20.05 au matin

Bien chère sœur et cher Louis,

Une occasion tant inattendue qu'exceptionnelle s'étant présentée, j'en profite pour vous faire deux mots qui vous parviendront, j'espère, plus rapidement que mon courrier régulier. Depuis la précédente lettre que je vous ai adressée durant la semaine écoulée, rien ne m'est parvenu, ni lettre ni colis. Un soldat étant ici chez lui, permissionnaire et se dirigeant sur Pau, a voulu se faire un plaisir de prendre quelques lettres pour la région ; donc, avec l'espoir que la présente irait bien plus vite, j'ai accepté. Depuis quelques jours, nous jouissons de belles journées, ainsi ça va mieux, car les jours de pluie nous donnent davantage de cafard. Mais, rassurez-vous, en général le moral est bon. Nous attendons tous avec patience, courage et confiance. En ce qui concerne le titre de travailleurs civils, pour nous, le bruit en circule mais, même s'il nous arrivait d'être considérés comme tels, je ne sais si nous bénéficierons immédiatement d'une permission. J'en doute fort, car un roulement serait certainement établi et, comme toujours, j'aurais bien la veine de ne pas être dans les premiers. Donc, surtout n'attachez pas d'importance aux articles des canards et ne comptez pas de trop sur un retour pour ainsi dire immédiat. Je travaille toujours de mon métier, tantôt dans des usines tantôt chez des particuliers. Chez ces derniers, c'est bien plus intéressant, car bons nombres nous donnent à manger. Maintenant, je crois avoir suffisamment causé de moi. Et vous, que devenez-vous ? Je voudrais tant vous revoir bien vite, surtout maman, car j'ai l'impression qu'elle ne doit pas très bien s'imaginer ma situation. Situation qui ma foi, comme vous pouvez en juger, n'est pas si mauvaise que ça car nous pourrions de beaucoup être plus mal ! C'est tout simplement la vie de caserne avec un peu moins de discipline et de liberté aussi et le travail au lieu de l'exercice. Je voudrais tant aussi que tout se termine afin de vous retrouver et m'appliquer à vous prouver avec ardeur ma reconnaissance pour le mal que vous vous êtes donné jusqu'à ce jour pour moi. Je devine trop bien le degré de restrictions auquel vous êtes astreint et les difficultés auxquelles vous vous heurtez pour les à-côtés. Et toi cher Louis, peux-tu, malgré tout ça, aller taquiner la truite ? Elles doivent bien se vendre en ce moment, mais le jardin doit certainement passer avant la pêche. Je vais terminer en vous embrassant tous trois de tout cœur. Bien le bonjour aux amis et patrons, etc. Prochainement, je vous enverrai quelques photos récentes et me ferait aussi une avec Caparroi. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 23 mai 1943 230

Reçue le 10.06, réponse le 12.06

Bien chère sœur et cher Louis,

Après être resté, moi aussi, 15 jours sans nouvelles et aussi sans colis ; hier, j'ai eu enfin le plaisir de pouvoir lire votre lettre du 11 mai ainsi qu'une carte de la famille Estrade sur laquelle on me donne quelques détails sur la nouvelle ligne pyrénéenne. Plus que jamais, l'entraide doit exister, et eux sont suffisamment dévoués pour donner la main à maman si elle en a besoin. Donc, je ne m'en fais point à ce sujet et leur en serai reconnaissant aussi. Enfin, chère sœur, tu m'accuses réception de 1.000 francs. Mais, as-tu reçu le précédent de 600 francs parti début janvier ? Si non, tu pourras faire une réclamation, je la ferai de mon côté. Dimanche, je vous ai adressé une lettre. L'avez-vous reçue ? J'espère aussi que celle du 10 avril vous sera parvenue. Quant à mon tour de perme, pas d'illusions, nous espérons, comme vous, la finale pour bientôt mais ce n'est encore guère clair. Décidément, les deuils se succèdent dans la famille Chalmandrier et parents ; après le père Guilhelmeux pendant la guerre alors que nous étions à Rott au même village, M. Carmouze était parti enterrer sa femme et maintenant la sœur à Mme Marcelle. Tu leur feras part de mes condoléances. Prochainement, je leur adresserai une carte.

Aujourd'hui, j'ai eu la visite de Caparroi. Il vous envoie le bonjour, il est bien, son moral aussi.

Ne vous tourmentez pas pour les colis, ils ne sauraient tarder à arriver. Cela m'arrangerait pour les sabots.

Ci-joint une photo, un peu trouble, un attendant de me faire prendre sous peu avec Caparroi. Je vous adresse aussi une vignette bleue.

Gros baisers à tous trois, patrons, amis, etc. Léon

Dimanche 30 mai 1943 231

Reçue le 09.06, réponse le 21

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine qui vient de s'écouler sans nouvelles mais je ne m'en fais pas outre mesure, car beaucoup de mes camarades attendent comme moi. En revanche, j'ai eu le plaisir de recevoir les colis numéro 9[16] et 10[17]. Ainsi, les sabots me sont parvenus et suis heureux, car ils me vont très bien. Dans ce même colis était un triangle de roquefort et j'en ai mangé avec plaisir, car c'est rarement que nous en recevons. Seul manquait le vin pour le faire descendre. À quand les beaux jours d'antan ? Vivement qu'ils reviennent tant pour vous que pour nous. Il est aussi un colis que je n'ai reçu, celui portant le n° 8. Espérons qu'il n'ait que comme le courrier un simple retard. En parlant de colis, demain, je vais en déposer un à votre adresse renfermant trois cadres porte-photos de ma fabrication, un blaireau pour Louis, mon cache-nez, un portefeuille avec photos et du linge superflu. Ce jour, j'adresse une carte à Mme Poncelet et une à la famille Estrade. Je joins aussi une vignette bleue. Dans l'après-midi, j'ai écouté quelques disques dans une chambre voisine. Ça me rappelait le temps où ensemble nous écoutions la radio. À propos, fonctionne-t-il toujours ? J'irai voir Caparroi. Toujours en parfaite santé et dans l'espoir que la présente vous trouvera de même, je termine en vous embrassant de tout cœur. Votre frère et beau-frère qui ne vous oublie point. Le bonjour aux amis, voisins, patrons, etc. Léon

Note manuscrite de Léonie sur le revers de la correspondance reçue : Ric et Rac sont toujours à leur poste, ils sont calmes, mais ça va quand même, peut-être faudra-t-il les donner, car ce sont des bons avertisseurs.

Juin 1943

Rappel historique, 1er juin 1943 : TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

« Le travail français en Allemagne ne prend tout son sens que si on le considère comme effort volontaire accompli par notre pays pour retrouver la place qui doit être la sienne dans une Europe à la reconstruction de laquelle elle aura collaboré.

Cet effort a déjà abouti à la libération de 100.000 prisonniers et à la transformation du statut de 250.000 autres. La contribution française à la défense commune du continent nous vaudra, on le sait, d'autres avantages. C'est dire l'importance que le Gouvernement attache à un tel problème, dont le président Laval et le gauleiter Sauckel ont, tout récemment, souligné la portée devant les représentants de la presse à Paris.

Ce problème fait d'ailleurs l'objet de négociations constantes entre les autorités françaises et allemandes. À l'heure où de nouvelles opérations concernant la main d'œuvre française en Allemagne sont en cours, marquant une nouvelle étape dont la France ne manquera pas de retirer le bénéfice, et tandis que beaucoup d'inexactitudes et d'interprétations malveillantes ont été répandues à ce sujet, il importe de préciser les conditions dans lesquelles s'effectuent ces opérations. Au début d'avril dernier, il a été décidé entre les gouvernements français et allemand que 220.000 travailleurs français partiraient pour l'Allemagne avant le 20 juin. Le souci dominant du Gouvernement a toujours été d'assurer de la façon la plus équitable la répartition entre tous les Français des charges résultant du travail en Allemagne. On sait que trois classes : les classes 1940, 1941 et 1942 ont été appelées par le Service du Travail Obligatoire. D'une part, un grand nombre de jeunes gens appartenant à ces classes, notamment les agriculteurs, les fonctionnaires de police, les pompiers, les cheminots ont bénéficié de dérogations. D'autre part, une fraction seulement des jeunes gens appelés est partie pour l'Allemagne. Le nouvel effort auquel notre pays doit consentir pour assurer son avenir appelait de nouvelles méthodes. Il eut été, en effet, profondément injuste de faire appel à des hommes plus âgés et souvent chargés de famille. C'est ainsi que le Gouvernement a été amené à prendre, en ce qui concerne le départ des travailleurs français pour l'Allemagne, des mesures nouvelles. Désormais, il sera fait appel aux hommes des plus jeunes classes qui n'ont pas fait la guerre et selon les modalités suivantes :

1° - Jeunes gens de la classe 1942

En ce qui les concerne, les dérogations dont ils bénéficiaient lorsqu'ils étaient agriculteurs, fonctionnaires de police, etc., sont supprimées. Même les jeunes gens de cette classe actuellement employés en France dans les usines d'armement seront soumis à la règle commune, un accord étant intervenu à ce sujet avec les autorités d'occupation. Tous les jeunes gens de la classe 1942, sans exception, devront donc partir pour l'Allemagne.

Les dérogations dont bénéficiaient précédemment un grand nombre d'entre eux s'expliquaient par la nécessité de conserver dans certains secteurs de la vie française la main-d'œuvre indispensable. Certes, cette nécessité subsiste. On verra plus loin que des mesures ont été également prises par le Gouvernement pour y faire face. Mais il apparaîtra à tous les Français qu'en l'occurrence le principe de justice devait passer avant tous les autres. Il est normal que les hommes les plus jeunes, les moins chargés de famille et à qui aucun sacrifice n'a été demandé, soient les premiers à partir.

2° - Jeunes gens des classes 1940 et 1941

En ce qui concerne les jeunes gens appartenant à ces deux classes, il a paru nécessaire de maintenir un certain nombre d'exemptions pour les conserver dans des activités indispensables à la vie économique ou à la sécurité du pays. Les principales de ces exemptions sont celles qui concernent en premier lieu les agriculteurs et, en outre, les cheminots, les fonctionnaires de police, les gendarmes, les mineurs de fond. Tous les jeunes gens de ces deux classes qui ne rentrent pas dans les cas d'exemptions formellement prévus seront désignés pour le travail en Allemagne.

3° - Jeunes gens appartenant au dernier trimestre de la classe

1939

Les jeunes gens nés entre le 1er octobre 1919 et le 31 décembre

1919 seront recensés et appelés pour le service du travail obligatoire au même titre que les jeunes gens de la classe 1940.

Ces jeunes gens n'ont pas été soumis, en effet, aux obligations militaires qu'ont remplies les jeunes gens nés pendant les trois premiers trimestres de l'année 1919. Il a donc paru équitable que les assimiler aux jeunes gens de la classe 1940 dont ils suivront désormais le sort.

4° - Cas des étudiants appartenant aux trois catégories précédentes

Ces étudiants suivent le sort de leur classe. Aucune exemption n'est prévue en leur faveur. Toutefois, il avait été décidé qu'ils bénéficieraient d'un sursis jusqu'au 1er septembre 1943, afin de pouvoir achever leurs études. Des dispositions ayant été prises pour avancer, dans toute la mesure du possible, la date des examens de fin d'année, les étudiants seront mis à la disposition du Commissariat général au service du travail obligatoire à dater du 1er juillet, au fur et à mesure de l'achèvement de leurs études.

5° - Mesures de contrôle

Pour assurer l'exécution des dispositions ci-dessus et éviter qu'aucun des Français appartenant aux classes ci-dessus visées ne puisse se soustraire à ses obligations, des cartes de travail leur seront délivrées.

En conséquence, tous les jeunes gens nés entre le 1er octobre 1919 et le 31 décembre 1922, même ceux qui bénéficient d'une exemption régulière, devront être porteurs de leur carte de travail qui indiquera leur affectation ou leur exemption. La présentation de cette carte sera exigée pour toute justification d'identité.

L'institution de cette carte permettra de rechercher les réfractaires et de sévir contre les insoumissions qui causent un préjudice grave aux opérations du Service Obligatoire du Travail et qui entraînent la convocation supplémentaire de Français qui, plus âgés ou chargés de famille, ne partiraient pas si chacun faisait son devoir.

Tous les Français doivent comprendre qu'à l'heure actuelle ils sont solidaires devant le travail et qu'il appartient au Gouvernement de donner à chacun d'entre eux son affectation.

Le Gouvernement est décidé à ne tolérer ni embusqués, ni insoumis, ni déserteurs. Ces mauvais Français, qu'ils en soient sûrs, ne seront pas les « profiteurs » de ceux qui font honnêtement leur devoir. On a vu plus haut que la suppression de toute dérogation pour les jeunes gens de la classe 1942 aura pour effet le départ en Allemagne d'un certain nombre de jeunes gens travaillant dans des secteurs, notamment l'agriculture, dont le bon fonctionnement est indispensable à la vie économique du pays. C'est pourquoi un certain nombre d'hommes n'appartenant pas aux trois jeunes classes devront être appelés. Ils ne sont pas destinés à partir pour l'Allemagne, mais à prendre la place, en France, dans l'agriculture et dans l'industrie, de ceux qui, plus jeunes, partiront pour l'Allemagne. Ils seront choisis dans des catégories professionnelles qui jusqu'ici ont été le moins touchées par les opérations de relève et s'ils doivent momentanément quitter leurs activités habituelles, ce sera pour être employés à des tâches plus urgentes.

Chacun doit faire preuve de discipline et de dévouement. Le devoir civique n'est pas moins impérieux que le devoir militaire. Le Gouvernement a voulu — et les mesures qu'il vient de prendre en sont la preuve — que celui-là s'accomplisse dans le même esprit de justice que s'accomplissait autrefois celui-ci. Ainsi l'égalité devant les sacrifices ne sera pas un vain mot, c'est au surplus l'avenir même de la France qui est en jeu. (Informations générales, pp. 388-391 / Ministère Intérieur 1943-144)

2 juin 1943 : COMMISSARIAT GÉNÉRAL AUX QUESTIONS JUIVES Directions régionales

« Un arrêté du 2 juin (J.O. du 8 juin) a décidé que les services du Commissariat Général aux Questions Juives sont assurés par une administration centrale, par des directions régionales et par des bureaux locaux rattachés à celles-ci.

Les directions régionales sont les suivantes :

Lille, Laon, Rouen, Nancy, Châlons-sur-Marne, Dijon, Orléans, Angers, Rennes, Poitiers, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Limoges,

Toulouse (avec annexe à Montpellier), Marseille (avec annexe à

Nice).

Dans les départements de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, l'action régionale est assurée directement par les services centraux de Paris.

La compétence de chaque direction régionale s'étend au territoire dépendant de la préfecture régionale dans laquelle elle est située et de celles où sont installées des annexes. » (Informations générales, p. 455 / Ministère Intérieur 1943-146)

5 juin 1943 : SERVICE DU TRAVAIL OBLIGATOIRE

Jeunes gens de la classe 1942

« Le 1er juin, le Gouvernement a fait connaître que tous les jeunes gens, appartenant à la classe 1942, mobilisés au titre du Service du travail obligatoire, partiraient pour l'Allemagne sans aucune exception.

Le 5 juin, le Chef du Gouvernement a défini le motif qui avait inspiré cette décision : celui de répartir avec le maximum d'équité, entre tous les Français, les charges du travail obligatoire en faisant appel aux classes les plus jeunes au bénéfice des hommes plus âgés.

Toutefois, les jeunes gens de la classe 1942 travaillant sur les chantiers Todt avaient été provisoirement maintenus sur place. Mais, aucune exception n'étant désormais admise, il a été récemment décidé que ces jeunes gens partiraient pour l'Allemagne avec l'ensemble de leur classe, au titre du contingent des 220.000 travailleurs qui doit être fourni dans le cadre de la relève. » (Informations générales, p. 532 / Ministère Intérieur 1943-148)

6 juin 1943 : « M. Churchill, venant des États-Unis, rentre à Londres après avoir rencontré à Alger les Généraux de Gaulle et Giraud. » (5) p. 100

7 juin 1943 : « Nouvelle loi sur les loyers. Elle ne prévoit aucune augmentation jusqu'au 1er juillet 1944. Les hommes travaillant en Allemagne sont maintenus de plein droit dans les locaux loués avant leur départ. » (5) p. 104

INSTITUTION D'UNE CARTE DE TRAVAIL

« Une loi du 31 mai (J.O. du 1er juin) a décidé qu'à partir du 7 juin 1942, tous les Français et ressortissants français résidant sur le territoire français et astreints au service obligatoire du travail en vertu des décrets pris en application de la loi du 16 février (J.O. du 17 février, voir I.G. n° 130, p. 292), devront être titulaires de la carte du travail du modèle prévu par les instructions prises conformément à cette loi et délivrée par le préfet de leur domicile ou de leur résidence.

Ils seront astreints à présenter cette carte à toute réquisition.

La présentation de la carte du travail sera obligatoirement exigée à l'occasion de toute vérification d'identité et de toute formalité administrative impliquant cette vérification. Un emprisonnement de six mois au moins et de trois ans au plus, sans préjudice des peines plus graves qui pourraient être encourues, frappera :

1° - Toute personne qui aura fabriqué une fausse carte de travail ou falsifié une carte de travail originairement véritable, ou fait usage d'une carte du travail fabriquée ou falsifiée ;

2° - Toute personne qui se sera fait délivrer une carte de travail comportant des mentions qui ne lui sont pas applicables, ou aura fait usage d'une telle carte, ou aura concouru à en faire délivrer une à autrui ;

3° - Toute personne astreinte à posséder la carte du travail qui se sera abstenue, sans raison valable, de se faire délivrer cette carte. En outre, sera déférée à la section spéciale et punie des travaux forcés à perpétuité toute personne qui aura imprimé des fausses cartes de travail. Les titulaires de la carte du travail devront en être porteurs et pouvoir la présenter à toute réquisition sous peine d'un emprisonnement de six jours à un mois et d'une amende de 200 à 1.000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement. » (Informations générales, pp. 431-432 / Ministère Intérieur 1943-145)

10 juin 1943 : RÉPRESSION ADMINISTRATIVE DU MARCHÉ NOIR. Renforcement

« En dépit d'avertissements répétés, trop de gens se refusent à prendre leur part des sacrifices alimentaires imposés à la nation. D'autres vont jusqu'à exploiter la détresse du pays pour asseoir des fortunes dont la constitution, dans les circonstances actuelles, revêt le caractère d'une véritable provocation.

Le Gouvernement est décidé à mettre un terme à ces abus. Il vient, à cet effet, de prendre une série de mesures inscrites dans deux textes de lois du 8 juin parus au J.O. du 10 juin et qui, par un renforcement sensible de la répression administrative, doivent permettre de frapper plus sévèrement et plus rapidement les infractions aux règles des prix et du ravitaillement dont se rendent coupables les trafiquants du marché noir.

1° - Amendes et confiscations administratives

Leur montant est porté à 100.000 francs pour les amendes infligées soit dans les départements par les directeurs du contrôle économique, soit à l'échelon central par le ministre secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement, ou par le directeur général du contrôle économique.

Par ailleurs, le Comité contentieux, institué par la loi du 31 décembre 1942, peut prononcer désormais, indépendamment d'une amende atteignant 10 millions de francs, la confiscation de l'intégralité des produits saisis.

Enfin, le recouvrement de ces pénalités est assorti des garanties habituelles, et en particulier de la contrainte par corps.

2° - Fermeture et interdiction d'exercer la profession

En matière d'infractions à la législation des prix, l'application de ces sanctions était liée, jusqu'à présent, à la transmission des affaires au Tribunal. Elle en est, désormais, rendue indépendante, c'est-à-dire qu'elle peut accompagner une sanction administrative d'amende et de confiscation. La durée de la fermeture peut atteindre deux années, celle de l'interdiction peut être illimitée.

Le Gouvernement est décidé à user de ces armes chaque fois qu'il apparaîtra nécessaire d'éliminer de la vie économique les entreprises et les individus qui s'y seront révélés indésirables.

Publicité et affichage

Enfin, les sanctions d'amende et de confiscation pourront, désormais, et dans tous les cas, être l'objet de mesures d'insertion dans les journaux et d'affichage au domicile des délinquants et aux sièges de leur exploitation.

On n'hésitera pas à recourir à ces mesures pour désigner au public les individus qui, en soustrayant des produits et denrées qui sont destinés au marché régulier, commettent un véritable crime économique.

Il convient, en outre, d'ajouter que la procédure des amendes et confiscations administratives est immédiatement applicable au règlement des affaires non encore transmises au Parquet, quelle que soit la date à laquelle l'infraction a été commise. De même, les garanties de recouvrement, et en particulier la contrainte par corps, peuvent être mises en œuvre pour obtenir le paiement des amendes et confiscations administratives dont les délinquants se trouvent encore débiteurs. Si les lois nouvelles n'y apportent pas de modification notable, il est rappelé que le recours à l'internement administratif demeure) ouvert, ainsi que l'envoi aux tribunaux, et notamment aux tribunaux spéciaux, fonctionnant dans le cadre de chaque Cour d'appel, et habilités à infliger des peines allant jusqu'à la confiscation des biens, les travaux forcés et la mort.

S'insérant dans le cadre des autres dispositions actuellement en vigueur et qu'elles ont pour objet de compléter, les lois nouvelles renforcent la gamme des sanctions applicables contre les trafiquants du marché noir et dont le Gouvernement est décidé à faire un usage aussi large qu'il sera nécessaire pour mettre un terme à des agissements qu'il ne saurait tolérer plus longtemps. » (Informations générales, pp. 502-504 / Ministère Intérieur 1943-147)

11 juin 1943 : CONSEIL DES MINISTRES

« Le Conseil des ministres s'est réuni le 11 juin, au Pavillon Sévigné, sous la présidence du Maréchal de France, chef de l'État.

Le Chef du Gouvernement a mis le Conseil au courant des conditions dans lesquelles s'effectue actuellement le départ des travailleurs pour l'Allemagne. Il a fait adopter le texte d'une loi qui paraîtra au J.O. et qui a pour objet de rechercher et de punir ceux qui auront provoqué ou facilité la désobéissance à la loi sur le service du travail obligatoire.

Le Conseil a procédé ensuite à l'examen d'un certain nombre de questions intéressant le ravitaillement. Le président Laval et M. Max Bonnafous, ministre-secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement, ont exposé les mesures qui ont été envisagées pour une répression plus efficace du marché noir.

M. Gabolde, garde des Sceaux, ministre-secrétaire d'État à la Justice, a fait approuver par le Conseil un certain nombre de déchéances de la nationalité française. »

(Informations générales, p. 453 / Ministère Intérieur 1943-146)

12 juin 1943 : SERVICE DU TRAVAIL OBLIGATOIRE. Sanctions

« Le J.O. du 12 juin a publié une loi du 11 juin qui a pour objet de rechercher et de punir ceux qui auront provoqué ou facilité la désobéissance à la loi du 4 septembre 1942 (J.O. du 13 septembre 1942, voir I.G. n° 108, p. 555) et à la loi du 16 février (J.O. du 17 février, voir I.G. n° 130, p. 292), relatives au service du travail obligatoire.

Ils pourront être l'objet d'une mesure d'internement administratif. En outre, le préfet pourra prononcer une amende administrative de 10.000 à 100.000 francs contre quiconque, y compris les membres de la famille de l'intéressé, auront sciemment hébergé, aidé ou assisté, par quelque moyen que ce soit, toute personne qui se serait soustraite aux obligations du service du travail obligatoire.

Les mêmes sanctions seront applicables à quiconque aura incité les personnes appelées par le Service du Travail Obligatoire à se dérober à leur devoir. » (Informations générales, pp. 464-465 / Ministère Intérieur 1943-146)

VICTIMES DE LA GUERRE

Secours temporaires

Un secours de 1500 francs par personne pour les sinistrés qui ont tout perdu, et de 1.000 francs pour les sinistrés partiels, sera désormais accordé aux victimes d'actes de guerre. Le décret du 13 mai (J.O. du 12 juin) stipule encore que « les bénéficiaires de ce secours de première urgence pourront prétendre, en outre, au remboursement des frais de transport jusqu'à leur nouveau domicile, du mobilier qu'ils auront pu éventuellement récupérer dans l'agglomération sinistrée ».

S'ils sont nécessiteux, ils auront droit, en outre, pendant une période qui ne pourra excéder six mois, au logement en nature ou à une indemnité de logement, chauffage, éclairage, calculée comme celle prévue pour les réfugiés. » (Informations générales, p. 504 / Ministère Intérieur 1943-147)

13 juin 1943 : ADMINISTRATION RÉGIONALE

Intendants de police

« Nominations et élévations de classe.

M. Heyl, intendant de police de 3e classe, adjoint à l'intendant de police de la région de Toulouse a été nommé intendant de police de 2e classe et adjoint en cette qualité à l'intendant de police de la région de Lyon.

M. Dangelzer, sous-préfet d'Autun, a été nommé intendant de police de 2e classe de la région de Toulouse, en remplacement de :

M. Danglade, appelé à d'autres fonctions.

M. Hornus a été nommé intendant de police de 3e classe et adjoint, en cette qualité, à l'intendant de police de la région de Toulouse. (J.O. du 13 juin.) » (Informations générales, pp. 490-491 / Ministère Intérieur 1943-147)

15 juin 1943 : « Hollande : Des mesures relatives à la mobilisation de travailleurs devant partir pour l'Allemagne sont prises pour l'ensemble du pays. » (5) p. 98

24 juin 1943 : TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

Protection sanitaire

« Une loi du 28 avril (J.O. du 24 juin) a décidé que des praticiens des deux sexes : docteurs en médecine, pharmaciens et dentistes diplômés, ainsi que des étudiants en médecine, en pharmacie et en art dentaire, pourront être requis par le commissariat général à la Main d'œuvre en Allemagne, pour permettre d'assurer la protection sanitaire de la main d'œuvre française.

Le secrétariat d'État à la Santé et à la Famille effectuera un recensement du personnel sanitaire susceptible d'être requis. À cet effet, le Conseil supérieur de l'Ordre des Médecins et le Conseil supérieur de la Pharmacie lui désigneront, en tenant compte des situations d'âge, de famille, des services de guerre, ainsi que des considérations d'intérêt général, les médecins, les pharmaciens et les dentistes inscrits au tableau de leur ordre ou à la chambre départementale de leur profession et susceptibles d'être requis.

Un arrêté ultérieur fixera les conditions dans lesquelles les étudiants en médecine, en pharmacie et art dentaire, pourront participer à cet encadrement sanitaire de la main d'œuvre en Allemagne.

Des sanctions sont prévues contre ceux qui tenteraient de se soustraire à ces dispositions. » (Informations générales, p. 531 / Ministère Intérieur 1943-148)

26 juin 1943 : COMMISSIONS NATIONALES DE RECLASSEMENT

« Un arrêté du 31 mai (J.O. du 26 juin) a créé des commissions de reclassement des prisonniers de guerre rapatriés dans les familles des assurances, des banques, du bâtiment et des travaux publics, des cafés, hôtels, restaurants, du cuir, de l'eau, gaz, électricité, de l'habillement, de l'hygiène, des industries chimiques, des matériaux de construction, de la transformation des métaux, de la production des métaux, des métiers d'art et articles divers, du papier et carton, des pelleteries et fourrures, des professions juridiques de la santé: du sous-sol, des spectacles, de la fabrication des tissus, des transports, du verre. » (Informations générales, pp. 530-531 / Ministère Intérieur 1943-148)

30 juin 1943 : FONCTIONNAIRES PRISONNIERS DE GUERRE

Transformation en travailleurs libres

« Le ministère de l'Économie nationale et des Finances fait connaître qu'aux termes de la réglementation actuellement en vigueur, la transformation d'un fonctionnaire prisonnier de guerre en travailleur libre n'influe nullement sur sa situation administrative. En conséquence, les soldes et indemnité différentielle auxquelles il peut prétendre, ainsi que les délégations qu'il peut avoir consenties, doivent être maintenues. » (Informations générales, p. 531 / Ministère Intérieur 1943-148)

Dimanche 6 juin 1943 232

Reçue le 25.06, réponse le 01.07

Bien chère sœur et cher Louis,

Ce matin, j'ai quitté le camp à 8 heures pour aller voir un film en français. Nous étions plusieurs dizaines des trois compagnies. Caparroi y était avec moi. J'ai passé la journée avec lui. Il est très content de son travail, il fait des petits travaux de défense chez des particuliers.

Jean Caparroi

Depuis quelque temps, il ne fait point beau, la pluie, toujours la pluie et pas très chaud. Où est notre température du Midi ? Durant cette dernière semaine, j'ai été vraiment gâté en correspondance. Me sont parvenus vos lettres des 21 et 24 mai, votre colis[18] n° 11 du 16 mai et la carte de Cadéac du 19 mai. Dans votre colis, j'ai été très heureux de la saucisse : nous en avons mangé hier au soir avec une purée au lait. C'était délicieux. Ce matin, j'en ai apporté un bout à Caparroi, car lui aussi pense à moi lorsqu'il reçoit ses colis. Je suis très heureux que mon courrier vous parvienne avec rapidité. La lettre du 16, en effet, n'a pas tardé. Le colis était-il en bon état et complet ? De la façon dont tu me parles de ton voyage mouvementé, je devine bien que tu as dû avoir des ennuis, pas trop conséquent, j'espère, pour l'eau de Lourdes dans un petit flacon soigneusement enveloppé pour le parer des coups, tout simplement. Tu donneras le bonjour à tous les Cadéacois, Jean Minvielle, Jean Picassette, etc. Louis, gendarme : il était encore jeune quand je suis parti. À propos, vous pourriez peut-être demander chez eux, rue Massey, pour des chaussures. Est-ce toujours le commandant Deyris ? Beaucoup de copains ont eu satisfaction. Vous saurez me dire lorsque Jean-Marie reviendra ! Je termine en vous embrassant de tout coeur. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 13 juin 1943 233

Reçue le 08.07 au soir, réponse le 09.07

Bien chère sœur et cher Louis,

Cette dernière semaine, j'ai le plaisir de lire votre carte du 29 mai et votre lettre du 26. Toujours heureux de vous savoir, tous trois, en bonne santé. Bien chère sœur, en ce qui concerne le vestiaire, du moment que tu ne peux en trouver, ne m'en envoie pas, car pour l'instant j'ai ce qu'il me faut ainsi qu'en chaussures. Donc, ne m'envoyez rien jusqu'à nouvel ordre. Des chaussures, des parents de copains en ont eu par l'intermédiaire des gendarmeries. Si Louis y connaît quelqu'un, il pourrait toujours en causer et s'il parvenait à en avoir : elles me serviraient pour l'hiver. Les sabots me vont bien, mais gros consommateurs de chaussettes. C'est pourquoi, avec, je mets des chaussons de drap. Je vois aussi que l'argent vous parvient assez vite. Hier, à nouveau, j'ai déposé 50 marks. Surtout, n'hésitez pas à vous en servir tant pour vous que pour maman. C'est uniquement pour ça que je vous les envoie. Cet après-midi, j'ai été me promener avec Caparroi. Nous avons aussi assisté à un match de football. Par le même courrier, je vous adresse une vignette bleue ainsi qu'une carte à maman qui doit se sentir encore plus seule surtout si vos voyages sont toujours suspendus. Je ne me souviens pas si je vous ai causé du dernier colis que je vous ai adressé. Il est parti voilà quelques jours et renferme, moufles, cache-nez, trois cadres, deux cahiers, un portefeuille et photos, un blaireau, deux livres, un mouchoir, une serviette, un béret, une ceinture ornée de boutons, un par mois de captivité et enfin une paire de chaussettes. Je commence à désespérer de recevoir votre colis[19] n° 8, décidément, il se fait attendre. Demain lundi de Pentecôte, nous avons repos. Une semaine raccourcie, voilà qui fait plaisir de temps en temps. Tout va pour le moment. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Courage et confiance. Le bonjour aux voisins, amis, patrons, etc. Léon

Dimanche 13 juin 1943 234

Réponse le 13.07

Bien chère maman,

Dorénavant, je viendrai plus souvent par ces quelques lignes te donner de mes nouvelles et en prendre des tiennes. J'espère qu'un remède sera porté à cet isolement entre toi et Léonie. Chère maman, surtout, ne te fatigue pas de trop, fais-toi aider, paie si c'est nécessaire ou autrement à mon retour je saurai rendre service à ceux qui ont été assez aimables pour t'en rendre. Je suis toujours très bien et désire que la présente te trouve aussi bien. Le bonjour aux voisins, famille Estrade, etc.

Ton fils qui ne t'oublie point. Léon

Lettre missive reçue le 21.06.1943

Französisch

AVIS[20]

Ne sont plus délivrés tous les paquets contenant pour le destinataire des communications écrites et des objets interdits ou qui, par la manière de leur emballage, peuvent échapper au contrôle (objets de toutes sortes constituant des moyens d'évasion).

Les objets interdits sont les suivants :

  • Argent et monnaie de toutes sortes, de toutes valeurs monétaires et de tous États.
  • Vêtements civils pour les prisonniers de guerre (les internés civils exceptés) et vêtements de dessous pouvant être portés comme vêtements civils (chandails et pull-overs autorisés).
  • Brassard des services sanitaires pour ceux, qui n'y ont pas droit.
  • Armes et instruments susceptibles d'être utilisés comme armes, grands couteaux de poche et ciseaux.
  • Munitions et explosifs.
  • Instruments pouvant servir à des tentatives d'évasion ou à des actes de sabotage.
  • Machines à copier et autres multiplicateurs, papier carbone et papier à calquer.
  • Boussoles, havresacs, cartes géographiques, appareils photographiques, jumelles, loupes.
  • Lampes électriques, briquets, mèches, bougies.
  • Alcool et spiritueux.
  • Alcool solidifié, objets et matières facilement in­flammables, radiateurs.
  • Appareils téléphoniques, postes émetteurs et récep­teurs et pièces de rechange pour ces appareils.
  • Médicaments de toutes sortes et sous toutes formes, tubes de vaseline, sel ammoniac (en grains ou dissous) et ammoniaque liquide.
  • Alcool et spiritueux, jus de fruits, produits chimiques, acides.
  • Livres et imprimés d'un contenu douteux ou indécent, journaux étrangers, livres avec des cartes géographi­ques annexées.
  • Papier à cigarettes et fume-cigare eu papier.
  • Papier de papeterie et de toutes sortes, carnets et calepins, papier à lettres, cartes postales. Pommes de terre.

N. B. Les livres autorisés doivent être expédiés séparément ou en paquets de dons patriotiques, de la Croix-Rouge. Les paquets doivent être emballés solidement, bien serrés et ficelés avec soin afin d'éviter des pertes et des vols.

Dimanche 20 juin 1943 235

Reçue le 17.07, réponse le 19

Bien chère sœur et cher Louis,

C'est à l'avant-veille de mon troisième anniversaire de gefange que je vous adresse cette lettre. J'espère bien que c'est le dernier que nous passons ici, après quoi nous irons revoir notre chère terre de France et retrouver tous ceux qui nous y sont chers. Il serait temps. Ce matin, j'ai eu le plaisir de recevoir votre beau colis[21] n° 12, il m'est parvenu en parfait état et vous remercie surtout pour boîte de lapin, saucisse, saucisson et aussi pour les chaussettes. Durant cette dernière semaine, je n'ai point eu de lettres mais, je ne m'en fais pas outre mesure, car la plupart de mes camarades sont dans le même cas. Tu remercieras bien Ridel pour les chaussettes puisque c'est lui qui les a données car je lui ai écrit voilà à peine 15 jours. Aujourd'hui, j'enverrai ma carte à la famille Chalmandrier en y joignant condoléances. Ce jour, je vous adresse une vignette bleue. Après plusieurs journées de mauvais temps, pluie et froid, ce matin le soleil a apparu et toute la journée il a fait une chaleur formidable. Je ne sais si ça durera longtemps, le temps est tellement capricieux ici. Pouvez-vous aller voir maman encore, la ligne s'est-elle assouplie ? C'est ennuyeux, elle doit s'en faire du mauvais sang. Pour ma part, ça va toujours bien, toujours pareil. Espérant que la présente vous trouvera en parfaite santé à tous trois, je termine en vous embrassant de tout cœur. Léon

Dimanche 27 juin 1943 236

Reçue 20.07, réponse le 23

Bien chère sœur et cher Louis,

Voici deux jours, j'ai eu enfin le grand plaisir de recevoir une de vos lettres : elle était postée du 07/06 et j'ai été très heureux d'apprendre, chère sœur, que tu étais en possession du sauf-conduit : en lisant votre lettre du 13/06 reçue hier, j'ai pu voir que tu avais dû faire prolonger le sauf-conduit, donc, il n'est pas permanent. Le contraire m'eût étonné, complications, toujours complications, ça ne change pas, lorsqu'il s'agit de paperasses : pourtant étant employés de l'État vous pourriez être exemptés de toutes ces formalités. Votre identité est suffisamment établie. Aujourd'hui dimanche, j'ai été voir Caparroi, tous deux plus deux de ses copains avons été promener : nous avons ramassé des champignons et cueilli fraises et myrtilles. Bref, nous avons passé une bonne après-midi, mais de beaucoup nous aurions mieux aimé être dans les bois des environs de Bagnères. Quand les reverrons-nous. Nous nous en sommes posé la question, l'année prochaine j'espère bien. Au sujet des dents, en effet, il m'en manque deux qui avaient été plombées et, s'étant cassées, j'ai dû les faire extraire et, il ne m'en manque suffisamment pour pouvoir les faire remettre. Comme tu l'as constaté, j'ai aussi maigri un peu. Dernièrement, j'ai eu un commencement d'angine, trois jours couché avec fièvre, le reste de la semaine, repos. Enfin, ceci est passé, est rassure-toi sous peu il n'en paraîtra plus rien. Bien chère sœur et cher Louis, je sais que vous vivez aussi de bien mauvais jours, luttons tous avec courage et persévérance, toujours avec l'espoir d'un résultat rapproché et favorable. Gros baisers à tous trois. Léon

Juillet 1943

Rappel historique, 1er juillet 1943 : « Le général Catroux reçoit du Comité d'Alger tous les pouvoirs pour diriger les affaires administratives françaises en Algérie. » (5) p. 94

« Important bombardement de Cologne par des bombardiers britanniques. » (5) p. 75

ACTES DE TERRORISME. Répression

« Des actes de terrorisme heureusement exceptionnels viennent d'être commis par de véritables bandes de malfaiteurs qui n'ont pas hésité à s'attaquer non seulement à la propriété, mais aussi à la vie des gendarmes chargés d'assurer la sécurité publique, ou de particuliers demandant simplement la réparation de dégâts ou de rapines dont ils venaient d'être les victimes.

Le gouvernement a décidé de mettre un terme rapide à de tels agissements ; à cet effet, il a étendu la compétence des sections spéciales à tous les actes ayant pour objet de provoquer ou de soulever un état de rébellion contre l'ordre social légalement établi. Seront désormais justiciables de ces tribunaux les membres des associations de malfaiteurs organisées en vue de commettre des crimes et des délits, soit contre la sûreté intérieure ou extérieure de l'État, soit contre les personnes ou les propriétés. Seront ainsi frappés les chefs et les affiliés des bandes d'obédience communiste qui seraient tentés de se livrer à des actes de terrorisme à l'imitation de quelques attentats signalés ces temps derniers en Haute-Savoie et dans le Massif central. Ceux qui se feraient leurs complices en leur fournissant notamment des armes, un logement ou des vivres subiront le même sort. Maintenir l'ordre public, protéger la vie humaine et assurer la tranquillité des foyers, telles sont les pensées essentielles qui ont présidé à l'élaboration de la loi qui vient d'être promulguée. Le législateur a saisi cette occasion d'apporter plus de simplification et de rapidité dans la procédure des affaires de la compétence des sections spéciales. C'est ainsi que les prévenus ne pourront retarder par des moyens de procédure leur comparution rapide devant la juridiction de jugement. Dans le même ordre d'idées, le juge, dont l'action se trouvait parfois gênée par les règles de compétence trop étroites, pourra accomplir par lui-même, hors du territoire de sa circonscription, tous actes nécessaires à la manifestation de la vérité.

La loi nouvelle codifie les dispositions déjà prises contre les dangers du communisme en s'inspirant à la fois des résultats de l'expérience et des nécessités de la lutte actuelle contre sa forme terroriste. » (Informations générales, pp. 7-8 / Ministère Intérieur 1943-149)

4 juillet 1943 : COLIS FAMILIAL. Nouvelle composition

Le régime des colis familiaux dont le poids est désormais limité à 25 kg, vient, d'être modifié par un arrêté du 1er juillet publié au J. O. du 4 juillet.

Les quantités maxima de denrées que les colis peuvent contenir sont les suivantes :

Abats ou triperie fraîche provenant de l'abatage familial : 1 kg.

Fruits frais et agrumes autres que les châtaignes, les marrons, les noix et cerneaux :10 kg.

Châtaignes, marrons, noix et cerneaux, pruneaux et prunes séchées : 2 kg.

Légumes frais, autres que les pommes de terre, les oignons, les aulx, les artichauts, les asperges, les champignons de couche, les haricots frais, les haricots frais à écosser et les petits pois : 20 kg.

Artichauts : 10 kg ; asperges : 5 kg ; champignons de couche : 2 kg ; haricots frais :10 kg ; haricots à écosser : 10 kg ; petits pois : 10 kg ; conserves de fruits et de légumes : 5 kg ; conserves de poissons : 1 kg ; gibier ou une pièce quel qu'en soit le poids : 5 kg ; volailles ou lapins ou pièce quel qu'en soit le poids : 3 kg ; poissons d'eau douce transportés exclusivement par colis à main et destinés à la consommation familiale : 5 kg ; poissons de mer frais, céphalopodes, crustacés marins, coquillages et moules transportés exclusivement par colis à main et destiné à la consommation familiale : 5 kg ; œufs : 2 douzaines. » (Informations générales, pp. 68-69 / Ministère Intérieur 1943-150)

5 juillet 1943 : MATÉRIEL ÉLECTRIQUE ET RADIOÉLECTRIQUE

Vente

« Le ministère de la Production industrielle rappelle que, aux termes de l'arrêté du 5 juin, « il est interdit aux entreprises vendant directement au public de vendre, mettre en vente, louer ou échanger, tous appareils électros domestiques » dont la liste publiée au J.O. du 9 juin comprend huit catégories d'articles :

— Matériel électrique pour le chauffage total des locaux ;

— Matériel électrique professionnel ;

— Petit matériel électro domestique chauffant ; - Matériel électrique pour chauffage d'appoint des locaux ; - Chauffe-eau électriques ;

— Matériel de cuisine domestique ; - Appareils mixtes ; - Matériel dit électro domestique tournant.

Par voie de conséquence, les entreprises visées ne peuvent plus exposer ces articles en vitrine ni dans les magasins de vente. Ces mêmes articles peuvent néanmoins être vendus à l'acheteur qui remet, à l'appui de sa commande, soit un bon de réquisition en double exemplaires des autorités d'occupation, soit un bon d'achat pour lequel des instructions ultérieures seront données en temps utile par le Comité d'Organisation de la Distribution et de Vente du Matériel électrique et Radio électrique. » (Informations générales, pp. 89-90 / Ministère Intérieur 1943-151)

CHAUSSURES

Exposition en vitrine

« Par décision du Comité d'organisation du commerce de la chaussure, il est désormais interdit aux commerçants d'exposer à l'étalage des chaussures de catégorie « usage ville » pour hommes et pour femmes. » (Informations générales, p. 92 / Ministère Intérieur 1943-151)

7 juillet 1943 : CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA HAUTE-GARONNE

« Ont été nommés membres du Conseil départemental de la Haute-Garonne :

MM. Pascal Artigues, Pierre-Désiré Barbe, René Bastide, Émile Berseille, André Bordes, Antoine Cadeac, Augustin Cadeac, Félix Carrade, Hippolyte Clavet, Louis Delherm, Marc Dufraisse, Augustin Ducap, Émile Ducasse, Joseph Esquirol, Antoine de Gaulejac, Guillaume Germes, Michel Goulard, André Haon, François Jaurreguibery, André Lacroix, Henri de Lapasse, Raymond Manens, Raymond Monna, Henri Peyrusse, Jules Pigasse, Paul Ramon, Jean Saint Gaudens, Guillaume Saint Geniest, Louis Saint Paul, Armand Théodore Joseph Sarramon, François Seguier, Marcellin Vives, François de Voillemont.

Le bureau du Conseil départemental est ainsi composé : Président, M. Joseph Esquirol. Vice-Présidents, MM. Raymond Monna, Jules Pigasse. Secrétaires, MM. André Bordes, Antoine Cadeac, Émile Ducasse, Antoine de Gaulejac, André Lacroix, François de Voillemont. (J. O. du 7 juillet). » (Informations générales, p. 45 / Ministère Intérieur 1943-150)

TRACTEURS AGRICOLES

Adaptation obligatoire de gazogènes

« La pénurie d'essence rend de plus en plus nécessaire l'usage des moteurs utilisant les combustibles solides. Une loi du 6 juillet (J. O. du 7 juillet) rend obligatoire l'adaptation d'un gazogène sur les tracteurs agricoles. Les licences seront réparties dans chaque département par l'ingénieur en chef du génie rural, qui en reçoit trimestriellement un contingent spécial. Si le nombre de licences du contingent trimestriel dépasse celui des licences demandées, la différence est répartie d'office entre les agriculteurs utilisant des tracteurs transformables par une commission comprenant le préfet ou son délégué, président, le Syndic régional de l'Union régionale corporative, l'ingénieur en chef du Génie rural et le directeur des Services agricoles. Les agriculteurs désignés devront immédiatement entreprendre la transformation imposée.

Dans chaque département, le délégué désigné par le Comité d'organisation du machinisme agricole se tiendra constamment au courant des possibilités d'adaptation des gazogènes sur les tracteurs agricoles, il renseignera les agriculteurs et l'ingénieur en chef du Génie rural. Celui-ci, compte tenu de ces indications, pourra lorsqu'il attribuera les licences, réduire les délais prévus par l'instruction interministérielle du 30 janvier des secrétaires d'État à la Production industrielle et aux Communications, à l'Agriculture et au Ravitaillement et faire connaître à l'agriculteur, l'atelier dans lequel devra être effectuée la transformation du tracteur. Tout agriculteur qui, sans raison valable, aura commis une infraction aux dispositions qui précèdent sera passible d'une amende de 10.000 à 50.000 francs ; en outre, il pourra être procédé à la réquisition, sans indemnité, du matériel non transformé, qui sera mis à la disposition de la Commission départementale prévue par l'article 2 de la loi du 2 avril (J. O. du 3 avril ; voir I. G. n° 136, p. 19), relative à l'emploi collectif des moyens de production en agriculture. » (Informations générales, pp. 63-64 / Ministère Intérieur 1943-150)

13 juillet 1943 : ADMINISTRATION RÉGIONALE

Nomination d'un intendant de police

« Par arrêté du chef du gouvernement, ministre secrétaire d'État à l'Intérieur, en date du 12 juillet (J. O. du 13 juillet), M. Barthelet, contrôleur général de la police nationale, a été nommé intendant de police de 3e classe de la région de Toulouse, en remplacement de M. Dangelzer, placé, sur sa demande, dans la position de disponibilité. » (Informations générales, p. 86 / Ministère Intérieur 1943-151)

14 juillet 1943 : « Bombardement de la banlieue parisienne. Violent raid britannique sur Aix-la-Chapelle. » (5) p. 75

15 juillet 1943 : « Une loi organise le marché des céréales pour la récolte de l'année. Elle prévoit l'évaluation et la fixation des prix. Le prix du blé pour la campagne 1943 est fixé à 410 francs le quintal ; celui du seigle s'élève à 340 francs le quintal. L'avoine sera payée 269 francs le quintal, l'orge 290 francs et le sarrasin 338 francs. » (5) p. 105

MACHINES PARLANTES

Interdiction de fabrication et de vente

« Une décision du répartiteur-chef de la Section des Produits finis et des matières diverses de l'Office Central de répartition des produits industriels en date du 2 juillet (J. O. du 7 juillet) a interdit la fabrication et la vente des machines parlantes, à l'exception des amplificateurs de sons destinés au cinéma.

La présente décision s'applique aux appareils à musique dits phonographes, tourne-disques, électrophones, pick-up, pièces détachées et accessoires, à dater du 15 juillet. » (Informations générales, p. 56 / Ministère Intérieur 1943-150)

16 juillet 1943 : RÉQUISITION DES PERSONNES

« Une loi du 15 juillet (J. O. du 16 juillet) a décidé qu'à dater du 11 novembre 1942 et jusqu'à une date qui sera fixée par décret, les préfets disposent du droit d'effectuer les réquisitions de personnes pour assurer l'exécution des mesures, entraînées par la présence des troupes d'opérations allemandes et italiennes en zone non occupée. Ces réquisitions pourront s'appliquer aux Français et aux étrangers de l'un et l'autre sexe, âgés de 18 à 65 ans. Les préfets pourront exercer directement le droit de réquisition ou en déléguer l'exercice aux maires de la commune où résident les personnes requises.

Quiconque, sans motif valable, n'aura pas déféré à un ordre de réquisition régulier ou aura abandonné le poste qui lui aura été assigné sera passible d'un emprisonnement d'un mois à cinq ans et d'une amende de 500 à 30.000 francs ou de l'une de ces deux peines qui pourront être portées au double en cas de récidive. » (Informations générales, p. 87 / Ministère Intérieur 1943-151)

SERVICE DU TRAVAIL OBLIGATOIRE

Mesures concernant les étudiants

« Aux termes d'un décret du 15 juillet (J. O. du 16 juillet), sont définitivement exclus de toutes les facultés et écoles d'enseignement supérieur publiques et libres, les étudiants qui, astreints à l'accomplissement du service obligatoire du travail en vertu des décrets du 24 février 1943 (J. O. du 25 février. — Voir I. G., n° 131, p. 341) et du 31 mai 1943 (J. O. du 1erjuin. — Voir I. G. n° 145, p. 431), se sont dérobés à leurs obligations. » (Informations générales, p. 108 / Ministère Intérieur 1943-151)

25 juillet 1943 : « Hambourg subit un important bombardement par l'aviation anglo-américaine. » (5) p. 75

31 juillet 1943 : LUTTE CONTRE LES RESTAURANTS DU MARCHÉ NOIR

La direction générale du contrôle économique communique :

« Au cours du mois de juillet, les services de la direction générale du contrôle économique, opérant sur l'ensemble du territoire, ont poursuivi leur action énergique envers les restaurateurs qui s'obstinent à faire bon marché des dispositions en vigueur et servent notamment, à une clientèle privilégiée, des plats interdits à des tarifs prohibitifs.

Pendant cette période, 6985 restaurants de toutes catégories ont été vérifiés ; 1307 ont fait l'objet de procès-verbaux constatant des infractions caractérisées à la règlementation du ravitaillement et à celles des prix.

Les amendes transactionnelles ou administratives infligées aux restaurateurs les moins coupables atteignent au total 6.718.000 de francs.

Les infractions les plus graves seront sanctionnées judiciairement et un nombre important de dossiers ont été transmis aux parquets.

Indépendamment de ces sanctions, auxquelles s'ajoute la confiscation des denrées de provenance irrégulière, ou non justifiée, il a été décidé la fermeture de 252 établissements pour une durée variant de quinze jours à deux ans, et l'internement de 26 restaurateurs particulièrement fautifs. » (Informations générales, p. 434 / Ministère Intérieur 1943-159)

POINTS TEXTILES

Répression des fraudes

La branche du Textile est l'une de celle où les fraudes se paient, le plus immédiatement, par une gêne plus grande des consommateurs. En effet, l'approvisionnement de ceux-ci pose un problème devenu si angoissant que toute manœuvre tendant à détourner du circuit de la répartition une part quelconque des produits de cette industrie se traduit forcément par une prolongation des délais imposés aux ayants droit pour l'attribution de bons de vêtements dont ils ont si grandement besoin. Ainsi le ministre de la Production industrielle et les répartiteurs se font-ils un devoir impérieux de tendre, contre les fraudeurs, les filets d'un contrôle de plus en plus étroit et de poursuivre les délinquants avec une rigueur exemplaire, de façon à décourager ceux qui seraient tentés de commettre les mêmes délits.

Il y a du reste, une distinction à faire entre les faussaires, fabricants et émetteurs de faux points qu'ils mettent en circulation sur le marché avec l'aide d'intermédiaires complices, et les commerçants qui utilisent imprudemment ces tickets, soit par esprit de complaisance à l'égard de leur clientèle, soit pour augmenter leur chiffre d'affaires et leurs approvisionnements. Ceux-ci sont justiciables de sanctions administratives prononcées soit par le ministre, secrétaire d'État à la Production industrielle, soit par le répartiteur, sans préjudice, s'il y a lieu, de poursuites judiciaires. Ceux-là, lorsqu'ils sont découverts, et rien n'est négligé pour dépister leurs coupables agissements, sont renvoyés par le Garde des Sceaux, devant le Tribunal d'État qui dispose d'un arsenal de pénalités lui permettant de frapper fort et d'éliminer ces mauvais citoyens de la Société des honnêtes gens.

En ce qui concerne les sanctions administratives, celles que le ministre a infligées, entre le 1er janvier et le 31 juillet 1943, sont au nombre de 98 ; elles comportent 174 insertions dans la presse et un total d'amendes s'élevant au chiffre imposant de 11.478.000 francs.

Quant aux sanctions prises par le répartiteur de la Section du Textile, si elles ne portent pas sur un aussi gros volume d'amendes, elles frappent, par contre, un ensemble de délinquants beaucoup plus impressionnant.

Pour ce qui est des faussaires, renvoyés devant le Tribunal d'État, on doit noter, que le 3 de ce mois, cette redoutable juridiction a statué dans une affaire de vol, recel et trafic, portant sur 14.000 feuilles de points textiles, affaire d'autant plus grave que le principal accusé, un nommé Givron Jean, était employé à la préfecture de Châlons-sur-Marne, et qu'il avait commis ce vol pendant son service, dans les bureaux mêmes de la préfecture, à l'aide d'un passe-partout que ses complices, Hallez et Borand, lui avaient fourni pour pénétrer dans le local, où ces titres se trouvaient enfermés. Bivron, Hallez et Borand ont été condamnés tous trois aux travaux forcés à perpétuité et à la confiscation de leurs biens. Les receleurs, Grevisse, Maès, Herck, Borgage ont été condamnés respectivement, les deux premiers à 10 ans et les deux autres à 8 et 5 ans de la même peine, ainsi qu'à la confiscation de leurs biens.

D'autres comparses se sont vu infliger des peines de prison allant de 1 à 4 ans.

Le même jour, le Tribunal d'État a condamné, dans une autre affaire de contrefaçon de 150.000 points de textiles mis en circulation au prix unitaire initial de 50 centimes, le nommé Jean Félix, imprimeur, aux travaux forcés à perpétuité et à la confiscation de ses biens.

Ainsi la liste s'allonge des condamnations exemplaires infligées par ce Tribunal pour intimider les faussaires et les voleurs de titres de rationnement. Faut-il rappeler l'affaire Despinoy et Leleu (vol de titres) 10 ans et 5 ans de travaux forcés, arrêt du 8 juillet 1942, l'affaire Dida (vol de titres) travaux forcés à perpétuité, arrêt du 17 mars 1943 ; l'affaire Panackis, employé à l'Imprimerie Nationale, 5 ans de travaux forcés, arrêt du 23 mars 1943 ; l'affaire Sommelier, fabrication de 3 millions de faux points, travaux forcés à perpétuité, arrêt du 22 mai 1943 ; l'affaire Lemeillet, Buffet, Legay et Bruneau, fabrication de faux bons de monnaie-matière, 4 condamnations aux travaux forcés, dont 3 à perpétuité, arrêt du 9 juin 1943.

D'autres affaires du même ordre sont actuellement en instance devant la même juridiction. Il convenait de donner à ces sévérités la plus large publicité. Le consommateur doit savoir qu'il est défendu et que le ministre, qui à la tâche pénible de répartir la pénurie, tient en main à ce que rien ne soit entrepris pour aggraver cette situation douloureuse au seul profit d'intérêts égoïstes servis par des trafiquants sans scrupules.

Mais la répression n'est pas la seule arme dont le gouvernement entend se servir pour enrayer efficacement la fraude. Il s'est aussi préoccupé de la rendre inopérante en empêchant la circulation de titres falsifiés et l'on sait que depuis le 1er avril 1943, l'Administration des P.T.T. s'est substituée aux établissements bancaires pour la tenue des comptes de points textiles. Une nouvelle et puissante organisation a été créée qui permet, notamment de déceler immédiatement les faux tickets à l'aide d'un contrôle scientifique, exercé par des spécialistes.

Par cela même, on peut dire qu'un coup sérieux a été porté aux faussaires et aux auxiliaires du marché noir.

Création d'une nouvelle catégorie

Une décision du répartiteur de la section textile de l'Office central de répartition des produits industriels, fait connaître qu'il est créé des tickets spéciaux de rationnement d'articles textiles dénommés « tickets-points récupération textile ».

Ces tickets seront délivrés aux consommateurs en échange de chiffons, friperies et vieilles matières textiles d'origine exclusivement ménagère par les personnes ou organismes habilités à cet effet.

L'échange prévu sera réalisé de la manière suivante :

3 points par 25 grammes (articles de bonneterie, laine pure, laine à matelas, couvertures pure laine) ; 1 point par 25 grammes (linge de corps et de maison) ; 3 points au kilo (rideaux, tapis, couvertures de coton, tissu d'ameublement, sacs réformés et tous autres articles de provenance domestique).

Les tickets-points « récupération textile » pourront être utilisés par les consommateurs pour l'acquisition d'articles textiles au même titre que les tickets non spécialisés extraits des cartes de vêtements. » (Informations générales, pp. 441-443 / Ministère Intérieur 1943-159)

Dimanche 4 juillet 1943 237

Reçue 17.08, réponse le 18

Bien chère sœur et cher Louis,

Durant cette dernière semaine, j'ai été vraiment gâté en correspondance : j'ai eu aussi le grand plaisir de recevoir votre colis[22] n° 13, riche en conserves. Donc le 29, j'ai reçu une carte de Toulouse à laquelle était jointe une photo de toutes quatre, elles me paraissent un peu fatiguées, Marcelle surtout, c'est compréhensible : la croissance et les restrictions. Enfin, hier, j'ai reçu une carte réconfortante de Ridel, une de Blaisine et aussi votre lettre du 21/06. En ce qui concerne Ric et Rac, j'ai en effet compris qu'il vous faudra les donner. Caparroi aussi d'ailleurs, vous en serez bien ennuyés, car un chien est un très bon gardien. Chère sœur, jusqu'à ce jour, je n'ai encore vu de jeunesse de notre région, il y a là surtout de la région parisienne, Nord, Est et provence. Ce matin, j'ai été voir Caparroi. Tous deux, nous avons été au cinéma et avons eu le plaisir de voir des artistes français tels que Raimu, Carette. Tant que l'on est devant l'écran, on se croit chez soi, comme jadis, mais hélas, lorsque le rideau s'abaisse, brusquement rappelés à la réalité, on a le cœur gonflé et on regrette presque en colère le bon moment que l'on vient de passer. Je suis fait prendre en photo avec Caparroi, dès que je les aurai je vous les ferai parvenir. En ce moment, la troisième compagnie est venue nous retrouver, donc nos lettres ne s'arrêtent plus à Münster. Ce jour, j'écris aussi à tante de Toulouse et vous adresse une vignette. Tout va bien. Bonjours habituels. Je vous embrasse tous trois bien fort. Léon

Dimanche 11 juillet 1943 238

Reçue 02.08, réponse le 02.08 (envoyé photo maman)

Bien chère sœur et cher Louis,

Voici deux jours, j'ai eu le grand plaisir de pouvoir lire votre lettre du 06/06 sur laquelle vous m'accusiez réception de mon colis. Suis très heureux qu'il vous soit parvenu en parfait état. Comment trouvez-vous la pipe ? Je ne l'ai pas conservée davantage car il n'y avait plus de place pour les inscriptions. Bientôt, j'espère pouvoir vous envoyer d'autres photos sur lesquelles je serai, peut-être un peu plus souriant. Oui, chère sœur, les trois années y comptent malgré tout, mais il y a aussi cette séparation, cette interruption de relations postales avec "H" qui m'a touché un bon peu. C'était malgré tout une occupation, une compagnie morale. Sur le coup, je me suis senti encore plus seul mais maintenant, je remonte la pente, péniblement. Dans un sens, j'aime mieux être libre, surtout si ce n'était pas pour aboutir et, tant que je suis là, je ne voudrais pour rien au monde en entreprendre une autre. À mon retour, averti, je saurai faire mon choix et sans traîner. Rassure-toi chère sœur, je n'agirai pas en enfant. J'ai compris. Suis également très heureux d'apprendre que maman a bon appétit. Surtout, rassure-la sur moi. Ici, toujours le temps très changeant, beaucoup de pluie, et je n'ai encore quitté le pull. Jugez-en. Nous n'avons point de nouvelles de Jouarné, Cambot[23] est-il rentré ? Donne le bonjour à sa dame. Ce jour, je vous adresse une vignette et ces jours-ci 50 marks. Le 14 ne saurait tarder, le n°8 n'est point parvenu. Je ne sais si Jean-Marie et le mari à Suzon arriveront sitôt. J'en doute fort. Les bonjours habituels. Je termine en vous embrassant de tout cœur. Léon

Dimanche 18 juillet 1943 239

Reçue 06.08, réponse le 07

Bien chère sœur et cher Louis,

Durant cette dernière semaine rien ne m'est parvenu, aussi serai-je gâté ces jours-ci. J'espère recevoir le colis et deux ou trois correspondances. Hier samedi, nous n'avons pas travaillé car nous avons changé de camp tout en restant dans la même localité. Nous voilà à nouveau dans des baraques en bois, mais dans un camp tout à fait neuf : nous allons avoir des abris, ils sont en construction, c'est une chose que nous n'avions pas à l'autre. Donc, ce jour, je ne suis sorti car je n'avais terminé de ranger mes affaires.

Caparroi m'a fait parvenir, par l'intermédiaire d'un copain de chambre, quelques photos prises voilà 15 jours. Dans le groupe, à ma gauche un Pontacquais, assis un Palois, Caparroi, un Basque de Bayonne et un Nancéen, coéquipier de Caparroi.

Je redoute que tu ne me trouves pas encore assez souriant, nous sommes bien tous à peu près. Nous traversons une période de beau temps, heureusement, car toute une semaine nous avons eu la pluie. À maman, j'envoie une photo et une carte. Pour vous, je joins une vignette. J'espère que Louis aura pu taquiner la truite et qu'il aura déjà fait bonne prise. Avez-vous toujours les chiens ?

Ils doivent être beaux maintenant. Prochainement, je vais faire un petit jouet que je vous enverrai pour la petite fille à Ridel. Par le même colis, je vous mettrai du linge superflu ainsi que les sabots de caoutchouc car j'ai d'autres chaussures. Le bonjour aux personnes habituelles. Votre fils, frère et beau-frère qui vous embrasse. Léon

Dimanche 18 juillet 1943 239-1

Bien chère maman,

Voilà déjà cinq semaines que je ne t'ai écrit.

Entre temps, Mme Estrade et Léonie n'auront pas manqué de te donner de mes bonnes nouvelles. Ce jour, je t'envoie une photo prise il y a quinze jours. Nous venons de changer de camp. Ici, nous avons des abris, donc nous voilà en sécurité, en cas d'attaque aérienne.

En ce moment, nous avons le beau temps. Le bonjour aux familles Estrade, Soulé, etc. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Dimanche 25 juillet 1943 240

Reçue 14.08, réponse le 21

Bien chère sœur et cher Louis,

Dans la semaine, j'ai eu le plaisir de lire votre lettre du 9 ainsi que la carte envoyée de Cadéac le 13. Quant aux colis, ils ne me sont pas encore parvenus, mais je ne m'en fais pas outre mesure, car beaucoup sont dans mon cas. Ainsi, Caparroi qui est venu me voir cet après-midi venait d'en recevoir un parti du Gers en mai. Également en ce qui concerne les colis, tu me parles du centre Mermoz : cette ligne a été censurée, car les colis confectionnés par cette organisation ne sont pas admis, donc n'en fais pas envoyer. Enfin, je suis quand même heureux de savoir que le courrier et l'argent vous parviennent assez régulièrement. Tu feras envoyer le bonjour à Solans et me diras dans quelle région il se trouve. Il doit sûrement être bien pour la nourriture tout au moins, quant aux heures de travail il fait plus de présence que nous, on ne peut pas tout avoir. Quant à son retour, je crains qu'il ne se soit un peu gourmand. En ce moment, le temps est relativement beau, il fait même chaud. Bien chère sœur, je comprends très bien que le jardin vous donne du mal et regrette autant que toi, crois-le, que tu n'as pas une aide pour te seconder, nous n'en aurions été que plus heureux tant les uns que les autres. Cambot est-il rentré ou est-il toujours en Allemagne ? Ridel habite-t-il toujours Bordères ? Sur sa dernière carte, l'adresse était illisible. Vous donnerez le Bonjour aux patrons et tous ceux qui demandent de mes nouvelles tant à Tarbes qu'à Cadéac. Voilà le 16 août qui approche, je n'aurais pas cru que ce serait si long, cela ne nous rajeunit pas. Je termine en vous embrassant de tout cœur à tous trois. Léon

Marseille, vendredi 30 juillet 1943 240-1

Lettre de l'oncle Fernand Flochlay[24] à Louis et Léonie

Bien chère Léonie et Louis,

Un petit mot de bonnes nouvelles de Léon que je viens de recevoir me rappelle que je déteins un peu sur vous pour écrire et que je suis fort en retard pour répondre à votre bonne lettre du mois dernier. Les vacances approchant, en est un peu la cause, il faut mettre les bouchées doubles. Ici, nous nous maintenons avec beaucoup d'efforts et de difficultés à la surface pour ne pas périr dans le chaos du ravitaillement. À défaut d'un œuf par mois, on nous promet un morceau de volaille congelée pour fin septembre !!! c'est à mourir de rire... et de faim ! J'avais écrit à Léon que si je pouvais avoir quelques jours de repos en août, j'irais à Toulouse et je pousserai une visite très courte à Tarbes, car le ravitaillement nous attache malgré nous à notre résidence et qui va à la chasse perd sa place. Néanmoins, j'attends un mot de ma filleule Annie qui se trouve à Salies-du-Salat avec Marcelle et qui me dira si elle sera de retour à Toulouse en août, c'est ce qui décidera du déplacement, comme toutes choses en ce moment. En attendant ce plaisir, je vous adresse de bons souhaits de santé pour tous trois en vous embrassant affectueusement. Fernand Flochlay

Août 1943

Rappel historique, 1er août 1943 : « Le Comité d'Alger annonce que toutes les troupes françaises dissidentes sont placées sous le commandement du général Giraud. Le général de Gaulle devient président du Conseil de la défense. » (5) p. 94

PRISONNIERS DE GUERRE TRANSFORMÉS EN TRAVAILLEURS LIBRES. Colis individuels

« Il vient d'être décidé, en accord avec le commissariat général de la main-d'œuvre française en Allemagne et le secrétaire d'État à la Défense, que les prisonniers de guerre, déjà inscrits dans les comités locaux d'assistance, et qui viennent d'être transformés en travailleurs libres, pourraient continuer à recevoir des colis individuels dans les mêmes conditions que durant leur captivité.

Ces colis, d'un poids maximum de cinq kilos, seront expédiés en zone sud par les comités de la Croix-Rouge française et les œuvres agréées par celle-ci pour l'envoi de colis aux prisonniers, sous la forme de colis postaux au tarif international.

Les frais de port seront à la charge du gouvernement français et avancés par les comités. Les prisonniers déjà secourus totalement ou partiellement par les comités locaux continuent à bénéficier des mêmes avantages. En revanche, le Secours collectif, plus connu sous le nom de « Colis Pétain », est exclusivement réservé aux prisonniers de guerre. »

REMBOURSEMENT DES SOMMES EN FRANCS SAISIES SUR LES PRISONNIERS AU MOMENT DE LEUR CAPTURE PAR LES AUTORITÉS ALLEMANDES

« Jusqu'en février 1942, les prisonniers de guerre ont eu la possibilité de demander l'envoi en France à un bénéficiaire désigné par eux, des sommes en francs dont ils étaient porteurs au moment de leur capture et qui avaient été alors retirées par les Autorités allemandes.

Passé cette date, les sommes en francs dont le rapatriement n'avait pas été demandé par leurs propriétaires ont été converties en mark et inscrites au crédit de leur compte au camp. Elles ont été comprises soit dans les envois réguliers ultérieurement effectués par les prisonniers de guerre à l'adresse de leur famille, soit dans le montant du reçu qui leur a été délivré à leur libération et qui leur sera ensuite remboursé.

Donc seules les réclamations dont les auteurs auront la certitude que les sommes en francs dont ils sollicitent le remboursement n'ont pas été portées au crédit de leur compte de captivité peuvent être prises en considération et transmises aux Autorités allemandes. » (Informations générales, pp. 211-212 / Ministère Intérieur 1943-154)

6 août 1943 : Mise à la retraite d'un préfet

« M. Le Gentil, préfet des Hautes-Pyrénées, a été admis à faire valoir ses droits à la retraite. (J.O. du 6 août) »

Nomination de préfet

« M. Leydet, sous-préfet de Béthune, préfet des Hautes-Pyrénées (3e classe). »

(Informations générales, p. 201 / Ministère Intérieur 1943-154)

ENVOIS DE SECOURS INDIVIDUELS AUX PRISONNIERS TRANSFORMÉS EN TRAVAILLEURS LIBRES

Communiqué officiel n° 118 de la Direction du Service des prisonniers de guerre en date du 6 août 1943.

« Le gouvernement soucieux de maintenir aux prisonniers de guerre transformés en travailleurs libres tous les avantages afférents à leur qualité de prisonniers de guerre et compatibles avec celle de travailleurs libres, a décidé que les prisonniers ainsi transformés continueront à être admis au bénéfice du secours individuel, dans les mêmes conditions que pendant leur captivité.

Par contre, les secours collectifs (vivres et habillement) demeureront exclusivement réservés aux prisonniers de guerre en captivité. Les colis individuels destinés aux prisonniers transformés en travailleurs libres seront confectionnés à la demande des familles dans les mêmes conditions qu'auparavant, par l'œuvre ou le comité ou les destinataires étaient inscrits en tant que prisonniers de guerre. Ils seront expédiés sans étiquette par les soins de ce comité ou de cette œuvre.

Le port des colis destinés aux travailleurs civils entraîne des frais élevés, le gouvernement prendra à sa charge les frais de port des colis destinés aux prisonniers de guerre transformés en travailleurs libres. Toutes les instructions utiles à ce sujet sont en cours de transmission aux comités et aux œuvres d'assistance habilitées pour la confection des colis. » (Informations générales, pp. 211-212 / Ministère Intérieur 1943-154)

7 août 1943 : AIDE MATÉRIELLE APPORTÉE AUX PRISONNIERS DE GUERRE NORD-AFRICAINS

Communiqué officiel n° 119 de la Direction du Service des Prisonniers de guerre en date du 7 août 1943.

« Il est apparu que les importantes mesures prises à la suite des

Événements d'Afrique du Nord, en vue d'assurer des envois réguliers de colis aux prisonniers dont les familles où les bienfaiteurs habituels résident dans cette région, n'étaient pas encore actuellement connus de tous les intéressés. La Direction du Service des Prisonniers de guerre rappelle que le détail de ces mesures est contenu dans le communiqué officiel n° 112 en date du 3 mai 1943, dont elle publie, ci-dessous, le texte :

« Les événements d'Afrique du Nord ont eu pour conséquence de priver de colis individuels les prisonniers de guerre dont la famille réside dans ces régions. Dès le mois de novembre 1942, le gouvernement avait décidé de se substituer à ces familles et de prendre à charge l'envoi d'un colis mensuel de 5 kg à chacun des prisonniers en cause. »

« À cet effet, les dispositions suivantes ont été prises.

a) Mesures d'urgence

Immédiatement, en attendant l'entrée en application des mesures décidées, la Direction du Service des Prisonniers de guerre avait donné des instructions pour qu'un premier contingent de colis individuels anonymes de 5 kilos soit expédié à destination de chaque oflag ou stalag, à charge par les hommes de confiance de les répartir entre les prisonniers nord-africains.

b) Régime normal

Les prisonniers nord-africains ont été, d'autre part, invités par l'intermédiaire des hommes de confiance, à envoyer leurs étiquettes à la Sous-Direction du Service des Prisonniers de guerre à Paris, qui a été chargée de les faire remettre, après contrôle au comité central d'assistance aux prisonniers de guerre algériens. Ce comité d'assistance, créé par M. le ministre secrétaire d'État à l'Intérieur à cet effet, assure la confection des colis avec les denrées mises à sa disposition par la Direction du Service des Prisonniers de guerre et leur expédition aux destinataires. Les bienfaiteurs qui désireraient apporter leur concours à l'aide aux prisonniers nord-africains peuvent avantageusement se faire connaître à la Sous-Direction du Service des Prisonniers de guerre, 231, boulevard Saint-Germain, à Paris, à qui il appartient de grouper de telles demandes et de leur faire donner, par le comité central d'assistance aux prisonniers de guerre algériens, la suite qu'elle comporte. » (Informations générales, pp. 262-263 / Ministère Intérieur 1943-155)

13 août 1943 : « Le Comité d'Alger nomme une Commission chargée d'éliminer des affaires administratives d'Afrique du Nord tous les éléments demeurés fidèles au Gouvernement de Vichy ou partisans de la collaboration avec les Allemands. » (5) p. 94

« La Luftwaffe bombarde Plymouth (Grande-Bretagne). » (5) p. 75

15 août 1943 : « M. Pucheu, ancien ministre de l'Intérieur français est arrêté au Maroc sur l'ordre du Comité d'Alger et conduit à la prison de Meknès. » (5) p. 107

16 août 1943 : « Bombardement de la banlieue parisienne. » (5) p. 75

17 août 1943 : « Un conseil des ministres décide que la destruction de matériel agricole sera punie de la peine de mort au même titre que les incendies volontaires de récoltes. » (5) p. 107

CARTE DE TRAVAIL DES JEUNES AGRICULTEURS

« Est-il besoin de le rappeler ? La carte du travail est obligataire pour les jeunes agriculteurs des classes 1940, 1941 et 1942.

Délivrée sur attestation du maire et du syndic, sous leur responsabilité personnelle, elle est réservée aux jeunes gens se livrant personnellement, depuis le 1er octobre 1940 (sauf pour interruption pour les stages dans les chantiers de jeunesse), aux travaux agricoles et d'élevage, producteurs de céréales, vignerons, agriculteurs, maraîchers, jardiniers de profession, qu'ils soient propriétaires cultivateurs eux-mêmes ou grands fermiers, métayers agricoles, régisseurs, conducteurs de tracteurs et de camions agricoles, personnel des exploitations : forestières et scieurs, personnel des entreprises de battage et de travaux agricoles.

Les artisans ruraux seront assimilés aux agriculteurs, maréchaux ferrants, réparateurs de machines agricoles, charrons de campagne et bourreliers. » (Informations générales, p. 349 / Ministère Intérieur 1943-157)

19 août 1943 : « Le « Journal Officiel » publie une loi qui oblige les futurs époux, au moment de la célébration du mariage, à remettre à l'officier de l'état civil un certificat médical datant de moins d'un mois. » (5) p. 104

T. S. F.

Non-délivrance de poste aux particuliers

« Le ministère de la production industrielle, des communications (Sections produits finis et matières diverses de l'O.C.R.P.I.) fait savoir :

Il a paru dernièrement dans la presse une note concernant l'attribution de postes de T.S.F. aux jeunes mariés. Contrairement à cette information et étant donné la pénurie actuelle de matières, le répartiteur, chef de la section des produits finis et des matières diverses, précise qu'aucun appareil ne peut, pour le moment, être délivré aux particuliers.

Jusqu'à nouvel ordre, les appareils bloqués seront exclusivement réservés à des collectivités publiques ou privées dont l'activité présente un caractère vital pour la nation. » (Informations générales, p. 393 / Ministère Intérieur 1943-158)

25 août 1943 : STATUT DE L'ARTISANAT

« Une nouvelle loi prévoit la création d'un brevet de maîtrise qui sera attribué par les Chambres de métiers. Les professions groupant plusieurs entreprises pourront être constituées en corporations artisanales. » (5) p. 104

« Cette loi, en date du 24 août, dont le texte a été publié par le J.O. du 25 août, a fixé le statut de l'artisanat.

En vertu de cette loi, il est institué un brevet de maîtrise dans les métiers exigeant une technique et une habileté manuelle. Les modalités d'attribution de ce brevet par les Chambres de Métiers seront prochainement fixées.

Le chef d'entreprise titulaire du brevet de maîtrise, prenant habituellement part aux travaux d'exécution ou de création artistique de son entreprise, sera artisan-maître.

L'entreprise artisanale est celle :

a) Qui appartient à un métier doté du brevet de maîtrise ;

b) Dans laquelle les rapports entre le chef d'entreprise et ses collaborateurs présentent un caractère familial ;

c) Dont le chef assume lui-même la direction et participe habituellement aux travaux d'exécution ou de création artistique de son entreprise.

Le texte de la loi précise les conditions des entreprises qui pourront être reconnues comme artisanales.

La Chambre des Métiers tiendra le répertoire des artisans maîtres de sa circonscription. Une commission des inscriptions artisanales dans le ressort de chaque chambre de métiers statuera sur les inscriptions, modifications ou radiations au répertoire.

D'autres dispositions de la loi prévoient l'institution en corporations artisanales, des professions pour lesquelles le nombre des entreprises artisanales est largement prédominant.

La corporation artisanale, représentant l'ensemble des professionnels du métier considéré, comprendra des communautés de métiers, des conseils corporatifs régionaux et un conseil corporatif national.

La communauté de métier pour chaque département et chaque métier comprendra : tous les artisans-maîtres, ainsi que les compagnons auxiliaires ou apprentis employés par eux. Seront également admis à faire partie de la communauté de métier, à titre de membres associés ayant voix consultative :

1° Les anciens artisans-maîtres et compagnons qui n'exercent plus leur métier ;

2° Les techniciens savants ayant rendu des services à la Communauté ;

3° Les personnes participant à l'apprentissage et à la formation professionnelle dans le métier considéré.

D'autres dispositions ont trait au fonctionnement de ces communautés artisanales, et à la création de sections syndicales artisanales et de groupes artisanaux professionnels.

Une Chambre des Métiers sera créée dans chaque département.

Elle sera composée de représentants des communautés de métiers et des groupes artisanaux professionnels.

Le nouveau texte de la loi comporte, en outre, des dispositions diverses et transitoires. » (Informations générales, pp. 349-351 / Ministère Intérieur 1943-157)

27 août 1943 : SERVICE DU TRAVAIL OBLIGATOIRE

Sanctions

Une loi du 26 août parue au J.O. du 27 août a complété ainsi qu'il suit. La loi du 11 juin 1943 (J.O. du 12 juin, voir I.G. N° 146, p. 464) sanctionnant les obligations relatives au service du travail obligatoire. Sera passible d'une amende administrative de 1.000 à 20.000 francs et sans préjudice le cas échéant des sanctions prévues par la loi du 4 septembre 1942 (J.O. du 13 septembre, voir I.G. N° 108, p. 555), tout employeur qui n'aura pas adressé dans un délai fixé, les différents états indiqués par le décret du 11 mai 1943 (J.O. du 12 mai, voir I.G. N° 142, p. 304) ou sera convaincu d'avoir établi des états erronés de nature à soustraire tout ou partie de son personnel aux obligations des lois du 4 septembre 1942 et du 16 février 1943 (J.O. du 17 février, voir I.G. N° 130, p. 292). (Informations générales, p. 347 / Ministère Intérieur 1943-157)

31 août 1943 : ADRESSE DES PRISONNIERS DE GUERRE AFFECTÉS À DES BATAILLONS DE TRAVAILLEURS

Communiqué officiel N° 121 de la Direction du Service des Prisonniers de Guerre en date du 26 août 1943.

« En dehors des Prisonniers de Guerre internés dans les Oflags et les Stalags, il en existe un certain nombre qui sont affectés à des formations mobiles et autonomes : les Bataillons de Travailleurs, et dont l'adresse ne comporte aucune indication de camp.

Ces Bataillons sont divisés en 3 catégories :

— Bau und Arbeiter Bataillon (ex : B.A.B. 45) ;

— Glaser Bataillon (ex : G.B. IV) ;

— Dachdecker Bataillon (ex : D.B. III).

L'attention des Familles des Prisonniers faisant partie de ces Bataillons est attirée sur la nécessité de libeller correctement l'adresse des correspondances et des colis qu'elles leur envoient.

Les Bau und Arbeiter Bataillon sont numérotés en chiffres arabes.

Les Glaser Bataillon et les Dachdecker Bataillon sont numérotés en chiffres romains.

Il est de la plus grande importance pour éviter les erreurs dans l'acheminement des courriers, d'employer exactement les chiffres dont sont dotés les Bataillons de Travailleurs et de ne pas utiliser indifféremment les chiffres arabes ou les chiffres romains.

Ce communiqué, valable pour la zone Nord et pour la zone Sud est inséré au J.O. du 31 août et doit être tenu dans toutes les Mairies à la disposition du public. » (Informations générales, pp. 345-346 / Ministère Intérieur 1943-157)

Dimanche 1er août 1943 241

Reçue 17.08, réponse le 27.08

Bien chère sœur et cher Louis,

Ce matin, j'ai été au cinéma et ai passé le reste de la journée avec Caparroi. J'ai pu causer avec plusieurs gars de notre région : tous sont sans colis depuis quelques semaines, leur courrier aussi n'arrive pas. Encore cette dernière semaine, pas de lettres, seulement une carte des patrons, c'est Mme Marcelle qui m'a écrit alitée, la patronne étant aussi malade. J'espère que cette semaine nous aurons de gros arrivages. Hier samedi, nous n'avons pas travaillé. Tout le bataillon a passé une visite médicale. Les trois compagnies sont passées à la radio. Ici, la chaleur persiste : les seigles se rentrent et ceci me fait songer à la rentrée du blé chez nous et aussi à la fête de Cadéac. Espérons qu'avec l'arrivée prochaine reviendront les beaux jours et qu'à nouveau je pourrai à cette même époque aller charger sur mon dos les gerbes de blé et revoir dans toute son animation la petite place du village qui m'a vu naître. J'aurais ainsi la grande joie de me retrouver parmi vous autour de la table de hêtre, complétant de ma présence la famille. Celle-ci s'écoulera encore sans que vous nous voyiez revenir, mais ayez comme nous courage et patience et surtout si l'argent que je vous envoie peut vous procurer tant soit peu du bien-être, employez le tout à cet usage. À mon retour, j'en gagnerai bien d'autre. Je serais si heureux si je savais qu'avec vous pouvez vous procurer certains produits devenus si rares depuis 40. Je vous embrasse de tout cœur ainsi que ma chère maman. Bonjours habituels. Léon

Dimanche 8 août 1943 241-1

Bien chère maman,

Ces quelques lignes pour te dire que ma santé est très bonne.

D'après les lettres de Léonie, je vois qu'il en est de même de vous tous, ce dont je suis heureux. Surtout, chère maman, ne te fatigue pas à aller au bois, ou si tu ne peux faire de moins, ne va pas trop loin et ne te charge pas de trop. J'espère que bientôt je pourrai à nouveau aller t'en faire l'avance avec Louis.

Bien le bonjour aux familles Soulé, Estrade, etc. Ton fils qui ne t'oublie pas. Léon

Dimanche 8 août 1943 242

Reçue 27.08, réponse le 30.08

Bien chère sœur et cher Louis,

Enfin, cette dernière semaine m'a amené du courrier et aussi un colis[25], celui portant le numéro 15 : il m'est parvenu en parfait état et a été le bienvenu, car 38 jours avaient passés depuis la réception du précédent qui portait le numéro 13. Donc, j'attends encore le numéro 14 et le 16. Le 8, je ne l'attends plus. Donc, dorénavant, ne m'en envoie plus par la gare, les autres suffiront. En ce qui concerne les lettres, ce sont celles des 19 et 23/7 qui me sont parvenues. Le 12 mai, j'avais adressé une carte aux patrons, elle est restée sans réponse, ils n'ont pas dû la recevoir. Le 4/7 j'ai écrit à tante et cousines de Toulouse, j'attends leur réponse ainsi que celles de cousine de Luchon, oncle de Marseille, Estrade, maman, Ridel. Voilà où sont mes cartes, chère sœur. Elles font ce petit roulement puisque c'est toi qui reçois toutes mes lettres. Ton plan de vacances a été bien combiné. J'espère qu'il aura plus à Louis et qu'Anna aura accepté. Hélas, toi, tu continues à avoir tout sur ton dos, le travail, les ennuis sans répit, mais moi aussi j'espère assez bientôt pouvoir avec toi prendre un congé qui aura été bien gagné, ensuite avec ardeur, nous pourrons nous remettre à l'œuvre. Depuis quelques jours, la pluie, on se croirait en novembre. Chère sœur, dis-moi toujours si tu reçois l'argent, le 13/07, je t'ai envoyé les derniers 50 RM. Pour le moment rien de spécial à vous demander, si ce n'est un Gibbs pour les dents, si possible. Chère sœur et cher Louis, dans l'espoir que la présente vous trouvera en parfaite santé, je termine en vous embrassant de tout cœur. Bonjours habituels. Léon

Dimanche 15 août 1943 243

Reçue 30.08, réponse le 06.09

Bien chère sœur et cher Louis,

À la veille de mon 30e anniversaire ; voilà un an, je ne croyais pas le passer ici. Je viens vous accuser réception de votre colis[26] numéro 16 qui m'est parvenu en parfait état. Quant au 8 et au 14, je n'y compte plus. Je vois qu'il y a encore en France des doigts crochus, ils mériteraient bien de venir nous remplacer ici, ça leur apprendrait à vivre. J'ai reçu en outre une carte d'Oncle qui se préparait à prendre quelques jours de vacances parmi vous. M'est également parvenue votre lettre du 2 courant. Elle a réellement marché vite. Jeudi, je vous ai adressé 60 RM. Surtout, n'oubliez pas de m'en accuser réception, pour mon petit contrôle. Quant aux colis, vous pouvez peut-être réclamer, ont-ils seulement quitté la gare de Tarbes ? Bien chère sœur, j'ai été très heureux de recevoir la photo de maman. Elle paraît malgré les temps durs que nous traversons avoir le visage assez rondelet et surtout assez frais, ce qui me rassure car je me faisais des idées à son sujet. Tu diras donc à maman qu'elle m'a fait grand plaisir, quant aux cheveux, c'est un petit détail. Maintenant me voilà en parfaite santé et très heureux de vous savoir de même. C'est essentiel, le reste s'arrangera comme tu dis. J'ai appris par Caparroi que Jouanue était rentré. Il ira certainement vous pousser une visite. Vous lui parlerez de la Noël 42. Qui est-ce M. Cabos ? Je ne vois pas au juste. Chère sœur et cher Louis, merci encore pour les conserves jointes au dernier colis, je n'y ai encore goûté. Je vous embrasse. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 22 août 1943 244

Reçue 05.10, réponse le 06

Bien chère sœur et cher Louis,

Je m'empresse de vous accuser réception de votre colis[27] n° 14 sur lequel je ne comptais déjà plus guère. Ainsi, un seul ne m'est parvenu : Le n° 8 je crois, celui-là plus la peine de l'attendre, c'est bien dommage. Comme tous les autres, il m'a fait grand plaisir. Il est parvenu en parfait état. Aujourd'hui, j'ai savouré le poulet, c'était bien bon. L'eau de Lourdes est délicieuse, j'en garde un peu pour Caparroi : je lui avais fait dire de venir me voir, il n'a pas dû pouvoir sortir ou la pluie lui fait peur. Aujourd'hui, chère sœur, je t'envoie une vignette : sur l'adresse, ne modifie rien, laisse-la telle qu'elle est. Hier, j'ai reçu une carte de Blaisine. Je vais y répondre aujourd'hui. À propos, chère sœur, que signifie cette marguerite jointe au colis : le nom de cette fleur ne me dit plus rien depuis bien longtemps. Une à qui je pense parfois, c'est Henriette, j'avais eu tôt fait de la connaître et deviner en elle beaucoup de qualité de la femme d'intérieur. Au juste, pourquoi en parler, ceci est passé. À mon retour, je me mettrai en chasse, pas avant. Mon anniversaire a été marqué par une petite attention de mon contremaître : il m'a donné un beau petit gâteau que j'ai mangé le soir avec mes deux copains de table, mon coéquipier de travail et un Toulousain. Il était bien bon, avec il aurait fallu un bon litre de blanc. Tout va pour le mieux, ma santé est excellente, suis aussi heureux de vous savoir de même ainsi que maman.

Je terminerai pour aujourd'hui en vous embrassant de tout cœur. Léon

Dimanche 22 août 1943 244-1

Reçue le 28-08-43

Lettre postée en France avec la complicité d'un soldat allemand en permission et de retour dans sa garnison stationnée à Pau.

Chère Léonie, bien cher Louis,

Un gars des troupes occupantes retournant en France veut bien me faire le plaisir de faire le transit de quelques missives. Ce n'est pas une lettre que je veux vous faire, mais un tout petit journal d'actualités :

La vie au camp et au travail.

Notre camp, nouvellement aménagé, se trouve parmi les champs et, d'autre part, il voisine avec les jardins potagers qui le séparent de quelques maisons d'habitations. Il est à environ 4 km de la gare principale[28].

D'ici notre atelier, il y a environ deux kilomètres que mon coéquipier et moi effectuons à pied journellement, matin et soir. C'est une balade. Parfois, lorsque deux vélos sont disponibles, nous nous en servons. À l'atelier, sont avec nous, trois apprentis et le contremaître. C'est tout. Dernièrement, le seul capable, un demi-ouvrier de 17 ans, qui se débrouillait déjà bien nous a quittés pour son service du travail (arbeits-dienst)[29]. Environ trois ans (un an avant-guerre), après quoi il sera soldat. En ce moment, il est en Pologne, déjà dans la direction de la boucherie. C'est épouvantable les morts qu'ils ont même dans ces âges.

Mon travail, sensiblement le même qu'à la maison Chalmandrier. Hier, je terminais de remettre en état une maison qui avait été ébranlée[30], les plafonds avaient été refaits. Je travaille aussi dans des usines pour réparations de moteurs[31], mais surtout à installer lumière et chauffage électriques à l'intérieur d'abris contre les bombardements et, c'est formidable ce que l'on en fait : la majeure partie de mes camarades de camp y sont employés ; beaucoup depuis trois ans ne font que terrassements et béton. Je suis bien aise d'être dans mon métier. C'est à la fois plus propre et moins fatiguant. De plus, toute la journée, je suis seul, parfois même sans apprentis, donc pas de garde et aussi pas de chef de chantier, de contremaître qui a toujours à aboyer. C'est ainsi dans les grands chantiers s'ils veulent obtenir un minimum de rendement. La ville étant sur un terrain assez accidenté, on fait aussi beaucoup d'abris souterrains creusés dans le schiste. À mesure que le tunnel s'enfonce, une voûte en brique est faite. Ensuite, il ne reste plus qu'à installer éclairage et chauffage électriques. Pour tous ces travaux, nos salaires varient entre 18 et 45 marks par mois, plus une prime éventuelle basée sur la générosité des patrons et aussi, naturellement, sur le travail effectué. Pour ma part, je touche une moyenne de 40 marks + 15 de prime par mois. C'est presque le maximum. Les travailleurs d'usine arrivent à gagner davantage. Moi, j'aime mieux le bâtiment. On est moins exposé et travaillons uniquement de jour. Être transformés, cela ne nous intéresse point. Car on conserverait un uniforme qui ne serait peut-être pas le nôtre, et nous serions à la suite de la réserve de l'armée allemande. Donc, à l'unanimité, quelques exceptions faites, nous avons rejeté cette offre. Nous préférons rester jusqu'au bout prisonniers de guerre, tout court. Il y a bien sûr promesses de permission, salaire plus élevé, on signe et on ne le tient pas ; ça vient par la suite ou ça ne vient pas. Donc, nous restons comme par le passé, car il y aurait aussi quelques désavantages, naturellement, suppression de Croix-Rouge, de vignettes, peut-être même d'allocations ou autres secours. La nourriture, la même et évidemment sous le contrôle de l'armée.

Maintenant, je passe sur la vie au camp. Le matin, réveil à 5 heures, rassemblement à 5h.30. Premier départ (gros départ par le train) à 5h.45. Deuxième départ, à 6h.30. Troisième, à 6h.45 : j'en fais partie. Le matin, toujours de la boisson chaude, du jus, évidemment et il ne vaut pas celui de l'armée française, nous y faisons tremper une dizaine de biscuits de guerre de la Croix-Rouge. Tous les soirs, pour le lendemain, nous percevons environ de 350 g de pain, près de 30 g de margarine et autant de viande de conserve ou espèce de saucisson ou pâté. Ceci nous sert pour le repas de midi que nous prenons sur le chantier. Le soir, on rentre de 5 à 7h.30 ; les derniers qui rentrent sont ceux du train. Moi à pied, j'arrive vers 6h.45 ; donc 12 heures dehors, d'autres davantage. En rentrant, étant chef de chambre, je dois faire le partage des vivres : pain, viande, etc. Faire liste de sorties des dimanches, pour le cinéma, pour le linge à mettre au lavage, pour l'argent à envoyer en France, pour la distribution de bière et ensuite en percevoir l'argent car un de nous est chargé de vendre de la bière qui nous est amenée en tonneaux. C'est la seule chose que nous pouvons acheter. Heureusement que tout ceci n'est pas pour le même soir. C'est une drôle d'occupation et parfois, il est difficile de contenter les 16 ou 18 cas de la chambrée. La lettre supplémentaire est bien gagnée[32]. Pour le repas du soir, en ce moment, nous avons des pommes de terre bouillies (six à huit comme des œufs) et environ deux cuillerées de sauce, choux ou autres. Nous touchons aussi de la boisson chaude[33]. Ensuite, on joue aux cartes, aux dames, aux échecs, on bricole, on discute sur n'importe quel sujet, sur les actualités qui surtout nous intéressent et nous sommes assez bien renseignés, ceci contribue pour beaucoup à notre bon moral. Ensuite, vers 10h.00, on gagne la paillasse.

Le samedi, on touche la Croix-Rouge et nous lui devons beaucoup. En ce moment, nous avons chacun plusieurs centaines de biscuits d'avance. Hier, nous avons touché des haricots secs (un demi-litre chacun) venant d'Amérique, du pâté de porc (1 kg à quatre).

En ce qui concerne l'habillement, j'ai ce qu'il me faut, deux tenues de travail (bleus), un pantalon de toile kaki, deux de drap, vestes capotes, trois chemises et caleçons, assez de chaussettes et mouchoirs, une paire de souliers bas, sabots à dessus cuir, tiges de godillots montés sur semelles bois, sabots de caoutchouc, bains de mer à semelles bois articulées, sandales.

Je vais m'arrêter. J'espère que ces petits détails vous permettront de bien vous représenter ma vie outre-Rhin et vous rassureront. Jouanny, s'il vient vous voir, vous donnera des détails sur des sujets que je n'ai peut-être pas abordés, tels que dépense en ville pour certaines victuailles (etc..) et aussi repas qui nous sont servis par les gens pour qui nous travaillons. Cette fois, je m'arrête en vous embrassant tous trois. Tu m'aviseras en deux mots de la réception de la présente. Bonjour aux patrons, amis, voisins.

Gros baisers et à bientôt la fin, je l'espère. Que son foutus.

Votre ami.

Marseille, lundi 30 août 1943 244-2

Lettre de Fernand Flochlay, oncle de Louis

Bien chers Léonie et Louis,

Me voilà depuis trois jours, rentré au bercail, après un assez bon voyage, un peu mouvementé à Toulouse, au départ pour Marseille car il y avait affluence. Néanmoins, après avoir fait le trajet Toulouse-Béziers, debout dans un wagon de 1re, j'ai pu m'asseoir dans cette gare jusqu'à Marseille. C'était bien le cas de n'être pas trop encombré. Je suis reparti pour Carry, où j'ai retrouvé Marie un peu languissante de cette solitude de quelques jours. et aussi du ravitaillement qui ne pousse pas à la cime des pins. J'ai été très touché de toutes vos attentions, tant pendant le séjour qu'au départ et suis rentré très heureux de vous avoir revu (pour Léonie) et de savoir en bonne villégiature (pour Louis). Je pense qu'il a fait beaucoup de travaux de peinture à Campettes et qu'il est rentré près de sa chère moitié, un peu languissant aussi, mais satisfait de son congé. J'ai regretté pour ma part que nos déplacements ne se soient pas mieux rencontrés. J'ai trouvé en arrivant une lettre de Hortense me disant d'aller la voir et de prendre des tuyaux auprès de Louis sur la manière de s'y rendre, qui parait il n'est pas très commode. Ce sera pour plus tard, lorsque tout aura un peu repris normalement et que l'on pourra facilement s'offrir des vacances un peu plus longues. Souhaitons ensemble que ce soit le plus tôt possible et que la fin du cauchemar arrive enfin, à la satisfaction de tous. Sur ce, mes souhaits de santé à la maman de Léonie et vous deux et avec Marie je vous embrasse bien affectueusement.

Fernand Flochlay

Septembre 1943

Rappel historique, 1er septembre 1943 : « Attaque de Berlin par la Royal Air Force. » (5) p. 75

« Le gauleiter Sauckel, délégué général en France de la main-d'œuvre pour le Reich, annonce la création dans toutes les régions françaises de commissions de liaison entre la France et les travailleurs français occupés en Allemagne. » (5) p. 104

TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

Acheminement des colis

« Peu important au début, ce trafic s'est surtout développé à partir de l'automne 1942 : le nombre des colis expédies, qui n'était que de 278 en janvier 1941, s'élevait à 386.000 en juillet 1943. Aussi, alors qu'au début les colis voyageaient individuellement jusqu'à la gare du Nord qui les expédiait en Allemagne, il fallut, en raison de leur nombre croissant et de la diversité des destinations, créer, dès novembre 1942, au départ de certaines gares, des envois par wagons complets, le tri étant effectué à la frontière par les services allemands. Cette organisation vient d'être très sensiblement perfectionnée. Aujourd'hui, à la gare de Paris-Nord et à la gare de Nancy, les colis sont triés par province allemande. Un wagon direct plombé est expédié chaque jour au chef-lieu de chacune de ces provinces et les services locaux allemands n'ont plus qu'à les réacheminer sur une distance relativement courte. Ces mesures se sont révélées extrêmement efficaces. » (Informations générales, p. 439 / Ministère Intérieur 1943-159)

PRISONNIERS « TRANSFORMÉS »

Attribution d'effets d'habillement

« De nombreux prisonniers de guerre bénéficiant du statut de mise en congé de captivité et transformés en travailleurs libres ont adressé des demandes de renseignements à Paris au Commissariat général à la main-d'œuvre française en Allemagne, ou à Berlin à la délégation officielle auprès du front du travail, notamment en ce qui concerne la question des vêtements civils. La délégation officielle française fournit à ce sujet les précisions suivantes :

1° - Chaque prisonnier de guerre mis en congé comme travailleur libre reste attaché à son stalag où doit s'effectuer, à titre gratuit, la distribution d'un complet veston et d'une paire de chaussures et d'un jeu de linge. Entre le 2 juillet et le 9 août, 140.000 costumes ont été expédiés en Allemagne pour les prisonniers de guerre devenus travailleurs libres. En outre, à la suite d'un accord avec les autorités allemandes, un premier lot de chaussures a été expédié. Enfin, l'Intendance a mis un stock important de jersey à la disposition du Commissariat général.

Les hommes de confiance du stalag sont chargés de surveiller les opérations d'échange des effets militaires contre les vêtements civils, d'en assurer la régularité, et d'en référer à la délégation générale à Berlin.

2° - Les prisonniers « transformés » percevront, en Allemagne, une prime d'équipement de 1.000 francs (50 RM). Les modalités de perception de cette prime ne sont pas encore définitivement arrêtées, mais il est vraisemblable qu'elle sera versée par les offices de placement.

3° - Le service social de la délégation officielle française est en mesure de mettre à la disposition des prisonniers transformés un certain nombre de « bleus » qui sont réservés à ceux d'entre eux qui, employés à des travaux salissants, n'auraient pas pu s'en procurer par l'intermédiaire de leur employeur.

Dans les kommandos transformés, les hommes de confiance peuvent donc établir des listes nominatives de demandes et les adresser aux délégués régionaux de la délégation officielle française. » (Informations générales, pp. 396-387 / Ministère Intérieur 1943-158)

PRISONNIERS DE GUERRE - ENVOI D'EFFETS D'HABILLEMENT

Communiqué officiel n° 122, de la direction du Service des Prisonniers de guerre :

« De très nombreuses demandes d'envois d'effets d'habillement aux prisonniers de guerre sont adressées à la direction du Service des Prisonniers de guerre, soit par les familles, soit par des organismes administratifs, soit, enfin, par des associations privées.

Le communiqué n° 103 de la direction du Service des Prisonniers de guerre, en date du 4 décembre 1942, a fait connaître les conditions dans lesquelles était assuré l'habillement des prisonniers et les quantités considérables de vêtements que le Gouvernement français a mis à la disposition de la Croix-Rouge pour leur être distribués.

Depuis les derniers mois de l'année 1942, les expéditions avaient été suspendues pour des raisons indépendantes de la volonté du Gouvernement ; elles ont repris dans le courant du mois d'août et doivent être continuées. On peut donc escompter une amélioration de l'habillement des prisonniers de guerre.

Néanmoins, l'effort du Gouvernement est limité par la faiblesse de ses ressources en matières premières et le nombre des effets qui seront envoyés en Allemagne ne permettra pas de remplacer tous ceux qui sont arrivés à l'extrême limite de l'usure.

Il importe que ces vêtements soient répartis aussi équitablement que possible. Or, comme l'expose le communiqué n° 103, seuls, les hommes de confiance des camps et des kommandos sont en mesure d'apprécier quels sont les effets les plus usagés et dont l'échange s'impose.

C'est pourquoi tout l'habillement est dirigé sur les camps par envois collectifs et il ne peut être donné satisfaction à aucune demande d'envoi individuel. » (Informations générales, pp. 478-479 / Ministère Intérieur 1943-160)

2 septembre 1943 : CONSOMMATION FAMILIALE

Circulation des pommes de terre

« En échange du coupon n° 8 du mois de septembre 1943, de la feuille semestrielle d'alimentation, il sera délivré une feuille de tickets de pommes de terre valable pour les mois de septembre, octobre, novembre, décembre 1943, janvier et février 1944.

Cette feuille permettra aux consommateurs, soit d'obtenir des pommes de terre ou toutes autres denrées distribuées en remplacement, soit d'obtenir, contre la remise d'un certain nombre de tickets et sous certaines conditions, une autorisation de transport de pommes de terre provenant de la récolte 1943, destinées à la consommation familiale.

Cette autorisation donnera droit, forfaitairement, à un transport de 50 kilos de pommes de terre pour chaque feuille de tickets et, le cas échéant, de 100 kilos si le producteur a satisfait à l'imposition qui lui a été fixée par le ravitaillement général.

Entre le 10 septembre et le 31 octobre 1943, et en échange d'une ou plusieurs feuilles de tickets de pommes de terre comprenant les tickets 36 à 40, ainsi que les tickets d'inscription pour octobre, novembre, décembre 1943, janvier et février 1944, il sera remis aux consommateurs par les maires des centres de consommation ou par des bureaux créés spécialement à cet effet, une autorisation donnant droit au transport, jusqu'au 31 décembre 1943, de 50 kilos de pommes de terre pour chaque feuille de tickets remise (les intéressés pouvant utiliser dans ce but leur propre feuille, de même que celles de parents ou d'amis).

Toutefois, les tickets 31 à 35 de la carte de pommes de terre, ainsi que le ticket d'inscription pour septembre 1943, seront conservés par le consommateur en vue de participer, chez le fournisseur auprès duquel il se sera fait inscrire, aux distributions de pommes de terre effectuées au titre du mois de septembre dans le centre de consommation où il réside.

Les dispositions concernant notamment la délivrance des autorisations de transport que prévoit, en outre, l'arrêté qu'a publié le J.O. du 27 août sont identiques, dans leurs grandes lignes, à celles fixées l'an dernier. » (Informations générales, pp. 362-363 / Ministère Intérieur 1943-157)

PRIX DES BOCAUX À CONSERVES

« Le ministère de la Production industrielle et des Communications fait savoir :

Le Comité d'organisation de la céramique et verrerie met en garde les détaillants et le public contre les trafics dont sont actuellement l'objet les bocaux à conserves.

Il rappelle qu'un bocal complet avec couvercle, caoutchouc et étrier ne doit pas être vendu au détail à un prix supérieur de 12 francs environ.

Tout détaillant convaincu d'avoir effectué une vente à un prix supérieur sera poursuivi pour hausse illicite. L'acheteur s'expose d'ailleurs également à des sanctions pénales. » (Informations générales, p. 353 / Ministère Intérieur 1943-157)

FRUITS SAUVAGES

Obligations du ramassage

« Les difficultés multiples auxquelles se heurte le ravitaillement du pays imposent un ramassage intégral des fruits sauvages, tels que glands, marrons d'Inde, faînes, mûres, en vue de leur utilisation rationnelle.

Des tonnages importants de ces fruits ont été récoltés l'an dernier et utilisés pour l'alimentation humaine, l'alimentation animale et la production industrielle. Le ministre secrétaire d'État à l'agriculture et au ravitaillement demande qu'un effort soit fait pour assurer cette année des résultats encore plus satisfaisants.

Le ministre entend faire appliquer, les dispositions de la loi du 27 mai 1941 qui dispose que toute personne ou collectivité publique ou privée, ayant des parcelles plantées ou boisées en châtaigniers, chênes, hêtres, est tenue de procéder ou de faire procéder à la récolte des fruits ou à défaut de supporter cette récolte dans les conditions fixées par l'administration de l'agriculture et du ravitaillement. Les propriétaires qui désirent s'engager à faire eux-mêmes et complètement la récolte de leurs fruits doivent en faire la déclaration à la mairie, dans le plus bref délai possible. La loi prévoit des sanctions contre les contrevenants à ces dispositions. Le ministre secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement annonce également la création d'un service central de ramassage chargé de coordonner l'action de tous ceux, groupements et particuliers, qui s'intéressent et participent au ramassage des fruits sauvages. Cet organisme est rattaché à la direction des industries de l'alimentation, boulevard des Invalides, à Paris.

La vente de fruits sauvages à tous autres qu'aux représentants du service central de ramassage ou aux organismes habilités par l'administration est interdite. Le transport des fruits sauvages ne saurait se faire sans autorisation au-delà de la commune de production et des communes limitrophes. Cette autorisation sera délivrée par les représentants du service central de ramassage ou des organismes habilités. » (Informations générales, pp. 412-413 / Ministère Intérieur 1943-158)

3 septembre 1943 : « Bombardement des centres de production de guerre de la banlieue parisienne par l'aviation alliée. » (5) p. 75

5 septembre 1943 : RÉPRESSION DES INCENDIES VOLONTAIRES DE RÉCOLTES

« La destruction systématique des récoltes et du matériel de battage par des terroristes a amené le gouvernement à prendre contre les auteurs de ces attentats les mesures les plus sévères. »

Le J.O. du 5 septembre a publié un texte de loi apportant à celle du 19 juin 1942 (J.O. du 9 juillet 1942, voir I.G. n° 98, p. 14), qui réprime l'incendie volontaire de récoltes, les modifications suivantes :

« Quiconque aura volontairement mis le feu soit à des récoltes sur pied, soit à des pailles, fourrages ou récoltes en meules, sera puni ; de la peine de mort. La même peine sera encourue par quiconque se sera volontairement livré à des actes de destruction contre le matériel de battage, ou aura, par quelque moyen que ce soit, détruit ou rendu inutilisable des récoltes sur pied, en meules, engrangées, stockées ou en cours de transport. Les auteurs et les complices des incendies ou destructions prévus ci-dessus seront jugés, ainsi que pour toute infraction connexe, par la section spéciale de la cour d'appel, à moins que le renvoi de l'affaire n'ait été ordonné devant le tribunal d'État ».

« Cette mesure qu'approuvent tous ceux qui ont le souci de l'ordre et de la sécurité publique constitue, pour les paysans comme pour les consommateurs, un renforcement du système de défense contre la grave menace de disette que font peser sur le pays les criminels destructeurs de nos récoltes. » (Informations générales, p. 436 / Ministère Intérieur 1943-159)

7 septembre 1943 : « Importantes attaques anglo-américaines contre Stuttgart et Munich. » (5) p. 75

8 septembre 1943 : « Les usines de Bruxelles subissent un violent bombardement par l'aviation alliée. » (5) p. 75

9 septembre 1943 : « MOUVEMENT PRISONNIERS »

Une loi du 9 septembre relative au « mouvement prisonniers » a été publiée au J.O. du 10 septembre.

Sous la haute autorité du Maréchal de France, chef de l'État, et sous la direction du Chef du Gouvernement,

le « mouvement prisonniers » a pour objet de faire passer en réalisations pratiques les enseignements développés au sein des cercles[34] Pétain des Oflags et des Stalags.

À cet effet, il groupe tous les prisonniers de guerre, à leur retour de captivité, sous la seule condition qu'ils s'engagent à servir avec discipline, fidélité et dévouement, le Maréchal de France, chef de l'État, et son gouvernement.

Il unit et dirige les efforts des rapatriés sur tous les plans de l'activité nationale pour traduire dans les faits les principes énoncés par le chef de l'État.

Le commissaire général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles de prisonniers de guerre est le chef du « mouvement prisonniers ».

Il reçoit directement ses instructions du Chef du Gouvernement.

Le commissaire général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles de prisonniers, chef du « mouvement prisonniers » est assisté d'un comité directeur composé de cinq membres nommés par le chef du gouvernement. Ce comité assure le contrôle de l'activité des deux organismes : commissariat général et « mouvement prisonniers », suivant les directives du Chef du Gouvernement. Il a un secrétaire permanent qui se tient en contact constant avec le commissaire général, chef du mouvement. Il se réunit deux fois par mois au siège du commissariat général. En cas d'urgence, il peut être convoqué soit par le commissaire général, soit par le secrétaire permanent.

Le commissaire général préside les réunions. Le « mouvement prisonniers » est reconnu d'utilité publique. Ses statuts sont approuvés. Les conditions d'application de cette loi seront fixées par arrêtés du Chef du Gouvernement. (Informations générales, p. 427 / Ministère Intérieur 1943-159)

10 septembre 1943 : TRANSPORT DE POMMES DE TERRE

« Les autorisations de transport pour pommes de terre seront délivrées à partir du 10 septembre 1943. La date limite de délivrance de ces autorisations est fixée au 31 octobre 1943. Aucune autorisation de transport ne devra donc être délivrée contre remise de la feuille de tickets de pommes de terre à partir du 1er novembre. Ces autorisations devront être rédigées à l'encre, au crayon à copier ou à la machine à écrire et en aucun cas au crayon graphique. Elles ne devront porter aucune rature ou surcharge qui ne seraient pas dûment approuvées par le service qui les a délivrées.

Les autorisations de transport devront porter :

1° - L'indication du nombre de cartes en échange desquelles elles ont été délivrées ;

2° - La mention suivante : « Cette autorisation de transport, utilisable du 10 septembre au 31 décembre 1943, n'est valable que si elle porte le visa du délégué du Comité central de ravitaillement en pommes de terre du département d'expédition ».

Dans le cas de perte ou d'avarie des pommes de terre en cours de transport, sur le vu d'un certificat de perte établi par un transporteur public, reconnaissant la responsabilité de ce dernier par le versement d'une indemnité, les mairies sont habilitées à délivrer à l'intéressé, sur sa demande, soit de nouvelles feuilles de pommes de terre amputées des tickets 31 à 35 et du ticket d'inscription de septembre, et le cas échéant, des tickets dont la période de validité serait périmée. Cependant, en cas de perte ou d'avarie partielle, par le fait d'un transporteur public, il ne sera, en aucun cas, remis de tickets de pommes de terre ; seule une autorisation de transport, représentative du montant de la perte et de l'avarie sera délivrée. Aucun remplacement ne sera effectué si la perte ou l'avarie survenue en cours de transport n'est pas le fait d'un transporteur public. » (Informations générales, pp. 455-456 / Ministère Intérieur 1943-159)

11 septembre 1943 : OUTRAGES AUX MEMBRES DES CHANTIERS DE JEUNESSE

« Le J.O. du 11 septembre a publié une loi du 27 août en vertu de laquelle, sera puni des peines de l'article 224 du code pénal, l'outrage fait par parole, geste ou menace à tout membre des chantiers de la jeunesse dans l'exercice de ses fonctions ou en raison de son état. » (Informations générales, p. 437 / Ministère Intérieur 1943-159)

12 septembre 1943 : « Au Portel, près de Boulogne-sur-Mer, un bombardement de la R.A.F. détruit des installations militaires allemandes. » (5) p. 75

15 septembre 1943 : TRACTEURS AGRICOLES

Pénurie de carburants

« La pénurie croissante de carburants liquides, qui provoque un amenuisement régulier de la dotation faite à l'Agriculture, ne permet plus d'alimenter suffisamment nos tracteurs agricoles. Il est donc indispensable de remplacer les carburants liquides par des carburants solides et en particulier par le bois, et d'adapter pour cela des gazogènes sur les tracteurs agricoles.

Or, pour des raisons de commodités, les agriculteurs ne se sont pas, jusqu'à présent, montrés très empressés à faire cette modification. Il faut absolument reviser un tel état d'esprit.

Si, dans les mois qui vont venir, les carburants liquides venaient à faire défaut, les agriculteurs motorisés qui auraient négligé de se plier aux nécessités de l'heure, seraient dans l'impossibilité de cultiver leurs terres.

Une loi vient donc d'être promulguée au J. O. qui oblige tout agriculteur possédant un tracteur agricole susceptible d'utiliser des combustibles solides après adaptation d'un gazogène à demander cette adaptation.

Des sanctions sévères sont prévues contre les récalcitrants.

Au fur et à mesure des disponibilités, les licences de gazogènes pour les tracteurs agricoles sont réparties dans chaque département par l'Ingénieur en Chef du Génie rural. Des dispositions ont également été prises pour que tous les accessoires nécessaires au montage d'un gazogène puissent être obtenus en même temps que le gazogène.

Il est donc très vivement recommandé aux agriculteurs d'adresser d'urgence au service du Génie rural leurs demandes de licences. Ceux, en effet, qui auront demandé les premiers seront les premiers servis. » (Informations générales, pp. 494-495 / Ministère Intérieur 1943-161)

24 septembre 1943 : « Recensement des jeunes Français nés en 1923. » (5) p. 94

25 septembre 1943 : FABRICATION DES BICYCLETTES

Nouvelle réglementation

« Une décision du 23 septembre publiée au J.O. du 25 septembre prescrit qu'à partir du 1er octobre 1943 seules seront autorisées les fabrications de la classe « bicyclettes et accessoires » qui feront l'objet d'ordres de fabrication individuels. En conséquence, la fabrication des bicyclettes et accessoires est interdite en dehors des prescriptions des « ordres de fabrication » par tout fabricant non titulaire d'un « ordre de fabrication ».

De plus, à dater de la présente décision, toutes bicyclettes neuves en état de marcher ou de livraison sont bloquées :

— En usine, à la diligence des fabricants ;

— En magasin, à la diligence des grossistes ou des détaillants ;

Les bicyclettes ainsi bloquées seront tenues à la disposition du répartiteur des produits finis qui fera connaître par la suite les modalités de déblocage et de répartition.

Tout détenteur d'un stock de bicyclettes neuves en état de marche ou de livraison, qu'il soit fabricant, grossiste ou détaillant, est tenu de faire connaître son stock existant au 30 septembre 1943. » (Informations générales, p. 16 / Ministère Intérieur 1943-162)

29 septembre 1943 : FABRICATION DES STYLOGRAPHES

Réglementation

« Une décision du répartiteur-chef de la section des produits finis et des matières diverses de l'Office central de répartition des produits industriels, en date du 25 septembre, a été publiée au J.O. du 29 septembre.

Elle précise qu'à dater du premier novembre les stylographes et porte-plume à réservoir et leurs pièces détachées ne pourront être fabriqués qu'en conformité avec des « ordres de fabrication » individuels par les comités d'organisation de la brosserie, de la tabletterie et des industries connexes.

Ces ordres de fabrication prescrivent notamment les caractéristiques de ces produits à fabriquer, les quantités, l'échelonnement dans le temps des fabrications, les quantités caractéristiques de certains produits à mettre en oeuvre. L'emploi de toutes quantités de produits contingentés allouées en vue de l'exécution d'un ordre de fabrication est rigoureusement interdit pour toute fabrication autre que celle spécifiée dans chaque « ordre de fabrication. » « En conséquence, la fabrication des produits indiqués ci-dessus est interdite à partir du premier novembre 1943 à tout fabricant non titulaire d'un ordre de fabrication. Les produits fabriqués sont de vente libre, sauf stipulation concernant l'affectation de certaines quantités de chaque article à la satisfaction de commandes prioritaires. »

FABRICATION DES BRIQUETS

Réglementation

Une décision du répartiteur-chef de la section des produits finis et des matières diverses de l'Office central de répartition des produits industriels en date du 25 septembre, a été publiée au J.O. du 29 septembre.

Elle précise qu'à dater du premier novembre 1943, les briquets à combustible liquide et à amadou et leurs pièces détachées, à l'exception des molettes, ne pourront être fabriqués qu'en conformité avec des « ordres de fabrication » individuels notifiés par des comités d'organisation de la brosserie, de la tabletterie et des industries connexes.

Les « ordres de fabrication » prescriront : les caractéristiques des produits à fabriquer, les quantités, l'échelonnement dans le temps des fabrications, les quantités caractéristiques de certains produits à mettre en oeuvre. Les produits contingentés alloués en vue de l'exécution d'un « ordre de fabrication » ne doivent pas servir à des fabrications autres que celles spécifiées.

La fabrication des produits indiqués ci-dessus est en conséquence interdite à partir du premier novembre 1943, à moins que le fabricant ne soit titulaire d'un « ordre de fabrication ».

Les produits fabriqués sont de vente libre, sauf le cas où des « ordres de fabrication » auraient stipulé que certaines quantités devraient être destinées à satisfaire les commandes prioritaires. » (Informations générales, pp. 19-20 / Ministère Intérieur 1943-162)

Mercredi 1er septembre 1943 245

Reçue 19.09, réponse le 20

Bien chère sœur et cher Louis,

Après 17 jours sans nouvelles de vous, j'ai enfin reçu hier votre lettre du 21. J'ai encore à recevoir deux lettres ultérieures à celle-là, j'espère que vous les avez reçues et même renvoyées, mais elles doivent faire une pause en route, où elles ont peut-être pris le chemin des écoliers. Dimanche dernier, étant le cinquième d'août, nous n'avons pas écrit. C'est pourquoi j'écris la présente en semaine. Caparroi était venu passer la journée dominicale avec moi. Nous avons passé toute l'après-midi sur un terrain de sport où les trois compagnies du bataillon se mesuraient au football, à la course à pied, au saut à la perche, au disque, à la boxe, etc. Le tout agrémenté par un petit orchestre.

Ici aussi, la température a changé. Oh, il n'a pas fait si chaud que ça. J'ai quitté mon pull pendant 15 jours tout au plus. Je suis heureux d'apprendre que Louis se soit décidé à prendre quelques vacances, ça lui changera un peu. L'année prochaine, nous les prendrons ensemble. Le petit jouet se termine. Je vous l'enverrai la semaine prochaine.

Chère sœur, à propos de tabac, j'en ai assez. Par conséquent, c'est comme par le passé. Jouanuc est-il venu vous voir ? Il doit être content d'avoir été rapatrié, surtout que la ville, où il était, reçoit d'assez nombreuses visites qui ne sont pas agréables pour tous. Ici, nous sommes tranquilles de ce côté. Voilà bientôt un an que nous y sommes et voilà aussi que je touche au quatrième anniversaire de mon départ pour… la grande aventure ! Gros baisers. Léon

Mercredi 1er septembre 1943 245-1

Bien chère maman,

Ces quelques lignes pour venir te donner directement de mes bonnes nouvelles. Ma santé est toujours bonne et je désire de tout cœur que la présente te trouve de même. Surtout, ne fais pas d'imprudence en allant au bois, ne te fatigue pas de trop.

Bientôt, j'espère, je pourrai de mes bras vigoureux te soulager. Ton fils qui t'embrasse et ne t'oublie pas. Bonjour aux familles Soulé et Estrade. Léon

Dimanche 5 septembre 1943 246

Reçue 23.09, réponse le 29

Bien chère sœur et cher Louis,

Depuis que je vous ai envoyé la précédente lettre, j'ai eu le plaisir de recevoir les vôtres des 17 et 18/08 ainsi qu'une carte de maman du 14/08 sur laquelle Mme Soulé me demande quand je compte arriver en permission : je ne répondrai pas à sa question. Bref, en ce moment, j'ai tout reçu en correspondance. Ce matin, j'ai été au cinéma où nous avons vu un délicieux film français dont Lucien Baroux était le principal acteur, il avait pour titre « Le prince charmant ». J'ai donc vu Caparroi, mais n'ai pu causer longuement avec lui, car nous n'avons plus de permission pour le moment. Nous avons dû donc rentrer sitôt la séance. Je crois qu'il a appris ces jours derniers le décès de son père. Il n'a pas eu le temps de m'en causer. Dans la semaine nous partons pour Hanovre à environ cent cinquante kilomètres à l'Est. Caparroi, lui, reste ici. Aujourd'hui, voilà quatre ans que je vous quittai pour rejoindre Bayonne, ça fait loin. Heureusement dans un sens, car ainsi, c'est du peu qu'il nous reste à faire. J'ai appris avec plaisir aussi qu'Anna et Juliette étaient venues passer quelques jours. Bien sûr, ce ne sont plus les vacances d'avant-guerre. Oncle est-il arrivé ? Louis est-il content de son séjour en Ariège ? Dans la semaine, je vous enverrai le petit colis. En ce moment, la dernière couche du lapin sèche. La pipe, j'avais oublié de la mettre, elle sera dans celui-ci. Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 5 septembre 1943 247

Reçue 21.09, réponse 25.09

Bien cher beau-frère,

J'espère que tu auras passé de bonnes vacances à Campettes et que tu n'en seras pas rentré trop fatigué. J'ose croire que tu auras taquiné la truite et fait bonne prise. Ces jours-ci, je vais vous adresser un petit colis renfermant les sabots en caoutchouc que je ne mets pas, car ils usent trop les chaussettes. Je joins un jouet que j'ai fait pour la petite fille à Ridel, un mouchoir et ma pipe de prisonnier. J'espère que tout vous arrivera bien. Je termine en vous embrassant. Léon

CARNET

Mercredi 8 septembre 1943 = Départ d'Osnabrück.

Le même jour, 8 septembre 1943 = Arrivée à Hannover.

[Nous avons quitté Osnabrück le 8 septembre 1943 pour Hannover où nous arrivons le même jour. Durant notre séjour dans cette ville, j'ai eu la chance de travailler de mon métier dans un hôpital détruit partiellement par un bombardement afin d'y récupérer des appareillages électriques et médicaux pour les réutiliser dans une annexe située en banlieue[35]. L'obligation de se rendre à l'extérieur du cantonnement pour notre travail nous autorisa à utiliser le tramway qui reliait les deux agglomérations. Un camarade plombier faisait équipe avec moi. Nous avions droit au repas de midi sur place. C'était les bonnes sœurs de ce centre annexe où avaient été transférés les malades à la suite du bombardement de l'hôpital d'« Henrietten-Stif » d'Hannover qui y faisaient la cuisine. Je peux dire que le peu de temps que nous y avons travaillé, nous avons été presque gâtés : petit-déjeuner avant d'attaquer le travail (laitages de la veille ou autres, pain à volonté), repas de midi, goûter avant de reprendre le tramway. Au goûter, nous avions les tranches de pain blanc intercalées de pain noir... Quelle aubaine ! Après avoir raccordé les différents appareils récupérés à l'hôpital, il nous a fallu reprendre le travail de nettoyage des bâtiments sinistrés. Fini les petites attentions à notre égard, nous dûmes nous contenter de la ration de midi. A noter quand même que le samedi à midi, avant de rentrer au camp, le directeur nous distribuait, à mon copain plombier et moi-même, un bon morceau de ventrèche et un pain, ce qui nous permettait d'améliorer notre ordinaire du dimanche et de la semaine.]

Dimanche 12 septembre 1943 248

Reçue 07.10, réponse le 11.10

Bien chère sœur et cher Louis,

Ces jours derniers, j'ai eu le plaisir de lire vos lettres des 27 et 30/08. Elles sont venues me trouver à notre nouveau camp à Hanovre où nous sommes arrivés dans la nuit de mardi à mercredi. Ici, nous travaillons, presque la totalité de la compagnie, à faire de grands abris. Pour le moment, ça va, malgré que je ne sois guère familier avec le béton. Heureusement que ça se tire, c'est pourquoi j'aborde tout avec courage. Merci, chère sœur, pour ta petite visite faite à Lourdes en compagnie d'Oncle. Ce jour, je lui envoie une carte sur laquelle je ne manquerai pas de le remercier. Je ne pourrai donner le bonjour à Caparroi vu qu'il est resté à Osnabrück avec sa compagnie. Je crois t'avoir déjà dit que j'avais reçu le colis n° 14, seul le 8 a été intercepté. En ce moment, j'attends donc le n° 17 ainsi que celui du gendre Destarac et celui d'Arreau. J'attends également la réponse de la carte envoyée à Anna, j'espère que la grippe l'aura quittée. Vous remercierez aussi Jane et lui donnerez le bonjour ainsi qu'aux personnes habituelles. Ce jour, je vous adresse aussi une vignette bleue. Donc, pour le moment, tout va bien. Rien de spécial à vous demander, ma santé est bonne. Sur le chantier, je fais le ferrailleur, ce qui ne me déplaît pas. Dans l'espoir que la présente ira vous trouver trois en parfaite santé, je termine, cher Louis et Léonie, en vous embrassant. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 19 septembre 1943 249

Reçue 21.10, réponse de suite

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine qui se serait écoulée sans rien si je n'avais eu l'agréable surprise de recevoir le colis[36] n° 17 - extérieurement, il était en parfait état, mais les poches ayant cédé, les nouilles étaient mélangées aux lentilles et à la farine de légumes. À propos, si cela est possible, fais-moi supprimer cette fameuse farine de légumes, tant pis si tu ne peux la faire remplacer par autre chose, je n'en ai nullement besoin, car j'en ai d'avance et de plus, en ce moment, nous avons la soupe midi et soir. Les pommes n'étaient pas abîmées et m'ont fait grand plaisir. Dans la semaine, je vous ai adressé un mandat de 70 marks : hélas, je crois que je ne pourrai continuer ces envois, car, ici, paraît-il, le gain mensuel est de beaucoup inférieur à celui d'Osnabrück (de 15 à 18 Marks contre 40 + prime à Osnabrück). Ce n'est pas merveilleux, mais peu importe. Ce jour, je vous adresse également une vignette bleue avec la nouvelle adresse (Hannover). Ici, dans le même temps, j'ai rencontré un gars de Nouilhan et un des environs de Lourdes (sur la vallée d'Argelès). Eux aussi ont très bon moral. J'attends nouvelles de Toulouse, ensuite je leur écrirai et remercierai (Anna pour le colis). Cet après-midi, j'ai assisté à un match de foot entre prisonniers sur un terrain situé devant notre camp. Je suis toujours en parfaite santé et désire que la présente vous trouve de même. Tout va pour le mieux. Bonjours habituels.

Je vous embrasse. Léon

Dimanche 26 septembre 1943 250

Reçue 22.10, réponse le 03.11

Bien chère sœur et cher Louis,

Ce soir, c'est sur mes genoux, assis sur mon lit, étage supérieur, que je vous écris. Les tableaux sont occupés : trois équipes de joueurs de cartes et six copains qui eux aussi remplissent leur lettre dominicale. Nous sommes tous un peu en retard car nous avons travaillé jusqu'à deux heures. L'après-midi, certains ont assisté à un match de football, d'autres ont été promener en ville, c'était la première sortie depuis notre arrivée. Moi, j'étais cuisinier de service. J'avais des haricots à faire cuire, ça prend du temps et constamment il faut être à mettre du bois dans le poêle.

Donc, ce matin, nous avons été mettre ou faire passer des tuiles, ça pressait car le temps était à la pluie. À partir de demain, je fais partie d'une équipe de vitriers, ça me changera un peu.

Dans la semaine, j'ai reçu un colis venant de M. Trélut, une carte de Blaisine. Au fait, avec qui se marie André A. ? Avec Anna B. ! J'ai également reçu votre lettre du 06/09. Je constate que la sécheresse a vraiment porté tort aux légumes. L'essentiel, c'est que vous puissiez en trouver, à un prix assez élevé, naturellement ! Ceci est un détail.

Ce jour, je vais envoyer une carte à maman. Elle lui fera plaisir surtout si vos visites sont toujours espacées. Le 15/08, j'ai écrit aux patrons ; j'attends leur carte. Suis toujours en parfaite santé et désire que la présente vous trouvera de même tous trois. Avez-vous reçu le colis ?

Je vous embrasse. Léon

Dimanche 26 septembre 1943 251

Réponse le 30.10

Bien chère maman,

Un petit mot, chère maman, pour apporter de mes bonnes nouvelles. Ma santé est toujours bonne et suis heureux de savoir par Léonie que la vôtre se maintient aussi. C'est l'essentiel. Bientôt enfin, je l'espère, ceci prendra fin et je pourrai venir te retrouver. Quel beau jour ce sera ! Mon meilleur souvenir aux familles Soulé et Estrade. Ton fils qui ne t'oublie pas. Léon

Octobre 1943

Rappel historique, 1er octobre 1943 : JEUNES GENS DES CLASSES 1939-1940-1941 & 1942.

Conditions d'embauchage en France

Le Commissariat général interministériel à la main-d'œuvre communique :

« Les jeunes gens des classes 1939, 40, 41 et 42 nés entre le 1er octobre 1919 et le 31 décembre 1922, peuvent rester en France, à condition d'être embauchés dans un des secteurs d'activité suivants :

a) Mines. — Mines du fond (sont assimilés aux mineurs : le personnel technique et les ouvriers spécialistes de recherche et de production d'hydrocarbure).

b) Organisation TODT.

c) Activités dépendant de la Production industrielle. — Usines de production de carburants et lubrifiants de remplacement et de synthèse ; industrie des métaux de construction ; usines Rustung, V. Betried et usines préférentielles ; poudreries ; industries agricoles et industries connexes de préparation ; transformation et conservation des produits agricoles.

d) Transports. — S. N. C. F. : entreprises de réparation de matériel ferroviaire ; navigation intérieure sur voies navigables (seulement le personnel d'exploitation des voies navigables, les équipages de remorqueurs et de loueurs et les conducteurs de tracteurs).

e) Exploitations forestières.

f) Grands barrages.

Cette décision vise à conserver dans les secteurs présentant une importance essentielle les jeunes gens qui y travaillent déjà.

Elle permet aux jeunes gens actuellement inoccupés ou travaillant dans des secteurs d'intérêt secondaire de se porter vers ces activités essentielles. Cette possibilité d'embauche volontaire accordée aux jeunes gens, cette facilité consentie aux entreprises essentielles ne doivent pas, toutefois, conduire à des abus.

La protection accordée aux travailleurs de certains secteurs ne vise que le personnel indispensable. On ne saurait, notamment, affecter de jeunes gens à des emplois pouvant être assurés par de la main-d'œuvre féminine. » (Informations générales, pp. 123-124 / Ministère Intérieur 1943-165)

3 octobre 1943 : « Munich subit d'importants dégâts au cours de raids effectués par l'aviation anglaise. » (5) p. 75

PRISONNIERS DE GUERRE. Ravitaillement en pain concentré

« Les efforts opiniâtres et étroitement conjugués du ravitaillement et de l'intendance ont réussi à éviter les graves perturbations que, logiquement, l'arrêt des importations en provenance de l'Afrique aurait pu apporter dans la fourniture aux prisonniers de guerre français dés denrées alimentaires de complément qu'ils apprécient tant.

C'est par des produits de grande valeur alimentaire demandés à l'économie nationale, principalement par le « pain concentré » (biscuits de farine blutée à 85 %, enrichis de graisse et de sucre) et par les conserves de viande, qu'ont été remplacées les denrées dont l'envoi a été empêché par le blocus anglo-américain.

Il convient de signaler aux familles le concours immédiat et sans réserve, que l'intendance a trouvé auprès des industriels chargés de fabriquer ces produits de base. Pour le pain concentré, par exemple, les grandes biscuiteries de Paris, de Marseille, de Nantes, de Dijon et de Grenoble, pressenties par l'intendance, se sont mises en mesure, dans le minimum de temps, de fabriquer et de livrer chaque jour jusqu'à 100.000 kilos environ de ce pain précieux.

Le transport de pareilles quantités, et leur répartition entre le secours collectif et le secours individuel posent, dans les circonstances présentes, des problèmes souvent difficiles, mais les résultats déjà obtenus dans ce domaine sont de nature à confirmer les familles dans la certitude que les pouvoirs publics continueront à ne rien négliger pour assurer, dans les meilleures conditions possibles, les envois de produits alimentaires de complément à leurs chers absents. »

TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE. Envoi d'un colis

Le Centre d'information du Travail français en Allemagne communique :

« Les hautes autorités allemandes viennent d'autoriser l'expédition, à partir de la zone sud, d'un envoi unique d'objets d'habillement et d'équipement, par colis postal d'un poids maximum de 15 kilos, aux ouvriers français travaillant en Allemagne. Les colis, dont le dépôt pourra être effectué à partir du 1er octobre, devront être obligatoirement revêtus d'une étiquette adresse gommée portant la mention : « Colis pour un ouvrier français, en Allemagne. Arbeiterpaket. »

Cette étiquette sera remise aux familles par les bureaux de placement allemand.

Du fait de la prise en charge par l'État, à partir de la même date, de 50 % des frais de transport afférents aux colis individuels adressés à des ouvriers français travaillant en Allemagne, les taxes applicables à ces envois seront les suivantes : 9 francs pour un colis n'excédant pas 1 kilo ; 12 francs pour un colis de 1 à 3 kilos ; 14 francs pour un colis de 3 à 5 kilos ; 27 francs pour un colis de 5 à 10 kilos ; 34 francs pour un colis de 10 à 15 kilos.

Pour envoyer ce colis, il suffit de réaliser l'emballage en carton fort ou en caisse, et de se présenter dans un bureau de poste ou une gare où l'on souscrira un inventaire et deux déclarations en douane (bulletin blanc). Joindre un inventaire à l'intérieur du colis. » (Informations générales, pp. 8-9 / Ministère Intérieur 1943-162)

11 octobre 1943 : « La ville de Münster (Allemagne) subit un important bombardement par l'aviation alliée. » (5) p. 75

15 octobre 1943 : POMMES DE TERRE

Conditions des expéditions familiales

« La S.N.C.F. fait savoir que les envois de pommes de terre ne sont acceptés par les gares qu'en sacs de 50 kilos au maximum.

Les expéditions se font en port payé seulement, sans remboursement ni débours. Le prix du transport est fixé par sac et comprend la livraison à domicile. Aucune autre denrée ne peut être ajoutée aux pommes de terre, sauf les légumes secs, si une autorisation spéciale a été délivrée. Sur chaque sac doit être cousue une étiquette-adresse en toile comportant : l'adresse complète du destinataire, en n'oubliant pas, pour Paris, le numéro de l'arrondissement. La mention très importante : « partie de xxx (tant de) sacs », si l'expédition comprend plusieurs sacs. Ces indications, inscrites à l'encre indélébile, doivent être répétées sur une seconde étiquette en carton ou en papier fort placée à l'intérieur de chaque sac. » (Informations générales, p. 56 / Ministère Intérieur 1943-163)

RÉCOLTES PROVENANT DE JARDINS FAMILIAUX

Autorisations de transport

« Tout exploitant d'un jardin individuel, titulaire de la carte de jardinage, a la possibilité de se faire délivrer, sans qu'il soit exigé en échange la remise d'aucun titre de rationnement, une autorisation de transport, soit pour rentrer sa récolte, soit pour procéder à des expéditions destinées à des parents ou amis, voire à des oeuvres, sociétés ou collectivités, étant entendu que les envois ainsi effectués conservent un caractère strictement familial et ne sauraient, en aucun cas, être utilisés à des fins commerciales. Ces autorisations qui visent essentiellement les pommes de terre et légumes secs et permettent l'expédition de la récolte en une seule fois ou par fractions successives doivent être demandées au chef du district du ravitaillement dans la circonscription duquel est situé le jardin.

La première demande devra comporter :

1° Les indications nécessaires à l'autorisation de transport proprement dite (noms et prénoms, adresses de l'expéditeur et du destinataire, quantité de denrées à transporter, provenance de la récolte, mode d'expédition ou de transport, mention de la gare de départ et de la gare destinataire) ;

2° La mention du numéro de la carte de jardinage de la mairie qui l'aura délivrée ;

3° La déclaration des superficies ensemencées visée par le maire de la localité où est située l'exploitation. Toutefois, ce visa pourra être remplacé par celui du président de l'association des jardins à laquelle appartient le demandeur.

Dans le cas où la première demande n'aurait compris le transport que d'une partie seulement de la récolte, il suffira que toute demande énumérée ultérieurement porte les indications nécessaires à l'autorisation de transport proprement dite, indications ci-dessus. Elle devra être adressée au chef de district du ravitaillement compétent et comporter références et date de la demande initiale de transport. » (Informations générales, pp. 92-93 / Ministère Intérieur 1943-164)

19 octobre 1943 : « Raid aérien britannique sur Hanovre (Allemagne). » (5) p. 75

20 octobre 1943 : PRISONNIERS DE GUERRE

Poids des colis individuels

Communiqué officiel n° 123 de la Direction du Service des prisonniers de guerre, en date du 20 octobre 1943 :

« Il a été signalé à la Direction du Service des prisonniers de guerre que les autorités allemandes constataient, depuis quelque temps, que les colis individuels adressés aux prisonniers de guerre et dont le poids maximum a été fixé à 5 kilos, présentent souvent un excédent de poids.

Il est rappelé aux familles et aux correspondants habituels des prisonniers de guerre qu'en règle générale, les envois dépassant le poids maximum autorisé ne sont pas admis.

Quant aux colis contenant un objet indivisible, acceptés exceptionnellement jusqu'au poids de 10 kilos, ils doivent être revêtus d'une mention appropriée justifiant le dépassement du poids normal.

L'attention de tous les expéditeurs de colis individuels est appelée sur le fait que l'inobservation par quelques-uns, de la règle établie, risquerait d'entraîner des mesures restrictives dont souffriraient l'ensemble des prisonniers.

Ce communiqué, valable pour la zone Nord comme pour la zone

Sud, est inséré au J.O. et doit être tenu dans toutes les mairies à la disposition du public. » (Informations générales, pp. 159-160 / Ministère Intérieur 1943-166)

23 octobre 1943 : APPEL AUX VOLONTAIRES

Le ministre de la Production industrielle et des Communications fait savoir :

« Par une lettre du 23 octobre, le Chef du Gouvernement a autorisé les Houillères à reprendre librement l'embauche pour les travaux du fond. Il a donné l'assurance que tous les mineurs du fond seront exemptés de tout service en Allemagne et libérés du fait du travail dans lesdites mines de toute autre obligation vis-à-vis du Service du Travail Obligatoire, quelles que soient leur classe de recrutement et leurs occupations antérieures. Une seule condition : soit posséder la capacité physique requise, soit avoir une formation professionnelle antérieure permettant aux candidats de rendre aux mines les services que celles-ci sont en droit d'en attendre.

Les engagements réalisés dans les journées qui suivront immédiatement la diffusion du présent appel et jusqu'à une date limite qui sera fixée sous peu mettront fin à toutes situations irrégulières au regard de la loi sur le Service du Travail Obligatoire. Dans chaque région, tous ceux que la question intéresse, trouveront toutes précisions utiles directement auprès des exploitations minières et de la plupart des négociants en charbon. Rappelons que les mineurs du fond bénéficient de suppléments appréciables de rations alimentaires (pain, vin, viande, matières grasses, fromage, confiture et de tabac). » (Informations générales, pp. 176-177 / Ministère Intérieur 1943-166)

26 octobre 1943 : « Le général Bergeret est arrêté en Afrique du Nord sur l'ordre du Comité d'Alger. » (5) p. 107

PRISONNIERS DE GUERRE

Contenu des colis

Communiqué officiel n° 125 de la Direction du Service des prisonniers de guerre en date du 26 octobre 1943 :

« Il arrive, de plus en plus fréquemment, que des familles mettent dans les colis de prisonniers des pièces telles que : actes de naissance ou de mariage, certificats divers, etc.

La Direction du service des prisonniers de guerre attire de nouveau l'attention des familles sur le fait que tout envoi de documents dans les colis est interdit par les autorités allemandes, et que toute infraction à cette règle risque d'entraîner la confiscation totale du colis.

En outre, la Direction du Service des prisonniers de guerre rappelle qu'elle transmet aux prisonniers, sur leur demande expresse, contresignée par l'homme de confiance, les pièces officielles dont ils peuvent avoir besoin. Les détails concernant cette transmission sont consignés dans le communiqué officiel n° 109. Dans l'intérêt même de leurs prisonniers, il est donc recommandé aux familles d'observer strictement les prescriptions en vigueur et de ne mettre dans les colis que des objets autorisés. »

CENTRES D'ENTRAIDE AUX PRISONNIERS

Le Commissariat général aux prisonniers de guerre rapatriés communique :

« Les personnes ou les organisations qui versent des dons en faveur des prisonniers de guerre ou de leurs familles, à quelque titre que ce soit (secours, livre du prisonnier, etc.), peuvent demander aux centres d'entraide un reçu édité spécialement à cet effet. Ce reçu est extrait d'un carnet à souches où sont inscrits le nom du donateur et le montant de la somme versée. Seuls, les membres des centres d'entraide sont habilités pour remettre ce reçu. » (Informations générales, pp. 160-161 / Ministère Intérieur 1943-166)

27 octobre 1943 : « M. Vincent-Auriol, ancien ministre français, rejoint la dissidence à Londres. » (5) p. 94

31 octobre 1943 : PRISONNIERS, RAPATRIÉS ET MORTS POUR LA FRANCE. Organisation d'un centre d'orientation professionnelle pour leurs fils

Le Commissariat général aux prisonniers de guerre rapatriés communique :

« Le Commissariat général aux prisonniers de guerre rapatriés ou aux familles de prisonniers de guerre organise, pour les fils des prisonniers de guerre, des rapatriés et des morts pour la France un centre d'orientation professionnelle dans l'ancienne abbaye de Pont-Levoy, près de Blois (Loir-et-Cher). Ce centre accueille les jeunes gens de 14 ans environ. Tout en réservant une large part au développement physique, moral et intellectuel de ces garçons, il prépare aux métiers de la métallurgie, du bois, de la maçonnerie, de l'agriculture. Le régime est l'internat. Les études qui peuvent, selon le métier choisi, s'étendre sur plusieurs années sont gratuites, ainsi que la pension.

Pour tous renseignements complémentaires, s'adresser au Commissariat général aux prisonniers, 3, rue Meyerbeer, ou à la Commission nationale tripartite de la métallurgie, 33, avenue Hoche, ou encore au chef du centre, abbaye de Pont-Leroy (Loir-et-Cher). » (Informations générales, pp. 83-84 / Ministère Intérieur 1943-164)

Dimanche 3 octobre 1943 252

Reçue 09.11, réponse le 12

Bien chère sœur et cher Louis,

Au début de la semaine, j'ai eu le grand plaisir de lire un abondant courrier, soit : deux cartes des patrons, une de Toulouse, une de Ridel, une de Cadéac et aussi une de vos lettres sur laquelle vous m'accusez réception d'un mandat de mille francs. Ce jour, je vous adresse une vignette bleue et par le même départ, j'adresse une carte à Toulouse pour les remercier de leur colis envoyé de Tarbes. Dimanche, j'en enverrai une voir à M. Trélut pour son colis aussi. Je ne vous répondrai pas, point par point, à votre dernière lettre, car je l'ai au fond de la valise. Et nos bagages sont pêle-mêle, car ce matin nous avons changé de camp, l'autre étant trop petit. Nous n'avons rien perdu, car nous voici dans une grande école dont nous occupons le deuxième étage. Une autre compagnie occupant le premier. Les salles sont confortables, la construction solide. Donc, cet hiver, nous n'aurons pas froid. Au sous-sol, une cave voûtée - donc aussi à l'abri en cas de bombardement. Je travaille toujours dans mon nouveau métier, ce n'est pas très fatigant et ma foi assez intéressant. Nous passons dans toutes les maisons et nous avons du travail pour quelques mois. Ça rentre assez facilement et à mon retour, cher Louis, je pourrai te donner la main à vitrer. Ainsi, tout va pour le mieux, en attendant le retour qui ne saurait plus tarder. Ce soir, j'irai parmi l'autre compagnie venant de Berlin, peut-être y a-t-il des gars du pays. Aujourd'hui, je termine, espérant que la présente vous trouvera tous trois en parfaite santé. Les bonjours habituels. Votre frère et beau-frère. Léon

CARNET

[Du vendredi 8 au samedi 9 octobre 1943 = Bombardement de Hannover.]

Toulouse, 15 octobre 1943 252-1

Lettre de la cousine Anna à Léonie et Louis (Envoyé mandat de suite reçue)

Bien chers cousins

J'espère que vous aurez reçu la carte que je vous ai adressée pour vous donner des nouvelles de Juliette. Je vous dirai que pendant les 10 premiers jours après l'opération, la pauvre, elle a bien souffert et que nous avons eu bien peur, mais à présent, l'amélioration se maintient. Elle a encore quelques malaises et puis elle est encore bien faible, mais enfin les forces reviendront petit à petit. Je vous assure que nous avons passé de bien mauvais moments, mais je pense que maintenant les complications ne sont plus à craindre, car le docteur a dit hier à Juliette qu'elle pourrait quitter la clinique dans 2 ou 3 jours. Oui, chère Léonie, c'est la clinique où elle a travaillé 5 ans ; ce n'est pas loin de chez nous, heureusement sur les Allées Charles de Fitte : les docteurs la connaissaient ainsi que presque tout le monde et elle a été bien soignée. C'est la nourriture qui laisse un peu à désirer. Chère Léonie, Juliette ainsi que nous toutes serons très heureuses de te voir. Maman, quoique fatiguée va bien ainsi que Marcelle que je suis allée chercher samedi, car Juliette la réclamait. A Campettes, tous vont bien. Bien chers cousins, puisque vous nous l'offrez si gentiment, je vous serai reconnaissante de nous adresser un mandat de 2.000 francs si vous pouvez, que je vous retournerai aussitôt que possible. J'espère que vous avez de bonnes nouvelles de Léon et que tante aussi se porte bien. Dans l'attente de vous lire bientôt, recevez chers Louis et Léonie, de Juliette, maman, Marcelle et moi, nos plus affectueux baisers.

Votre cousine dévouée. Anna

P.S. Je ne sais si je vous ai dit qu'on l'avait opérée de l'estomac ainsi que de l'appendicite en même temps.

Dimanche 17 octobre 1943 253

Réponse le 24/11

Bien chère sœur et cher Louis,

Nous voici au troisième dimanche d'octobre, le précédent je n'ai pu vous écrire. Il est 6 h 30, je viens de dîner ; à 4 h 30, nous sommes rentrés du travail, ensuite j'ai pris une douche et ai assisté à la messe dite au grenier de notre école, car nous habitons une nouvelle école, puis je me suis mis à table. Donc, depuis la dernière fois que je vous ai écrit, je n'ai rien reçu, mais j'espère que ce ne sera qu'un retard relatif à l'interruption des communications d'ici ; j'espère que rien ne sera détruit, tant les lettres que les colis. Depuis notre arrivée ici, nous voilà au quatrième cantonnement, le précédent était le grenier d'une grange, et là, sur la paille, nous étions comme pendant la guerre, tout près des lignes. Heureusement, ce n'était que provisoire et depuis hier nous avons retrouvé nos petits lits superposés ma foi assez confortables, de plus, dans une salle de classe où nous sommes à 26 et où fonctionne le chauffage central. On se sent bien mieux, reste à souhaiter d'y passer l'hiver, à moins qu'on ne rentre parmi vous avant. Hélas, je ne crois pas. Dès que je pourrai, j'écrirai aux autres correspondants. En attendant, donnez-leur bien le bonjour. Tout va toujours pour le mieux, tant le moral que la santé. J'allais terminer sans vous demander de m'envoyer, si possible, une brosse à dents et un dentifrice ; j'en suis démuni. Avez-vous reçu mon colis ? J'espère vous écrire à nouveau dans le courant de la semaine. Je termine en vous embrassant de cœur sans oublier maman.

Les bonjours habituels. Léon

Jeudi 21 octobre 1943 254

Réponse 29.11

Bien chère sœur et cher Louis,

Voici deux jours, j'ai eu le plaisir de pouvoir lire votre lettre du 29/09. Hier, notre homme de confiance nous a fait parvenir un mot d'Osnabrück où sont en souffrance bon nombre de colis pour notre compagnie. Il nous les fera parvenir dès que le trafic sera rétabli. Il a fait aussi une collecte dans les deux compagnies, car quelques camarades ont dû abandonner leurs affaires. Cette fois, nous sommes en banlieue et bien placés. Tout va pour le mieux. Je termine en vous embrassant de tout cœur à tous trois. Léon

Dimanche 24 octobre 1943 255

Reçue 15.11, réponse même jour

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui encore, nous avons quitté le travail dans l'après-midi. Jusqu'à maintenant, j'ai eu travail : cuisine, coiffeur, toilette, etc. Il est 7 h. 30 et profite de vous écrire en vitesse pendant que le temps est calme. Chère sœur, à ce propos, et je sais que vous êtes renseignés par les journaux sur les attaques aériennes des différentes villes. À ce propos, dis-je, soyez complètement rassurés, nous avons des abris et heureusement, car de notre précédente école, il ne reste que cave et murs. C'est pourquoi, à presque tous, il nous manque partie ou totalité de nos affaires : notre chambre a pour ainsi dire tout sauvé, le feu ayant pris plus tard que dans les autres. L'alerte m'a contraint à interrompre la présente ; aussi, en ce moment, suis-je à l'abri en train de la terminer. La D.C.A. ne tape pas aujourd'hui, ce ne doit pas être pour nous : ce sont des passages. Une fois de plus, chère sœur et chère Louis, rassurez-vous, je ne fais pas d'imprudence, et nos abris sont sûrs. Surtout, rassurez maman. Que son imagination ne travaille pas de trop. Le soir, j'ai reçu votre lettre du 11 et, voici deux jours, celle du 29/09. Hier sont arrivés les premiers colis[37]. Aussi, ai-je l'espoir d'en avoir dans la semaine. Après la réception du mandat, j'espère que vous aurez eu celle du colis. J'espère aussi que la récolte des pommes de terre aura dépassé vos prévisions, car, en effet, elles sont chères : ici, nous en mangerons en bonne quantité. Je vais terminer en vous embrassant de cœur espérant que la présente vous trouvera comme elle me quitte, en parfaite santé. Léon

Novembre 1943

Rappel historique, 1er novembre 1943 : « Une conférence qui réunissait à Moscou les représentants des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'U.R.S.S., prend fin sur un accord entre les trois puissances pour la continuation de la guerre et l'organisation de la paix. » (5) p. 100

RATIONNEMENT DE NOVEMBRE

Prescriptions pour le mois de novembre

« Voici les caractéristiques essentielles des titres d'alimentation qui seront valables à partir du 1er novembre prochain :

1° Feuillet de tickets de pain. — Sera délivré en échange du coupon n° 6 de novembre, dans les conditions habituelles ;

2° Tickets de viande. — En échange du coupon n° 7 ;

3° Denrées diverses. — Coupon n° 7 de novembre (le même utilisé pour les feuillets de tickets de viande).

Jusqu'à nouvel ordre et en ce qui concerne le fromage, seuls les tickets-chiffres doivent être amputés sur les feuilles de denrées diverses des malades bénéficiaires des régimes 1 et 2.

D'autre part, conformément aux dispositions prises antérieurement, les producteurs d'oléagineux recevront des feuilles de tickets de denrées diverses ne comportant que 40 grammes de matières grasses ;

4° Travailleurs de force. — Coupon n° 4 ;

5° Carte de lait concentré sucré ou non sucré. — Cette carte sera délivrée aux ayants droit, dans les conditions prescrites. Elle est divisée en trois secteurs, parallèlement au grand côté, chaque secteur représentant une perception qui équivaut à un quart de litre par jour pendant le mois ;

6° Titres d'alimentation restant en service. — Cartes individuelles d'alimentation. Carte de grossesse, carte d'inscription. Feuilles de coupons d'inscription. Feuilles de tickets de pommes de terre.

Répartition des rations

Le J.O. du 28 octobre a publié un arrêté en date du 21 octobre, fixant le taux des rations pour novembre, qui présente, par rapport à l'arrêté relatif aux rations du mois d'octobre, les différences principales suivantes :

Pain :

La ration de pain des consommateurs de chacune des catégories

E, J1, J2, J3, A et V ayant été augmentée de 25 grammes par jour au cours du mois d'octobre, ceux-ci percevront le supplément total de 750 grammes qui leur est alloué pour le mois de novembre contre remise des coupons 0, 9 et 10 de novembre de la feuille semestrielle des catégories correspondantes, chacun ayant une valeur de 250 grammes. Ces coupons pourront être échangés dans les mêmes conditions que les tickets-chiffres des feuilles de pain des catégories de consommateurs correspondantes, contre du pain ou tous autres produits.

Les coupons 0, 9 et 10 de novembre présentant, dans leur partie inférieure, l'indicatif T ou C sont sans valeur.

Matières grasses :

Les préfets ont la faculté de ne valoriser les tickets-lettres que si les approvisionnements le permettent et au fur et à mesure de la constitution de ces approvisionnements. »

CLASSEMENT EN CATÉGORIE « T » DES BÉNÉFICIAIRES DE RÉGIME DE SURALIMENTATION

« Conformément à de récentes instructions ministérielles, les consommateurs bénéficiaires d'un régime de suralimentation ne devront être classés en catégorie « T » de la carte de rationnement que sur spécification expresse du médecin traitant formulée sur le certificat médical préconisant ce régime.

En outre, il est rappelé que le classement en catégorie « T » fait perdre au malade titulaire du régime de suralimentation, le bénéfice des suppléments éventuels accordés du fait de l'âge de sa catégorie d'origine et, qu'en aucun cas, des suppléments de pain ne doivent être accordés sous la forme de tickets supplémentaires. »

SUPPLÉMENTS NATIONAUX ET RÉGIONAUX

« Dans les communiqués relatifs au taux des rations mensuelles, il est souvent fait allusion aux suppléments dits nationaux ou régionaux. Que signifient exactement lesdits suppléments ?

Et d'abord, il est bon de savoir que ces suppléments intéressent les Centres urbains, tels qu'ils ont été définis à la date du 14 septembre 1942, à l'occasion de la réforme de leur ravitaillement.

Les localités à suppléments nationaux sont celles dans lesquelles les consommateurs ne peuvent se procurer de produits ou denrées d'appoint, et reçoivent des suppléments dont le taux est fixé par décision ministérielle.

Les localités dites à suppléments régionaux sont celles où les besoins des consommateurs en suppléments de rations, pour être effectifs, sont moins impérieux que dans les localités de la catégorie précédente.

Les suppléments alloués aux consommateurs de ces localités sont fixés par les Préfets Régionaux dans la limite d'un contingent global qui est mis à leur disposition. La liste de ces localités primitivement fixée le 14 septembre 1942, vient d'être revisée : une liste rectificative a été arrêtée, que l'on trouvera d'autre part.

Les rations prévues au titre des suppléments nationaux et régionaux pour le 4e trimestre 1943 comprennent : pâtes alimentaires, confitures et légumes secs. (En ce qui concerne ces derniers, les ressources sur lesquelles le Ravitaillement Général pourra compter n'ayant pu être encore évaluées, le programme de distribution sera établi ultérieurement). » (Informations générales, pp. 167-169 / Ministère Intérieur 1943-166)

PRODUITS DÉTERSIFS

Ration du mois de novembre

Le ministère de la Production industrielle fait savoir :

« Les valeurs attribuées aux tickets de novembre des feuilles de tickets « produits détersifs rationnés » sont les mêmes que pour octobre, savoir :

Ticket n° 1. — (Toutes catégories) : 100 grammes de savon de toilette ou 100 grammes de savon pour soins corporels ou 37 g de savon de ménage.

Ticket n° 2. — (Catégorie E) : 187 grammes de savon de ménage ou 620 grammes de détersif ; (catégorie J1) : 75 grammes de savon de ménage ou 500 grammes de détersif ; (catégories autres que E et J1) : 37 grammes de savon de ménage ou 120 grammes de détersif. » (Informations générales, p. 174 / Ministère Intérieur 1943-166)

BONS SPÉCIAUX DE TEXTILE

« Les points spéciaux de textiles délivrés en échange de chiffons présentent deux particularités très importantes :

1° Alors que les points ordinaires ne peuvent être acceptés détachés de la carte de vêtements, les points spéciaux sont utilisés à vue et sans cartes de vêtements à l'appui ;

2° Alors que les points ordinaires ne permettent que l'achat de petites pièces sans possibilités de cumuler plusieurs cartes de vêtements, les points spéciaux sont, au contraire, valables pour tous articles vestimentaires, à la seule exclusion de la layette, des vêtements de travail et des vêtements de sport, sans qu'il soit besoin de les accompagner d'un bon d'achat, comme il est de règle pour les pièces importantes.

Autrement dit, les points spéciaux sont des titres au porteur ayant pouvoir libératoire entier et permettant l'acquisition de tout vêtement sans formalité ni démarche auprès des mairies.

Les tournées de récupération se poursuivent à une cadence telle qu'il y a lieu d'espérer que tout le territoire sera parcouru d'ici juillet août 1944.

Le barème a été donné à la presse la semaine dernière, indiquant l'équivalence établie par le Secours national pour échanger des vêtements contre bons d'achat de manteaux, complets, etc.

Il est rappelé, en outre, qu'on a toujours facilité d'apporter au tailleur ou à la maison de confection deux vieux vêtements pour en acheter un neuf, du moment que leur état en permettra la réutilisation par le Secours national. »

GAZ

Limitation de la consommation

Un arrêté en date du 6 septembre (J.O. du 23 octobre), a décidé que lorsque l'approvisionnement en charbon de certaines usines à gaz se trouvera être difficile, pour une période plus ou moins longue, le Directeur des mines aura le pouvoir de limiter le pouvoir calorifique du gaz, sans que ce pouvoir calorifique soit cependant inférieur à 3400 calories.

D'autre part, il pourra décider de couper le gaz à certaines catégories d'abonnés : catégories 1, 5 et 6, définies par l'arrêté du 23 septembre 1941, et correspondant soit aux usages industriels et commerciaux, y compris les services publics, industriels ; soit au chauffage des locaux domestiques et de tous autres locaux. » (Informations générales, pp. 175-176 / Ministère Intérieur 1943-166)

COMBUSTIBLE

Acquisition illégale

« Le ministère de la Production industrielle & des Communications (section du charbon de l'O.C.R.P.I.) fait savoir :

L'attention du public est attirée sur les risques graves que comporte l'acquisition illégale de combustible. Certains livreurs acceptent ou proposent de livrer du charbon aux usagers sans remise de coupons de la carte de charbon. Or, le combustible ainsi livré provient, dans la totalité des cas, de détournements ou de vols. Il est rappelé aux acquéreurs qu'ils seront l'objet à la fois d'amendes administratives prévues par la loi et de sanctions pénales (les receleurs étant frappés au même titre que les auteurs principaux). Il y a lieu de signaler que les délinquants ne pourront, en aucun cas, arguer de leur ignorance des règlements. » (Informations générales, p. 177 / Ministère Intérieur 1943-166)

4 novembre 1943 : « Raid important de l'aviation anglo-américaine sur Cologne. » (5) p. 75

CONVERSION DE LA FARINE EN PAIN

« Après avoir diminué le taux de blutage de la farine, le ministre secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement, soucieux d'améliorer encore la qualité du pain, vient de décider, par un arrêté du 21 octobre, paru au J.O. du 4 novembre, qu'à compter du 1er novembre, les boulangers seraient tenus de ne produire que 132 kilos de pain avec 100 kilos de farine mise en oeuvre. » (Informations générales, p. 209 / Ministère Intérieur 1943-167)

9 novembre 1943 : « Le général Giraud démissionne de la présidence du Comité d'Alger. Il garde le commandement en chef des forces françaises dissidentes. » (5) p. 94

10 novembre 1943 : « Le Comité français d'Alger est composé comme suit : Président : général de Gaulle ; commissaires d'État : Georges Catroux, André Philip, Henri Queuille ; commissaire aux Affaires étrangères : René Massigli ; commissaire à l'Intérieur : Emmanuel d'Astier de la Vigerie ; commissaire à la Justice : François de Menthon ; commissaire à la Guerre et à l'Aéronautique : André Le Troquer ; commissaire à la Marine : Louis Jacquinot ; commissaire aux Colonies : René Pleven ; commissaire aux Finances : Mendès-France ; commissaire à l'Information : Henri Bonnet ; commissaire aux Communications et à la Marine marchande : René Mayer ; commissaire aux Prisonniers et Déportés : Henri Trenep ; commissaire au Travail et à la Prévoyance sociale : Adrien Tixier ; commissaire à la Production et au Commerce : André Ditthelm ; commissaire à l'Instruction publique : René Capitant. » (5) p. 94

11 novembre 1943 : PHOTOGRAPHIE EN PLEIN AIR

Interdiction

« Aux termes d'une loi du 5 novembre parue au J.O. du 11 novembre, et sauf autorisation accordée par le préfet du département, toute prise de vue photographique de paysages, objets, personnages se trouvant à l'extérieur d'un édifice, ou d'un espace clos, est interdite. Toute personne qui aura contrevenu à ces dispositions sera punie d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 1.000 à 10.000 francs. La tentative de délit sera punie comme le délit lui-même. » (Informations générales, p. 196 / Ministère Intérieur 1943-167-168)

15 novembre 1943 : PRISONNIERS TRANSFORMÉS

Envois postaux

« L'Administration des P.T.T. rappelle, conformément aux indications données par les hautes autorités allemandes, que les envois postaux adressés aux prisonniers de guerre français mis en congé pour être affectés en Allemagne comme travailleurs civils ne bénéficient pas de la franchise postale. Les taxes et conditions d'admission sont les mêmes que celles des envois dont l'expédition est actuellement autorisée à l'adresse des ouvriers français en Allemagne. » (Informations générales, p. 200 / Ministère Intérieur 1943-167)

20 novembre 1943 : TRAVAILLEURS APPELÉS EN ALLEMAGNE

Attribution de bons d'achat

« Les travailleurs appelés en Allemagne doivent, lors d'un premier départ, présenter leurs demandes de bons d'achat pour des bleus de travail et des chaussures au centre d'hébergement de la Pépinière. Pour ces mêmes articles, les permissionnaires doivent s'adresser 132, faubourg Saint-Denis.

Ceux d'entre eux qui ont été sinistrés présenteront leurs demandes au service social du Commissariat général, 149, rue de Grenelle, dans le cas où le bombardement dont ils ont été victimes a eu lieu depuis le 25 juillet. Quant aux ouvriers sinistrés en Allemagne et non permissionnaires, ils s'adresseront aux délégués du Commissariat général. Enfin, les prisonniers transformés reçoivent vêtements, bleus de travail, etc., soit à Compiègne, soit en Allemagne. » (Informations générales, pp. 178-179 / Ministère Intérieur 1943-166)

TRAVAILLEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

Demandes de permissions exceptionnelles

« Dans une communication officielle, la délégation française auprès du Front allemand du Travail signale que de nombreux travailleurs français en Allemagne demandent des permissions exceptionnelles en ne présentant que des preuves insuffisantes ou incomplètes. Elle rappelle, à cette occasion, que :

1° Les permissions exceptionnelles ne sont accordées qu'en cas de mort ou de maladie grave d'un proche parent (père, mère, femme ou enfant) ;

2° À l'appui de toute demande de ce genre, il doit être obligatoirement présenté aux autorités allemandes intéressées : un certificat médical de date récente, rédigé en termes précis. De plus, ce certificat doit, désormais, être accompagné d'une attestation délivrée par les autorités occupantes et portant, en allemand, la mention suivante : « Les renseignements donnés par le docteur X. ont été vérifiés et reconnus exacts » ;

3° Les services allemands de la main-d'oeuvre n'accorderont plus aucune permission exceptionnelle sans présentation de ces deux pièces, même si l'employeur a donné son assentiment.

La délégation française rappelle, en terminant, que malgré toute leur bonne volonté et leur compréhension, les délégués régionaux « ne peuvent intervenir que dans les limites fixées par les règlements allemands pour l'emploi de la main-d'oeuvre étrangère ».

CRÉATION D'UN SERVICE JURIDIQUE

Un service juridique, destiné à assurer la défense des intérêts privés des travailleurs français en Allemagne, vient d'être créé à Berlin, par M. Bruneton, commissaire général à la main-d'oeuvre française en Allemagne.

Au représentant de l'Office français d'information qui l'interrogeait sur le fonctionnement de ce nouveau service qu'il dirige, M. Robert

Noly a bien voulu donner les précisions suivantes : « - Le service juridique de la délégation française remplira pratiquement son office en donnant des consultations écrites pour les cas particulièrement urgents, orales dans la plus grande partie des cas, le contact personnel présentant de nombreux avantages pour la connaissance exacte des circonstances propres à chaque affaire. Bien entendu, ce service n'aura à fournir que des consultations sur des cas personnels bien déterminés, et non point des renseignements d'ordre général sur la législation. Il va sans dire qu'une discrétion rigoureuse sera assurée à chaque consultant. Ce service remplacera, pour les prisonniers transformés, les organisations de contentieux qui fonctionnaient dans presque tous les camps.

Il appartiendra aux délégués régionaux de lui transmettre les demandes de consultations écrites et de préparer les consultations orales. En effet, le service juridique fonctionnant, pour un certain temps du moins, uniquement à Berlin, un membre de ce service effectuera des tournées et donnera des consultations sur place, suivant des modalités qui seront établies par les délégués régionaux.

Ainsi pensons-nous pouvoir rendre service, dans le cadre de l'assistance sociale déjà existante, à de nombreux travailleurs français, en assurant la défense de leurs intérêts privés et en renseignant avec précision ceux qui ont laissé, en France, des situations litigieuses. » (Informations générales, pp. 161-162 / Ministère Intérieur 1943-166)

24 novembre 1943 : « Le port de Toulon subit un important bombardement anglo-américain. Nouveau et très violent bombardement de Berlin. » (5) p. 75

COMMERÇANTS. Évacuation

« Le ministre de la Production industrielle vient d'établir les règles qui présideront à l'évacuation des commerçants établis dans les villes soumises à un ordre d'évacuation. Jusqu'à présent, ces commerçants étaient désignés d'une manière empirique ; désormais, ce sera une commission qui fixera la liste des maisons à fermer selon un ordre de préférence.

Seuls, devront subsister, en nombre modéré, les magasins bien aménagés, ayant de bonnes méthodes de ventes et rendant les meilleurs services aux consommateurs. Seront donc désignés d'abord les commerçants volontaires, les commerçants inutiles, ou ayant des installations périmées, les magasins en surnombre, compte tenu des nécessités du ravitaillement de la population maintenue en place et de sa répartition géographique. Les cas spéciaux seront l'objet d'un examen particulier.

La commission se préoccupe également d'organiser le transport et le sauvetage des stocks commerciaux des entreprises fermées ou partiellement sinistrées. » (Informations générales, pp. 126-127 / Ministère Intérieur 1943-165)

Dimanche 7 novembre 1943 256

Bien chère maman,

Pour la première fois, la neige a fait son apparition aujourd'hui. Aussi, le temps est-il vraiment sombre, mais bien plus doux que ces jours derniers. Ce soir, un aumônier vient faire un service pour la fête des Morts, j'y assisterai et ma pensée sera vers toi et notre cher papa. Je reçois assez régulièrement lettres et colis de Léonie. Ma santé est excellente et désire de tout cœur que la présente te trouve de même. Bonjours aux familles Soulé et Estrade. Ton fils qui ne t'oublie pas. Léon

Dimanche 14 novembre 1943 257

Reçue 24.12.43

Bien chère sœur et cher Louis,

Il est deux heures. À l'instant, je viens de terminer ma petite lessive hebdomadaire. Plusieurs de mes camarades de chambre viennent de partir pour une petite promenade de quelques heures. C'est pourquoi je profite de la tranquillité qui règne pour vous écrire à mon aise. Durant cette dernière semaine, je n'ai pas eu le plaisir de vous lire, mais en revanche, ai eu celui de recevoir votre colis[38] n° 19. Ce matin, j'ai cassé la croûte avec une des deux bouchées que tu y avais jointe. Les pommes sont arrivées en parfait état ainsi que l'ensemble du colis, mais, encore une fois, l'étiquette était complètement décollée. Le meilleur remède serait de prendre une aiguille et de la faufiler, à moins que Louis puisse s'en procurer de la meilleure. Dernièrement, nous avons perçu des vignettes, je te les ai envoyées, quatre je crois, voilà une dizaine de jours. Donc, tous les colis du n° 9 au 20 me sont parvenus. Celui des rapatriés, est-il dans le nombre ? Sans quoi, je l'attends encore. À moins que celui reçu le 23/09 venant de M. Trélut ne soit celui de M. Cabos. C'est ennuyeux, je ne sais qui remercier. Bref, je vais toujours envoyer une carte à la mairie. Quant à la correspondance, elle n'est pas non plus très régulière et l'interruption en plus, il est impossible d'avoir des nouvelles à peu près fraîches. Enfin, que la santé se maintienne parmi nous tous, c'est l'essentiel. Ici, ça va toujours, en ce moment, c'est calme. La température s'est rafraîchie, mais il a fait bien chaud !

Bien le bonjour à Élie et Hortense lorsque vous écrirez, et à Ridel, Jeanne, Mme Cambot, patrons, etc. Je vous embrasse de tout cœur ainsi que ma chère maman. Léon

Dimanche 21 novembre 1943 258

Reçue 17.12, réponse le 20

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine qui allait prendre fin sans que je n'aie pas reçu des nouvelles, lorsque dans la matinée une petite distribution de courrier a été faite. Ainsi, j'ai eu le plaisir de lire la carte du 30/10 de Cadéac et votre lettre du 03/11. En les classant et d'après leurs dates, je devine qu'il y a encore quelques retardataires. Votre colis n° 21 ne saurait tarder, tous les autres me sont parvenus. Je suis heureux de savoir que vous avez reçu le mien et que le jouet a été bien accueilli. Dès que j'aurai terminé la présente, j'écrirai une carte à Ridel pour le remercier pour les chaussettes. À propos, ne me les envoie pas, j'en ai suffisamment, pour le moment il ne me faut rien. Bien chère sœur, souvent, tu joins au colis des fruits, des pommes plus exactement, elles me font plaisir, mais je ne voudrais pas qu'ainsi Louis soit privé de son dessert préféré, car ici j'en mange assez souvent, donc surtout, après vous s'il en reste ! Je suis aussi bien content de savoir que tu n'es pas trop ennuyée par les laissez-passer, ce qui te permettra encore de ne pas trop laisser maman s'ennuyer, mais en revanche quel mal pour toi, toujours par voie et par chemin, ainsi que Louis pour le bois, le champ, etc. ah ! Vivement que ça finisse et que je puisse aller vous relayer un peu, l'étape aura été longue. Merci pour les renseignements sur le mouvement d'état civil de Cadéac. Qu'est-ce qu'on n'aura pas vu pendant cette guerre ! Enfin, chacun est libre de son être, mais il y a tout de même un peu d'abus. Chère sœur, ne modifie pas les adresses de la correspondance, car elle passe toujours par la censure qui est à Osnabrück. À nouveau et, pour au moins deux mois, je travaille dans mon milieu et, bien au chaud donc, tout va pour le mieux surtout qu'avec ça, il y a bien à manger, appréciable. Bonjours habituels à Tarbes et Cadéac. Votre frère, beau-frère et fils. Léon

Dimanche 28 novembre 1943 259

Reçue 24.12, réponse 31.12.43

Bien chère sœur et cher Louis,

Espérant recevoir des nouvelles en dernière heure, j'ai attendu au dernier moment pour vous écrire, mais l'attente a été vaine contrairement à dimanche dernier. Depuis, je n'ai donc rien reçu, mais je ne m'en fais pas outre mesure, car la plupart de mes camarades sont comme moi : ils attendent courrier et colis. Hier, j'ai déposé deux mandats qui vous sont adressés l'un à toi, chère sœur, et l'autre à mon cher beau-frère pour la fin d'année. J'espère que dans la réponse à la présente, vous pourrez m'accuser réception de celui de septembre. Cette fois, ce sont deux de cinquante. En ce moment, nous avons eu quelque peu de pluie, mais la température est encore assez douce. Question sommeil, nous n'avons guère à nous plaindre, car si les alertes sont assez fréquentes, elles ne nous gardent à l'abri que de 7 à 10 heures, donc il nous reste encore sept bonnes heures de sommeil. De plus, ce qui est encore bien mieux, ils ne font que passer pour aller plus loin. Chère sœur, lorsque tu iras à Cadéac, tu donneras bien le bonjour à ceux qui me l'envoient : famille Soulé, Estrade et Picassette ainsi que les rentrés. À propos, qui reste-t-il : moi, Solans ? Pour ce qui est du travail, toujours le même, ce n'est pas trop dur et la nourriture est abondante, tout ce qu'il faut pour qu'un prisonnier soit heureux, ou tout au moins s'en croie ! Car, notre bonheur, c'est seulement près de vous que nous le trouverons. Chère sœur et cher Louis, je termine en vous embrassant de tout cœur sans oublier maman. Bonjours habituels. Léon

Décembre 1943

Rappel historique, 1er décembre 1943 : « MM. Pierre-Etienne Flandin, Marcel Peyrouton et Pierre Boisson, gouverneur des colonies françaises, sont arrêtés à Alger sous l'inculpation de trahison. » (5) p. 107

2 décembre 1943 : « Bombardement du port de Marseille par l'aviation anglo-américaine. » (5) p. 75

26 décembre 1943 : « États-Unis : Le président Roosevelt annonce par radio la nomination du général Eisenhower comme commandant en chef des troupes anglo-américaines de débarquement en Europe. » (5) p. 98

27 décembre 1943 : « La Roumanie envoie 51 wagons de vivres destinés aux enfants de France sous-alimentés. » (5) p. 102

29 décembre 1943 : « Bombardement de Berlin par l'aviation anglaise. » (5) p. 75

30 décembre 1943 : « Création d'un poste de secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur. Ce poste est confié à M. Marcel Lemoine. M. Joseph Darnand est nommé secrétaire général au maintien de l'ordre et M. Parmentier est nommé directeur général de la police nationale. » (5) p. 94

Campettes, vendredi 3 décembre 1943 259-1

Lettre d'Hortense à Jean-Louis et Léonie

Bien cher frère et belle-sœur,

Je suis très fort étonné de votre silence. Je vous avais répondu sitôt votre lettre que tu partais à Cadéac pour la pêche, et je vois que je n'ai pas de réponse. Peut-être vous n'avez pas reçu la lettre, qu'elle a fait comme la nôtre fausse route, ou vous êtes malades, enfin tenez-nous au courant.

Je vous disais dans ma dernière quand c'est que vous veniez nous pousser une visite. Élie t'attendait, mais je vois que rien n'arrive, ni lettres, ni visites.

Ici, ces temps-ci, il fait de fortes gelées. La température s'est refroidie. Je pense que du côté de Tarbes, aussi, il doit y faire froid. Nous avons les Allemands à Saint-Girons, et maintenant on en attend à Biert et à Massat. Ils ont loué des maisons et des hôtels. Enfin, espérons que tout cela finisse bientôt. Avez-vous des nouvelles de Léon ? Je pense qu'il doit lui tarder de rentrer. Il en rentre tous les jours mais malheureusement pas les siens.

J'ai eu des nouvelles d'Anna ces jours derniers. Elles vont bien. Je leur avais dit de venir se chercher quelque chose ainsi qu'à Gaston, personne ne vient puisqu'on ne peut leur expédier. Quant à vous autres, je pense que vous devez pouvoir vous ravitailler un peu en allant au pays.[39] Je ne vous en dis pas plus long pour le moment en attendant de vous lire sous peu de vos nouvelles.

Recevez nos meilleurs baisers.

Hortense

Dimanche 5 décembre 1943 260

Reçue 28.12, réponse 06.01.44

Bien chère sœur et cher Louis,

Au début de la semaine, j'ai eu le plaisir de lire votre lettre du 21/10. Quarante jours, c'est réellement un peu long pour effectuer le trajet de Tarbes à Hannover. Heureusement que celle du 03/11 m'est parvenue dix jours plus tôt. Aussi, suis-je comme vous : j'attends des nouvelles plus fraîches. Tu me demandes s'il y a des jeunes -il y en a bien - formés en compagnie et revêtus d'un uniforme marron, mais ils sont de la région parisienne. Donc, je n'en ai pas encore vu de chez nous. J'attends toujours le colis n° 21, il ne saurait tarder. Seul, en effet, le n° 8 ne m'est pas parvenu. Chère sœur, tu ne m'avais pas causé de la petite infirmité de la petite à Ridel. Aussi, étais-je bien à me demander de quel appareil tu voulais causer. L'essentiel est que ça aille mieux, car ce n'est pas intéressant d'être handicapée de la sorte si bien pour les parents que pour elle. J'apprends avec plaisir que la santé de Juliette s'est améliorée, il leur fallait bien ça aussi. Maman aura-t-elle assez de pommes de terre ? Comptez-vous faire une petite provision de soyeux, ce sera peut-être difficile et vous, en faites-vous toujours de canard ? J'apprends avec plaisir que M. L'abbé ne m'a pas oublié, est-ce toujours le même ? Ici, aussi, nous avons fait un service spécial. Une délégation composée de gars d'autres compagnies et même de civils français s'était rendue sur les tombes des Français qui reposent ici. De crainte que dimanche il ne soit trop tard, je charge la présente de vous apporter tous mes meilleurs vœux pour l'année 44 espérant vivement qu'elle me ramènera auprès de vous. Gros baiser à tous trois. Léon

Tarbes, samedi soir 11 décembre 1943 260-1

Bien chère maman,

Deux mots qui j'espère iront vous trouver en bonne santé. Lundi sans doute, car je ne pense aller vous voir que vers la fin de la semaine ou dimanche prochain : je m'empresse de vous dire que notre santé est bonne ainsi que Léon de qui j'ai des nouvelles du 7 novembre. Il commence à recevoir lettres et colis retardataires et maintenant seront tranquilles des bombardements, car il n'y a plus rien. La neige commence à tomber, me dit-il, et la température s'est adoucie. Ici aussi, je crois qu'elle n'est pas loin. Aujourd'hui, il a plu. Louis est de nuit. Je me presse pour lui donner la lettre. Faites-nous faire deux mots, s'il vous faut quelque chose. Louis et Léon se joignent à moi pour vous embrasser. Chauffez-vous et à dimanche, s'il n'y a rien de nouveau.

Votre fille qui vous embrasse. Léonie

Dimanche 12 décembre 1943 261

Reçue le 21.01.44, réponse de suite

Bien chère sœur et cher Louis,

De ma chambre, bien au chaud, la tête collée aux vitres, j'assiste à une partie de football. Dehors, il fait assez froid. Les carreaux sont couverts de buée. En ce moment, c'est la mi-temps. J'en profite pour commencer la présente. Hier, j'ai reçu des nouvelles : la carte de Toulouse, votre lettre du 24 et une carte du 29. Quant aux colis, je compte bien les avoir durant les jours qui vont suivre, car cette dernière semaine il en est arrivé une grosse quantité. Ce qui prouve que le trafic a repris normalement. Et maintenant que la partie est finie sur un match nul, je crois, je viens continuer. Oui, voilà une petite distraction dominicale, mais, de beaucoup, j'aimerais mieux voir une partie de ballon ovale sur le terrain du stade à Sarrouille. J'espère bien que j'aurai ce plaisir pour la saison prochaine. Pour celle-ci, inutile d'en parler. Un joueur de ma chambre vient de rentrer et m'annonce qu'ils ont gagné par 3 à 2 ; ça fait plaisir. Chère sœur, tu me demandes ce qu'il me faut, rien de spécial à te demander. En ce qui concerne l'habillement, j'ai aussi ce qu'il faut. Le froid ne me fait point peur : pour la nuit, nous avons le chauffage central et mes deux couvertures suffisent largement. Vendredi, nous avons eu la première chute de neige. Oh ! Même pas 2 cm, mais il y en a encore, car ça gèle sans arrêt, mais pas très fort. Pour mon travail, je suis toujours bien au chaud, travail tranquille toujours dans ma branche, nourriture à volonté. Hier, je me suis pesé, j'accuse le même poids qu'il y a un an à Osnabrück : 65 kg. Donc, vous voilà fixés. Que maman ne compte pas sur un retour trop proche, car ici, il n'y a jamais assez d'hommes, pourtant qu'il en arrive, c'est à la fin que je rentrerai moi, je ne me fais pas d'illusion. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 12 décembre 1943 261-1

Réponse le 17.01.1944

Bien chère maman,

Voici la fin de l'année qui approche à grands pas. Aussi, je viens par la présente t'apporter tous mes meilleurs Vœux de santé pour l'année 1944. Je souhaite aussi qu'elle mette fin à tous ces désordres et, qu'en remettant chacun à sa place, elle me ramène auprès de toi nous débarrassant aussi des soucis et toutes sortes de désagréments que nous endurons. Je joindrai aussi mes Vœux pour les familles Estrade, Soulé, etc. Ton fils qui ne t'oublie point. Léon

Dimanche 19 décembre 1943 262

Reçue le 08.01.44, réponse 10.01

Bien chère sœur et cher Louis,

Lundi, j'ai reçu votre lettre partie du 12 novembre : elle avait trainé en route, car trois - parties après elle - sont déjà venues me trouver une semaine avant. Cela n'empêche pas qu'elle m'a fait grand plaisir, car elle m'a appris que tu avais passé quelques heures de ce triste onzième jour de novembre avec maman. Les colis arrivent par train omnibus, peut-être s'attendent-ils, car voilà cinq semaines que je n'ai rien.

Deux ou trois me parviendront ensemble. Heureusement qu'en ce moment je ne souffre nullement de la faim. Je suis dans une bonne maison : le matin, je me rends au travail en train et rentre de même. Je remets en état l'installation dans un hôpital qui a particulièrement souffert au début d'octobre. Un civil, attaché à la maison, travaille avec moi. Je suis bien tant pour le labeur que pour la croûte ; ça paye aussi, donc tout va bien. À propos, voici deux jours, je vous ai adressé un mandat de 50 RM. Dans votre lettre, vous m'accusez réception d'un : j'espère que c'est celui de 70. Décembre est déjà malade et voilà la Noël qui approche, encore un réveillon qui ne nous groupera pas autour de la même table, mais, à force d'en passer ainsi, j'espère fermement que le prochain se passera différemment.

Tout a toujours une fin, la fin de notre captivité ne saurait tarder. Dernièrement, vous me parliez du changement d'échelle, mais, peut-être est-il préférable qu'il en soit ainsi surtout si vous aviez eu à changer pour Pau ; maintenant que vous êtes habitués à ce logement, au jardin, et surtout pour le ravitaillement. Je termine pour ce jour et vous embrasse tous trois. Léon

Dimanche 26 décembre 1943 263

Reçue le 21.01.44, réponse 27.01

Bien chère sœur et cher Louis,

Tout comme les jours de semaine, les Noëls se suivent et ne se ressemblent point. Ainsi, l'année dernière, en pareil jour, en compagnie de Jouanuc, dans l'après-midi nous prenions la route couverte de neige pour nous rendre auprès de Caparroi qui nous avait invités : l'accueil fut charmant et, au retour, nous n'avions pas froid aux oreilles. Cette année, nous sommes dispersés, mais je compte bien que la prochaine nous ramènera, Caparroi et moi, parmi nos montagnes Pyrénées. Jeudi, j'ai eu le grand plaisir de recevoir votre lettre du 07/12. Quant aux colis, ils ne sont encore là. Ils sont partis trop tard. Donc, jusqu'au n° 20[40] compris, je les ai tous[41] reçus. Quelques jours avant la Noël, nous avons tous touché celui du gouvernement. Il approchait des 5 kg et était assez intéressant. Chère sœur, pour ma part, je n'ai point d'engelures même pas aux pieds. Je ne touche point d'eau et je travaille pour ainsi dire à l'abri. Ici, le temps n'est pas très beau, il y a passablement de brouillard, ce qui n'est pas très sain, aussi les épidémies, la grippe par exemple, sont à redouter. J'ai tout ce qu'il me faut, chaussettes, gants, cache-nez, etc. Je suis heureux que tu aies vu la sœur à Caparroi. J'espère que Jouanuc ne tardera pas à vous rendre visite. Il vous racontera quelques histoires vécues qui font toujours bien plaisir. Ces jours derniers, j'ai également reçu une carte des patrons.

Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Léon

CARNET

[Hélas, un mauvais souvenir reste d'Osnabrück : la perte d'un de nos camarades. Un gars de ma chambre s'évade en fin de semaine. Les gardes n'ont pu s'en rendre compte qu'après deux rassemblements, un gars de l'autre compagnie s'étant infiltré dans nos rangs. Son départ, vous pouvez en juger, déclencha des mesures disciplinaires : entre autres, l'interdiction expresse d'aller aux toilettes après 19 heures. Un camarade s'étant quelque peu attardé, un coup de feu partit en cette direction et atteint dans sa baraque, assis sur son grabat, le camarade Bonnard[42] de la 1re compagnie.]

Tombe et portrait du camarade Bonnard Georges

Fin de correspondance 1943

Notes 1943 :

Léonie et Louis auront expédié à Léon 25 colis durant toute l'année 1943 pour une valeur totale estimée entre 1400 francs (ensemble des colis Croix-Rouge) et 2500 francs (en tenant compte des colis de 5 kg confectionnés par eux et des ajouts aux colis de la Croix-Rouge).


[1] AVIS : À compter du 1° janvier 1943, le Bulletin « Informations générales » sera exclusivement consacré à la documentation administrative. La nécessité d'observer les mesures de contingentement de papier, l'utilité de fournir des renseignements d'ordre administratif complets, oblige à renoncer aux rubriques n'ayant pas trait à ces questions. Nous nous en excusons auprès des lecteurs. (Informations générales, p. 1 / Ministère de l'Intérieur 1943 – n°123-124).

[2] Courrège Louis, Léon, Bertrand, né le 03/04/1907 à Bagnères-de-Luchon, 2e cl au 11e RI, rapatrié en 1943. Cousin de Léon ayant émigré aux États-Unis d'Amérique en 1930, décédé à Atlantic City le 2 septembre 1946. Fils de Maria Pilar Gabas Noguéro et de Courrège Dominique.

[3] Bertrand Courrège, né le 3 avril 1907 à Luchon (Haute-Garonne), expatrié aux É.-U., les années 30, rappelé 2e classe au 11e RI, prisonnier au Stalag IX-A.

[4] Colis n°31 expédié le 19/12/1942.

[5] Colis n°1 expédié le 09/01, vignette bleue à la Croix-Rouge (coût : 51 francs) contenant : pain de guerre, 2 paquets biscuits, 1 boîte bœuf, 1 paquet cigarettes, poudre chocolat, sucre, farine, potage, pâtes, savon. J'ai ajouté : 1 boîte poulet, 1 boîte gras-doubles, 1 boîte bœuf ménagère, 1 boîte sardines, 1 boîte tomate, 1 boîte bonbons, 12 mx sucre, biscuits, 1 bout beurre, 1 calendrier.

[6] Colis n°2 expédié le 20/01, vignette rouge à la Croix-Rouge (coût : 53 francs) contenant comme le dernier : pain de guerre, 2 paquets biscuits, 1 boîte bœuf, 1 paquet cigarettes, poudre chocolat, sucre, farine, potage, pâtes, savon. J'ai ajouté : 1 saucisson, 1 kg choux cuisinés, 2 boîtes pâté, 1 boîte tomate, biscuits.

[7] Colis n°3 expédié par la Gare SNCF le 30 /01 et contenant : 1 boîte 1 kg bœuf aux carottes, 1 boîte pâté Gourrat, 1 boîte saucisses aux choux, 900 g macaroni (des patronnes), 1 boîte saucisses aux haricots, 12 mx sucre, 6 Kubs, 1 tablette chocolat, 1 paquet-tabac, 900 g biscuits variés, 3 perce-neige, 2 violettes avec feuille lierre blanc.

[8] Colis n°4 expédié le 03/02, vignette rose à la Croix-Rouge (coût : 69,20 francs) contenant : pâtes, pain épices, 2 paquets biscuits, 1 tablette chocolat, sucre, farine, Kubs, savon, fromage, boîte bœuf, 2 paquets cigarettes, légumes secs. J'ai ajouté : 650 g haricots, 1 boîte pâté, 1 boîte saucisses aux choux, 1 boîte tomate, biscuits.

[9] Sous-entendu : Berlin.

[10] Il s'agit de Léon, le frère ou l'époux de Jeanne.

[11] Colis n°5 expédié le 03/03, vignette bleue à la Croix-Rouge (coût : 135,50 francs) contenant : 1 paire chaussettes (43 francs), 2 saucissons (45 francs), pâtes, farine, pois, Kubs, fromage, chocolat, 2 paquets cigarettes, pain épices, biscuits. J'ai ajouté : 1 boîte bœuf aux carottes, confiture, 1 boîte pâté, 1 boîte bonbons, 1 boîte coquillettes, biscuits, oignons, ail, violettes.

[12]Robert Duclos, 3 avenue Jean-Jaurès à Colombes, département des Hauts-de-Seine (92).

[13] Colis n°6 expédié le 26/03, vignette bleue 5 kg à la gare contenant : 16 mx sucre, Viandox, 1 boîte lapin, 1 saucisson, 1 tablette chocolat, 350 g boudin, Gibbs barbe et dents, 1 kg de choux braisé aux saucisses, 2 boîtes bœuf ménagère, 1 boîte pâté, 250 g nouilles, 125 g beurre, 750 g biscuits.

[14] Traduction : « prisonnier ».

[15] Colis n°7 expédié le 03/04, vignette rouge Croix-Rouge (coût : 84,30 francs),contenant : pain de guerre, biscuits, pain épices, farine, sucre en poudre, chocolat, 1 tabac, 1 boîte cigarettes, Kubs, cerneaux de noix, amandes, pâtes, 1 boîte bœuf, pois, confiture. J'ai ajouté : 400 g pâté, biscuits, 1 bout ventrèche, 1 boîte bonbons, 1 boîte rillettes, 1 paquet pâtes fruits, 15 mcx sucre, 1 torchon, ail.

[16] Colis n°9 expédié le 06/05, gratuit à la Préfecture, avec sabots caoutchouc, 1 tablette chocolat, 1 paquet cigarettes, 1 petit fromage, j'ai ajouté : 1 boîte saucisses aux choux, 1 boîte bœuf carottes, 1 boîte pâté, 1 boîte tomate, pâte de fruits,

[17] Colis n°10 expédié le 08/05, vignette rouge Croix-Rouge (coût : 91,40 francs) avec saucisson et divers, j'ai ajouté : 1 boîte bœuf ménagère, 1 boîte de choux garnis, 1 boîte tomate, 3 boîtes bonbons Car, 18 mcx sucre, biscuits.

[18] Colis n°11 expédié le 15/05, vignette rouge, de la Croix-Rouge (coût : 84 francs) avec saucisson et divers, j'ai ajouté : 500 g haricots secs, 1 boîte pâté, 1 boîte bœuf, saucisse, 4 Kubs, biscuits, bonbons.

[19] Colis de 5 kg n° 8 non reçu, expédié le 21/04 par la gare SNCF et contenant : 850 g haricots secs, 100 g saucisse, 1 kg purée pois, 1 boîte saucisses aux choux, 1 boîte bœuf, 1 boîte bœuf ménagère, 1 boîte pâté, 1 boîte tomate, 2 barres Viandox, 3 boîtes bonbons Car, 16 mcx sucre, biscuits, laurier, muguet, 1 paquet cigarettes, 1 paquet biscottes.

[20] Communiqué de l'administration militaire allemande.

[21] Colis n°12 de 5 kg expédié le 29/05 de la gare, vignette bleue, contenant : 1 boîte haricots verts, 1 boîte lapin, 1 boîte tomate, 16 mcx sucre, 5 Kubs, 1 paquet pâte fruits, 1 kg haricots secs, 1 boîte bœuf, 1 boîte saucisses choux, 300 g saucisse, poivre, 1 saucisson, 1 paire chaussettes, biscuits.

[22] Colis n°13 expédié le 12/06, vignette rose, Croix-Rouge (coût : 61 francs), contenant : 250 g pain concentré, 250 g biscuits, 250 g sucre, 1 boîte bœuf, 3 paquets cigarettes, 250 amandes, 1 boîte Kubs, 500 g pois, 250 g pâtes, 50 g savon, 40 g café, cerneaux, j'ai ajouté : 1 boîte bœuf en gelée, 1 boîte tomate, 1 boîte pâté, 1 boîte saucisses choux, 1 boîte coquillettes, 16 mcx sucre, 1 paquet pâte fruits, biscuits.

[23] Matricule 62055 au Stalag III-D de Berlin-Lichterfelde.

[24] Fernand Flochlay était employé comme clerc d'avoué chez Me Henri Rouland, successeur de Me Vidal-Naquet, 67, rue Paradis, à Marseille.

[25] Colis n°15 expédié le 07/07, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 67,20 francs). J'ai ajouté : 1 saucisson, 1 boîte saucisses aux choux, 1 boîte tomate, 1 boîte pâté, 1 paquet pâte fruits, 600 g haricots, ail, biscuits.

[26] Colis n°16 expédié le 21/07, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 58,90 francs). J'ai ajouté : 1 boîte de lapin, 1 bocal confiture, 1 boîte de pâté, 1 boîte de bonbons Guyot, 4 Kubs, 1 savonnette, biscuits.

[27] Colis n°14 expédié le 30/06, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 70,70 francs) moins complet que le dernier, j'ai ajouté : 1 boîte poulet, 1 boîte pois, 1 boîte tomate, 1 boîte pâté, 1 paquet biscuits, 1 boîte de choux garnis, 12 mcx sucre, biscuits, 1 verre eau-de-vie, marguerite.

[28] Osnabrück.

[29] Le Reichsarbeitsdienst (abrév. RAD Service du travail du Reich).

[30] Suite aux bombardements Alliés.

[31] « Klöckner-Werke ».

[32] Le droit à disposer d'une formule supplémentaire de lettre de correspondance était accordé à chaque chef de chambrée.

[33] Tisane quelconque.

[34] Dans chaque Stalag ou Oflag, un « Groupement Pétain » rassemblait tous les P.G. qui ont individuellement signé une déclaration d'« adhérer à l'œuvre de rénovation nationale entreprise par le maréchal Pétain, chef de l'État Français.».

[35] À la suite de la destruction du bâtiment hospitalier de « Marienstrasse », une alternative a été rapidement trouvée à « Standort Kirchrode », sur le site d'un hospice pour vieillards « Haus Neu-Bethesda » et appartenant à la même fondation.

[36] Colis n°17 expédié le 11/08, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 66 francs payé par Anna), j'ai ajouté : 1 boîte bœuf aux légumes, 1 boîte de choux garnis, 1 paquet pâte fruits, 20 mcx sucre, 6 pommes, biscuits.

[37] Colis n°18 expédié le 04/09, vignette bleue, Croix-Rouge (coût : 81 francs). Colis intéressant où j'ai ajouté : 1 saucisson, 1 boîte bœuf aux carottes, 1 boîte pâté, 1 paquet pâte fruits, 2 barres Kubs, 1 bout de beurre, 1 tube Gibbs, biscuits.

[38] Colis n°19 expédié le 22/09, Croix-Rouge (coût : 61,50 francs) j'ai ajouté : 1 bocal confiture maison, 1 boîte tomate, 1 boîte bœuf rôti, 20 mcx sucre, 2 bouchées chocolat, 1 boîte Gibbs, 4 pommes, biscuits.

[39] Sous entendu, en vallée d'Aure.

[40] Colis n°20 expédié le 02/10, Croix-Rouge (52,50 francs). J'ai ajouté : 1 boîte lapin, 1 boîte bœuf braisé, 1 boîte de coudes, 20 mcx sucre, 4 Kubs, ail, biscuits, 4 pommes, 1 poire.

[41] Colis n°21 expédié le 16/10, Croix-Rouge (62 francs) et pas reçu. J'ai ajouté : 1 saucisson, 1 kg de châtaignes et noix, 1 boîte bœuf légumes, 1 confiture, 14 mcx sucre, 2 billes chocolat, bonbons, fleurs (clématite, lierre, menthe).

[42] Georges Bonnard, né le 30/09/1913 à Montesson (Yvelines), caporal-Chef au 81e C.P., Stalag V A (liste officielle n°61 du 08/01/1941), décédé en captivité le 16/12/1943.

Captivité 1944

1944

Rappel historique : mardi 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie. En juillet, une tentative d'assassinat d'Hitler échoue. Le 15 août, le débarquement de Provence a lieu. 10 jours plus tard, Paris est libéré. La capitulation allemande est signée. La ville de Toulouse est libérée le 20 août, celle de Tarbes le 24 août et celle de Marseille le 28 août 1944.

Janvier 1944

Rappel historique, 2 janvier 1944 : « En Afrique du Nord, le général de Lattre de Tassigny est nommé commandant en chef des forces dissidentes françaises en remplacement du général Giraud. » (5) p. 94

« Le budget français pour 1944 s'établit pour les dépenses à 151 048 958 300 francs et à 136 947 804 000 francs pour les recettes.

« Le budget spécial des charges d'Occupation se monte à un milliard 150 millions de francs. » (5) p. 102

3 janvier 1944 : « Bombardement de Berlin. » (5) p. 75

6 janvier 1944 : « Gouvernement de Vichy : M. Philippe Henriot est nommé secrétaire d'État à l'Information et à la Propagande. M. Max Bonnafous, secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement, démissionne. » (5) p. 94

20 janvier 1944 : « M. Joseph Darnand reçoit du Chef du Gouvernement de Vichy les pleins pouvoirs sur l'ensemble des forces de police, corps et services, pour assurer « la sécurité publique et la sûreté intérieure de l'État. » (5) p. 94

« Loi instituant les cours martiales en France. » (5) 107

21 janvier 1944 : « Le Comité d'Alger décrète la mobilisation des jeunes de la classe 1945 résidant en Afrique. Un décret institue des formations militaires féminines qui seront mises à la disposition des forces combattantes.

« France : Tous les Français de la classe 1944 sont recensés. » (5) p. 94

26 janvier 1944 : « Gouvernement de Vichy : L'activité de la Milice française, qui ne s'exerçait depuis sa création (30 janvier 1943) que dans la zone sud, s'étend également sur la zone nord. » (5) p. 94

28 janvier 1944 : « Berlin est l'objet d'un important bombardement par des avions britanniques. » (5) p. 75

30 janvier 1944 : « Des avions allemands attaquent Londres. » (5) p. 75

Campettes,1er janvier 1944 263-1

Lettre Hortense Piquemal à Louis Durrieu & Léonie

Bien chère belle-sœur et cher frère,

Je ne saurais passer l'année 1944 sans venir vous offrir nos vœux et souhaits de Bonne Année.

Espérons que cette Année Léon nous revienne bientôt et en bonne santé…

Je puis vous dire que j'ai reçu le mandat que tu avais écrit…

Cher Louis, pour les pneus encore le beau-frère ne nous a pas rendu réponse, mais je ne me rappelle pas si dans ma dernière je t'avais dit que l'instituteur en a eu besoin, ça lui a couté 3000 francs la paire. Alors tu parles s'ils ont augmenté, ça coûte autant comme une bicyclette neuve. Enfin, on va voir ce qu'il dit. Je n'ai pas eu des nouvelles d'Anna il y a quelque temps. Je ne sais ce qui se passe, sans doute, j'en aurais ces jours-ci et je vais leur écrire aussi. J'ai toute ma correspondance à faire.

J'ai toujours du travail, avec ces bêtes et cochon on n'en finit pas. Heureusement qu'on les tuera bientôt.

Quant à toi, chère Léonie, que se passe-t-il à Cadéac ?

Il est vrai que le temps ne t'est pas bien long pour apprendre des nouvelles du pays…

Recevez de nous trois nos meilleurs baisers et bonne Année et que la guerre finisse bientôt, qu'on puisse se réunir à Toulouse, tous ensemble.

Bons baisers.

Hortense

Luchon, 1er janvier 1944 263-2

Lettre de Marie Courrège à Louis et Léonie

Bien chers Cousins,

J'ai reçu ta gentille carte avec tes vœux qui m'ont fait grand plaisir surtout de vous savoir à tous en bonne santé.

A mon tour je vous souhaite à tous mes vœux les meilleurs de bonheur et de santé.

Et que cette maudite guerre finisse bientôt et que tous les prisonniers reviennent. Nous avons besoin aussi que la guerre finisse pour que la vie s'améliore un peu, car vraiment c'est un peu trop cher, il faudrait une sacoche d'argent pour vivre un peu bien. Je te plains de falloir faire des colis. Ici, si ce n'était la Croix-Rouge, il serait impossible aux familles de prisonniers de faire des colis.

Bertrand n'est pas avec moi. Il travaille à quelques kilomètres de Luchon. Il s'ennuie beaucoup de ne pouvoir retourner en Amérique. Moi, je n'ai des nouvelles de personne. J'en ai le cafard.

Il y a quelques jours que j'ai eu des nouvelles de Léon. Ça m'a fait grand plaisir de voir qu'il ne m'oubliait pas.

Ici, les hôtels sont occupés par les Allemands. Ici, il fait très froid, nous n'avons pas de neige. Je vous quitte pour le moment. Je vous embrasse à tous bien fort. Je suis contente que tu ailles voir souvent tante. Encore une fois, mille baisers. Marie

Dimanche 2 janvier 1944 264

Reçue le 31.01.44, réponse 04.02

Bien chère sœur et cher Louis,

Et nous voilà partis à l'aventure d'une nouvelle année ; encore une dont je n'aurai entendu l'annonce par les clairons des pompiers de la ville de Tarbes. En celle-ci plus qu'en toutes autres, nous avons un ferme espoir, c'est elle qui sera certainement celle du retour à nous tous si attendu si bien par vous qu'outre Rhin. Lundi, j'ai eu enfin le plaisir de recevoir votre colis[1] n° 22 du 06/11. Je me suis régalé avec les tripes. Merci aussi pour brosse et dentifrice. Maintenant me voilà totalement renfloué donc ne m'envoie plus de dentifrices. Les bouchées au chocolat étaient délicieuses et les pommes intactes. Maintenant, j'attends les autres. Nous aurons certainement de gros arrivages ces jours-ci. Nous avons eu pas mal de grippés durant cette dernière quinzaine. Maintenant, ça va mieux ; moi aussi, j'ai été un peu fiévreux, seuls me restent quelques boutons à la lèvre supérieure. Voici trois jours, j'ai reçu une carte de maman écrite par Mme Soulé. Ce jour, je vous adresse deux vignettes bleues et une carte à cousine de Luchon. Dans sa dernière, elle m'apprenait que Bertrand est cuisinier à Aix-les-Bains. Chère sœur et cher Louis, à l'occasion de Noël, pour nous distraire, nous avions organisé un petit crochet radiophonique, le speaker était là ainsi qu'un micro, un petit orchestre et le gong n'avaient été oubliés. Pas mal de concurrents ont su égayer cette soirée soit par des chansons les plus variées et de petits monologues choisis. Un jury départageait les lauréats qui ont bénéficié d'une distribution de prix, en argent, tabac, biscuits. Bref, nous avons bien terminé l'année. Je vous embrasse tous trois. Léon

Dimanche 9 janvier 1944 265

Reçue le 03.02.44, réponse 12.02

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, je viens vous accuser réception de votre beau colis[2] portant le n° 23 et daté du 16/11. Il m'est parvenu au début de la semaine en parfait état. Nous avons savouré la boîte de dindon destinée à la soirée de Noël : elle est arrivée un peu tard. Cela n'empêche pas que le 25 décembre a été marqué tout de même par un petit pot de dindon qu'avait reçu un de mes camarades de table. Les autres boîtes ont été mangées hier soir. Comme j'étais de soupe, c'est moi qui avais préparé ça avec quelques patates et une boîte de singe d'un autre coéquipier, car nous sommes toujours à cinq. En ce moment, un d'eux fait cuire des haricots auxquels nous mélangerons la dernière boîte d'un kilo de singe des colis de Noël. Encore de quoi faire de la musique demain. Les noisettes de Cadéac m'ont fait aussi grand plaisir et en les mangeant je me revoyais, plusieurs années en arrière, les cueillant le long du chemin (es Coumes). Celles-ci, c'est à coup sûr cette chère maman qui de nombreuses fois s'est penchée, avec autant de plaisir que celui que j'allais ressentir en les croquant. Merci aussi pour les bonbons, pommes, cigarettes, pour tout, en un mot. Du courrier, je n'en ai point reçu. Sur les adresses des colis, inscrivez uniquement Hannover, car, ils nous arrivent directement. Je viens d'assister à un match de foot. Le temps est à la pluie mais pas très froid. Le travail va pour le mieux ainsi que la santé ! Espérant que la présente vous trouvera tous trois de même je termine en vous embrassant de tout cœur. Léon

Dimanche 16 janvier 1944 266

Reçue le 05.02, réponse 16.02

Bien cher Louis,

Cette fois, je t'écris avec l'espoir que la réponse me parviendra, car j'attends encore celle du 05/09 qui a dû s'égarer. Cher Louis, je suis heureux de voir que comme par le passé tu arrives à améliorer et je regrette de n'être pas parmi vous, car moi aussi je me défendrais. Ainsi, il vaut mieux que vous n'ayez attendu mars. Vous remercierez Hortense pour le saucisson. L'emballage du colis était intact et cette fois la vignette bien collée. Je termine. Bonjours habituels.

Je vous embrasse de tout cœur, ainsi que maman. Léon

Dimanche 16 janvier 1944 267

Reçue le 09.02.44, réponse 17.02

Bien chère sœur et cher Louis,

Il est midi, mes camarades ne tarderont pas à rentrer du travail. C'est pourquoi je profite de la quasi-tranquillité qui règne dans la chambre pour vous écrire. En ce moment, nous ne sommes qu'à six qui ont travaillé hier toute la journée pour compenser la matinée d'aujourd'hui. Ainsi, nous avons pu faire grasse matinée, ce qui ne nous arrive pas tellement souvent. Cette dernière semaine, j'ai été gâté. Tout d'abord me sont parvenues vos correspondances des 20, 24 et 31/12 ainsi qu'une carte de Ridel et une de Blaisine. En outre, j'ai eu aussi le plaisir de recevoir votre colis[3] n° 24 : il était en parfait état et aussi bien complété. J'ai goûté au beurre qui est bien bon. Aujourd'hui, nous entamerons le saucisson et continuerons notre repas par des nouilles et du jeannot lap. qui nous reste d'hier. Avec deux, nous avions un beau plat pour tous les cinq. Quant au dindon et la confiture, je l'ai encore au dépôt, ce sera pour la semaine prochaine. Pour celle-ci, ça peut aller. Merci aussi pour les bonbons. Que c'est cher 9 Francs et tout est ainsi, c'est pourquoi, tant que cela me sera possible, je vous ferai parvenir mes économies. Hier, je vous ai adressé 50 RM. Ridel, toujours encourageant, me paraît content du petit jouet ; à propos, c'est deux comme ça que nous mangeons aujourd'hui. Un petit extra. À propos, il est une lettre que je n'ai point reçue, celle partie d'ici le 07/11. L'avez-vous reçue ? J'attends aussi le colis n° 21 du 16/10 et celui ou ceux pour lesquels tu as donné des vignettes : les quatre derniers reçus sont uniquement de vous. Bref, je vois que vous vous arrangez pour le mieux, aussi suis-je tranquille de ce côté. N'ayant de photographe je ne sais quand je pourrai t'envoyer photo, mais soyez rassurés ça va. Je ne souffre point des dents, heureusement. Je vous embrasse tous trois. Léon

Dimanche 23 janvier 1944 268

Reçue le 19.02.44, réponse 24.02

Bien chère sœur et cher Louis,

Hier, dans la soirée, alors que je faisais une partie de belote, nous avons eu une distribution de courrier. J'ai eu le grand plaisir de lire votre lettre du 10/01. J'en déduis que vous vous défendez bien par ces temps si durs et je m'imagine bien que ce n'est pas en restant toute la journée à vous chauffer que vous pouvez obtenir de pareils résultats : en effet, les vélos ne doivent pas chômer, heureusement que nous les avions tous les trois à peu près neufs : les blanches du Capitole se font payer 300 F, peu importe, il faut bien graisser le reste. Hier soir, j'ai préparé des nouilles à la sauce tomate et nous avons dégusté la boîte de dindon. Moi, j'ai mangé en plus le bout de jambon, le tout était bien bon. Un coéquipier a reçu du conflit d'oie, ce sera pour une autre fois. Ce soir, nous aurons des haricots au singe.

Je n'ai point de nouvelles de Caparroi, eux aussi ont eu chaud. Ils ont été bien encadrés, seuls les carreaux ont dégusté, pas de bombes incendiaires. Tu lui feras parvenir mon bonjour par sa sœur si tu as l'occasion de la voir au marché.

Avez-vous toujours des traverses ou suffisamment de charbon ?

Nous, ça va. Nous sommes logés dans une grande et récente école et avons le chauffage central. Sur nos lits, nous avons deux couvertures. C'est largement suffisant, d'autant plus qu'il ne fait pas trop froid. Je me rends au travail en bus ou en train. La maison est aussi chauffée, le travail, toujours les fils et les tubes.

Donc, tout va. Le bonjour à Mme Cambot, Jane et son mari, etc. Au début de la semaine, j'ai reçu votre lettre du 06, celle de Toulouse et aussi de Marseille.

Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Léon

Février 1944

Rappel historique, 4 février 1944 : « Dans la même journée, Toulon est bombardé deux fois. » (5) p. 75

6 février 1944 : « Loi relative aux locaux d'habitation ou à usage professionnel. Les locataires de bonne foi sont maintenus de plein droit jusqu'au 1er juillet 1944. » (5) p. 104

11 février 1944 : « Les principales dispositions de la loi fiscale pour 1944 comportent notamment : l'autorisation de déduire les contributions professionnelles et les cotisations syndicales, la suppression du plafond des frais professionnels, l'abattement à la base est porté à 20.000 francs pour l'impôt général sur le revenu. Elle institue un nouveau régime de forfait pour les industriels, les commerçants et les artisans. Le régime des assurances subit une réforme. » (5) p. 104

16 février 1944 : « Raid important sur Berlin. » (5) p. 75

20 février 1944 : « Londres subit le plus violent bombardement que lui ait infligé la Luftwaffe depuis 1941. Important bombardement de Leipzig. » (5) p. 75

24 février 1944 : « Bombardement de plusieurs localités hollandaises par l'aviation anglo-américaine. » (5) p. 75

25 février 1944 : « Londres subit sept attaques aériennesnocturnes en sept jours. Dégâts importants. » (5) p. 75

Dimanche 6 février 1944 269

Reçue le 08.03, réponse même jour.

(Dimanche dernier, nous n'avons pas écrit – 5e dimanche)

Bien chère sœur et cher Louis,

Ci-dessus, je viens de dater 06/02 : une date qui me rappelle un drôle de jour, le dernier que je passais avec vous il-y-a voilà quatre années.

Oui déjà, malgré que certains moments, certains jours nous aient parus longs, on ne peut s'empêcher de dire « déjà », car ils sont bien passés ces quatre ans et peut-être s'en écoulera-t-il encore un avant que tout soit à peu près fini, que je sois enfin parmi vous, complètement dégagé de ce lourd sacrifice qu'aura été pour nous tous cette drôle d'aventure 39-40.

Avant cette époque, on avait toujours par habitude de dire « je m'en fous comme de l'an 40 » ; on est presque porté à croire qu'il a voulu se venger sur une grande échelle. Bref, attendons toujours, confiants, tout à une fin et elle ne saurait tarder.

J'ai à vous accuser réception de vos lettres des 15/12 et 21/01. J'ai aussi reçu une lettre de chez Estrade, une carte de maman, votre dernier colis[4] (25) de 43 et hier le premier[5] de 44. Dans le numéro 25, je me suis régalé avec le pâté maison qui n'était pas du tout abîmé, les pommes aussi étaient intactes. Dans le suivant, le saucisson que j'ai entamé aujourd'hui est délicieux. Tu remercieras aussi Jane pour les deux barres de chocolat fourré, car je suppose qu'elles viennent d'elle. Le saucisson d'Hortense, malgré qu'il soit dur, était aussi bien bon. J'attends toujours colis du comité ! Les vôtres, les étiquettes ainsi collées tiennent très bien ; ils arrivent intacts.

Nous sommes en retard de Croix-Rouge, mais, au début de la semaine, nous viendront d'Osnabrück : cigarettes et Croix-Rouge de décembre et janvier ainsi qu'un colis américain pour chacun d'entre nous.

Ce matin, nous avons eu une petite chute de neige, il ne fait nullement froid. Rien de spécial à vous demander. Je vous adresse deux vignettes. J'envoie une carte à Toulouse. Tout va.

Je vous embrasse tous trois de cœur. Léon

P.S. : Rassurez-vous, nous n'avons pas de souris dans la chambre, mais une belle petite perruche bleue, notre fétiche, qui de son bec crochu poinçonne les lettres.

Dimanche 13 février 1944 270

Reçue le 09.03.44, réponse 15.03

Bien chère sœur et cher Louis,

Cette dernière semaine, j'ai eu le plaisir de pouvoir lire vos lettres des 27/01 et 04/02. J'ai également reçu une carte de cousine de Luchon, elle venait de recevoir de vos nouvelles, Bertrand travaille toujours dans l'Ariège.

Voici deux jours m'est parvenu un colis de M. Trélut daté du 19 janvier. Quant au n° 21, il ne m'est toujours pas parvenu. Aujourd'hui, je remercierai M. Trélut et j'enverrai une carte à M. et Mme Estrade. Hier, j'ai déposé 100 RM, et j'ai appris par votre lettre du 26/12 que les deux se montant à la même somme vous étaient parvenus, ça va encore assez vite. Votre colis n° 2 ne saurait tarder. En ce moment, nos valises sont bien garnies, car nous avons reçu tout ce que nous attendions, Croix-Rouge, colis A[6] et tabac. Nous avons de quoi faire plusieurs fois du riz au lait et chocolat. Tu m'as parlé de la mère Sabathier et Robert où est-il ? Que fait-il ? Prochainement, j'écrirai à Oncle, peut-être la carte ne le trouvera-t-elle pas là-bas. J'espère que lorsque la présente vous parviendra, maman sera complètement remise de sa petite grippe. Quant à moi, je suis complètement rétabli. Question nourriture, ça peut aller, bien sûr, ce qui nous vient de vous ne peut que nous faire plaisir, mais il ne faudrait pas pour cela que vous vous soyez privés pour nous, car là, le plaisir ne serait plus le même. Notre fétiche, la perruche est venue nous trouver quelques jours après notre arrivée dans le cantonnement. De son bec crochu, elle a frappé au carreau. Nous l'avons recueilli et dans une maison abîmée avons pris une cage. Le jour, elle est ouverte. Ainsi, la perruche vole d'épaule en épaule, sur les tables et elle est très familière, c'est une compagne fidèle. Je vous embrasse tous trois. Bonjours habituels. Léon

Dimanche 20 février 1944 271

Reçue le 25.03.44, réponse = =

Bien chère sœur et cher Louis,

Et voici une semaine qui vient de s'écouler sans que j'aie reçu de correspondance. Ça change un peu, il y avait longtemps que ce n'était arrivé. Pour compenser, j'ai eu le grand plaisir de recevoir votre beau colis[7] n° 2. Il était en parfait état. Ce soir, je mangerai la saucisse que nous avons mise avec des haricots et du bœuf de la Croix-Rouge. La ventrèche que j'ai goûtée est aussi bien bonne. Les vitamines, je les réserve pour prendre avec du café en grains que j'ai eu dans un des derniers colis. Merci aussi pour ail, bonbons et biscuits. Ce jour, je vous envoie aussi deux vignettes, j'adresse une carte à Ridel. Dans la semaine, j'ai été au dentiste, une dent à plomber, elle me taquinait depuis quelques jours, aussi n'ai-je pas attendu, j'y retourne mercredi. Depuis quelques jours, nous avons de la neige, oh, des bourrasques. Hier, ce matin plus tôt, nous avons eu 3 heures d'alerte de 2 à 5, et une deuxième de midi à deux heures trente, c'était pour la région. Ici, tout à fait calme. Je crois pouvoir vous envoyer des photos assez prochainement, peut-être nous prendrons-nous dimanche prochain. À l'extérieur, notre équipe fait un match de foot, le bruit des coups de sifflet nous parvient aux oreilles. Je vois les gars sur la touche emmitouflés dans leurs capotes, ils sont presque tous sur la droite du terrain, car ils préfèrent la douce chaleur des timides rayons de soleil, malgré que ces derniers gênent leur visibilité, car le soleil est devant eux et le sol couvert d'un léger tapis blanc. Ici, il fait meilleur, le chauffage donne, la chambre est bien calme, la perruche aussi a sa tête enfoncée dans les plumes. Elle dort d'un sommeil léger. Je vais m'arrêter espérant que la présente vous trouvera tous trois en parfaite santé. Avez-vous des nouvelles d'Oncle ? Bonjours habituels. Votre fils, frère et beau-frère. Léon

Dimanche 27 février 1944 272

Reçue le 25.03.44, réponse 28.03

Bien chère sœur et cher Louis,

Nous voici au quatrième dimanche de février, encore un mois qui agonise, sans que rien ne change, combien encore vont s'écouler ainsi, peu, j'espère. Ce matin, j'ai été au travail. Avant de rentrer, j'ai mangé tout d'abord une bonne soupe aux pois, ensuite de la poule avec de la sauce et des pommes de terre et pour terminer un petit pudding genre flan. Après, j'ai pris un bon bain et ai profité d'avoir de l'eau chaude pour faire un peu de lessive. En ce moment, la chambre est assez calme, quelques-uns sont en promenade, d'autres à une partie de football. Il fait beau temps, relativement doux. Dans la semaine, quelques gelées, mais, je suis bien couvert et travaille à l'intérieur. Mercredi, j'ai été faire terminer ma dent. Me voilà à nouveau tranquille pour quelques mois j'espère. Il y a quelques jours, j'ai eu le plaisir de lire votre lettre du 12/02 et la carte de Louis du 16/02 sur laquelle il me parle de l'ouverture de la pêche. J'espère qu'au moment où la présente arrivera quelques bonnes prises seront déjà inscrites au tableau de pêche et que vous aurez fait honneur à ce plat si fin. De mon côté, je me suis régalé avec un bon riz au gras (avec le lard) et un café naturel bien arrosé. À son retour de Miélan, Louis devait être bien fatigué, mais qu'importe la fatigue quand on a la satisfaction de revenir en charge, ayant ainsi remporté une nouvelle victoire, afin qu'ils se réjouissent et ne fassent pas trop de plis. De ton côté, chère sœur, je sais que tu ne restes pas inactive, c'est pourquoi je suis assez tranquille, sachant que maman a tout ce qu'elle peut avoir. Je vais lui envoyer un mot, ça lui fera plaisir. J'ai aussi reçu sa carte du 13/02. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur.

Bonjours habituels. Léon

Dimanche 27 février 1944 273

Réponse le 02.04

Bien chère maman,

Il me semble qu'il y a bien longtemps que je ne t'ai écrit, tu ne m'en voudras pas j'espère : tantôt je réserve la carte pour Toulouse, ou pour Marseille, ou pour Luchon, une autre fois aux patrons ou à la famille Estrade. Cette dernière, c'est presque comme si je te l'adressais, car il y a toujours un mot pour toi et, de toute façon, tu as de mes nouvelles. Léonie vient aussi t'en donner assez souvent. Oh, je sais bien, elles font toujours plaisir, on en voudrait tous les jours. Rassure-toi, je suis toujours bien et désire que la présente te trouve remise de la grippe. Bonjour aux familles Soulé et Estrade.

Ton fils qui t'embrasse de tout cœur. Léon

Mars 1944

Rappel historique, 6 mars 1944 : « Bombardements de Saint-Quentin, de la région de Bergerac (Dordogne), de la région parisienne et de plusieurs localités de la Somme. » (5) p. 75

8 mars 1944 : « Le tribunal militaire allemand, réuni à Reims, condamne à mort le comte Robert de Vogüé pour aide à l'ennemi par organisation de groupes de résistance. » (5) p. 107

12 mars 1944 : « Le tribunal d'Alger condamne à la peine de mort Pierre Pucheu, ancien ministre, reconnu coupable d'avoir aidé au recrutement de la Phalange africaine. Son exécution a lieu le 20 mars sur le polygone d'Hussein-Dey. » (5) p. 108

13 mars 1944 : « Nouveau raid effectué sur Toulon par l'aviation alliée. » (5) p. 76

14 mars 1944 : « Le Mans est bombardé pour la seconde fois en huit jours par l'aviation alliée. » (5) p. 76

15 mars 1944 : « Le tribunal de guerre allemand de Chaumont condamne à la peine de mort seize Français poursuivis pour soi-disant actes de terrorisme. » (5) p. 108

16 mars 1944 : « Gouvernement de Vichy : M. Marcel Déat est nommé ministre du Travail et de la Solidarité nationale (ce dernier poste créé). Le Dr R. Grasset, secrétaire d'État à la Famille et à la Santé, reçoit le titre de ministre. » (5) p. 94

17 mars 1944 : « La ville de Clermont-Ferrand subit un bombardement de l'aviation alliée. » (5) p. 76

23 mars 1944 : « L'Assemblée d'Alger accorde le droit de vote aux femmes françaises. » (5) p. 94

29 mars 1944 : « Le lieutenant-colonel Cristofini, organisateur de la Phalange africaine, est condamné à mort par le tribunal d'Alger. » (5) p. 108

Dimanche 5 mars 1944 274

Reçue le 11.05.44, réponse le 19

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, je viens répondre à votre lettre du 17 février sur laquelle tu m'annonçais les correspondances de Louis et maman que j'avais reçues quelques jours avant. Maintenant, me voilà doublement tranquille, tout d'abord de savoir que maman n'a pas dû garder le lit et ensuite vu que tu me dis : « on est assez bien sous tous les rapports ». À mon tour, je pourrais t'en dire de même hormis notre liberté restreinte, mais ceci, peu importe. Bien sûr, les transformés en civil en ont un peu plus, mais, cela ne suffit pas à me faire envier leur sort, je préfère rester prisonnier jusqu'au bout et recouvrer toute cette chère liberté d'un seul coup, alors seulement je consentirai à m'amuser, oui, lorsque je vous aurai retrouvé seulement. Nous venons de passer une semaine de bourrasques ; vent, neige, soleil, se relayaient, seul le froid ne se fait pas trop sentir. À tout hasard, je vais envoyer une carte à Oncle, peut-être est-il déjà parti et où ? Vous me renseignerez si vous le savez. Dans la semaine, j'ai aussi reçu votre colis[8] n° 3 en parfait état. Oui, depuis quelque temps, ils ne sont point abîmés, ni extérieurs, ni intérieurs. Ce soir, nous mangerons des endives cuites et du bœuf. Merci pour les pommes qui étaient intactes. Tu donneras bien le bonjour à Jane et M. Lopez et les remercieras pour leurs petites gentillesses. Tranquillise maman au sujet de mon travail. Je suis toujours à l'intérieur et ne monte que sur de petites échelles. Je remets en état l'installation électrique dans un hôpital qui a été abîmé. À midi, j'ai à manger ; le matin, le café. Je termine en vous embrassant tous trois. Léon

Toulouse,13 mars 1944 274-1

Lettre de la cousine Anna à Léonie et Louis

Bien chers cousins

Nous avons eu bien peur pour vous, avant-hier, quand nous avons entendu dire que l'Arsenal de Tarbes avait été bombardé la nuit, car vous n'êtes pas très éloignés. Heureusement, ce n'était pas cela, car il a été dit aujourd'hui que c'est un aérodrome d'Ossun qui l'a été et qu'il n'y a pas eu de victimes, mais vous avez dû ressentir des secousses, car la distance n'est pas grande, depuis Tarbes. Ici, nous avons assez souvent des alertes, fausses heureusement, mais on n'est pas tranquilles et nulle part. L'autre jour, c'est dans un cinéma qu'une bombe a explosé ; il y a eu plusieurs morts. Avant-hier soir, vers 10 heures, on a entendu successivement 9 explosions assez fortes pendant lesquelles l'électricité a été coupée pendant 2 fois. Nous ne savons pas encore ce qui s'est passé. Et souvent, il se passe des choses de ce genre. Quand tout cela finira-t-il ?

Nous vous remercions, chers cousins, d'avoir répondu si vite à notre lettre, mais nous ne voudrions pas vous donner du tracas, vous en avez assez pour vous. Pour le camaillon[9], bien sûr que cela nous rendrait service, mais c'est beaucoup d'argent à la fois et cela ne nous porterait pas profit comme lard ou graisse ou bien œufs ou lapin. Enfin, faites pour le mieux et comme si c'était pour vous ; ça ira toujours bien. Quant à faire un échange, Louis verra si cela se peut, et si cela en valait la peine, je pourrais peut-être avoir une ch. de travail, c'est-à-dire du tissu solide et sans points, elle vaudra davantage. Je m'arrangerai pour en trouver ici, enfin, nous ne voudrions pas vous déranger trop, vous verrez…

Nous avons reçu une carte de Léon sur laquelle il nous écrit que la fin approche. Le pauvre, il tâche toujours de nous donner du courage à nous alors qu'ils doivent tant en avoir besoin, là-bas. Nous espérons qu'il aura raison et que nous pourrons nous retrouver bientôt tous en famille.

Nous espérons que tante va mieux, de sa toux ; si la température se radoucissait, cela irait plus vite.

Maman va mieux et tousse de moins en moins. Juliette ramène Marcelle au docteur, encore aujourd'hui, espérons que ce sera guéri. Dans l'attente de vous lire, recevez chers Louis et Léonie, les meilleurs baisers de nous quatre. Anna

Dimanche 19 mars 1944 275

Reçue le 28.04.44, réponse = =

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine qui n'a pas satisfait ce dont je m'attendais. En effet, ni lettre ni colis, un seul arrivage pour la compagnie dans la semaine ; ce sera donc pour celle-ci. Depuis quatre ans, on dit ainsi pour notre retour : « ce sera pour celle-ci ». Eh bien non, pour changer, nous disons maintenant : « ce sera pour l'année prochaine » et, à coup sûr, j'y compte bien. D'une fenêtre, j'ai assisté à deux matches de foot et à une arrivée de cross sur la piste du même terrain. Journée assez douce mais rafales de pluie. Dans la semaine, nous avons eu une importante distribution d'effets et de chaussures venant de France. À peu de choses près, me voici aussi bien fringué qu'en septembre 39 à Bayonne. Il ne me restait plus que la capote, elle était bien usée, j'y tenais, car les écussons étaient encore dessus. J'ai une bonne paire de chaussures et aussi des sabots. Nous en avions bien besoin, certains étaient assez mal habillés. Maintenant, nous portons l'uniforme avec un peu plus de goût, nous en sommes fiers, car nous sommes propres, sinon très bien habillés, nous présentons un peu trop même ! Je vous envoie deux vignettes et une carte à maman à laquelle je joins une photo. Sous peu, j'espère pouvoir en faire faire de nouvelles et vous les envoyer.

Je voulais envoyer un peu d'argent à Toulouse, mais il est préférable que je vous adresse tout puisque vous pensez à elles. Bonjours habituels.

Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 26 mars 1944 276

Reçue le 28.04.44, réponse 02.05

Bien chère sœur et cher Louis,

Enfin, un petit arrivage de courrier a eu lieu ce matin. J'ai pu lire deux cartes des patrons sur lesquelles ils me demandent ce qui me ferait plaisir. Je leur ai donc demandé, s'ils avaient facilité, de me procurer une paire de sandales qu'ils te feraient passer. Elle me met : « notre personnel n'est pas du tout le même que lorsque vous étiez près de nous ! » Ici aussi, l'économe d'où je travaille m'a demandé : « vous resterez chez nous après la guerre ? » « Pourquoi pas » lui dis-je, « mais, avant j'irai faire un petit tour en France ». Bien chère Léonie, merci pour les deux belles violettes jointes à la lettre du 15/03. Celle du 06 ne m'est encore parvenue : c'est général. Beaucoup d'autres prisonniers trouvent aussi que le courrier est long à venir. C'est compréhensible. Le personnel est toujours de plus en plus diminué et les voies ne doivent pas chômer. Oui, vos lettres m'encouragent, car je vois vraiment que vous faites tout ce qui est nécessaire pour améliorer votre ordinaire et en même temps celui de maman et, ce souci enlevé, je me sens presque heureux. À quoi bon se frapper puisqu'il faut passer par là. L'espoir seul fait vivre et, de plus, tout a une fin, ceci finira bien. Patience, encourage donc maman sans toutefois lui laisser entrevoir un trop proche retour afin d'éviter des déceptions, car d'ici là, une grande année peut encore s'écouler. Ici, le temps s'adoucit, nous avons déjà eu quelques journées printanières. Dans la semaine, j'ai mangé votre boîte de lapin. Il était bien bon, il sentait bien l'ail. Santé toujours bonne, et je désire que la présente vous trouve de même. Bonjours habituels. Je vous embrasse tous trois. Léon

Avril 1944

Rappel historique, 2 avril 1944 : « Gouvernement de Vichy : M. Marcel Déat est nommé président du Conseil d'administration du Secours national. » (5) p. 96

4 avril 1944 : « Comité d'Alger : Le général de Gaulle est nommé chef de l'armée française d'Afrique du Nord, en remplacement du général Giraud. MM. F. Grenier et Billoux sont nommés membres du Comité d'Alger. » (5) p. 96

6 avril 1944 : « Toulouse subit son premier bombardement. » (5) p. 76

10 avril 1944 : « L'aviation alliée bombarde la région parisienne, Lille, Bruxelles, Gand et Rome. » (5) p. 76

13 avril 1944 : « Le général Béthouard est nommé chef d'État-major de la Défense nationale par le Comité d'Alger. » (5) p. 96

14 avril 1944 : « À Lille, l'aviation alliée attaque les installations allemandes. » (5) p. 76

19 avril 1944 : « Les docks et les ponts de Rouen sont de nouveau bombardés. » (5) p. 76

21 avril 1944 : « Raid important de l'aviation alliée sur les gares du nord de Paris. » (5) p. 76

25 avril 1944 : « Loi portant à 48.000 francs le salaire limite annuel au-dessus duquel les travailleurs ne bénéficient pas du régime des assurances sociales. » (5) p.104

27 avril 1944 : « Les voies ferrées d'Arras, de Béthune, de Cambrai, de Toul, de Nancy, de Châlons-sur-Marne et d'Aulnoye subissent des bombardements de l'aviation anglo-américaine. » (5) p. 76

Dimanche 2 avril 1944 277

Reçue le 11.05.44, réponse 15

Bien chère sœur et cher Louis,

La dernière semaine de mars m'a apporté votre colis[10] n°4. Il m'est parvenu en parfait état et je vous remercie de tout cœur pour son contenu. La saucisse était extra ; la ventrèche également bien bonne a été mangée en petits dés avec des fayots et aussi en petites tranches passées à la poêle ; la tomate, je l'ai mise hier soir avec des nouilles. Ce jour, je vous adresse une vignette, j'envoie aussi une carte chez Estrade. Aujourd'hui, vraie journée de printemps, aussi la chambrée est-elle bien plus gaie que par des dimanches de pluie. C'est vrai que c'est une vraie journée de sports : sur notre terrain se jouent au moins 4 matchs de foot ; il y aura aussi l'arrivée d'une course à pied, des travailleurs français (civils) de la région de Hanovre. Hier, je me suis fait photographier. Dans une quinzaine, j'espère pouvoir vous en envoyer. Ces jours derniers, j'ai touché des pantalons de golf. Envoie-moi une paire de chaussettes à tige assez haute pour mettre avec, des kakis si tu en as. Ne m'envoie plus de bonbons, j'en ai d'avance. Oui, en ce moment, le courrier marche au ralenti, mais c'est général. Les Pâques approchent, mais ce ne seront pas des Pâques fleuries, car ici la nature est encore morte, elle n'a pas encore revêtu sa robe printanière. Dimanche, comme les quatre dernières années écoulées, je m'approcherai de la Sainte table et ma pensée ira vers vous et aussi j'irai m'agenouiller sur la tombe de notre cher Papa. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Bonjours habituels. Votre beau-frère, frère et fils. Léon

Lundi 10 avril 1944 278

Reçue le 18.05.44, réponse 22

Bien chère sœur et cher Louis,

Nous voici au lundi de Pâques, le temps est couvert, une pluie fine tombe par intermittence. C'est ce matin que nous voulions nous faire prendre en photo, mais je crois qu'il faudra y renoncer. J'interromps la présente et profitant d'une belle éclaircie, nous descendons sur le terrain et posons devant le Kodak. Ainsi, j'espère dans une quinzaine pouvoir joindre à ma missive une belle photo. Hier, nous avons eu une très belle journée, à onze heures, j'ai été à la messe. Dans l'après-midi, sous un soleil de juillet, j'ai assisté à deux matchs de football. Et maintenant, il va être 13 heures, dans quelques instants, le rassemblement des sorties va siffler.

Avec trois copains, je vais me rendre à une représentation récréative dans un camp de prisonniers. Une compagnie de vitriers a eu la gentillesse de vouloir bien l'organiser et aussi celle de nous inviter à y assister. Il est 21 h 30. Dans une demi-heure, c'est l'extinction des feux. Je reprends pour la troisième fois cette lettre. Nous sommes rentrés assez tard de cette représentation qui a été interrompue par une courte alerte. Je suis bien content de mon après-midi, les acteurs étaient excellents et les deux (un principalement) qui remplissaient des rôles féminins, à s'y méprendre, nous ont laissé une très belle impression. Hier, j'ai à nouveau déposé 100 RM à votre adresse. Durant cette dernière semaine, j'ai reçu cartes de Toulouse et Estrade, votre lettre du 08/03 et votre colis[11] n°5. Demain, nous mangerons la boîte de lapin ; la saucisse me fait de bons casse-croûtes. J'espère que lorsque la présente vous parviendra les beaux jours seront parus. Vous et maman n'aurez plus à redouter les rigueurs de ce long hiver. Je vous embrasse tous trois. Léon

Dimanche 16 avril 1944 279

Reçue le 11.05.44, réponse 27

Bien chère sœur et cher Louis,

Hier, après midi, alors que je cuisinais dans la cour, mon camarade de table est venu m'apporter vos deux lettres des 25 et 28 mars ainsi que la carte que j'avais adressée à maman postée du 02/04. J'ai eu aussi le plaisir de recevoir votre colis[12] n°6. Le pâté était délicieux, ce soir nous dégusterons le poulet avec une bonne purée au lait. Quant à la ventrèche, j'en mangerai certainement une bonne partie dans mes casse-croûtes. Les pommes étaient aussi intactes. Ne m'envoie pas du sucre en supplément, j'en ai assez avec celui des colis et ce que nous touchons ici. Je n'irai pas plus loin sans vous parler un peu de vos photos. Certes, elles m'ont fait plaisir, mais l'air est grave, comme l'heure, surtout toi cher Louis.

De plus, ces vues de profil ne me permettent pas de très bien détailler vos traits, mais je sens qu'ils sont un peu fatigués, tirés.

Léonie et Louis, vues de profil

Ah, quand reprendront-ils leur allure fière et souriante, vigoureuse et gaie, tous nos visages ? Mais il est hélas ! quelque chose qui manquera ou qui restera du moins : les traces de ces longues années de souffrance, de séparation, de privation, de soucis continuels.

Oui, nous serons tous bien vieillis. L'instant du retour nous réserve des surprises, mais tant pis, qu'il arrive au plus tôt, ce ne sera plus bien long maintenant, courage et confiance.

Louis et Léonie en 1939

Chère sœur, pour la terre, je n'ai point de conseils à te donner, certes maman ne doit pas s'user au champ, il est bien préférable qu'elle reçoive en paiement de patates ou autre. Quant à vous, vous avez suffisamment de besogne et d'ennuis sans avoir à aller vous dépenser à Cadéac, d'autant plus que votre jardin vous permet de faire quelques patates. Je termine, vous embrassant tous trois de tout cœur. Bonjours habituels. Ici, calme relatif. Baisers. Léon

Dimanche 16 avril 1944 279-1

Bien chère maman,

Voici deux jours, j'ai eu le plaisir de lire 2 lettres de Léonie et ta carte du 2 courant. Je suis heureux d'apprendre que les beaux jours sont de nouveau parmi vous. Ainsi, chère maman, tu n'auras plus à craindre les rigueurs du froid ; il est enfin fini cet hiver. Maintenant, ne te fatigue pas. Oh, je sais bien qu'il doit t'être difficile de rester inactive. Mais, contente-toi de bricoler. Sous peu, j'espère bien, je viendrai à ton secours et tout reprendra comme par le passé. Le bonjour aux familles Soulé et Estrade. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Campettes, 21 avril 1944 279-2

Lettre d'Hortense à Louis et Léonie

Bien chère belle-sœur et frère,

Je fais réponse à votre lettre avec un peu de retard. Je puis vous dire que nous sommes en bonne santé et en désirons de même de vous autres. Je suis allée passer 3 ou 4 jours à Toulouse. J'ai été me déménager mon linge et la vaisselle en cas des bombardements. Je l'ai porté chez Jean, vu qu'on dit qu'on bombarde les lignes ferroviaires, et ce n'est gai à Toulouse, les gens vivent dans l'angoisse tout le temps. Il vaut mieux être à la campagne. J'ai trouvé tout le monde en bonne santé. Cher Louis, tu dis que tu viendras vers la fin du mois, voyons si tu penses avoir un peu de permission. Je pense que vous devez avoir reçu des nouvelles de Léon. En ce moment, tout le monde par ici se plaignait qu'il n'avait pas ni des prisonniers ni des ouvriers, et maintenant ils reçoivent des lettres du début de mars, quelque chose a dû se passer.

Enfin, vous nous écrivez pour savoir si tu viens comme tu dis.

Je ne vous en dis pas plus long en attendant de vous lire sous peu. J'oubliais de te dire que j'ai reçu des nouvelles d'oncle en même temps que la tienne. Il va bien.

Recevez cher frère et belle-sœur, nos meilleurs baisers. Hortense

Mardi 25 avril 1944 280

(avec photos) Reçue le 22.05.44, réponse 02.06

Bien chère sœur et cher Louis,

Cette fois, c'est en semaine que je vous écris afin de partager un peu, car dimanche prochain, cinquième dimanche, nous ne toucherons pas de formules. Voici à peine quelques instants, j'ai eu le plaisir de recevoir votre colis[13] n°7 en parfait état ; encore de bons casse-croûtes avec le saucisson. En ce moment, nous recevons très peu de courrier, c'est général. Ce jour, je réponds aussi à une carte de Ridel qui est très régulier à me répondre. Aujourd'hui enfin, je vais avoir le plaisir de pouvoir joindre quelques photos à la présente : elles ne sont pas toutes réussies, mais c'est mieux que rien d'autant plus qu'il faut saisir l'occasion au passage. J'espère bien qu'elles vous plairont, prochainement j'en enverrai à maman, Toulouse, etc. Elles ont été prises dans la maison où je travaille. Après une bonne période de beau temps, voilà la pluie et le froid qui sont revenus. Ici comme en France, le proverbe de ne point se découvrir en avril est juste, mais rassurez-vous, ma capote me suit au travail, quoiqu'étant à l'intérieur, je reste assez couvert d'autant plus qu'ici le temps est très capricieux. Je travaille toujours à remettre en état l'installation d'un hôpital. Mon camarade qui figure sur une photo s'occupe de l'installation d'eau. Nous sommes, tous deux, bien tranquilles, car par notre travail nous avons gagné la confiance de la maison. À 12 heures, nous partageons le menu du personnel de l'établissement. Bref, tout va. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Courage et confiance. Bonjours habituels. Votre frère et beau-frère. Léon

Mai 1944

Rappel historique, 1er Mai 1944 : « Suisse : Le nombre des réfugiés, émigrés et internés, provenant de 20 États différents, s'élève à 70.493, dont 39.712 militaires et 30.761 civils. » (5) p. 99

« Toulon subit un nouveau bombardement. » (5) p. 76

3 mai 1944 : « Les gares de Valenciennes, Anzin, Blanc-Misseron, Béthune sont bombardées par les alliés. » (5) p. 76

4 mai 1944 : « À la suite de l'exécution à Alger du lieutenant-colonel Cristofini, créateur de la Phalange africaine, neuf chefs de la dissidence, arrêtés en Haute-Savoie, sont condamnés à mort par la cour martiale installée à Annecy par Vichy, à titre de représailles. » (5) p. 108

9 mai 1944 : « Nouveau raid américain sur Bruxelles. » (5) p. 76

12 mai 1944 : « Le tribunal militaire d'Alger condamne l'amiral Derrien à la détention perpétuelle ; il est reconnu coupable d'avoir livré des bâtiments français aux Allemands à leur arrivée à Bizerte (Tunisie). » (5) p. 108

« Bombardement d'Épinal et de Boulogne-sur-Mer par l'aviation alliée. » (5) p. 76

15 mai 1944 : « Des avions allemands bombardent Bristol et Portsmouth (Grande-Bretagne). » (5) p. 76

16 mai 1944 : « L'Assemblée consultative du Comité d'Alger approuve une proposition selon laquelle le Comité prend le titre de « Gouvernement provisoire de la République française. » (5) p. 94

17 mai 1944 : « Privés de gaz, les habitants de Rouen et du Havre sont nourris à la cuisine communautaire. » (5) p. 103

22 mai 1944 : « Les gares d'Orléans, de Tours, du Mans, d'Amiens subissent des bombardements aériens de la part des Anglo-américains. Dégâts importants » (5) p. 76

24 mai 1944 : « Nouveaux bombardements des ponts de la région d'Orléans. » (5) p. 76

29 mai 1944 : « En deux jours, les nœuds ferroviaires, les ponts et les installations militaires des Allemands sont bombardés à Marseille, Lyon, Saint-Étienne, banlieue parisienne, Nice, Chambéry, Avignon, Amiens, Angers, Mantes, Nîmes par l'aviation anglo-américaine. » (5) p. 76

31 mai 1944 : « Rouen subit un nouveau bombardement. La cathédrale subit de graves dommages par incendie. » (5) p. 76

Lundi 1er Mai 1944 281

Reçue le 19, réponse le 10

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine qui vient de s'écouler sans recevoir de courrier. On s'y habitue. L'essentiel, c'est que le nôtre vous parvienne.

Et nous voilà en mai, plus qu'un mois et voici quatre ans d'accomplis, encore un ? (peut-être) et ce sera bien tout, enfin ! Hier, nous avons assisté à une séance récréative. Aujourd'hui, football. Ce jour, j'envoie une carte et une photo à la famille Estrade. Dimanche prochain, j'en enverrai à maman. Rien de spécial à vous demander pour le moment. Tout va bien. Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 7 mai 1944 282

Bien chère sœur et cher Louis,

Lundi, n'ayant rien reçu, je vous ai adressé une simple carte. Cette dernière semaine, rien n'est encore arrivé. Peu importe, l'essentiel c'est que les nôtres vous parviennent. Ce jour, j'envoie aussi une carte et une photo à Oncle de Marseille, toujours à la même adresse, car je ne sais s'il a dû évacuer. Hier, j'ai déposé la même somme que le mois dernier ; peut-être, la recevrez-vous en deux mandats. Surtout, accusez-moi réception de tout dans deux lettres successives, au besoin, dans le cas où toutes ne me parviendraient pas. Caparroi s'est déplacé, ils sont montés sur le nord, il est à Wilhemshaven depuis quelques jours. Dernièrement, j'ai eu de ses nouvelles, toujours bonnes. Mai n'a pas amené avec lui les beaux jours, car il fait encore frais, temps pluvieux, orageux même. Dans le ciel, pas trop de mouvement. Ce matin, encore, nous avons eu une petite chute de neige. C'est mieux que la grêle ! En ce qui concerne le travail, toujours pareil, je n'ai point à me plaindre de la maison. Voilà déjà plus de six mois que j'y suis, je suis déjà connu. Aujourd'hui, je suis de service. Oh, le menu n'est pas dur. Macaronis à la sauce tomate, c'est tout de même moins long que les haricots. Nous en avons mangé hier soir et, nous les trouvons toujours aussi bons et, il n'y a pas de fainéants pour les faire cuire, ils ne moisissent pas dans les valises. Avez-vous des nouvelles de Toulouse ? J'espère que ce n'est pas leur coin qui a été touché et du côté de Ger aussi. Enfin, courage et confiance, ce ne sera plus long, je crois. Bonjours habituels. Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 14 mai 1944 283

Bien chère sœur et cher Louis,

Ces derniers jours, enfin, nous avons eu quelques lettres : j'ai reçu les vôtres des 28/04 et 02/05. Votre carte du 24/04 et une des patrons à qui j'ai répondu en joignant une photo. J'envoie également une carte à maman avec les photos que je vous ai déjà envoyées il y a une quinzaine. Oui, je vois que vous êtes inquiets sur ma santé ; quoique légèrement maigri, je me sens tout à fait bien. À manger, pour le moment encore, j'en ai suffisamment. Donc, ce n'est pas là le mal, l'ennui y est peut-être pour quelque chose. On lutte mieux à deux, on se sent moins seul, mais peu importe, ce qui me réconforte c'est que je crois que je n'ai plus pour longtemps à souffrir de ce mal. La fin est proche. Oui, toutes ces destructions, ces victimes, etc. Tout ça ne peut plus durer. Au sujet du champ, rassure maman, bientôt nous le retravaillerons nous-mêmes. Je suppose que ce ne sont pas les avions qui sont venus en vallée d'Aure, et ce d'Arreau à Cadéac. J'ai eu des détails sur Toulouse, tante a dû être secouée aussi. Ici, plus grand-chose à craindre, le plus gros est fait. Les deux lettres des 05 et 12/03, retardataires, doivent vous être enfin parvenues. Beaucoup de copains attendent ces réponses. Très bien pour les précautions des affaires, linge, etc. On ne sait jamais. En ce qui concerne les colis, le n°6 a été le dernier reçu (le 13/04). Il ne nous en arrive plus. Hier, nous avons reçu la Croix-Rouge pour le mois ainsi qu'un colis américain par homme. Ceci nous permet d'attendre les colis qui doivent être arrêtés quelque part. Donc, pour le moment, tout va. Ne vous faites donc plus de soucis au sujet de ma santé. Courage et confiance. Bonjours habituels. Votre frère et beau-frère qui vous embrasse. Léon

Dimanche 14 mai 1944 284

Bien chère maman,

Cette dernière semaine, j'ai reçu deux lettres et une carte de Léonie m'apprenant les dégâts de la région. Vraiment, il n'y a plus de front, plus de frontières, mais rassurez-vous, cela ne durera plus longtemps et bientôt, je l'espère, vous retrouver à tous en parfaite santé. Encore un peu de courage et trois nouvelles photos qui laisseront, j'espère, meilleure impression que la précédente. Plus que jamais, courage et confiance. Le bonjour aux familles Soulé, Estrade, etc. Gros baisers de ton fils. Léon

Dimanche 21 mai 1944 285

Bien chère sœur et cher Louis,

Dans la matinée du lundi de Pâques, je m'étais fait photographier avec mes coéquipiers de table et trois autres copains. Hier, nous avons eu seulement les premières épreuves. J'espère que vous me trouverez un peu mieux que sur la précédente malgré mon sourire étranglé : ils étaient tous à me dire des blagues, à tel point que je n'ai pu m'empêcher de rire ainsi. J'avais, pour ce, endossé un uniforme d'emprunt. Aujourd'hui, il y a eu une nouvelle distribution et, en ce moment, je suis en possession de la même : c'est une tenue grise tirant sur le kaki que nous appelons (tenue Pétain). Donc, me voilà tout à fait habillé à neuf, enfin.

Durant cette dernière semaine, nous n'avons touché ni colis ni lettres. Il n'y a pas de doute, tout est arrêté, espérons que le trafic reprendra au plus tôt. Ce jour, je joins deux vignettes et envoie une carte et une photo à cousine de Luchon.

À propos, a-t-on fait des abris à Tarbes ? Où allez-vous ? Y a-t-il beaucoup de pièces de DCA ? Aucune, peut-être et des avions à Laloubère ? Vous me tiendrez au courant en ce qui concerne la réception des mandats et aussi du courrier.

Rassurez maman au sujet de la terre, elle ne peut se donner tant de peine et vous, vous n'avez plus les facilités d'autrefois ni autant de temps à disposer.

Il faut attendre patiemment, j'espère que ce ne sera plus bien long, il me tarde tant que tout soit fini pour pouvoir aller vous retrouver et enfin pouvoir revivre les heures d'avant-guerre.

Suis toujours en parfaite santé et vous quitte dans l'espoir que la présente vous trouvera de même à tous trois. Les bonjours habituels : familles Mounard, Jane, Mme Cambot, etc. Je termine en vous embrassant. Léon

Dimanche 28 mai 1944 286

Reçue le 24.06.44, réponse de suite

Bien chère sœur et cher Louis,

Il est trois heures, après deux bonnes heures d'alerte, je veux profiter du calme exceptionnel qui règne dans la chambre pour vous écrire. Nous sommes à deux : l'autre, fait l'horloger, par conséquent, pas beaucoup de bruit.

Beaucoup sont sortis, car il fait très beau temps : une partie accompagne notre équipe de foot qui s'est déplacée dans un autre camp. Tout à l'heure, ici, sur notre terrain, je pourrai assister à deux beaux matchs, à l'œil évidemment, et du championnat s.v.p. ; c'est une des rares distractions.

Ainsi, demain matin, lundi, nous faisons un match inter- chambres : la 1 contre la 2, rien que des amateurs, une partie de rigolade. Je fais partie de la première chambre et je vous assure qu'on n'a pas choisi les plus maigres. Aussi, le jeu sera-t-il à coup sûr assez mou, assez lent.

Aujourd'hui, j'ai envoyé une carte et trois photos à Tante de Toulouse. Ces jours derniers, j'ai reçu votre lettre du 12/05, mais encore pas de colis. Rassurez-vous, j'ai quand même ce qu'il faut pour le moment. N'envoie pas d'argent à Toulouse, je leur en adresserai moi-même dans une quinzaine sitôt touchée la paye de mai, 50 RM sans doute. Vous donnerez bien le bonjour à Élie et Hortense. Chère sœur, tu me souhaites toujours courage, j'en ai et désire que vous en ayez autant - surtout maman - il ne faudrait pas qu'elle se fasse des idées fausses. Faites votre possible afin qu'elle soit toujours confiante. Ce ne sera peut-être plus bien long, mais je redoute des coups violents, des heures graves à passer encore séparés, ensuite, et bientôt aussi, j'espère, j'aurai la joie immense de vous retrouver et me faire soigner un peu comme vous dites. Mais, si je ne me trompe, c'est nous tous qui devrons nous soigner, car, vous aussi, vous souffrez, et autant que nous, hélas. Je vous embrasse tous trois.

À bientôt de vous lire. Léon

Juin 1944

Rappel historique, 4 juin 1944 : « Bombardement de la gare de Versailles-Matelots. » (5) p. 76

10 juin 1944 : « Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). Jour de marché. Toutes les personnes présentes (hommes, femmes, enfants) sont sauvagement assassinées par les Allemands et le village entièrement incendié. » (5) p. 76

13 juin 1944 : « Gouvernement de Vichy : M. Joseph Darnand, chef de la Milice, est nommé secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur. » (5) p. 96

15 juin 1944 : « Les Chantiers de la jeunesse française sont dissous et leurs membres requis au titre du service du travail obligatoire (S.T.O.). » (5) p. 96

16 juin 1944 : « Londres et le sud de l'Angleterre sont attaqués avec une arme allemande nouvelle dénommée « V1 ». Il s'agit d'un obus muni d'ailettes propulsé par un système explosif. Le départ a lieu des côtes françaises de la Manche. » (5) p. 77 - 78

« Des tribunaux du maintien de l'ordre sont créés en France par le gouvernement de Vichy. Ils jugeront les abandons de poste et les autres crimes ou délits contre le devoir et la discipline militaire commis par les membres des forces relevant de son autorité. » (5) p. 108

Lundi 5 juin 1944 287

Reçue le 30.06, réponse le 01.07

Bien chère sœur et cher Louis,

Il est neuf heures du soir. Dans une heure, nous serons couchés, aussi dois-je me hâter à vous écrire. Cet après-midi, je suis sorti avec quelques copains. Nous avons assisté à un beau match de foot joué devant 15.000 spectateurs. Dans la semaine, j'ai été gâté. Les premiers jours de juin ont été meilleurs que ceux de 40. Eh oui, voilà bientôt quatre ans que nous sommes là et j'espère que le cinquième sera bien le dernier. Au début de la semaine, j'ai donc reçu vos colis 8[14] et 9[15]. Jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu connaissance du n°7 ; c'est le seul qui me manquerait. Merci, chère sœur, pour les quelques fleurs jointes et aussi pour saucisson, lard, boîte porc, etc. À propos de porc : nous avons droit à un supplément de pain, viande et margarine que nous touchons directement des firmes. Ceci pour longue journée de travail. Hier, j'ai donc touché pour juin : 500 g de lard, 2 kg de pain, 50 g de margarine. C'est appréciable, surtout le lard. Le matin, nous quittons le camp à 7 heures et à la même heure, le soir, nous sommes rentrés. J'ai aussi reçu une avalanche de lettres, trois des vôtres : des 15,19 et 22/05 ainsi que cartes de Toulouse, maman, Estrade et cousine de Luchon. De partout, de bonnes nouvelles, c'est l'essentiel. J'attends donc le n° 10 avec sandales. Dernièrement, quelques bombes sont tombées : quelques carreaux et tuiles de cassés. Tout simplement, la 11e fois depuis que nous sommes là. Je vous envoie par le même courrier deux vignettes. Ne m'envoie plus de supplément de sucre, j'en ai grosse avance. Merci pour farine Germalyne. Je termine en vous embrassant tous trois. Bonjours habituels. Léon

Mardi 6 juin 1944

Débarquement des Alliés en Normandie

« Un débarquement anglo-américain a lieu par mer et par air sur les côtes de la Manche entre Le Havre et Cherbourg. Les troupes sont placées sous le commandement unique du général Montgomery. Les Anglais établissent des têtes de pont aux embouchures de la Seine, et de l'Orne ainsi qu'au nord de Bayeux. Les Américains débarquent sur la côte qui longe la presqu'île du Cotentin entre Carentan et Valognes, en direction de Saint-Vaast-la-Hougue et Sainte-Mère-Église. Important bombardement de Lisieux et de Vire (Calvados). » (5) p. 76

« S'adressant aux Français par radio, le maréchal Pétain annonce le débarquement des armées anglo-américaines sur le sol français et exhorte la population au calme et à la discipline. » (5) p. 96

10 Juin 1944 : « À Tarbes, le 10 juin 1944, raid aérien vers 19 h 30, des avions allemands lancèrent sur la ville de Tarbes plusieurs bombes et mitraillent les rues. Maurice Trélut, Maire de Tarbes, protesta contre cette « sauvage agression » auprès du Préfet et auprès du Général Mayr. Un mois plus tard, en juillet 1944, il fut arrêté par la Gestapo. Il est par la suite déporté en Allemagne au camp de concentration de Buchenwald où il décède en février 1945. » Source : https://www.tarbes.fr/gp/La-Resistance-en-Bigorre/465/0

Dimanche 11 juin 1944 288

Reçue le 15.07, réponse le 16

Bien chère sœur et cher Louis,

De vous, rien ne m'est parvenu cette semaine. Hier, j'ai cependant reçu une carte de Ridel qui est toujours très réconfortante. Dans une de tes dernières lettres, tu me demandes combien tu dois envoyer à Toulouse : ce jour, j'ai déposé 50 RM à leur adresse et autant pour vous. Tu m'accuses réception d'un mandat de 120 de mars, mais je ne sais si vous avez reçu celui de 100 du mois de février. J'espère que tous vous parviennent. À propos, tu me parles des petites de Marcelle et Marie : et leurs maris, que font-ils ? Et Tante Thérèse, comment va-t-elle ? Moi aussi, j'attends la réponse de deux cartes envoyées à Oncle de Marseille. Le colis n° 7, celui par la gare sans nul doute, ne m'est pas parvenu, il a dû être escamoté aussi. Donc, n'en envoie plus. Ainsi, les deux autres par mois me suffiront. Peut-être, sous peu, ne pourrez-vous plus en envoyer. Je m'arrangerai quand même, car j'ai une bonne soupe à midi. D'après ta lettre du 19 mai, où tu me dis avoir trouvé maman guidant les vaches au champ, je suis vraiment rassuré, car tu sais, si loin, on se fait des idées de toutes sortes. On craint toujours que les lettres cachent quelque chose, qu'elles ne disent pas la franche vérité afin d'éviter des soucis trop grands. J'aime mieux çà et suis heureux de la savoir toujours alerte. Quant à moi, ça va aussi bien malgré mon visage légèrement aminci. Dernièrement, j'ai eu de petits boutons, un peu partout, mais c'est passé. Le champ étant ensemencé, toujours grâce à votre activité, je suis tranquille. Vous pourrez attendre encore cet hiver de pied ferme, peut-être sera-t-il encore du rang des durs. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Bonjours habituels. Léon

Tarbes, jeudi 15 juin 1944 289

Bien chère maman,

Deux mots, puisque les trains ont repris, pour vous apprendre notre bon état de santé. Nous avons eu aussi de bonnes nouvelles de Léon du 14 et 21 mai, avec photos. Sûrement que vous aussi. Faites-nous faire deux lignes, sitôt reçue cette dernière. Ne vous fatiguez pas trop, et bon courage, espérons que tout ceci finira bientôt. Tous deux, nous vous embrassons. Léonie

Le bonjour à la famille Soulé.

Dimanche 18 juin 1944 290

Reçue le 28.07, réponse de suite

Bien chère sœur et cher Louis,

Il est 9 heures et demie du soir et voilà seulement un moment de loisir pour vous écrire. Ce matin, après avoir fait grasse matinée, les sirènes nous ont d'abord annoncé préalerte ; une demi-heure après, c'était alerte. Nous gagnons donc notre abri et quinze minutes après, environ, la lumière commence à clignoter, la terre tremble sous nos pieds, un roulement sourd se fait entendre puis une deuxième fois plus près. Une heure après environ, nous regagnons nos chambres. De nos fenêtres, nous scrutons l'horizon : rien d'anormal, c'était bien plus loin. En effet, dans l'après-midi, nous sommes partis en camion dégager une route, rails de tramway, canalisations eau et gaz. Donc, étant rentrés un peu tard, ensuite manger, voilà qui explique mon retard à écrire. Voilà plusieurs mois que je n'avais pas manié la pelle, mais en pareille circonstance, ce n'est point dur, car nous sommes en assez grand nombre et, plus on est, plus on rigole. Votre dernière lettre reçue est celle du 27 mai. J'ai également reçu votre colis[16] n° 10. Je suis donc en possession de sandales qui, je l'admets, sont moins confortables que les autres qui elles, étaient chaudement rembourrées. Merci plus rien. Il serait peut-être préférable de ne point m'envoyer de colis « gare », car ils ne me parviennent pas. Caparroi a changé de ville, il est plus au nord près de la côte et fait une piste en béton. Nous avons la pluie depuis une quinzaine de jours, on se croirait en automne. À part ça, tout va bien. Santé excellente. Je vous embrasse tous trois. Léon

Dimanche 25 juin 1944 291

Reçue le 03.08, réponse le 05.08

Bien chère sœur et cher Louis,

Voilà trois jours que j'ai entamé ma cinquième année de captivité, mais j'espère bien la finir parmi vous, car ça commence à faire assez long sans vous voir. Dans le temps, je me disais : comment peut-on passer cinq années sans voir les siens en pensant à ceux qui s'engageaient pour les lointaines colonies ? Et maintenant, hélas, j'ai compris. Sans compter que s'engager et être prisonnier sont deux choses bien différentes. Ces jours derniers, j'ai eu le grand plaisir de recevoir votre colis[17] n° 11 avec les demi-bas qui sont très bien. Merci aussi pour les cigarettes, ça fait aussi plaisir, ça change d'avec les troupes et les élégantes, les Camel, Chesterfield avaient aussi été les bienvenues surtout qu'il y avait cinq paquets par colis. J'ai également reçu votre lettre du 2 juin. Suis heureux d'apprendre que mes photos vous aient laissé bonne impression. Tu me parles des fraises et des cerises, pauvre de nous, des fraises j'en ai seulement aperçu une fois, c'est bien plus un retard et puis il ne fait pas deux jours de chaleur en suivant à tel point que j'ai dû remettre un pull que je ne quitte plus même pour le travail. Ah ! Où est notre France, notre Midi ? On comprend pourquoi elle est si enviée. J'ai aussi reçu une carte d'Oncle qui me dit avoir eu chaud aussi. Je n'en suis point étonné et ce n'est peut-être pas fini dans son coin, car Roger Anglade et François Dordan pourraient peut-être passer à l'action sur ce coin. Ici, je crois qu'il n'y a plus guère de grand danger. Malgré cela, je suis prudent, je gagne l'abri. Je vais envoyer un mot à Ridel. Je termine pour aujourd'hui, en joignant une photo sportive avec pour fond une aile de notre cantonnement. Gros baisers à tous trois. Bonjours habituels. Léon

Hannover, septembre 1943 : les 3 compagnies du BAB 45 se mesurent au football

Krankenhaus Henriettenstift (Hôpital Fondation Henriette)

Hanovre S. Misburgerdamm 7

(Traduction)

Le prisonnier de guerre

Leon Noguero N° 19667 a été affecté à mon service comme électricien, de novembre 1943 à juin 1944, pour les travaux de reconstruction. C'est un bon spécialiste qui a été capable d'effectuer en autonomie toutes les tâches qui se présentaient, installations de courant fort et de courant faible, ainsi que tous travaux de réparation. Notre collaboration a été excellente. C'est un ouvrier vaillant qui travaille proprement. Je regrette qu'il nous quitte et je lui souhaite de réussir dans son nouvel emploi et dans son avenir. Daté et signé : Hanovre, le 29/6/1944, Richard Wieddekind, Artisan électricien

Henriettenstiftung[18] Evang. Ruth. Diakonissenmutterchor Wirtschaftsverwaltung - Hannover

(Traduction)

Bescheinigung (Attestation)

Le prisonnier de guerre français Leon Noguero N° 19667 a été employé du ../10/1943 au 29/06/1944 à la Fondation Henriette d'Hanovre comme électricien. Nous certifions qu'il a été dans son travail très sérieux et dans son comportement respectueux et qu'il a exécuté ses tâches avec beaucoup de prévenance et de sérieux. Nous regrettons de devoir renoncer prématurément à ses services.Daté et signé : Hanovre, le 29/6/1944, D. illisible

Toulouse, 30 juin 1944 291-1

Lettre de la cousine Anna à Léonie et Louis

Bien chers cousins

Votre lettre qui a mis assez de temps pour venir, nous est bien parvenue, et nous a fait bien plaisir d'avoir de vos nouvelles, mais pauvre Léonie, tu nous dis que tu es fatiguée et on le croit, car tu n'arrêtes pas avec tout ce que tu as à faire ; partir à Cadéac et le reste. Nous espérons que ta jambe est guérie sinon il ne faut pas la négliger ; s'il le faut, n'hésite pas à la faire voir au docteur.

Nous avons reçu des nouvelles de Léon, le pauvre, avec 3 photos. Oui, on voit qu'il a un peu changé, 4 années loin de son pays, loin des siens, c'est dur. Et nous avons pleuré en voyant la photo sur laquelle il a écrit : « regard fixé sur la France et la pensée sur ceux qu'il y a laissés ». Enfin, espérons que chaque heure qui s'écoule nous rapproche du moment où nous pourrons enfin le revoir et l'embrasser.

J'espère que tu as revu tante et qu'elle se porte bien. Nous voyons qu'à Tarbes, il s'en passe aussi comme partout, hélas. Ici aussi, il ne se passe pas un jour sans qu'on apprenne quelque chose. Dimanche dernier, nous avons subi notre troisième bombardement qui fort heureusement n'a pas fait trop de victimes, quelques blessés seulement. A l'atelier, le travail se finit, on ne reçoit plus de marchandises comme partout d'ailleurs. Nous ne travaillons que quatre jours par semaine. Je ne sais comment cela va aller et pour voyager aussi, c'est imprudent. Nous avions reçu hier une lettre de Marcelle nous disant que Madame venant à Toulouse aujourd'hui la prendrait pour venir nous voir. Juliette avait demandé la journée, elle n'est pas venue. Nous pensons que la circulation des voitures automobiles ayant été interdite, c'est cette raison qui en est la cause. Nous avions dit à Marcelle de vous écrire. L'a-t-elle fait ?

Et toi Louis, toujours au boulot ; encore un peu de patience et tout s'arrangera, va.

Dans l'espoir de vous lire bientôt, Maman et Juliette se joignent à moi pour vous adresser, chers Louis et Léonie, nos plus affectueux baisers. Votre cousine dévouée.

Anna

P.S. Nous sommes contentes que vous ayez reçu des nouvelles d'Oncle. Nous avons pensé à lui dans ces mauvais moments. Cette pauvre Mme Mounard se voit beaucoup de malheurs. Et toi, toujours de pénibles corvées. Donne-lui bien le bonjour de notre part.

Laissez-passer pour P.G. français et belges qui travaillent.

Lorsque le détenteur de ce laissez-passer est rencontré en dehors du secteur autorisé indiqué au recto, il doit être conduit au plus proche poste militaire ou de police.

Le Stalag doit être averti.

L'entrée des magasins, des restaurants, des fêtes publiques, des cinémas, des gares et des églises est interdite.

L'utilisation des moyens de transport est permise pour se rendre au travail, mais interdite pour les sorties (il faut biffer les mentions inutiles).

Pour le contrôle la plaque matricule doit être exigée. Les numéros de la plaque et du laissez-passer doivent correspondre.

Juillet 1944

Rappel historique, 6 juillet 1944 : « Le général de Gaulle arrive à Washington, où il est l'hôte personnel du président Roosevelt. Il se rend ensuite à Ottawa le 13. » (5) p. 96

17 juillet 1944 : « Raids américains sur Sarrebruck, Munich, Vienne et sur Nevers (Nièvre). » (5) p. 78

20 juillet 1944 : « Allemagne : Un attentat à la bombe est dirigé contre le chancelier Hitler, qui en sort indemne. Cet attentat, qui eut lieu au G.Q.G. du Führer alors qu'il était en conférence avec des officiers, eut comme auteur le colonel comte von Staufenberg. Les chefs du complot seraient les généraux Albricht, Beck et Hoeppner.

« Le ministre Himmler est nommé commandant de l'armée de l'Intérieur.

« M. Mussolini est reçu par le chancelier Hitler peu après l'attentat. » (5) p. 99

25 juillet 1944 : « Allemagne : Le Führer décrète la mobilisation totale du travail pour le territoire du Reich, les territoires annexés et occupés. » (5) p. 99

28 juillet 1944 : « Le département américain de la guerre évalue les pertes en Normandie à 300.000 hommes. » (5) p. 78

30 juillet 1944 : « Départ de la gare de Toulouse-Matabiau pour Buchenwald du convoi n° 81 avec 350 déportés dont 27 enfants et 179 juifs. »

31 juillet 1944 : « Du 15 sept. 1942 à ce jour, 95.000 israélites ont été déportés par les Allemands du camp de Drancy (Seine) vers la Haute-Silésie, Ravensbruck ou Auschwitz. » (5) p. 104

CARNET

Dimanche 2 juillet 1944 = Départ de Hannover.

Lundi 3 juillet 1944 = Arrivée à Magdeburg.

[Le 2 juillet 1944, nous quittons Hannover pour nous installer le lendemain, 03 juillet, à Magdeburg auprès de notre nouvel employeur : la raffinerie de carburant synthétique Brabag[19]. Notre séjour y a été tellement perturbé qu'on n'en trouve pas trace dans mon carnet de bord. Nous avions plusieurs alertes, tant de nuit que de jour, et toujours quelques pruneaux.]

Lundi 3 juillet 1944 292

Reçue le 04.08, réponse le 08.08

Bien chère sœur et cher Louis,

Cette dernière semaine, j'ai eu le plaisir de lire votre carte du 10 juin, une carte de maman et une de Mme Chalmandrier (jeune) d'après laquelle je déduis que Tarbes ne doit pas être bien gai en ce moment surtout et encore davantage la semaine passée. À mon tour, je dois vous recommander la prudence et aussi d'éviter tout engagement dans n'importe quel milieu. Aussi, restez neutres, c'est plus sage. Bien chère sœur, une petite surprise : le prochain colis, tu ne l'adresseras plus à Hannover mais à Magdeburg. Nous sommes arrivés dans cette dernière ville dans le courant de l'après-midi, nous étant ainsi rapprochés de 150 km de Berlin. Le voyage a été un peu long, nous avions embarqué hier matin. Demain lundi, nous aménagerons notre nouveau camp qui n'est plus aussi luxueux que l'école que nous venons de quitter. Ici, ce sont des baraques en bois, mais nous avons un bon abri et une petite cour où nous prenons le frais. Mardi, nous irons faire connaissance de nos nouveaux patrons. Je ne sais si nous serons aussi bien qu'à Hanovre, nous en doutons. Je vous donnerai d'autres détails dans la prochaine. J'ai dû interrompre ma lettre pour l'appel du soir. Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Tout va bien. Léon

P.S. L'adresse de la correspondance reste inchangée.

L'interprète nous a donné l'adresse exacte à mettre sur les

colis : nom-prénom-matricule,

compagnie et bataillons.

Continuez ainsi =

19 MAGDEBURG-ROTHENSEE / WINDMÜHLENSTRASSE

Dimanche 9 juillet 1944 293

Reçue le 05.08, réponse le 16.08

Bien chère sœur et cher Louis,

Et voici écoulée notre première semaine de travail à Magdeburg. Il s'agit de remettre en service une usine qui a été particulièrement éprouvée ainsi que les abris. Aussi, en cas d'alerte, prévenus assez tôt par une sirène sur auto qui fait les différentes rues de l'usine, tous les travailleurs se dirigent-ils vers la campagne, s'y enfonçant de plusieurs kilomètres. J'ai eu déjà deux fois cette occasion : une fois à pied, une autre en camion. Rien n'est tombé ici. Depuis trois jours, j'ai repris pinces et tournevis et je continue ainsi ma captivité en exerçant mon métier, ce qui contribue à me la rendre un peu plus douce. Je travaille à l'intérieur, à l'éclairage, donc pas dangereux. Au camp, nous avons aussi un bon abri, jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu d'alerte de nuit. De plus, nous sommes à environ 14 km en dehors de la ville et à une demi-heure de l'usine, donc assez à l'écart. La lettre a été poinçonnée par la perruche que nous avons amenée avec nous. Parfois, au cours du voyage, elle n'était pas très rassurée, surtout lorsque notre convoi était malmené dans une gare de triage ou qu'il marchait trop vite. À son tour, la voilà acclimatée, sa cage est ouverte ainsi que portes et fenêtres, nuit et jour, car il fait assez chaud et la peau se bronze. Depuis notre arrivée, nous avons eu deux fois du courrier. Des colis, pas encore. Pour ma part, je n'ai encore rien reçu et il me tarde de vous lire. Votre dernière étant du 2 juin et celle de maman du 14. Avez-vous reçu de l'argent ? Il tarde beaucoup me semble-t-il et mes lettres arrivent-elles régulièrement ? Parfois, au travail, parmi la foule de travailleurs et les bruits de toute sorte, j'envie la solitude, le calme de nos chères Pyrénées, du village qui m'a vu naître et où, par ces midis d'été, tout dort, tout repose. Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Bonjours habituels. Léon

Dimanche 9 juillet 1944 294

Reçue le 19, réponse le 10

Bien chère maman,

Depuis huit jours, nous sommes dans une nouvelle ville. Nous logeons en banlieue et l'usine où nous travaillons est à une demi-heure de marche de notre camp. Dans la journée, en cas d'alerte, nous sommes prévenus assez tôt, et soit à pied ou en camion, nous nous dispersons à plusieurs kilomètres dans la campagne. Ici aussi, je travaille de mon métier. Donc, je n'ai point à me plaindre. Ma santé est toujours bonne et désire de tout coeur que la présente te trouve de même. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Luchon, 11 juillet 1944 294-1

Lettre de la cousine de Luchon

Bien chère cousine et cher cousin,

Je me décide à te faire deux mots, car vraiment je pense souvent à vous tous. J'espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé toi et ton mari. J'ai reçu tout dernièrement des nouvelles de ton frère. Cela m'a fait plaisir, il me dit bien se porter, mais ne reçoit pas souvent de vos nouvelles et colis. Il doit trouver pénible ce long et pénible exil. Espérons que nous aurons le plaisir de le revoir bientôt. J'ose croire que tu dois aller voir tante souvent, que malgré tout elle doit bien se porter. Elle doit trouver le temps bien long. Il faut prendre courage, espérons des jours meilleurs. Je suis toujours sans nouvelles de toute ma famille. J'ai toujours des nouvelles de Bertrand, il se trouve à Usson-les-Bains. Il a hâte lui aussi de revoir sa famille. Quant à moi, je me porte assez bien malgré les privations. Cela devient de plus en plus dur. Il doit en être de même à Tarbes. Quand tu écriras à tante, tu lui diras bien des choses de ma part et tu l'embrasseras pour moi.

Au plaisir de vous lire, je vous embrasse à tous les deux.

Votre cousine qui ne vous oublie pas.

Marie Courrège

À bientôt, une longue lettre de toi qui me fera plaisir.

Dimanche 16 juillet 1944 295

Reçue le 08.08, réponse le 11.08

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, dimanche 16 juillet, c'est de mon chantier que je vous écris. Je viens de casser la croûte et c'est pendant l'heure de midi que je commence la présente. Je me trouve au sous-sol de la sous-station de l'usine, je suis seul avec mon camarade ; les civils étant à la cantine. Oui, ça ne vaut pas l'hôpital d'Hanovre. Ici, on travaille tous les samedis et un dimanche sur deux. Bien sûr, on aimerait mieux avoir le dimanche libre, mais pour ma part ça va, car mon travail n'est point dur. Il n'en est pas de même pour ceux qui ont la pelle en main du matin au soir. Nous avons le réveil à 4 heures 30 minutes et rentrons le soir à cinq heures trente. C'est un peu long et les nuits sont courtes, surtout qu'on ne se couche guère avant 9 heures, parfois plus tard. Au début de la semaine, j'ai eu le plaisir de lire votre lettre du 24 juin. En ce qui concerne les colis, tous me sont parvenus. Ce qui m'inquiète à mon tour, c'est que vous ne m'accusez réception d'aucun mandat et pourtant, cette année, je vous en ai envoyé chaque mois. Avant-hier, encore 50 RM. Mais cette fois, ce seront les derniers. Tout d'abord, ils risquent de ne pas vous parvenir et, de plus, je crois que dès maintenant nous ne toucherons plus de bien grosses payes. Essayez une réclamation à la poste, car quatre et cinq mois pour un mandat, ce n'est plus normal du tout. Malgré tout ceci, le moral est bon. Ne vous souciez pas pour moi, même sans colis, on s'arrangera. Durant quatre ans, nous avons acquis suffisamment d'expérience, nous tiendrons bon jusqu'au dernier quart d'heure qui ne saurait guère tarder à venir. Bonjours habituels. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Léon

Tarbes, vendredi 21 juillet 1944, 2 h. 296

Bien chère maman,

En revenant du pain, ce matin, j'ai rencontré Mlle Verdié, épicière à Arreau, qui m'a offert de vous faire passer un petit colis que je me suis empressée de vous préparer et je vais lui porter avant 4 heures.

Il nous tardait, après ces secousses, d'avoir de vos nouvelles. Hier matin, Francine Solans est venue nous dire qu'un Monsieur leur avait fait passer une lettre avec de vos nouvelles, en même temps que de ses parents, et qu'elle en avait fait de même. Donc, de nous, soyez tranquille, nous sommes bien. De Léon, qui était bien aussi, malgré qu'il ait changé de camp. Sa dernière lettre est du 16 juillet. Sûrement qu'il doit y en avoir en route, en attendant son prochain retour. Faites-nous faire deux mots, chez Solans, ils auront peut-être des occasions à faire passer. Dites-leur que chez eux ça va aussi. On aurait voulu y aller toutes deux dimanche, mais tout n'est pas encore bien rétabli. Il vaut mieux attendre des jours plus calmes. On n'est pas encore rassurés, c'est la fin complète qu'il faudrait. Enfin, ça viendra, puisqu'il y a eu un commencement.

Donc, chère maman, ne vous souciez pas pour nous et soignez-vous, ne vous fatiguez pas. Je suis heureuse de pouvoir vous envoyer ce petit paquet, car cela me faisait long de ne pouvoir y aller.

Louis est presque toujours de nuit, ce qui ne me rassurait guère ces temps derniers. Enfin, malgré quelques morts et quelques blessés, tout s'est assez bien passé et Tarbes a pu être délivré assez vite. Reste encore, vers Dax et Mont-de-Marsan, je crois, et le plus mauvais est dans les environs de Paris et même au centre dit-on ce matin.

Donc, chère maman, à bientôt de vous lire. Nous vous embrassons, tous deux, bien affectueusement. Louis garde son congé pour aller au bois. Espérons que tout sera fini.

Le bonjour à la famille Soulé, Estrade et amis.

Louis et Léonie

Tarbes, samedi 22 juillet 1944 297

Bien chère maman,

Que devez-vous penser de notre silence ? Rien de grave, sans doute. Seulement, il est impossible de voyager, car on risquerait de rester en route.

Nous avons eu de vos nouvelles chez Francine Solans. La lettre avait mis 7 jours et je voulais bien vous écrire avant, mais on est toujours à courir. Cette semaine, on a été tous les matins au pain pour en avoir 500 grammes. La semaine dernière, il a manqué un peu, car il était mal distribué. Aussi, Monsieur le Préfet a eu souvent des visites, car il avait défendu les queues de plus de 20 personnes et nous étions là 3 et 4 heures. Pour rien des fois, car bon nombre prenaient place à 5 heures du matin et la soudure n'est pas encore faite, mais ne tardera pas puisqu'on fait déjà avec le blé nouveau.

Demain matin, il faudrait aller au pain et au boucher. On s'arrange entre clients pour se prendre les rations.

Heureusement que nous avons le jardin, mais il a fallu bien arroser pour avoir un peu et hier nous avons eu un fort orage. Le vent souffle trop fort, aussi tout agacé.

Nous avons eu de bonnes nouvelles de Léon du 11 juin : il espère, lui aussi, que ça finira bientôt et venir nous retrouver.

Si vous ne me faites pas faire deux mots, envoyez-nous de vos nouvelles par le petit Solans qui doit rentrer bientôt.

Surtout, ménagez-vous et prenez courage, ne vous fatiguez pas trop, attendez avec calme. Nous serons bientôt à bout de nos misères, car nous aurons eu notre compte. Sommes en bonne santé et vous en souhaitons de même.

Le bonjour à la famille Soulé. Ont-ils des nouvelles d'Alphonse ? Où est-il rentré ? Quoi de nouveau ?

Nous vous embrassons. Le bonjour chez Estrade.

Louis et Léonie

Dimanche 23 juillet 1944 298

Reçue le 21.09, réponse le 16.10

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, jour pour jour, voilà quatre ans j'arrivais en Allemagne, après avoir passé un triste mois de privations à Strasbourg. Là, chacun croyait à un retour très proche dans ses foyers. Des bobards de tout genre circulaient, car ils existent du premier jour de notre captivité, et Dieu sait si nous en avons entendu. Que de désillusions ils nous ont procurées. Tel celui-ci, un des premiers : la gare de Strasbourg est prête, encore quelques jours de patience, le temps de remettre voies et ponts en état et, ensuite par région, de nombreux trains se formeront et nous ramèneront parmi ceux qui nous sont chers. Certains y croyaient, les plus naïfs, d'autres, ceux qui avaient suivi la presse d'avant-guerre ne se faisaient pas d'illusion, et se taisaient ne voulant pas décourager leurs camarades. Quatre années se sont écoulées. Chacune d'elles est gravée pour la vie dans notre cerveau telle une feuille de maladie avec des hauts et des bas, des pointes de fièvre, car c'est un vrai traitement que nous suivons, une cure que nous faisons, un régime que nous endurons. Bientôt, j'espère, nous pourrons rentrer en convalescence et après quelques semaines de suralimentation et de repos bien gagnés, loin des bruits et déflagrations de toutes sortes, nous pourrons enfin vivre notre vie d'autrefois, notre vie calme, humaine. Oui, une guerre exige bien des souffrances, elles sont si variées. Ce matin, on nous a accompagnés au ciné et j'en suis rentré le cœur gros, car cette matinée de liberté, quasi provisoire, m'a rappelé trop d'anciens souvenirs et pourtant, à mes côtés, je n'avais ni toi chère sœur ni une charmante jeune fille, mais des frères d'exil, des solitaires de cœur, car notre état n'exige que des dépenses purement physiques, sans réflexes, à l'image d'un attelage qui suit machinal et nonchalant le sillon tracé. Oui, très bientôt, nous revivrons en hommes libres et goûterons mieux que par le passé la joie de vivre. Dès lors, nous trouverons tout beau, car, tous, nous aurons souffert, vous autres aussi. Hélas, nous le savons. Tout va, moral et santé. J'attends de vos nouvelles. Je vous embrasse tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 30 juillet 1944 299

Reçue le 07.11, réponse le 13.11

Bien chère maman,

Voilà déjà trois semaines que je t'ai écrit et tu dois trouver le temps bien long, surtout si les visites de Léonie sont plus espacées. Aussi, à l'avenir, t'écrirai-je plus souvent. De temps en temps, j'adresserai aussi une carte à Blaisine. Ainsi, tu auras des nouvelles presque chaque semaine. Chère maman, encore un peu de courage et de confiance. Ce calvaire prendra bientôt fin et me ramènera auprès de toi. Suis en parfaite santé et désire de tout cœur que la présente te trouve de même. Mon meilleur souvenir aux familles Soulé, Estrade, etc. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Août 1944

Rappel historique, 7 août 1944 : « L'aviation alliée bombarde Berlin et Hambourg. » (5) p. 78

11 août 1944 : « Bombardement de Strasbourg par l'aviation alliée. » (5) p. 79

13 août 1944 : « Normandie : La ville d'Alençon, occupée par les Alliés, est bombardée par l'aviation allemande. » (5) p. 79

14 août 1944 : « À Paris, arrêt total du métropolitain en raison du manque de courant électrique. » (5) p. 103

15 août 1944 : « Sud-Est : La 7e armée alliée, comprenant une armée française sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, débarque sur plusieurs points du littoral méditerranéen entre Toulon et Cannes. Le centre de la bataille se situe entre Saint-Raphaël et le cap Camarat. Le cuirassé français Lorraine et les bâtiments Gloire, Georges-Leygues, Montcalm, Emile-Bertin, Duguay-Trouin, Fantasque et Malin, commandés par l'amiral Lemonier, participent aux opérations de débarquement de troupes alliées. Des troupes de commandos françaises débarquent au cap Nègre et enlèvent le Lavandou. » (5) p. 80

17 août 1944 : « Les services administratifs allemands évacuent Paris et sa région. » (5) p. 80

« Départ du Gouvernement de Vichy pour l'Est. » (5) p. 96

« Départ du dernier train de déportés de Drancy vers Auschwitz : 1.255 adultes et 51 enfants. »

18 août 1944 : « Le Comité de la C.G.T. et de la C.F.T.C. invite les travailleurs français à faire la grève générale et à lutter contre les Allemands. » (5) p. 80

19 août 1944 : « La population parisienne est privée de gaz jusqu'au 7 septembre. » (5) p. 103

19 au 25 août 1944 : « Paris insurgé contre les Allemands est libéré. » (5) p. 80

20 août 1944 : « À Saint-Genis-Laval, près de Lyon, cent français, parmi lesquels se trouvaient des femmes et un enfant, sont brûlés vifs par des Allemands. » (5) p. 80

21 août 1944 : « La ville de Toulouse est libérée par les F.F.I., qui occupent également la frontière espagnole dans les Pyrénées-Orientales. » (5) p. 80

22 août 1944 : « À Paris, le premier Conseil des ministres de la Libération se tient à l'Hôtel Matignon.

« Le général de Gaulle passe à Rennes. » (5) p. 96

24 août 1944 : « À Paris, la ville est défendue par des barricades, derrière lesquelles les F.F.I. attaquent les camions allemands. Le Grand Palais est en partie incendié par les Allemands. Les combats sont durs dans l'ensemble de la ville. Les premiers éléments de la 2e division blindée du général Leclerc arrivent à l'Hôtel de Ville de Paris vers 21 h. 30. » (5) p. 81

« Le château du sénateur Viellard, à Morvillard, est réquisitionné par les Allemands pour y installer le maréchal Pétain, qui séjourne depuis le 22 à Belfort. MM. Laval, Darnand et de Brinon résident au château de Fontaines. » (5) p. 96

« MM. Sacha Guitry, Paul Chack, Bernard Fay, Stéphane Lauzanne, Fernand Bouisson sont mis en état d'arrestation pour collaboration avec les Allemands. » (5) p. 108

25 août 1944 : « Le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République, arrive à Paris. Il est reçu à l'Hôtel de Ville par M. Georges Marrane, président du Comité parisien de la Libération, et par M. Georges Bidault, président du Comité National de la Résistance. » (5) p. 96

« À Londres, signature des accords franco-britanniques concernant l'administration des territoires français libérés. Un traité similaire est signé entre la France et l'Amérique.

« Le Gouvernement français reprend à son compte l'émission des 80 milliards de francs remis aux troupes américaines lors de leur débarquement en Normandie.

« Les Alliés s'engagent, d'autre part, à ne faire aucun prélèvement en France sur les produits français. » (5) p. 101

26 août 1944 : « Le général de Gaulle se rend de l'Arc de Triomphe à Notre-Dame en passant par la place de la Concorde et l'Hôtel de Ville. » (5) p. 96

28 août 1944 : « Libérations de Toulon et de Marseille, qui comptent parmi les plus dures de la campagne de France. À Toulon, l'amiral allemand se rend au général Pierre Magnan avec 2.000 hommes. À Marseille, le général allemand Scheffet se rend au général de Monsabert avec plus de 10.000 hommes. Au total : 34.000 prisonniers, dont 1.000 officiers, depuis le 15 août. »

« Des fosses contenant des cadavres sont découvertes à Paris, dans le bois de Boulogne et au Luxembourg ainsi qu'au fort de Vincennes et à Issy-les-Moulineaux. Ces assassinats ont été accomplis par les Allemands pendant l'occupation de la capitale. » (5) p. 82

29 août 1944 : « De Paris, le général de Gaulle, s'adressant aux Français, prononce son premier discours par radio.

« Le Gouvernement provisoire de la République est composé comme suit, en attendant l'installation des ministres : Chef : général de Gaulle : Défense nationale : général Fortin ; Éducation nationale : Henri Wallon ; Santé : Pr Vallery-Radot ; Justice : Willard ; Informations : Guignebert ; Travail : Samson ; Économie nationale : René Constant ; Finances : Monick ; Ravitaillement : L. Mine ; Agriculture : Lefèvre ; Production industrielle : R. Lacoste ; Communications : Mathieu ; P.T.T. : Quesnot ; Prisonniers : Mitterand ; Régions libérées du Nord : Le Troquer. » (5) p. 94

« 400 avions américains atterrissent à Orly chargés de vivres destinés à la capitale. » (5) p. 103

« MM. François Lehideux, Pierre Taittinger, anciens ministres, René Bouffet, préfet de la Seine, Amédée Bussière, préfet de police à Paris, sont arrêtés à Paris sous l'inculpation d'intelligences avec l'ennemi. » (5) p. 108

30 août 1944 : « Il y aurait en Allemagne 12 millions de travailleurs étrangers, dont 2.400.000 Français, qui se composent de : 1.000.000 de prisonniers de guerre ; 800.000 travailleurs et 600.000 déportés politiques. » (5) p. 104

Dimanche 6 août 1944 300

Reçue le 06.11, réponse le 06.11

Bien chère sœur et cher Louis,

Encore une semaine qui vient de s'écouler sans que rien ne me parvienne. Pour peu que cela continue, nous allons finir par nous y habituer, mais ce que je voudrais, par exemple, c'est que mes lettres vous rejoignent comme par le passé. Hélas, si les voies sont coupées pour ce qui nous vient, elles le seront aussi pour ce qui nous quitte à votre adresse. Oui, je voudrais vous savoir constamment au courant de ma situation.

Parfois, vous devez apprendre soit par radio ou par la presse que tel ou tel coin a été touché, et si vous êtes sans nouvelles, inévitablement, votre souci augmente. Hier, par exemple, en plein jour par un temps très clair, ils sont venus nous voir. C'était pour de gros bâtiments et la ville. Donc assez loin de nous. Aujourd'hui, également par un beau soleil de midi d'août, les sirènes ont déchiré l'air, mais les formations n'ont fait que passer. De notre côté, nous vivons un peu plus tranquilles, principalement ceux du sud-ouest. Bien sûr, vous pourriez avoir aussi quelques alertes. Aussi, si vous êtes avertis d'une attaque, n'hésitez pas à gagner la campagne, prenez le chemin de Perseigna et éloignez-vous suffisamment, c'est plus sûr qu'une cave si renforcée soit-elle, croyez-moi, pas grand-chose ne résiste. Un fossé à sec est recommandé, à proximité de gros arbres, si possible.

Dans quelques jours, nous toucherons la Croix-Rouge des mois de juillet et août ainsi que deux colis individuels par homme, colis achetés à l'Amérique. Ainsi, tranquillisez-vous, même sans vos colis, nous arriverons à tenir le coup, à bien manger même, car ici les journées sont longues. Heureusement que nous ne sommes pas poussés au travail. Je suis toujours en parfaite santé et désire que la présente vous trouve tous trois de même. Bonjours habituels. Je vous embrasse. Léon

Travaux de jardinage et pioche de nouvelles en binôme

Mercredi 9 août 1944

Ordonnance du 9 août 1944 du Gouvernement provisoire de la République française relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental :

Article 3.

Est expressément constatée la nullité des actes suivants :

- l'acte dit « loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 »,

- tous les actes dits : « actes constitutionnels »,

- tous les actes qui ont institué des juridictions d'exception,

- tous les actes qui ont imposé le travail forcé pour le compte de l'ennemi,

- tous les actes relatifs aux associations dites secrètes,

- tous ceux qui établissent une ou appliquent une discrimination quelconque fondée sur la qualité de juif.

Article 10.

Sont immédiatement dissous les groupements suivants et tous les organismes similaires et annexes :

- la légion française des combattants.

Les groupements antinationaux dits :

- le service d'ordre légionnaire,

- la milice,

- le groupe collaboration,

- la phalange africaine,

- la milice antibolchevique,

- la légion tricolore, le parti franciste,

- le rassemblement national populaire,

- le comité ouvrier de secours immédiats,

- le mouvement social révolutionnaire,

- le parti populaire français,

- les jeunesses de France et d'outre-mer.

Dimanche 13 août 1944 301

Reçue le 28.10, réponse le 03.11 (avec violette)

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui enfin, je vais pouvoir varier les premières lignes de ma missive, car j'ai eu le plaisir, dans la semaine, de recevoir la vôtre du 16 juillet. J'ai appris avec plaisir, tout d'abord que vous étiez tous trois en bonne santé et ensuite que vous aviez reçu un nouveau mandat : sont donc encore en route ceux d'avril, mai, juin, juillet et, en plus un d'août de 1000 francs que j'ai déposés hier. De plus, des réponses aux lettres des 07-14 et 21 mai ne me sont toujours pas parvenues. Les avez-vous reçues, au moins ? Une fois de plus, c'est du chantier que je trace ces quelques lignes en songeant, le cœur un peu gros, qu'à pareille heure et sans cette maudite guerre, nous serions tous réunis autour de la table de famille de Cadéac pour fêter la Saint-Félix. Heureusement, j'en suis persuadé que c'est la dernière année à passer si éparpillés, si isolés les uns des autres. Et dire que Blaisine et Émilie m'avaient retenu pour une danse ; je ne savais que de trop, hélas ! que ce ne serait pas pour cette année. Mais, la Saint Félix 1945 n'en sera que plus belle, car cinq années se seront écoulées sans attraits, sans joie, sans gaieté : dès lors les cœurs lourds, surchargés, retrouveront leur jeunesse, leur entrain, leurs 20 ans. Oui, même les vôtres, même le mien qui est aussi passablement usé, abusé pourrai-je même dire. Bref, tout ça passera. Dimanche dernier, je vous ai adressé deux vignettes, et une carte à cousine de Luchon. Aujourd'hui, j'envoie une carte à maman et une à Marseille. Sa dernière était du 2 juin, il me parlait de la Pentecôte. La perruche ne poinçonnera plus les lettres, elle nous a quittés voilà une quinzaine, très regrettée. Je vous embrasse tous trois. Bonjours habituels. Léon

Dimanche 13 août 1944 301-1

Reçue le 28.10, réponse le 31.10

Bien chère maman,

En ce dimanche de Saint Félix qui aurait dû nous réunir autour de la table de famille, je viens du fond de l'Allemagne t'amener d'excellentes nouvelles sur ma santé et aussi sur mon moral.

Oui, sois-en certaine, l'année prochaine, à pareil jour, ce cauchemar aura pris fin, peut-être même depuis plusieurs mois et les beaux jours d'antan seront de retour. Espérant que la présente te trouvera en parfaite santé, je t'embrasse. Bonjour aux voisins et amis. Ton fils. Léon

16 août – 26 août = Barla

Dimanche 20 août 1944 302

Reçue le 06.11, réponse le 16

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, dimanche de repos bimensuel. C'est de ma chambre que je vous écris. Il est trois heures, quelques copains sont sortis en promenade, accompagnés d'un garde. D'autres font la sieste, car il fait chaud, le temps est même orageux. Dehors, sur le terre-plein de l'abri, à défaut de belles plages de France, les amateurs de peau noire, vêtus d'un simple slip, prennent des bains de soleil. Les cordes à linge, surchargées, cintrent et il y a un peu de tout : des mouchoirs de 40 encore, ainsi que des tricots de corps de la même époque qui commencent à être usés, percés de nombreux trous, des pantalons de toile pour le travail d'un peu toutes les armées (russe, allemand, français, anglais) et aussi d'un peu toutes les couleurs. Le blanc, vous vous en doutez bien, tire plutôt sur le gris, mais c'est propre. Durant cette dernière semaine, je n'ai point eu de nouvelles. Depuis quelque temps, elles arrivent assez clairsemées, au compte-goutte pourrait-on dire. Je ne sais si Oncle aura le temps de me répondre, je ne doute point que Marie soit de trop pour lui, car en ce moment sans elle, il aurait pu se rapprocher de vous, même de la vallée d'Aure où il aurait pu reposer. En ce moment, ce doit être encore assez agité. Souhaitons qu'il n'y ait pas trop de dégâts ni de victimes à déplorer. Vous n'oublierez pas de donner le bonjour à Élie et Hortense, Tante et cousines de Toulouse. Peut-être, Anna est-elle parmi vous ? Cette année, je ne pourrai l'apprendre à aller en vélo sur la route de Vic. Où est ce temps-là ? Encore un peu de courage, il revient, peut-être au prochain été, toutes nos souffrances ne seront que souvenirs ; c'est d'ailleurs ce que nous espérons tous, car nous croyons avoir assez souffert. Je vous envoie deux vignettes. J'adresse une carte à la famille Estrade. Dimanche prochain, ce sera au tour de maman. Tout va. Bonjours habituels. Je termine en vous embrassant de tout cœur. Léon

Dimanche 27 août 1944 303

Reçue le 13.11, réponse le 20

Bien chère sœur et cher Louis,

Mardi soir, au retour de mon travail, j'ai eu la joie de trouver sur mon lit votre lettre du 28/07, une carte de Toulouse du 29/07 et aussi une de maman du 23 écrite par Mme Soulé. Oh oui ! Elles sont si attendues vos correspondances et pourtant celles qui s'en iront, à partir de ce jour, nous reviendront- elles, atteindront-elles seulement le but de leur voyage aller ? À chacune qui revient, nous nous frottons les mains de plaisir en pensant : encore une qui a passé à travers ce chaos, cette France bouleversée, défiant ces monstres volants, surmontant tous les obstacles. De Toulouse, de bonnes nouvelles, Marcelle est toujours à la campagne, ce qui ne doit pas lui faire de mal, car d'après la dernière photo elle me paraissait fatiguée. Peut-être, aurez-vous eu pendant quelques jours Anna et Juliette ? Ce petit séjour les aura réconfortées pour leur permettre d'attendre la fin de ce cauchemar qui nous tient tous oppressés, le bec dans l'eau. De maman, j'ai un mot de temps en temps. Depuis quelques mois, je lui adresse davantage de courrier, vu que vous ne pouvez pas vous déplacer comme par le passé. J'espère que le colis n°12[20] ne tardera pas à me parvenir, car les réserves commencent à diminuer.

Reçus des colis expédiés à Léon Noguéro par sa sœur Léonie

Dans la semaine, nous avons eu un arrivage assez important, le mien ne saurait tarder. Samedi prochain, toute la compagnie va être piquée contre le typhus. Ces jours derniers, nous avons pas mal d'alertes, tant diurnes que nocturnes, mais ici ils ne font guère que passer. Le temps est au beau, il fait même chaud. J'ai appris avec plaisir que Tante de Bourisp était toujours alerte. Vous donnerez le bonjour à Jane, Madame Cambot, les familles Lavigne, Mounard, etc., ainsi qu'à Ridel et patrons. En attendant d'aller faire des tartines de pain blanc et confitures, je termine et vous embrasse tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 27 août 1944 304

Reçue le 21.11, réponse 06.12

Bien chère maman,

Voici quelques jours, j'ai eu le plaisir de lire ta carte du 23 juillet. Aussi, sans plus tarder, je viens à nouveau te rassurer sur mon sort : je suis aussi toujours en parfaite santé et comme toi j'attends ce jour, ce si beau jour qui me ramènera auprès de toi. Il approche sans cesse, encore un peu de courage, chère maman. En ce moment, nous jouissons de belles journées ensoleillées, parfois assez chaudes. J'ai de récentes et bonnes nouvelles de Toulouse et Tarbes. Ton fils qui t'embrasse et ne t'oublie point. Mon meilleur souvenir aux familles Soulé et Estrade. Léon

Septembre 1944

Rappel historique, 3 septembre 1944 : « Bony et Lafont, tous deux chefs de la Gestapo française, sont arrêtés dans la ferme Baslin, à Bazoche (S.-et-Marne). Arrestation de MM. Chasseigne, ancien ministre du Ravitaillement, des généraux d'aviation Pinsard et Jarnaud et du commandant Christian du Jonchet, de MM. Frédéric Monique, administrateur de la société Havas, René-Paul Duchemin et Joseph Frossard, tous pour collaboration active pendant l'occupation allemande. » (5) p. 108

4 septembre 1944 : « Le communiqué allié annonce la libération d'Anvers (Belgique) et de Bruxelles par les Britanniques. » (5) p. 83

« Composition du Gouvernement provisoire de la République après remaniement : Président du Gouvernement : général de Gaulle ; Ministres d'État, Délégué en Afrique du Nord : général Catroux, André Philip ; Justice : François de Menthon ; Affaires étrangères : René Massigli ; Intérieur : Emmanuel d'Astier ; Guerre : André Diethelm ; Air : Fernand Grenier ; Colonies : René Pleven ; Finances : Lepercq ; Économie nationale : P. Mendès-France ; Production industrielle : Robert Lacoste ; Ravitaillement : Giacobbi ; Agriculture : Tanguy-Prigent ; Information : Henri Bonnet ; Communications : René Mayer ; Prisonniers et Déportés : Henri Frenay ; Travail et Prévoyance sociale : Adrien Tixier ; Instruction publique : René Capitant ; Territoires libérés : André le Troquer ; Territoires occupés : Alexandre Parodi, Henri Queuille et F. Billoux ; en mission : Jean Monnet. Le ministère de l'Économie nationale est créé en Conseil des ministres. » (5) p. 96

« Le premier tribunal militaire permanent est créé à Paris. Il est chargé de réprimer les faits de trahison, d'intelligence avec l'ennemi et d'atteinte à la sûreté extérieure de l'État. » (5) p. 108

5 septembre 1944 : « M. Charles Blondel est nommé représentant du Gouvernement français en Alsace-Lorraine. » (5) p. 96

« Le « Secours Social » remplace en France le « Secours National ». (5) p. 104

6 septembre 1944 : « Le général Eisenhower ordonne aux travailleurs étrangers résidant en Allemagne d'abandonner les usines et de se cacher dans les campagnes en attendant leur libération. » (5) p. 83

« Le général Dentz, ancien haut-commissaire en Syrie, est arrêté par les F.F.I. en Isère, MM. Angelo Chiappe, ancien préfet, Max Bonnafous, ancien ministre, Marcel Besson, directeur du « Petit Dauphinois », Georges Grappe, conservateur du musée Rodin, de Beaumont, Roujoux sont arrêtés, tant à Paris qu'en province. MM. Pierre Fresnay, Albert Préjean et Mme Charlotte Lysès sont arrêtés à Paris. » (5) p. 108

7 septembre 1944 : « Le Conseil National de la Résistance réclame l'arrestation de l'amiral Abrial (activité politique en faveur des Allemands), de l'amiral Esteva (haute trahison en Tunisie), de l'amiral Gouton (haute trahison en Syrie), de l'amiral Marquis (échec au sabordage de l'arsenal de Toulon). Arrestation de MM. René Fonck, Worms, Mirabaud, Brévié, gouverneur des colonies, et Darquier de Pellepoix, de Mmes Alice Cocéa, Arletty, Dita Parlo et Madeleine Sologne. » (5) p. 108

8 septembre 1944 : « Le Gouvernement provisoire rétablit la légalité républicaine. Il abroge les actes constitutionnels de l'État français de Vichy. Toute la législation devra être revisée. » (5) p. 96

9 septembre 1944 : « Remaniement du ministère : Président : Charles de Gaulle ; Ministre d'État : Jules Jeanneney ; Justice : François de Menthon ; Affaires étrangères : Georges Bidault ; Intérieur : Adrien Tixier ; Guerre : Diethelm ; Marine : Jacquinot ; Air : Tillon ; Économie nationale : Mendès-France ; Finances : Lepercq ; Production : Lacoste ; Agriculture : Tanguy-Prigent ; Ravitaillement : Giacobbi ; Colonies : Pleven ; Éducation nationale : Capitant ; Travail et Sécurité nationale : Parodi ; Transports et Travaux publics : René Mayer ; P.T.T. : Augustin Laurent ; Information : Teitgen ; Prisonniers, Déportés et Réfugiés : Frenay ; Santé publique : Billoux ; Ministre en Afrique du Nord : général Catroux. » (5) p. 96

« La Charte du Travail est abolie. » (5) p. 104

« M. Hubert Lagardelle, ancien ministre, est arrêté. Arrestation du baron Lionel de Wiett, administrateur des « Nouveaux Temps », inculpé dans l'affaire de la Gestapo française « Bony-Lafont ». » (5) p. 108

10 septembre 1944 : « MM. Churchill et Roosevelt se réunissent à Québec (Canada) pour examiner : 1° l'occupation de l'Allemagne par la Russie, la Grande-Bretagne et les États-Unis ; 2° le problème de la frontière polonaise et le sort des minorités ; 3° le rôle de la France dans les décisions à prendre en Europe ; la concentration des forces alliées contre le Japon après la capitulation de l'Allemagne. » (5) p. 101

« Pendant quatre années d'occupation allemande, plus de 4.000 Français patriotes ont été fusillés au Mont-Valérien. Au total, 75.000 Français ont été fusillés à Paris pendant cette période. » (5) p. 84

11 septembre 1944 : « M. Saillant est nommé président du Comité National de la Résistance en remplacement de M. G. Bidault, chargé du portefeuille des Affaires étrangères.

« Pierre Laval et les autres membres du Gouvernement de Vichy sont transférés par les Allemands de Fribourg dans une station thermale de la Forêt-Noire. Tous les biens de M. Laval sont saisis au profit de l'État. » (5) p. 96

« Arrestations à Paris de M. Pierre Caziot, ancien ministre, des amiraux Abrial et Platon, de MM. Xavier Vallat et Joseph Barthélemy. A Lyon, M. Charles Maurras est également arrêté. » (5) p. 108

12 septembre 1944 : « À Paris, le général de Gaulle s'adresse aux Français par radio et revendique pour eux la place qui leur revient dans le règlement du conflit mondial. » (5) p. 96

« Le général Vannier, ambassadeur du Canada en France, demande aux villes canadiennes d'adopter les villes normandes détruites par la guerre. » (5) p. 103

13 septembre 1944 : « M. Édouard Herriot, prisonnier des Allemands en Autriche, est réélu maire de Lyon. M. Justin Godart assurera l'intérim jusqu'à sa libération. » (5) p. 96

« Tous les ponts sont détruits sur la Seine, sauf à Paris ; ceux de la Loire n'existent plus de Nantes à Nevers. Sur le Rhône, pas un pont ne subsiste de Lyon à la mer.

« L'Argentine offre à la France 100.000 tonnes de blé et 5.000 tonnes de viande.

« La dette de l'État français pendant les quatre années de l'Occupation allemande s'élève à 1600 milliards de francs, dont 900 milliards versés aux Allemands. » (5) p. 103

14 septembre 1944 : « L'armée du Salut se réinstalle à Paris. » (5) p. 104

« MM. René Rocher, directeur de l'Odéon, Paul Gers, ex-administrateur du « Cri du Peuple », sont arrêtés à Paris pour menées antinationales. M. Jacques Chevalier, ancien ministre, est arrêté dans l'Allier. Un mandat d'amener est lancé contre M. Raymond Recouly, rédacteur de « Gringoire ». M. Henri Béraud est arrêté. » (5) p. 108

15 septembre 1944 : « Les miliciens Boero, Lambert et Néroni, auteurs de l'assassinat de Georges Mandel, commis le 7 juillet, sont arrêtés à Paris. M. Georges Claude est arrêté à Nancy, pour collaboration avec les Allemands. » (5) p. 108

14 au 18 septembre 1944 : « Le général de Gaulle, en tournée d'inspection des provinces libérées du Centre et du Midi, visite Lyon, centre de la Résistance française, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Orléans. » (5) p. 96

16 septembre 1944 : « L'Assemblée consultative d'Alger tient sa première séance à Paris au Palais-Bourbon. » (5) p. 96

« Le gouvernement de Vichy ayant livré à l'Allemagne l'or que la Belgique avait confié à la Banque de France, le gouvernement provisoire français décide de rembourser cet or par un prélèvement sur nos propres réserves. » (5) p. 103

« Arrestation à Paris de Robert Brasillach, ex-rédacteur en chef de « Je suis partout ». (5) p. 108

19 septembre 1944 : « Environ 400.000 bombes incendiaires sont lancées en vingt minutes sur Brême (Bremerhaven) par la R.A.F. » (5) p. 84

20 septembre 1944 : « Arrestation de M. Jean Lemery, ancien ministre. » (5) p. 108

21 septembre 1944 : « L'amiral Robert est interné administrativement au camp de Drancy. » (5) p. 108

23 Septembre 1944 : « Bilan des pertes de l'Allemagne depuis le début des hostilités : 8.500.000 morts, 6.500.000 blessés, 1.650.000 prisonniers, 18.000.000 de sans-abris. » (5) p. 84

« Les F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur) sont intégrées dans l'armée régulière, un décret réglera les conditions d'accès de leurs cadres dans ceux de l'armée active ou de la réserve.

« Tous les officiers de l'armée de l'Air active, demeurés sur le territoire métropolitain après le 11 novembre 1942 et qui n'ont pas rejoint avant le 6 juin 1944 les forces combattantes ou les organisations de résistance, sont mis en non-activité à partir du 1er octobre. » (5) p. 96

« M. Louis Renault, industriel à Billancourt, est placé sous mandat de dépôt, ainsi que M. Leroy-Ladurie, ancien ministre, accusé d'avoir financé la fabrication de sous-marins pour l'Allemagne. M. Benoist-Méchin, ancien ministre et le colonel Lelong, qui dirigea les opérations contre le maquis de Haute-Savoie, sont également internés. » (5) p. 108

24 septembre 1944 : « L'amiral Esteva, accusé d'avoir livré Tunis et Bizerte aux Allemands au moment du débarquement allié en Afrique, est arrêté. A Paris, des informations sont ouvertes contre le président Devise, le président Rivière, MM. de Monzie et Georges Bonnet, anciens ministres, Me J.-Ch. Legrand, ancien avocat à la Cour de Paris.» (5) p. 108

25 septembre 1944 : « Le corps diplomatique quitte Vichy pour se réinstaller à Paris. On y relève les noms de MM. Xavier Vallat et Lamoureux, anciens ministres ». (5) p. 101

« 600 arrestations ont été opérées à Vichy depuis le 26 août. » (5) p. 108

« En un mois, les autorités militaires alliées ont importé environ 11.000 tonnes de produits alimentaires pour la population parisienne. » (5) p. 103

26 septembre 1944 : « Arrestation de M. Georges Albertini, secrétaire général du Rassemblement National Populaire. » (5) p. 108

27 septembre 1944 : « Un Conseil des ministres décide : la nationalisation des houillères du Nord et du Pas-de-Calais ; la réquisition des usines Renault ; la confiscation au bénéfice de l'État : 1° des profits illicites (marché noir, trafic de l'or, commerce avec l'ennemi) ; 2° des biens de ceux qui seront reconnus coupables d'indignité nationale qui comporte : la privation des droits de vote et d'éligibilité, de tous les droits civiques et politiques et de ne porter aucune décoration. » (5) p. 97

« M. Pierre Benoît, littérateur, est détenu à Dax pour « collaboration ». (5) p. 108

28 septembre 1944 : « Une statistique anglaise précise que, depuis le début des hostilités, 107.000 maisons ont été complètement détruites à Londres et que 870.000 immeubles ont été endommagés. Dans ce total, les bombes volantes en ont détruit 23.000 en un mois et en ont endommagé environ 250.000. » (5) p. 85

29 septembre 1944 : « Approbation en Conseil des ministres d'un principe de création de comités mixtes à la production qui seraient appelés à associer par leurs avis la classe ouvrière à la gestion des grandes entreprises.

« Prochain recensement des Français du sexe masculin âgés de dix-huit à quarante-huit ans.

« Les officiers de carrière qui n'ont pas servi dans les F.F.I. ou les unités régulières sont mis en disponibilité. » (5) p. 97

30 septembre 1944 : « Le général de Gaulle est reçu avec enthousiasme dans Lille, sa ville natale.

« Le maréchal Pétain, qui se trouvait à Belfort, aurait été transféré au château de Sigmaringen (Allemagne).

« Un Comité gouvernemental aurait été formé en Allemagne par M. de Brinon avec Marcel Déat, Joseph Darnand, le général Bridoux et Jean Luchaire. » (5) p. 97

Dimanche 3 septembre 1944 305

Reçue le 07.12, réponse le 08

Bien chère sœur et cher Louis,

Ces premiers jours de septembre nous amènent un triste anniversaire. Oui, il y a cinq ans déjà, à quelques jours près, je me dirigeais sur Bayonne. Depuis, voilà aussi, plus de quatre années que nous ne nous sommes revus, que tout doit avoir changé : les choses et nous aussi et hélas pas pour mieux. Mais ceci, peu importe, pourvu que dans les premiers mois de l'année qui vient, le calme déjà revenu, nous ayons la joie de nous retrouver tous. Aujourd'hui, dimanche libre. Nous avons pu aller au cinéma. En ce moment, quelques sportifs se sont rendus sur un terrain de football, aussi, la chambre débarrassée de quelques occupants est-elle relativement calme. Les uns font la sieste, deux font une partie d'échecs, les autres sont plongés dans la lecture, et enfin un copain et moi écrivons. Août a amené avec lui les chaudes journées. On croirait qu'il a fait suivre, à plusieurs milliers de kilomètres, le "Roi-Soleil" qui maintenant nous envoie de faibles rayons qui paraissent nous arriver bien amortis. Les nuits, il commence à faire frais, aussi avons-nous repris le pull-over que nous avions abandonné pendant quelques semaines seulement. Naturellement, cette dernière huitaine, je n'ai rien reçu. J'espère que, tant courrier que colis, ne seront que retardés. Hier après-midi, nous avons subi la première séance de piqûre contre le typhus. Nous avons encore deux cm3 à recevoir, autrement dit deux samedis à serrer les dents pendant quelques instants. À part ça, tout va pour le mieux, suis en excellente santé et désire ardemment que la présente vous trouve de même à tous trois. Bonjours habituels. Votre frère, beau-frère et fils qui vous embrasse. Léon

Dimanche 10 septembre 1944 306

Reçue le 10.11, réponse le 12

Bien chère sœur et cher Louis,

Voilà trois semaines que je suis sans nouvelles. Votre colis n°12 ne m'est pas encore parvenu, mais je ne désespère pas, car un camarade en a déjà reçus qui étaient acheminés par la Suisse. Il serait à souhaiter que le courrier emprunte le même itinéraire. Ainsi, nous n'aurions pas trop à souffrir du marasme actuel qui inévitablement ne peut que nous amener des retards considérables. Comme par le passé, nous écrivons régulièrement. Aujourd'hui, c'était le dimanche de travail. Demain, nous commençons une heure plus tard : de 7 heures à 6 heures du soir. Ainsi, nos nuits seront un peu plus longues. Ce n'est pas à dédaigner, surtout si notre sommeil doit être coupé par des alertes. Heureusement qu'en général les grands oiseaux ne font que passer. Nous nous passons bien volontiers de leurs pruneaux si indigestes. À partir de ce jour, je n'écris qu'à vous et maman. Donc, vous continuez à donner de mes bonnes nouvelles à mes autres correspondants, Ridel, patrons, Toulouse, Luchon, Marseille. Ma santé est toujours aussi bonne. Surtout, ne vous tourmentez pas si le courrier tarde à vous parvenir ; il faut s'attendre à de longs retards. Dans l'espoir que la présente vous trouvera tous en parfaite santé, je termine en vous embrassant de tout cœur. Votre frère et beau-frère qui ne vous oublie pas et espère vous retrouver bientôt. Léon

Dimanche 10 septembre 1944 307

Reçue le 21.11, réponse le 26.11

Bien chère maman,

Voilà deux semaines que je t'ai envoyé ma précédente carte. Il y a trois semaines que j'ai reçu ta dernière correspondance. Depuis, plus rien ne m'est parvenu. Ceci, peu importe ; l'essentiel, c'est que notre santé se maintienne. Il est certain qu'avec le remue-ménage actuel, le courrier subira de sérieux retards. Malgré tout, nous continuons à écrire régulièrement. Quelques-unes arriveront, il faut l'espérer. Chère maman, surtout ne te tourmente pas. Notre vie continue comme par le passé. Suis en parfaite santé. Gros baisers. Léon

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Le 12 septembre 1944, bombardement de Rothensee.

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Dimanche 17 septembre 1944 308

Bien chère maman,

Après huit jours de silence, je reviens te donner de mes bonnes nouvelles. Dans la semaine, nous avons été obligés à changer de camp. En ce moment, nous logeons dans de nouvelles baraques, un camp complètement neuf plus éloigné de quelques kilomètres de la ville et des usines. J'attends de tes nouvelles qui je l'espère seront toujours bonnes. Tout va pour le mieux. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Le bonjour aux familles Soulé et Estrade.

Dimanche 24 septembre 1944 309

Bien chère maman,

Et voici que je viens t'adresser ma petite carte dominicale espérant que comme les précédentes elle te trouvera en parfaite santé. Pour ma part, ça va, la santé est toujours aussi bonne. Je serais cependant heureux de recevoir de tes nouvelles ou de Léonie, car voilà un mois que je n'ai rien reçu. Tout arrivera à la fois. Ici, le temps se rafraîchit, ça sent la mauvaise saison. Bonjour aux familles Soulé et Estrade. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Octobre 1944

Rappel historique, 1er octobre 1944 : « Un raid allié contre les usines de Darmstadt (Allemagne) cause de très importants dégâts. Il y aurait 20.000 morts. » (6) p. 34

3 octobre 1944 : « En France, la ration de pain est fixée à 350 grammes par jour (taux de blutage : 85 %). Son prix est porté à 4 fr. 90 le kilogramme. » (6) p. 99

5 octobre 1944 : « La Corporation paysanne créée par le gouvernement de Vichy est supprimée. Elle est remplacée par un nouvel organisme professionnel provisoire. » (6) p. 104

6 octobre 1944 : « L'Assemblée Consultative provisoire est constituée. Elle comprendra 246 membres. » (6) p. 90

« Arrivée sur un aérodrome des environs de Paris du premier avion inaugurant le service Amérique-France et retour qui fonctionnera huit fois par jour dans chaque sens. » (6) p. 104

7 octobre 1944 : « Trois mille appareils lourds alliés, décollant de Grande-Bretagne et d'Italie, effectuent une grande attaque sur l'Allemagne. » (6) p. 34

9 octobre 1944 : « Toute détention d'or autre que des bijoux demeure interdite en France ainsi que celle des devises et valeurs mobilières étrangères (ordonnances parues au J.O.). » (6) p. 99

10 octobre 1944 : « L'Allemagne a reçu, pour frais d'occupation des pays qu'elle avait envahis depuis 1939, la somme de 6.600.000.000 de livres sterling.

« En Grèce, 400.000 personnes auraient péri par suite de la famine pendant l'occupation allemande. » (6) p. 99

14 octobre 1944 : « À Paris, 75.000 hommes ont été fusillés par les Allemands pendant les quatre années d'occupation. »

« À Londres, bombardements aériens et bombes volantes ont fait plus de 100.000 victimes et 2.250.000 maisons ont été atteintes. » (6) p. 104

« Pour la première fois à Paris, des femmes sont désignées comme « jurées » auprès de la Cour de Justice où seront jugés les Français accusés de trahison.

« Le vice-amiral Marquis, ancien préfet maritime du port de Toulon, est inculpé d'intelligence avec l'ennemi. » (6) p. 109

15 octobre 1944 : « 2.000 bombardiers de la R.A.F. attaquent le port de Duisbourg avec 500.000 bombes. » (6) p. 34

16 octobre 1944 : « En Allemagne, un décret du Führer proclame la levée en masse pour tous les hommes âgés de 16 à 60 ans. » (6) p. 92

« Arrestation de l'amiral de Laborde, ancien commandant en chef de la flotte de haute mer de Toulon, responsable des prélèvements massifs opérés par les Allemands sur les stocks de carburants. » (6) p. 109

17 octobre 1944 : « Depuis le 6 juin, 2.500.000 hommes environ ont été débarqués sur les côtes de la Manche, avec leur équipement et le matériel. » (6) p. 34

« Toute importation en France de monnaies allemandes est interdite (J.O.). » (6) p. 104

18 octobre 1944 : « L'impôt métal imposé aux Français pendant l'occupation allemande est supprimé. »

« En France, le budget de 1944 comporte 200 milliards de dépenses pour 130 milliards de recettes. En ajoutant à ce déficit celui du budget d'Alger, le déficit total est de 120 milliards. La dette publique s'élevait, au 1er octobre 1944, à 1.650 milliards, contre 460 milliards en août 1939. » (6) p. 99

19 octobre 1944 : « Des comités départementaux sont créés en France pour confisquer les profits illicites réalisés entre le 1er septembre 1939 et le 31 décembre 1944 (J.O.). » (6) p. 104

20 octobre 1944 : « La Cour de justice de Marseille condamne à la peine de mort par contumace MM. Pierre Laval et Gaiilard-Bourrageas pour intelligence avec l'ennemi, dans l'affaire du journal Le Petit Marseillais. » (6) p. 109

21 octobre 1944 : « À Lyon, arrestation de M. André Gain, recteur de l'Académie de Lyon, pour propagande en faveur de l'Allemagne.

« Albert Lejeune, inculpé dans l'affaire du Petit Marseillais et reconnu coupable d'intelligence avec l'ennemi, est condamné à mort par la Cour de justice de Marseille. » (6) p. 109

23 octobre 1944 : « À Paris, la Cour de justice condamne à la peine de mort M. George Suarez, directeur politique d'Aujourd'hui, reconnu coupable d'intelligence avec l'Allemagne. » (6) p. 109

25 octobre 1944 : « 1200 forteresses volantes attaquent les usines de Hambourg. » (6) p. 34

« Les avoirs français bloqués aux États-Unis s'élèveraient à 1.594 millions de dollars, dont 900 millions de dollars-or. Le gouvernement canadien débloque 200 millions de dollars de fonds français bloqués à la Banque du Canada depuis deux ans. » (6) p. 99-100

« M. Jean Achard, ancien ministre du ravitaillement en 1940-41, est arrêté à Paris. À Paris, la Cour de justice condamne Boero et Néroni à la peine de mort, comme complices dans l'assassinat de Georges Mandel. » (6) p. 109

26 octobre 1944 : « Des décrets adoptés par le gouvernement français confèrent aux Algériens des droits politiques. Les musulmans d'Afrique du Nord jouiront de tous les droits des Français musulmans et pourront être associés aux affaires publiques. » (6) p. 105

« Le tribunal militaire de Paris accuse d'intelligence avec l'ennemi le maréchal Pétain et les cinquante-neuf ministres qui ont fait partie de son gouvernement. » (6) p. 109

28 octobre 1944 : « Décisions du Conseil des ministres : 1° faire appliquer les lois et règlements de la République sur le port d'armes et la détention des armes de guerre ; 2° empêcher les perquisitions, réquisitions et arrestations illégales ; 3° organiser des centres de préparation militaire et utiliser l'armement détenu jusqu'ici par des groupements n'appartenant ni à l'armée ni à la police ; 4° inviter tous les Français à transmettre aux autorités régulières les renseignements qu'ils peuvent avoir à donner sur la collaboration avec l'ennemi, le marché noir ou la cinquième colonne ; 5° réserver les pouvoirs de police aux seuls représentants du gouvernement.

« Le gouvernement français dissout les groupements armés qui subsistent dans un certain nombre de départements et qui n'appartiennent ni à l'armée ni à la police d'État. Les milices patriotiques seront désarmées et recevront une préparation militaire dans des centres de perfectionnement. » (6) p. 90

30 octobre 1944 : « Environ 3.000.000 de Français sont encore en Allemagne, soit comme prisonniers ou comme déportés (780.000 prisonniers de guerre, 225.000 prisonniers transformés en travailleurs libres ; 750.000 déportés pour la main-d'œuvre et 600.000 déportés politiques et israélites.) » (6) p. 34

Dimanche 1er octobre 1944 310

Reçue le 27.11, réponse : ===

Bien chère sœur et cher Louis,

Et voici encore un mois que nous entamons loin de vous. Combien en avons-nous encore à passer ainsi ? Peu j'espère, car ça commence à faire long. Une petite note accrochée à l'affichoir nous a un peu rassurés. Il paraîtrait, dit-elle, que les correspondances écrites à partir du 15 août ont été dirigées sur Genève via France. Je souhaite de tout cœur qu'il en ait été ainsi. De cette façon, vous n'aurez pas trop souffert de retard de courrier et à notre tour la reprise des distributions de lettres venant de vous ne saurait non plus se faire attendre de trop. Aujourd'hui, pour clôturer la saison sportive, une petite fête avait été organisée. Elle devait remplir toute la journée, mais hélas ! l'après-midi, la pluie est tombée. Serrés ainsi à l'abri, nous n'avons pu faire que la boxe et le ping-pong. Reste donc le football et le 1500 mètres de course à pied. La course au sac a eu aussi grand succès. Comme vous le voyez, la bonne humeur et la bonne entente ne nous ont pas quittées durant ces quatre longues et dures années. Il me tarde de recevoir de vos nouvelles, voilà bientôt deux mois que j'ai reçu votre dernière lettre. Avez-vous reçu quelque chose d'Oncle de Marseille ? Vous transmettrez mon meilleur souvenir à vos correspondants habituels et le bonjour aux voisins et amis. Je termine en vous embrassant tous trois de tout cœur. Léon

Dimanche 1er octobre 1944 311

Bien chère maman,

Encore un mois que je commence loin de toi, mais rassure-toi j'espère bientôt te revenir. Tout a une fin, cinq années se sont déjà écoulées depuis mon départ, une autre ne saurait s'écouler de même. Donc, chère maman, prends courage et patience, soigne-toi dans la mesure du possible. Suis toujours en parfaite santé, tout va bien. À bientôt de te lire. Bonjours habituels. Ton fils qui t'embrasse. Léon

Campettes, jeudi 5 octobre 1944 311-1

Lettre d'Hortense à Louis et Léonie

Bien chère belle-sœur et frère

J'ai reçu votre lettre le 20 septembre. Elle a mis un peu de temps à venir. Enfin, on voit que vous êtes en bonne santé tous les deux. Ici, je puis vous en dire de même de nous trois.

Je vois que vous commencez à respirer un peu à votre aise. J'avais entendu au poste que Tarbes avait été libéré. Bien sûr qu'il y a eu des victimes comme partout. Ici aussi, ça va un peu mieux pour le pain. Le mois dernier, nous en avons eu un peu plus ainsi que ce mois-ci. On n'a pas à se plaindre. Question de la circulation, tu me demandes, toujours pareil, il n'y a qu'un autobus à midi et qui est au complet tous les jours quand il arrive. Alors, tu pourras te débrouiller d'avoir une place. Je vois que tu te décides à venir, mais depuis le temps que tu le dis, enfin ça sera avec grand plaisir qu'on se reverra. Tu pourras ramasser des châtaignes, il y en a beaucoup cette année, des champignons pas trop, et puis il n'y a que Élie qui y va quand il a le temps. Moi, je ramasse les rougets et il y en a tous les jours. J'en ai fait cuire. De Toulouse, je n'ai pas eu des nouvelles avant qu'ils ne fussent libérés. Tu me dis qu'elles vont bien. De Marseille, je n'ai rien reçu depuis le 5 juillet. Je lui ai écrit il y a trois semaines. Rien. J'ai écrit à son patron ces jours-ci pour savoir ce qui se passe et maintenant j'attends. Ici, ces jours-ci, il fait un peu frais. La neige est tombée au bout des montagnes. Je vois qu'il y a longtemps que Léon n'a pas écrit, ici aussi les prisonniers qui sont à Berlin ou à Munich n'ont pas donné de nouvelles. Ceux qui écrivent, ce sont ceux qui sont du côté où la Russie a occupé l'Allemagne et puis, vu que les communications sont coupées, il faut attendre.

Je ne vous en dis pas plus long, au plaisir de se voir sous peu.

Recevez nos meilleurs baisers. Hortense

Dimanche 8 octobre 1944 312

Reçue le 30.11, réponse le 02.12

Bien chère sœur et cher Louis,

La dernière lettre que j'ai reçue de vous était datée du 28 juillet. Décidément, si vous n'avez pas été plus favorisés que moi, vous devez commencer à trouver un peu long ce silence. Pour ma part, je suis à peu près tranquille, car je crois savoir que notre région n'a pas été le théâtre d'opérations, donc le calme doit être de retour. Ici, ça va comme par le passé. Hier, nous avons reçu la Croix-Rouge et chacun de nous un colis individuel qui a été bien accueilli, car les cigarettes commençaient à manquer. Nous voici renfloués pour quelques semaines. Le travail, toujours le même, très assimilable, pas bousculé. La santé toujours aussi bonne. Il me tarde de recevoir plusieurs de vos lettres afin d'avoir des détails sur l'été 44. Anna et Juliette ont-elles passé quelques jours parmi vous ? Les récoltes ont-elles été bonnes ? Le trafic a-t-il repris normalement sur la ligne d'Arreau ? Il serait à souhaiter, car maman doit se sentir bien seule sans vos visites. J'espère qu'elle doit avoir sa provision de bois pour passer l'hiver, sans quoi elle se sentirait bien malheureuse. Avez-vous de bonnes nouvelles de tous les correspondants ? Vous transmettrez mon meilleur souvenir aux patrons, Ridel, Jane, familles Mounard, etc. Votre frère et beau-frère qui ne vous oublie pas. Léon

Dimanche 8 octobre 1944 313

Bien chère maman,

Bien que ta dernière carte reçue soit du 27 juillet, je t'écris toujours avec la même régularité espérant que le courrier vous parvient mieux qu'à nous. Hier, nous avons eu un arrivage de Croix-Rouge et chacun un colis individuel. La santé et le moral sont toujours excellents. Ce qui nous manque, c'est surtout vos lettres. J'espère que le calme règne dans la région et que l'ordre est revenu. Bien chère maman, je termine en t'embrassant de tout cœur. Ton fils. Léon

Dimanche 15 octobre 1944 314

Reçue le 11.12, réponse : ===

Bien chère sœur et cher Louis,

Après un silence de 45 jours, j'ai eu lundi le grand plaisir de pouvoir parcourir votre missive du 5 août. Oh ! Bien sûr, les nouvelles n'étaient pas très fraîches, mais on est tout de même heureux de recevoir une de ces si rares lettres de France, car depuis plus d'un mois dis-je, il n'en est guère arrivé à la compagnie. Oui, je sais bien que maman n'aime point déranger les voisins, ni causer et pourtant, en cette époque, si tout le monde restait dans les quatre murs de sa maison il n'y aurait pas tous les jours de quoi contenter son estomac. Que veux-tu, à son âge et dans un fond de pays comme Cadéac, ce doit être bien difficile à se procurer quelque chose ; surtout si on n'a point de jeunes bras pour payer parfois plusieurs fois sa valeur un service rendu : et puis, égoïsme, moi d'abord, les autres ensuite. Bien sûr, il y a quelques exceptions à retenir. Notre vie de captifs se poursuit comme par le passé. Ces jours derniers, nous avons reçu Croix-Rouge et colis américain de septembre. Dans le courant de la semaine, nous toucherons certainement pour octobre. Donc, jusqu'à maintenant, nous n'avons point à nous plaindre de privations. Je travaille toujours dans mon milieu et me fais faire une série de piqûres fortifiantes, car je me sentais un peu fatigué comme en France en fin d'été. C'est très fameux, ça donne vigueur et appétit. J'en suis à ma deuxième sur six. C'est un docteur de Toulouse, tout jeune qui me les fait. Donc, tout va. Bonjours habituels. J'envoie une carte à maman. Avec l'espoir de vous lire sous peu. Chers Louis et Léonie, je termine en vous embrassant de tout cœur. Léon

Dimanche 15 octobre 1944 315

Bien chère maman,

Ces jours derniers, j'ai eu le plaisir de pouvoir parcourir une des rares lettres qui nous parviennent de France. Elle venait de Tarbes et était datée du 5 août. Par Léontine, Léonie avait eu de tes bonnes nouvelles et me les transmettait. J'espère que la santé se maintient toujours aussi bonne. Peut-être aussi, as-tu à nouveau des visites de Louis et Léonie ? C'est du moins ce que je voudrais. Pour moi, toujours pareil. Je suis toujours en bonne santé et… j'attends. Bonjour aux familles Soulé et Estrade. Ton fils qui ne t'oublie point. Léon

Tarbes, lundi 16 octobre 1944 315-1

Bien cher frère et beau-frère,

Que d'attentes vaines et de semaines sans nouvelles ! Celle-ci nous est parvenue le 21 septembre, mais ce n'est que maintenant que la correspondance peut reprendre. Donc, nous espérons en avoir des tiennes sous peu. Il y en a qui ont reçu du 06 août. Moi, j'ai déjà eu les vignettes depuis plus d'une semaine. Donc, les lettres ne tarderont pas, pour nous rassurer sur votre sort, cela nous donne le plus grand souci et nous voudrions vous avoir ici, car nous comprenons que ce serait assez de souffrances pour tous. Il faut encore espérer et attendre, toujours attendre.

Les derniers 50 RM annoncés ne nous sont pas encore parvenus, mais tamponnés du 11 septembre. Nous avons eu les 3000 il y a une semaine et nous avons compris que ton copain voulait qu'on lui garde jusqu'au retour peut-être. Qu'il soit tranquille, sûrement que dans une lettre, tu me l'avais dit. Mais ! Il nous tarderait de pouvoir vous faire des colis et que tout vous parviendrait. Mais comment ?

Enfin, cher frérot, nous souhaitons que notre lettre te trouve en bonne santé comme elle nous quitte. Louis a été passé quelques jours avec maman, pour la fermeture de la pêche, tout va bien, à Toulouse et Campettes aussi. De Marseille, on ne sait rien, sûrement qu'ils ont souffert, comme beaucoup hélas !

Ah, maudite guerre, et à quand la fin de destructions et souffrances ; nous voudrions tant te revoir. Nous t'embrassons.

Louis et Léonie Durrieu

Dimanche 22 octobre 1944 316

Reçue le 02.12, réponse le 20

Souscris 20.000 Frs Libération (Note de Léonie)

Bien chère sœur et cher Louis,

Pour la première fois, aujourd'hui, nous vous écrivons avec une nouvelle adresse. Depuis plus de deux mois, on nous avait assuré que notre correspondance était dirigée sur la Suisse. Si réellement il en a été ainsi, nous ne tarderons pas à recevoir de vos nouvelles et cela nous tarde, car ce silence commence à être un peu long. Dans le cas contraire, j'espère que ce nouveau service marchera puisqu'on dit : tout nouveau, tout beau. Mais, de toute de ces suppositions, j'aimerais encore mieux celle-ci : être rentré avant que la première lettre me retourne. Pour le moment, notre vie de captifs continue comme par le passé. Depuis quelque temps, nous avons changé de camp ; nous éloignant ainsi et de la ville et des usines. Ce qui augmente notre sécurité. Le jour, en cas d'alerte, nous nous éloignons de plusieurs kilomètres, à travers champs.

Chère sœur, je devine que tu dois te faire du souci pour moi, surtout question habillement, car les mauvais jours d'hiver approchent. Rassure-toi, j'ai tout ce qu'il me faut : une tenue de drap et capote sont quasi neuves. J'ai deux pulls et encore deux paires de chaussettes que je n'ai pas encore mises.

Donc, je suis prêt à aborder cette mauvaise saison, la dernière à passer loin de vous ; je l'espère. Et toi cher Louis, ton service est-il toujours le même ?

Avez-vous du chauffage en suffisance ?

Si vous avez la facilité d'aller voir maman, tranquillisez-là, qu'elle ne se tourmente pas à mon sujet. Je crains qu'elle ne se fasse des idées un peu trop noires. Suis toujours en bonne santé et désire que la présente vous trouve tous trois de même. Bonjours habituels. Je vous embrasse bien fort. Léon

Dimanche 22 octobre 1944 317

Bien chère maman,

Aujourd'hui, pour la première fois, nous acheminons notre correspondance par un nouvel itinéraire : j'espère qu'il sera assez rapide afin de recevoir, l'un et l'autre, de nos nouvelles. Les événements de France ont eu pour cause de nous priver de courrier pendant trois mois. C'est pourquoi il me tarde d'en recevoir, aussi bien qu'à toi je n'en doute pas.

Bref, je suis toujours en bonne santé, j'espère que tu dois avoir assez de bois pour passer l'hiver. Quant au reste, Léonie doit faire son possible, je n'en doute point. Chère maman, reçois de ton fils ses meilleurs baisers. Léon

Dimanche 29 octobre 1944 318

Reçue le 30.11, réponse : ===

Bien chère sœur et cher Louis,

À la veille d'attaquer le mois de novembre, je viens vous donner de mes bonnes nouvelles. Caparroi s'étant déplacé s'est rapproché de nous. Par l'aumônier qui appartient à sa compagnie, j'ai pu apprendre qu'il était aussi en bonne santé. J'attends toujours de vos nouvelles qui je l'espère seront des meilleures. Depuis quelque temps, je vous écris régulièrement ainsi qu'à maman. Santé et moral sont excellents. Votre frère et beau-frère qui ne vous oublie pas. Léon

Dimanche 29 octobre 1944 319

Bien chère maman,

Toujours du même endroit, faisant le même travail, étant en excellente santé, je viens par la présente prendre de tes nouvelles qui, je l'espère, seront aussi des meilleures. Nous voici au seuil de la mauvaise saison. Ne fais pas d'imprudence, chauffe-toi, ne prends point froid. Ne te fais point de soucis pour moi ; j'ai suffisamment et de vêtements et de chaussures. À bientôt de te lire. Ton fils qui t'embrasse. Bonjours habituels. Léon

Cadéac, mardi 31.10.1944 319-1

Bien cher fils,

J'ai été très heureuse, après tant de silence, de recevoir ta carte, m'apprenant ton bon état de santé. Je puis t'en dire de même de moi pour le moment.

J'espère et souhaite qu'on ne vous fera pas trop souffrir et que vous nous reviendrez bientôt, pour terminer ces années si cruelles pour tous, en attendant toujours de vos bonnes nouvelles qui nous rassurent un peu, car il vaudrait mieux vous revoir.

Je t'embrasse bien affectueusement. Ta mère.

Ramona Noguéro

Reçus provisoires – solde en Reichsmark convertible et Lagergeld (monnaie d'échange entre prisonniers dans les camps)

Novembre 1944

Rappel historique, 1er Novembre 1944 : « Lorraine : Baccarat et Montigny sont libérés par les troupes franco-américaines. » (6) p. 34

« Le général de Gaulle se rend au Mont-Valérien, où furent fusillés plus de 4.000 patriotes pendant l'occupation. Il visite ensuite, au cimetière d'Ivry, les tombes des 850 hommes fusillés par les Allemands, puis il se rend au donjon de Vincennes, où fut découvert un charnier après la libération. » (6) p. 90

2 novembre 1944 : « 1.000 avions de la R.A.F. bombardent la cité industrielle allemande de Dusseldorf. » (6) p. 34

3 & 4 novembre 1944 : « Les premiers détachements de la marine américaine arrivent à Anvers (Belgique) » (6) p. 34

« L'ex-préfet de police Buffet est exécuté à Cusset pour trahison. Claude Maubourguet et François Mazeline, journalistes de « Je suis partout » sont condamnés à Paris, le premier aux travaux forcés à perpétuité, le second à dix ans de travaux forcés pour collaboration avec les Allemands. » (6) p. 109

« Les États-Unis débloquent 225 millions de dollars appartenant à la France. » (6) p. 100

7 novembre 1944 : « M. Maurice Thorez bénéficie de la grâce amnistiante prévue par l'ordonnance du 29 octobre 1944, ce qui lui permettra d'accomplir son mandat de délégué communiste à l'Assemblée Consultative. Il avait été condamné, le 25 novembre 1939, par le tribunal militaire d'Amiens. » (6) p. 109-110

8 novembre 1944 : « 70.000 Russes ont été déportés de Russie en France par les Allemands. » (6) p. 105

9 novembre 1944 : « La circulation sur les canaux français, interrompue à la suite des dégâts occasionnés par la guerre, est rétablie. » (6) p. 100

11 novembre 1944 : « Sur la proposition du maréchal Staline, les nations alliées (U.R.S.S., Grande-Bretagne, États-Unis) invitent la France à participer à la Commission consultative européenne sur le plan de parfaite égalité. » (6) p. 96

13 novembre 1944 : « M. Churchill et le général de Gaulle inspectent le front des Vosges. » (6) p. 35

15 novembre 1944 : « M. Ardant, directeur général de la Société Générale, est écroué à Fresnes sous l'inculpation de propagande proallemande. » (6) p. 110

17 & 18 novembre 1944 : « Le gouvernement adopte un programme de politique économique portant sur l'inventaire des fortunes et des profits illicites, et sur la résorption progressive de l'inflation monétaire. » (6) p. 100

« Une Haute Cour de justice est créée en France pour juger les personnes qui ont prêté leur activité au gouvernement de Vichy. » (6) p. 110

21 novembre 1944 : « Les trains franchissent de nouveau la Loire devant Orléans, après la réfection provisoire du pont. Sur la ligne Paris-Le Mans, le viaduc de Maintenon est rendu également à la circulation ferroviaire. » (6) p. 100

« La Société du Gaz de Paris est placée sous séquestre. Un de ses dirigeants, M. Langrogne, est arrêté pour avoir subventionné les organismes collaborant avec l'Allemagne, tels que le R.N.P. (Rassemblement National Populaire) et la L.V.F. (Légion des Volontaires Français). » (6) p. 110

22 novembre 1944 : « La 1re armée française libère Mulhouse et la 7e armée américaine s'empare de Saverne. » (6) p. 35

« M. Guy Bunau-Revilla, directeur du « Matin » est écroué à Fresnes sous l'inculpation d'intelligence avec l'ennemi. » (6) p. 110

23 novembre 1944 : « Les troupes françaises de la division Leclerc entrent dans Strasbourg. La 7e armée américaine (général Patch) occupe Saint-Dié, détruit par l'incendie. » (6) p. 34

« Manquant de vivres, la Belgique sollicite le secours de la France, qui lui prête du blé. D'autre part, un échange de coke belge contre du minerai de fer français est négocié à Paris. » (6) p. 100

« Le Général Pujo, directeur de la Compagnie « Air-France » est arrêté à Paris sous l'accusation de trahison, 4 administrateurs de la même compagnie sont également arrêtés. » (6) p. 110

24 novembre 1944 : « Le Tillot (Vosges) qui fut le théâtre de dures batailles, est occupé par les Américains. » (6) p. 35

27 novembre 1944 : « Les Américains franchissent le col de Saales (Vosges) et débouchent dans la plaine d'Alsace. Les Français tiennent le col de la Schlucht. En Alsace, prise de Saint-Avold par la 3e armée américaine. (6) p. 35

« À Nantes, M. Pleven expose la situation financière de la France. En quatre ans, 860 milliards ont été versés à l'Allemagne et les dépenses se sont élevées à 1650 milliards du 1er septembre 1939 au 1er septembre 1944. En ce qui concerne les recettes, 535 milliards ont été demandés aux impôts, 600 milliards ont été souscrits aux bons du Trésor et 515 milliards ont été avancés par la Banque de France. La circulation fiduciaire atteint 620 milliards. La dette publique est de 1650 milliards. (6) p. 100

« M. Pierre Laval est radié du Barreau de Paris. M. Georges Ripert, doyen de la Faculté de droit de Paris, est écroué à Fresnes sous l'inculpation d'intelligence avec l'ennemi. » (6) p. 110

28 novembre 1944 : « Dannemarie et Molsheim sont pris par la 7e armée américaine et par les Français. Dans les Vosges, les cols de Bussang et d'Oderen sont aux mains des troupes de la division Leclerc. En Lorraine, Saint-Avold est occupé par les Américains. Deux corps d'armée français, sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, l'un venant des Vosges, le second de Mulhouse, font leur jonction à Burnhaupt-le-Haut, encerclant les Allemands dans une poche de 80 km. » (6) p. 35

29 novembre 1944 : « Les troupes alliées ont capturé 713.500 prisonniers allemands sur le front de l'Ouest depuis le débarquement en Normandie, le 6 juin dernier.

« Sarre : la 3e armée américaine franchit la frontière allemande sur 40 km. » (6) p. 35

« Dans 70 départements français, 95.000 hectares de terrain cultivable ont été minés par les Allemands avant leur départ. » (6) p. 107

Dimanche 5 novembre 1944 320

Reçue le 02.12, réponse le 05

Bien chère sœur et cher Louis,

Aujourd'hui, dimanche de travail, c'est de mon chantier que je vous écris pendant la pause de midi. J'ai envoyé une carte à maman tous les dimanches, car maintenant, vous êtes mes deux seuls correspondants. Donc, transmettez toujours mon état de santé et mes salutations à tous les parents et amis. Quoiqu'étant depuis quelques mois déjà sans nouvelles et colis de vous, le moral tient toujours bon et la santé aussi, car nous n'avons, malgré la situation, manqué ni de Croix-Rouge ni d'effets. Oh ! Bien sûr, le temps commence à me sembler long sans vos nouvelles, mais sachant que la région n'a pas été théâtre des opérations, j'espère que vous êtes toujours en parfaite santé ainsi que maman. Cher Louis, cette nuit, par la pensée, j'étais au bord de l'eau en ta compagnie. Tout à coup, tu me cèdes ta canne à pêche en me disant (connaissant mon peu de talent sur cet art) : tiens simplement, je reviens ! Sitôt ton dos tourné, je sens une tirée sur l'hameçon, je lève -rien- Il y avait eu une touche, car le ver était étiré. Je retrempe, une tirée plus sèche, je ferre et je lève une truite de 10 cm. Tu te rends compte si j'étais heureux. Ensuite, nous admirons notre tableau de pêche : une demi-douzaine de belles pièces atteignant pour le moins 30 centimètres et quelques petites. Mon rêve se termina ainsi. À quand la réalisation ? Depuis quelque temps, surtout, c'est souvent que je suis parmi vous. Hélas ! le lendemain matin, je suis toujours dans les barbelés et ainsi les mois, les années, les Toussaints que nous marquons en pensant à nos morts, passent ainsi que les Noëls que nous nous efforçons aussi de marquer de notre mieux. Bonjours habituels. Bons baisers de votre frère et beau-frère. Léon

Dimanche 5 novembre 1944 321

Bien chère maman,

Cette fois, c'est du chantier que je t'écris pendant la pause de midi, car, aujourd'hui, c'est dimanche de travail. Voilà déjà quelques mois que je suis sans nouvelles de toi et aussi de Léonie. Malgré cela, le moral est bon ainsi que la santé, car quoiqu'étant sans colis de France, nous touchons encore des vivres et effets de la Croix-Rouge. Donc, jusqu'à ce jour, rien ne nous a encore manqué. Ne te fais donc pas de souci pour moi qui espère aller te rejoindre bientôt et te trouver en parfaite santé. Baisers de ton fils. Léon

Dimanche 12 novembre 1944 322

Réponse le 24.12.1944

Bien chère maman,

Encore une semaine qui vient de s'écouler sans nouvelles de France, sans nouvelles de vous pour mieux dire. Voici deux jours, nous avons eu la première chute de neige. Il fait aussi un peu plus froid. Aujourd'hui, c'est dimanche de repos : il est le bienvenu. Demain, nous reprendrons le travail pour deux semaines sans arrêt. C'est un peu long, mais, peu importe, pourvu que santé et moral se maintiennent. Ton fils qui t'embrasse de tout cœur. Léon

Dimanche 19 novembre 1944 323

Bien chère maman,

Enfin, quelques lettres nous sont parvenues de France. Hélas, je n'ai pour ma part eu encore le plaisir d'en recevoir, mais j'espère que la semaine ne s'écoulera pas sans un nouvel arrivage auquel j'espère participer à titre de bénéficiaire. Le temps se maintient pas très froid, un peu trop humide, malgré cela, la santé tient bon. Avons eu arrivage vivres Croix-Rouge pour le mois ; donc tout va. À bientôt, chère maman, le plaisir de te lire. Le bonjour aux familles Soulé et Estrade. Gros baisers de ton fils. Léon

Tarbes, lundi 20 novembre 1944 321-1

Bien cher frère et beau-frère,

Ta dernière missive est du 10/09 que j'ai renvoyée la semaine dernière ainsi que 3 du mois d'août. Je souhaite que tu les reçoives te portant de nos bonnes nouvelles ainsi que le montant des mandats reçus (14.400) en cas que tu ne reçoives pas ma dernière, je te le remets pour voir si on est d'accord depuis le 22/01.

Que vous devez trouver le temps long, sans nouvelles ni colis.

Oui, nous souffrons de te savoir encore là, et un autre hiver qui s'entame, et nous espérons quand même, qu'il vous ramènera, car ça serait assez de souffrances, pour les mêmes martyrs malgré qu'il en tombe tous les jours ; c'est une drôle de vie pour tous.

Nous avons eu de bonnes nouvelles d'Oncle, mais ils ont souffert et ne sont pas encore bien ravitaillés.

Nous : ça peut aller, Hortense aussi a écrit et voudrait que Louis y aille, mais pense avec un autobus et il faut aussi un laissez-passer. Moi, je l'ai pour 3 mois, donc ne t'en fais pas, j'irai voir maman dimanche prochain et te donnerai de ses nouvelles. Je t'ai répondu à sa carte du 30/07 le 07/11, tu l'auras sans doute reçue si cela s'améliore, et besoin, les transports iront plus vite. On a parlé aussi d'une carte de la Croix-Rouge avec 10 mots. Je vais y passer et te l'enverrai sitôt, pour te tranquilliser. Hier, nous avons eu tes vignettes du 20/08 et nous regrettons de ne pouvoir t'envoyer des colis. En avez-vous reçu de Toulouse ? C'est là qu'on devait les confectionner pour tous.

Bons courage et espoir. Patience encore. Bonjours habituels. Nous t'embrassons. Louis et Léonie Durrieu

Dimanche 26 novembre 1944 324

Bien chère maman,

Toujours sans nouvelles de vous. Malgré cela et le manque de colis, tout se maintient, car la Croix-Rouge continue à nous parvenir. Quelques veinards ont reçu de récentes lettres de France qui les ont rassurés, ainsi, tout le monde en est, en attendant bien sûr que la correspondance reprenne aussi régulière qu'il y a quelques mois. Dans l'espoir que la présente te trouvera en parfaite santé, je termine chère maman et t'embrassant de tout cœur. Bonjour aux familles Soulé et Estrade. Léon

Tarbes, jeudi 30 novembre 1944 324-1

Bien cher frère,

Avec plaisir, je viens de lire cette carte assez fraîche avec lettre du 08 : ça vient par le Post Office GB, alors je souhaite qu'il en soit de même pour que tu reçoives de nos nouvelles qui sont assez bonnes ainsi que de toute la parenté.

C'est l'Oncle qui a le plus souffert.

Par ailleurs, on n'en est que de la peur, on s'en souviendra et l'on s'imagine dans vos parages que vous devez être malheureux.

Baisers. Léonie

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Carte Croix-Rouge expédiée par Léonie à Léon le jeudi 07/12/1944 (de 10 mots) :

« Sommes bien, recevons nouvelles, courage, t'embrassons. Léonie. »

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Fin de correspondance 1944

Décembre 1944

Rappel historique, 1er décembre 1944 : « Une importante crue de la Seine prive Paris de son ravitaillement en charbon par péniches. » (6) p. 108

2 décembre 1944 : « Les Allemands font sauter, en Lorraine, les trois ponts de Kehl, près de Strasbourg. Les troupes françaises s'emparent de Huningue. » (6) p. 35

4 décembre 1944 : « En Lorraine, les troupes franco-américaines sont à Sarrelouis, Sarre-Union, Sélestat et Ribeauvillé. » (6) p. 35

6 décembre 1944 : « Les Français franchissent le Hohneck et le col de la Schlucht. » (6) p. 35

« Le nombre des chômeurs, en France, atteint le chiffre de 658.000, dont 358.000 dans la région parisienne. » (6) p. 100

7 décembre 1944 : « Les Américains entrent dans Sarreguemines, Dilligen et Forbach. » (6) p. 35

8 décembre 1944 : « Les Français libèrent Bischwiller et Thann. » (6) p. 35

« Rétablissement de l'express Paris-Brest, suspendu depuis le mois d'août 1944. »

« Pour la première fois depuis 1940, un cargo français, le F.N.A. n° 10 entre dans le port du Havre. Le trafic est rétabli également dans le port de Rouen. » (6) p. 100

9 décembre 1944 : « Une colonne de la 7e armée américaine pénètre dans Reichshoffen. En Lorraine, les 680 Allemands qui défendaient le fort Driant, près de Metz, capitulent. » (6) p. 35

« Le Vatican reconnaît officiellement le gouvernement provisoire de la IVe République française. » (6) p. 96

10 décembre 1944 : « Signature à Moscou d'un traité d'alliance franco-soviétique. Les deux nations s'engagent à ne pas signer de paix séparée avec l'Allemagne ; à empêcher de sa part toute nouvelle agression ; à se prêter immédiatement aide économique possible après la guerre. Le traité est conclu pour vingt ans. Le gouvernement français ratifie le pacte le 22 décembre. » (6) p. 97

12 décembre 1944 : « 1600 forteresses volantes et 800 chasseurs d'escorte attaquent la Rhénanie. » (6) p. 35

« À Paris, La Cour de Justice, rend son verdict dans le procès de la Gestapo française : Laffont, Bony, Claire, Pagnon, Villaplane, Hare, Engel, Delval et Tate sont condamnés à mort. » (6) p. 110

13 décembre 1944 : « 25.000 aviateurs français sont engagés sur les fronts de bataille. » (6) p. 35

« L'Assemblée Consultative vote la création des comités d'entreprises, qui fonctionneront dans toutes les entreprises employant au moins 100 salariés. Ils comprendront 4 à 8 délégués élus par le personnel. Le chef d'entreprise en sera le président. » (6) p. 105

14 décembre 1944 : « Une ordonnance fixe les modalités de nationalisation des houillères du Nord et du Pas-de-Calais (J.O.). » (6) p. 105

15 décembre 1944 : « La 7e armée américaine (général Patch) franchit la Lauter et entre dans le Palatinat. » (6) p. 35

« Les comités départementaux de la libération de l'ensemble du territoire se réunissent pour la première fois à l'Hôtel de Ville de Paris. Ils réclament la reconnaissance de l'extension de leurs pouvoirs. » (6) p. 90

16 décembre 1944 : « De Sarreguemines à Lauterbourg, la frontière allemande est franchie sur plusieurs points par les troupes du général Patch. Wissembourg est libérée. » (6) p. 35

« Une (Commission gouvernementale française), où siège M. Laval, est en activité à Sigmaringen (Allemagne). » (6) p. 90

19 décembre 1944 : « La réduction de 75 p. 100 sur les loyers est accordée aux mobilisés et étendue aux F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur), aux déportés, aux internés et aux travailleurs du service du travail obligatoire (S.T.O.) en Allemagne. » (6) p. 105

22 décembre 1944 : « La Cour de Nîmes condamne à la peine de mort l'ex-préfet Angelo Chiappe, accusé d'avoir ordonné de nombreux internements pendant l'occupation allemande. » (6) p. 110

23 décembre 1944 : « Les usines Renault de Billancourt sont régies par l'État français. Les actions appartenant à Louis Renault sont confisquées. » (6) p. 90

« La Banque de France remet à la Banque Nationale belge un poids d'or correspondant à 10 milliards de francs. Cette somme avait été confiée à la France par la Belgique en 1941. » (6) p. 100

« Progressions allemandes dans le secteur central du front d'attaque : Laroche, Saint-Hubert. La poussée ennemie est contenue au nord et au sud de la poche (Montjoie-Echternach). » (6) p. 36

27 décembre 1944 : « 1700 locomotives et 30.000 wagons saisis par les Allemands en France nous sont restitués par les Américains. » (6) p. 100

28 décembre 1944 : « La garnison de Bastogne (Belgique) est délivrée. » (6) p. 36

29 décembre 1944 : « 55.000 ouvriers de l'industrie aéronautique française ont repris le travail. » (6) p. 100

Notes 1944:

Léonie et Louis auront expédié à Léon 12 colis durant toute l'année 1944 pour une valeur totale estimée entre 1.095 francs (ensemble des colis Croix-Rouge) et 1.250 francs (en tenant compte du colis complémentaire de 5 kg confectionné par eux et des ajouts aux colis de la Croix-Rouge).


[1] Colis n°22 expédié le 08/11/43 depuis gare et contenant : 1 kg purée pois, 1 boîte de gras-doubles, 2 boîtes bœuf, 1 boîte tomate, 600 g haricots secs, 1 brosse à dents, 1 dentifrice, 4 Kubs, 14 mcx sucre, 2 bouchées chocolat, 2 pommes, biscuits, 1 boîte de choux garnis.

[2] Colis n°23 expédié le 17/11/43 depuis gare et contenant : 1 boîte 1 kg bœuf ménagère, 1 boîte filets dindon, 1 boîte tomate, 1 boîte sardines marinées, 600 g haricots secs, 16 mcx sucre, 6 Kubs, 2 billes chocolat, 150 g bonbons, 1 boîte coquillettes, noisettes (de Cadéac), 6 gousses d'ail, 4 pommes, biscuits, 1 paquet cigarettes (pour Noël).

[3] Colis n°24 expédié le 18/12/43, Croix-Rouge (coût : 98 francs) plus 5 francs. (boîte fer). J'ai ajouté : 1 saucisson d'Hortense, 1 boîte bœuf, 1 boîte dindon, 1 bocal confiture, 2 barres Kubs, beurre, bonbons.

[4] Colis n°25 expédié le 29/12 (dernier de l'année 1943), Croix-Rouge (coût : 73 francs) + 1 boîte vitamines (21 francs). J'ai ajouté : 1 boîte bœuf, 1 boîte tomate, 1 boîte macaroni, 1 boîte bonbons, 3 portions fromage, pâté maison, 20 mx sucre, 2 pommes, ail, biscuits.

[5] Colis n°1 du 07/01/44, Croix-Rouge (coût : 96 francs) : pain concentré, boîte viande, café, pâtes, farine, sucre, savon barbe, pâte fruits, 1 tabac, 1 paquet cigarettes, pain épices, fromage. J'ai ajouté : 1 saucisson, 600 g haricots, 1 boîte tomate, 2 boîtes Kubs, 16 mcx sucre, 2 billes de chocolat, (1 paquet bonbons Jane), ail.

[6] Sous-entendu, « Américain ».

[7] Colis n°2 expédié le 22/01, Croix-Rouge (coût : 106 francs). J'ai ajouté : 1 boîte bœuf aux carottes, 1 verre eau-de-vie, ventrèche, saucisse, bonbons, ail, biscuits.

[8] Colis n°3 expédié le 05/02, Croix-Rouge (coût : 94 francs). J'ai ajouté : 1 saucisson, 1 boîte lapin, 1 boîte bœuf légumes, 16 mcx sucre, 2 barres Kubs, 1 boîte bonbons Car, 3 pommes, biscuits.

[9] Sorte de petite pèlerine avec capuche portée en Bigorre.

[10] Colis n°4 expédié le 19/02, Croix-Rouge (coût : 91 francs). Ajouté : 1 boîte 1 kilo de choux aux saucisses, 1 boîte tomate, 2 barres Kubs, 1 boîte bonbons, 1 barre réglisse, saucisse, ventrèche.

[11] Colis n°5 expédié le 04/03, Croix-Rouge (coût : 85 francs). J'ai ajouté : 1 boîte lapin, 1 bocal confiture, 1 boîte tomate, 1 boîte bonbons et réglisse, 2 barres Kubs, 2 pommes, biscuits, saucisse.

[12] Colis n°6 expédié le 18/03, Croix-Rouge (coût : 75 francs) plus boîte vitamines (21 francs). J'ai ajouté : 1 boîte poulet, 1 boîte pâté, 20 mcx sucre, 3 barres chocolat, 1 bout de ventrèche, 1 paquet bonbons, biscuits, ail, 1 pomme.

[13] Colis de 5 kg n°7 expédié le 27/03 de la gare et contenant : 1 boîte de choux saucisses, 1 boîte bœuf carottes, 1 boîte tomate, 1 boîte macaroni, 650 g haricots, 30 mcx sucre, 2 bouchées chocolat, 1 boîte Car, biscuits, 1 saucisson, 2 barres Kubs.

[14] Colis n°8 expédié le 05/04, Croix-Rouge (coût : 80 francs). J'ai ajouté : 1 boîte bœuf carottes, 1 boîte rôti porc, 1 boîte tomate, 16 mcx sucre, 1 paquet bonbons, 2 barres Kubs, lard, ail, rameau, fleurs, biscuits.

[15] Colis n°9 expédié le 29/04, Croix-Rouge (coût : 85 francs). J'ai ajouté : 1 boîte bœuf, 1 boîte tomate, 1 boîte farine, 1 saucisson, 1 paquet biscuits, 2 bouchées chocolat, 2 barres Kubs, 20 mcx sucre, biscuits, muguet.

[16] Colis n°10 expédié le 13/05, Croix-Rouge (coût : 110 francs avec saucisson). J'ai ajouté : 1 boîte bœuf, 1 paquet coudes, 6 Viandox, 2 bouchées chocolat, ail, biscuits, 1 paire sandales (des patronnes), 1 paire chaussettes.

[17] Colis n°11 expédié le 27/05, Croix-Rouge (coût : 95 francs). J'ai ajouté : 1 kilo petits pois, 1 boîte tomate, 25 mcx sucre, 2 bouchées chocolat, 2 sucres d'orge, 2 barres Kubs, ail, biscuits, 1 paquet cigarettes, 1 paire demi-bas (Ridel).

[18] Depuis, l'Hôpital des Diaconesses d'Hanovre s'est transformé et affirme toujours ses valeurs chrétiennes : https://www.diakoniekrankenhaus-henriettenstiftung.de/cfscripts/main.cfm?CFID=7329059&CFTOKEN=56960516

[19] La Braun-kohlen-Benzin A. G. (Brabag).

[20] Le dernier colis expédié à Léon le 26/07/44 (n°12) et qui ne lui parviendra jamais (double colis d'une valeur de 157 francs) avec boîte et papier bien intéressant, 6 paquets de cigarettes.

Captivité 1945

1945

Rappel historique : Lundi 22 janvier 1945.Les Soviétiques mènent une offensive sur l'Est du Reich et arrivent à l'Oder, alors que les Alliés sont bloqués en Alsace. En février, la ville de Dresde est détruite. Au mois de mars, les Alliés franchissent le Rhin. L'assaut des Soviétiques sur Berlin et la jonction sur l'Elbe des troupes américaines viennent à bout des dernières poches de résistance. Hitler se suicide le 30 avril 1945. Le 7 mai 1945, l'Allemagne reconnaît sa défaite et les combats cessent en Europe le lendemain, 8 mai 1945.

Janvier 1945

Rappel historique, 1er Janvier 1945 : En Alsace, les Allemands déclenchent une offensive dans la région de Bitche. » (6) p. 36

« A Washington, la France signe la Déclaration des Nations Unies. » (6) p. 96

3 janvier 1945 : « En Alsace, puissante attaque allemande sur le front de 110 kilomètres, entre Sarreguemines et Lauterbourg, sur le Rhin. » (6) p. 36

« Le gouvernement décide de rétablir la gratuité de l'enseignement secondaire et de l'étendre aux classes préparatoires aux grandes écoles. » (6) p. 90

4 janvier 1945 : « En Alsace, la 7e armée américaine (général Patch) abandonne Wissembourg qu'elle reprend le lendemain, et se replie sur la ligne Maginot, entre Bitche et Lauterbourg. » (6) p. 36

« La reconstruction de nos provinces détruites par la guerre demandera environ 10 années de travail et coûtera 1.000 milliards. Les États-Unis nous fourniront plusieurs milliers de baraques démontables pour loger les premières équipes d'ouvriers. » (6) p. 100

5 janvier 1945 : « Les Allemands traversent le Rhin au nord de Strasbourg et établissent une tête de pont dans le secteur Gambheim-Offendorf. » (6) p. 36

8 janvier 1945 : « En vingt-quatre heures, 5.000 bombardiers alliés jettent 10.000 tonnes de bombes sur l'Allemagne (Munich, Francfort, Fribourg, etc..). En trois semaines, l'aviation alliée a déversé 60.000 tonnes de bombes sur les positions allemandes du saillant des Ardennes belges. » (6) p. 36

« Les États-Unis doivent livrer à la France, dans le premier trimestre 1945, 113.000 tonnes de marchandises (caoutchouc, coton, cuivre, vivres, etc..) pour aider à la reprise du travail dans les usines. » (6) p. 100

« La France vient au second rang des pays détenteurs d'or, avec 2.200 millions de dollars, contre 20 milliards 800.000 de dollars aux États-Unis, qui occupent la première place. » (6) p. 100

9 janvier 1945 : « Un accord intervient entre les autorités américaines et allemandes de la région de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure) pour qu'une trêve, fixée au 16 janvier, permette l'évacuation de la population civile. » (6) p. 36

« Un premier versement de 50 milliards de dollars est effectué par la France aux États-Unis, comme règlement des produits fournis à l'Afrique française. » (6) p. 100

« Le gouvernement français rétablit les chambres de métiers. » (6) p. 105

11 janvier 1945 : « 100.000 Allemands sont encore retranchés dans les ports de l'Atlantique, dont 25.000 à Lorient, 35.000 à Saint-Nazaire, 35.000 à La Rochelle et 40.000 vers l'embouchure de la Gironde. » (6) p. 36

12 janvier 1945 : « En Belgique, le repli des Allemands, dans les Ardennes, s'étend sur 36 kilomètres. Les troupes britanniques du général Montgomery venant du nord-ouest font leur jonction à Saint-Hubert avec les forces américaines du général Paton. Les pertes allemandes s'élèvent à 90.000 hommes, dont 40.000 prisonniers, depuis le début de l'offensive. »

« La pénurie de papier entraîne la réduction de 50 p. 100 du format des journaux parisiens. » (6) p. 100

13 janvier 1945 : « Début de l'offensive générale d'hiver, où sont engagées 250 divisions russes contre 180 divisions allemandes. Le maréchal Koniev attaque en Pologne méridionale, en direction de Cracovie. Le maréchal Joukov marche sur Varsovie. » (6) p. 43

15 janvier 1945 : « Interrompu depuis mai 1940, le trafic ferroviaire entre Londres et Paris, avec correspondance par bateau, est repris. » (6) p. 100

16 janvier 1945 : « Trois ordonnances adoptées par le Conseil des ministres ont pour objet : 1° le recensement des avoirs français à l'étranger ; 2° le recensement des avoirs étrangers en France ; 3° la déclaration obligatoire des stocks d'or, des devises et des valeurs étrangères détenus par les particuliers français. » (6) p. 100

17 janvier 1945 : « Depuis le début des hostilités, 1 million 200.000 maisons ont été, totalement ou partiellement, détruites en France. » (6) p. 36

« Signature d'un accord entre la France et l'Amérique concernant des importations de matières premières à destination des industries de guerre françaises. En huit mois, la France doit recevoir 3.200.000 tonnes de marchandises. » (6) p. 100

« Le paquebot [Maréchal-Pétain] prend le nom de « Marseillaise ». Le paquebot [Normandie] dont la récupération s'est avérée impossible est abandonné par les Américains et par les Français. » (6) pp. 103 et 104.

19 janvier 1945 : « Augmentation de la retraite des vieux travailleurs français, qui est portée à 7.200 francs par an dans les communes de plus de 5.000 habitants, avec un supplément de 1600 francs pour la région parisienne. » (6) p. 100

20 janvier 1945 : « La 1re armée française passe à l'offensive au sud de Colmar, entre Saint-Amarin et le Rhin. » (6) p. 36

22 janvier 1945 : « La guerre a déjà coûté aux Alliés environ 25.000 milliards de francs (en se basant sur le cours du dollar à 50 francs). » (6) p. 36

« En Silésie, les troupes du maréchal Koniev pénètrent en territoire allemand et s'emparent de Rosenberg, Landsberg et Kreuzburg. » (6) p. 43

« Le gouvernement français décide la réquisition civile des hommes de 18 à 40 ans pour participer à l'effort de guerre et à la reconstruction du pays. » (6) p. 90

24 janvier 1945 : « En Alsace, la 1re armée française traverse l'Ill en plusieurs points, entre Strasbourg et Colmar. » (6) p. 36

« En Prusse orientale, les forces du maréchal Tcherniakowsky se rapprochent de Koenigsberg. Ils atteignent Elbing. Au centre du front, Joukov occupe Kalisz et en Silésie, Koniev, traversant l'Oder, s'empare d'Oppeln. » (6) p. 43

25 janvier 1945 : « Les forces soviétiques atteignent la mer Baltique à l'est de Dantzig, isolant de ce fait les troupes allemandes massées en Prusse orientale. » (6) p. 43

« À Paris, important discours prononcé par le général de Gaulle pour définir la position de la France au cours de la guerre et au moment de la paix, surtout en ce qui concerne l'occupation de la ligne du Rhin d'une façon permanente par des unités françaises. Suppression de la direction des F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur) auprès du Ministère de la Guerre (créée le 19 septembre 1944). » (6) p. 90

26 Janvier 1945 : « M. René Mayer, ministre des Transports, expose devant les ministres rassemblés le résultat de ses négociations à Washington, qui ont abouti à une commande de 700 locomotives, 50 « Liberty Ships » équipés par des marins français et 20.000 wagons démontables. » (6) p. 101

29 Janvier 1945 : « Un premier bilan officiel révèle que 125 à 150.000 Français sont morts depuis le début de la résistance, soit en prison, soit par exécutions pour fait de résistance ou tués lors d'engagements avec les Allemands.

« Environ 2.145.000 personnes ont été déportées en Allemagne. 1.500.000 personnes sont sinistrées et sans logis convenable. 700.000 personnes (israélites ou non) ont été victimes de pillage. » (6) p. 36

Toulouse, janvier 1945 324-2

Lettre d'Anna à Louis et Léonie

Bien cher cousin,

Je réponds de suite à ton aimable carte du 27/08 qui a mis tant de temps à nous parvenir puisque nous la recevons fin novembre.

Nous espérons qu'à cette époque, tu es toujours en bonne santé et il nous tarde beaucoup d'avoir des nouvelles plus fraîches.

Quant à nous, les jours de la libération se sont passés sans dommages pour nous malgré que la bagarre se soit déroulée tout près de chez nous. La façade de notre maison[1] ainsi que les volets gardent des souvenirs. Nous ne sommes pas allées à Tarbes pour les vacances, ce n'était pas prudent. Comme tu dis, nous souhaitons de tout cœur que pour les prochaines nous soyons en ta compagnie.

Espérant te revoir bientôt, reçois cher Léon, les meilleurs baisers de nous quatre. Ta cousine qui ne t'oublie pas. Anna

Tarbes, lundi 1er janvier 1945 324-3

Chère maman,

Comme Louis ne peut venir vous pousser une visite ces jours-ci, je viens par ces lignes vous transmettre nos meilleurs vœux de Nouvel An, surtout, une bonne et longue santé, que nous puissions nous retrouver tous en famille et souhaitons que cette année nous amène le retour de notre pauvre exilé. Nous avons eu la semaine dernière sa lettre du 26 novembre nous apprenant son bon état de santé, mais toujours pareil, nos lettres ne lui parvenaient pas encore. Il en aura une tapée après. Chauffez-vous, ne prenez pas froid, à dimanche. Nos meilleurs vœux à la famille Soulé. Nous vous embrassons tous deux affectueusement.

Louis et Léonie

P.S. : Il a fait bien froid, aujourd'hui, le soleil paraît, sommes en bonne santé. Pensez aux chiffres 9 et 10 de la carte d'Alimentation valant 750 g de pain.

Dimanche 7 janvier 1945 325

Reçue le 12 Avril 1945

Bien chère maman,

Depuis l'année dernière, rien n'a changé. Je suis toujours sans nouvelles de vous. La santé est toujours aussi bonne, le moral aussi. En un mot, notre vie continue comme par le passé. Je serais, cependant, très heureux de recevoir une récente lettre de toi ou de Léonie, car voilà déjà quelques mois que je n'ai rien reçu et suis inquiet. Pour le moment, l'hiver n'est pas très rigoureux, espérons qu'il se termine ainsi.

Reçois les meilleurs baisers de ton fils. Le bonjour aux familles Soulé, Estrade, etc. Léon

CARNET

[Le mardi 16 janvier 1945, bombardement de Rothensee. Dans la nuit, un déluge de bombes s'abat sur la ville de Magdeburg (en 35 minutes, 35.000 victimes). Le lendemain, nous étions sur place à déblayer.]

Dimanche 21 janvier 1945 326

Bien chère maman,

Voici quelques jours, j'ai eu le grand plaisir de lire ta carte du 31 octobre. J'ai été très heureux de savoir qu'elle t'avait laissée en bonne santé. J'ai également reçu quatre lettres de Léonie, la plus récente, datée du 3 novembre. Donc, jusqu'à cette date, me voilà tout à fait rassuré sur votre santé. Personnellement, tout va bien aussi et comme vous tous, j'attends la fin qui je l'espère ne tardera pas à arriver. Chère maman, reçois les meilleurs baisers de ton fils. Bonjours habituels. Léon

Dimanche 28 janvier 1945 327

Bien chère maman,

Lundi, j'ai eu à nouveau le grand plaisir de recevoir une nouvelle lettre de Léonie, datée du 6 novembre. Ainsi, jusqu'à cette date, me voici tout à fait rassuré sur votre santé à tous trois, car elle me disait qu'elle venait de te voir et se préparait à y retourner. Donc, je constate avec plaisir que les transports refonctionnent et ses visites, un peu plus fréquentes, t'aideront à mieux passer cette triste saison. Après, les beaux jours reviendront et, moi avec, je l'espère bien et ainsi prendront fin les soucis et ennuis de toutes sortes que nous endurons depuis si longtemps.

Gros baisers de ton fils. Léon

Fin de la correspondance 1945

Derniers courriers arrivés : Le 20 février, une lettre de Léonie du 08/08/1944 et le 03 mars, une lettre de Léonie du 20/11/1944.

Février 1945

Rappel historique, 1er février 1945 : « L'armée Joukov atteint l'Oder dans le secteur Küstrin-Francfort. Au nord, Koenigsberg est encerclé par les troupes soviétiques. La Baltique est atteinte en plusieurs points. » (6) p. 43

2 février 1945 : « En Alsace, la 1re armée française (général de Lattre de Tassigny) s'empare de Colmar. » (6) p. 36

3 février 1945 : « Grande offensive aérienne alliée sur l'Allemagne. 1.000 forteresses volantes américaines jettent 2.500 tonnes de bombes de gros calibre sur Berlin. » (6) p. 36

5 février 1945 : « Dans les Ardennes, les Alliés percent la première ligne Siegfried sur un front de 20 km, à l'est de Montjoie et de Saint-Vith. »

« En Alsace, la 1re armée française venant de la région de Cernay et la 7e armée américaine (général Patch) venant de la région de Colmar, font leur jonction près de Rouffach, isolant ainsi trois divisions allemandes qui se trouvent dans les Vosges. La 1re armée française libère Guebwiller, entre à Munster, le lendemain, et s'empare de Neuf-Brisach. » (6) p. 36

« L'Oder est franchi par l'armée Joukov au nord de Francfort, près de Gëritz et au nord-est de Kustrin. Au cours de l'avance des troupes, les Russes ont libéré plus de 50.000 prisonniers de guerre et déportés français. » (6) p. 43

« Nouveau discours radiodiffusé du général de Gaulle, où il définit la politique de guerre et de paix de la France et juge essentielle la présence des forces françaises sur le Rhin. » (6) p. 91

6 février 1945 : « 4.000 déportés politiques et Français, Belges et Hollandais, détenus par les Allemands, au camp d'Auschwitz, sont libérés par l'armée soviétique. » (6) p. 43

7 février 1945 : « Quatre divisions de la 3e armée américaine (général Patton) traversent les rivières Sure et Our (frontière germano-luxembourgeoise) à sept endroits différents, entre Echternach et Clervaux. » (6) p. 36

8 février 1945 : « En Hollande, les Alliés (Canadiens, Britanniques, Polonais et Belges) lancent une offensive dans le secteur au sud de Nimègue, en direction de Clèves. »

« En Alsace, la poche de Colmar est entièrement évacuée par les Allemands qui ont fait sauter le dernier pont qu'ils tenaient sur le Rhin, à Chalampé. » (6) pp. 36-37

« À son tour, l'armée Koniev franchit l'Oder au sud-est de Breslau. L'armée Joukov tient la rive orientale de l'Oder, de Kustrin à Furstenberg. L'armée soviétique est munie de nouveaux chars. Les « Staline » sont armés d'un canon de 122 mm. Leur blindage est de 10 cm. Les « Super-Staline », avec un canon de 155, ont un blindage de 15 cm. D'épaisseur. » (6) p. 43

9 février 1945 : « Les Français et les Américains réduisent complètement le saillant ennemi de la région de Colmar. Ils bordent le Rhin dans ce secteur. »

« En Hollande, offensive de la 1re armée canadienne (général Crerar) au sud-est de Nimègue. Les troupes de l'armée Montgomery avancent en direction de Clèves, qui tombera le 12 février. » (6) p. 37

10 février 1945 : « En Alsace, la 19e armée allemande, qui combattait dans le secteur de Colmar, a perdu six divisions d'infanterie et une brigade motorisée, soit plus de 23.000 hommes, 55 chars ou canons autotractés et 66 pièces d'artillerie. » (6) p. 37

« Elbing, port allemand sur la mer Baltique, est aux mains des Russes de l'armée Rokossovsky. » (6) p.37

« Tous les Français de 18 à 48 ans sont soumis au recensement. » (6) p. 91

12 février 1945 : « Clèves et Prüm (sur la ligne Siegfried) sont atteints par les armées alliées. » (6) p. 37

« Le général de Gaulle se rend en Alsace libérée (Mulhouse, Colmar, Strasbourg, Saverne, Metz). » (6) p. 91

« Réunis depuis le 4 février à Yalta (Crimée), MM. Roosevelt, Churchill et le maréchal Staline décident d'organiser pour le 25 avril, à San Francisco, une Conférence des Nations Unies pour préparer une charte de la paix. Ils étudient la coordination des plans militaires alliés et lancent un appel au peuple allemand pour une reddition immédiate et sans condition. La France est invitée à participer à l'occupation de l'Allemagne, au Comité de contrôle interallié qui fonctionnera à Berlin et à l'organisme chargé d'appliquer la politique prévue pour l'Europe libérée. Un accord intervient sur la question de la frontière polonaise. De ce fait, la ligne Curzon, donnant Lwow à la Russie, est adoptée. Le gouvernement polonais émigré à Londres n'est pas reconnu. » (6) p. 97

14 février 1945 : « 65.000 bombes incendiaires sont jetées sur Dresde par la R.A.F. » (6) p. 43

15 février 1945 : « Dresde est de nouveau attaquée par 1.400 appareils britanniques et 450 forteresses volantes américaines, pour appuyer l'offensive du général Koniev. En vingt-quatre heures, 3.150 avions bombardent la Saxe. En quarante-huit heures, 20.000 avions alliés bombardent l'Allemagne, notamment les nœuds ferroviaires et les points stratégiques du front oriental. »

« En Silésie, les armées Joukov et Koniev font leur jonction et s'emparent de Grunberg. » (6) p. 43

16 février 1945 : « Chemnitz, Magdebourg et Dresde subissent de violents bombardements, auxquels prennent part 13.000 avions. Breslau est encerclé par les forces soviétiques. » (6) p. 44

20 février 1945 : « Nuremberg subit l'attaque de 900 forteresses volantes. » (6) p. 37

« Le général de Gaulle décline une invitation du président Roosevelt qui lui proposait une rencontre à Alger au cours de son voyage de retour de Yalta. La raison de ce refus serait l'incertitude devant laquelle se trouverait le gouvernement concernant les décisions prises à Yalta en son absence, notamment en ce qui concerne la façon dont la France participera à l'occupation de l'Allemagne. » (6) p. 97

21 février 1945 : « 2.000 bombardiers attaquent la gare et les usines de cette même ville, déversent 400.000 bombes incendiaires et 14.500 bombes explosives. Berchtesgaden, où se trouve la résidence de Hitler, subit son premier bombardement. » (6) p. 37

22 février 1945 : « 6.000 avions prennent part aux bombardements des réseaux de communication allemands. Les blindés du général Patton ayant achevé la libération du territoire luxembourgeois, traversent la Sarre, pénètrent dans Saarburg et atteignent Konz-Karthaus. » (6) p. 37

« Le gouvernement français demande à Washington un complément d'information sur les résultats de la Conférence de Yalta, notamment sur la situation réservée aux pays libérés. » (6) p. 97

« Un premier navire américain apportant des cargaisons de coton, de cuivre, des camions et des vivres destinés aux civils français arrive à Toulon. Le 24, deux autres navires accostent dans un port de la Manche. » (6) p. 101

23 février 1945 : « Les troupes de la 9e armée américaine (général Simpson) atteignent Duren après avoir franchi la Roer. » (6) p. 37

« Poznan, assiégé depuis un mois, est pris par le général Joukov, qui a capturé 23.000 prisonniers allemands, dont le général commandant la citadelle et son état-major. » (6) p. 44

« La réponse des États-Unis à la demande française concernant les décisions prises à Yalta contiendrait l'assurance que la France participera à l'occupation de l'Allemagne et à son contrôle ; que la délimitation de la zone d'occupation réservée aux troupes françaises serait déterminée par la Commission consultative européenne de Londres, dont les attributions se borneront aux problèmes allemands ; que les questions concernant la Charte des pays libérés seraient traitées par la voie des chancelleries. » (6) p. 97

24 février 1945 : « Offensive déclenchée par quatre armées alliées sur un front de 250 km (depuis Emmerich, à l'est de Nimègue, jusqu'à Saarburg). » (6) p. 37

« À Paris, 25.000 personnes assistent à un meeting organisé au Vélodrome d'Hiver par le Comité parisien de Libération pour protester contre l'insuffisance du ravitaillement. » (6) p. 101

26 février 1945 : « Le port d'Oran, qui servit de base militaire aux Alliés pendant la campagne d'Afrique du Nord, est rendu à l'administration française. » (6) p. 101

27 février 1945 : « 155 unités auxiliaires ont été transférées de la flotte américaine à la flotte française (dont 50 chasseurs de sous-marins, 35 patrouilleurs et 6 contre-torpilleurs). » (6) p. 37

28 février 1945 : « Le gouvernement français décide de donner son acceptation à la proposition des gouvernements des États-Unis, de Grande-Bretagne et de l'U.R.S.S. concernant sa participation à la Conférence de San Francisco du 25 avril, comme puissance invitante. La Chine sera également puissance invitante. » (6) p. 97

CARNET

[Le samedi 3 février 1945, notre camp de Barleben, situé en banlieue de Magdeburg, est détruit par 5 bombes (1 mort à déplorer : Prost). Enfin, Brabag agonise.]

Notes :

« Grande offensive aérienne alliée sur l'Allemagne. 1.000 forteresses volantes américaines jettent 2.500 tonnes de bombes de gros calibre sur Berlin. » (6) p. 36

L'article 9 de la Convention de Genève de 1929 relative au traitement des prisonniers de guerre souligne qu'« aucun prisonnier ne pourra, à quelque moment que ce soit, être renvoyé dans une région où il serait exposé au feu de la zone de combat, ou être utilisé pour mettre par sa présence certains points ou certaines régions à l'abri du bombardement. »

Toulouse, 19 février 1945 328

Lettre de la cousine Anna à Louis et Léonie

Bien chers Louis et Léonie

Je vous ai écrit pour le 1er de l'An et votre long silence nous inquiète un peu. Nous craignons que l'un de vous ne soit malade ou tante. Écrivez-nous bientôt pour nous rassurer. Quant à nous, nous avons eu toutes plus ou moins notre part : maman, une crise de rhumatisme aigu qui l'empêchait de marcher et qui la faisait bien souffrir. Elle criait et disait qu'elle allait se paralyser complètement. Enfin, le docteur lui a ordonné des cachets qui à la longue lui ont fait du bien. À présent, elle marche et revient faire les commissions. Juliette et moi, une mauvaise grippe qui ne voulait pas guérir malgré les sirops, frictions, cataplasmes. Il est vrai qu'il a fait si froid pendant plus d'un mois et rien pour se chauffer... Enfin, cela va mieux ainsi que la température qui s'est bien radoucie.

Avez-vous des nouvelles de Léon ? Elles doivent être plus rares, car s'il faut qu'elles passent par l'Angleterre, cela doit mettre beaucoup plus de temps. Ces jours-ci, sur les journaux, on donnait la carte d'Allemagne où se trouvent les camps. J'ai vu que Osnabrück et Dortmund, les endroits où il se trouvait, n'étaient pas loin de la frontière de Hollande et de Belgique. Au moment venu, il sera plus près de France et rentrera des premiers. Espérons que ce sera bientôt. Que c'est long de rester si longtemps sans nouvelles !

Et tante que fait-elle ? Celle de Bourisp est ici chez Marinette depuis une vingtaine de jours. Étant tombée près du feu et s'étant brûlée aux pieds, Germaine a dû partir au plus vite. On l'a transportée à Toulouse et on la soigne bien. Au début, c'était grave ; à présent ça va mieux, mais je ne sais si elle pourra marcher comme avant.

Nous n'avons pas de nouvelles de Campettes depuis quelque temps. Le ravitaillement ici, laisse toujours à désirer. C'est malheureux que cela ne puisse s'arranger un peu... Marcelle continue son apprentissage ; elle est contente de son métier.

Nous pensons avoir bientôt de vos longues et bonnes nouvelles. Dans cette attente, recevez chers Louis et Léonie les meilleurs baisers de nous quatre. Votre cousine. Anna

Du 20 au 22 février 1945 :

« Nuremberg subit l'attaque de 900 forteresses volantes.

Le 21, 2.000 bombardiers attaquent la gare et les usines de cette même ville, déversent 400.000 bombes incendiaires et 14.500 bombes explosives.

« Berchtesgaden, où se trouve la résidence de Hitler, subit son premier bombardement.

Le 22, 6.000 avions prennent part aux bombardements des réseaux de communication allemands. » (6) p. 36

Mars 1945

Rappel historique, 1er mars 1945 : « Reprise des relations diplomatiques franco-italiennes. M. Couve de Murville est nommé ambassadeur français à Rome. » (6) p. 97

2 mars 1945 : « Cologne est violemment bombardée par 1200 bombardiers alliés qui jettent 5.000 tonnes de bombes. » (6) p. 37

« La 9e armée américaine (général Simpson) atteint le Rhin près de Dusseldorf et s'empare de Neuss. La 3e armée (général Patton) occupe Trèves. » (6) p. 37

3 mars 1945 : « La 1re armée canadienne venant de Clèves et la 9e armée américaine font leur jonction près de Geldern. » (6) p. 37

« Le gouvernement français décide de mettre à la charge de l'État la plus grande partie des dommages causés par la guerre. Les dégâts sont estimés à 1.500 milliards. Le gouvernement français crée un service pour l'administration militaire française en Allemagne, ainsi qu'un Comité de la population et de la famille. » (6) p. 91

6 mars 1945 : « Le Grand Quartier Général allié annonce la prise de Cologne (Allemagne) par les troupes américaines de la 9e armée. » (6) p. 37. « Les bassins de la Joliette, à Marseille, sont récupérés par la France. » (6) p. 101

7 mars 1945 : « Le Rhin est franchi à Remagen (entre Bonn et Coblence) par une unité américaine du général Hodges, qui réussit à établir une tête de pont. » (6) p. 37

8 mars 1945 : « Le retour des prisonniers de guerre et des déportés politiques français libérés par l'avance des troupes sur le territoire allemand débute par l'arrivée à Paris de convois qui vont devenir plus nombreux chaque jour. » (6) p. 37

9 mars 1945 : « Après avoir opéré leur jonction entre Bonn et Remagen, les 1re et 3e armées américaines traversent le Rhin en force sur le pont de Remagen (Allemagne). » (6) p. 37

12 mars 1945 : « Les troupes du maréchal Joukov s'emparent de la forteresse de Kustrin. Le maréchal Rokossovsky atteint la baie de Dantzig. » (6) p. 44

13 mars 1945 : « Violent bombardement d'Essen et de Dortmund. » (6) p. 37

« Le droit de vote est accordé aux Algériens musulmans résidant en France depuis le 1er septembre 1938. » (6) p. 91

14 mars 1945 : « Un mandat d'arrêt est lancé contre Pierre Drieu-La Rochelle, rédacteur à La Gerbe et à Je suis partout, pour intelligence avec l'ennemi. L'écrivain se donne la mort le 16 mars. » (6) p. 110

15 mars 1945 : « La Cour de justice de Paris condamne aux travaux forcés à perpétuité le général Jauneaud, pour collaboration pendant l'occupation allemande. L'amiral Esteva, ancien résident général en Tunisie, accusé d'intelligence avec l'ennemi, est condamné à la détention perpétuelle par la Haute Cour de Paris. » (6) p. 110

16 mars 1945 : « Alsace : Bitche est occupée par les troupes américaines du général Patch. L'armée Patton franchit la Moselle en trois points entre Coblence et le sud de Trèves. La 3e armée américaine s'empare de Coblence le 17 ». (6) p. 37

« Jacques Schweizer, avocat parisien, est condamné à mort par la Cour de justice de Paris pour dénonciation de patriotes. » (6) p. 110

19 mars 1945 : « Les Français pénètrent en territoire allemand dans le secteur de Lauterbourg. Toute l'Alsace est libérée. Les Américains sont à Wissembourg. » (6) p. 37

20 mars 1945 : « Les 3e et 7e armées américaines (généraux Patton et Patch) font leur jonction à l'ouest de Kaiserslautern (Allemagne). Des éléments de la 7e armée américaine pénètrent dans Sarrebruck et percent la ligne Siegfried en douze points, entre cette ville et le Rhin. L'armée Patton atteint Mayence. Les Allemands auraient perdu environ 75.000 hommes depuis le 11 mars, dans le triangle Rhin-Sarre-Moselle. 40.000 prisonniers sont déjà dénombrés. » (6) p. 37

23 mars 1945 : « Importante offensive alliée sur l'Allemagne : 20.000 avions survolent son territoire en quarante-huit heures. Brême est bombardée avec des bombes de 10 tonnes. La Rühr, Berlin et Hanovre sont très endommagés. La capitale subit son 31e raid consécutif. » (6) pp. 37-38

24 mars 1945 : « À leur tour, les troupes du maréchal Montgomery (2e armée britannique) traversent le Rhin devant Ress, à Bislich et à Wesel. Avant l'attaque, 40.000 hommes et du matériel avaient été parachutés ou déposés en planeurs, à l'est du Rhin. » (6) p. 38

26 mars 1945 : « La 3e armée américaine (général Patton) s'empare de Francfort-sur-le-Main. Ses blindés pénètrent en Bavière à Aschaffenbourg. Les troupes de la 9e armée (général Simpson) sont à Duisbourg. Plus au sud, les troupes françaises et américaines (7e armée, général Patch) entrent dans Carlsruhe. Les Allemands ont perdu environ 300.000 hommes depuis le 1er mars, dont 250.000 prisonniers. » (6) p. 38

27 mars 1945 : « Les armées du général Patton montant de Wiesbaden, et celles du général Hodges descendant de Limbourg, font leur jonction au confluent de la Lahn et du Rhin. Les troupes du général Patch complètent la jonction le 28. » (6) p. 38

28 mars 1945 : « Berlin est bombardé de nuit, pour la 37e fois, sans interruption. » (6) p. 38

29 mars 1945 : « Prise de Wiesbaden par les hommes de la 3e armée américaine. Mannheim est aux mains des troupes du général Patch. » (6) p. 38

« Les troupes soviétiques (maréchal Tolboukhine) franchissent la frontière autrichienne au sud du lac Neusiedl. » (6) p. 44

30 mars 1945 : « Poursuivant leur avance, les troupes du maréchal Montgomery sont devant Munster. Plus au sud, le général Patch s'empare de Heidelberg. 40.000 prisonniers ont été capturés en vingt-quatre heures par les 1re et 3e armées américaines. La 1re armée américaine (général Hodges) est à Paderborn. Elle effectue sa jonction avec la 2e armée britannique (Montgomery) aux environs de cette ville. La Rühr se trouve, de ce fait, coupée du reste de l'Allemagne. La 1re armée française franchit le Rhin dans la région de Carlsruhe. Le général Eisenhower adresse un message aux unités allemandes combattantes pour les inviter à cesser les hostilités. 193.400 km carrés du territoire allemand sont aux mains des nations alliées, soit 73.600 à l'ouest et 119.800 à l'est. » (6) p. 38

« Les troupes russes du maréchal Rokosowski s'emparent de Dantzig et font 10.000 prisonniers. Les sous-marins qui se trouvaient dans le port tombent intacts aux mains des russes. » (6) p. 44

Luchon, jeudi soir 15 mars 1945 328

Bien chère maman,

Deux mots, pour vous dire que nous avons eu hier des nouvelles de Léon du 28 janvier, il va bien et pense être bientôt de retour. Quant à moi, je ne viendrai que lundi et cousine de Luchon ira aussi vous pousser une visite. Sommes bien et vous embrassons tous deux. Louis et Léonie

Avril 1945

Rappel historique, 1er Avril 1945 : « Les jeunes Français des classes 1940, 1941 et 1942 sont appelés sous les drapeaux. » (6) p. 38

2 avril 1945 : « Le général de Gaulle remet la Croix de la Libération à la Ville de Paris et remet 143 drapeaux et étendards aux régiments français reconstitués. » (6) p. 38

3 avril 1945 : « Les Britanniques sont maîtres de Münster et l'armée Patton est à Cassel. Des éléments américains pénètrent dans Gotha. Le front s'établit, du nord au sud, en passant par Ems, Münster, Bielefeld, Goettingen, Eisenach, Wurzbourg et Heidelberg. » (6) p ; 38

« Importante majoration de la taxe de luxe, qui varie de 10 à 25 %, suivant les articles. » (6) p. 101

4 avril 1945 : « Les troupes françaises s'emparent de Carlsruhe (Bade). Les 1re et 9e armées américaines opèrent une nouvelle jonction à Lippstadt. » (6) p. 38

5 avril 1945 : « Un complot contre la sûreté de l'État, préparé par d'anciens membres du P.P.F. (Parti Populaire Français) aboutit à l'arrestation de dix-sept chefs de cette organisation clandestine. » (6) p.110

6 avril 1945 : « 33 villes allemandes de plus de 100.000 habitants, sont occupées par les troupes alliées, qui ont capturé 1.400.000 prisonniers depuis le 6 juin 1944. » (6) p. 38

7 avril 1945 : « 100 tonnes d'or appartenant à la Reichsbank sont découvertes par les Américains dans les mines de sel de Muehlhausen. » (6) p. 101

9 avril 1945 : « Le général de Gaulle passe en revue, à Spire, les troupes françaises qui combattent en Allemagne. Dans la Rühr, les troupes de la 9e armée américaine pénètrent dans Essen, où les dégâts matériels sont très importants. » (6) p. 38

« Koenigsberg est pris d'assaut par les troupes du général Vassilievsky. » (6) p. 44

« Les usines d'aviation « Gnome et Rhône » et la Compagnie Air-France sont nationalisées. » (6) p. 91

10 avril 1945 : « La 84e division d'infanterie américaine (général Simpson) occupe Hanovre. » (6) p. 38

« La 8e armée britannique (général Clarck) passe à l'offensive sur l'Adriatique, près de Lingo. » (6) p. 45

« Modification de la loi sur le divorce, notamment en ce qui concerne l'irrecevabilité de la demande en divorce dans les trois premières années du mariage. Cette clause est abrogée. » (6) p. 105

« La cour de Justice de Toulouse condamne à la peine de mort neuf miliciens ayant pris part à l'assassinat de Maurice Sarraut. » (6) p. 110

11 avril 1945 : « La 3e armée américaine (général Patton) s'empare de Cobourg et atteint Brunswick. » (6) p. 38

12 avril 1945 : « Les troupes américaines (Simpson) franchissent l'Elbe aux environs de Magdebourg. Celles du général Patton atteignent la frontière de la Saxe. » (6) p. 38

« Aux États-Unis, M. Harry Truman, vice-président, succède au président Franklin Roosevelt, décédé. » (6) p. 93

13 avril 1945 : « La première armée française s'empare de Rastadt et Baden-Baden. » (6) p. 38

« Les Russes annoncent la prise de Vienne (Autriche). » (6) p. 44

14 avril 1945 : « Von Papen, ex-ambassadeur du Reich, est fait prisonniers par les Américains à Stocklausen (Rühr). » (6) p. 38

« L'écrivain français Georges Simenon est inculpé d'intelligence avec l'ennemi. » (6) p. 110

16 avril 1945 : « Le général britannique Crerar atteint la mer du Nord. »

« En France, un groupe de forces françaises (F.F.S.O.), commandées par le général de Larminat, libère Royan. » (6) p. 38

17 avril 1945 : « Berlin est attaqué à la fois par les aviations anglaise et soviétique. »

« Sur l'Atlantique, l'amiral Michaëlis, commandant en chef allemand des poches de Graves et de Royan, se rend au général de Larminat. 750.000 prisonniers allemands ont été capturés sur le front occidental depuis le 1er avril. »

« L'avance alliée en Allemagne permet aux 25.000 hommes (résistants ou gaullistes) internés au camp de Weimar-Buchenwald d'envisager leur prochain rapatriement. » (6) p. 38

18 avril 1945 : « Fin de la résistance allemande dans la poche de Royan. »

« En Hollande, les Allemands détruisent les écluses de Muiden, le barrage de Wieringen et la digue principale de Zuiderzée, ce qui provoque une grave inondation dans le nord-ouest de la Hollande et au sud-est d'Amsterdam. »

« En Allemagne, la 9e armée américaine (Simpson) entre dans Leipzig et s'empare de Magdebourg. Les troupes de la 1re armée occupent Dusseldorf. La poche de la Rühr est entièrement libérée des Allemands qui s'y trouvaient encerclés. » (6) p. 38

19 avril 1945 : « Sur l'Atlantique, la pointe de Grave est entièrement aux mains des troupes françaises. » (6) p. 38

20 avril 1945 : « En Allemagne, les Américains annoncent la prise de Nuremberg. » (6) p. 38

« Un décret impose la mise au nominatif des actions détenues par les Français, ou leur dépôt à la caisse de dépôts et virements des titres. Un autre décret oblige les sociétés d'assurances, comme les banques, à déposer leurs bons du Trésor en compte-courant à la Banque de France. » (6) p. 101

« Le général d'armée Henri-Fernand Dentz, ancien commissaire en Syrie et ancien commandant en chef des troupes françaises au Liban, est condamné à la peine de mort par la Haute Cour de justice pour intelligence avec l'ennemi. » (6) p. 110

21 avril 1945 : « Les Français prennent Stuttgart et Ludwigshafen, franchissent le Danube, occupent Sigmaringen et Fribourg, atteignent la frontière suisse et encerclent environ 10.000 prisonniers allemands dans la Forêt Noire. » (6) p. 38

22 avril 1945 : « Les troupes soviétiques atteignent les faubourgs de Berlin où de durs combats ont lieu. Les Berlinois n'avaient pas connu l'invasion depuis 1806. L'encerclement de la capitale est accompli le 24, après la jonction des armées Joukov et Koniev à Potsdam. » (6) p. 44

24 avril 1945 : « Les troupes britanniques (général Dempsey) occupent Brême. Le Rhin est franchi par les troupes françaises près de Bâle. Ulm est conquis et la jonction entre la 1re armée française et la 7e armée américaine s'est opérée près d'Eningen. » (6) pp. 38-39

« En Italie, les blindés du général Clarck avancent en force à travers le nord du pays et franchissent le Pô sur plusieurs points. Modène, La Spezia et Ferrare sont occupées. 40.000 prisonniers allemands sont capturés. » (6) p. 45

25 avril 1945 : « Violents bombardements alliés contre les usines Skoda, de Prague, et contre Berchtesgaden (résidence de Hitler). » (6) p. 39

« La libération de M. Édouard Herriot, détenu à l'ouest de Berlin, est annoncée par un communiqué soviétique. » (6) p. 91

26 avril 1945 : « Le maréchal Goering, commandant de la Luftwaffe, aurait demandé à Hitler de le relever de ses fonctions. Le maréchal von Greim succède au maréchal Goering comme commandant en chef de la Luftwaffe. Le général Kurt Dittmar, commentateur militaire à la radio, est fait prisonnier en Allemagne. »

« La jonction entre la 69e division d'infanterie américaine et la 58e division de la Garde soviétique s'opère à Torgau, sur l'Elbe (nord-ouest de Leipzig). » (6) p. 39

« 500.000 Allemands sont prisonniers dans Berlin, où ils subissent d'importants bombardements. Le maréchal Malinovsky est à Brno (Moravie). D'autres éléments russes s'emparent de Stettin. » (6) p. 44

« La 1re armée française s'empare de Constance et de Vintimille. Prise de Parme, Mantoue et Vérone par les Américains. Gênes est libérée par les garibaldiens et occupée le 27 par les troupes alliées. Des éléments français franchissent la frontière au nord de Nice et pénètrent en territoire italien. Milan et Turin sont libérées par les patriotes. Le soulèvement de la population devient général. » (6) p. 45

« Ouverture officielle de la Conférence de San Francisco, où 46 nations viennent discuter de la sécurité mondiale. » (6) pp. 97-98

27 avril 1945 : « En Allemagne, Ratisbonne est prise par la 7e armée américaine. L'armée Patton franchit la frontière autrichienne au nord-est de Passau. » (6) p. 39

« Prise de Potsdam et de Spandau. » (6) p. 44

« Le Comité de Libération de l'Italie du Nord est investi des pouvoirs gouvernementaux jusqu'à l'arrivée des troupes alliées. »

« Mussolini est arrêté aux abords de Nesso, près de Chiasso, par un groupe de « guerreglieri ». Pavolini, Farrinacci, Buffarini et le maréchal Graziani sont également arrêtés. » (6) p. 45

« Venant d'Allemagne, le maréchal Pétain traverse la Suisse pour rentrer en France, où il se constitue prisonnier. Il est interné au fort de Montrouge (Seine). » (6) p. 110

28 avril 1945 : « En Alsace, l'armée française a terminé l'envahissement de la poche de la Forêt Noire. »

« Himmler, chef de la Gestapo, adresse aux délégations anglo-américaines siégeant à la Conférence de San Francisco, par l'intermédiaire du comte Folke Bernadotte, une offre de capitulation inconditionnelle de l'Allemagne. La réponse des Alliés exige une demande de capitulation sans conditions, à soumettre également à l'U.R.S.S., avant le 31 avril. » (6) p. 39

« L'armée ennemie est coupée en deux tronçons jusqu'au lac de Côme. Padoue est libérée, ainsi que Vicence et Vérone. Les Alliés sont sur la route du Brenner. » (6) p. 45

29 avril 1945 : « En Allemagne, les Américains entrent dans Munich. Les Anglais traversent l'Elbe, près de Hambourg. » (6) p. 39

« Les patriotes sont maîtres de Venise. 100.000 prisonniers allemands ont été faits sur ce front en trois jours. Entrée des Alliés à Milan. »

« Mussolini et Clara Petacci qui l'accompagnaient sont fusillés à Dongo (prov. de Côme) par des patriotes italiens. Leurs corps sont transportés et exposés à Milan. Le maréchal Graziani est remis aux Alliés. A. Pavolini, Scorza, Buffarini, Mezzasoma et 11 autres chefs fascistes ont été fusillés. » (6) p. 45

« Des élections municipales provisoires, auxquelles prennent part les femmes, ont lieu en France. Elles donnent la majorité aux partis de gauche. » (6) p. 91

30 avril 1945 : « Sur l'Atlantique, les troupes françaises du général de Larminat débarquent dans l'île d'Oléron pour attaquer la poche allemande du secteur de La Rochelle. »

« Les Alliés ont dénombré 3.000.000 de prisonniers allemands depuis le 6 juin 1944. » (6) p. 39

« Entrée des Américains à Turin. » (6) p. 45

CARNET

[Le mercredi 11 avril 1945 = Départ de Magdeburg-Barleben, le soir à pied. Nous quittons définitivement Magdeburg pour arriver à Helm le vendredi 27 avril[2] après de longues marches de nuit. L'avance des troupes russes fut notre salut ; nos anges gardiens, ne voulant pas être pris par eux, nous ramenaient vers nos Alliés.]

[Le vendredi 27 avril 1945 = Arrivée à Helm, un petit village, plein nord, près de Lüneburg.]

[À la suite d'assez sérieux dégâts causés par un bombardement de l'aviation à notre baraque du camp de Barleben, je n'ai pu retrouver mon carnet de bord, c'est pourquoi je vais m'efforcer de le reconstituer de mon mieux ou tout au moins mentionner les faits les plus saillants de ma vie de prisonnier. C'est à la date du 1er mai 1945 que j'entreprends ce travail. À cette heure, nous cantonnons dans un petit village d'Allemagne, dans la province du Mecklenburg. Il paraîtrait que les alliés sont proches. Les jours qui viennent, les heures peut-être même, nous l'apprendrons.]

Mai 1945

Rappel historique, 1er Mai 1945 : « Le commandement suprême interalliée rend à la France sa liberté d'approvisionnement. Seuls le charbon et les produits pétroliers continueront à être fournis par les sources militaires. » (6) p. 101

2 mai 1945 : « La radio allemande annonce la mort à Berlin du chancelier führer Adolf Hitler. L'amiral Doenitz lui succède. Le Dr Goebbels et sa famille se donnent la mort dans le souterrain-abri de la chancellerie de Berlin. » (6) pp. 93-94

« Un accord interallié est réalisé sur les zones d'occupation de l'Autriche par les troupes américaines, britanniques, françaises et russes. Des hommes de la 36e division d'infanterie américaine capturent le maréchal von Rundstedt à Bad-Toelz (Bavière). » (6) p. 39

« MM. Yvon Delbos, Ybarnégaray et plusieurs généraux français, prisonniers des Allemands près de Plansee, sont libérés par l'avance de ces troupes. » (6) p. 39

« Reddition des défenseurs de Berlin et occupation totale de la capitale allemande par les Russes. Le général Weslin, commandant la place, est prisonnier, ainsi que 70.000 soldats. Brandebourg est prise par le maréchal Joukov. Rostock est aux mains de Rokossovski. » (6) p. 44

« Capitulation des armées allemandes combattant en Italie et au Tyrol. 600.000 Allemands faits prisonniers sur le front méditerranéen. » (6) p. 45

« En France, le ministère de la Reconstruction estime qu'il existe sur l'ensemble du territoire français 150.000 maisons absolument détruites, 200.000 maisons et 50.000 fermes sinistrées, 1178 communes à rétablir. Le nombre des sinistrés s'élève à 1.500.000. En totalité, 2.000 milliards de francs seraient nécessaires pour la reconstruction. » (6) p. 101

« MM. Pierre Laval, Abel Bonnard, quittent l'Allemagne en avion et atterrissent à Barcelone. Ils sont internés à Montjuich. » (6) p. 110

« Madame Philippe Pétain est inculpée d'intelligence avec l'ennemi et placée sous mandat de dépôt au fort de Montrouge. » (6) p. 110

« Le général Bridoux, qui s'était réfugié en Allemagne depuis la libération de Paris, est remis aux autorités françaises. » (6) pp. 110-111

3 mai 1945 : « Le maréchal Montgomery et l'amiral allemand Doenitz, successeur de Hitler, se rencontrent à Apenrade (Jutland). »

« Sur l'Atlantique, l'ile d'Oléron est entièrement libérée. » (6) p. 39

« En Allemagne, les forces de la 6e division aéroportée britannique effectuent leur jonction près de Wismar avec des blindés russes. Les troupes britanniques (général Dempsey) occupent Hambourg ; elles franchissent le canal de Kiel et pénètrent au Danemark. 500.000 Allemands se rendent à la 2e armée britannique en vingt-quatre heures. » (6) p.39

« En Hollande, la reine Wilhelmine et la princesse Juliana arrivent à La Haye après un exil de cinq années en Angleterre. » (6) p. 94

4 mai 1945 : « Devant l'avance rapide des troupes alliées, le gouvernement allemand se réfugie à Flensbourg (prov. de Schleswig-Holstein). »

« Le kronprinz, fils de Guillaume II, dont la mort avait été annoncée en 1944, est découvert par un officier français à Baad (Wielderstein). » (6) p. 39

« La 7e armée américaine occupe Innsbruck, dépasse le col du Brenner et fait sa jonction en territoire italien avec des éléments de la 5e armée américaine de Bavière. Plus à l'est, Salzbourg est occupé. » (6) p. 45

« Le siège permanent de la Conférence internationale syndicale est fixé à Paris. » (6) p. 98

« La distillation des vins de consommation courante est interdite en France. » (6) p. 101

5 mai 1945 : « Les forces allemandes combattant en Hollande, en Allemagne du Nord-Ouest, au Danemark, à Héligoland et aux iles de la Frise se rendent au 21e groupe d'armées britanniques. 5.000.000 d'Allemands ont été faits prisonniers sur l'ensemble de ce front depuis le 6 juin 1944. La 24e armée allemande se rend à la 1re armée française (général de Larminat). » (6) p. 39

« Une insurrection, dirigée par les patriotes tchèques, aurait éclaté à Prague. En vingt-quatre heures, 40 généraux allemands se sont rendus aux troupes alliées. L'Allemagne a perdu les 25 capitales qu'elle a occupées depuis 1938. Elle ne contrôle que Prague, déclarée « ville-hôpital ». 99 p. 100 de son territoire sont aux mains des alliés. »

« En Allemagne, prise de Berchtesgaden par les Américains. Les 9e et 12e armées allemandes se rendent à la 9e armée américaine à l'est de Magdebourg. Les Alliés annoncent que 200.000 Allemands se sont rendus dans le Tyrol, l'Autriche du Nord et le Vorarlberg. »

« La Slovaquie est entièrement libérée. Linz est aux mains des Américains. » (6) p. 39

« Arrestation en Allemagne de l'ancien ministre des Finances Bouthillier, et des généraux Laure et de la Porte du Theil. Ils sont transférés en France pour y être jugés. » (6) p. 111

6 mai 1945 : « Joseph Darnand, ex-chef de la Milice française, est arrêté en Italie du Nord. » (6) p. 111

7 mai 1945 : « L'amiral Doenitz fait annoncer par radio, au peuple allemand, la capitulation sans condition des forces combattantes. » (6) p. 94

« Les Allemands capitulent sur tous les fronts sans condition. L'acte de reddition est signé à Reims, où se trouve le Grand Quartier Général du général Eisenhower, par le général Jodl, au nom du haut commandement allemand. Le général Smith signe pour le Commandement suprême des Forces expéditionnaires alliées ; le général Ivan Susloparoff signe pour l'U.R.S.S. et le général Sevez pour la France. » (6) p. 39

« MM. Léon Blum, E. Daladier, L. Jouhaux, J. Borotra, hommes politiques français ; les généraux Gamelin et Weygand, et le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg, tous prisonniers en Allemagne, sont libérés par les forces alliées. » (6) p. 91

8 mai 1945 : « Les hostilités, sur les fronts européens, ont pris fin. Le pacte de capitulation a été ratifié à Berlin. Prague, la dernière capitale européenne que tenaient encore les Allemands, est libérée par les troupes américaines du général Patton. » (6) pp. 39-40

« Sur l'Atlantique, la garnison allemande du secteur de La Rochelle se rend aux Français. La résistance allemande prend fin également à Lorient, à Saint-Nazaire et à Dunkerque. Ainsi s'achève la libération du territoire français. » (6) p. 40

« Les Russes s'emparent de Dresde. » (6) p. 44 « En Yougoslavie, les troupes du maréchal Tito libèrent Zagreb et Lioubliana. » (6) p. 44

« Le général de Gaulle adresse par radio un message au peuple français pour annoncer la fin des hostilités en Europe par la victoire des nations alliées. » (6) p. 91

« L'Espagne et la Suède rompent leurs relations diplomatiques avec l'Allemagne. » (6) p. 98

9 Mai 1945 : « Hermann Goering, maréchal de l'aviation du Reich, et le maréchal Kesselring, commandant en chef du front de l'Ouest, se rendent au général américain Stack. Le général Guderian est également fait prisonnier. » (6) p. 40

« L'acte définitif de capitulation de l'Allemagne est signé à Karlshorst (faubourg de Berlin), par le maréchal Keitel, commandant en chef des forces armées du Reich ; par l'amiral Friedeburg, commandant de la marine allemande, et par le général Oberst Stumpf, commandant de l'aviation du Reich, en présence du maréchal Sir Arthur Tedder, représentant des Forces alliées, et du maréchal Georgi Joukov, représentant l'U.R.S.S. Le général Spaatz et le général de Lattre de Tassigny signent comme témoins. » (6) p. 40

« De Flensburg, l'amiral Doenitz proclame la dissolution du parti nazi. » (6) p. 94

« En Norvège, Quisling, chef du cabinet norvégien, se constitue prisonnier à Moellegatan. » (6) p. 94

10 mai 1945 : « Dans les îles anglo-normandes, le général allemand Heinner capitule. »

« Sur l'Atlantique, l'île de Ré est occupée par les troupes françaises. » (6) p. 40

« Les Allemands continuent à résister aux Russes et aux Tchèques dans les secteurs de combat de Bohême-Moravie. » (6) p. 44

« Les pertes soviétiques se sont élevées à près de 15 millions de morts pendant cette guerre, dont environ 50 % de civils. » (6) p. 44

« MM. Paul Reynaud, Albert Sarraut, Yvon Delbos et Léon Jouhaux, rapatriés d'Allemagne, sont reçus à Paris par le général de Gaulle. » (6) p. 91

« À San Francisco, un important débat s'engage sur la question du « veto » qui est à la base de tout système de sécurité pour assurer la paix. Le débat porte sur le « droit de veto » de l'une des cinq grandes puissances (États-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine et France) lui permettant de s'opposer à toute action militaire décidée par le Conseil. » (6) p. 98

« Le général Weygand, rentré d'Allemagne, est arrêté sur mandat de la Haute Cour de justice pour atteinte à la sûreté intérieure de l'État en raison de son attitude antirépublicaine en juin et juillet 1940. M. Borotra est mis en résidence surveillée. » (6) p. 111

11 mai 1945 : « La population de Paris et du département de la Seine s'élève à 4.437.855 habitants. » (6) p. 101

« F. de Brinon, ancien ministre du gouvernement de Vichy, est arrêté en Allemagne, dans la zone de la 1re armée française. Le grand Muphti de Jérusalem est également arrêté en Allemagne pour menées anti-juives. Il est ensuite ramené dans la banlieue parisienne et placé en résidence surveillée. » (6) p. 111

14 mai 1945 : « Débarquement britannique dans l'île d'Héligoland (archipel d'Allemagne). » (6) p. 40

« M. Léon Blum, rapatrié d'Allemagne, rentre à Paris. » (6) p. 91

« En Autriche, l'Anschluss est déclaré nul et non avenu. La République est rétablie selon la Constitution de 1920. » (6) p. 94

« Le roi Belge, Léopold, détenu à Strobl (Allemagne), est libéré par les troupes américaines. Il demande à son frère, le prince régent Charles, de rester provisoirement à la tête de la nation belge. Le roi s'installe à Saint-Wolfgang, près de Salzburg avec sa famille. » (6) p. 94

« En Allemagne, l'amiral Doenitz forme un gouvernement à Flensburg (Schleswig-Holstein). » (6) p. 94

« Une ordonnance crée l'Union française des Combattants des deux guerres (1914-1918, 1940-1945) (J.O.). » (6) p.105

15 mai 1945 : « En Yougoslavie, l'occupation de l'Istrie et de Trieste par les troupes du maréchal Tito n'est pas admise par le gouvernement britannique. » (6) p. 40

« La victoire alliée est annoncée officiellement à l'Assemblée Consultative par le général de Gaulle. » (6) p. 91

« En Tchécoslovaquie, un gouvernement autonome prorusse est formé en Ruthénie. » (6) p. 94

« Le général Mangeot, auteur d'articles de propagande en faveur de l'Allemagne, est condamné à mort à Paris. » (6) p. 111

16 mai 1945 : « En Allemagne, le gouvernement constitué par l'amiral Doenitz, à Flensburg, est placé sous le contrôle allié. Les membres de ce gouvernement sont en résidence surveillée. » (6) p. 94

« A San Francisco, la France est reconnue membre permanent du Conseil de sécurité, sur la proposition du Canada. Elle devient ainsi, officiellement, l'une des cinq grandes puissances. » (6) p. 98

« Le nombre des mines allemandes posées dans 300.000 hectares de terre française est évalué à 100 millions. » (6) p. 107

17 mai 1945 : « Dans un désir de conciliation, les troupes du maréchal Tito se replient à l'est de l'Isonzo. » (6) p. 40

18 mai 1945 : « Scapini, ancien ambassadeur du gouvernement de Vichy, venant de Munich, est arrêté à Paris pour intelligence avec l'ennemi. » (6) p. 111

19 mai 1945 : « M. Édouard Herriot rentre en France. » (6) p. 91

« Une assemblée slovène, réunie à Trieste, vote l'autonomie de la ville au sein d'une Yougoslavie fédérale. » (6) p. 94

20 mai 1945 : « Les Alliés déclarent que Berlin ne sera plus la capitale de l'Allemagne, et que le IIIe Reich sera décentralisé. » (6) pp. 101-102

21 mai 1945 : « Le maréchal Schoerner, commandant des troupes de Bohême-Moravie, qui avait continué à résister aux Russes, en Tchécoslovaquie, après l'ordre de reddition générale, est fait prisonnier par des hommes de la 7e armée américaine. » (6) p. 40

« Les troupes du maréchal Tito se retirent de la Carinthie autrichienne, mais occupent toujours Trieste. » (6) p. 44

« Le Comité de Libération de l'Italie du Nord proclame l'autonomie du Val d'Aoste, avec égalité des deux langues française et italienne. » (6) p. 94

« En Grande-Bretagne, le Comité exécutif du Labour Party, réuni à Blackpool, repousse l'offre de M. Churchill de maintenir la coalition gouvernementale actuelle jusqu'à la fin de la guerre avec le Japon. » (6) p. 94

« En Allemagne, les autorités américaines bloquent les avoirs des membres du parti nazi et limitent leurs dépenses mensuelles à 300 marks. » (6) p. 102

22 mai 1945 : « Un accord est signé à Leipzig entre les Alliés pour échanger les nationaux britanniques, américains et russes se trouvant dans les zones d'occupation. » (6) p. 40

« En Autriche, un gouvernement provisoire autonome est formé en Styrie (occupée par l'armée soviétique). Le siège du gouvernement est Graz. » (6) p. 94

« En Grèce, le gouvernement a recours à la banqueroute pour réduire l'inflation. Une nouvelle drachme est émise, au cours officiel de 2400 drachmes pour un souverain or. » (6) p. 102

23 mai 1945 : « La Commission de contrôle interallié pour l'Allemagne sera composée du maréchal Montgomery pour la Grande-Bretagne, du général Eisenhower pour les États-Unis, du maréchal Joukov pour l'U.R.S.S. et du général de Lattre de Tassigny pour la France. »

« La B.B.C. annonce qu'un pipe-line reposant sur le fond de la Manche avait été construit en secret pendant la guerre. Il fournissait 3.780.000 litres d'essence par jour aux colonnes blindées du maréchal Montgomery. »

« L'amiral von Frideberg, l'un des signataires de la capitulation allemande à Reims, se suicide à Flensburg. » (6) p. 40

« En Grande-Bretagne, M. Churchill remet la démission de son cabinet au roi George VI. La Chambre des Communes est dissoute après une durée de 10 ans. » (6) p. 94

« La France et l'Angleterre demandent l'évacuation de Tanger par l'Espagne et le retour de cette ville en zone internationale non militarisée. » (6) p. 98

« En France, la tuberculose a augmenté de 11 %, depuis 1938. » (6) p. 109

« Jean Luchaire, journaliste parisien pendant l'occupation allemande, puis membre du « gouvernement de Sigmaringen », est arrêté en Lombardie. Sa fille Corinne et Marcel Bucard sont arrêtés également. » (6) p. 111

24 mai 1945 : « L'armée allemande a perdu 5 millions d'hommes en 1944, en tués, hospitalisés ou disparus. Hermann Goering & von Rundstedt sont transférés en Grande-Bretagne. »

« Heinrich Himmler, ex-chef de la Gestapo, arrêté à Bremervoorse par les troupes de la 2e armée britannique, se suicide au moment de son arrestation. » (6) p. 40

« Dans un discours radiodiffusé, le général de Gaulle déclare que la nationalisation de la production du charbon et de l'électricité ainsi que celle de la distribution du crédit auraient lieu avant la fin de l'année en cours. » (6) p. 91

25 mai 1945 : « Le général Oberg, ancien chef de la Gestapo à Paris, est fait prisonnier par la division « Arc-en-ciel » près de Kitzbühel. » (6) p. 40

« En Italie, Mme Mussolini et ses deux enfants, qui étaient détenus près de Milan, sont transférés dans le camp de concentration de Terni. » (6) p. 94

« En Grande-Bretagne, M. Churchill forme un nouveau gouvernement, composé de conservateurs et de techniciens. » (6) p. 94

« 250.000 prisonniers de guerre allemands seraient envoyés en Grande-Bretagne pour prendre part à des travaux agricoles. » (6) p. 102

« 250 millions d'unités de pénicilline sont offertes à la France par le Canada. » (6) p. 109

26 mai 1945 : « Le général Eisenhower transfère son quartier général de Reims à Francfort-sur-le-Main (Allemagne). » (6) p. 40

28 mai 1945 : « En Allemagne, le maréchal von Greim, successeur du maréchal Goering à la tête de la Luftwaffe depuis le 26 avril, s'est empoisonné. » (6) p. 94

« En Norvège, les membres du gouvernement, qui siégeaient à Londres depuis l'occupation du pays par l'armée allemande, rentrent à Oslo. » (6) p. 94

« La France soumet à la Conférence des Nations Unies de San Francisco un plan de distribution équitable des ressources mondiales de matières premières. » (6) p. 98

29 mai 1945 : « La France estime que 1.500.000 prisonniers allemands lui seront nécessaires pour déminer et reconstruire le pays. » (6) p. 102

30 mai 1945 : « En France ont lieu les premières opérations de démobilisation. » (6) p. 40

« Accord américano-soviétique délimitant les zones d'occupation en Tchécoslovaquie. 8.000 km2 seront occupés par les Américains sur la frontière ouest, le reste du territoire sera occupé par les Russes. Une bande de terrain d'environ 5 km de large, séparant les deux zones, sera gardée par l'armée tchécoslovaque. » (6) p. 44

« En Iran, le gouvernement réclame l'évacuation des troupes britanniques, américaines et russes qui se trouvent encore sur son territoire. » (6) p. 94

« Le Danemark est admis à prendre part à la Conférence des Nations Unies à San Francisco. » (6) p. 98

« En France, d'importantes réquisitions de vêtements et de chaussures destinés aux rapatriés d'Allemagne sont effectuées chez les fabricants, grossistes et détaillants parisiens. » (6) p. 102

31 mai 1045 : « Le maréchal Montgomery libère 2.500.000 prisonniers de guerre allemands. La même mesure a été prise par les Russes dans leur zone d'occupation en Allemagne. »

« Paris accueille le millionième Français rapatrié d'Allemagne. » (6) p. 40

« En Chine, le maréchal Tchang Kaï Chek abandonne son poste de Premier ministre. M. Soong lui succède. Tchang Kaï Chek reste président de la République et chef de l'armée. » (6) p. 94

« La France s'adresse aux Alliés pour réclamer le droit de siéger à la Commission des Réparations. » (6) p. 98

Libération

CARNET

[Le mercredi 2 mai 1945, à 9 heures du matin, notre capitaine (Everling) a désarmé les sentinelles. Dès ce moment, nous étions libres. Mais, nous n'osions encore trop bouger de crainte d'essuyer un coup de feu de quelques fanatiques S.S. ou autres désespérés. Vers midi, un adjudant français accompagné de quelques volontaires a amené à Wittenburg ceux qui furent nos anges gardiens. Vers deux heures de l'après-midi, nous avons eu la grande joie de voir les premiers éléments américains[3]. Ils s'emparèrent d'une compagnie auto qui occupait un bois proche du village.

CARNET

[Le mardi 8 mai 1945, des soldats américains sont arrivés en Jeep. Ils ont passé la journée avec nous et réquisitionné le poste de radio du maire de la commune, ce qui nous a permis, au soir, de l'écouter. Nous apprîmes que l'Allemagne avait capitulé.

Jusqu'à trois heures du matin, nous avons été à l'écoute de toutes les transmissions. Ainsi, c'est au même instant que vous que nous avons appris la bonne nouvelle.]

8° Division News Bulletin « Golden Arrow », n° 77, vol. 317, Wednesday, 2 May 1945[4]

[Dans la journée du mercredi 9 mai 1945, nous avons également été à l'écoute.

Le jeudi 10 mai 1945, à 8 heures du matin, nous quittons Helm pour Wittenburg d'où nous partons avec une colonne automobile américaine à 12 heures en direction de Lüneburg où nous arrivons à 3 heures de l'après-midi. Nous passons une nuit dans une caserne après avoir perçu du ravitaillement : une boule à 5 ; 1 fromage à 8 et une bonne soupe au lard.

Wittenburg – Lüneburg = 70 kilomètres.

Le vendredi 11 mai 1945, vers 10h.20, départ de Lüneburg pour Sulingen où nous arrivons vers 16h.30 : nous percevons une soupe et 250 g de pain.

Lüneburg – Nordsulingen = 200 kilomètres.

Le samedi 12 mai 1945, vers 11 heures, après avoir perçu 250 g de pain et du thé au lait, nous partons pour Rheine où nous arrivons vers 16 heures après être passés tout près d'Osnabrück (quelques kilomètres). Ici, nous attendons une petite désinfection. Jusqu'à ce jour, notre voyage de retour s'est effectué par très beau temps, toujours en camion.

Nordsulingen – Rheine = 160 kilomètres.

CARNET

[Le dimanche 13 mai 1945, vers 10 heures, nous passons à la désinfection. Reçus par des Français et des Françaises de la nouvelle armée en uniforme anglais avec la marque de la nationalité. Attente pour le départ qui doit avoir lieu dans la soirée du 12 ou le lendemain matin. En ce moment, 12h.30, nous attendons le départ. Depuis ce matin, environ 3000 camarades sont déjà partis. Nous sommes dans un grand camp divisés par groupes de 25. Un groupe par camion (conduits par des volontaires français). Chaque groupe a un numéro. Mouvement par camions et ensuite par le train pour la France. Nous sommes tenus au courant par un haut-parleur. Ce matin, avons touché pain, beurre, thé au lait.

[Le lundi 14 mai 1945, nous quittons le camp de Rheine en camion et embarquons en gare de cette même ville. Nous démarrons à 12h.15, après avoir enfin entendu le premier coup de sifflet de la locomotive qui nous ramène. Le train démarre, fait environ 5 kilomètres, s'arrête et nous ramène en arrière sur une autre voie. Là, nous attendons quelques heures. Nous repartons pour nous arrêter à nouveau plusieurs fois de suite à tel point que nous atteignons Bocholt à 1 heure du matin. On nous sert une bonne soupe bien chaude, bien grasse.

Rheine – Bocholt = 90 kilomètres.

Le mardi 15 mai 1945, 6 heures debout. Je fais ma toilette, range mes bagages. Je perçois thé au lait et pain. Passage par la Hollande ou la Belgique, pas de connaissance de l'itinéraire, vraisemblablement pour Lille ; sans nul doute transbordement par camions en cours de route, car les ponts ne sont pas encore rétablis partout. Vers 9 heures, en camions, canalisés par de charmantes Françaises portant l'uniforme anglais orné de l'insigne France au haut de la manche droite, nous gagnons Bedburg-Hau tout près de la frontière hollandaise. Nous avons traversé le Rhin à 9 heures 55 sur un pont de bateaux et avons aperçu un deuxième pont métallique définitif puisque terminé et qui mesure près d'un kilomètre. Cette région a été très éprouvée. L'artillerie a déchiqueté les bois, avons aperçu des chars renversés, des avions (2) bombardiers alliés abattus, et maisons en piteux état. Les routes sont remises à neuf par les alliés, élargies au maximum. Dans l'après-midi, sommes passés à un nouveau contrôle d'identité : une carte d'alimentation pour le coup nous a été délivrée. Le soir, avons perçu une bonne soupe et une tartine de pain.

Bocholt – Bedburg-Hau = 45 kilomètres.

CARNET

[Le mercredi 16 mai 1945, nous passons la journée à Bedburg. Pour la première fois, deux convois quittent la gare. Le matin, ce sont des Français. L'après-midi, des Belges. Ce matin, nous avons touché café, pain (environ 300 g), pâté et graisse. Dans l'après-midi, soupe (pommes de terre, haricots sauce), pain et fait toilette et lessive et visite cimetières de blindés alliés.

[Le jeudi 17 mai 1945, le matin, nous percevons café, graisse, fromage. À dix heures et demie, nous avons embarqué. Départ pour Lille, durée du trajet de 8 à 12 heures. Passage par la Belgique. À ce moment, une voiture de la Croix-Rouge anglaise distribue des vivres : biscuits et bœuf. À onze heures trente, nous rentrons en Hollande et quelques minutes après, passons sur la Meuse par un pont récemment refait. À 4h.30, nous sommes arrêtés dans une gare hollandaise faisant frontière avec la Belgique. Charmant accueil de la population à Schaerbeek. Arrêt prolongé. Nous sommes ravitaillés par la Croix-Rouge. Organisation parfaite : en file indienne et, wagon par wagon, nous touchons d'abord un potage excellent et bien chaud, des biscuits, un beau casse-croûte (environ 300 g de pain, garni de saucisse et saindoux), ensuite un bol de café, une barre de chocolat, un étui de cinq cigarettes et pour terminer, une dame française du service rapatriement nous offre gracieusement une délicieuse Troupe. Il était environ 19h.30. À Tournai, charmant accueil. Café. Nous arrivons à Lille à onze heures du soir. Nous sommes amenés, en tramway, au centre d'accueil où un repas nous est servi : hors d'œuvres, saucisson, nouilles au jus, confitures, bière et vin et un paquet de Troupes. À cinq heures du matin, je pars aux formalités. Je ressors du bâtiment 3 heures après. J'ai passé dans une dizaine de bureaux, visite médicale, radioscopie. J'ai échangé 100 marks et perçu les mille francs de prime, deux paquets de Troupes, des tickets de ravitaillement pour dix jours. L'argent allemand est échangé à 20 francs pour un mark.

Par train, Bedburg-Hau – Hollande.

CARNET

[Le vendredi 18 mai 1945, vers 9h.30, nous avons gagné la gare en tram. À onze heures, notre train démarre tiré cette fois par une loco française. À Arras, la Croix-Rouge distribue de la bière. À Longueau gare, régulatrice d'Amiens, nous percevons un sandwich à la confiture et de la menthe. À Creil, nous sommes attendus par la Croix-Rouge qui ayant voulu nous rafraîchir ; hélas ! déception, surtout pour ces gentilles dames, le train ne s'arrêta pas.

[Le samedi 19 mai 1945, à 5h.30, nous arrivons gare du Nord. Nous nous rassemblons sur le quai et nous dirigeons sur la sortie pendant que s'exécutent trois marches. Sur la rue, nous attendent des bus qui nous sont spécialement réservés et nous amènent au ciné Rex où je suis en ce moment : la scène s'éclaire, le demi-cercle qui encadre la scène prend les couleurs de l'arc-en-ciel. Un casse-croûte au pain blanc et corned-beef nous a été distribué ainsi qu'un quart de vin rouge. Nous avons vu un petit dessin animé de Wald-Disney. Quelques instants après, alors que nous admirions une jeune artiste qui était sur le plateau, on vient nous apprendre que les bus nous attendaient sur la rue. Nous y grimpons et nous voilà partis. Au Quai d'Orsay, là, après nous avoir délivré le ticket de voyage et perçu un colis pour le voyage, nous remontons en voiture et cette fois direction Austerlitz. Nous arrivons quelques minutes avant le départ du train pour Toulouse. À 20h.10, le sifflet déchire l'air et le convoi démarre en souplesse. La motrice ne tarde pas à foncer sur le Sud.

Arrivée à Toulouse, le 20 mai 1945, en début de matinée.

Toulouse, Été 1945

« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. »

Alphonse de Lamartine, Méditations


[1] Cousine Anna habitait à Toulouse dans un immeuble situé au 5, rue Laganne dans le quartier Saint-Cyprien, à proximité du pont Saint-Michel et de l'île du Grand Ramier.

[2] 12/04 : Reesen – 15/05 : Marzhane – 19/04 : Seddin – 20/04 : Brunow – 23/04 : Blievenstorf – 26/04 : Kraak – 27/04 : Hagenow (Charkow Bellevue).

[3] Dès le 2 mai 1945, des éléments de la 8e Division d'Infanterie américaine avancent dans le nord de l'Allemagne. Ils sillonnent le secteur de Schwerin et découvrent le camp de concentration de Neuengamme Wöbbelin, près de la ville de Ludwigslust. Léon Noguéro est libéré dans le petit hameau de Helm situé à 40 km au sud de Schwerin et à 50 km à l'ouest de Ludwigslust.

[4] Document authentique remis par les alliés et conservé par Léon Noguéro.

Copyright 2017 by Henri Noguéro & Éditions L'Harmattan

© Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.

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